Vous êtes sur la page 1sur 4

L’Europe en question 

:
Après les succès américains et soviétiques dans l’espace, l’aéronautique et divers autres
domaines, il devient apparent que l’Europe, faute d’une union même sommaire, est entrée
relativement en déclin, et que, si les européens ne réagissent pas, ce déclin sera devenu
bientôt irréversible. C’est pourquoi une Europe politiquement unie est plus que jamais
nécessaire à la survie de notre continent en tant qu’entité originale et berceau de la
civilisation occidentale, civilisation qui, jusqu’ici, à la différence des autres civilisations
contemporaines, a fourni des preuves d’efficacité et de grandeur.
Cependant il ne faut pas se leurrer : une Europe unitaire , ou toute trace des nations aurait
disparu, est irréalisable et illusoire, elle n’est même pas souhaitable.
Pour que l’Europe retrouve une grande partie de sa force et de sa cohésion, pour qu’elle
reste solide et solidaire, les nations doivent être conservées elles-mêmes dans leur intégrité
territoriale et nationale. Pour qu’une nation garde sa valeur pleine et entière, il faut que les
régions qui la composent maintiennent leur originalité culturelle et leur génie propre. C’est
pour la même raison qu’une Europe valable ne saurait être fondée sur une union des
ethnies, car souvent, ces ethnies , n’ont jamais eu de réalité nationale ; ce serait un retour à
l’état tribal . L’Europe se fera donc sur une union des ethnies nationales et non sur une
union des ethnies régionales. Ce sera aux nations qui auront des problèmes ethniques à
l’intérieur de leurs frontières des les régler elles-mêmes.
Un premier succès serait de parvenir à une Europe confédérale, de caractère
nécessairement transitoire, qui, en droit international, est la forme la plus large d’union
politique. Cette union est celle qui provoquerait le moins de heurts entre les différentes
nations la composant. Cette Europe évoluerait nécessairement soit vers un système fédéral
assez semblable à ceux de la suisse et des USA, soit vers l’éclatement, comme les
confédérations germaniques du dix neuvième siècle. Seule une Europe fédérale, dans un
deuxième temps, en tant que fédération des nations, pourrait donc concilier la nécessaire
unité politique et la non moins nécessaire respect des originalités nationales, ethniques et
régionales.
Un simple système d’alliances est par trop insuffisant. Néanmoins, il sera nécessaire de
procéder par étapes : ce système devrait être le premier palier qui permettrait à l’ Europe
de se hisser au niveau des grandes puissances( U.S.A, Chine). Des accords politiques
devraient d’abord être conclus, agir autrement serait mettre la charrue avant les bœufs. Ces
accords politiques seraient en premier lieu des accords diplomatiques devant régler entre
nations, sur un plan d’égalité, les différents problèmes litigieux. D’autre part, des
consultations fréquentes devraient avoir lieu de gouvernements à gouvernements afin
d’harmoniser les politiques étrangères.
A ces accords politiques, il faudrait adjoindre des accords militaires. Chaque état
conserverait une armée propre mais un commandement commun serait institué, les unités
devraient être organisées sur un même modèle et les armements standardisés. En outre, les
échanges devraient être fréquents, les cadres et les spécialistes, notamment, devraient
effectuer de nombreux stages dans les autres armées européennes.
Ces accords politico-militaires seraient complétés par des accords économiques. Le marché
commun, pourvu qu’il devienne une réalité effective, est une bonne base de départ mais il
ne suffit pas. Il faut envisager la création monnaie européenne garantie par une banque
européenne. La liberté de circulation des personnes et des fonds doit devenir effective, ce
qui implique la disparition totale des barrières douanières entre les pays européens ayant
ratifié les accords. La création d’un fonds monétaire européen et d’une banque pour le
développement chargée d’investir dans les pays européens qui en aurait le plus besoin est
également fort souhaitable ainsi que l’harmonisation des fiscalités.
Le jour ou tous ces accords seront devenus réalités, l’Europe sera, de fait, confédération. Il
ne restera plus alors qu’à substituer un état fédéral. L’état précédant toujours la nation,
celui-ci engendrera à la longue une véritable nation européenne, synthèse des nations
actuellement existantes.
Enfin l’Europe devrait s’intégrer au sein d’une grande alliance occidentale regroupant
l’ensemble des nations blanches de la planète. Il est bien évident que ce n’est que dans la
mesure ou elle aura réalisé son unité politique qu’elle pourra, vis-à-vis des U.S.A., faire figure
de partenaire et non plus seulement de vassale.

Dimensions du nationalisme :
Le terme de nation provient vraisemblablement du latin «  nascere », naitre, il signifie donc à
l’origine hommes de même naissance, notion extrêmement vague, on le voit, qui peut
vouloir dire, à la base, hommes d’une même famille et, au sommet, hommes d’une même
race. Entre ces deux extrêmes se situent d’innombrables échelons intermédiaires
correspondant tous au besoin de communauté sociale propre à tous les êtres humains.
Ce besoin a évolué au cours des âges selon les hommes, selon les lieux, selon l’état des
techniques et des économies.
Pour les hommes de l’âge de pierre, le nationalisme consistait à avoir le sens de la famille ou
du clan. C’est à ce niveau-là encore que se situe le nationalisme des australoïdes et celui des
bushmen. Plus tard, on passa au stade tribal qui est encore celui de nombreux peuples
d’Afrique, d’Amérique ou d’Asie.
Voici deux millénaires, la gaule en était à un stade intermédiaire. César, dans ses
commentaires, est formel : Belges au nord, Gaulois proprement dits du centre et aquitains
du sud différaient par le langage mais ne s’en comprenaient pas moins fort bien entre eux,
ainsi d’ailleurs qu’avec les insulaires celtes d’outre-manche. Autrement dit, les différences de
langage auxquelles il fait allusion n’étaient que des différences dialectales, et rien de plus.
Une unité linguistique certaine existait donc des Pyrénées au Rhin. Il y avait là
incontestablement un facteur favorable à la naissance d’une nation au sens moderne du
terme, mais il manquait l’essentiel pour que celle-ci vit effectivement le jour , à savoir un
état, l’essentiel aussi pour qu’elle prit conscience d’elle-même c’est-à-dire le sentiment
d’une communauté de destin.
Tous les manuels d’histoire le disent, et en l’occurrence ils ne mentent pas, les gaulois se
battaient souvent entre gaulois. Il leur arrivait même de faire appel à l’étranger lorsqu’ils
jugeaient que son concours était nécessaire au triomphe de leur cause. C’est ainsi que les
Eduens, on le sait sollicitèrent l’intervention des légions romaines et c’est de cette façon-là
qu’elles pénétrèrent dans le pays.
Il n’y a nulle matière à indignation : Eduens de l’époque ne se sentaient pas plus liés au
destin des Séquanes ou des Arvernes que les Français de 1940 à celui des Allemands ou des
Italiens ( et vice-versa ). Ils n’eurent pas plus de scrupules à s’allier aux romains que leurs
descendants n’en eurent à appeler de leurs vœux l’invasion de l’Europe orientale par les
divisions mongoles de Staline.
Du temps de l’Empire romain naquit incontestablement un nationalisme romain. Que le
terme n’ait pas été utilisé n’altère en rien la réalité de la chose. Ce nationalisme-là était à
l’échelle du continent ; comme toujours l’Etat , l’Etat romain en l’affaire, avait été
l’instrument indispensable, le sentiment était venu ensuite. Les citoyens romains d’alors, des
rives de la Manche à celles de l’Euphrate se sentaient bien liés par une même communauté
de destin et, de fait, lorsque l’édifice commença à s’écrouler sous les coups des invasions
barbares, une formidable régression s’amorça et qui concerna tout le monde.
Les dimensions du nationalisme rétrécirent alors. Les différents royaumes créés par les
envahisseurs germaniques ne durèrent pas. On put croire du temps de Charlemagne que
l’héritage de la Rome Antique était passé entre bonnes mains. Il n’en fut malheureusement
rien et les nationalismes d’alors se situèrent au niveau de l’Île-de-France, de la Bretagne ou
de la Normandie quand ce n’était pas à celui de la commune ou du comté. Sans doute,
l’Europe du moyen-âge avait-elle conscience d’une certaine communauté de civilisation,
sans doute les chevaliers francs, castillans, bretons et allemands combattaient-ils au coude à
coude lorsqu’il s’agissait d’aller pourfendre l’infidèle, mais cette fraternité d’armes était sans
lendemain et, sitôt le danger écarté, sitôt la croisade terminée reprenaient les querelles
intestines.
Les Empereurs d’Allemagne, les Rois d’Espagne et surtout les Rois de France, firent passer le
nationalisme à un échelon supérieur, celui de ces actuelles nations européennes qu’il est
convenu d’appeler les nations historiques.
Ces nations historiques ont été un immense pas en avant. Elles ont permis à notre continent
de sortir de l’état d’anarchie qu’il avait connu durant la période féodale . Elles ont été une
étape décisive sur le chemin qui doit conduire à notre unité politique.
Mais, si l’Etat est l’instrument indispensable à l’édification d’une nation, celle-ci ne saurait
survivre longtemps en cessant de croire en elle-même, une sorte de « ciment moral » est
indispensable à son existence.
Jean-Claude Rivière, dans le numéro 6 de « Critique Réaliste » écrit à ce sujet des lignes fort
pertinentes, citons le donc , et, par la même occasion, Renan qu’il cite lui-même :
«  Un des ciments des nations historiques est, selon le mot de Renan, le souvenir des
grandes actions accomplies en commun et la perspective d’en accomplir d’autres encore
dans l’avenir. Quand le drapeau tricolore flottait de Dunkerque à Brazzaville et de Dakar à
Saigon, les adjudants alsaciens, les douaniers corses et les marins bretons concouraient à la
grandeur de l’Empire. Aujourd’hui tout cela n’est plus que cet Etat boudeur et hargneux qui
a été incapable d’assurer les droits élémentaires de survie à son ethnie d’Afrique du Nord
sacrifiée à ses rêves mythiques de grandeur carolingienne ; le passé, c’est le souvenir des
guerres civiles européennes absurdes… Le présent, c’est une administration dévoreuse de
ressources et d’énergies qui exploite le reste du pays à son profit… L’avenir, on le voit guère
dans les visions grandioses du Général-Président : quel rôle peut jouer, dans le monde
moderne, une France réduite à l’hexagone et qui refuse l’Europe ? Dans ces conditions, il
semble bien que le destin de la France, nation historique, ou encore, nation secondaire,
selon le terme excellent de R. Lafont, soit clos ».
Tout ceci est parfaitement juste, une nation ne peut vivre que dans la mesure ou elle se sent
une âme missionnaire au service d’une grande tradition.

Vous aimerez peut-être aussi