Vous êtes sur la page 1sur 6

N mars dernier, lors des élections municipales,

E on pouvait découvrir dans Marseille, grâce aux


vtastes inscriptions qui ornaient les murs, que
Gaston Defferre était un « fasciste », Les peintres en·
gagés qui se livraient ainsi à leur habituel travaH
d'éducat,ion des masses nous avaient appris en d'au-
tres temps que ·Léon Blum s'apparentait à Hitler
et que Guy Mollet était le prototype du n1azi.
On est toujours le fasciste de quelqu'un, la chose
est connue. C'est un moyen simple et sans danger de
se débarrasser d'un adversaire ou d'un gêneur. Nous
serions sans mérite si nous échappions à cette règle.
Ainsi donc, après avoir été présentés par les uns
comme « communistes >> (?), nous étions, il y la peu
de temps, qualifiés de « nationaux-socialistes >> ptar
un journal du soir, spécialisé dans le philo-gaullisme
non dissimulé. Nous n'avons pas l'habitude de per-
dre notre temps à répondre à ce genre de propos ;
mais, une fois n'est pas coutume et l'occasion nous
étant offerte, d,isons en deux mots le fond de notre
pensée sur la question.
Inutile de s'appesantir sur le folklore. Le conseil
de rédaction d'Europe-Action se réunit sans bottes
et l'autre soir, lorsque nous prenions la parole avec
François Brigneau pour dénoncer le scandale poli·
tique de l'affaire Ben Barka, nous ne portions ni
chemises brunes ni brassards. ,
Parlons plutôt des idées. Le nazisme peut se résu·
mer en trois points principaux dont le premier est
le culte du chef. Dommage, mjais nous n'avons guère

MYTHES de sympathie pour le « Führerprinzip >>, Nous lui


préférons celui du collège des responsables qui nous
paraît convenir tant pour la conduite d'un mouve·
ment que pour la direction suprême d'un Etat occi·
dental. Nous ne pensons pas non plus que la pensée

ET
d'un mouvement trouve sa source et son incarnation
dans un homme mais dans la commu111auté des
militants.
Le National-Socialisme, c'est encore l'hégémonie
d'une nation sur les autres. Nous travaillons, quant
à nous à l'unité des nations européennes et des peu·

FAITS pies d'Occident. Nous ne sommes pas des va-t-en-


gue-rre. Nous luttons contre un régime qui suscite
le chaos et conduit irrémédiablement à de terribles
affrontements dtans l'avenir.
Quant au racisme, dernier attribut de la panoplie
du parfait petit nazi, s'il se définit comme l'Jagressi·
vité et la violence vis-à-vis d'une autre race, f;Llors
c'est en Chine, en Algérie ou au Congo qu'il faut
le chercher, auprès .ùe tous ces braves gens qui rê-
vent de nous étriper, de violer nos femmes et de
piller nos maisons. Mais, de grâce, qu'on ne retourne
pas les rôles et qu'on n'accuse pas la victime, des
crimes de l'agresseur !
Et, soit dit en passant, aucun d'entre nous n'a col·
laboré à « Je suis p,artout » comme le communiste
Claude Roy, aucun d'entre nous n'a dirigé les Jeu·
nesses de Dorriot, comme M. Duverger, aucun n'a
reçu la Francisque comme M. Mitterrand. Cela ne
nous empêche pas de savoir qu'il y eut des hommes
courageux dans les deux camps. Nous nous étonnons,
de voir des journalistes, des moralités, des politi-
ciens qui font profession de pacifisme et de frater.
nité, r~venir avec une délectation suspecte sur les
querelles affreuses du passé et rouvrir les plaies
d'anciennes guerres civiles.
11
Pour clore le débat, rappelons que norus sommes A l'intérieur de nos pays occidentaux, l'immigra·
en 1966, que la majorité de nos amis n'a pas dépassé tion massive d'éléments dè couleur, pour des raisons
la trentième année et que pour nous tous, le nom financières ou idéologiques, se développ·e. En France,
de Robert Brasillach, fusillé par les résistants et il y a plus de 1.200.ouo éléments allogènes, Nord-Afri·
celui de Jean Prévost, tombé à la tête d'un maquis cains, originaires d'Afrique Noire ou des Antilles.
dans le Vercors ,ont la même signification : celle En llJSO, un million de Noirs seront venus s'y ajou-
de l'amitié, du courage et de l'exemple. ter. Nous pensons que cela constitue pour notre
pays un événement tout à fiait capital, car il est
susceptible de rompre l'équilibre éthnïque qui fait
la base de notre communauté. Nous nous retusons,
quant à nous, à être soumis au fait accompli d'une
décision d'une telle importance, prise par lies poli·
ticiens inconscients et totalement irresponsables. Il
est incnncevable que le pays n'ait pas été consulté
pour une telle décîsion. Nous sommes bien certains
que si l'on organisait un référendum sur la question :
« Voulez-vous de cette' immigration? », la réponse
serait un NON franc et massif. Nous savons très bien
que c'est par crainte de ce NON que les maîtres du
régime ne poseront jamais cette question au peuple.
Dès lors que l'on aborde les questions véritables,
et non plus les pseudo-problèmes des partis, le
Régime CI'Iaint la volonté populaire.
De la même f~:çon, nous subissons une effraction
mentale permanente dans l'expression plast~que ou
musicale, dans l'urbanisme et l'architecture ; les
directeurs de la conscience universelle éliminent nos
propres expressions culturelles porur les remplacer
par des créations artificielles nées dans l'abstraction
lie leurs cerveaux. Que diable ! nous ne sommes pas
DOMINIQUE VENNER des cobayes destinés à satisfaire les rêves ou les
ET expériences des idéologues mondialistes ! Pas davan·
FRANÇOIS BRIGNEAU
A la tribune d'une réunion nationaliste tage, nous n'avons à servir de piétaille aux grandes
opérations financières des technocrates qui nous gou.
vernent ! N orus croyons, en revanche, que les richesses
produites par le travail d'un peuple doivent lui per·
mettre d'acquérir une vie plus belle, plus heureuse.
Or, que voyons-nous? Nous voyons des « aggloméra·
tions » que l'on n'ose plus appeler des villes. On
y rencontre partout la même impression de tris·
Nous sommes effrayés par l'inconscience des diri· tesse et de crasse qui fleurit dans les salles malodo-
rantes de nos lugubres « bistrorts ». La· France est
geants de nos sociétés qui en sont restés à l'insulte
et au maniement de mots creux. Ils se querellent sur bourrée de jeunes. Où sont les stades ? Où sont les
la gauche et la droite alors que l'Occident - dont grandes aventures ? Notre Université, notre écono·
mie, notre recherche, notre politique sont celles de
ils sont les maîtres pour l'instlant - est en danger
petits vieux. Nous servons des mandarins dont le
de mort.
seul souci est de préserver leur place.
Pour un homme blanc, il y a dans le monde trois
hommes de couleur. Dans vlngt ans, la proportion Les faits sont là. Nous arrivons bons derniers
sera passée de 1 à 5. La Chine, qui compte actuel- dans toutes les compétitions sportives. Nos cher.
lement près de 800 millions d'habitants devrait, dans cheurs sont réduits à travailler dans des greniers.
cinquante ans, en compter 12 milliards. Or la pro. Nos universitaires sont choisis « à l'ancienneté ». No.
gression économique, les aapacités techniques des tre production est inc1apable d'affronter la compéti·
peuples de couleur ne suivent en aucune façon le tion européenne.
rythme de leur démographie, bien au contraire. Nous
voyons l'écart grandir entre la croissance de ces Nous ne sommes pas seuls, heureusement, à dénon-
populations et leurs moyens. Cela signifie que ces cer le gâchis des énergies et le danger de l'anar.
peuples, de plus en plus nombreux, de plus en plus chie généralisée. Jean Rostand ne parle pas autre·
haineux, sont dès maintenant un facteur de chaos ment quand il montre les périls que l'inconscience
dans le monde et représentent un danger de guerre des dirigeants fait courir à l'espèce par les risques
permanent. C'est là et pas ailleurs que se trouve de destruction de notre capital génétique. Le doyen
le risque d'un conflit atomique. Il est en effet pos. Zamansky ne dénonce pas autrement la médiocrité
sible d'imaginer qu'un pays occidental menacé de désastreuse de notre enseignement. Le professeur
submersion serait amené à utiliser ses armes pour Monod formule également la nécessité de révisions
survivre, puisqu'aucune solution n'est prévue pour éthiques pour répondre aux besoins nouveaux de la
endiguer à l'avance ce déferlement de haine. vie.

12
Il y a pour la génél'lation nouvelle une tâche gigan- passé, ils se sont accomplis aussi bien au travers
tesque, autrement plus attirante que les vieux rabâ· d'institutions politiques que religieuses ou militaires.
chages. Nous avons à transfoll'mer de fond en com- Nous avons, enfin, à réaliser l'unité morale de
ble notre Pays, mais cette t.ransformation ne con- l'Occident, en respectant la diversité de chacune de
siste pas à tout détruire. Elle consiste à le ren- nos cultures. Pour ce faire, la construction de l'Eu-
dre à lui-même, en faisant en sorte que srnn ca- rope est le plus sûr moyen. C'est l'existence de
dre de vie soit adapté à ses besoins ; que l'origi- l'Europe qui, seule, peut nous empêcher de dispa·
nalité de l'individu, comme celle de nos commu- raître, sous la poussée d'un américanisme plus dynja-
nautés soit préservée. Nous avons à susciter un mique que chaque nation européenne prise isolé·
monde moderne qui soit en harmonie avec l'hom- ment.
me et le peuple qui lui donnent naissance. Préser- Ainsi compris ,notre nationalisme peut se définir
vant toutes nos particularités, il nous faut trouver, comme l'adhésion à la tradition occidentale, dans
dans ces particularités, des raisons d'évoluer et de un cadre ultramoderne.
progresser. Bientôt nous aurons l'occasion de livrer bataille,
Nous devons préserver de la dégradation nos sites sous nos couleurs, pour que djans notre vieil Occi-
merveilleux. Nous devons garder de l'étouffement dent retrouvé, on ne connaisse plus les luttes fratri-
idéologique l'expression de nos artistes. Lia jeunesse cides d'hier, pour que les combats ne soient plus
de notre Pays doit pouvoir se développer autre- ceux des bombes, mais ceux des stades et des Uni.
ment que dans des caveaux poussiéreux. Nous avons versités.


à restituer le goût du risque et de l'entreprise. Vou-
lant donner à l'initiative tlt au dynamisme toutes Dominique VENNER
leurs chances et dans tous les domaines, nous devons
bâtir une Oll'ganisation politique telle, qu'il soit im-
possible à des appétits démesurés et à des groupes
d'.intérêt trop puissants, d'imposer leur domination
à notre communauté.

Cette organisation politique puisera sa force non


pas dans de vaines constructions juridiques mais
dans l'institution d'un ordre militant maintenant
vivants l'esprit et la conception qui nous animent.
Nous n'entreprenons pas en cela une œuvre impos.
sible : A toutes les époques, dans tous nos Pays
d'Occident, il s'est trouvé des hommes pour se
consJacrer par vocation au bien public. Dans le

.13
,JEAN
MABIRE
LE MIINDE DEf
E voyageur occidental était sur des écoles et des mairies, ces mots
C la place Tien-An-Men, au cœur
de Pékin. Depuis des heures, il
regardait les miliciens vêtus de
qui sont comme un bien de famille
et pour lesquels des hommes de
notre sang sont morts, dans des
bleus de chauffe, brandissant des guerres étrangères et dans des
drapeaux rouges et des mitrail· guerres civiles.
tettes. Pélerin perdu dans le fabu· Un de ces mots lui revenait sans
leux empire du Milieu, il voyait, cesse dans la tête : Liberté. Les
horrifié. défiler devant lui un mil- Chinois n'étaient pas des hommes
lion d'hommes et de femmes qui Hbres. Ils ne l'avaient d'ailleurs ja-
portaient le même uniforme et mais été. Ils ne connaissaient pas
scandaient les mêmes slogans. Et le mot de liberté. Cela paraissait
qui, tous, avaient le même visage, horrible. Mais cet homme d'Occi-
le visage immobile et résigné de dent, perdu au milieu de la foule
l'Asie millénaire. asiatique, comprenait qu'il possé-
Et notre voyageur savait que huit dait ce trésor au fond de son cœur.
cent millions de Chinois vivaient Il découvrait brutalement qu'il ap-
dans 1 Empire de Mao-Tsé-Toung; partenait à un autre univers, celui
il savait qu'ils seraient deux mil- où le mot de liberté a un sens, ce-
liards avant la fin du siècle; il sa- lui où les hommes ne se comptent
vait que les fourmies bleues vou- p11s seulement par milliers, p a r
laient prendre, partout dans le millions ou par milliards, mais sont
monde, la place des hommes profondément conscients de la va·
blancs; il savait que le marxisme- leur inestimable de chacun, seul
léninisme était le nouvel opium de devant lui-même, seul maître de lui
la Chine; il savait que dans des même, seul fidèle à lui-même.
usines secrètes se fabriquaient les Il fallait parcourir les océans et
fusées atomiques des nouveaux les déserts, franchir tant de jun-
conquérants. Sous ses yeux, l'Em- gles et briser tant d'idoles, pour
pire Mongol renaissait. La Grande en arriver là, sur cette place chi·
Muraille allait se mettre en mar- noise et découvrir, face à la masse
che et repousser, jusqu'aux limites fanatisée des miliciens de Mao-Tsé-
de la terre et peut-être du cosmos, 'roung, que notre monde était d'a-
les limites de l'Empire jaune et bord celui des hommes solitaires.
rouge des Mandarins communistes. Notre monde est celui où rien ne
Le voyag~ur occidental était sur !>aurait être semblable. Chaque
la place Tien-An-Men. Il était seul. homme pour nous a son visage,
Il songeait à tous ces grands mots chaque champ a son histoire, cha-
qui nous agitent, ces mots qui que pays sa pente de toit et sa
viennent si facilement aux lèvres couleur de pierre, chaque province
à la tribune des assemblées, ces son accent et chaque nation son
mots qui s'inscrivent aux frontons destin.

20
fiEilOf fDLITIIIIlEf
Notre monde est celui des cités c'e3t celui d'Achille et celui d'Ulys- celui de ceux qui refusent la dic-
grecques, grandes comme de3 can- se, c'est celui de Léonidas et des tature du plu3 grand nombre et la
tons et qui illuminent les siècles. Spartiates, solitaires devant la ruée pression aveugle de la masse pour
Not.re monde est celui des tribus des hordes de Perse. ne suivre que leur conscience. Les
celtes, éperdues de courage et d'in- Notre monde c'est aussi celui du communards de 1871 étaient seuls
dépendance. Notre monde est celui Russe Gagarine et de l'Américain sur les Barricades de Paris et le3
rles républiques de Florence et de Edward White, qu~, seuls dans leur p:J.rachutistes de 1951 étaient seuls
Venise, de3 cités flamandes et des armure pressurisée ont affronté les dans les rizières de Lang-Son. Le
ville hanséatiques. Notre monde espaces sidéraux ou marché dans ~olonel Rossel était seul devant le
est celui de cette France où chaque le cosmos. poteau d'exécution et le colonel
t.erroir évoque une des grandes na- Driant était 3eul devant l'ennemi.
tions d'Europe. Notre monde est Notre monde ne change pas. Les
celui des cosaques de la Volga. des Portugais sont seuls en Europe et
pionniers du Texas et des défri- les Rhodésiens sont seuls en Afri-
cheur3 du Transvaal, seuls et li- que. Les « marines » et le3 « ran-
bres sur les immenses espaces, le gers » se battent solitaires. Com-
fusil à la main et la famille dans me sont solitaires les jeunes mili-
les chariots. L'Occident est unique parce tants nationalistes qui affrontent
r~ancé dans raventure de notre que nous avons su, jusqu'ici, à tra- le3 sarcasmes de la droite et les
histoire, chacun de nos peuples a vers les empires et le3 siècles, pré- horions de la gauche.
trouvé la forme originale qui con- server jalousement cette volonté Dans toutes les assemblées in-
venait à 30n tempérament et à sa de trouver en nous-mêmes nos rai- ternationales, on accuse les hom-
destinée. Et quand nous pensons sons de vivre et de mourir. Chaque mes d'Occident. Ils doivent porter
à notre monde, nous ne pen- fois que l'individu a été soumis à tous les péché3 du monde et aider
sons pas à des foules sans visages, la pression de3 tyrannies militaires. à leur prochaine disparition de la
nous ne pensons pas à de3 robots politiques ou religieuses, chaque planète. Des masses innombrables
et à des défilés ,nous pensons à fois que les dogmes l'ont emporté et indifférenciées attendent dans
tous ces grands hommes qui té- <;ur la vie, des individus se sont l'ombre des continents exotiques.
moignent à jamais, de ce que fut révoltés. L'Occident n'admet pas la l'heure de la vengeance. Ils n'en
notre civilisation Copernic et dictature du collectif '3Ur l'indivi- veulent pa3 seulement à nos em-
Beethoven. Breughel et Héraclite, duel, pas plus qu'il n'admet la su- pires. Ils en veulent d'ahord à nos
Nietz3che le solitaire des solitaires. prématie du rêve sur le réel. Ponsciences, à cette volonté de vi-
Les grandes créations et los f,ran- Les Encyclopédistes du XVIII" vre et de lutter, même contre le
ries inventions sont solitaires. Com- siècle après les Huguenots du XVI' 'TIOnde entier, même sans armes
me sont solitaires les héros de lé- n'ont fait que témoigner de cette et. même sans ami3, parce que sans
gende : Siegfried qui affronte le rebellion de l'individu contre les la bataille et sans la solitude nous
Dragon dans 30n repaire et Ham- ~ollectivités aveugles. ne serions pas vraiment nous-mê-
let sur les remparts d'Elseneur et Notre monde est celui de3 hom- mes.
Don Quichotte dans les pierrailles mes qui savent traverser l'Atlan-
de la Manche. Nous avons lu Cer- tique seuls sur un voilier et qui
vantès, Shakespeare et Homère. savent défendre Verdun, isolés dan::-
un trou d'obus. Notre monde est
Jean MABIRE
Nous savons que notre monde

21
U mois de février, la Télévision Le 29 octobre, deux jours après
A a présenté un portrait de Louis
Rossel. Roger Stéphane était
l'auteur du scénario et le rôle du
L'OCCI"DENT
AU COMBAT
la capitulation de Bazaine, de son
armée intacte de 154.000 hommes et
140 généraux, Louis Rossel parvient
jeune colonel de la Commune était à s'échapper avant l'entrée des
confié à Sami Frey. On sait que troupes allemandes. Il se met à la
Stéphane, entre autres particulari- disposition du commandement
tés, réussit à soutenir le général pour continuer la lutte.
De Gaulle tout en restant un écri- Le 28 janvier 1871, alors que tou-
vain de g~uche. Son médiocre por- tes les chances 'sont du côté fran-
trait de Rossel n'a guère tiré de çais, lè gouvernement militaire de
l'ombre un des héros les plus cu- Paris décide de capituler après que
rieux de la Commune de Paris. le général Ducrot ayant fait le ser-
Louis Rossel n'était certes pas ment de ne rentrer que « mort ou
gaulliste ou progressiste. Il était victorieux » y soit rentré bien vi-
seulement révolutionnaire, c'est-à- vant mais pas victorieux.
dire nationaliste. Il n'a d'ailleurs ja-
mais été admis par certains poli- Le 1er mars 1871, l'Assemblée na-
ticiens de la Commune. On peut tionale,, réunie à Bordeaux, ratifie
dire qu'il a été tout autant détesté les préliminaires de paix retran-
par les Marxistes que par les Ver- chant l'Alsace et une grande partie
'3aillais, car il n'entendait rester de la Lorraine du territoire natio-
que lui-même. C'est-à-dire un offi. nal. Le député-maire de Strasbourg,
cier fidèle à son pays envahi par M. Küss, meurt de douleur.
l'ennemi et un patriote fidèle à son Le 18 mars 1871, le peuple de Pa-
peuple trompé par les bourgeois ris, refusant de s'incliner devant
capitulards. · cette capitulation ignominieuse, se
Calonel à 27 ans, Louis Rossel soulève. La Commune est procla-
sortait de l'Ecole Polytechnique et mée
servait dans le Génie. Devant la Le 19 mars, le ministre de la
médiocrité de l'armée du Second guerre reçoit une lettre lui annon-
Empire et particulièrement du çant que le colonel Rossel « se ran-
corps de;;; officierS!, il songe à dé- geait sans hésitation aux côtés de
missionner. Mais le 19 juillet 1870, ceux qui n'ont pas signé la paix et
c'est la déclaration de guerre de qui ne comptent pas dans leurs
la France à l'Allemagne. rangs de généraux coupables de ~
Le 1er août 1870, il est envoyé au pitulation. »
camp de Metz commandé par le Le 20 mars, il est à Paris, se met
maréchal Bazaine,, principale place à la disposition du Comité Central
forte française. Dès cette époque il de la Commune. Mais il est rapi-
rédige des articles pour la presse, dement déçu par l'anarchie généra-
des rapports pour ses chefs, des lisée qui règne à Paris et rend im-
lettres et des adresses à ses cama- possible toute action révolution-
rades officiers, pour dénoncer le naire sérieuse. Cependant il se met
délabrement de l'armée, l'incapacité au travail.
du commandement. Il formule de
façon précise et 'détaillée une nou- Le 3 avril, il est nommé chef
velle conception stratégique qui d'état-major du général en chef,
consi,;;;te à organiser la guérilla sur Cluseret. Le 30, ce dernier ayant
toute l'étendue du territoire natio- été limogé, il devient chef des Fé-
nal en s'accrochant aux régions dérés. Mais les différentes autorités
d'accès difficile, pour lancer ensuite se neutralisent,, les ordres ne sont
une contre-attaque générale contre pa;;; exécutés, chacun tire à soi. Aus-
un ennemi épmse et démoralisé ~i le 9 mai ' démissionne-t-il, étant
par un harcèlement permanent. Il d~ns l'impo~sibilité d'exercer un
résume ce plan qui préfigure les commandement sur de s groupes
guérillas populaires de l'av~ir : qui ne reconnaissent aucune auto-
« Faire de la chouannerie en rité et qui vont droit à l'échec.
grand ». Le 7 juin, les Versaillais devenqs
'Pendant le siège de Metz il tente maîtres de Paris, l'arrêtent. Il est
d'entraîner avec lui des officiers iugé le 8 septembre et fusillé le
que révolte la passivité volontaire de 28 novembre 1871, au fort de Sa-
Bazaine. Le 8 octobre il tente donc tory.
de s'échapper seul «résolu à sacri-
fier décidément son devoir de sol-
dat à son devoir de citoyen ». Henri PRiEUR
25

Vous aimerez peut-être aussi