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Université Sidi Mohammed Ben Abdellah

Faculté des Sciences Juridiques


Économiques et Sociales
Fès

FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES

Enseignant : M. CHHITI

Filière : Sciences Économiques et Gestion


Semestre 1

Année universitaire : 2020/2021


Fonctions de plusieurs variables
1

1. Notions de base
Le recours aux fonctions réelles d’une variable réelle est souvent insuffisant pour rendre compte
des relations économiques. Une variable économique dépend souvent de plusieurs autres
variables économiques et non d’une seule.
D’une manière générale, les fonctions réelles de plusieurs variables réelles sont de la forme :
z = f (x1 , x2 , . . . , xn )
où x1 , x2 , . . . , xn et y sont des nombres réelles.
L’étude ci-après se fera généralement sur des fonctions ayant seulement des variables x et y. Ce
cas capte l’essentiel de la théorie. L’étude du cas général est similaire et ne présente pas plus de
difficultés.

¥ Fonctions de deux variables


Définition 4.1 On appelle fonction de deux variables une fonction f de R2 dans R. L’ensemble Df des
éléments de R2 qui ont une image par f s’appelle le domaine de définition de f . y
È 1
Par exemple, La fonction f définie par : f (x, y) = 1 − x2 − y 2
est une fonction de deux variables dont Df est le disque de centre (0, 0)
et de rayon 1 : Df = { (x, y) ∈ R2 : x2 + y 2 6 1 }· 1 x

1.1. Représentation graphique


Soit f une fonction de deux variables définie sur D ∈ R2 . La fonction f fait correspondre à tout
point (x, y) de D un réel z = f (x, y). Le graphe de f est une partie de R2 × R = R3 :
Cf = {(x, y, z) ∈ R3 | z = f (x, y), (x, y) ∈ D}
Cf est appelé surface. Lorsque (x, y) décrit le domaine D, le point M (x, y, z) décrit la surface Cf .
z 6
Cf
M (x; y; z )

y
-
x


Fonctions de plusieurs variables 2

¥ Courbes de niveau
Le plus souvent la surface d’une fonction à deux variables est difficile à visualiser. On a alors
recours à des représentations graphiques « partielles », comme le font les géographes pour les
reliefs :

=⇒

Définition 4.2 Soit f une fonction de deux variables définie sur D ⊂ R2 . Considérons l’ensemble :

Ck = { (x, y) ∈ D | f (x, y) = k }, k∈R

l’ensemble Ck , lorsqu’il n’est pas vide, est appelé courbe de niveau.

Il y a une infinité de courbes de niveau, autant que de valeurs possibles pour k. On représente
fréquemment quelques-unes de ces courbes de niveau dans le plan (x, y). En microéconomie on
recourt souvent aux courbes de niveau. Le graphique ci-après présente les courbes de niveau pour
une fonction de deux variables Cobb-Douglas.
y

2. Dérivées partielles
Soient f une fonction de deux variables définie sur une partie D de R2 . Lorsque l’on fixe l’une des
deux variables, on obtient une fonction réelle d’une seule variable réelle.

Définition 4.3 Lorsque l’on fixe l’une des deux variables, on obtient une fonction d’une seule variable.
D’ou les deux fonctions suivantes dites fonctions partielles de f au point (x, y).

f1 : t 7−→ f (t, y) où y est fixé (Première application partielle)


f2 : t 7−→ f (x, t) où x est fixé (Deuxième application partielle).

Dans toute cette section, la fonction de deux variables f est définie sur un ouvert D de R2 et (x0 , y0 )
désigne un point de D.
Fonctions de plusieurs variables 3

¥ Dérivées partielles d’ordres 1


Lors de l’étude d’une fonction f d’une seule variable, nous avons définie la dérivée en un point
x0 comme la limite du rapport
f (x) − f (x0 )
x − x0
quand x tend vers x0 . Cette définition ne peut pas s’appliquer directement aux fonctions de deux
variables, puisque dans ce cas x = (x, y) et x0 = (x0 , y0 ) seront des vecteurs de R2 et la division
par un vecteur n’a pas de sens.
Cependant, si l’on fixe l’une des composantes de x (disons y = y0 ), on peut traiter f comme une
fonction de l’autre variable x seule : f (x, y0 ) = f1 (x) et on peut calculer sa dérivée en x0 quand
cette limite existe :
f1 (x) − f1 (x0 ) f1 (x0 + h) − f1 (x0 ) f (x0 + h, y0 ) − f (x0 , y0 )
f10 (x0 ) = lim = lim = lim
x→x0 x − x0 h→0 h h→0 h
De même, si l’on fixe x (soit x = x0 ), on peut traiter f comme une fonction de la seule variable y :
f (x0 , y) = f2 (y) et on peut calculer sa dérivée en y0 quand cette limite existe :

f2 (y) − f2 (y0 ) f2 (y0 + h) − f2 (y0 ) f (x0 , y0 + h) − f (x0 , y0 )


f20 (y0 ) = lim = lim = lim
y→y0 y − y0 h→0 h h→0 h

Définition 4.4 On appelle dérivée partielle de f au point (x0 , y0 ) par rapport à


∂f
— la variable x, le réel f10 (x0 ) et on le note fx0 (x0 , y0 ) ou encore (x0 , y0 )
∂x
∂f f (x0 + h, y0 ) − f (x0 , y0 )
fx0 (x0 , y0 ) = (x0 , y0 ) = lim ·
∂x h→0 h

∂f
— la variable y, le réel f20 (y0 ) et on le note fy0 (x0 , y0 ) ou encore (x0 , y0 )
∂y

∂f f (x0 , y0 + h) − f (x0 , y0 )
fy0 (x0 , y0 ) = (x0 , y0 ) = lim ·
∂y h→0 h

I Fonction composée
Soit u et v deux fonctions d’une variable réelle t et soit f une fonction de deux variables définies
sur R2 . On définit la fonction ϕ sur R par :
€ Š
ϕ(t) = f u(t), v(t)

Théorème 4.1
€ Š
Si u et v sont dérivables en t0 et f admet des dérivées partielles au voisinage de
u(t0 ), v(t0 ) , on a :

∂f € Š ∂f € Š
ϕ0 (t0 ) = u(t0 ), v(t0 ) u0 (t0 ) + u(t0 ), v(t0 ) v 0 (t0 )
∂x ∂y
Fonctions de plusieurs variables 4

¥ Dérivées partielles d’ordre 2


Soit f une fonction admettant des dérivées partielles en tout point (x, y) au voisinage du point
(x0 , y0 ). Les fonctions dérivées partielles suivantes

fx0 : (x, y) 7−→ fx0 (x, y) fy0 : (x, y) 7−→ fy0 (x, y)

sont elles-mêmes des fonctions de deux variables. En dérivant par rapport à x et par rapport à
y chacune des fonctions ci-dessus on obtient les dérivées partielles d’ordre 2. Nous aurons donc
quatre dérivées d’ordre 2

Définition 4.6 Sous condition d’existence, on appelle dérivées partielles d’ordre 2 de f au point (x0 , y0 )
les dérivées partielles des fonctions fx0 et fy0 ; on les note :
   
∂2f ∂f ∂f ∂2f ∂f ∂f
fx002 = 2
= 00 =
fxy =
∂x ∂x ∂x ∂x∂y ∂x ∂y

   
00 = ∂2f ∂f ∂f ∂2f ∂f ∂f
fyx = fy002 = 2
=
∂y∂x ∂y ∂x ∂y ∂y ∂y

3. Différentielles
Les dérivées partielles ne sont pas suffisantes pour tenir compte du fait que la fonction dépend de
toutes les variables à la fois. Soit f une fonction de deux variables et M0 (x0 , y0 ) un point de R2 ,
l’application u de R2 dans R définie par :

∂f ∂f
(h1 , h2 ) 7−→ h1 (M0 ) + h2 (M0 )
∂x ∂y

est une application linéaire de R2 dans R, c’est-à-dire :

u(P + Q) = u(P ) + u(Q) ∀ P ∈ R2 , ∀ Q ∈ R2


u(λP ) = λu(P ) ∀ P ∈ R2 , ∀λ ∈ R

L’application u est dite différentielle de f en M0 et on la note df (M0 ). Les applications suivantes

p1 : R2 −→ R p2 : R2 −→ R
et
(x, y) 7−→ x (x, y) 7−→ y

sont linéaires de R2 dans R et par suite dp1 = p1 et dp2 = p2 . On note

dp1 = dx et dp2 = dy

Théorème 4.2 Soit f une fonction définie au voisinage de M0 ∈ R2 et admettant des dérivées partielles
continues au voisinage de M0 . Alors f est différentiable en M0 et

∂f ∂f
df (M0 ) = (M0 ) dx + (M0 ) dy.
∂x ∂y
Fonctions de plusieurs variables 5

4. Optimisation d’une fonction à deux variables


¥ Optimisation sans contrainte
Le problème que l’on étudie ici est celui de la recherche d’extremums locaux d’une fonction f de
deux variables x, y
Définition 4.7 Soit f une fonction de deux variables définie au voisinage de M0 .
— On dit que f a un maximum local en M0 s’il existe un voisinage V de M0 tel que :

f (M ) 6 f (M0 ) ∀ M ∈ V

— On dit que f a un minimum local en M0 s’il existe un voisinage V de M0 tel que :

f (M0 ) 6 f (M ) ∀ M ∈ V

— On dit que f admet un extremum local en M0 si f admet un minimum ou un maximum local en M0 .


II en résulte qu’il existe un plan tangent horizontal à la courbe de f au point (M0 , f (M0 )).
Théorème 4.3 Soit f une fonction définie au voisinage de M0 . On suppose que f est différentiable en M0 .
Si de plus f admet un extremum local en M0 alors
∂f ∂f
(M0 ) = 0 et (M0 ) = 0 (∗)
∂x ∂y
Un point M0 vérifiant (∗) s’appelle point critique.

s
s

maximum minimum point selle

La condition (∗) est nécessaire, mais l’exemple du point-selle montre qu’elle n’est pas suffisante.
Bien que le plan tangent soit horizontal, quel que soit le voisinage du point-selle considéré, on
pent toujours trouver un point qui soit au-dessus du point-selle et un autre point qui soit au-
dessous du point-selle. Notons qu’a un point-selle, une fonction présente un minimum pour une
des variables et un maximum pour l’autre variable. II faut donc une condition suffisante qui est
la suivante : ‚ 2 Œ‚ 2 Œ ‚ 2 Œ2
∂ f ∂ f ∂ f
H (M0 ) = (M0 ) (M0 ) − (M0 ) > 0
∂x2 ∂y 2 ∂x∂y
Théorème 4.4 Soit M0 un point critique et f une fonction définie au voisinage de M0 .
a) Si H (M0 ) < 0 alors f n’admet pas d’extremum en M0
∂2f
b) Si H (M0 ) > 0 et (M0 ) > 0 alors f admet un minimum en M0
∂x2
∂2f
c) Si H (M0 ) > 0 et (M0 ) < 0 alors f admet un maximum en M0
∂x2
d) Si H (M0 ) = 0 on ne peut pas conclure.
♠ Fonctions de plusieurs variables 6

Exemple 4.1 Soit à chercher les extremums locaux de f (x, y) = x3 + y 3 − 3xy.

Conditions nécessaires
∂f

 (x, y) = fx0 (x, y) = 3x2−3y
 ⇒ y = x2
∂x
∂f
 (x, y) = fy0 (x, y) = 3y 2 − 3x
 ⇒ x = y2
∂y
Alors x = x4 ⇐⇒ x(x3 − 1) = 0 ⇐⇒ x = 0 oux = 1
Ainsi, les points critiques de f sont (0, 0) et (1, 1)

Conditions suffisantes
 2
∂ f
2 (x, y) = 6x


 ∂x


2

∂ f
(x, y) = −3
 ∂x∂y
∂ 2f



 2 = 6y

∂y
∂ 2f ∂ 2f ∂ 2f
Donc H(x, y) = (x, y) × (x, y) − ( (x, y))2 = 36xy − 9
∂x2 ∂y 2 ∂x∂y

• En (0, 0), on a H(0, 0) = −9 < 0 d’ou (0, 0) est un point selle de f .


∂ 2f
• En (1, 1), on a H(1, 1) = 27 > 0 et comme (1, 1) = 6 > 0, alors f admet un
∂x2
minimum local en (1, 1).

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