Vous êtes sur la page 1sur 7

UNITÉ 1

Les différents statuts de l’image

SÉANCE 1
Les différents statuts de l’image

Objectif

• Identifier des caractéristiques (plastiques, culturelles, sémantiques, symboliques) inscrivant une œuvre dans une
aire géographique ou culturelle et dans un temps historique.
• S’approprier des questions artistiques en prenant appui sur une pratique artistique et réflexive.

Des images, il y en a partout autour de toi. Cependant, elles n’ont pas toutes le même statut, c’est-à-dire la même fonc-
tion. Dans cette unité, tu vas découvrir qu’il y a plusieurs sortes d’images : artistique, symbolique, décorative, documen-
taire, publicitaire.

DÉFINITIONS
Écoutons le Professeur Cambridge :

Exercice autocorrectif n° 1

Observe attentivement les cadres ci-dessous.


En t’aidant des définitions du Professeur Cambridge, complète l’espace libre au crayon à papier pour correspondre à
l’adjectif en dessous.
Exemple : tu dessineras ci-dessous une image décorative.

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 1 – Séance 1  5


Vérifie tes réponses dans le livret des corrigés avant de poursuivre ton travail.

QUESTIONS
Analyse maintenant ton travail en répondant aux questions suivantes :

• Qu’est-ce qui donne à mon image décorative son aspect ornemental ?

........................................................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................................................

• Quels éléments essentiels ai-je dû ajouter pour obtenir une image publicitaire ?

........................................................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................................................

6 CNED – Collège 5   ARTS PLASTIQUES – Unité 1 – Séance 1


e
• Quels objets ou décors m’ont permis de symboliser la Patrie ?

........................................................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................................................

• Qu’est-ce qui fait que ton image est artistique ?

........................................................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................................................

• Selon toi, il est plus facile de produire une image documentaire grâce à :
Coche la bonne réponse.
£ De la peinture à l’huile
£ Un appareil photo
£ Une imagination sans limite

JE RETIENS

Lis le résumé ci-dessous et retiens-le grâce aux mots en gras.


Nous sommes entourés d’images, mais elles n’ont pas toutes le même statut, c’est-à-dire la même
fonction. L’image peut être artistique, symbolique, décorative, documentaire, publicitaire. Elle peut aussi réu-
nir plusieurs de ces caractéristiques ; ainsi, une image symbolique pourra être également artistique.

SÉANCE 2
Image et arts plastiques

Les arts plastiques peuvent adopter plusieurs formes : sculpture, peinture, photographie, vidéo, gravure, installation,
performance, etc. Cependant, depuis l’origine de l’histoire de l’art c’est l’image qui a pris la place la plus importante (les
premières œuvres connues, celles des hommes préhistoriques, sont des images peintes sur les parois des grottes). L’his-
toire de l’art a suivi l’histoire des images.
Pendant longtemps, une image devait répondre à des impératifs religieux. En suivant l’évolution, cette particularité a
disparu : aujourd’hui, tu peux voir des images dans tous les aspects de la société, comme tu as pu le constater avec le
travail que tu viens de produire. Nous allons nous attacher maintenant à celles qui sont réalisées dans un but artistique
pour constater qu’elles ne suivent pas toutes le même objectif. Pour davantage de clarté, nous allons regarder des images
représentant la même scène : la naissance de Vénus.

JE SAIS DÉJÀ

Vénus est le nom romain d’Aphrodite, déesse grecque de l’Amour. Les artistes sont nombreux à l’avoir repré-
sentée car la légende (Homère notamment) la décrit comme une très belle femme. Elle est née dans la mer,
sortant d’une coquille tandis que des fleurs se répandaient sous ses pieds… Nous allons voir plusieurs artistes
qui ont représenté ce moment.

Pour commencer, voici une peinture murale réalisée sur le mur du jardin d’une maison de Pompéi. La scène
est sobre, deux petits amours l’entourent dans des flots peu détaillés. On voit bien la coquille sur laquelle la
déesse est allongée confortablement. Un peu de vent gonfle le tissu qu’elle porte sur les épaules, montrant
que la nouvelle née est nue, ce qui est logique.

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 1 – Séance 2  7


JE SAIS DÉJÀ

En revanche, pour une nouvelle née, elle


est déjà bien grande et parée de bijoux
(chevilles et poignets) ! En réalité, cette
peinture ancienne témoigne déjà d’une
tradition picturale (= qui se rapporte à
la peinture) : on représente la naissance
de Vénus à l’âge adulte… N’oublions pas
que nous sommes en présence d’un récit
légendaire, que tout est donc permis : ce
n’est pas le réel que l’artiste peint mais
une vision, une représentation qui lui est
personnelle.

Pour confirmer cette affirmation, voici


la représentation de François Boucher,
artiste important du règne de Louis XV
(XVIIIe siècle). Rien qu’en la découvrant
rapidement, on peut constater que la
scène représentée est bien différente.
Vénus est entourée de nombreux per-
— Vénus à la coquille, IIIe siècle, peinture murale de la Maison de Vénus, Pompéi
© Archives Alimari, RMN/Sante Castignani
sonnages, des dieux comme elle, qui se
baignent dans une mer agitée en chevauchant de gros poissons. Dans le ciel, des amours tourbillonnent (ce ne
sont pas des anges, ces derniers appartenant à la mythologie chrétienne). Vénus est plus pâle que les autres,
son corps, mis en valeur par un drapé bleu sur lequel elle est assise, est davantage éclairé. Une de ses com-
pagnes lui présente une coupe pleine de bijoux. La coquille n’est pas visible.

Comparée à la simplicité de la scène


précédente, nous sommes ici face à une
grande profusion. Le tableau, très grand
(regarde ses dimensions), met en scène de
nombreux personnages. Il utilise plusieurs
effets décoratifs (par exemple, le drapé qui
tourbillonne dans le ciel).

Bien que de nombreux détails éloignent ces


deux images, on peut constater un certain
nombre de points communs : Vénus est
adulte, elle est nue, un drapé est soulevé
par le vent au-dessus d’elle, elle est dans
l’eau, s’intéresse aux bijoux… Les deux ar-
tistes vivent à des périodes bien différentes,
et chacun s’est inspiré de son époque : le
corps de la femme, d’ailleurs, ne semble
pas construit de la même manière. Vénus,
représentant la femme idéale, a servi aux
artistes pour représenter un modèle qu’ils — François Boucher, La Naissance de Vénus, 1740, huile sur toile, 130 x 162
cm, 1740, Nationalmuseum, Stockholm
considéraient comme très beau. Dans les
deux peintures, Vénus est le centre de ce que nous devons regarder.

Des dizaines, peut-être des centaines d’artistes ont représenté ce sujet, il leur offre la liberté de placer un
beau corps féminin dans le décor maritime de leur choix.

Au XXe siècle, les artistes libérés de certaines conventions de la société (la religion, l’académie, le pouvoir du
roi, etc.) peuvent interpréter plus librement les grands mythes puisque plus personne ne s’y réfère. D’ailleurs,
qui connaît l’histoire de Vénus aujourd’hui ? Qui considère encore que c’est le modèle idéal de beauté ?

8 CNED – Collège 5   ARTS PLASTIQUES – Unité 1 – Séance 2


e
Salvador Dali, peintre très fantaisiste, a ainsi interprété de nombreux
grands récits traditionnels. Ici, il s’inspire de la Vénus peinte par Botticelli,
lui découpe le corps, place une montre molle sur son cou et un œuf sur son
bassin. De grosses fourmis se promènent sur cette inquiétante destruction
de la Beauté antique ! Le drapé, la mer, la coquille, les bijoux… tout a disparu
des références originelles. On reconnaît Vénus pour deux raisons : le titre de
l’œuvre l’identifie et la position du corps évoque une statue dont la posture et
les proportions ne font aucun doute.

Il n’y a en réalité que peu de liens entre ces images. En tout cas, elles
mettent toutes les trois en avant des styles différents. On peut trouver
d’autres exemples, de nombreux artistes ayant choisi ce sujet : il n’y en a pas
deux identiques.

Si l’on regarde bien ce qui caractérise ces trois œuvres, c’est que chacune
d’entre elles correspond à une personnalité particulière, celle de son auteur.
— Salvador Dali, La Naissance
de Vénus, Vers 1970, lithographie,
Pour Vénus, il est bien entendu question de beauté, puisque c’est la déesse 74,5x55 cm, Collection particulière
qui représente cette idée. La représentation de la beauté par les arts © Salvador Dali, Fondation Gala-
Salvador Dali/ADAGP, Paris 2011
plastiques est un moyen pour l’artiste de montrer au public l’image de ce
qu’il considère comme beau, c’est le reflet de son époque. Mais les artistes ne parlent pas que de cela, ils
peuvent tout aussi bien montrer la laideur, la souffrance, la tristesse… bref, des sentiments négatifs.

Quoi qu’il en soit, l’artiste nous propose de ressentir des émotions, de partager des visions, de nous faire rêver.

JE RETIENS

Lis le résumé ci-dessous et retiens-le grâce aux mots en gras.


Suivant les époques, les artistes ont créé différentes sortes d’image. Elles correspondent au goût du moment
et permettent de faire partager des émotions, des sentiments.

Le coin des curieux

Cherche sur Internet d’autres représentations de la naissance de Vénus et compare-les avec celles que nous
venons rapidement de regarder. Tu peux, notamment, regarder la plus célèbre d’entre elles, celle de Sandro
Botticelli, que tu connais peut-être déjà…

SÉANCE 3
Image et publicité

La publicité est apparue récemment dans l’histoire, elle est permise par l’évolution technologique : impossible de
diffuser des prospectus quand l’imprimerie n’existe pas, de fabriquer des clips publicitaires pour la télévision avant
son invention, etc.

La publicité est liée à la société de consommation, elle sert à faire vendre des produits. Avant son apparition (au
XXe siècle), on peut imaginer que la publicité servait à vendre autre chose, par exemple un régime politique. Mais
déjà à cette époque, Albrecht Dürer, un des plus grands artistes de l’histoire, utilisait la gravure pour diffuser ses
œuvres et se faire connaître par le plus grand nombre. Il assurait ainsi sa publicité. Plus tard, le portrait de Louis XV

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 1 – Séance 3  9


a été réalisé en de nombreux exemplaires puis copié au moyen de la gravure pour être diffusé auprès des fidèles
sujets. Dans ce cas, la publicité s’appelle de la propagande. Elle est utilisée par les pouvoirs politiques : plus ils sont
autoritaires, plus ils en font usage, empêchant la liberté d’expression de ceux qui ne sont pas du même avis.

La diffusion et la fabrication des images modernes sont liées à l’invention de la photographie. Depuis cette date
(1839), nous sommes passés à un stade supérieur de la fabrication en nombre des images.

Voici donc une différence entre la création d’une image artistique et celle d’une image de publicité : la première est
en principe créée à un seul exemplaire. Le côté unique de l’œuvre lui accorde un statut particulier, on l’admire aussi
pour sa rareté.

Nous allons rapidement regarder quelques images publicitaires et


essayer d’en dégager les particularités, dans l’idée de comparer avec
la séance précédente.

Il me semble intéressant de commencer avec cette image, car,


à première vue, tout porte à penser que c’est une œuvre d’art… Il
s’agit d’un lécythe (= vase utilisé par les Grecs pour stocker de l’huile
ou du parfum), réalisé selon la technique traditionnelle des artisans
de l’époque : deux personnages et deux chevaux sont peints en noir
sur un fond couleur terre. Si tu regardes attentivement, tu peux
remarquer ces lettres : όνĩσθέ με καī εũ’μ’πολεσει – καλος, elles
signifient « Achète-moi et tu feras une bonne affaire ».

Il y a donc deux raisons qui distinguent cet objet d’une œuvre d’art : il
— Lécythe attique à figures noires, vers 500 avant s’agit d’un objet utilitaire et de plus, on peut remarquer cette éton-
JC, terre cuite, Ø 13,5 cm, Musée du Louvre, Paris nante formule publicitaire…

Contrairement à ce que je dis plus haut, la publicité n’est pas inventée hier !

Plus près de nous, au XIXe siècle, un artiste, Henri de Toulouse-Lautrec a laissé


le souvenir d’un grand peintre d’affiches. Il s’agit bien entendu de publicités,
elles vantent des spectacles populaires du Paris de l’époque. Il a notamment
permis la célébrité du quartier de Montmartre.

Celle qui est reproduite ici montre certaines particularités propres au monde
de l’affiche : les couleurs sont vives, elles sont destinées à être vues de loin.
Le texte, court, est blanc et jaune sur un fond noir, contraste permettant une
lecture claire et rapide.

Une affiche est imprimée, elle est produite en grand nombre. Son format, le
motif et ses couleurs, le texte… tout doit y être organisé pour que la communi-
cation soit efficace : il ne s’agit pas d’un tableau que l’on peut passer des heures
à détailler… Ici, par exemple, on peut remarquer que le volume n’est pas indiqué
par du modelé (= relief donné par les ombres et les lumières). L’artiste a utilisé
des aplats colorés (= peinture étalée uniformément, sans dégradé). Il n’y a que
— Henri de Toulouse-Lautrec, trois couleurs : jaune, bleu et rouge (les primaires) et du noir et blanc. Elles ne
Aristide Bruant, Tous droits réservés
Musée Toulouse-Lautrec, Albi sont pas mélangées entre elles.
Toulouse-Lautrec est un précurseur, c’est l’un des inventeurs de l’affiche
moderne. En effet, si tu regardes rapidement autour de toi (dans la rue, dans les magazines, sur les abribus ou dans
le métro…), tu pourras constater que de nombreuses affiches actuelles fonctionnent sur le même modèle.

Les deux documents que nous venons d’étudier montrent une grande proximité entre œuvre d’art et publicité.
Aujourd’hui, de nombreux facteurs ont changé notre rapport à ce genre d’images : d’une part, la société de consom-
mation impose aux industriels de viser une clientèle la plus large possible, d’autre part, les publics sont ciblés à
partir d’études très précises.
C’est pourquoi, tout en respectant les critères nommés ci-dessus (notamment la facilité et la rapidité de lecture),
l’image publicitaire entretient maintenant peu de rapports avec les arts plastiques.

10 CNED – Collège 5   ARTS PLASTIQUES – Unité 1 – Séance 3


e
Dans l’exemple proposé ici, il s’agit d’une publicité pour
une marque sportive dont le nom signifie « Victoire » en
grec. Or, pratiquement aucun des clients de cette marque
ne connaît ce détail. La marque ne vise rien de culturel,
elle élimine tous les détails qui pourraient perturber la
lecture et limite l’image à un sportif en action. La photo-
graphie permet aux éventuels acheteurs de s’identifier à
lui et le phénomène des marques fait le reste… La mise
en page de cette image montre que l’efficacité maximum
est atteinte : grandes lettres sur fond blanc (dont la com-
préhension du sens n’a aucune importance), image très
simple à identifier et à comprendre, pratiquement rien
à lire, la marque n’étant représentée que par un logo (=
dessin qui permet d’identifier un produit, quel qu’il soit).

Le but d’une publicité est de vendre, et tous les moyens


— Affiche publicitaire pour la marque Nike (Nous sommes tous sont bons. Nous venons rapidement d’arriver à cette
témoins)
conclusion, elle fixe la différence entre image publicitaire
et image artistique.

JE RETIENS

Lis le résumé ci-dessous et retiens-le grâce aux mots en gras.


L’objectif d’une image publicitaire est de vendre un produit quel qu’il soit : idée, marque commerciale, homme
ou parti politique… Ce n’est pas le cas d’une image artistique.

J’ÉVALUE MES ACQUIS


Tu peux à présent faire le bilan de tes compétences grâce à la grille d’auto-évaluation ci-dessous. Pour cela, fais une croix
dans les colonnes 1, 2 ou 3, en face de chacune des compétences du tableau selon ce que tu penses avoir acquis, presque
acquis ou pas acquis du tout ; dans ce dernier cas, tu pourras donc revoir le cours afin de t’améliorer.

1 = acquis
2 = en cours d’acquisition
3 = non acquis

Connaissances et compétences pour l’unité 1 1 2 3


Je sais comment dessiner une image décorative.
Je connais la définition d’une image artistique.
Je connais la différence entre une image artistique et
une image publicitaire.

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 1 – Séance 3  11

Vous aimerez peut-être aussi