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SÉANCE 1
Les voraces
Objectif
Étudier la scène de genre sous l’angle du thème du banquet abordé dans le livret d’histoire des Arts.
Nous verrons dans cette unité comment en arts plastiques le banquet fait partie d’une catégorie qu’on appelle la scène de
genre.
AU SECOURS, ON ME DÉVORE !
Un personnage dont le corps est entièrement constitué d’aliments se fait dévorer par un vorace ! Dans des maga-
zines, cherche et découpe des fruits, des légumes, de la viande, des pâtisseries. Colle-les sur l’image ci-dessous
pour former celui qui se fait manger.
Ton dessin est une scène de genre, c’est-à-dire la représentation d’un moment familier de la vie quotidienne. En
arts plastiques, les représentations de banquets sont souvent des scènes de genre.
JE RETIENS
Aujourd’hui, classer les œuvres d’art par genre (= sujet représenté) n’a plus vraiment de sens. En tout cas, on n’utilise
plus les mêmes classements que par le passé (par exemple, on classe les films par genre de cette manière : film d’épou-
vante, film policier, western, film d’amour…). Nous allons rapidement essayer de comprendre ce que ces classements
signifient dans la peinture…
Dans la France du XVIIe siècle, les artistes ont été placés dans une structure très contraignante qui les cloison-
nait dans des catégories hiérarchisées (= classées par ordre de valeur). Ces catégories ont permis au roi Louis XIV
de puiser les artistes nécessaires à ses grands chantiers, dont Versailles, bien entendu. La construction de cette
« folie » a duré plusieurs années et il a fallu embaucher des centaines d’artistes et d’artisans dans de nombreuses
spécialités : sculpture, peinture, dorure, orfèvrerie, tapisserie, ébénisterie, vitrerie, jardin, etc. Mais Versailles n’était
pas le seul lieu où il était nécessaire de faire travailler les artistes : on fit appel aux peintres et aux sculpteurs pour
décorer les appartements des courtisans puis ceux des bourgeois jusqu’à la Révolution.
L’institution qui regroupait ces créateurs s’appelait l’Académie royale. Elle permettait de classer les artistes en
fonction de critères rigoureux dont le plus important était le sujet de leur œuvre. Ce classement s’appelle la hié-
rarchie des genres. Les peintres les plus respectables étaient ceux qui peignaient les tableaux d’histoire (religion
et mythologie), puis venaient les portraitistes, les peintres animaliers et les paysagistes. En bas de l’échelle, se
trouvaient ceux qui représentaient les natures mortes, un genre décoratif.
Ces classements se sont répandus dans d’autres pays, où des Académies ont copié celle de Paris : l’Espagne,
l’Italie, la Grande-Bretagne… D’autres nations occidentales avaient une culture différente, par exemple la Hollande
et l’Allemagne, pays protestants où les peintures religieuses n’étaient pas tolérées. La bourgeoisie commerçante y
préférait les portraits ou les scènes d’intérieur représentant la vie quotidienne, ils affectionnaient aussi les natures
mortes. On trouvait également des représentations populaires de scènes de beuverie, de fêtes de village, de repas…
Ces tableaux, souvent joyeux et colorés, étaient très mal vus en France. On les appelait des « scènes de genre ».
Peu d’artistes en ont représentées dans notre pays, ce sont pourtant de très grands peintres.
Voyons quelques exemples afin que tu distingues bien les genres. Comme tu en connais déjà certains (dont la nature
morte), nous nous contenterons de simples comparaisons…
Commençons par le genre le plus « noble » : la peinture d’histoire. Généralement, ces tableaux de grand format
contiennent de nombreux personnages, souvent animés et dans des postures stéréotypées rappelant les sculptures.
Ils sont figurés de cette manière car les modèles ont posé dans l’atelier avant d’être assemblés de manière figée,
dans une peinture où le décor lui-même répond à des critères précis : il doit évoquer l’Antiquité, l’architecture et le
paysage font référence à la Grèce mythologique. On appelle cela une peinture « classique ».
L’un des plus célèbres portraitistes de l’histoire de l’art est un peintre vénitien qui
s’appelle Le Titien.
C’est un des premiers artistes à s’être spécialisé dans ce genre. Il a peint beau-
coup de ses contemporains et a laissé d’eux une image très intériorisée (= qui ne
sont pas uniquement des peintures superficielles mais qui donnent l’impression
que le sujet pense, est sensible, bref est humain). À l’époque de Titien, l’académie
n’existait pas encore et les peintres passaient d’un genre à l’autre sans pro-
blème… Cette liberté n’existe plus du temps de Poussin.
— Tiziano Vecello dit Le Titien,
Voyons maintenant un autre exemple de genre, tout aussi facile à identifier : la
Portrait d’Isabelle d’Este, duchesse de
peinture animale. Si le sujet du tableau est une bête, quelle qu’elle soit, il fait
Mantoue, 1536, Huile sur toile, 102 x
64 cm, Kunsthistorisches Museum,
partie de ce genre. Attention : si un berger est représenté avec un mouton, il peut
Vienne
s’agir d’un portrait… À toi de distinguer ce qui est le plus important dans la
représentation ! Pour cela, tu peux t’aider du titre et essayer de bien comprendre de quoi il s’agit.
— Paulus Potter, Jeune taureau, 1647, huile sur toile, 236 x 339 cm,
Mauritshuis, La Haye
JE RETIENS
Tu l’as compris avec la séance précédente, la hiérarchie des genres définie par l’Académie française méprise ce qui
représente le réel. La noblesse des sujets va de pair avec la noblesse de la Cour qui méprise le peuple : quel intérêt
aurait-elle à s’intéresser à des gens dont elle ne veut pas connaître l’existence ? La Révolution de 1789 changera en partie
ce comportement mais il faudra attendre le XIXe siècle pour que l’on représente des travailleurs, des ouvriers, des paysans
et que l’on cesse de valoriser la peinture d’histoire… Ce n’est pas le cas dans d’autres pays. Voyons par exemple ce qui se
passe en Hollande à l’époque de l’Académie française…
Au XIXe siècle, des artistes ont choisi le réel et les activités populaires
comme sujet. Par exemple, Jean-François Millet s’est spécialisé dans
les scènes rurales représentant des paysans au travail. Cette reproduc-
— Jean-Honoré Fragonard, Les Hasards tion d’un de ses plus célèbres tableaux montre des femmes qui n’ont
heureux de l’escarpolette, 1767, huile sur toile,
81 x 64 cm, Wallace Collection, Londres d’autre solution pour manger que de ramasser le blé restant après la
moisson.
JE RETIENS
1 = acquis
2 = en cours d’acquisition
3 = non acquis
A
Abstrait : qui ne représente rien.
Affichiste : artiste utilisant les affiches urbaines comme support de création (années 1960).
Allégorie : image personnifiée qui représente une idée à l’aide de symboles.
Art pariétal : art des parois.
Autoportrait : portrait de l’artiste par lui-même.
B
Bande dessinée : récit imprimé en images.
C
Caricature : portrait avec exagération des traits de la physionomie.
Chimère : créature fantastique composée de plusieurs animaux.
Chronophotographie : procédé de décomposition du mouvement par la photographie.
Collage : assemblage en deux dimensions (à plat) utilisant la colle.
D
Détournement : changement du sens ou de l’usage d’un objet.
Documentaire : film ou photographie qui documente sur le monde, qui montre le réel.
E
Ephémère : qui disparait rapidement.
Expressionniste : qualifie une œuvre (peinture, photographie, musique…) qui met en avant les sentiments (souvent
violents) de son auteur.
F
Fantastique : quand l’irréel et le surnaturel font irruption dans la représentation du réel.
Fiction : récit fondé sur l’invention.
Figuratif : qui représente quelque chose (contraire d’ « abstrait » et de « non figuratif »).
G
Glaive : synonyme d’épée.
Gravure : image imprimée en plusieurs exemplaires après avoir été incisée à l’envers sur une plaque de métal ou
de bois.
H
Hiérarchie des genres : classement des genres par ordre décroissant : peinture d’Histoire, portrait (et autoportrait),
peinture animalière, paysage, scène de genre et nature morte.
Hybride : mélange entre (au moins) deux catégories.
G
Genre : famille de sujet dans la peinture (par exemple, le genre du « paysage »). Par extension, appliqué à d’autres
formes d’art, par exemple le cinéma (« western » ou film fantastique).
L
Laïque : qui n’est pas religieux.
Land Art : « art de la terre ».
M
Médiéval : relatif au Moyen Âge (synonyme de « moyenâgeux »).
Métamorphose : transformation en autre chose.
Métaphore : représentation qui désigne autre chose.
Monochrome : peint avec une seule couleur.
Multiple : en plusieurs exemplaires.
Mythologie : récit légendaire.
O
Onirique : qui se rapporte au rêve.
P
Palimpseste : manuscrit gratté puis recouvert.
Précurseur : le premier à réaliser une chose qui sera répandue par la suite.
Pictural : qui se rapporte à la peinture.
Piédestal : support de statue (= « socle »).
Polychrome : peint en plusieurs couleurs.
Point de vue : position physique (se trouver quelque part d’où l’on voit) ou intellectuelle (avoir une opinion sur une
situation).
R
Récurrent : qui revient souvent.
Readymade : « objet déjà prêt », invention de Marcel Duchamp.
S
Sacré : intouchable, religieux.
Scénario : histoire sur laquelle se base une œuvre narrative (film, bande dessinée, opéra…).
Scène de genre : représentation de la vie quotidienne considérée comme triviale.
Story-board : découpage dessiné des plans d’un film pour illustrer le scénario.
Surnaturel : qui ne peut pas s’expliquer par des moyens rationnels (la science par exemple).
Surréaliste : groupe d’artistes a utiliser le subconscient et le hasard (années 1920-1930).
Symbole : signe qui représente quelque chose.
T
Trivial : commun, vulgaire, grossier.
U
Urbain : qui se rapporte à la ville.