Vous êtes sur la page 1sur 8

UNITÉ 12

Histoire des Arts : le Banquet

SÉANCE 1
Les voraces

Objectif

Étudier la scène de genre sous l’angle du thème du banquet abordé dans le livret d’histoire des Arts.

Nous verrons dans cette unité comment en arts plastiques le banquet fait partie d’une catégorie qu’on appelle la scène de
genre.

AU SECOURS, ON ME DÉVORE !

Exercice autocorrectif n° 1

Un personnage dont le corps est entièrement constitué d’aliments se fait dévorer par un vorace ! Dans des maga-
zines, cherche et découpe des fruits, des légumes, de la viande, des pâtisseries. Colle-les sur l’image ci-dessous
pour former celui qui se fait manger.

Vérifie ta réponse dans le livret de corrigés avant de poursuivre ton travail.

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 12 – Séance 1  85


UN BANQUET TRÈS SONORE !
Dans le cadre ci-dessous, tu peux lire des onomatopées prononcées par des convives très bruyants. Dessine-les en
les représentant selon le son qu’ils produisent.

Vérifie ta réponse dans le livret de corrigés avant de poursuivre ton travail.

Ton dessin est une scène de genre, c’est-à-dire la représentation d’un moment familier de la vie quotidienne. En
arts plastiques, les représentations de banquets sont souvent des scènes de genre.

JE RETIENS

Lis le résumé ci-dessous et retiens-le grâce aux mots en gras.


En arts plastiques, le banquet est l’occasion de montrer l’opulence des produits de la nature ou la variété des
postures humaines dans leur vie quotidienne. Les représentations de banquets sont souvent des scènes de
genre.

86 CNED – Collège 5   ARTS PLASTIQUES – Unité 12 – Séance 1


e
SÉANCE 2
La hiérarchie des genres

Aujourd’hui, classer les œuvres d’art par genre (= sujet représenté) n’a plus vraiment de sens. En tout cas, on n’utilise
plus les mêmes classements que par le passé (par exemple, on classe les films par genre de cette manière : film d’épou-
vante, film policier, western, film d’amour…). Nous allons rapidement essayer de comprendre ce que ces classements
signifient dans la peinture…

Dans la France du XVIIe siècle, les artistes ont été placés dans une structure très contraignante qui les cloison-
nait dans des catégories hiérarchisées (= classées par ordre de valeur). Ces catégories ont permis au roi Louis XIV
de puiser les artistes nécessaires à ses grands chantiers, dont Versailles, bien entendu. La construction de cette
« folie » a duré plusieurs années et il a fallu embaucher des centaines d’artistes et d’artisans dans de nombreuses
spécialités : sculpture, peinture, dorure, orfèvrerie, tapisserie, ébénisterie, vitrerie, jardin, etc. Mais Versailles n’était
pas le seul lieu où il était nécessaire de faire travailler les artistes : on fit appel aux peintres et aux sculpteurs pour
décorer les appartements des courtisans puis ceux des bourgeois jusqu’à la Révolution.

L’institution qui regroupait ces créateurs s’appelait l’Académie royale. Elle permettait de classer les artistes en
fonction de critères rigoureux dont le plus important était le sujet de leur œuvre. Ce classement s’appelle la hié-
rarchie des genres. Les peintres les plus respectables étaient ceux qui peignaient les tableaux d’histoire (religion
et mythologie), puis venaient les portraitistes, les peintres animaliers et les paysagistes. En bas de l’échelle, se
trouvaient ceux qui représentaient les natures mortes, un genre décoratif.

Ces classements se sont répandus dans d’autres pays, où des Académies ont copié celle de Paris : l’Espagne,
l’Italie, la Grande-Bretagne… D’autres nations occidentales avaient une culture différente, par exemple la Hollande
et l’Allemagne, pays protestants où les peintures religieuses n’étaient pas tolérées. La bourgeoisie commerçante y
préférait les portraits ou les scènes d’intérieur représentant la vie quotidienne, ils affectionnaient aussi les natures
mortes. On trouvait également des représentations populaires de scènes de beuverie, de fêtes de village, de repas…
Ces tableaux, souvent joyeux et colorés, étaient très mal vus en France. On les appelait des « scènes de genre ».
Peu d’artistes en ont représentées dans notre pays, ce sont pourtant de très grands peintres.

Voyons quelques exemples afin que tu distingues bien les genres. Comme tu en connais déjà certains (dont la nature
morte), nous nous contenterons de simples comparaisons…

Commençons par le genre le plus « noble » : la peinture d’histoire. Généralement, ces tableaux de grand format
contiennent de nombreux personnages, souvent animés et dans des postures stéréotypées rappelant les sculptures.
Ils sont figurés de cette manière car les modèles ont posé dans l’atelier avant d’être assemblés de manière figée,
dans une peinture où le décor lui-même répond à des critères précis : il doit évoquer l’Antiquité, l’architecture et le
paysage font référence à la Grèce mythologique. On appelle cela une peinture « classique ».

En voici un bel exemple avec un des artistes les plus


importants de ce genre, un des plus grands peintres
français qui n’a pratiquement représenté que des
tableaux d’histoire : Nicolas Poussin. Le titre le décrit
bien : il s’agit d’un paysage idéal, donc qui n’existe pas.
Il est idéal car il correspond à ce que les descriptions
littéraires donnent de l’environnement mythologique. On
y voit un ciel pur, des cours d’eaux, une végétation luxu-
riante, et le Mont Olympe à l’arrière-plan. Des pâtres (=
bergers) devisent au premier plan tandis que l’architec-
ture du petit bourg s’inspire de l’Antiquité. La lumière
est douce et le soleil éclaire avec harmonie l’ensemble
du paysage.
Le format du tableau est déjà de bonnes proportions
— Nicolas Poussin, Paysage idéal, 1645-1650, huile sur toile, (près de 1,90 m dans sa plus grande dimension). Dans
120 x 187 cm, Musée du Prado, Madrid
cette peinture, Poussin a éliminé tout ce qui ramène à
la trivialité (= commun, vulgaire, grossier).

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 12 – Séance 2  87


Voyons maintenant un autre genre, celui du portrait. Nettement plus facile à identifier, il représente un humain.
Généralement, les bords de la toile coupent son image au niveau de la poitrine, mais il peut aussi être représenté en
entier.
Dans le premier cas, on parle d’un portrait en buste, dans le second, d’un por-
trait en pied. Le sujet de la représentation doit être le personnage, ce qui n’est
pas le cas du tableau de Poussin où des gens sont peints : le sujet est la scène
globale, les personnages ne sont ici que des accessoires comme les arbres et les
maisons. Souvent, dans les peintures de portrait, il n’y a même pas de décor, un
simple fond de couleur (ou noir) suffit à le mettre en valeur. De nombreux artistes
se sont représentés eux-mêmes : il s’agit, dans ce cas, d’un « sous-genre » du
portrait, celui de l’autoportrait (= portrait de soi).

L’un des plus célèbres portraitistes de l’histoire de l’art est un peintre vénitien qui
s’appelle Le Titien.

C’est un des premiers artistes à s’être spécialisé dans ce genre. Il a peint beau-
coup de ses contemporains et a laissé d’eux une image très intériorisée (= qui ne
sont pas uniquement des peintures superficielles mais qui donnent l’impression
que le sujet pense, est sensible, bref est humain). À l’époque de Titien, l’académie
n’existait pas encore et les peintres passaient d’un genre à l’autre sans pro-
blème… Cette liberté n’existe plus du temps de Poussin.
— Tiziano Vecello dit Le Titien,
Voyons maintenant un autre exemple de genre, tout aussi facile à identifier : la
Portrait d’Isabelle d’Este, duchesse de
peinture animale. Si le sujet du tableau est une bête, quelle qu’elle soit, il fait
Mantoue, 1536, Huile sur toile, 102 x
64 cm, Kunsthistorisches Museum,
partie de ce genre. Attention : si un berger est représenté avec un mouton, il peut
Vienne
s’agir d’un portrait… À toi de distinguer ce qui est le plus important dans la
représentation ! Pour cela, tu peux t’aider du titre et essayer de bien comprendre de quoi il s’agit.

L’image reproduite ici ne pose pas ce problème !


Regarde la taille de ce tableau, tu comprendras quelle
importance occupe l’animal peint en son milieu… Il n’y
a aucun doute, le berger est d’ailleurs à l’arrière-plan,
partiellement caché par un arbre : ce n’est pas lui le
sujet. Paulus Potter est le premier peintre animalier,
il a représenté des dizaines de bêtes de façon très réa-
liste et fidèle au modèle. Avant lui, les représentations
animales étaient approximatives et ce peintre repré-
sente un tournant dans l’histoire de ce genre.

— Paulus Potter, Jeune taureau, 1647, huile sur toile, 236 x 339 cm,
Mauritshuis, La Haye

JE RETIENS

Lis le résumé ci-dessous et retiens-le grâce aux mots en gras.


Le classement par genres est inventé au XVIIe siècle et se nomme la hiérarchie des genres. Il permet de hiérar-
chiser les œuvres, la peinture d’histoire étant la plus honorable.
Ce classement permet d’identifier un genre c’est-à-dire le sujet de la peinture (ou de toute autre technique).

88 CNED – Collège 5   ARTS PLASTIQUES – Unité 12 – Séance 2


e
SÉANCE 3
Les scènes de genre

Tu l’as compris avec la séance précédente, la hiérarchie des genres définie par l’Académie française méprise ce qui
représente le réel. La noblesse des sujets va de pair avec la noblesse de la Cour qui méprise le peuple : quel intérêt
aurait-elle à s’intéresser à des gens dont elle ne veut pas connaître l’existence ? La Révolution de 1789 changera en partie
ce comportement mais il faudra attendre le XIXe siècle pour que l’on représente des travailleurs, des ouvriers, des paysans
et que l’on cesse de valoriser la peinture d’histoire… Ce n’est pas le cas dans d’autres pays. Voyons par exemple ce qui se
passe en Hollande à l’époque de l’Académie française…

Au XVIIe siècle, la peinture hollandaise est majoritairement une


peinture de genre. Pour mémoire, c’est l’époque de Vermeer, il n’a
pratiquement peint que cela… D’autres artistes, moins célèbres que
lui, se sont également adonnés à ce type de sujets. Parmi eux, Frans
Hals.

Comparons cette reproduction d’un de ses tableaux avec celle de


Poussin : les visages, ici, ne sont pas ceux de dieux de l’Olympe, ni
de pâtres paisibles dans un décor idéal : nous sommes dans une ta-
verne, avec des buveurs au visage rougi par l’ambiance chaleureuse.
L’éclairage est artificiel (des bougies), il doit faire nuit. On imagine
un bruit infernal, des rires gras, des cris et des chants joyeux ! Bien
entendu, la scène représentée ne montre pas des courtisans mais
des gens simples.

Au premier plan, la nature morte exhibe des nourritures paysannes


et une cornemuse (instrument populaire) ; Peut-être cette scène de
débauche choquait-elle les nobles français attachés à des plaisirs
raffinés (théâtre, musique de chambre, etc.), en tout cas, elle ne
valorise pas des sentiments classiques mais met en valeur le peuple
contemporain qui s’amuse… Elle était donc impossible pour l’Acadé-
— Frans Hals, La Joyeuse compagnie, ca. 1615, mie française : trop éloignée de ses valeurs.
huile sur toile, 131 x 100 cm, Metropolitan Museum
of Art, New York

Pourtant, tandis que le roi et sa cour recherchaient ce pseudo-raffine-


ment, quelques artistes se sont laissé aller à des représentations plus
triviales… C’est le cas d’un grand peintre du XVIIIe siècle, spécialisé
dans les scènes de genre. Son œuvre était populaire dans les salons
bourgeois dont il peignait les plaisirs « légers ». Il s’agit de Jean-Hono-
ré Fragonard, peintre qualifié de « rococo » en raison des nombreuses
fioritures fleuries qu’il fait grimper sur les roches, sur les troncs
d’arbres et sur les supports des statues (= piédestaux). Ces végéta-
tions enroulées portent le nom de plantes de « rocaille », d’où le nom
« rococo ». La peinture reproduite ici représente une scène tout aussi
futile et éloignée de l’idéal classique que celle de Frans Hals, mais
dans un registre différent : ce sont des oisifs de la cour ou de la grande
bourgeoisie qui se livrent à leurs activités quotidiennes, leurs plaisirs et
leurs amusements simples. Fragonard a représenté beaucoup de sujets
de ce type, il s’agit de scènes de genre un peu différentes de celles des
Hollandais.

Au XIXe siècle, des artistes ont choisi le réel et les activités populaires
comme sujet. Par exemple, Jean-François Millet s’est spécialisé dans
les scènes rurales représentant des paysans au travail. Cette reproduc-
— Jean-Honoré Fragonard, Les Hasards tion d’un de ses plus célèbres tableaux montre des femmes qui n’ont
heureux de l’escarpolette, 1767, huile sur toile,
81 x 64 cm, Wallace Collection, Londres d’autre solution pour manger que de ramasser le blé restant après la
moisson.

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 12 – Séance 3  89


Représenter des pauvres, sans fioriture ni souci décoratif,
répond à un objectif politique : le peintre prend parti pour
ces gens dont il fera l’essentiel des sujets de ses œuvres.
Comme Courbet et Daumier, dont il est très proche, il
appartient au courant qualifié de « Réalisme ». Ce terme
signifie que leurs sujets sont éloignés de la peinture
d’histoire : ni mythologie ni religion dans ce qu’ils
peignent, juste la misère quotidienne des travailleurs et
des pauvres de l’époque. Ces scènes de genre sont donc
encore d’un autre ordre que celles que nous avons
rapidement évoquées.

— Jean-François Millet, Des glaneuses, 1857, Huile sur toile,


85,5 cm x 111 cm
© RMN (Musée d’Orsay) / Jean Schormans

JE RETIENS

Lis le résumé ci-dessous et retiens-le grâce aux mots en gras.


Il existe plusieurs types de scènes de genre mais toutes sont éloignées de l’idéal académique : elles ne repré-
sentent ni mythologie ni religion, simplement le quotidien et le réel.

J’ÉVALUE MES ACQUIS


Tu peux à présent faire le bilan de tes compétences grâce à la grille d’auto-évaluation ci-dessous. Pour cela, fais une croix
dans les colonnes 1, 2 ou 3, en face de chacune des compétences du tableau selon ce que tu penses avoir acquis, presque
acquis ou pas acquis du tout ; dans ce dernier cas, tu pourras donc revoir le cours afin de t’améliorer.

1 = acquis
2 = en cours d’acquisition
3 = non acquis

Connaissances et compétences pour l’unité 12 1 2 3


Je sais réaliser une scène de genre.
Je reconnais les genres académiques de la hiérarchie.
Je sais identifier une scène de genre.

90 CNED – Collège 5   ARTS PLASTIQUES – Unité 12 – Séance 3


e
LEXIQUE

A
Abstrait : qui ne représente rien.
Affichiste : artiste utilisant les affiches urbaines comme support de création (années 1960).
Allégorie : image personnifiée qui représente une idée à l’aide de symboles.
Art pariétal : art des parois.
Autoportrait : portrait de l’artiste par lui-même.

B
Bande dessinée : récit imprimé en images.

C
Caricature : portrait avec exagération des traits de la physionomie.
Chimère : créature fantastique composée de plusieurs animaux.
Chronophotographie : procédé de décomposition du mouvement par la photographie.
Collage : assemblage en deux dimensions (à plat) utilisant la colle.

D
Détournement : changement du sens ou de l’usage d’un objet.
Documentaire : film ou photographie qui documente sur le monde, qui montre le réel.

E
Ephémère : qui disparait rapidement.
Expressionniste : qualifie une œuvre (peinture, photographie, musique…) qui met en avant les sentiments (souvent
violents) de son auteur.

F
Fantastique : quand l’irréel et le surnaturel font irruption dans la représentation du réel.
Fiction : récit fondé sur l’invention.
Figuratif : qui représente quelque chose (contraire d’ « abstrait » et de « non figuratif »).

G
Glaive : synonyme d’épée.
Gravure : image imprimée en plusieurs exemplaires après avoir été incisée à l’envers sur une plaque de métal ou
de bois.

H
Hiérarchie des genres : classement des genres par ordre décroissant : peinture d’Histoire, portrait (et autoportrait),
peinture animalière, paysage, scène de genre et nature morte.
Hybride : mélange entre (au moins) deux catégories.

G
Genre : famille de sujet dans la peinture (par exemple, le genre du « paysage »). Par extension, appliqué à d’autres
formes d’art, par exemple le cinéma (« western » ou film fantastique).

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Lexique  91


I
Illustration : image qui représente un texte ou une partie de texte.
Irréel : qui n’est pas possible dans le réel (produit de l’imaginaire).

L
Laïque : qui n’est pas religieux.
Land Art : « art de la terre ».

M
Médiéval : relatif au Moyen Âge (synonyme de « moyenâgeux »).
Métamorphose : transformation en autre chose.
Métaphore : représentation qui désigne autre chose.
Monochrome : peint avec une seule couleur.
Multiple : en plusieurs exemplaires.
Mythologie : récit légendaire.

O
Onirique : qui se rapporte au rêve.

P
Palimpseste : manuscrit gratté puis recouvert.
Précurseur : le premier à réaliser une chose qui sera répandue par la suite.
Pictural : qui se rapporte à la peinture.
Piédestal : support de statue (= « socle »).
Polychrome : peint en plusieurs couleurs.
Point de vue : position physique (se trouver quelque part d’où l’on voit) ou intellectuelle (avoir une opinion sur une
situation).

R
Récurrent : qui revient souvent.
Readymade : « objet déjà prêt », invention de Marcel Duchamp.

S
Sacré : intouchable, religieux.
Scénario : histoire sur laquelle se base une œuvre narrative (film, bande dessinée, opéra…).
Scène de genre : représentation de la vie quotidienne considérée comme triviale.
Story-board : découpage dessiné des plans d’un film pour illustrer le scénario.
Surnaturel : qui ne peut pas s’expliquer par des moyens rationnels (la science par exemple).
Surréaliste : groupe d’artistes a utiliser le subconscient et le hasard (années 1920-1930).
Symbole : signe qui représente quelque chose.

T
Trivial : commun, vulgaire, grossier.

U
Urbain : qui se rapporte à la ville.

92 CNED – Collège 5   ARTS PLASTIQUES – Lexique


e

Vous aimerez peut-être aussi