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Elle est l’incarnation par excellence de l’amour, de la séduction féminine et du renouveau. La déesse
romaine Vénus (Aphrodite dans la mythologie grecque), fille de Gaïa (déesse de la Terre) et d'Ouranos
(dieu du Ciel), est sans aucun doute l’une des divinités les plus célèbres au monde.
Selon certains chercheurs, les premières représentations de Vénus apparaissent dans l’Europe
paléolithique. Par exemple, la Vénus de Willendorf date de 30 000 ans avant Jésus-Christ, et a été
découverte en Autriche en 1908. Pourtant, cette figurine en calcaire de 11 centimètres de haut remonte
bien avant l’existence mythologique de Vénus. Pourquoi dans ce cas est-elle considérée comme une
représentation précoce de Vénus dans l’histoire de l’art ? La réponse se trouve dans ce qu’évoque Vénus. À
travers l’image de la déesse, se lit en réalité l’évolution de la représentation de la féminité. La
représentation anthropomorphique de cette déesse invite le spectateur à reconnaître des qualités divines à
travers une forme humaine reconnaissable. Sa poitrine et son bas-ventre ont été notablement exagérés, ce
qui attire notre attention sur la fertilité féminine. Ainsi, cette figurine marque le début de la fascination
artistique pour la représentation du corps des femmes et la valeur symbolique qu’il représente.
La Vénus Callipyge, datant du 1er ou du 2ème siècle avant J.-C., est une sculpturale représentation de Vénus
dans le marbre. L’artiste nous invite à nous attarder sur la grâce de la déesse, au travers de sa posture. Elle
lève sa tunique, appelée péplum, au-dessus de sa tête tout en jetant un regard derrière elle. Certains
historiens de l’art imaginent qu’elle devait s’admirer dans le reflet de l’océan, en écho à l’histoire
miraculeuse de sa naissance.
3- La (re)naissance de Vénus
La Vénus d’Urbino du Titien montre une nouvelle représentation de Vénus, à la connotation profondément
érotique. Cette Vénus est une Venus pudica, la femme couvrant pudiquement son sexe, cependant elle
établit un contact visuel direct avec le spectateur et s’incline sur son coude droit, invitant le regard du
spectateur à parcourir son corps nu.
4- Une Vénus moderne précoce
L’essence de la représentation de Vénus reste la même dans l’art moderne précoce. Néanmoins, celle-ci
s’enrichit d’un sens du jeu et de la théâtralité à partir du début du 19ème siècle. La Perle et la Vague de
Paul-Jacques-Aimé Baudry l’illustre bien : Vénus a les bras levés au-dessus de sa tête et elle sourit au
spectateur, comme si elle l’invitait à interagir avec elle.
5- La Vénus contemporaine
Dans l’art contemporain, les représentations de Vénus ont pris un nouveau sens, plus progressif. Peu à peu,
la figure de Vénus dans l’histoire de l’art s’est ouverte à des représentations plus variées et plus inclusives,
tout en honorant toujours l’image iconique de Botticelli. Les artistes se sont également efforcés de
requalifier Vénus à travers un prisme féministe et « non occidental ». Parmi les exemples, citons La
naissance d’Oshun de Harmonia Rosales, artiste américaine d’origine afro-cubaine, qui offre une
interprétation postcoloniale de la Vénus de Botticelli. En imitant directement la composition de la célèbre
toile de la Renaissance, l’œuvre offre un dialogue avec l’histoire dans un regard moderne.
Dans sa série de « Camouflages », l’artiste superpose sur une toile deux images identifiables, l’une
camouflant l’autre pour en créer une nouvelle, ambiguë.
Ainsi, dans l’œuvre Camouflage Botticelli, naissance de Vénus, se superposent l’image iconique de la Vénus
selon Botticelli et celle d’une pompe à essence de marque Shell, rapprochement ludique permis par le fait
que le logo de ce pétrolier est un coquillage. Les couleurs utilisées font penser aux couleurs de la publicité
industrielle de l’époque et donc du Pop Art. A première vue, la pompe à essence n’a rien à voir avec la
déesse de l’amour et de la beauté, Vénus. Elle évoque le monde de l’automobile et fait donc référence à la
masculinité. Cependant, ces deux images ont bien un rapport. Vénus est la déesse de l’amour et de la
beauté. Il s’agit d’un mythe de l’antiquité. La pompe à essence fait référence à l’automobile, qui est
devenue un mythe de l’époque moderne. L’artiste dénonce ainsi la pauvreté de notre civilisation. Enfin,
avec cette œuvre, Alain Jacquet critique également la banalisation des chefs d’œuvres de l’art, surutilisés à
des fins commerciales dans les publicités et productions de masse (posters, cartes postales, etc).
En conclusion, la représentation de Vénus dans l’histoire de l’art n’a jamais cessé de se réinventer à
travers de nombreux moyens artistiques. L’image de la déesse a symbolisé la féminité, la beauté et la
luxure, tout comme le féminisme, la démocratisation de l’art occidental et la progression de l’économie
capitaliste. Si elle est devenue aujourd’hui un motif récurrent, multiforme et complexe, il est assez
incroyable de se rappeler que l’histoire de Vénus trouve son origine dans l’Antiquité, il y a plus de 2000
ans.