Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Dès lors la scène possède une unité de lieu, de temps et d’action. La composition
gothique devint du coup inutile et l’image s’exprima à travers un nouveau langage
capable de traduire le nouveau mode de pensée dans lequel l’homme, en accord
avec la philosophie humaniste, se trouvait non seulement au centre de la
composition grâce aux lignes de construction convergeant toutes vers un point de
fuite unique mais aussi sujet central, exclusif et absolu du tableau
I – Les principes de la peinture gothique, bouleversée depuis l’apparition de la
perspective.
L’art de mémoire
Les tableaux d’autel qui représentent des ‘armoires de mémoires’, éléments rangés
pour se souvenir de l’histoire racontée. En effet, avec les quarante-trois panneaux
qu’il comportait à l’origine, un extraordinaire ‘bâtiment de mémoire’ s’offrant au
parcours visuel et spirituel.
« L’annonc e de la
mort de la Vierge »,
1308-11, DUCCIO,
détrempe sur bois :
41,5 x 54 cm,
Sienne, Museo
dell’Opera del
Duomo.
« Les Adieux de
la Vierge à saint
Jean ».
« Les Adieux de
la Vierge aux
apôtres ».
« La Cène », Léonard de Vinci. Thème peint par plusieurs artistes. Le dernier repas
du Christ.
De même que pour remémorer les figures des sept péchés capitaux par exemple,
c’est à travers la monstruosité de ses personnages que l’artiste va représenter les
différents vices dans sa toile.
L’image de dévotion
GIOVANI BELLINI,
représente la Vierge à
l’enfant qui va être reprise
chez plusieurs artistes.
« Madone David »,
« Madone Lochis ».
L’apparition de la perspective
La seconde expérience sur le même principe est celle qui mène devant le
Batistère, la cathédrale de Florence. Il peint sur un panneau de bois le B, va creuser
un trou à l’endroit où se trouve le point de fuite pour y placer son œil et ainsi
observer grâce à un miroir son B, et s’il l’enlève on voit le vrai B. Il respecte le point
de vue de la peinture au vrai monument.
Une autre technique pour représenter une perspective, c’est avec des fils
rassemblé en un point de fuite par un clou. L’ensemble créé une grille pour mieux
représenter l’espace. Ainsi, le point de fuite est égal au point de vue, ce que
démontre Brunelleschi. L’œil à travers l’image se projette aussi sur le point de fuite
qui permet la représentation dans un espace réel. La composition d’une peinture
est pensée au préalable sur l’effet qu’il veut présenter à son public ; est inventé
fictivement le spectateur, le
regard extérieur.
Cela a des conséquences
pratiques qui vont être
exploités : tout d’abord
en créant l’illusion de la
profondeur (l’église de
San Maria,
« La Trinité » est une fresque qui fait l’objet d’un manifeste. Figure que l’on a
normalement dans les œuvres dévotionnelles. Mais Masaccio va organiser l’espace
de son œuvre : Tout d’abord grâce à la perspective géométrique, il va non
seulement creuser l’espace qui donne l’impression qu’il s’y trouve une autre
chapelle mais aussi développer au-devant du mur un nouvel espace qui représente
un autel. Cela est permis grâce au regard depuis un certain point de vue de la
fresque qui crée cette illusion d’une profondeur spatiale. Puis cela engendre une
conséquence symbolique entre point de fuite et point de vue. Il va permettre au
spectateur de le situer et de lui conférer un point de vue spécifique et donc créer
l’illusion de la scène. En effet, le point de fuite est situé à un quart du sol, ce qui
permet d’avoir un angle de prise de vue en contre-plongée sur le Christ ainsi créant
un sentiment de supériorité. Le point de vue du spectateur est donc fondamental
pour comprendre ce qui se raconte.
Ensuite Masaccio nous permet de voir la scène de la Trinité d’un point de vue de la
mort, celui du mort. Le point de fuite est à la hauteur de la taille du squelette s’il
était debout : l’artiste prend en compte le spectateur du point de vue du mort, une
manière d’imposer le regard de manière subjective. La perception de la Trinité ne
peut se faire qu’à travers un point de vue mortel, sa condition de mort. Ainsi est la
manière pour que la perspective fonctionne.
« Saintes conversations », FRA ANGELICO, panneaux peints.
Ainsi, la perspective tient une dimension symbolique (selon PANOFSKY),
c’est-à-dire qu’elle va être capable de faire une démonstration géométrique
indépendamment du point de fuite. L’artiste fait le choix de la manière dont il va
organiser l’espace, et va exprimer un message à travers lui. La peinture délivre
ainsi les clés de l’interprétation à travers la profondeur, les perspectives…