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UNITÉ 7

L’autonomie de l’œuvre vis-à-vis du monde visible III

SÉANCE 1
Fantastique

Objectifs

• Observation et analyse d’œuvres ou d’images, comparaison d’œuvres différentes sur la question du fantastique.
• Expérimenter la question, produire.

DÉFINITIONS
On qualifie de « fantastique » une œuvre artistique, littéraire ou
cinématographique où l’irréel et le surnaturel font irruption dans la
réalité quotidienne. Le fantastique laisse libre cours à l’étrange, à
l’extraordinaire.

UNE APPARITION FANTASTIQUE !

Exercice autocorrectif n° 1

Observe l’image qui suit. Tout y semble normal. Tu vas y ajouter une apparition irréelle, la plus fantastique possible !
Tu peux dessiner sur l’image ou réaliser ton dessin sur une feuille à part pour ensuite le découper et le coller. Tu peux
aussi découper et coller des images de magazines.

— Nicolas Chapuy, Vue du château de Versailles sur le parc


Napoléon III, 19e siècle, Lithographie, 30 x 40 cm, Versailles, Châteaux
de Versailles et de Trianon

Vérifie ta réponse dans le livret de corrigés avant de poursuivre ton travail.

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QUEL ÉTRANGE MOLLUSQUE !

Exercice autocorrectif n° 2

Invente un animal fantasque ou fantastique qui surgit de ce coquillage.

Vérifie ta réponse dans le livret de corrigés avant de poursuivre ton travail.

JE RETIENS

Lis le résumé ci-dessous et retiens-le grâce aux mots en gras.


En arts plastiques, une œuvre est fantastique lorsque l’irréel ou le surnaturel font irruption dans la réalité
quotidienne. L’image de fiction a une grande part de fantastique.

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SÉANCE 2
Fantastique et mythologie légendaire

Le « fantastique » dans l’Art n’est pas une nouveauté. On peut


même imaginer que la naissance de l’Art, c’est-à-dire ce que l’on
considère aujourd’hui comme les premières œuvres artistiques, est
liée au fantastique.

En effet, quand les hommes préhistoriques peignent sur les parois


des grottes (on appelle cela l’art « pariétal »), on suppose qu’ils
utilisent leur imagination pour s’adresser à des esprits bien-
veillants. Ainsi, ils pourront être forts à la chasse et nourrir leur
famille. Il n’y a dans ce projet aucune rationalité (ce n’est pas fondé
sur le réel). Toutes les légendes qui apparaissent dans l’Antiquité
décrivent des êtres et des situations fantastiques. Cet aspect, irréel,
qui accorde des pouvoirs surnaturels aux héros, fonde la mytho-
logie. Les hommes de cette époque croient à ces divinités et leur
vouent un culte important (ils construisent des temples, se livrent
à des pratiques religieuses). Plus tard, l’ère chrétienne apportera
en Occident son lot de fantastique (des anges, des monstres, des
démons, doués de pouvoirs incroyables). La plupart des religions se
fondent sur l’irrationalité de légendes car les dieux ne sont pas des
hommes que l’on peut rencontrer dans le réel.

En dehors de la religion, le besoin de fantastique correspond chez l’homme à la puissance de son imagination. Elle
lui permet d’inventer des mondes, dans ses rêves, par exemple, ce que ne peut faire aucun animal. Cette grande
force est à la base des formes artistiques qui consistent en la mise en œuvre de l’imaginaire : un texte littéraire, un
film, une bande dessinée, une peinture, une sculpture… peuvent raconter une histoire parfaitement irréelle et le
spectateur peut y croire le temps où il y est confronté.

Nous allons évoquer quelques artistes qui se sont spécialisés dans ce genre, ce qui te permettra de distinguer plusieurs
catégories.

Tout d’abord, pour illustrer le texte qui précède, regardons une peinture égyptienne
qui date du XIIIe siècle avant J.C. Elle représente la reine Nefertari et orne le tom-
beau du Pharaon Ramsès II. Sans entrer dans des détails trop précis, il est évident
que le personnage de droite n’est pas tout-à-fait conforme à un être humain. Son
visage est une tête de faucon sur laquelle est posé un disque solaire… C’est le
dieu Ra, son aspect physique particulier trouve une explication dans la légende qui
raconte sa vie. Aujourd’hui, plus personne ne croît aux pouvoirs surhumains de ce
dieu antique mais, à l’époque, le côtoyer était très positif.

C’est pourquoi la reine lui tient le bras, ce qui est un grand privilège. Quand un
humain de notre époque regarde cette image, il voit la représentation d’un être sur-
naturel et il comprend bien que c’est l’imaginaire qui l’a créé.

Faisons un saut dans le temps : à la Renaissance, un artiste flamand reste attaché


au monde médiéval (= du Moyen Âge), peuplé de monstres et de créatures imagi-
naires. Il représente, sur cette peinture, plusieurs personnages à l’échelle dispro-
portionnée. Ceux que nous allons retenir ici sont les deux plus grandes femmes.
L’une tient un livre ouvert, l’autre porte un flacon de parfum. Cet accessoire est son
attribut, il permet de l’identifier (tu connais ce terme). Il s’agit de Madeleine, c’est
elle qui est supposée s’être rendue au tombeau du Christ pour l’embaumer. Ce
flacon contient le baume. L’autre sainte est moins connue : il s’agit de Marguerite. Si — Hugo van der Goes, Tryptique
tu regardes bien l’image, tu verras son attribut, il est assez répugnant ! Elle est en Portinari, Musée des Offices,
Florence
effet debout sur un dragon que l’on ne distingue pas forcément immédiatement.

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Cette représentation provient d’un récit médiéval, la Légende dorée. Ce texte, très populaire pendant plusieurs
siècles, contient un grand nombre de légendes qui racontent la vie des saints. C’est de ce livre que sont inspirées
toutes les sculptures des églises et la majorité des peintures qui représentent des saints. Les récits qu’il contient
sont tous fantastiques et plus invraisemblables les uns que les autres.

Néanmoins, comme pour les Égyptiens, les Grecs ou les Romains qui croyaient
en des mythes, les chrétiens du Moyen Âge se sont nourris de ces histoires.
Celle qui concerne Marguerite est assez édifiante : elle a été enfermée dans un
cachot et a été visitée plusieurs fois par le diable. Elle a réussi à le vaincre et
est toujours représentée debout sur lui.

Loin de nous et dans une autre civilisation encore, d’autres légendes guident
les représentations artistiques. Ici, tu peux voir une sculpture qui représente la
divinité Ugrachandi aux multiples bras. Dans la culture hindoue, elle est douée
de pouvoirs importants liés à ce nombre de membres inhumain.

Nous venons de parcourir rapidement l’imaginaire mythologique, tu peux pro-


longer cette découverte à travers des centaines d’images. Le choix que nous te
proposons ici permet simplement de voir que le fantastique est présent dans
toutes les formes artistiques du monde et de l’histoire.

JE RETIENS

Lis le résumé ci-dessous et retiens-le grâce aux mots en gras.


L’histoire de l’art du passé est peuplée d’êtres et de situations fantastiques. Ils proviennent pour la plupart des
mythologies et des religions.

SÉANCE 3
Fantastique et imaginaire contemporain

Après ce parcours patrimonial dans diverses cultures, voyons comment le fantastique apparaît aujourd’hui dans l’Art.
Tout d’abord, notons une nouveauté importante par rapport à ce que nous venons d’étudier : l’Art, depuis le XXe siècle, se
rapporte essentiellement au réel, ce qui n’était pratiquement pas le cas
auparavant. Cette nouveauté a permis des écarts à quelques courants,
le plus novateur étant essentiellement le groupe surréaliste, apparu
dans les années 1920.

La particularité des surréalistes était essentiellement de détourner


le réel dans leurs œuvres, de ne pas se fier uniquement à l’aspect
matériel des objets mais à privilégier l’imagination. Ainsi, ils ont
tenté de transcrire leurs rêves, leurs pensées cachées, leurs fan-
tasmes… Ils ont donc écrit, peint, sculpté, assemblé, photographié
des œuvres que l’on peut parfois qualifier de fantastiques.

Pour commencer, nous allons regarder l’œuvre d’un artiste que


nous avons déjà mentionné, Salvador Dali. Il s’agit d’un peintre dont
le mode de vie était une forme de spectacle. Il avait, notamment des
moustaches qui lui donnaient un aspect curieux et plutôt comique.
Ses peintures représentent son imaginaire, elles laissent les
— Salvador Dali, Construction molle avec haricots spectateurs libres de les interpréter comme ils veulent. Ici, tu peux
bouillis, Prémonition de la G uerre civile, 1936, huile sur relever tout ce qui te paraît fantastique, tu constateras que l’imagi-
toile, 100 x 99 cm, Philadelphia Museum of Art naire de l’artiste n’est pas lié à la mythologie, comme nous l’avons
© ADAGP, Fondation Dali, 2011
vu dans le chapitre précédent.

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Le titre de cette peinture est également un appel à l’imaginaire, il t’invite à trouver d’éventuels liens avec ce que tu vois
mais ne décris pas l’image. Il ne donne pas vraiment de clés pour comprendre, comme si l’image représentait le réel.

Dans la première moitié du XXe siècle, l’art était soumis à une représentation du réel qu’il n’avait pas connu aupa-
ravant. On peut expliquer cela par de nombreux facteurs mais, techniquement, c’est la photographie et le cinéma,
qui ont apporté une nouvelle façon de montrer le monde. Grâce à ces inventions, l’homme vit ce qu’il n’avait encore
jamais vu. Il est donc intéressant de noter que le cinéma lui-aussi s’éloigna rapidement du réel, en s’adonnant aux
joies du fantastique. C’est en effet dès la projection des premiers films que Georges Méliès invente des mondes
imaginaires, par exemple en mettant en scène des personnages sur la lune dès 1902 (Le Voyage dans la Lune).

Avec les premiers effets spéciaux et l’invention du montage, il peut inventer toute sorte de décors et faire rêver
les spectateurs. On note, dès ce moment, une opposition avec les films des frères Lumière qui sont les premiers
documentaires (= films qui documentent sur le monde, qui montrent donc le réel). Par exemple, ces derniers filment
un train qui entre en gare ou des ouvriers qui sortent de leur usine. Un peu plus tard, les films fantastiques vont
s’adonner à un nouveau genre qui s’approche davantage du cauchemar, le film d’épouvante. Ces œuvres, comme
leur nom l’indique, sont destinées à faire peur au spectateur en lui montrant des images fantastiques. Un des plus
célèbres films de ce genre est King Kong.

Saisis sur un moteur de recherche « King kong 1933 ». Tu trouveras des affiches et des photos du film.

Ces films fantastiques peuvent faire penser aux monstres qui représentaient le Diable au Moyen Âge ou aux démons
qui devaient effrayer ceux qui se comportaient mal. Ici, pas de volonté morale, le but est de procurer une vive émo-
tion le temps du film. Ce genre s’est largement développé, témoignant du goût du public qui aime visiblement être
effrayé. On peut trouver, dans le domaine du cinéma, d’autres sous-genres du fantastique, notamment le film de
science-fiction. Les dessins animés pour enfants se sont également fait une spécialité dans ce genre, mais plutôt
orientés vers la féérie que l’horreur.

C’est donc dans le domaine de la culture populaire que l’on trouve aujourd’hui la plus forte tendance fantastique. La
bande dessinée américaine, depuis les années 1940, met en scène des héros surpuissants aux pouvoirs dignes des
dieux égyptiens. D’ailleurs, certains d’entre eux sont des hybrides, comme Ra (vu dans le chapitre précédent) qui est
un mélange d’homme et de faucon.

Tu connais Spiderman, l’homme-araignée. Il aurait pu faire partie des personnages peints sur les fresques égyptiennes !
(Regarde sur un moteur de recherche les images associées à « Spiderman »).

JE RETIENS

Lis le résumé ci-dessous et retiens-le grâce aux mots en gras.


Depuis le XXe siècle, l’art ne se nourrit pratiquement plus d’inspiration mythologique ou religieuse. Le fantas-
tique permet alors aux créateurs de mettre en œuvre leur imaginaire, parfois pour créer des héros effrayants.

J’ÉVALUE MES ACQUIS


Tu peux à présent faire le bilan de tes compétences grâce à la grille d’auto-évaluation ci-dessous. Pour cela, fais une croix
dans les colonnes 1, 2 ou 3, en face de chacune des compétences du tableau selon ce que tu penses avoir acquis, presque
acquis ou pas acquis du tout ; dans ce dernier cas, tu pourras donc revoir le cours afin de t’améliorer.

1 = acquis
2 = en cours d’acquisition
3 = non acquis

Connaissances et compétences pour l’unité 7 1 2 3


Je sais réaliser une image fantastique.
Je sais distinguer une image fantastique d’une image réaliste.
Je connais différents types d’images fantastiques.

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