Vous êtes sur la page 1sur 6

Se construire par la rencontre de personnages et

de « destins » riches et variés.


Dans le roman, les contes, le théâtre, le cinéma le personnage est essentiel. C’est un
« artefact », c’est-à-dire un produit de l’homme, un produit de l’art ou de l’industrie, une fabrication,
un « façonnage ».
Qu'est-ce qu'un personnage en littérature ?

Issu de l'imagination de l'auteur et tendant un miroir au lecteur, le personnage littéraire


est le point d'ancrage le plus fréquent par lequel nous entrons dans une fiction.
Le personnage « imite » la réalité, il est un miroir plus ou moins sophistiqué de la réalité.
L’homme est le seul capable de créer des « êtres fictionnels » qui peuvent avoir une immense
influence sur la réalité.
Par exemple, des personnages « mythiques » (un mythe, mélange inextricable de réel et
d’imaginaire ») sont connus dans le monde entier :
Le dragon

L’ogre

Page 1 sur 6
Le Quetzalcóatl (littéralement « quetzal-serpent », c'est-à-dire « serpent à plumes de
quetzal », en nahuatl) est le nom donné, dans le centre du Mexique, à l'une des incarnations
du serpent à plumes

Le centaure

Pinocchio

Pokémon/pikachu

Page 2 sur 6
Le Vampire/Dracula

Pour rappel l’origine du mot fiction (opposé au mot réalité) c’est « façonner » à
partir de « l’argile » et « donner la vie ».
Fabriquer une fiction et un personnage, c’est au fond créer de toute pièce une
illusion, une chimère, un artefact, un « être de papier » qui n’existe que dans
l’épaisseur de la feuille.
Par son nom, son activité sociale, sa psychologie, son évolution dans l’espace et dans le
temps, il joue un rôle fondamental dans la création romanesque. Suivre un personnage, c’est
donc disposer d’une entrée privilégiée pour s’orienter dans une œuvre.
C’est aussi, à travers ce que l’on peut appeler « l’effet-personnage », permettre à
l’élève de mesurer comment l’identité et l’itinéraire d’un être romanesque se construisent
au fil de la lecture : le parcours du personnage « imite » le parcours humain : le
personnage peut servir alors de guide dans la « quête initiatique » de chaque personne,
c’est-à-dire « découvrir » les secrets de l’existence.
C’est, enfin, interroger les tensions entre « personnage » et « personne » : la
personne est un être de chair et de sang, avec un passé, un présent, un futur et une
psychologie.
Pour bien distinguer personne et personnage, il faut comprendre qu’un personnage
est une représentation, mais aussi en retour saisir que la fiction produit un mode de
présence qui parfois peut prêter à de graves confusions (rappelez-vous ; chaque année
des touristes demandent, à l’office de tourisme où se trouve le « 221 b Baker Street » à
Londres l’adresse de Sherlock Holmes, pour aller visiter la maison de leur idole !).

Page 3 sur 6
Un exemple de groupement de document pour « le parcours de personnage »
autour du thème « la rencontre amoureuse », « le coup de foudre »
Document 1 : https://www.youtube.com/watch?v=z_17RKELKV8

Document 2 : le « coup » de foudre (« Titanic », James Cameron, 2003)


Question : En quoi le regard des personnages traduit-il une intense émotion ? Sont-ils
différents l’un de l’autre ? Sont-ils de la même « classe sociale » ? Justifiez votre
réponse.

Page 4 sur 6
Document 3
Madame De la Fayette, extrait de « La princesse de Clèves », roman de 1678. Dans cet
extrait, on assiste à l’arrivée de Mlle de Chartres, future princesse de Clèves, à la cour des Valois.
Son arrivée est un éblouissement, l'éclat de sa beauté n'a d'égal que celui de sa vertu. Mais l'amour,
tapi, la guette. Véritable plongée dans une conscience en proie au dilemme, le roman pose cette
question cruciale : entre la passion, la promesse d'un bonheur honteux, le vrai choix amoureux,
choisir son amoureux, et la vertu, c’est-à-dire l’assurance d'une vie digne mais austère, en
acceptant un mariage arrangé, imposé par la famille et la Cour, que choisir ?

« Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au
bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. Lorsqu’elle arriva, l’on admira sa beauté et sa
parure ; le bal commença et, comme elle dansait avec M. de Guise, il se fit un assez grand
bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu’un qui entrait et à qui on faisait place. Mme
de Clèves acheva de danser et, pendant qu’elle cherchait des yeux quelqu’un qu’elle avait
dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme
qu’elle crut d’abord ne pouvoir être que M. de Nemours, qui passait pardessus quelques
sièges pour arriver où l’on dansait. Ce prince était fait d’une sorte qu’il était difficile de n’être
pas surprise de le voir quand on ne l’avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu’il avait
pris de se parer (=s’habiller) augmentait encore l’air brillant qui était dans sa personne, mais
il était difficile de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement.
M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que, lorsqu’il fut proche d’elle et qu’elle lui
fit la révérence, il ne put s’empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils
commencèrent à danser, il s’éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi et les reines
se souvinrent qu’ils ne s’étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier à les
voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini sans leur
donner le loisir de parler à personne et leur demandèrent s’ils n’avaient pas bien envie de
savoir qui ils étaient, et s ’ils ne s’en doutaient point.
« Pour moi, madame », dit M. de Nemours, « je n’ai pas d’incertitude, mais comme
Mme de Clèves n’a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j’ai pour
la reconnaître, je voudrais bien que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom ».
« Je crois », dit Mme la Dauphine, « qu’elle le sait aussi bien que vous savez le sien ».
« Je vous assure, madame », reprit Mme de Clèves, qui paraissait un peu
embarrassée, « que je ne devine pas si bien que vous pensez ».
« Vous devinez fort bien », répondit Mme la Dauphine (=la fille du Roi), « et il y a même
quelque chose d’obligeant pour M. de Nemours à ne vouloir avouer que vous le connaissez
sans l’avoir jamais vu. »
Question : Faut-il « faire un mariage d’amour » au hasard desrencontres et des
« coups de foudre » ou accepter les mariages « arrangés » ? Justifiez votre réponse
en vous appuyant sur l’ensemble des documents.

Page 5 sur 6
Voici quelques exemples de sujet d’écriture sur « le personnage et son
parcours » :

• À l’aide des réponses précédentes et des documents, répondez à la question suivante : «


Les héros/personnages littéraires d’hier sont-ils les héros/personnages d’aujourd’hui ? »
Justifiez votre réponse de quelques lignes à l’aide d’au moins un argument et d’un exemple.
(10 points)

• Les personnages ont-ils une influence sur la réalité ? Vous direz en quoi cela est une
affirmation vraie ou fausse, ou ambivalente, dans un développement structuré. Vous vous
appuierez sur des exemples précis pour illustrer vos arguments.

• « L’homme a un besoin absolu de fiction pour comprendre la vie : sans la littérature, sans les
arts, le cinéma et ses personnages, il est impossible de réussi sa vie ». Etes-vous d’accord
avec cette affirmation ? Peut-on réussir son existence sans personnages de fiction ?

• Pour Edgar Morin, philosophe et auteur, la littérature doit tenir un rôle éminent dans
l’éducation car elle est « une école de vie ». C’est grâce aux personnages que nous
apprenons à :

➢ nous connaître nous-mêmes,


➢ nous reconnaître,
➢ reconnaître nos passions, nos réussites, nos erreurs.
➢ apprendre à aimer, à contrôler nos pulsions, nos désirs inavoués.

Êtes-vous d’accord avec Edgard Morin ? ou, au contraire, pensez-vous que certains personnages,
certaines fictions peuvent avoir des effets néfastes sur l’être humain ?

• Rédigez le portrait d'un personnage réaliste qui tombe « brutalement » amoureux. Vous
décrirez son physique, son attitude, ses réactions, ses pensées explicites et intimes.

Page 6 sur 6

Vous aimerez peut-être aussi