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Analyse des tableaux

Le cauchemar (Heinrich Füssli, Suisse, né à Zürich en 1741)

Description :
Le tableau représente une chambre à coucher obscure, meublée avec au premier
plan un lit à l’antique. Une table de toilette avec une tasse à tisane vide et même
l'amorce d'un miroir. Sur le lit la figure très étrange d'une jeune femme qui paraît
anéantie. Elle porte une longue robe. En s'approchant dans un clair-obscur
extrêmement goudronneux, nous verrions apparaître, dans les courtines du lit,
une tête de cheval avec des yeux énormes, globuleux, saillants, brillants comme
des opales, verdâtres, bleuâtres. Sur le sternum de la jeune femme, un singe ou
un gnome, un être ricanant, abominable, qui est l'acteur du tableau, le seul à
nous regarder.
Analyse
Pour la première fois dans l'histoire de l'art, un peintre
s'intéressait au phénomène du rêve. En fait nous sommes devant le cauchemar.
Nous voyons la jeune femme comme une victime offerte, consentie, épuisée,
elle n'existe presque plus. Par contre ceux que nous regardons sont les monstres,
ces espèces de vampires, qui l'ont vidée. En les regardant et en acceptant leur
regard, nous devenons presque les complices du cauchemar.

Le radeau de la méduse ( Géricault)

Description :
Aucune symétrie, beaucoup de désordre volontaire qui s’apparente au thème, et
plusieurs lignes de force, dont une principale, deux plans (au premier plan, le
radeau et au deuxième, le paysage). Dès le premier regard, on est entraîné par la
ligne ascendante qui part du cadavre en bas à gauche, dont les jambes pendent
en dehors du radeau, pour aboutir au marin dressé à droite et qui agite un linge
en direction du navire salvateur. Le mouvement représenté est tout à fait logique,
car il correspond à la réalité du fait divers historique : les quinze rescapés du
radeau de la Méduse seront en effet récupérés par un navire, l’Argus. Le sens
ascendant de la ligne marque une succession dans les sentiments qu’éprouvent
les naufragés, du désespoir à l’espoir (même les nuages fort sombres, les
couleurs et la lumière sur les cotés et au second plan renforcent cette idée de
salut). Ce symbole est encore accentué par la gestuelle et les positions des
individus du radeau. Le mouvement est également classique, car il correspond à
notre regard occidental, à notre système de lecture de gauche à droite. Au fur et
à mesure de la conception de son tableau, Géricault a diminué progressivement
la taille du bateau salvateur dans son tableau, pour n’en faire finalement qu’un
tout petit point à peine suggéré. C’est un peu comme si le peintre lui-même a
fini par cesser de croire au salut des hommes en détresse.
Suite analyse du radeau de la méduse
De plus, si l’on observe les voiles du radeau, on remarque qu’elles sont gonflées
par un vent qui pousse ledit radeau vers la gauche, c'est-à-dire à l’opposé de
l’Argus, dans le sens contraire de la lecture et, plus symboliquement, vers la
mort. Ce « contre-mouvement » a aussi un effet inverse à celui décrit ci-dessus,
pour équilibrer les forces en présence dans la scène.

Analyse :
Dans ce tableau, Géricault met énormément de réalisme, son tableau est une
parfaite reproduction de la réalité. La toile représente un moment assez agité.
En effet, la scène représentée, inspirée d’un fait divers de l’époque, se déroule
en mer, le radeau étant ballotté par les flots violents, les naufragés criant à l’aide
afin qu’un navire vienne les secourir, les uns pleurant la mort d’un proche, les
autres agonisant dans un souffle rauque…Le moment précis de l’épisode est
proche du dénouement de la tragédie alors que les survivants vont apercevoir
l'Argus. Le tableau suggère ainsi, par toutes ces expressions de peur, d’angoisse,
d’agonie ou encore d’espoir que l’on peut lire sur les visages si réalistes des
personnages, l’histoire autour de laquelle tourne la toile de Géricault. Il semble
que Géricault ait pris un certain temps pour réaliser Le radeau de la Méduse car
nous savons qu’il avait soigneusement préparé son tableau dont il espérait
beaucoup au Salon de 1819. L’artiste demanda même au charpentier de la
Méduse, qui comptait parmi le nombre des survivants, de reconstituer le radeau.
Il fit également des croquis de cadavres, et envisagea même que trois des
survivants qui avaient publié un récit de leur aventure (le charpentier, l’ingénieur
Corréard et le médecin Savigny) servent de modèles afin d’être le plus réaliste
possible. On peut également noter que plusieurs personnages du tableau portent
des chaussettes. En effet, une étude du tableau aux rayons X a révélé que
Géricault avait tenté de leur dessiner des pieds, en pure perte...

Le romantisme
Le romantisme s'esquisse par la revendication des poètes du « je » et du « moi »,
qui veulent faire connaître leurs expériences personnelles et faire cesser cet
aspect fictif attribué aux poèmes et aux romans. Le romantisme se caractérise
par une volonté d'explorer toutes les possibilités de l'art afin d'exprimer les
extases et les tourments du cœur et de l’âme: il est ainsi une réaction du
sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant
l'évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le
passé. Idéal ou cauchemar d'une sensibilité passionnée et mélancolique, ses
valeurs esthétique et morales, ses idées et thématiques nouvelles ne tardèrent
pas à influencer d'autres domaines, en particulier la peinture et la musique.
nouvelles idées et de nouveaux thèmes à exploiter, comme la nostalgie du passé,
le renouveau de l'enthousiasme pour la nature. On a vite constaté que de tous les
arts, c'était la musique la plus efficace pour exprimer les idées romantiques ; en
effet c'est avec elle que l'on peut transmettre le plus directement et plus
librement au cœur toute la profondeur des sentiments et des émotions.
L'explication de cela tient au fait que la musique est un art bien plus vivant et
surtout bien plus « intériorisable ».
Description de l'œuvre

La Liberté guidant le peuple se veut être une photographie


d'une des 4000 barricades parisienne lors de la 2nde journée
des Trois Glorieuses (28 Juillet 1830).

Qui sont représentés sur cette peinture ?

Au premier plan, une foule d'émeutiers franchit une barricade


au pied de laquelle, les corps de soldats morts apparaissent
tordus et comme désarticulés. L'un gît en chemise blanche et
dénudé alors que l'autre porte encore son uniforme.

Puis viennent les personnages principaux sont un ouvrier ,


foulard noué sur la tête, émerge des décombres, le corps et le
regard tendus vers une femme du peuple, on distingue
également deux enfants des rues, l'un coiffé d'un béret
brandissant des pistolets de cavalerie, la bouche ouverte sur un
cri, l'autre coiffé d'un bonnet de police. Nous distinguons
également un homme coiffé d'un haut-de-forme, redingote et
cravate (qui nous pousse à penser qu'il représente la
bourgeoisie) mais portant le pantalon et la ceinture des
ouvriers. Dernier protagoniste, un ouvrier portant un béret, un
sabre briquet à la main et sa banderole sur l'épaule. Derrière,
on peut distinguer un élève de l'École polytechnique portant le
traditionnel bicorne.

Revenons sur le personnage principal et majeur de l'œuvre de


Delacroix. Cette femme se retrouve coiffée d'un. Elle est
représentée en pied et occupe de fait la place principale de la
toile. Elle brandit par la hampe un drapeau tricolore qui occupe
la partie centrale haute de la toile. Sa poitrine est en partie
découverte, elle porte également un fusil et est totalement
déchaussée.

La peinture est plutôt sombre de par la présence de cette


fumée probablement issue de tire de canon et des vêtements
des protagonistes. Quelques touches de couleurs sont
cependant présentes : le drapeau, l'ouvrier blessé qui porte
chemise bleu, bandana et ceinture rouge. La seule source de
lumière provient du ciel et tombe sur la femme et le drapeau
tricolore.

Nous l'avons dit en introduction de notre présentation que


l'œuvre se veut être une photographie d'une barricade
parisienne. Or, de nombreux éléments viennent contredire ce
souhait. C'est une partie du romantisme de l'auteur qui
s'exprime.

Il se caractérise par une volonté d'explorer toutes les


possibilités de l'art afin d'exprimer ses états d'âme : il est ainsi
une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère
et le fantastique et cherchant l'évasion et le ravissement dans
le rêve, le morbide et le sublime, l'exotisme et le passé.

Il semble que l'œuvre de Delacroix est clairement une réaction


du sentiment patriotique qui place un symbole puissant de
l'Empire Napoléonien : le drapeau tricolore. Il exalte le mystère
de par son jeu de lumière, et le fantastique avec cette femme
sortant de nulle part, mais également le morbide avec ces
soldats morts et dénudés aux pieds de la Liberté.

Le tableau possède de nombreuse interprétation, que ce soit


sur la géométrie, la lumière et le sens caché derrière chaque
personnage.
Terminons par le personnage principal de ce tableau, la femme.
Cette allégorie (personnage représentant une idée ou un
sentiment) est surdimensionnée par rapport au reste des autres
protagonistes.

Elle est coiffée du bonnet phrygien, symbole de liberté, allusion


à la Révolution française et aux sans-culottes. Elle porte le
drapeau tricolore. Il vient d'être instauré drapeau officiel par le
nouveau régime. Il ondule vers l'arrière, vers le peuple
symbolisé par les combattants. Si la liberté est souvent
associée à la paix, cette dernière porte un fusil, symbole de la
lutte du peuple pour la liberté, mais aussi de la violence.

La « Liberté », la femme est accablée d'injures : sale,


dévergondée, débraillée, plus proche d'une poissarde que d'une
déesse. Elle est en sus jugée disgracieuse, peu féminine, avec
une musculature proche de celle d'un homme.
Berthe Morisot au bouquet de violettes

C’est une jeune femme un peu échevelée, qui dans sa tenue sombre, ponctuée
par un petit bouquet de violettes, dégage une certaine mélancolie. Cela vient
aussi du chapeau, élégant mais sinistre, dont on devine qu’il fait partie des
accessoires indispensables des dames de son époque. Elle est parisienne, on le
jurerait et on aurait raison, car la belle n’est autre que Berthe Morisot, première
femme peintre impressionniste, et pour le tableau qui nous occupe, modèle de
Edouard Manet qui deviendra plus tard son beau frère.
Mais revenons à la toile, où l’on pourrait aussi discerner un brin de coquetterie
dans le visage qu’elle nous offre. Peut-être à cause des mèches indomptées qui
sortent du chapeau justement. Mais ce qui compte, ce sont ses yeux ou plus
exactement son regard. Profond, intense, comme « ailleurs ». Que voulait donc
le peintre ? On l’imagine lui disant « Berthe, regardez moi et videz votre jolie
tête », ou bien au contraire « fixez ce point devant vous Berthe et pensez à
quelques chose qui vous trouble, vous étonne ». Quelle que fut la demande,
Mademoiselle Morizot obéit et l’artiste a su raconter l’histoire à coups de
pinceau.

Comme au théâtre, tout est question d’éclairage. Manet s’amuse avec la


profondeur des noirs, et met la jeune femme en lumière. L’arrière plan est d’une
force solaire, donnant à son modèle une présence presque magique. On perçoit
cependant une certaine fragilité. Est-ce ce qui a séduit l’artiste ? Ils se sont
connus au Louvre, où les deux sœurs Morisot réalisaient des copies. Fantin
Latour les présenta et dès qu’il le put Manet proposa à Berthe de poser pour lui.
Nous sommes en 1868, les séances de travail vont commencer très vite. Les
parisiens découvriront le résultat au Salon de l’année suivante, en 1869 avec Le
Balcon, qui avant d’être célèbre fera scandale pour les uns tout en déclenchant
un véritable enthousiasme chez les autres. En fait, l’œuvre choque ou ravit pour
les mêmes raisons, sa construction, ses couleurs, et même ses personnages. «
Aucun ne regarde l’autre, c’est insensé ! ». Du trio installé au balcon, Berthe
assise est celle qui aura droit aux plus de commentaires. En ce qui la concerne,
son image la laisse perplexe. « Je suis plus étrange que laide. Il semble que
l’épithète de femme fatale circule parmi les curieux. » déclara t-elle.

Manet fera dix portraits de Berthe Morisot, entre 1868 et 1874. Celui du bouquet
de violettes sera réalisé en1972. Paul Valéry, le neveu de Berthe par alliance, en
fit l’éloge comme seuls savent le faire les poètes. En préface du catalogue de
l’exposition célébrant le centenaire de la naissance de Manet, voici ce qu’il
écrit : « Je ne mets rien, dans l’œuvre de Manet, au-dessus d’un certain portrait
de Berthe Morisot, daté de 1872. (…) Je puis dire à présent que le portrait dont
je parle est poème. Par l’harmonie étrange des couleurs, par la dissonance de
leurs forces ; par l’opposition du détail futile et éphémère d’une coiffure de jadis
avec je ne sais quoi d’assez tragique dans l’expression de la figure. Manet fait
résonner son œuvre, compose du mystère à la fermeté de son art. Il combine la
ressemblance physique du modèle, l’accord unique qui convient à une personne
singulière, et fixe fortement le charme distinct et abstrait de Berthe Morisot. »
On ne saurait mieux dire.
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A propos de l'auteur

Anita Coppet est journaliste. Elle propose des ateliers d'écriture en ligne pour
tous ceux qui souhaitent apprendre ou se perfectionner dans la l'écriture et la
rédaction d'articles, de nouvelles, de romans etc…

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