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ARTS & MYTHES.

FIGURE MYTHIQUE =
. Des réinterprétations constantes
. Des recréations permanentes
Une figure mythique est la somme jamais close de toutes les réincarnations.
Il y a bien une originalité suivie d’une fascination transhistorique. Il y a ensuite des archétypes,
c’est-à-dire plusieurs lectures possibles pour comprendre l’être humain.

CRITÈRES D’ANALYSE

1. LA CONTEXTUALISATION
Il faut toujours rattacher notre objet d’étude à l’histoire qui se joue et les évènements qui se
produisent à l’époque de la création de l’objet. Il faut toujours prendre en compte le contexte
de création ; qu’il s’agisse d’un tableau, d’un film, … Il faut bien déterminer les influences
que l’artiste a pu subir : le contexte socio-historique, les idéologies, les esthétiques, … avec
lesquels l’objet est en constante interaction.

- Joseph WERNER, Louis XIV sous la figure d’Apollon vainqueur du


serpent Python
Dans la mythologie grecque, Python est un serpent monstrueux, fils de Gaïa. Il
avait pour rôle de veiller sur l’oracle de Delphes. Apollon aurait percé par des
javelots le Python, se rendant ainsi maître de l’oracle de Delphes qu’on a
ensuite appelé la Pythie.
Apollon a ensuite créé les Jeux Pythiques pour apaiser la colère de Gaïa. Une
autre légende raconte que Apollon aurait tué Python par vengeance pour avoir
auparavant pourchassé sa mère alors qu’elle était enceinte.

- Gaspard MARSY, Encelade écrasé sous les rochers ;


Château de Versailles (milieu d’une fontaine)
Encelade fut le chef de la révolte des géants, vaincus. Il a donc
fini écrasé sous les rochers. Il se serait ensuite transformé en
l’Etna, en Sicile (volcan sicilien).
Ces œuvres, qui visent à célébrer le pouvoir de Louis XIV, s’inscrivent dans une tradition du
XVIIe qui est celle de l’éloge hyperbolique. L’objectif est de mettre en scène le pouvoir
absolu du roi et de le montrer en train de dominer des forces rebelles ou ennemi.
Selon la période de production, voire l’évolution, il peut y avoir une exploitation différente
faite de la figure mythologique. Il faut aussi regarder si l’œuvre est une commande, et si oui,
de qui ? car cela change la réception.

- Toile de CARAVAGE, Judith décapitant


Holopherne,1598
Certains ont lu Judith comme une allégorie de la contre-réforme
catholique face à la réforme protestante, dans le contexte des
guerres de religion. On garde donc cette idée de Judith qui
incarne la vertu face au mal. Et le contexte oriente la lecture sur
ce qu’elle représente. Elle apparait comme un instrument de
salut, envoyé pour sauver son peuple.
On a un vrai travail sur le clair et l’obscur avec des tons très tranchés.

- KLIMT, Judith et Holopherne, 1901


On a ici une représentation complètement différente de celle
de Caravage, on constate bien une évolution autour de la
figure de Judith. Avec Klimt, la tête est presque cachée,
noyée. Le rendu est concentré sur la figure féminine et pas sur
l’action ni l’assassinat.
On a un travail plus poussé sur cette idée de femme fatale.
Dans les traits de son visage on distingue une intensité, une
sorte de séduction voire de perversité. Il y a réellement une
fascination sur la sensualité de l’héroïne. Ce modèle de femme fatale va fasciner les artistes
symbolistes de la fin du XIXe.
La fin du XIXe a été très marqué par ces personnages de femme fatale
tentatrice. Ainsi c’est moins la vertu et le courage de Judith qui fascine mais
davantage sa séduction.

- KLIMT, Judith II ou Salomé


Le titre est souvent confondu, c’est soit Judith II ou soit Salomé car Salomé
est une femme ayant eu une situation similaire à Judith. Salomé est une
princesse juive qui est la fille de Hérodiade et d’Hérode. Il y a une relation
incestueuse à l’intérieur de la famille car elle plait à son père ou son beau-
père. On trouve l’histoire de Salomé dans les évangiles de Mathieu et de
Luc.
Le Mythe de Salomé  :
Les Trois Contes de FLAUBERT : Le troisième conte est celui d’Hérodias :
Hérode est marié à sa nièce Hérodias, c’est un mariage incestueux et c’est pourquoi Jean-
Baptiste profère des malédictions. Hérodias organise un grand festin pour l’anniversaire de
son époux. Il est charmé par Salomé et lui promet tout ce qu’elle veut. Sous les conseils de sa
mère Hérodias, Salomé demande la tête de Jean-Baptiste sur un plateau. Hérodias a peur
d’être excommunié et souhaite faire taire Jean-Baptiste. La danse de Salomé est un passage
très célèbre.
Salomé incarne ainsi La Beauté Maudite, la Luxure, la Manipulation, La Déesse de
l’Immortelle Hystérie. Elle est opposée à l’effigie de la chasteté comme Ophélie, ou la Vierge
Marie.
On a donc une dualité de l’image féminine à cette époque : la femme mariée, modèle de
fidélité, vertueuse ; et de l’autre la femme séductrice, danseuse, courtisane,

- Gustave MOREAU, L’Apparition, 1875


Image de la danse de Salomé, avec la tête de Jean-Baptiste.
Selon les versions, on a un mélange des deux mythes.
L’œuvre de Klimt est donc souvent confondue entre un mélange des deux.
Salomé : différentes versions du mythe selon différents auteurs.

= LIEN FORT entre ART et PERSONNAGE MYTHIQUE


Un art particulier peut vraiment marquer un personnage mythique. Il est en effet difficile
lorsqu’on travaille sur une figure ; de faire l’économie des interprétations des autres artistes.
- Don Juan ; il est difficile de ne pas prendre en compte le Don Giovanni de Mozart,
1787 ou de Richard Strauss Don Juan, 1889
Il y a aussi une importance du genre et de la catégorie esthétique.
- Offenbach, La Belle Hélène, 1864 : Opéra bouffe c’est-à-dire opéra bouffon c’est-à-
dire traitant d’un sujet léger, comique avec une visée satirique.
L’influence d’une version artistique sur la perception d’un mythe ou d’autres créations peut
être très importante :
- Tristan et Yseult, WAGNER 1865
- Roméo et Juliette, SHAKESPEARE
Il y a de grands moments clés d’histoire auxquels certaines créations, certaines figures font
immédiatement échos.
- Maria CALLAS incarnant Médée de PASOLINI, 1969 : Médée, opéra de
CHERUBINI, 1797
Les créations contemporaines sont souvent pensées et doivent être relues en fonction des
propositions antérieures et des influences.

2. L’HYPERTEXTUALITÉ

- G. GENETTE, Palimpsestes, ouvrage critique de 1982 ; Le Seuil, Coll « Poétique »


Le palimpseste est un parchemin qu’il faut gratter pour trouver les différentes strates
de lecture qui y sont dissimulées.
Genette nomme l’hypertextualité comme un texte dérivé d’un autre texte
préexistent au terme d’une opération de transformation.
Cette idée de dérivation de texte par rapport à un autre qui préexiste apparait au terme d’une
opération de transformation et donne l’hypertextualité. La transposition d’un texte permet de
mettre en avant des relations particulières. L’hypertextualité sous-
entend que l’on ne cherche pas à cacher la source de la dérivation et de
la transformation. On a une co-présence de texte ; on cite un texte dans
un autre, on ne le cite pas forcément mais on s’en réclame
ouvertement.
= Entremise d’une version littéraire
- OVIDE, Les Métamorphoses
Face à cette opération de transformation-dérivation ; il faut chercher à
connaître la source. La difficulté est de savoir quelle est la bonne
source.
- Anselm FEUERBACH, Iphigénie

3. PROTÉIFORMITÉ
Contexte de recréation : nécessité de voir dans quelle période ils ont été transposés
Historicisation
- MILHAUD, Les Malheurs d’Orphée, 1926
- COCTEAU, Orphée, 1950
- Marcel CAMUS, Orfeu Negro, 1959
- OFFENBACH, Orphée aux Enfers
La figure mythique se trouve complètement dégradée ou moquée par la satire qui transforme
l’historisation. Il faut observer comment les figures sont recréées dans les différents arts.
Sur cette dimension protéiforme il faut être sensible aux illusions et retrouver les signes afin
de capter les allusions et de retrouver la figure d’inspiration : Mode Allusif
C’est par le jeu des indices que l’on peut retrouver le modèle.
- POULENC, La Voix Humaine, 1959
// métaphore de Ariane abandonnée par Thésée : adaptation qui se situe dans la
tradition de la lamentation féminine : le lamento
Le modèle de la lamentation féminine est le lamento d’Arian
La mise en scène renvoie à la figure particulière d’Ariane (abandonnée par un homme,
dernière conversation au téléphone// ligne// fils de téléphone)

La COALESCENCE : rapprochement, fusion de deux figures, dualité de deux mythes


différents qui se rencontrent et renouvellent la signification de chacun d’eux. On
réactive, on revivifie la signification de chacun de ces mythes grâce à leur réunion. 
- Orphée de COCTEAU : jeu de mise en scène avec énorme présence des miroirs qui
fait surgir la lecture possible vers Narcisse
Dans les deux cas on a une réflexion sur les frontières entre la vie et la mort ; et entre fiction
et réalité.

- Jeune fille de Thrace portant la tête d’Orphée, Gustave MOREAU,


1865

Dans cette dimension protéiforme, une transplantation d’un mythe dans un


récit qu’il lui est étranger est tout à fait possible.
- Paul DUKAS, Ariane et Barbe-Bleue, 1907
Ariane, fille de Minos et Pasiphaé, est une figure associée au labyrinthe et au fil d’Ariane
lorsqu’elle apporte son aide à Thésée qui avait en retour promis de l’épouser. Thésée tua
le minotaure mais abandonna Ariane sur l’île de Naxos.
Dans la pièce elle représente l’esprit et la lumière contre son époux Barbe-Bleue.

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