UNITÉ 5

L’autonomie de l’œuvre vis-à-vis du monde visible I

SÉANCE 1
L’hybride

Objectifs

• Observation et analyse d’œuvres ou d’images, comparaison d’œuvres différentes sur la question de l’hybride.
• Expérimenter la question.

CRÉER DES ANIMAUX HYBRIDES

Les 3 pages suivantes reproduisent exactement le même cadre. Sur chacune de ces pages, dessine un animal
différent. Choisis des animaux pour lesquels tu pourras dessiner la tête et le haut du corps au-dessus des pointillés,
et le bas du corps et les pattes en-dessous. Le raccord entre le haut et le bas se fait obligatoirement sur les points
rouges. Tes animaux doivent être orientés vers la gauche comme le chameau. Lorsque tu as fini, ajoute leur nom
séparé en deux parties. Enfin, découpe tes deux premiers dessins en suivant les pointillés, mais ne découpe pas le
dernier dessin. En tournant les parties hautes ou basses de la feuille, tu obtiens des animaux hybrides. Leur nom
étrange associe deux moitiés des animaux de départ.

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 5 – Séance 1  33

Mon premier animal

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Mon deuxième animal

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 5 – Séance 1  37

 Mon troisième animal

Vérifie ta réponse dans le livret de corrigés.

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SÉANCE 2
Créatures hybrides et métamorphoses

Un être hybride est constitué de parties d’origines différentes : tu connais certainement le mythe du Centaure (= constitué
d’un corps de cheval et d’un buste d’homme), il en est un des plus célèbres exemples. Tu en vois un représenté sur cette
reproduction.

La peinture illustre un passage de la

mythologie : le dieu Héraclès, en voyage
avec son épouse Déjanire, se trouve devant
un fleuve en pleine crue. Le Centaure
Nessus, affirmant qu’il est le passeur, offre
de faire traverser Déjanire à sec, Héraclès
passant à la nage. Nessus trahit son
engagement et enlève Déjanire. Tu peux
remarquer que le peintre a bien assemblé
les deux morceaux en cachant avec ta main
la partie humaine et la partie équine.

Les êtres hybrides existent dans la réalité,

mais ils ne peuvent jamais produire de
mélanges entre espèces si éloignées. On
trouve fréquemment des plantes hybrides
(fleurs, fruits, céréales…), parfois des
animaux (le mulet est issu du croisement
entre un âne et une mule), mais ces parti-
cularités ne permettent pas de repérer une
cohabitation entre deux parties si éloignées
que chez le Centaure.
— Louis Lagrenée, dit LAGRENEE l’AINE, L’Enlèvement de Déjanire par le Centaure
Nessus, 1755, Musée du Louvre
Pour l’instant, ces hybridations sont
impossibles, elles ne peuvent être issues que de l’imagination des poètes et
des artistes… Elles effraient car ce sont des monstres que l’on peut qualifier
de « contre-nature ». C’est pourquoi la mythologie en a fait des héros mauvais,
dangereux, méchants… comme le Centaure. Cette monstruosité, cependant,
nous fascine car les parties qui la constituent ne sont pas nécessairement laides.
Si tu regardes la peinture de LANGRENEE, tu peux constater que le corps du
cheval est magnifique et que le buste humain est musclé et athlétique. C’est donc
l’assemblage des deux qui nous répugne, il constitue un monstre.

Artiste contemporain dont tu connais certainement quelques réalisations (un lien

Internet est en fin de chapitre), Laurent SEROUSSI a créé des monstres hybrides du
même ordre : mi-femmes mi-insectes, ces corps, pourtant constitués d’un mélange
entre insectes magnifiques et mannequins de mode, sont effrayants… Pour les réa-
liser, il a utilisé l’infographie qui lui a permis de mélanger plusieurs photographies.
Une autre artiste contemporaine, Patricia PICCININI, qui pratique la sculpture cette
fois-ci, crée des monstres touchants d’humanité mais dont on perçoit rapidement
qu’ils sont un mélange entre races (humaine et porcine par exemple).

En dehors de ces monstres obtenus par hybridation entre races animales, la — Laurent Seroussi,
mythologie a également imaginé des croisements entre biologie animale et univers La femme lucane
végétal.

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 5 – Séance 2  41

 — Patricia PICCININI, The Young Family (La jeune famille), 2002-2003, silicone, acrylique, cheveux humains, cuir,
bois, 80 x 150 x 110 cm (approx.), Tolarno Galleries, Melbourne (mailtolarnogalleries.com)

Dans les Métamorphoses d’Ovide, qui comprennent de nombreux exemples

d’hybridations, on peut lire, à ce sujet la légende d’Apollon et Daphné : Éros, dieu
de l’amour, décoche une flèche en or à Apollon pour se venger de lui. Simulta-
nément, il transperce la belle Daphné d’une flèche en plomb pour la dégoûter de
l’amour. Apollon, rendu fou d’amour pour la nymphe, la poursuit de ses ardeurs.
Daphné, épuisée, sollicite l’aide de son père, Pénée. Ce dernier métamorphose sa
fille en laurier-rose (en grec rhododaphné). Le grand sculpteur BERNIN a repré-
senté le moment où le corps de la belle déesse se transforme : au bout de ses
doigts poussent des ramifications, tandis que ses jambes deviennent le tronc de
l’arbre.

— LE BERNIN, Apollon et Daphné,

1622-1625, marbre, h : 243 cm,
Galerie Borghèse, Rome

Le coin des curieux

http://www.laurentseroussi.com/
http://www.patriciapiccinini.net/

JE RETIENS

Dans la mythologie, on trouve des hybrides entre différentes races animales et végétales. Ces mélanges, issus
de l’imagination de leurs auteurs, ne peuvent exister dans la réalité, ils sont monstrueux.
La métamorphose est le passage d’un type à un autre, par exemple, de l’humain au végétal. C’est une transfor-
mation.

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SÉANCE 3
Monstres et chimères

LE PORTRAIT DE MONSTRE DE FRANKENSTEIN

Dans le cadre ci-dessous, des cheveux ont été disposés. Dans des magazines, cherche et découpe des images de
viande. Colle-les sans laisser d’espace blanc pour faire la forme et la couleur du visage. Cherche et découpe ensuite
dans des magazines un œil, puis un autre, des sourcils, un nez, une bouche, des oreilles. Colle-les afin de créer un
monstre fait de plusieurs bouts de visage.

Vérifie ta réponse dans le livret de corrigés.

Ton personnage fait penser à un monstre car les parties de son visage sont dépareillées.

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 5 – Séance 3  43

LA CHIMÈRE
Observe le cadre ci-après. Quelques images ont été disposées. Dans des magazines, cherche et découpe des
images d’objets. Colle-les de manière à former un personnage.

Vérifie ta réponse dans le livret de corrigés.

Ton personnage est une chimère où l’assemblage des objets forme un corps improbable.

JE RETIENS

Dans la mythologie, on trouve des hybrides entre différentes races animales et végétales. Ces mélanges, issus
de l’imagination de leurs auteurs, ne peuvent exister dans la réalité, ils sont monstrueux.
La métamorphose est le passage d’un type à un autre, par exemple, de l’humain au végétal. C’est une
transformation.

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SÉANCE 4
Monstres et chimères

Un monstre est une créature effrayante. Cette peur provient d’un écart avec la norme, c’est-à-dire avec ce que nous
avons l’habitude de voir. Notre société, étant nettement plus tolérante que par le passé, n’autorise plus à considérer
celui qui est différent comme un monstre (par exemple, celui qui n’a pas la même couleur que nous, ou qui a un
corps aux contours éloignés du nôtre…). C’est une chance qui nous conduit à penser avec tristesse à ce que l’on
faisait subir aux êtres « différents » par le passé. Quelques films (Elephant man, Vénus noire, Freaks…) permettent
aujourd’hui de penser que les monstres ne sont pas ceux que l’on considérait comme tels, mais plutôt ceux qui les
montraient ainsi. Dans les foires, par exemple, on exhibait en effet des gens obèses pour quelques sous : le monstre
n’était-il pas celui qui recevait l’argent pour cela ?

Si nous pouvons le penser, et c’est heureux, c’est que notre perception de l’autre s’est adoucie grâce aux progrès
divers de nos sociétés : les transports, l’éducation, la science, l’éloignement de la religion… Au Moyen Âge, on
n’en était pas là et tout ce qui était inconnu suscitait la peur. Le monstre le plus fréquemment imaginé, celui qui
rassemblait toutes les craintes, était le dragon. C’était le moyen de représenter le Diable, il accumulait tout ce qui
était le plus effrayant : taille démesurée, odeur pestilentielle (= infecte, nauséabonde…), caractère hybride (mélange
entre serpent, poisson, oiseau, mammifère, etc.). Les peintres s’en donnaient à cœur joie pour le représenter. Tu en
trouves un exemple ici, mais tu peux chercher dans d’autres cultures, il est présent également par exemple chez les
Chinois ou chez les Japonais, à croire qu’il cristallise toutes les peurs humaines !

— Paolo UCCELLO, Saint George et le Dragon, 1458-1460, huile sur toile, 52 x 90 cm, Musée
Jacquemart-André, Paris
© The National Gallery, Londres, Dist. RMN/National Gallery photographic dept.

Le dragon est plus qu’un hybride : si l’on observe attentivement celui

peint par Paolo UCCELLO, on repère de nombreuses parties qui n’existent
dans aucune race : ni chez les animaux, ni chez les hommes… C’est un
être composé de parties elles-mêmes invraisemblables (ne serait-ce que
sa couleur !). On peut dire que la représentation de ce monstre reflète
l’imagination du peintre davantage qu’un croisement entre espèces
comme tu as pu le voir dans la séance précédente. Les monstres qui
peuplent notre imagination se libèrent souvent dans nos rêves, ils peuplent
nos cauchemars…

Un artiste romantique, FÜSSLI, a tenté de représenter l’aspect effrayant

de ces rêves. Il a peint un cheval aux yeux blancs exorbités, à la crinière
frisée, qui fixe une femme au sommeil agité. La peinture représente
simultanément la femme qui rêve et le contenu de son rêve. Sur le lit, un
démon (= esprit, génie… souvent monstrueux), accroupi et recroquevillé,
nous regarde et domine l’endormie comme s’il guidait ses rêves.

— Johann Heinrich FÜSSLI, Le Cauchemar,

1802, huile sur toile, Goethmuseum, Francfort-
sur-le-Main

CNED – Collège 5e  ARTS PLASTIQUES – Unité 5 – Séance 4  45

Cette peinture montre la monstruosité provoquée par l’imagination :
le démon est constitué, comme le dragon, de parties assemblées qui
proviennent de la réalité et de l’imagination. Comme le dragon, ces
caractères monstrueux font partie de la famille des chimères.

Questionnant la monstruosité en poussant les limites de la représentation

de soi à l’extrême, l’artiste contemporaine ORLAN mélange, grâce à
l’infographie, son portrait à des images issues d’autres civilisations. Elle
appelle cela des « self-hybridations », c’est-à-dire des hybridations sur (et
par) elle-même.

Le moins que l’on puisse dire en regardant ses portraits, c’est qu’ils ne
sont pas conformes à l’idéal de beauté traditionnel ! Sur l’image reproduite
ici, elle a mêlé son visage à celui d’une sculpture précolombienne,
c’est-à-dire de l’époque où les blancs n’avaient pas encore découvert
l’Amérique (Précolombienne = avant Christophe Colomb, 1492). Le résultat
est saisissant, il correspond à l’idée de la monstruosité. C’est une chimère
moderne, une forme d’hybride contemporaine. En créant ces portraits, elle
nous force à nous demander ce qu’est la beauté… Je t’invite à y réfléchir à
partir de cette image et de ce qui a été dit dans cette séance.

— ORLAN, Refiguration – Self-hybridation,

Séries précolombiennes n°3, 1998, Cibachrome,
150 x 100 cm. ADAGP

JE RETIENS

Les chimères sont des êtres hybrides, issus de l’imagination. Elles font cohabiter des espèces naturelles avec
des parties totalement inventées.
Tous ces monstres (hybrides, chimères, démons…) nous font peur car ils ne correspondent à rien de ce que nous
avons l’habitude de voir. C’est la raison pour laquelle ils peuplent parfois nos rêves sous forme de cauchemars.
Ils questionnent notre représentation de la beauté.

J’ÉVALUE MES ACQUIS

Tu peux à présent faire le bilan de tes compétences grâce à la grille d’auto-évaluation ci-dessous. Pour cela, fais une croix
dans les colonnes 1, 2 ou 3, en face de chacune des compétences du tableau selon ce que tu penses avoir acquis, presque
acquis ou pas acquis du tout ; dans ce dernier cas, tu pourras donc revoir le cours afin de t’améliorer.

1 = acquis
2 = en cours d’acquisition
3 = non acquis

Connaissances et compétences pour l’unité 5 1 2 3

Je sais représenter un être hybride.
Je sais associer des éléments dépareillés pour former
un être fictif.
Je sais ce qu’est un monstre.

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