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SÉANCE 1
Qu’est-ce qu’une fiction ?
Objectif
Dans l’unité précédente, nous nous sommes attardés sur le mot « image » ; nous allons maintenant nous pencher sur un
deuxième mot important pour toi : la « fiction ».
DÉFINITION
Écoutons le Professeur Cambridge :
Là aussi, ton dessin basé sur la photographie de départ est une fiction, c’est-à-dire une création de ton esprit qui
s’oppose à la réalité.
Ces deux exercices te montrent comment les réalisations plastiques peuvent facilement être des fictions, c’est-à-
dire des inventions nées de l’imagination de leur auteur.
JE RETIENS
SÉANCE 2
Image et fiction
Relevons pour commencer quelques synonymes de « fiction » : « mensonge », « dissimulation » (afin de tromper
autrui), « construction imaginaire » (consciente ou inconsciente en vue de masquer ou enjoliver le réel). Une image
de fiction est donc une image qui aurait tendance à nous faire croire que ce qu’elle représente est réel, alors que
ça ne l’est pas. Il faut que le spectateur reconnaisse certains éléments, ce qui exclut toute image abstraite (= qui ne
représente rien).
La peinture reproduite ici est un triptyque (= tableau en trois parties). Les deux volets (= panneaux latéraux qui
encadrent le panneau central) représentent certainement le Paradis et l’Enfer, tu peux aisément les identifier. Le
panneau central est une scène ahurissante qui contient une foule de personnages nus et d’animaux bizarres. Essaie
de trouver une représentation plus grande, car la réduction est ici trop importante pour admirer les détails : on peut
passer des heures à contempler ces monstres et leurs activités surprenantes. Bien que ces scènes soient invrai-
semblables, on reconnaît facilement les corps humains, les éléments du paysage et certains animaux. La nature
est fidèlement représentée : minéraux, végétaux, animaux… Rien n’est abstrait. Cependant, l’univers présenté ici
est celui d’un rêve (d’un cauchemar ?)… Pratiquement toutes les œuvres de Jérôme Bosch sont du même ordre. Cet
artiste est un des plus grands auteurs de fiction de l’histoire.
— Jérôme Bosch, Triptyque du Jardin des Délices, vers 1500, huile sur panneau, Panneau central 220 x 195 cm,
volets : 220 x 97 cm, Musée du Prado, Madrid
© Archives Alinari, Florence, dist. RMN/Raffaello Bencini
Regardons enfin une troisième image, d’un autre type de fiction encore. Son
auteur est un dessinateur de bande dessinée, l’un des plus importants. La
Fondation Cartier pour l’art contemporain lui a consacré une grande rétros-
pective à Paris, signe exceptionnel de sa reconnaissance (la bande dessinée
n’est pas souvent honorée de la sorte). Il signe sous plusieurs noms, selon le
style qu’il choisit : Jean Giraud ou Gir quand il dessine Le lieutenant Blue-
berry, Moebus quand il réalise des albums de science-fiction. Cette dernière
catégorie présente des univers crédibles dans le futur. Les univers qu’il
invente sont poétiques et généralement non violents, ce qui en fait un cas
particulier dans le genre, souvent dominé par des guerres intergalactiques.
L’image reproduite est extraite de la série parcourue par son héros, Harzach.
Ce dernier traverse souvent le ciel chevauchant un énorme oiseau blanc.
La précision du style de Moebius donne à ses créations un aspect si réa-
liste (notamment la netteté du trait et les jeux de lumière comme sur cette
image) qu’on peut réellement le citer en appui de l’image de fiction.
JE RETIENS
SÉANCE 3
Image et réel
Le rapport entre l’image et le réel est un des plus vieux débats de l’histoire de l’art. Il permet de relever des degrés de
réalisme (= qui se rapporte au réel) : plus l’image nous donne l’impression que ce qu’elle montre est réel, plus elle est
réaliste, on dit parfois « objective ». Pour cela, un certain nombre de facteurs doivent l’éloigner de l’image de fiction qui,
elle aussi, nous fait croire que ce que nous voyons est réel. Relevons quelques éléments qui peuvent nous faire croire que
l’image et le réel c’est la même chose :
• La technique du peintre est si méticuleuse qu’on ne voit pas que c’est une peinture. Dans le cas extrême, c’est ce qui
se produit avec une photographie.
• Le sujet ne semble pas inventé, comme s’il était prélevé directement sans intervention extérieure.
Pour la première remarque, cela signifie que l’artiste doit nier sa personnalité, effacer tous les effets de son style, il
doit peindre comme s’il n’existait pas. Pour la deuxième remarque, c’est la même chose : on ne doit pas supposer
que l’auteur est l’inventeur de l’image. Voici la différence avec l’image de fiction.
Il faut cependant nuancer ces remarques si catégoriques : pour la première, soyons clairs : cela n’existe pas, il n’y
a aucun artiste dont on ne puisse repérer le style. Pour la deuxième, c’est nettement plus compliqué… Un artiste du
XIXe siècle, Gustave Courbet avait décidé que le Réalisme (avec un « R » majuscule car c’est le nom d’un courant
artistique, donc un nom propre) était la forme d’art qui représentait le réel social (les travailleurs, les pauvres, les
opprimés). Ce courant a donné naissance à une forme importante de production artistique au XXe siècle, le Réalisme
socialiste, imposé par les régimes soviétiques de l’URSS et de ses alliés. Dans ce cas, depuis Courbet, le Réalisme
est une forme d’art politique. De nombreux artistes ont suivi ces recommandations et ont tenté de montrer le
Alors, comment une image peut-elle véritablement représenter le réel ? Déjà, notons que l’image n’est pas le réel,
mais une représentation du réel, ce qui constitue une différence notoire. L’image la plus célèbre à ce sujet, et
certainement la plus démystificatrice (= qui détruit un mythe), est cette peinture de René Magritte. Ce dernier est
un peintre belge proche du groupe surréaliste. Il a peint des images de fiction très déroutantes car sa technique
académique tendrait à effacer sa présence mais ses sujets sont oniriques (= issus du rêve). Tu dois constamment te
souvenir de cette peinture : ce que représente une image n’est pas le réel, mais une représentation du réel. D’ail-
leurs, le titre qu’il a donné à son tableau est très significatif ! Je t’invite à y réfléchir…
Une grande confusion est apparue avec l’invention de la photographie (1839). Si l’on se réfère aux deux remarques
qui permettent d’imaginer ce qu’est une image du réel, la photographie n’en est pas loin : l’auteur n’est pas sup-
posé faire intervenir son style dans la prise de vue puisqu’elle est mécanique (ce n’est pas la main qui dessine mais
l’appareil qui enregistre). Quand au sujet, il ne peut que provenir du réel puisque l’appareil photo ne peut capturer
une image qui n’existe pas !
Si l’on se réfère aux deux remarques qui distinguent une image du réel, nous sommes ici en présence d’un cas
inédit : ces images ont-elle un auteur ? Le dernier rempart qui les sépare du réel est la question du point de vue :
en effet, ces images ne sont pas captées sans la présence d’un humain puisque les caméras n’ont pas été installées
n’importe où ; ici, l’auteur est donc une sorte de police privée. Le point de vue n’est plus celui d’un individu c’est
celui de la société sur certains de ses membres…
Cette dernière catégorie d’images n’ayant rien d’artistique, je t’invite à réfléchir personnellement plus profondément à
cela, c’est un point essentiel de notre société que les hommes libres doivent connaître.
Dernière piste de travail pour se poser aujourd’hui la question du rapport entre image et réel : l’informatique permet
maintenant la création d’images virtuelles, c’est-à-dire qui n’ont pas été captées dans le réel mais en donnent
l’impression. Nous en sommes entourés, sans que nous y prenions garde.
JE RETIENS
Une image n’est jamais le réel mais une représentation du réel. Elle a toujours un auteur et représente toujours
quelque chose (sujet), ce que l’on appelle le point de vue. Deux définitions sont possibles car le point de vue
c’est la place de l’observateur, endroit d’où l’on voit le mieux une scène, et c’est aussi la manière de considérer
et de voir les choses, opinion particulière.
1 = acquis
2 = en cours d’acquisition
3 = non acquis