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eorges Didi-Huberman, philosophe et histo-
rien de l’art, enseignant à l’École des hautes
études en sciences sociales, ne cesse depuis ses
premières publications d’interroger non pas l’immédiate
visibilité de l’image mais bien plutôt son symptôme. Un
espace où évolueraient signes, gestes et formes, créant un
montage de temps hétérogène. En ce sens, permettant de
faire surgir une généalogie en replaçant l’image dans le
champ de l’Histoire et de la mémoire – et, de ce fait, en
l’extrayant des strictes limites de l’histoire de l’art. Mais,
pour un historien des images tel que Georges Didi-Huber-
man, est-ce si étonnant de passer de l’autre côté ? En somme,
de ne plus être seulement un commentateur, un exégète
de l’image et de ses apparitions et disparitions éventuelles,
mais d’en être un manipulateur. De passer de la fonction de
chercheur solitaire, comme il se définit lui-même dans un
texte qui accompagne l’exposition « Nouvelles histoires de
fantômes » au Palais de Tokyo à Paris (1), à celle de com-
missaire d’exposition. Bien sûr, il s’agit toujours d’ordon-
ner les images, de les mettre en dialogue, en tension, mais
avec cette proposition, le philosophe met en œuvre, si l’on
peut dire, la démonstration qu’il explicite dans la majeure
partie de sa production écrite. Le résultat est bouleversant.
Saisissant, plutôt, tant il en surgit une force évocatrice où,
comme l’écrit Georges Bataille – dont Didi-Huberman est
un lecteur attentif –, « il doit y avoir un contact direct avec
ce qui vous fait face ». Une rencontre « qui vous ouvre le
dedans » de manière immédiate. Résumons, Georges Didi-