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1 DERRIDJ MERIEM
Il était donc nécessaire de faire une première lecture, de l’Œuvre peinte pour cheminer vers
ce qui suit. L’œuvre en tridimensionnelle.
Le cycle de celle-ci se poursuit et s’étend à un nouveau format, à un nouveau medium,
aujourd’hui, elle revêt un manteau, autre. En l’occurrence celui de l’interaction avec l’espace.
La pratique Bardienne s’ouvre sur une nouvelle expression. Elle redéfinit les codes du travail
de la création, par la collaboration avec différents corps de métiers. Cette ensemble de
sculptures en terre cuite emmaillées, a nécessité un travail avec des équipes composé de
céramiste, peintre et photographe.
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Encore une fois, pour quoi cette analogie avec la démarche Picassienne de collaboration pour
la réalisation d’une création ? C’est aussi pour affirmer le caractère non industriel de l’œuvre,
c’est-à-dire que les deux ne soumettent pas la conception à un réalisateur, ils ont contribué à
toutes les étapes de la naissance de l’œuvre. C’est une démarche fédératrice, éthique et intime
simultanément. En l’occurrence ce nouveau cycle du travail de l’artiste représente une
projection des environnements de ses peintures, du rapport à l’objet fonctionnel, et le désir de
faire immerger le voyeur dans l’œuvre, le faire participer, aussi.
2. L’arrivée de l’ère de la plasticité (multidisciplinarité) :
« L’écume est une surface fugace, un instant fugitif qui laisse passer, la crisalide a l’etat
papillon. » Friedrich Nietzsche
L’écume se moule sur la réalité de la société. Elle se méfie des épures abstraites et des
absolues. En art elle intronise une dynamique qui épouse, dans ses creux, et ses ressauts les
reliefs sociaux de l’environnement dans lequel elle est née
Appréhender l’art et l’acquisition d’art autrement aujourd’hui, dans la société Algérienne,
Est-ce un des objectifs, de cet assemblage d’objets qui se proposent à la décomposition.
L’artiste chercherait-il à proposer son œuvre comme une nouvelle façon d’appréhender la
sculpture ? En entament ce travail, je me suis aperçu que je n'avais pas un objet fétiche chez
moi (une tasse, un coussin….). Ecume se présente comme un ensemble de corps modulables.
A la base de chaque statue, un moulage d’une paire de pieds qui n’est d’autre que celle de
l’artiste lui-même, au centre elle est amphore, au sommet nous retrouvons des visages aux
allures de masques Africains.
Cet ensemble intitulé Ecume, forme une élucubration artistique par sa fragilité, son absurdité,
son sens vertical.
« Je me suis beaucoup penché sur le travail des designers depuis 2017, ainsi j'ai nourri mon
travail, et ma réflexion sur l’œuvre en volume, donc vers l'objet tridimensionnel. J'en ai fait
une obsession, tellement, que j'ai bifurqué vers la sculpture », me répond Bardi.
La métaphore des pieds moulés de l’artiste qui porte l’ensemble nous renvoie à :
-La responsabilité que porte l’artiste, par le message que véhicule son l’Œuvre.
-Le devoir de transmission et de la beauté que l’œuvre donne au monde.
-La pose de NOUVEAUX jalons de l’objet designer, qui fait office de sculpture démontable,
permettrait-il l’appréhension de la sculpture autrement dans l’intérieur de l’acquéreur !
- La Dualité : La dichotomie Bardienne réside dans un duel, que mène l’artiste entre
le devoir de transmission qu’il lui a été attribué à la naissance et le sentiment
d’impossibilité de cette dernière- (le poids esthétique de l’œuvre et la perfection
qu’elle atteint souvent me font détruire cette dernière avant qu’elle ne sorte de
l’atelier ; ce qui m’empêche de l’a montré au monde est une peur de bousculer ce
dernier, qu’il ne soit pas prêt à la recevoir).
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- La laideur humaine : elle resurgit et intervient dans un élément iconographique bien
particulier. A travers le traitement de la peau, elle exprime l’ (intérieure et
extérieure, le physique et l’âme), comme une seconde récurrente après le damier.
Dans l’Œuvre Bardienne nous nous heurtons souvent à la déformation des corps et
des objets, la chair prend des couleurs mortifères et nous fait penser aux univers de
Lucian Freud ou de Francis Bacon. Bardi joue avec ce double sens de l’intérieur qui
se reflète sur l’extérieur et inversement pour indiquer la laideur de l’âme qui se
réfléchit par le traitement de la couleur de la peau… Ou comment déployer le
potentiel de la chair comme spécificité de l’anesthétique ou de l’esthétique
Bardienne. Comment traduire les chemins empruntés par l’artiste pour recevoir
cette moralité ou qu’elle soit.
Cette nouvelle phase de l’Œuvre de Bardi, tend à rassembler (maitres d’œuvre, céramistes,
artisans d’arts, scénographes …) est-ce pour nous permettre une immersion complète dans
son monde intérieur ? Est-ce une façon subtile d’infuser le contrepouvoir du concept (que le
processus de l’artiste refuse), dans l’art de l’installation qui domine dans le paysage de l’art
contemporain?
Il est fort probable que c’est une manière de transcender le concept et poser de nouveaux
jalons. Néanmoins le mystère reste entier et la question ouverte.
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