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Dominique Château 

Arts plastiques : Archéologie d'une notion

apparition au début du XIX


1968 : alliance de la distance intellectuelle et d'une pratique artistique émancipée du dogmatisme
académique.

Trouble post moderne :

le discours de la formation institutionnelle de la discipline, nimbé d'avant-gardisme, d'art conceptuel


et de performance, n'était pas loin de connaître une crise idéologique qui, aujourd'hui encore, nous
tient en suspend...

 qualification d'un matériau

matières molles pour être pétries


plastikos (argile, cire) matières compactes pour revêtir des formes
permanentes

Ce que la matière induit


Référence à la forme Une action qu'on lui imprime

Matière malléable Une puissance de formation


La forme Un pouvoir de transformation

Lessing : « Une bouche béante est, en peinture, une tache, en sculpture, un creux »

Prométhée a tiré une forme humaine de la boue (il a fait l'homme)

Modeler (plassein) s'applique aux corps, mais aussi au sens figuré, aux âmes, par l'entremise des
contes racontés aux enfants, ou encore à l'élégance du discours  modeler / éduquer

Chez Platon (République 360e-362c) Socrate parle

modeler une forme de bête hétéroclite


modeler un lion et par dessus un placage ayant la forme de l'homme
 analogique modeler/éduquer/fabriquer des mensonges

L'émancipation du point de vue de l'artiste suppose son détachement du critère philosophique de


vérité, comme modèle de la réalité, au profit de la vraisemblance c'est-à-dire d'une vérité fondée sur
sa seule apparence comme vérité avec pour seule caution l'imagination, voire la tromperie.
plassein veut dire aussi : imaginer, feindre, simuler, contrefaire
modulations maniérées (de la flûte) / fiction de l'invention
fingere Façonner, former, représenter, sculpter, orner, instruire, contrefaire, imaginer,
concevoir
fictio Travail, façon, création, fiction, action de feindre, hypothèse
latin
fictor Statuaire, sculpteur, feint, déguisé
fictus Façonné, orné, sculpté, imaginé, feint, déguisé
signum Marque, empreinte, signe (signa statueraeque  figure en relief)

Définition matérielle Ancêtre de la sculpture


plastique Définition formelle Terme générique (sculpture, travail de la forme, de la figure)

Art plastique  1553


La plastique à la fois ajoute et enlève de la matière (Alberti 1464)

Shaftesbury La Nature a bien fait de mortifier l'homme en le pétrissant d'une argile si frêle (apte à la
pensée et raison)
Mythe prométhéen :
 détachement de l'homme vis-à-vis de la nature
 pouvoir que le feu libérateur confère à cet être d'argile
 la limitation de l'homme, sa détermination propre

L'idée de nature plastique peut jouer le rôle d'un modèle de la médiation entre matière et forme

Shaftesbury : se « donner des formes » ce n'est pas travailler sur un donné statique, mais façonner,
corriger, amplifier, réduire, modifier, adapter, assimiler, conformer, polir (donc modeler...), raffiner..
« former ses idées » comme « œuvre plastique », c'est mettre en branle un processus poïetique
(action de produire, de créer) qui à la fois s'effectue dans l'esprit d'abord - « ensuite sa main : son
coup de pinceau » et préfigure les opérations matérielles qu'il engendrera.

Invenzione Renaissance Maniérisme


Conception inductive du dessin Conception déductive comme production
comme abstraction généralisante à et travail de l'esprit (sur la base de
partir de de la réalité représentations idéales conforme à la
nature) appliqué à la matière

Zuccari (théoricien maniériste) 1607  anatomie du dessin interne et du dessin externe

La face interne du dessin est idea à mettre en relation avec le programme de 2de : dessin/idée

« Le dessin intérieur est une idée de forme dans l'entendement qui représente expressément et
distinctement la chose qu'il comprend. »

Comment l'artiste maîtrise-t-il la turbulence des intuitions de l'imagination.


Question du modèle intérieur = principe régulateur de l'imagination

«Une peinture ne mérite le nom de tableau que lorsqu'elle forme réellement une seule pièce,
comprise sous un seul point de vue et formée selon une conception, un sens et un dessein uniques ».
Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française.
Adjectif plastique commence à être utilisé en français dans le sens d' « apte à engendrer la forme
des êtres vivants » (1752)

Encyclopédie 1765 d'Alembert Diderot

La plastique Diffère de la sculpture


Les figures se font en ajoutant de la Se fait à partir du bloc, en ôtant ce
matière qui est superflu

Dématérialisation et idéal de beauté

Winckelmann  imitation des Grecs – identification de l'art plastique à leur canon de beauté –
supériorité du canon grec sur celui des modernes
Le Néoclassique  développement de la beauté au niveau de la plasticité des formes physiques
base pour rechercher la beauté dans des sphères plus élevées, intellectuelles, idéales.

2 chainons de sa pensée
Beau Théorie italienne
 
Harmonie des parties Imitation de la nature, de son principe
théorie de la plasticité du sens interne (+ que ses oeuvres)

Notion de plasticité  processus de maîtrise de la forme qui dépouille  représentation de


l'idée de beauté

La quête de la spécificité

Shaftesbury marque une infraction à la belle progression que l'esprit attend. Il applique l'abstraction
des natures plastiques aux arts plastiques.
Ce bond de la pensée n'aura pas de suite immédiate.
L'histoire de la notion d' «arts plastiques »découle le glissement progressif d'un sens classificatoire
très strict, la plastique comme proto-sculpture  élargissement  
Bildenden Künste  généralisation en valeurs plastiques, plasticité

Le visuel et le plastique

Le plastique est ce qui remet en cause le visuel

Diderot : Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient (1749)
L'esprit sans yeux devient une sorte de sculpteur. Il y a aussi une peinture pour les aveugles, celle à
qui leur propre peau servirait de toile.
De tous nos sens, la vue est le plus fautif parce que le plus étendu

Dans la vue est le rêve, dans le toucher, la vérité


Dans la peinture est le rêve, dans la sculpture, la vérité
La tradition de la beauté met en avant le sens de la vue

L'oeuvre plastique est présence, résistance


L'oeuvre picturale est absence, évocation

La philosophie et le défi des arts plastiques

force formatrice en l'homme, qu'il communique aux matériaux qui ne la possèdent pas (il les
organise)
Chez les romantiques : vis poetica  présence en tout homme d'une force poétique qui non
seulement commande l'organisation, mais existe elle-même, dans le Moi, comme forme organique.

2 questions
1 – archétype artistique 2 – les domaines artistiques de chaque art
C'est la beauté qui réalise dans l'art l'archétype Division donne une série réelle et une série
de l'Absolu idéale
Imbrication Sous catégorie
conceptuelle La plastique
 Série
Série réelle
idéale
Réel Idéal

Selon Schelling, l'objet le plus conforme à représenter des idées qui sont élevées au-dessus de la
matière est la forme humaine  expression immédiate de l'âme et de la raison

Schelling :Discours des arts plastiques (1807)


« La plastique au sens strict du terme se refuse à donner à l'objet son espace au dehors ; il porte son
espace en lui-même ».
A mettre en relation avec Heidegger.

Apollon et Dionysos
Schopenhauer :
l'art plastique = apollinien (limitation individuelle)
l'art musical = dionysiaque (dimension cosmique)

Les valeurs plastiques

l'art à la fois imite la nature et ne l'imite pas


(son dynamisme interne) (son apparence externe)

Lamennais
« Le temple est l'origine de l'art à la fois métaphoriquement, comme image de la construction du
monde humain à l'aune de la création divine, littéralement, comme forme première d'où tout art
procède ».

Les frères Goncourt (1858-1860) dans leur journal utilisent le terme plasticien dans un sens
péjoratif. Ironie : 'le plasticien est un être universel ! »
Taine offre à la fin du XIX ème siècle une réflexion novatrice en philosophie de l'art, dans laquelle
de manière significative le modèle des sciences naturelles produit un véritable ébranlement
épistémologique. Il est le premier auteur français à utiliser le concept de plastique d'une manière à
la fois claire et distincte.
Taine met en évidence l'intimité de l'être du tableau c'est-à-dire ce que l'on nommera plus tard la
spécificité plastique (ou picturale)

La pure visibilité

Il y a deux objets de la vision


Locke  La stricte vision
Berkeley  toucher, motricité
Vision innocente  nous ne voyons que des couleurs plates
La vision de la profondeur étant acquise a posteriori (expérience)

Toute l'efficacité de la peinture dépend de notre possibilité de retrouver ce qu'on pourrait nommer
l'innocence de l'oeil ; c'est-à-dire une sorte de perception enfantine de ces taches plates et colorées
comme telles, sans aucune conscience de leur signification
John Ruskin : Modern Paintings :
« Plus je vis, plus je vois de fortes raisons de priser avant tout, dans un artiste, une certains naïveté,
une innocente réceptivité. Je constate, d'une manière générale, que le premier coup d'oeil que nous
jetons sur un objet nous renseigne sur ses traits les plus importants. Si nous continuons à le regarder,
notre vanité, nos faux raisonnements, notre demi-connaissance nous font commettre diverses
erreurs, et ce n'est que par un examen encore plus attentif que nous en revenons à notre première
impression, basée, cette fois, sur une compréhension plus parfaite de sa nature mystique et intime ».

Konrad Fiedler
la visibilité est pour lui, non pas l'apparence des choses, mais de l'apparence produite par le regard
 pure visibilité

Wöllflin :
passage du « linéaire » au « pictural »
style linéaire « sens plastique » trace d'une « palpabilité matérielle »
impressionnisme : l'apparence triomphe de la réalité
notion d'écart

L'art plastique moderne

Vers la plasticité moderne

évolution du vocabulaire de la plasticité = combat pour l'art moderne

James Whistler (1881) évolution des titres de ses œuvres. Les nocturnes de Whistler font penser à
ces morceaux de la musique wagnérienne où le son harmonique, séparé de tout dessin mélodique et
de toute cadence accentuée, reste une sorte d'abstraction et ne donne qu'une impression musicale
indéfinie.
Théodore Duret à propos de Monet « La peinture arrivée à ce degré de fluidité rejoint en quelque
sorte la musique et exécute des variations sur un thème coloré analogue aux siennes. »
Maurice Denis associe métaphoriquement la quête cézanienne de la « beauté plastique » à l'art des
sons.
Le vocabulaire de la plasticité : possibilité d'établir un pont entre l'idéal de pureté dont la musique
fournit un modèle externe et les caractéristiques spécifiques des arts visuels (poïétique et esthétique)

plasticité = sémantique de la dynamique, formation et inscription des formes «vivantes» dans les
signes de l'oeuvre achevée, par delà le caractère statique de son matériau.

Maurice Denis, art et critique 1890 :


« un tableau – avant d'être un cheval de bataille, une femme nue, ou une quelconque anecdote –
essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées ».
« mépriser ce sot préjugé, enseigné partout, et si pernicieux aux artistes d'hier  : qu'il suffit au
peintre de copier ce qu'il voit bêtement, comme il le voit ; qu'un tableau est une fenêtre ouverte sur
la nature, et qu'enfin l'art, c'est l'exactitude du rendu ».
C'est à des idées telles que nous devons entre autres choses :
 les primitifs
 le chant grégorien
 les cathédrales gothiques

apparoir : il appert que (il apparaît que)


up-to-date : à jour

Le plastique et le décoratif

Maurice Denis réhabilitation de l'art décoratif (Gothique, Viollet le Duc ?, W. Morris, Arts and
Crafts, Gauguin...) diffère du naturalisme/affections littéraires (un référent préexiste dans les deux
cas) « en la beauté de l'oeuvre, tout est contenu »
sorte de postmodernisme avant la lettre : décoratif signifie d'une part, l'autonomie de la dimension
plastique, le plastique à la préséance sur les contenus de l'oeuvre.

Gauguin :
«Il y a en somme en peinture, plus à chercher la suggestion que la description,comme le fait
d'ailleurs la musique. On me reproche parfois d'être incompréhensible parce que justement on
cherche dans mes tableaux un côté explicatif tandis qu'il n'y en a pas ».  

idée de restauration fondamentale dans l'évolution de l'idéologie de la plasticité

progressiste Débarrasser la peinture des impuretés naturalistes ou littéraires


Pureté plastique réactionnaire Cette purification pensée comme un retour au classicisme
Ordre Fonder un art très objectif, un langage très général et très
nouveau plastique
Maurice Denis Art classique Sur ce qu'il y a de plus subjectif et de plus subtil dans l'âme
humaine
Accès à la beauté Redon Symbolisme : expression plastique de l'idéal
plastique subjectif inductif
Cézanne Transposer les données de la sensation en éléments d'oeuvre d'art
objectif : métamorphoser le motif par le travail de composition
approfondi/ déductif

« D'une pomme d'un peintre vulgaire, on dit : j'en mangerai. D'une pomme de Cézanne, on dit :
c'est beau ! » Sérusier

représenter au lieu de reproduire


Matisse : Entretien avec Estienne 1909
« l'ensemble est notre seul idéal...les détails, le peintre n'a plus à s'en préoccuper, la photographie
est là pour rendre cent fois mieux et plus vite la multitude des faits. La plastique donnera l'émotion
le plus directement possible et par les moyens les plus simples... j'ai à peindre un corps de
femme...je vais condenser la signification de ce corps, en recherchant ses lignes essentielles.»
(accent néoclassique de ce texte)

Bernhard Berenson : Les peintres italiens de la Renaissance (1894-1907)


progrès de la peinture italienne de la Renaissance depuis Giotto : la troisième dimension, sensation
proche de la réalité, réveille le souvenir des sensations tactiles qui caractérisent la relation
inconsciente de l'enfant à la réalité.
Ne pas confondre « esthétique » et « artistique » le sens du premier enveloppe le second
le plaisir « artistique » est exclusivement ce plaisir conscient que procurent les œuvres d'art détenant
la qualité « décorative » (valeurs plastico-visuelles, par opposition à « illustratif » qui renvoie à l'aspect
littéraire de l'oeuvre)

La découverte de l'art nègre et la diffusion de l'art moderne français

Volonté de « faire plat » affichée par Signac, puis les Nabis et l'Art Nouveau 

Influence des théories empiristes de la perception (Ruskin, Locke, Berkeley, Riegl)

Echeveau de pensées qui met en réseau et en écho des disciplines séparées et points de vue
disparates

Carl Einstein : Negerplastik (1915) :


« la sculpture nègre représente une fixation claire de la vision plastique pure »
La synthèse réside dans la sculpture nègre, qui là ou la sculpture européenne se contente
d'expédients, réussit de manière étonnante à concilier l'expression de la plasticité avec le respect des
lois formelles de la perception , à réaliser une expression achevée et réelle de la tridimensionnalité
plutôt qu'une vague suggestion optique, à réaliser ses conséquences logiques plutôt qu'à « suggérer
et signifier la plasticité.

Paradoxalement, c'est dans la peinture plutôt que dans la sculpture que l'idéal de la plasticité pure
trouve sa réalisation moderne.(Braque, Picasso)

Jean Laude : l'esthétique de Carl Einstein :« La forme n'est jamais saisie séparément chez un
Africain, elle est dépositaire d'un sens auquel elle donne accès. Elle n'illustre pas un un thème
défini en dehors d'elle. »

La promotion anglo-saxonne de l'art moderne

Armory show New York 1913

Barnes The art of painting 1925 :

peinture : « c'est une création indépendante, dont le matériau est la couleur, la ligne, la masse et
l'espace, et dont l'appréciation n'est authentique que si elle est dirigée vers les qualités plastiques
essentielles »
Meyer Schapiro : l'abstraction n'est pas seulement la propriété d'une peinture abstraite, mais une
propriété plus générale de toute peinture, c'est-à-dire la picturalité même.
Fry dit que chez Kandinsky, « les formes et les couleurs n'ont pas d'autre justification que la
justesse de leurs relations », il pense que Cézanne a inauguré la peinture moderne et que Matisse,
Picasso, Braque, Derain sont les héritiers de maîtres italiens de la Haute Renaissance
 des classiques
« J'appelle romantique, toute œuvre d'art qui, à dessein de produire un effet, compte sur
l'association d'idées qu'il éveille chez les spectateur. J'appelle classique l'oeuvre qui dépend de son
organisation formelle afin de provoquer une émotion.» (ce texte est critique vis à vis du cubisme)

Clive Bell :
Quelle qualité est commune à toutes les œuvres d'art  la forme significative

Transformation de la théorie de la pure visibilité, d'origine esthétique en théorie de la plasticité au


contact de l'art vivant.

L'avant-garde et les arts plastiques

Préface au catalogue de la IIIe exposition du Cercle de l'art moderne au Havre en juin 1908 :
«  les vertus plastiques : pureté, l'unité et la vérité maintiennent sous leurs pieds la nature
terrassée »
«  La flamme est le symbole de la peinture et les trois vertus plastiques en rayonnant »
les trois vertus plastiques, Chroniques d'art, 1902-1918

art décoratif, objet décoratif (est un organe au service d'une destination)


// le tableau (est un organisme)
« assez de plastique décorative et de décoration plastique » clament les auteurs qui se proposent
d'étudier «  à travers la forme et la couleur l'intégration de la conscience plastique »
Apollinaire : Méditations esthétiques :
«  les jeunes artistes-peintres des écoles extrêmes ont pour but secret de faire de la peinture
pure.C'est un art plastique entièrement nouveau. Il n'en est qu'à son commencement et n'est pas
encore aussi abstrait qu'il voudrait être .»
« Un Picasso étudie un objet comme un chirurgien dissèque un cadavre »
Apollinaire :
Métaphore de la quatrième dimension qui du point de vue plastique introduit dans l'espace la durée
de l'infini  - « l'immensité de l'espace s'éternisant dans toutes les directions à un moment
déterminé » - c'est cette dimension qui «  doue de plasticité les objets »
Devant la peinture il s'agit d'éprouver des « sensations artistiques » c'est-à-dire essentiellement
plastiques.

Devant l'héritage, les positions ne sont nullement homogènes dans le milieu avant-gardiste.

Modernistes utopie progressiste


idée de différence idée de nouveauté/progrès

Question de l'abstraction  pureté


cubisme le plus pur sort du chapeau du poète «le règne d'Orphée commence »
objectivisme plastique d'un Robert Delaunay préfigurant l'abstraction au sens strict.
Les futuristes sont accusés de produire plus d'idées philosophiques que d'idées plastiques.

Pour chaque avant-garde il s'agit d'incarner la problématique plastique la plus authentiquement


novatrice, la plus profonde, la plus cohérente.

Futurisme : spécificité  plastique


synthèse des différents rythmes abstraits de chaque objet, d'où jaillit une source de lyrisme pictural.
(fonction critique et militante)
sculpture : compénétration simultanée de l'intérieur et de l'extérieur
synthèse de couleur et de forme
« état d'âme plastique »
dynamisme plastique
 explosion du vocabulaire de la plasticité
(les différents registres où il prolifère, se rencontrent ou s'entremêlent dans le corps du discours)

Réalisme et plasticisme

Travaillés par l'esprit de leur époque autant que par le désir d'explorer les limites de l'art, les artistes
ne sont toutefois enclins ni à se soumettre à l'air du temps ni à verser dans la pure et simple
démonstration théorique : ils revendiquent plus que jamais, conformément au statut moderne de
l'artiste, la dimension signifiante, sinon spirituelle, de l'art. Et c'est en traversant ce faisceau de
contradictions que l'idée de plasticité continue de s'épanouir.

Plasticité et réalisme

Fernand léger: « les origines de la peinture et sa valeur représentative » (1913) :


« le réalisme pictural est l'ordonnance de trois grandes quantités plastiques : les Lignes, les
Formes et les Couleurs .» réalisme selon lui diffère d'imitation  réalisme de conception
s'oppose à la conception sentimentale des arts plastiques
évolution vers une spécialisation de l'art (c'est moderne)
A compter de ce texte, la série de réflexions de Léger tourne autour de l'idée de plasticité, d'une
part comme organisation des paramètres spécifiques du médium pictural, et modèle possible pour
d'autres arts, tel le cinéma, d'autre part, comme expression de la modernité et, par là, comme
réalisme.
Cinéma   art de synthèse  art plastique en mouvement
rythmes de l'Espace (les arts plastiques)
rythmes du temps (musique et poésie)

désir violent de concilier art et science


L'élément mécanique est, chez Léger, un moyen (une « matière première » plastique), non point une
fin de l'art.
l'art plastique doit partir de l'objet industriel qui montre l'exemple (il est revenu à l'utilité par le biais
de la série par rapport à l'objet d'art : luxe) en détruisant la naturalité du paysage humain (« l'affiche
brise le paysage ») au profit d'artifices purement plastiques.
Paradoxe :
Opposition entre deux modes d'expression plastique :
« l'art ornemental, valeur rigoureusement relative (…) se pliant aux nécessités du lieu » et l'objet
d'art (tableau, sculpture, machine, objet), valeur rigoureuse en soi, (…) anti-décoratif.
L'objet a remplacé le sujet, la figure humaine est devenue une valeur plastique
peindre la figure volontairement inexpressive
abstraction
le néo-plasticisme passe le Rubicon, cet art des vrai puristes impose un fait indiscutable qui contient
le tableau derrière le verrou du « plan coloré » : « c'est fermé à clef, la couleur doit rester fixe et
immobile. » On est là devant un « rationalisme plastique » qui s'impose par sa rigueur, mais semble
fragile devant le dynamisme de la modernité :
« La vie moderne, tumultueuse et rapide, dynamique et contrastée, vient battre rageusement ce
léger édifice lumineux, délicat, qui émerge froidement du chaos. » (Léger)
Abstraction et plasticisme :

Théo van Doesburg (De Stijl)


Mondrian
 bases mathématiques
donner la parole à l'artiste authentiquement moderne, pouvant contribuer à la réforme du sens
esthétique et à l'éclosion de la conscience plastique

deux missions Produire l'oeuvre d'art plastique pure


pour l'artiste Rendre le public apte à s'ouvrir à cet art pur
au « quoi peindre », se substitue le « comment peindre ? »

L'abstraction est à la fois le parachèvement historique de la peinture, rendue à son essence propre,
et autre chose que la peinture telle que son histoire l'a construite et pensée, un nouveau médium, un
véritable nouveau langage, un art à part et à part entière.
Souvent considérée comme antinomique du décoratif

Kandinsky : Du spirituel dans l'art: « il n'existe pas d'art qui soit considéré plus à la légère que l'art
«  plastique ». Dès que le spectateur se croit entré dans le pays des légendes, il est instantanément
immunisé contre de trop fortes vibrations psychiques. Et ainsi le but profond de l'oeuvre est réduit à
néant. »

Embarras avec la tentative de traduction de l'allemand :


Form, Gestalt (langage de la forme)
bildenden Künste, plastik (l'art des formes en volume)
plastische Kunst :
- arts plastiques appliqués (architecture et art décoratif)
- arts plastiques figuratifs (peinture et sculpture)

beeld : image

T.van Doesburg : De Stijl (1926)


«  laissons-nous rafraîchir au contact des choses qui ne sont pas de l'art : la salle de bain, les wc,
la baignoire, le téléscope, la bicyclette...l'Art, dont personne ne connaît la fonction, entrave la
fonction de la vie ? Pour l'amour du progrès nous devons détruire l'Art. Puisque la fonction de la
vie moderne est plus forte que l'Art, chaque tentative pour rénover l'Art (futurisme, Cubisme,
Expressionnisme) échoue. »
l'art abstrait devient art concret dans les années trente (sans succès mais non sans pertinence)
rien n'est plus concret qu'une ligne, une couleur, une surface.
Bernard Teyssèdre« Tout art est Plastique, la poésie et la musique non moins que la peinture »

le paradoxe duchampien

position paradoxale : cherche à expurger les arts plastiques de leur plasticité et recherche la
plasticité dans ce qui n'est pas plastique a priori : celle de Duchamp.

Se libérer du passé « plastico-rétinien », réduire les éléments linguistiques à leur « être plastique »
« chercher à discuter sur la durée plastique, je veux dire temps en espace » Cette idée fait référence
à l'une des lectures préférées de l'artiste : le Voyage au pays de la quatrième dimension de G de
Pawlowski (1912) ou l'on trouve une théorie plastique ou plasmique de l'univers alimentée par le
concept einsteinien d'espace-temps.
Cette fameuse quatrième dimension qui pour Apollinaire contient la quête de la plasticité dans les
limites de la pureté picturale, pour Duchamp, autorise plutôt son évasion par-delà ce domaine
traditionnel de compétence.
Làszlo Moholy-Nagy « la lumière, nouveau moyen d'expression plastique »

Le retour à l'ordre plastique

Kandinsky renvoie dos à dos le plasticisme et le dadaïsme en soulignant leur contradiction


irrémédiable
application de l'art à la vie / dissolution de l'art dans la vie

Retour à l'ordre :
Albert Gleizes : « réhabilitation des arts plastiques »
« les arts plastiques redeviennent des directeurs de conscience »
même tonalité en Italie : Fanette Roche-Pézard (1918-1921) : tradition picturales, beau métier,
contre le désordre actuel, fonction imitative éprouvé par des siècles de tradition : espace,
profondeur, perspective, volume, ton local.
André Lhote : retour à un classicisme, mais surtout connu pour avoir introduit la fameuse notion
« d'invariants plastiques » (signes plastiques, couleurs et valeurs)
Le Corbusier , Ozenfant pensent que le besoin d'ordre est le plus élevé des besoins humains.

Alternance de classicisme et de désordre anarchiste

Le Surréalisme et la Révolution : «  L'oeuvre plastique, pour répondre à la nécessité de révision


absolue des valeurs réelles sur laquelle aujourd'hui tous les esprits s'accordent, se réfèrera donc à
un modèle intérieur, ou ne sera pas. »

En guide de conclusion :
le plastique et le plasmique

épaisseur, complexité
sens classificatoire
 l'unité d'un sous-ensemble des arts caractérisés par un ordre sensoriel commun
 pluralité des arts qui y ressortissent
ambiguïté de la terminologie allemande
Xxème siècle : plasticité = valeur  débat
du sein même des arts plastiques surgissent des propositions qui renient la plasticité
tension contenue dans l'idée de plasticité :
 sorte de décomposition purement formelle des lois du matériau du médium, le risque de
l'application , de la chute dans la prose de la vie
 une valorisation à connotations spirituelles de la pureté de l'art, le risque de l'élévation, de la
dissolution dans l'immatériel

Tout se passe comme si le soufflé était retombé : par excès de travail idéologique, le trop plein de
variété en extension comme en compréhension produisant sa propre neutralisation.

Prendre en compte les moments de l'histoire idéologiques des « arts plastiques » où le vocabulaire
de la plasticité est absent
matière plastique apparaît au singulier vers 1875 en français pour désigner toute matière modelable
plasmicité : terme utilisé par Walt Disney pour décrire ce qu'il fait avec les formes dans ses dessins
animés.
Barnet Newman 1945 « The plasmic Image », plastique = (virtuosité, académisme, objectivisme)
«  Ce n'est pas l'élément plastique qui est important, ce n'est pas la qualité sensuelle des outils qui
est le but, mais ce à quoi ils servent. C'est leur nature plasmique qui est importante. »
plastique : implique le surenchérissement et la glorification des formes connues ou la présentation
d'une pensée si bien dragéifiée que son effet sera perçu furtivement
plasmique implique la création de formes qui véhiculent ou expriment une pensée abstraite, la
présentation à l'aide de symboles tangibles d'idées ou de concepts intérieurs.

Plasma : chose façonnée, imitation, contrefaçon, style


ancien français : plasmateur (créateur), plasmer  (former, créer)

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