Vous êtes sur la page 1sur 4

septembre 2021

UNDERGROUND Anne Imhof/Marcel Duchamp


Marc Vayer
00

Cet été, nous en avons plus appris sur Marcel Duchamp en


visitant l’exposition d’Anne Imhof au Palais de Tokyo [1] qu’en
visitant l’exposition, à Porrentruy (Suisse), consacrée à…
Marcel Duchamp [2].

Les notes qui suivent s’appuient sur différents extraits des


articles du numéro 31 de magazine du Palais de Tokyo consacré
à l’exposition d’Anne Imhof.

Pour qui connait un peu la logique des productions de


Duchamp, on est abasourdi par les références explicites
ou non à cette logique dans l’exposition d’Anne Imhof. De
façon très explicite, l’accueil du visiteur par la vibration
chronophotographique de la vidéo « finite infinite » (2010) de
Sturtevant (et ses autres travaux présentés dont une citation
directe «  duchamp descendant un escalier  » (968-1996),
l’usage des «  grands verres  », comme ceux de «  la mariée
mise à nu par ses célibataires même  » (1915-1923) issus de « Comme les œuvres sont quasiment des miroirs, c’est une
la construction d’immeubles. De façon moins explicite mais bataille perpétuelle avec ma propre image qui s’y reflète
remarquable, tous les dispositifs basés sur la question du pendant que je travaille. » [ITW d’Anne Imhof par Vittoria
temps/espace et les passages de la dimension « n à n+1 », de Mataresse p 41-44]
la 2D à la 3D et de la 3D à la 4D. Ainsi, la loi duchampienne dite
« de la pesanteur », prend un relief et révèle son actualité de
façon lumineuse. La pensée de Duchamp se rapporte en grande partie à
01 la question de l’amour propre et la vanité au travers de
sa formulation du «  renvoi miroirique  ». De nombreuses
« Des points de fuite, des béances invitent à plonger dans productions de Duchamp font fonctionner délibérément
l’obscurité, jusqu’aux entrailles du Palais de Tokyo, son le reflet et le miroir par l’intermédiaire de médiums et de
underground. » [Editorial Emma Lavigne p 9] matières lisses comme le verre mais aussi le cuir ciré…
Une des célèbres formules de Marcel Duchamp, c’est que
C’est Marcel Duchamp qui emploie le mot underground au- l’œuvre d’art n’existe que parce que le regardeur fait la
delà du sens premier et trivial de souterrain utilisé notamment moitié du chemin. Autrement dit l’œuvre est 50/50 réalisée
pour qualifier le métro. Dans sa conférence Where do we go par l’artiste et le spectateur (qu’il appelle le regardeur). Il
from here ? (Où allons-nous à partir de maintenant ?) donnée s’appuie sur une constatation d’ordre sociologique qu’on
au Philadelphie Museum College of Arts en Mars 1961, il peut remarquer ou vivre nous-mêmes dans n’importe quel
prophétise la place que devrait prendre à ses yeux l’art de la domaine. La valeur d’un objet de consommation, par exemple,
fin du XXème siècle : « The great artist of tomorrow will go n’est fixée que parce que nous y projetons nos propres valeurs.
underground » [3]. Anne Imhof reprend à son compte ce Bien sûr, les producteurs d’objets et les vendeurs d’objets
terme, le retravaille trivialement, au sens premier, en happant jouent avec cette valeur. C’est donc un phénomène que Marcel
le regardeur vers les profondeurs du Palais de Tokyo. Duchamp a appelé le « renvoi miroirique ». L’œuvre d’art est
comme un miroir dans lequel le spectateur se « mire », dans
02 lequel il projette sa vanité. Ainsi, lorsqu’une œuvre d’art est
rejetée par certaines personnes, c’est qu’elles ne projettent
« Les panneaux de verre portent les signes de leur usage passé en elle aucune des qualités auxquelles elles sont sensibles,
et de leur abandon. Ils sont patinés, marqués par leur déclin. et lorsqu’une œuvre d’art est validée par certaines autres
J’aime la façon dont le reflet ouvre cet espace secondaire, qui est personnes, c’est qu’elles lui attribuent des qualités qu’elles
illusoire. C’est suggestif à bien des égards. On voit l’extérieur à pensent positives pour elles-mêmes. Et l’artiste évidemment,
l’intérieur, la salle et les gens se reflètent de tous les côtés. Nous n’est pas étranger à ce phénomène, il y est lui-même soumis.
avons passé beaucoup de temps dans l’espace à observer les C’est une des formes du 50/50.
changements de lumières eau cours de la journée, la manière Anne Imhof acte pleinement cette référence en plongeant le
dont les rayons lumineux interagissent avec les œuvres ; quelles regardeur dans un état co-créatif.
parties seraient dans l’obscurité, lesquelles seraient éclairées, « […] Je ne crois pas à la peinture en soi – Tout tableau est
et à quel moment. La façon dont le verre reflète la lumière dans fait non pas par le peintre mais par ceux qui le regardent et lui
le passage rend presque le rend presque opaque, bien qu’il soit accordent leurs faveurs ; en d’autres termes il n’existe pas de
transparent. » peintre qui se connaisse lui même ou sache ce qu’il fait – il n’y
a aucun signe extérieur qui explique pourquoi un Fra Angelico la peinture. Selon Robert Lebel, il suffirait de déceler dans
et un Leonardo sont également « reconnus ». Tout se passe au la chronophotographie de la descente, en dehors de son
petit bonheur la chance – Les artistes qui, durant leur vie, ont su symbolisme freudien, une allusion à l’inexorabilité du temps
faire valoir leur camelotte sont d’excellents commis-voyageurs pour que le nu devint, entre autres choses, un sablier du nouvel
mais rien n’est garanti pour l’immortalité de leur œuvre – Et âge, illustrant la vue intégralement pessimiste de Duchamp sur
même la postérité est une belle salope qui escamote les uns, la temporalité. » [Clair-obscur par Emma Lavigne p79-80]
fait renaître les autres (Le Greco), quitte d’ailleurs à changer
encore d’avis tous les 50 ans.  » [Marcel DUCHAMP, Lettre à Si Duchamp fut obligé de décrocher lui-même son tableau
Jean CROTTI, style télégraphique pour correspondance en Nu descendant un escalier n°2 des cimaises du salon des
retard. 210 WEST 14TH STREET NEW YORK 11, N.Y. 17 AOÛT indépendants où il devait être exposé en 1912, c’est sous
1952] la pression de ses frères et du groupe dit de Puteaux qui ne
03 souhaitaient pas leur voir associée cette peinture. Plus que la
plasticité du tableau qui ne correspondait effectivement pas
« Les filiations et les héritages en art sont souvent fabriqués par au dogme de ce groupe de peintres cubistes — autrement
les critiques et les théoriciens. Ils font en sorte que l’histoire appelé groupe de la section d’or, ces peintres prônaient à ce
corresponde aux récits qu’ils veulent construire. » [ITW moment-là un cubisme mathématique, des formes calculées
d’Anne Imhof par Vittoria Mataresse p 41-44] et disposées autour de la notion du nombre d’or —, c’est peut-
être effectivement la connotation négative de la descente,
Pour paraphraser Bourdieu, les artistes ont tous des intentions, de la chute vers les bas étages (quelle est la condition de
mais ils ne les connaissent pas toutes. Et Marcel Duchamp est cette femme nue qui descend un escalier sinon celle de la
un de celleux qui a réduit le plus cet écart entre les intentions prostitution ?) qui se confond avec l’écroulement, l’impasse de
et la réalité de la production en déployant de 1912 à 1968 sa la peinture à l’ère de la photographie ?
« loi de la pesanteur ». Et Anne Imhof semble bien partie pour Dans l’histoire même de la peinture et des arts plastiques,
prolonger cette loi en développant avec la même cohérence, cet événement de 1912 est indéniablement un tournant,
parfois avec les mêmes outils, parfois en développant les siens un catalyseur pour un Marcel Duchamp qui s’engage alors
propres. résolument vers d’autres pratiques plastiques que la peinture
et vers des pratiques conceptuelles fondatrice des dispositifs
04 et actions contemporaines. Et Anne Imhof, plutôt que faire
semblant de ne pas y être affiliée, le revendique clairement
« C’est une sorte de machine à voyager dans le temps, elle tout en prolongeant la loi duchampienne de la pesanteur.
accélère ou elle ralentit.  » [ITW d’Anne Imhof par Vittoria
Mataresse p 41-44] 06

Comme de nombreux artistes, Marcel Duchamp a travaillé sur « Parfois, Imhof obscurcit ou bloque délibérément des points
la question du temps, mais sans doute a-t-il été le précurseur de vue, exacerbant — via l’envie et sa frustration — le désir
d’avoir utilisé le temps comme un médium, comme un de posséder par le regard. (…) Marcel Duchamp a appelé de
composant essentiel au développement de ses productions. manière très ambiguë sa peinture un « retard en verre ». Qu’y
Quelques exemples : il réalise le Grand verre, « définitivement a-t-il dans le « retard » ? Il n’a jamais expliqué ce qu’il entendait
inachevé  » en 1923 et édite une boite verte qui contient les par là. Mais cela semble, en partie, avoir rapport à un signal
notes de la préparation de ce grand verre, dix ans plus tard, en provenant d’un ailleurs temporel. Le retard est peut-être ce que
1934. Il laisse s’accumuler de la poussière pendant plusieurs la peinture fait à l’image d’une chose et qui est différent de son
mois sur un des verres pour réaliser des « tamis », en fixant registre littéral, via la mécanique photosensible des objectifs de
cette poussière et la qualifiant de «  poussière à l’envers  ». Il caméra et des médias photographiques ? » [Nature morte live
provoque un refus pour sa fountain en 1917 et attend sa par Catherine Wood, p 87-90]
réhabilitation qui intervient en 1953. Il fabrique des images
par rotation rapide avec ses rotoreliefs. En 1964, il fabrique un De façon immodeste, nous pouvons répondre à la question :
pliage intitulé pendule de profil, etc. qu’y a-t-il dans le retard ?
Comme Anne Imhof le formule, Marcel Duchamp a construit, Le plus simplement, le retard est celui qu’aura toujours l’artiste
avec le temps comme ingrédient, une réflexion sur le temps et entre ses intentions et ce qu’il créé réellement. Sur cette base,
sa relativité. le retard évoqué par Duchamp est un décalage, un décalage
05 entre la trivialité du regard et les intentions du peintre.
Marcel Duchamp a prolongé cette réflexion sur le retard en
«  L’architecture mise à nue, telle la mariée duchampienne, inventant et en appliquant le concept d’«  inframince  ». Le
dévoile son organicien, son métabolisme. La peinture est terme «  inframince  » est le concept le plus fort que Marcel
partout, dans l’escalier où Sturtevant rejoue le nu descendant Duchamp ait inventé. C’est l’espace-temps de tous les
un escalier (1912) de Duchamp, à travers sa vidéo Dreams possibles, aussi bien, concrètement, du changement d’un état
Money Can Buy / Duchamp Nu descendant un escalier (1967) en un autre, mais aussi du changement de statut de l’objet
qui souligne combien cette icône de la modernité, grisaille trivial en œuvre d’art. C’est aussi l’espace-temps insaisissable
mélancolique, figure aussi une chute, un écroulement de de l’accès de la 3D à la 4D.
La trivialité chez Duchamp est toujours un leurre. C’est une la dimension opaque du corps. Le verre, et non pas le marbre,
façon de nous provoquer, de nous aveugler, et de nous obliger, aurait pu être une peau. [Après la beauté par Paul B. Preciado,
dans un second temps, à reconsidérer ce que nous voyons. « La p 105-117]
chaleur d’une siège (qui vient d’être quitté) est inframince ».
[note n°4 sur l’inframince, boite blanche 1966].[4] Ici, la Là où le travail sur verre de Duchamp soulignait plus une
chaleur du siège qu’on vient de quitter est une description interrogation sur la nature du regard, Anne Imhof use du verre
triviale de l’inframince sous forme d’exemple qui nous oblige à plus comme un révélateur du corps des regardeurs. Mais la
penser individuellement d’autres exemples. C’est à peu près le démarche est identique avec le même médium de ces grandes
même mécanisme que L.H.O.O.Q. [elle a chaud au cul] C’est un vitres. Le corps des regardeurs étaient aussi participants
subterfuge pour nous dire : mais enfin, LOOK ! dans le Grand verre de Marcel Duchamp. Il s’agissait qu’ils
Alors que dans la langue française, il n’y a qu’un seul mot pour passent physiquement «  de l’autre côté  », comme pour les
l’image physique et l’image mentale, dans la langue anglaise, inciter à regarder d’autre autre façon, comme s’il s’agissait
il existe deux termes. Marcel Duchamp, au fur et à mesure de de contraindre le corps à se déplacer et par ce déplacement
son existence passée aux Etats-Unis, en bon sémiologue et physique, déplacer le regard du trivial au conceptuel,
lexigraphe (néologisme de l’auteur), a maitrisé la séparation provoquer des interrogations et les déplacer au-delà des
dans la langue anglaise entre une «  picture  », support normes académiques ou des dogmes modernes.
matérielle et une « image », l’idée elle-même. Aussi, les notes
tardives de Duchamp sur l’inframince sont le fruit de cette 09
complémentarité des deux termes anglais. [5]
L’inframince, en français peut être lu et compris comme un Une exposition ou un texte n’est souvent qu’une porte dérobée
concept, mais en anglais, il peut être aussi lu et compris comme pour sortir d’un problème. Parfois, ce que vous trouvez en
un terme à deux faces. D’une part comme une « picture », un sortant par cette porte est un autre problème. [Après la beauté
support (en l’occurence un support immatériel). On parlera par Paul B. Preciado, p 105-117]
donc d’un vecteur, d’un mouvement, d’une dynamique. Et
d’autre part comme une « image », c’est à dire une idée qui Anne Imhof offre une plasticité à des métaphores, comme
évoque l’espace temps insaisissable de tous les possibles, un Marcel Duchamp.
potentiel. Le ready-made 11 rue Larrey en est un des nombreux exemples.
L’inframince est donc une porte d’entrée, le sas qui permet le Comme la plupart des productions de Marcel Duchamp, l’objet
changement d’état, le changement d’espace, le changement lui-même est une métaphore et un élément de compréhension
de dimension, le changement le changement de statut. de «  la loi de la pesanteur  » que Marcel Duchamp n’a cessé
de mettre en scène. C’est la métaphore du changement d’état
07 d’un objet d’art en œuvre d’art.
C’est la matérialisation d’un des énoncés de la loi de la
« Imhof a suscité un état de dé-synchronisation, un ensemble pesanteur : pour passer d’un état à un autre, l’action de l’artiste
de temporalité alternatives, à la fois non-mesurables et ne suffit pas ; il faut une action extérieure, celle des regardeurs,
précisément réglées. » [Nature morte live par Catherine Wood, celle des regardeurs qui refusent dans un premiers temps,
p 87-90] puis qui réhabilitent dans un second temps. En elle-même, la
production artistique n’a pas de valeur. Une porte, un nouveau
Les questions sur la valeur du temps et celles sur la mesure cadre de référence doit être ouvert pour accréditer l’œuvre, la
sont indissociables aussi bien en physique qu’en art. D’emblée, transmuer d’objet à œuvre d’art. Et donc, non seulement cet
au cœur de sa nouvelle façon de penser l’activité artistique en objet est l’évocation matérielle de ce changement de cadre,
1912, Marcel Duchamp produit 3 stoppages étalon comme mais c’est également la métaphore fermeture/ouverture de
ré-interrogation et remise en cause du système métrique, la condition d’accession du statut de l’objet d’art à celui de
remettant de l’aléatoire dans la norme. Et pour ce faire, il l’œuvre d’art. [7]
« invente » un des moyens devenu le plus courant de produire
de l’art : le protocole. Anne Imhof partage avec Duchamp cette 10
préoccupation fondamentale de la notion de protocole. [6]
La transparence est de mise et nous sommes contraints à être
08 lisible dans nos tenues, nos masques, nos pas, nos promenades.
Au palais de Tokyo Anne Imhof construit un espace de ce genre
Le verre n’est pas, comme le critique d’art le pensait, ou le Grand verre ne réserve plus de magie comme en ménageait
l’inscription mimétique de L’esthétique du design industriel encore Marcel Duchamp. (…) On aimerait parfois une grande
dans l’exposition, mais bien au contraire, une ruine de vague pour user la fausse transparence des vitres (…) [Palais-
l’épistémologie du capitalisme patriarco-coloniale. C’est le fantômes-la joie sans l’espoir par Laurence Bertrand Dorléac,
problème de la condition contemporaine : nous avons brisé p 133-143]
le verre, mais nous ne pouvons voir qu’à travers lui. Nous
voyons dans l’opacité de cette forme de transparence. (…) S’il y avait «  magie  » dans le Grand verre de Marcel
Contrairement à l’esthétique capitaliste de la transparence, la Duchamp, c’était par la proposition d’une énigme à laquelle
présence du verre dans les expositions d’Anne Imhof souligne le·la regardeur·euse paraissait (et paraît toujours) pouvoir
répondre de multiples façons. Dans l’installation d’Anne
Imhof, ce labyrinthe machiniste vertical est remplacé par
un labyrinthe sensuel horizontal. C’est une «  magie  » d’un
autre ordre à laquelle nous convoque Anne Imhof parce que
nous, regardeur·euse·s, avons appris à nous glisser dans la
proposition artistique et à vibrer avec tous nos sens sans
rechigner. 

———————————————————————————

[1] Exposition « Natures mortes », Anne Imhof. Du 22/05 au textes sont truffées de digressions et on peut dire qu’ils
24/10 2021. Palais de Tokyo, Paris. n’éditorialisent pas, se refusent peut-être à hiérarchiser
les informations qu’ils recueillent, se contentent de les
[2] Exposition Marcel Duchamp (Jura…Paris). 8 mai 29 août populariser sans vraiment aider les lecteurs à s’y retrouver.
2021 Musée de l’hôtel-Dieu, Porrentruy (Suisse) Cette position néo-dada et pataphysique freine ce dont la
Curateurs : Françoise Le Penven et Jacques Caumont. mémoire du travail de Marcel Duchamp a le plus besoin
Il y avait pourtant bien des choses à regarder dans cette : un éclaircissement sur la pertinence et la cohérence
exposition pour un·e aficionado de Marcel Duchamp. de sa pensée et des explications accessibles au commun
Quelques documents biographiques originaux forcément des personnes qui s’intéressent à la question artistique
émouvants, des originaux d’éditions en rapport avec contemporaine.
certaines préoccupations de Marcel Duchamp, une
collection d’objets et d’œuvres rassemblées dans 4 petites [3] Voir sur « Marcel DUCHAMP vite » : le texte des 3
salles, par thématiques. conférences de Marcel Duchamp.
Ces thématiques n’empêchaient pas le sentiment de https://centenaireduchamp.blogspot.com/2019/04/les-3-
bric-à-brac, de juxtapositions de pièces plus ou moins conferences-de-md.html
anecdotiques. Se côtoyaient effectivement des documents
biographiques, des éditions originales de livres et de [4] Boite blanche 1966. Marcel Duchamp, «Inframinces /
revues, des reproductions de fragments de la production 1−46», sans pagination, Notes,CentreNational d’Art et de
de Marcel Duchamp. Il était difficile de naviguer Culture Georges Pompidou, Paris, 1980 ; MarcelDuchamp,
intellectuellement entre ces pièces indifférenciées quant «Inframinces»,Notes,Flammarion, «Champs», Paris, 1999,
à leur nature. En tout cas, le visiteur de l’exposition n’avait pp. 1−36.
pas un fil directeur auquel se connecter pour comprendre
ce que Duchamp avait bien pu vouloir entreprendre et ce [5] Voir sur « Marcel Duchamp vite » : le texte figures de
pourquoi il est devenu quelqu’un d’indispensable pour styles chez MD.
comprendre l’évolution de l’art moderne vers sa forme https://centenaireduchamp.blogspot.com/2020/04/
contemporaine, telle qu’elle continue à se pratiquer en figures-de-style-chez-marcel-duchamp-94.html
2021.
Marcel Duchamp a besoin d’une réhabilitation clarifiée [6] Voir sur « Marcel DUCHAMP vite » : la vie des stoppages 1
sur la réalité profonde de son travail, tant il est cité, &2:
commenté, approprié pour des raisons souvent opposées https://centenaireduchamp.blogspot.com/2020/05/cod-
à la pensée qu’il a développée. la-vie-des-stoppages-12.html
L’enquête sur le travail de Duchamp ne doit pas se limiter https://centenaireduchamp.blogspot.com/2020/10/cod-
aux trois façons communes de faire de l’histoire de la-vie-des-stoppages-22.html
l’art : les similarités formelles, les éventuelles sources
d’inspirations, la biographie. Si chacune de ces trois [7] Voir sur « Marcel DUCHAMP vite » : « la porte interface ».
sources de renseignement sont tout de même nécessaires, https://centenaireduchamp.blogspot.com/2019/03/la-
c’est par le croisement avec bien d’autres sources qu’on porte-interface.html
peut opérer une véritable histoire. [8]
À savoir même qu’on soit certain des inspirations de MD. [8] Voir Manet, la révolution symbolique, Pierre Bourdieu,
pour telle ou telle production, cela nous renseigne très voir l’approche des différentes cultural studies.
peu sur la signification que MD. y a introduit. Ce n’est pas
parce qu’on connait la source d’inspiration qu’on a la clef
de la signification, d’autant plus avec Marcel Duchamp qui
n’a cessé de jouer avec le signifiant/signifié jusqu’à opérer
des transpositions de sens complètes, avec une totale
coupure du référent.
J’ai le sentiment que Françoise Le Penven et Jacques
Caumont, grands spécialistes et grands enquêteurs sur la
biographie de Marcel Duchamp, se refusent à formuler
la cohérence de la pensée de Marcel Duchamp. Leurs

Vous aimerez peut-être aussi