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Oujaâ trab est un feuilleton dramatique

marocain, sorti en 2006, d’une réalisation


de Chafik Shimi qui a joué notamment le
rôle du héros, côte à côte avec Mohamed
Bastaoui (1954-2014), Amin Ennaji,
Hassan Mediaf, Selwa Eljawhari, Jamila
Elhouni et d’autres… le feuilleton est une
adaptation du roman la Terre (1887) d’Emile
Zola. Les évènements se passent dans un
monde rural où Zola dépeint la relation
entre l’Homme et la terre.
En effet, Shimi tient beaucoup dans ce
feuilleton à représenter le monde villageois,
les problèmes de la terre, la vie et les
relations sociales.
D’autre part, la Terre est un roman d’Emile
Zola, publié en 1887, un véritable chef-
d’œuvre, le quinzième volume de la série
des Rougon-Macquart. Zola nous propose
un portrait féroce du monde paysan, brute,
perverse, âpre au grain et dévoré d’une
passion meurtrière de la Terre.
Il faut noter que Shimi a déjà réalisé des
œuvres similaires, qui s’inscrivent dans le
même cadre, c'est à dire des adaptations.
On peut citer Chouk Sandra qui est une
adaptation du célèbre roman les misérables
de Victor Hugo, et Tarikat El Battach qui est
une adaptation du roman les frères
Karamazov du grand Dostoïevski
Sans doute Oujaâ trab a connu un
succès incomparable d’une ampleur sans
précédent, et si brillamment que certains le
considère comme la meilleure œuvre
dramatique marocaine. Ce n'est pas par
hasard que Oujaâ trab a connu ce succès
qui est dû au fait que le feuilleton est le
fruit d’une belle alliance du roman et de
littérature en général, d’une part, et le
cinéma, de l’autre part. Par-là on peut
comprendre la raison derrière la qualité des
dialogues si représentatifs, et les passages
réalistes que le feuilleton nous présente.
Donc le succès du feuilleton est dû à sa
force qui, bien qu’elle se manifeste dans la
créativité des artistes et l’audace du
réalisateur, est principalement le résultat
de la force de l’œuvre de Zola.
Comme il trait ses personnages comme
un chimiste qui trait une matière très
complexe, Emile Zola nous a transmis une
image réelle de la société plus que le réel.
Zola ne se base pas dans ses écrits
seulement sur l’imagination et les
expériences personnelles, mais plutôt sur
une démarche expérimentale, où il fait une
analyse authentique, objective et
scientifique de la société objet de l’étude. Ce
qui a fructifié le projet des Rougon-
Macquart, qui est l’Histoire naturelle et
sociale d'une famille sous le second Empire,
et qui compte vingt romans qui
s'échelonnent de La Fortune
des Rougon (1871) au Docteur Pascal
(1893).
Zola essaye de dépeindre la vie
villageoise dans toute ses manifestations.
Ce qui est considérable, c’est que Shimi a
arrivé à transporter presque tous les
thèmes du roman, et à transformer
l’histoire d’une famille Française du dernier
du 19éme siècle à une famille Marocaine du
dernier du 20siècle. Et cela montre la
ressemblance et la pertinence des
problèmes de l’humanité.
Donc, pourquoi Zola, et l'Art en général
s'engagent à représenter le mal de la
société? dans quelle mesure Shimi a réalisé
son œuvre? Et qu'ils sont les aspects et les
maux du monde rural que Shimi représente
dans son feuilleton?
Notre projet va être deviser en trois
parties. Dans la première on va s'intéresser
à l'Art en étudiant son objectif, et on va
revenir sur la question de la représentation
du mal dans l'art. Dans la deuxième partie
on va étudier l'adaptation
cinématographique et le rapport entre la
littérature et le cinéma. Dans la dernière
partie on va entamer l'étude du feuilleton
tout en s'intéressant aux thèmes abordés.
I- L'OBJECTIF DE L'ART
1- L'art, révélateur du monde et de la
beauté.
'si le monde était clair l'Art ne serait pas' 1
Albert Camus
Il y a beaucoup de façons pour
représenter le monde certes, mais il y a
beaucoup de façons de voir le monde.
Chacun voit le monde selon sa vision
particulière influencée par sa culture, son
environnement et son histoire… cela fait
d’une certaine façon la subjectivité de
chacun.
Paul Klee dit que « l'art ne reproduit
pas le visible ; il le rend visible »2

1
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe, 1942
2
Article de Joséphine Bindé, sur Paul Klee, le gourou de l'art moderne.
Klee postule clairement que l'art est un
révélateur du monde et indubitablement
l'Art nous aide à voir le monde sous un
nouvel ongle, notamment celui des artistes.
Il est possible que cela soit justement
l'intérêt de l’art. Il peut être une extare, une
possibilité de sortir de soit même, de sortir
de son propre esprit pour aller rencontrer
des visions qui ne sont pas les nôtres, et
qui sont celles des artistes.
« A quoi vise l’art, si non à nous montrer, dans la nature et dans
l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas
explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui
expriment un état d’âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne
seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un
certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et à mesure qu’ils nous
parlent, des nuances d’émotion et de pensée nous apparaissent qui
pouvaient être représentées en nous depuis longtemps mais qui
demeuraient invisibles telle l’image photographique qui n’a pas encore été
plongée dans le bain où elle se révélera. Le poète est ce révélateur […]. Les
grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision
des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes.

» Henri Bergson
3

La vision qu'on a du monde est très


souvent utilitaire parce qu'on cherche dans
3
Henri Bergson, La pensée et le mouvant Essais et conférences. Un document produit en version
numérique par Mme Marcelle Bergeron. P :83
le monde la satisfaction de nos désirs et
nos besoins, l'art va être donc un révélateur
dans la mesure où il permet un rapport
plus contemplatif avec le réel, et dans une
autre mesure où il permet de voir la beauté
du monde.
"On ne voit quelque chose que si l'on en voit
la beauté."4 Oscar Wilde
L'art peut dans un premier temps,
nous enseigner la beauté des choses en les
représentants, c'est-à-dire qu'il peut arriver
qu'on voie la beauté d'un paysage dans un
tableau de Van Gogh, et que l’on ne voit pas
ou l’on ne fait pas attention dans la réalité.
Donc l'Art en représentant les choses, il
peut révéler leurs beautés. Et dans un
deuxième temps, l'Art en révélant la beauté
des choses, il révèle les choses, c'est-à-dire
qu'il révèle le monde.

4
Wilde Oscar, version numérique du: « Le déclin du mensonge », Intentions, 1891, Hugues Rebell
(Traduction)
Oscar Wilde postule que « La vie imite l'art
bien plus que l'art n'imite la vie ».5

Par-là, on peut facilement comprendre


l'aspect de révélation de l'art, c'est à dire la
révélation du monde et même de
l'humanité. En effet, il y a une autre idée
dans le texte de Bergson.
2-l'art, révélateur du l'humanité.
Pour Bergson l'art n'est pas
seulement un médiateur entre moi et le
monde, il peut notamment être un
médiateur entre moi et moi-même, entre
moi et les autres. Alors dans ce cas-là, l'art
est un révélateur de notre humanité.
L’art du roman par exemple, nous permet
de s'identifier à une vision qui n'est pas la
nôtre, et aussi une vie qui n'est pas la
nôtre.

5
Ibidem
Quand on lit Dostoïevski ou Stendal par
exemple, on détecte chez ces écrivains une
capacité à ressentir exactement ce que les
autres ressent, comme s’ils étaient dans
leurs situation. Et donc grâce à l'art, on
peut nous aussi le faire, par le biais de la
lecture.
Donc ces artistes sont des médiateurs.
En effet l'intermédiaire entre un homme et
la vie d'une femme par exemple, peut être
L'immoralité6 de Milan Kundera ou le
personnage d’Emma Bovary7 de Gustave
Flaubert.
Donc un homme peut aussi comprendre
plus ou moins ce que d'être une femme, par
ce qu'il l’était au moins le moment de la
lecture.
Pour conclure en peut dire que l'art
nous permet de voir et notamment de vivre

6
 Un roman de Milan Kundera publié en 1990 en France, dans lequel il a bien décrit les
sensations et les perceptions féminines de l’espace, du temps, du corps et de la vie en
général.
7
Personnage très connue de la littérature française dans le roman “Madame Bovary”
différent. L'art démultiplie notre existence
et nous rapproche d'autrui.

On a vu que l’art a pour fonction de


représenter le monde, par le biais de la
représentation de la beauté. Mais pourquoi
faut-il donc représenter des choses qui sont
laides, douloureuses ou immorales dans
une activité artistique, surtout qu’on vise la
beauté ?
Pourquoi Zola ou encore Shimi ont
cette tendance à représenter la perversité et
les valeurs immorales ? et ces œuvres sont-
elles belles même si elles représentent le
mal ?
II- LA REPRÉSENTATION DU MAL
1- Qu'est-ce que le beau dans l'art ?
Avant de chercher pourquoi l'art
représente le mal, il faut se demander c'est
quoi une œuvre d'art belle ? Qu'est-ce que
le beau dans l'art ?
Pour Aristote, l'artiste n'est pas sensé de
créer, mais plutôt de reproduire. Donc
l'artiste doit reproduire ce qu'il voit
naturellement dans la vie réelle, que ça soit
des réalités belles ou laides. Pour lui la
valeur pour juger la beauté d'une œuvre
d'art, ce n’est pas le sujet qu'elle représente
mais l'exactitude avec laquelle elle est
reproduite. Pour lui l'artiste doit reproduire
« avec la plus grande exactitude ce qui
s'offre à notre perception dans la nature »8..
Par-là, la plus belle œuvre d'art c'est celle
qui est plus à l'image de la vie réelle, c'est
la plus représentative de ce qu'on perçoit
dans le réel.
Hegel a postule dans l'Esthétique que le
Beau est la révélation du réel.
2- la perversité est à l'image du réel
En apparence, pour produire de la beauté
dans l’art, il faut simplement représenter
des réalités qui sont belles par elles-mêmes,

8
Aristote, Métaphysique, 1904
mais ce n’est pas du tout la solution que
nous propose Baudelaire. En effet, il y a
une citation largement connue de
Baudelaire, où il fait une opposition
métaphorique entre la boue et l’or, il dit :
« j’en ai pétrit de la boue et j‘en ai fait de
l’or » ou encore quand il s’adressait à Paris,
il a dit : « tu m’a donné de ta boue et j’en ai
fait de l’or »9
Il décrit dans cette phrase l'activité
artistique s'appliquant à tous ce qui peut
être désigner métaphoriquement comme la
boue10, c’est-à-dire, l’ensemble des aspects
du réel qui peuvent nous repousser ou voir
nous heurter.
Baudelaire oppose deux esthétiques
de l’art, une qui a tendance à minimiser le
mal-être et la perversité humaine, c'est une
esthétique de la beauté morale.
Et une autre qui, contrairement décrit
pleinement ce mal-être et cette perversité,
9
1861 - Charles Baudelaire, Ébauche d’un épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal
10
La boue là c’est à la fois laideur dans le sens physique et morale, la laideur morale inclue la perversité, la
souffrance psychologique, le mal être ou le spleen.
esthétique que Baudelaire qualifie de
moderne.
Baudelaire s'exprime clairement sur
ce sujet dans un texte qui est absolument
fondamentale, un texte extrait de son
article sur Théodore De Banville :
 « Jusque vers un point assez avancé des temps modernes, l’art,
poésie et musique surtout, n’a eu pour but que d’enchanter l’esprit en lui
présentant des tableaux de béatitude, faisant contraste avec l’horrible vie
de contention et de lutte dans laquelle nous sommes plongés.
Beethoven a commencé à remuer les mondes de mélancolie et de
désespoir incurable amassés comme des nuages dans le ciel intérieur de
l’homme. Maturin dans le roman, Byron dans la poésie, Poe dans la poésie
et dans le roman analytique, l’un malgré sa prolixité et son verbiage, si
détestablement imités par Alfred de Musset ; l’autre, malgré son irritante
concision, ont admirablement exprimé la partie blasphématoire de la
passion ; ils ont projeté des rayons splendides, éblouissants, sur le
Lucifer latent qui est installé dans tout cœur humain. Je veux dire que l’art
moderne a une tendance essentiellement démoniaque. Et il semble que
cette part infernale de l’homme, que l’homme prend plaisir à s’expliquer à

lui-même, augmente journellement […]  »11

On ne va pas s’attacher à l'analyse de ce


texte, on peut bien se contenter de dire que
pour Baudelaire, l'esthétique de la beauté
morale est fondamentalement incomplète, à
son sens c'est une esthétique dans laquelle
11
Charles Baudelaire, L'art Romantique, 1868, chapitre VII
il y a beaucoup de simplisme ou encore de
naïveté. Exclure tous ce qui est laid est une
tromperie qui au fond ne dupe personne car
elle n'est pas à l’image de la vie réelle.
La raison pour laquelle il faut représenter le
mal dans l’Art est parce que, d’après
Baudelaire, cette tendance au mal est
naturelle en Homme et elle doit être
reconnue et représentée parce qu’elle a sa
propre beauté.
1.L’adaptation cinématographique
1.1. Définition
Depuis de nombreuses années, l’adaptation
cinématographique était connue comme
étant une pratique commune dans
l’industrie du cinéma. Elle prend une
histoire écrite sous forme de livre, roman,
pièce de théâtre… et de la transformer en
un produit cinématique (film ou série
télévisée).
L'adaptation est un travail effectué à partir
d'une œuvre littéraire : le roman par
exemple -qui est la source du feuilleton
objet de notre étude- ou un autre sujet
pour le transformé en œuvre
cinématographique.
1.2. Ses difficultés
L’adaptation est une tâche difficile. Et la
difficulté devient encore plus grande quand
il s’agit de préparer non seulement un film,
à partir d'un roman, mais soixante épisodes
d’une série télévisée. La difficulté de cette
pratique se manifeste encore dans la
mesure où elle implique de
nombreuses décisions créatives et
techniques pour transformer l'histoire
originale en un produit cinématographique
cohérent et convaincant. Certaines des
difficultés les plus courantes sont la
création d'une structure cohérente : Shimi
avait affaire a un roman de 700pages et
qu’il faut transmettre en une série complète
de deux parties tout en gardant la même
structure du roman.
Le choix des éléments à inclure ou exclure :
Shimi dans sa démarche n’a pas exclue
certains éléments qui se ne matchent pas
avec l’identité marocaine mais il les a
parfaitement remplacés.
Le maintien de la fidélité à l'œuvre
originale : à ce stade là on peut dire que
Shimi s’est ménager pour rester fidèle le
plus possible au travail de Zola, et on peut
dire que toutes les modifications ont était
faites pour adéquater le texte a
l’environnement marocain.
1.3. Ses types
Lorsqu'un livre, une histoire vraie ou une
pièce de théâtre est adapté pour le cinéma,
le cinéaste peut choisir de rester fidèle ou
de modifier l'œuvre originale. Cela peut
apporter des effets sur l'accueil du public et
la réussite du film. Voici les types les plus
connus d'adaptation cinématographique :
1.3.1. L'adaptation fidèle :
L'adaptation fidèle consiste à rester aussi
proche que possible de l'œuvre originale.
Cela peut être fait en utilisant le même
dialogue, en gardant les personnages et les
événements dans le même ordre. Les
avantages d'une adaptation fidèle sont que
le film peut être considéré comme une
interprétation authentique et que le public
de l'œuvre originale sera satisfait. De l’autre
cote, les cinéastes peuvent être limités dans
leur créativité qui rende le film plus
cinématographique
1.3.2. L'adaptation infidèle :
En revanche, une adaptation
cinématographique infidèle modifie
amplement l'œuvre originale, que ce soit
par des changements dans l'histoire, les
personnages ou les thèmes. Les adaptations
infidèles cherchent à changer l'histoire
originale pour s'adapter à un nouveau
public.
2. Le rapport cinéma littérature
L’adaptation peut être encore définit
comme étant « l’opération qui consiste à
recomposer une œuvre dans un mode
d'expression différent de celui de l'original
»12 Alain Garcia
Donc c'est la transposition d'un mode
d'expression vers un autre, et d'une
référence à l'autre. Ainsi en peut considérer
que l'adaptation est un intermédiaire entre
les deux mondes ; le monde d'écrit c'est à
12
Alain Garcia, L’adaptation du roman au film Broché, 2000 Paris, 1986
dire la littérature et le monde de l'image qui
est le cinéma, qui sont comme l’a dit hdjdj
« Deux trains qui se croisent sans arrêt »13

Oujaa trab est un feuilleton qui a met


l’accent sur une famille qui représente la
rudesse de toute une société, la cruauté des
cultivateurs qui sont prêts à étendre leur
patrimoine, leur goût et leur besoin de
chicane et les haines cachées et rancœurs
13
Jean-Louis Leutrat, Cinéma & Littérature, le grand jeu
qui déchirent leur famille. La cruauté de
cette société nous pousse à poser plusieurs
questions dont la réponse sera toujours : la
Terre
1- La Terre

La Terre est « à la fois le titre le plus simple


et le plus ouvert aux symboles »14Henri
Mitterrand

Quand on analyse oujaa trab on distingue


une tentative de la part de réalisateur de
construire une vision tragique et mythique
du corps à corps entre le paysan et sa terre.
Une vision d’un amour fusionnel entre le
l’homme et la terre où le paysan devient
l’amant brutale, possessif et jaloux et la
terre devient le personnage et l’acteur
principale des évènements qui donne la vie
et la reprend. Sidi Ahmed a décidé de
14
partager ses bien avant sa mort la chose
inaccoutumée dans la société marocaine et
que Al-Kabira considérait comme faiblesse
et trahison. Une décision cruciale qui
déclenchera une série d’événements qui
amènera toute une famille vers un sort
tragique.

1- L’héritage

Le thème de l’héritage fut


considérablement représenté dans le
feuilleton oujaa trab. Shimi a essayé
d’emprunter à l’héritage la vertu de la
racine de tous les maux, L’héritage a était
derrière la montée des rancœurs qui
s’accumulent dès le début du feuilleton et
qui laisse deviner une fin tragique.
Commençant par le comble de Al-Kabira et
son frère Sidi Ahmed contre leur petit frère
Al-Zaiim pour qu’ils puissent disposer de la
grande partie des biens de leur père. En
arrivant à des membres de famille qui se
déchirent autour de l’héritage : entre un
père qui pas encore mort mais qui essaye
d’arranger les choses auparavant pour
l’amour de sa « femme »15 qu’il ne peut plus
prendre soin d’elle, le fils ainé, un pervers
que l’alcool et tous sa préoccupation. Une
fille mariée et qui profite d’une vie aisée
avec son mari, mais qu’elle veut tirer le
maximum des biens de son père. Et enfin le
personnage le plus compliqué, un paysan
caractérisé d’un amour de la terre,
l’entêtement, la brutalité et la violence de
son père. Un déchirement au sein de la
famille et une insatisfaction des membres
de famille de la part de l’héritage, et en
conséquence : des promesses non tenues,
des parents abandonnés, et un fils
impudent qui va jusqu’à tuer sa mère et
des fils qui se comblent pour tuer leur
père.16

La mort
La mort est paradoxalement évoquée dans
le feuilleton pour une société viscéralement
attachée à la vie. La mort est effrayante
pour les vivants, ils sont seuls qui sentent
15
C’est une métaphore largement utilisée par Sidi Ahmed qui considère la terre comme la femme
16
Sauvé de ce comble par Shimi, le père dans le roman a eu un mort tragique.
sa terreur. « Quand nous existons la mort
n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous
n'existons pas »17 Epicure
La mort peut être une trahison comme la
mort de la femme de Sidi Ahmed, qui l’a
laissé seul dans une période intensément
difficile, une stupide excuse pour se
débarrasser de la cruauté de la vie. Mais la
mort peut être également une délivrance
dans le cas de Al-Zaiim.
Mais on ne va pas analyser la mort et ce
qu’elle est. Mais on va mettre l’accent sur
un pétrin des temps immémoriaux :
1-quoi faire d’un mort :
Depuis les temps les plus reculés, l'homme
a toujours accordé une grande importance
à la manière dont il s'occupe de ses morts.
Les rituels funéraires varient à travers les
cultures.
Oujaa trab dépeint comment la société
marocaine s’occupe de ses morts. Et c’est
tout un rituel qui est intéressant à
analyser. Au Maroc, des heures après la
mort de quelqu’un on entend des
lamentations qui sont des cries
généralement exprimées par des femmes.
17
Et ce qui est captivant c’est qu’ils peuvent
prendre des formes de cris de tristesses
mais aussi des chants mélancoliques
singulières. Ce n’est pas que les femmes qui
lamentent leurs défunts. Il faut le dire au
Maroc ils existent des hommes qui
pratiquent la lamentation comme métier et
on les appelle des « mrouda ».
Généralement c’est une équipe d’hommes et
femmes « » qui sont engagées pour exprimer
la douleur lors des funérailles et aider les
familles endeuillées à extérioriser leur
chagrin.
Pour honorer les défunts il faut les enterrer
sans tarder, c’est une philosophie
emprunter de l’Islam, une religion qui a vu
le jour dans le désert, où la chaleur intense
peut avoir des conséquences sur la
conservation du corps, en conséquence il
est obligé de procéder à une inhumation
rapide après le décès. En outre,
l'enterrement rapide peut apaiser le deuil
des familles. Il permet aux proches de
rendre hommage rapidement, pour faciliter
le processus de deuil et le début du
processus de guérison émotionnelle.
Les rituels jouent un rôle essentiel dans le
processus de deuil pour trouver du
réconfort.

Conclusion

En guise de conclusion, on peut dire que


Zola avec sa vision naturaliste a s’engagé à
représenter les maux du monde rurale, ce
que Shimi a parfaitement adapter avec
fidélité et adéquation pour le feuilleton
oujaa trab qui reste une des meilleures
œuvres dramatiques marocaines avec des
dialogues profonds et un scénario qui
touche les détails de monde rural. C’était la
première fois que le drame marocain arrive
à toucher la profondeur de la sociologie et
de la vie et la mort. Mais rien n’est parfait,
Chafik Shimi, le créateur de ce chef-
d’œuvre a quitté le Maroc accusé de
plusieurs vols de corruption ou encore
d’accusations d’harcèlement sexuel.

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