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Correction dissertation Baudelaire

Je n'ai rien à dire sur

– la démarche de l'exercice, bien comprise


– les codes de l'exercice, déjà globalement acquis
– l'envie de bien faire, le sérieux et le travail fourni

Bref, votre première dissertation est encourageante : je suis plutôt content...

Pour vous améliorer

Écrire une bonne introduction

1) Une entrée en matière qui doit déjà faire le lien avec le sujet sinon c'est du bla-bla sans
intérêt (De tout temps, l'homme a écrit des poèmes...)

Deux solutions possibles :

a) la solution « standard » : on part de l’œuvre de Baudelaire que l'on présente sous l'angle du sujet.

Exemple :

En 1857, lorsque Charles Baudelaire fait paraître Les Fleurs du Mal, le recueil connaît
immédiatement un succès de scandale. Il faut dire que le public, lecteur d'une poésie romantique,
n'est guère habitué à un rapport si cru avec le réel. En effet, Baudelaire n'hésite pas à convoquer
dans ses poèmes les éléments les plus déplaisants du monde qui l'environne : prostituées, amours
saphiques, sexualité, ville de Paris dans ses aspects les plus misérables. Le recueil est alors
condamné et six pièces doivent en être retirées.

b) la solution « améliorée » : on part d'un exemple précis du recueil, par exemple « Une charogne »,
ou mieux un poème moins connu

Exemple :

« Une charogne » est une des six pièces des Fleurs du Mal, recueil que Charles Baudelaire
fait paraître en 1857, à être condamnée par la justice et à valoir à son auteur un procès retentissant.
En effet, à la lecture du poème, on ne peut qu'être frappé par le rapport inédit à la réalité de la mort
qu'il propose : celle-ci n'est pas édulcorée, bien au contraire, puisqu'elle est décrite dans ses aspects
les plus concrets, choquants et déplaisants, en un mot « réalistes ».

2) Une présentation du sujet et une problématique en lien avec l'étape 1) = « donc, ainsi, c'est
pourquoi » explicitent ce lien

Exemple :

Toutefois, réduire Les Fleurs du Mal à un recueil de poèmes réalistes serait caricatural, puisqu'il
existe bien souvent chez Baudelaire autre chose. C'est pourquoi nous devons nous interroger sur les
rapports que le poète entretient avec la réalité : se propose-t-il uniquement de rendre compte de son
environnement et de sa réalité personnelle ou bien va-t-il plus loin, en dépassant le réel et en le
sublimant par le recours à l'imaginaire, par exemple? En d'autres termes, comment un compte-rendu
fidèle du réel peut-il être le point de départ d'une transfiguration de ce même réel, au terme d'un
travail poétique exigeant ?

3) Une annonce du plan = on dit simplement l'ordre des thèses à défendre

Exemple :

Dans un premier temps, nous examinerons les différentes facettes que la réalité peut prendre dans
l’œuvre baudelairienne et pourquoi en rendre compte fidèlement constitue une première démarche
poétique. Puis, dans un second temps, nous nous pencherons sur les modalités d'une transfiguration
de la réalité et sur ce qu'elles impliquent dans Les Fleurs du Mal.

Pour vous améliorer

1) Bien répéter la thèse défendue au début de chaque grande partie


2) Bien indiquer l'ordre des différents arguments par un connecteur adéquat et simple : d'abord,
ensuite, enfin...
3) Écrire une transition entre I. et II. : on redit ce que l'on vient de démontrer (synthèse) et on
annonce ce qui va suivre. (ce qui n'empêche pas de reformuler encore sa thèse au début du
II.)

Quelques arguments possibles dans le devoir (je ne les développe pas autant que si je faisais un vrai
devoir...) = correspond plus à ce que je ferais sur mon brouillon

I. Baudelaire est un écrivain qui rend compte de la réalité et de son environnement, tels quels.

1. Baudelaire est un écrivain mais aussi un homme qui vit au milieu du monde réel. Ainsi, il
retranscrit son expérience au monde. Il y a donc forcément une part autobiographique dans
le recueil. La volonté de B. est de montrer son monde (Paris au XIXe siècle) tel qu'il est,
même si le réel est parfois cru ou désagréable. → un exemple de poème où on voit le poète
marcheur dans la ville qui témoigne de « choses vues ».
2. B. montre donc le monde tel qu'il est, certes, mais aussi et surtout son rapport personnel
avec lui et l'impact souvent négatif de l'environnement extérieur sur son environnement
intérieur (je parle de sa psychologie, son état d'esprit, son moral). C'est par exemple le
moment d'évoquer le Spleen baudelairien. B. veut échapper au monde réel, atroce pour lui
« Anywhere out of the world » (ça, c'est dans les poèmes en prose...). Voir alors le rôle de la
poésie comme moyen d'échapper au monde, à la foule parisienne oppressante, et comme
moyen de dompter ses angoisses pour pouvoir (au moins temporairement) s'en guérir. → un
exemple de poème décrivant le Spleen (et pas forcément Spleen 4...)
3. Le dernier argument doit prendre un peu de « hauteur » et être un peu plus « élaboré ».
S'interroger, par exemple, sur la volonté de rupture de B. avec le lyrisme romantique qui
constitue le gros de la production poétique de l'époque (Victor Hugo publie Les
Contemplations en 1856...). Prendre à bras le corps la réalité dans ce qu'elle a de plus
choquant (c'est un peu la fameuse « boue ») et la restituer au lecteur dans une nouvelle
forme de lyrisme, qui ne serait pas édulcoré, mais poétique quand même (je commence à
parler, l'air de rien de l'alchimie poétique). → un exemple de poème avec une réalité
choquante mais où cela reste lyrique (une des 6 pièces condamnées fera l'affaire, Les bijoux,
par exemple)

A cet endroit-là doit se trouver une transition qui jette un pont entre la thèse (I.) et l'antithèse (II.) :
nous verrons cela bientôt...
II. Baudelaire et la transfiguration de la réalité, ou comment la réalité brute n'est en fait qu'un
point de départ pour le poète, un matériau dont il se sert pour le dépasser par le travail
poétique entre autres

1. La réalité comme source de fantasmes, de rêve, d'imaginaire. Elle peut être le point de
départ d'une rêverie poétique. C'est un moyen d'échapper au réel en laissant son imagination
prendre le dessus. Dans le recueil, la part de rêve, de fiction, d'imaginaire est importante. →
Prendre comme un exemple un poème où il part de ce qu'il voit et où cette vision se
transforme parce qu'il laisse son imagination divaguer. Un poème sur les femmes ou le
poème « Paysages » illustre assez bien cette idée. Pourrait aboutir à l'idée que le rêve ou
l'imagination est peut-être parfois plus réel(le) que la réalité elle-même. Je veux dire que
lorsqu'on rêve quand on dort, parfois, au réveil, on a l'impression que c'est réel (et puis
après, cette impression se dissipe)
2. Il existe une réalité sensible (perçue par nos sens) mais n'est-elle pas trompeuse ? La
fonction du poète n'est-elle pas d'aller au-delà des apparences et de nous révéler une réalité
supérieure qui dépasse ce que l'on voit tous ? Le poète est une sorte de voyant. → Par
exemple, c'est celui qui peut nous ouvrir à une toute nouvelle forme de beauté parce qu'il
sait voir, lui. « La mendiante rousse », en fait, est belle derrière ses haillons. Le poète nous
propose sa propre réalité, qui est autre. Dans « Correspondances », c'est la même chose : être
attentif à ses sensations, ressentir le croisement des sens, permet de révéler une autre
manière de voir le monde et comprendre que la nature communique avec nous dans un
langage mystérieux qu'il nous faut apprendre à déchiffrer...
3. En dernier, le plus important, si je n'en parle pas je rate le sujet, quand même... C'est
l'alchimie poétique et j'explique longuement ce que c'est... La poésie, le langage poétique
comme opération quasi-magique de transfiguration de la réalité, de transmutation de la boue
en or (j'explique la métaphore de ces deux concepts = ne faites pas comme si je savais déjà
ce que c'est). Plus la réalité est détestable (au sens large) plus elle me permet d'exercer sur
un elle un travail poétique > donner au lecteur un accès à l'Art, à l'esthétique, à la Beauté,
c'est-à-dire à une forme d'Idéal. Les exemples ne manquent pas.

Pour vous améliorer

Pour chaque paragraphe

Vous devez rééquilibrer la part analyse argumentée / exemple = 50/50. C'est pourquoi un exemple
développé suffit en principe... L'argumentation ne peut se limiter à une phrase dite au début du § et
après on prend des exemples... Il faut vous creuser la tête et tout expliquer au correcteur. Une
citation par-ci, par-là, oui, mais ne pas abuser non plus. Il vaut mieux expliquer votre exemple
qu'une citation pas expliquée.
Un exemple : c'est le premier § du développement = I. 1.

Baudelaire est un poète qui, dans Les Fleurs du Mal, prend largement appui sur la réalité qui
l'environne. Tout d'abord, un poète est aussi un être humain qui ne peut pas écrire sur rien ou à
partir de rien : il se base forcément sur ce qu'il vit et le poème est avant tout un compte-rendu de son
expérience au monde. Il existe un filigrane autobiographique assez net dans le recueil et on ne peut
pas ne pas l'envisager comme un témoignage de ce qu'a vécu Baudelaire dans sa vie réelle. Ainsi, le
recueil s'inscrit dans un espace vrai et une temporalité contemporaine de l'auteur : Baudelaire est un
marcheur, un arpenteur de la ville de Paris, au XIXe siècle, dont il rend compte des laideurs, des
misères ou des transformations à l'aune des progrès techniques ou politiques dont il est le témoin.
Des passants sont croisés au fil des errances, et en vertu des sensations ou des sentiments qu'ils
occasionnent, ils deviennent sujets poétiques. Ce sont, par exemple, les rencontres féminines d'une
« Passante » ou d'une « Mendiante rousse », qui sont l'objet de fulgurances sentimentales chez
l'auteur. La « Mendiante rousse », outre l'observation purement sociologique d'un sujet misérable
(« Blanche fille aux cheveux roux », « Ton jeune corps maladif ») permet à l'auteur de porter une
attention toute particulière à une réalité ignorée par le bourgeois du XIXè siècle. Cette réalité est
restituée dans toute sa complexité puisque le poète est aussi celui qui sait voir la beauté réelle de la
jeune mendiante derrière une apparence. L'envol lyrique qui clôt le poème (« Ô ma beauté ! »)
laisse une trace à la fois d'une « chose vue » et d'un élan généreux et sentimental du poète à son
endroit, à un moment précis. Ainsi, la réalité, pour Baudelaire, est un sujet d'inspiration et le poème
lui permet d'en faire une restitution extérieure (l'observation) comme intérieure (ses propres
sentiments du moment).

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