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Cette dualité, qui confronte au fil du texte richesse et pauvreté et qui se voit contester par la
fraternisation finale des deux enfants, permet en effet au poème d’œuvrer comme un apologue.
Baudelaire, qui choisit chaque fois un enfant unique pour évoquer ces deux mondes, propose au
lecteur la mise en scène de deux enfants, évoquant l’innocence, ils ne savent rien de leur classes
sociales ni de leur différences, cependant ils en sont les représentants dans ce poème. L’article
indéfini « un » qui introduit les groupes nominaux « un enfant beau »(l.13) puis « un autre sale »
(l.22) , adopte une valeur générique. La métonymie des « barreaux symboliques »(l.25) évoque
l’idée d’une barrière infranchissable entre ces deux univers qui se voit finalement franchie,
enfreindre par les regards et les rires des enfants. Le groupe prépositionnel « A travers »(l.25) ainsi
que les verbes « montrait à »(l.26) ou « se riaient »(l.30) signifient en effet que ces univers ne
demeurent pas infranchissables.
Mais ces « barreaux symboliques »(l.25) instaurent finalement une autre frontière, celle qui sépare
un monde inerte, sans vie, artificiel ainsi que le suggère la métaphore du « spectacle »(l.15) , d’un
univers plus vivant. Force est de constater que le petit riche, à l’image du rat, vit dans « une boîte
grillée » (l.28) . Les accumulations qui accompagnent sa description et celle de son jouet, évoquent
un enfant prisonnier de son château, de ce cadre luxueux mais fermé et figé. L’insouciance et
l’ennui qu’il porte a son habitat, et a ses jouets, le démontre également, cet enfant paraît blasé et ne
s’amuse pas. Le pauvre, à l’inverse est sur la route au milieu « de chardons et d’orties »(l.21) qui
sont des mauvaises herbes qui connote la liberté et l’indépendance. L’enfant riche est comme privé
d’enfance. Le verbe « gisait »(l.18) témoigne de cet ennui et condamne le jeu à une mort
symbolique. De cette façon, le poète dévalorise ce jouet et minimise les bienfaits du luxe et de
l’abondance. C’est le rat qui l’emporte face à la poupée inanimée, précisément parce qu’il est
vivant. On peut donc appréhender ce récit comme le corps d’un apologue. Baudelaire a recourt à
une mise en scène orchestrée par un jeu de contrastes pour dramatiser son point de vue.
Le dénouement de ce récit réside alors dans l’effet de chute ménagé par les deux dernières lignes
qui opèrent comme une morale implicite. Ces personnages, que tout semblait opposer, se
rapprochent finalement grâce a leur innocence et leur jouet. L’emploi du verbe rire dans une
formule de réciproque, « se riaient l’un à l’autre » (l.30) , traduit l’idée d’une complicité. L’adjectif
« égale »(l.31) , quant à lui, anéantis en partie leurs différences pour souligner que ces deux enfants
reste avant tout des humains. Ajoutons à cela que si le poète recourt au monde de l’enfance pour
rappeler l’humanité naturel de chaque être, peut importe leur classe sociale, c’est aussi parce que cet
âge innocent les protège au moins en partie des préjugés sociaux. Ils n’en n’ont peut être pas
conscience…
Pour conclure, dans l’analyse du poème où nous avons vu tout d’abord comment Baudelaire arrive à
souligner les différences sociales et les faire se contraster en formant un tableau en diptyque ;
notamment grâce à la description du cadres de vies, des enfants et de leur jouets. Par la suite nous
avons vu comment se poème se transforme en apologue ; avec les différents personnages qui
représentent figurativement les deux classes sociales. Nous pouvons ainsi en démontrer que ce jeu
de contraste ainsi que la construction du poème avec le mode du diptyque permet la création d’un
apologue. Grace à ces deux enfants Baudelaire arrive à nous donner le regard du petit riche,
comprendre l’allégorie du texte et a passer outre la barrière séparant les deux mondes affin de
rétablir, la chose la plus importante, l’humanité. Comme Victor Hugo, auteur des Contemplations et
des Misérables, Baudelaire s’engage dans ce poème a travers des enfants pour faire comprendre le
sens de l’humanité.