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Le XIXe siècle est marqué par de profondes transformations politiques, sociales et culturelles, qui

bouleversent le paysage littéraire. Parmi les écrivains qui cherchent à rendre compte de leur époque,
Alfred de Musset se distingue par son style élégant et passionné, qui mêle poésie et prose, lyrisme et
ironie, réalisme et romantisme. Il publie en 1831 La Confession d’un enfant du siècle. Nous nous
demanderons quel portrait de la jeunesse de son époque Alfred Musset brosse-t-il. Nous verrons
d’abord que cette jeunesse est aux prises avec une temporalité insupportable. Nous montrerons
ensuite qu’elle est une génération sacrifiée, qui souffre d’une abominable maladie morale et qui se
heurte à un univers matérialiste. Nous analyserons enfin des enfants du siècle pour la prospérité.

Tout d’abord, le narrateur montre que la jeunesse de son époque est marquée par le traumatisme
de la guerre, qui a détruit le monde ancien et ses valeurs. Les jeunes gens sont nés « au sein de la
guerre, pour la guerre » (l. 2), ils ont été élevés dans « le mépris de la vie » (l. 4) et ont rêvé de gloire
et de conquête à travers les campagnes napoléoniennes. Cette phrase est une accumulation de
propositions coordonnées par « et », qui souligne la violence et l’ambition de cette génération. Le
terme « mépris » est un mot péjoratif, qui exprime le dédain et le rejet de la vie. Mais ces rêves se
sont effondrés avec la chute de l’Empire et la Restauration, qui a rétabli l’ordre monarchique et
absolutiste. Les jeunes gens se sentent alors trahis et déçus par le passé, qu’ils rejettent comme un
« passé à jamais détruit » (l. 10), plein de « ruines » (l. 1 et 10) et de « fossiles » (l. 11). Cette phrase
est une antithèse entre le passé et le présent, qui crée un contraste entre ce qui était et ce qui est.
Les termes « ruines » et « fossiles » sont des métaphores, qui renvoient à l’idée de mort et de
décomposition du passé. Ils n’ont plus de foi ni de respect pour l’histoire, qu’ils considèrent comme
une succession de mensonges et de violences. Ils n'ont pas non plus de racines ni d’identité, car ils
sont coupés de leur milieu d’origine, dont ils n’ont pas exploré les richesses : « Ils n’étaient pas sortis
de leurs villes » (l. 5). Cette phrase est une négation, qui souligne le manque et l’isolement de ces
jeunes gens.

Ensuite, le narrateur montre que la jeunesse de son époque est confrontée à un avenir incertain et
indéfini, qui ne lui offre pas de perspectives ni de projets. Les jeunes gens sont attirés par l’avenir,
qu’ils voient comme « l’aurore d’un immense horizon » (l. 11), « les premières clartés de l’avenir » (l.
12), mais ils ne savent pas ce qu’il leur réserve ni comment l’atteindre. Ils sont comme Pygmalion, qui
aime une statue de marbre, Galatée, qu’il espère voir s’animer : « L’avenir, ils l’aimaient, mais quoi ?
comme Pygmalion Galatée » (l. 20-21). Cette phrase est une comparaison, qui rapproche deux
éléments. Elle crée une image forte et poétique, qui exprime le désir et l’illusion de ces jeunes gens.
Ils attendent que l’avenir se révèle à eux, que le sang colore ses veines, mais ils ne font rien pour le
provoquer ou le construire. Ils sont dans une attitude passive et contemplative, qui les empêche
d’agir et de se réaliser. Ils sont aussi dans une situation ambiguë et paradoxale, car ils sont à la fois les
« fils de l’Empire et petits-fils de la Révolution » (l. 18), héritiers de deux mouvements contradictoires,
qui ont marqué le début et la fin du siècle. Cette phrase est une antithèse, qui oppose deux termes
ou deux idées, qui exprime le conflit et la confusion de ces jeunes gens. Ils ne savent pas s’ils doivent
suivre l’exemple de leurs aînés ou s’en démarquer, s’ils doivent continuer la lutte ou accepter la paix,
s’ils doivent être fidèles à la nation ou à l’individu.

Enfin, le narrateur montre que la jeunesse de son époque est dégoûtée par le présent, qu’elle
trouve vide et médiocre, sans idéal ni sens. Les jeunes gens sont déçus par le présent, qu’ils appellent
« l’esprit du siècle » (l. 22), et qu’ils décrivent comme un être monstrueux, « ange du crépuscule » (l.
22), « moitié momie et moitié fœtus » (l. 26), assis sur un « sac de chaux plein d’ossements » (l. 23).
Cette phrase est une métaphore, qui rapproche aussi deux éléments . Elle crée une image sombre et
grotesque, qui exprime le dégoût et l’horreur de ces jeunes gens. Ils sont horrifiés par le présent,
qu’ils comparent à une morte vivante, « la fille d’un vieux comte de Sarverden, embaumée dans sa
parure de fiancée » (l. 27-28), dont la tête tombe en poussière au milieu des fleurs d’oranger. Elle crée
une image macabre et ironique, qui exprime la tristesse et l’absurdité de ces jeunes gens. Ils sont
indifférents au présent, qu’ils réduisent à un « rien » (l. 32), une négation de tout ce qui fait la valeur
de la vie humaine, le ciel, la terre, la foi, l’espérance, l’amour. Cela étant une antithèse, qui oppose
deux termes ou deux idées, qui exprime le vide et le nihilisme de ces jeunes gens. Ils sont divisés par
le présent, qui crée deux camps opposés, les « esprits exaltés » (l. 36), qui se réfugient dans les rêves
et les larmes, et les « hommes de chair » (l. 39), qui se contentent des plaisirs matériels et du rire.
Cela fut une autre antithèse, qui exprime le contraste et le conflit de ces jeunes gens. Ils sont
prisonniers du présent, qui les enferme dans un « océan d’amertume » (l. 37), sans issue ni horizon.
Cette phrase crée une image oppressante et désespérée, qui exprime le malaise et l’impuissance de
ces jeunes gens.

Alfred Musset brosse un portrait sombre et désabusé de la jeunesse de son époque, qui souffre du
mal du siècle. Il décrit cette jeunesse comme une génération sacrifiée, qui n’a plus de repères ni de
projets, qui rejette le passé, qui doute de l’avenir et qui méprise le présent. Mais peut-on voir le mal
du siècle dans un personnage de roman fantastique tel que Sage ? Sage étant un personnage de la
série les chevaliers d‘émeraude d’Anne Robillard publié de 2007 à 2012. Sage a été rejeté par son
père et sa mère d’une certaine façon, et se révolte donc contre le monde. Son passé n’est qu’un lien
avec son père qu’il souhaite tuer, celui qui conquérit tous les territoires, un par un, par la force Le
présent l’enferme dans un endroit inconnu où il ne se sent pas chez lui et son avenir n’a rien de
brillant si ce n’est sortir de là, car il est rejeté par cette petite communauté parce qu’il est le fils d’un
homme-insecte.

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