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Séance : lecture linéaire 9 (la mort de Manon)

Pardonnez, si j'achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous


raconte un malheur qui n'eut jamais d'exemple. Toute ma vie est destinée à le
pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme

semble reculer d'horreur, chaque fois que j'entreprends de l'exprimer./

Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma


chère maîtresse endormie et je n'osais pousser le moindre souffle, dans la
crainte de troubler son sommeil. Je m'aperçus dès le point du jour, en touchant
ses mains, qu'elle les avait froides et tremblantes. Je les approchai de mon sein,
pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les
miennes, elle me dit, d'une voix faible, qu'elle se croyait à sa dernière heure. Je
ne pris d'abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l'infortune, et je
n'y répondis que par les tendres consolations de l'amour. Mais, ses soupirs
fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains, dans
lesquelles elle continuait de tenir les miennes me firent connaître que la fin de
ses malheurs approchait. N'exigez point de moi que je vous décrive mes
sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la perdis ; je
reçus d'elle des marques d'amour, au moment même qu'elle expirait. C'est tout

ce que j'ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement./

Mon âme ne suivit pas la sienne. Le Ciel ne me trouva point, sans doute,
assez rigoureusement puni. Il a voulu que j'aie traîné, depuis, une vie
languissante et misérable. Je renonce volontairement à la mener jamais plus
heureuse.
Comment la mort de Manon est-elle présentée dans cet extrait ?

MVT 1 : l’annonce d’un malheur attendu

impératif présent+passage aux temps du discours : présent


d’énonciation+pronom perso : adresses directes à Renoncourt ( destinataire de la
lettre), mais le narrateur nous vise en fait : crea° rela° de proximité, pour qu’on
devienne des confident pour DG => tonalité pathétique

texte : vocab de la narration : Dg n’est plus en position de personnage mais en


narrateur extérieur.

:PSR+périphrase hyperbolique : évite de désigner la mort de M explicitement

métonymie « mon âme » pour lui+euphémisme+PSCCT « chaque fois que » :


désespoir de DG, ne parvient pas à dire les choses, les mots lui manque.
L’interruption du récit suscite la curiosité

effet de dramatisation, crea°d’une attente du récit de la mort de M

MVT 2 : le récit pathétique de la mort de Manon

plus-que-parfait+imparfait, formation analepse : retour au passé, le récit reprend.

Vocab du sommeil+ euphémisme pour dire la mort de M : DG n’arrive pas à


exprimer le décès de M, les figure de style adoucisses le propos. Manière d’exprimer
le déni qui l’a rattrapé face à cet événement.

hypotypose+énumération des actions : récit très détaillé, jouant sur la fibre


émotionnelle, coté pathétique. La multitude de détail montre que le narrateur
s’attarde sur ses derniers instants de vie plutôt que dire la fin

texte : vocab de l’amour courtois : DG et M sont au sommet de leur Amour, DG se


présente en chevalier protecteur servant sa dame, héro chevaleresque.

Gradation tout le long du texte, « tranquillement » adv qui donne impression


de paix ; « croyais » V modalisateur ; « ses, son, ses » accumulation de possessifs ;
« je la perdis » euphémisme : la mort s’impose par gradation, au début bien puis les
indices de mort arrivent. La mort est d’abord une possibilité, puis s’impose à la fin du
2eme mvt. Gradation au service de l’émotion et de l’intérêt du récit.

Tonalité tragique, lien amour/mort, ref à eros et thanatos : M meurt en héroïne


tragique soutenue par son chevalier, revendication du coté exceptionnel de cette
mort.

Moment tragique qui suscite la compassion du lecteur, qui ne pourra juger un


homme affaibli par la mort de sa douce

MVT 3 : le sombre destin de Des Grieux

texte : métaphore/métonymie : DG constate que la mort les de M les a séparé, il


déplore l’ID de vivre sans M.

texte : locution adverbiale+adv : DG accepte son sort, fait acte de contrition

texte : allégorie+vocab du châtiment divin : mention religieuse, il doit souffrir pour les
péchés qu’il a commis avec M.

texte : insistance temporelle avec la négation partielle : DG rejette le bonheur, la seul


façon étant manon.

CONCLUSION : mort d’une héroïne tragique, qui s’éteint dans les bras de
son amant. Tonalité tragique, pathétique et voir même élégiaque qui
profite à DG, présenté comme si malheureux que le lecteur ne peut le
condamner pour ses actions. Fin morale qui sépare les amants qui ont
péchés, dimension morale du récit (écho à la préface).

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