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Philosophie

Au sujet du réel dans les œuvres littéraires, le célèbre écrivain et philosophe Albert Camus déclare « l’art
n’est ni le réel tout seul, ni l’imagination toute seule, mais l’imagination à partir du réel », de cette manière,
nous pouvons définir l’art comme étant le domaine de l’activité humaine lié à la fabrication, qui prend des
formes historiques diverses des pyramides d’Égypte jusqu’à l’art abstrait en se basant sur le fictif et le réel.
L’art au singulier désigne la création d’œuvres esthétiques autrement dit la création des beaux-arts et est le
produit de l’imagination, par opposition au réel dans la mesure où c’est une expérience qui vue et limitée par
les barrières d’un monde fictif. La fonction de l’art réside essentiellement en un divertissement et une
escapade au réel avec la création d’un monde fictif. Si le terme de « fiction » peut paraître récent et susciter
un engouement renouvelé dans le domaine de la philosophie depuis plusieurs décennies, la pratique est forte
ancienne et consiste à inventer et raconter des histoires, à imaginer des mondes et des personnages, c’est
l’ensemble des choses produits par un esprit de l’imagination. Nous pouvons observer que les œuvres d’arts
ne sont pas des objets comme les autres par leur détachement du monde commun, celui de la quotidienneté
où les objets instruments se laissent oublier et du monde de la marchandise où la circulation des objets en fait
de simples produit de consommation. C’est dans ce contexte que nous pouvons nous poser la question
suivante : La seule fonction de la création artistique est elle seulement de nous plonger dans l’imaginaire ou
au contraire nous permettre l’accès à l’effectivité du monde et du réelle sous une forme particulière ? Nous
verrons de prime abord que la création artistique résulte de la fiction car elle est une œuvre de l’imagination
pour de second abord voir que la fonction de l’art peut également être la manifestation du réel par
l’originalité de l’Homme et enfin que l’art peut être symbole du dépassement des barrières fiction/réalité
débouchant sur le développement d’une société humaine.

D’emblée, nous pouvons constater que l’art est tout d’abord fiction parce qu'il nous emmène dans un univers
imaginaire qui constitue une entité homogène, cohérente, dotée de sa logique propre. L’imagination ne
produit pas seulement des images mais un imaginaire comme un ensemble d'images constitué en un tout
unifié et cohérent, qui nous écarte, nous éloigne du réel, de ses lois contraignantes et pesantes, de son
ennuyeuse banalité. c'est le divertissement qui, s'il n'est pas la finalité de l'art, peut en être l'un des effets. l'art
fait diversion par rapport à notre quotidien. En guise d’exemple, nous pouvons citer la Nouvelle Heloise de
Rousseau parut en 1761 où le désir est la souffrance de l’absence de quelque chose qui n’est pas en sa
possession, pour combler ce manque, l’imagination entre en jeu car il ne subit pas les limites du réel, si on
obtient par la suite l’objet cela peut décevoir l’individu car l’objet n’est pas à l’espérance attendue. Nous
pouvons citer le chapitre VIII de l’ouvrage avec « Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être
habité et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que
ce qui n'est pas. » où Rousseau aborde les thèmes du désir, du bonheur et de l'imagination. Il souligne
l'importance de l'imagination dans le développement du désir. Il soutient ici la thèse selon laquelle le désir
nourri de l'imagination plus que la jouissance de sa réalisation décevante qui apporte le bonheur de sorte que
l'univers imaginaire des objets idéalisés du désir a plus de valeur pour l'existence de l'homme que toutes les
richesses acquises. Pour soutenir cette thèse, l'auteur met en garde quiconque n'éprouverait plus aucun désir
parce qu'il possède tout ce à quoi il a aspiré. Il explique que les objets ne sont désirables, n'ont de valeur que
parce que l'imagination les embellit, nous les rend tangibles à travers un espoir protéiforme alors que leur
réalité découverte dans la possession de ces objets nous révèle leur fadeur, nous dépossède des illusions
valorisantes dont nous les avions parés. Rousseau peut alors conclure que seul ce monde imaginaire créé à
l'occasion du désir rend la vie de l'homme digne d'être vécue. L’art donne à son créateur l’occasion de
choisir lui même un espace et un temps, il peut de cette manière inventer le lieu et la temporalité de son
œuvre. Nous pouvons alors nous référer à Spinoza avec son oeuvre Ethique où il propose une réflexion sur la
logique propre de l’imagination, une logique différente de celle du réel qui régit par liens de causalité et où il
dénonce les préjugés finalistes propre à Aristote dans l’Appendice livre I où la cause est avant l’effet dans
l’échelle du temps ou le but peut être une cause.
De second abord, nous pouvons voir que l’art est en partie fiction de par sa représentation qui déforme,
transfigure ou défigure, sublime ou pervertit la réalité qu'elle représente. La copie du réel que propose l'art
est une copie déformée et c'est en cela qu'il nous éloigne aussi du réel et n’est présent que dans un
imaginaire. L’ art est une création donc une vision subjective du monde tel que l’artiste le perçoit qui peut
faire l’objet d’une transfiguration de la réalité par la sublimation ou la perversion. Pour Platon l’art est une
activité mensongère puisqu’il consiste à produire des faux-semblants. L’art est une illusion et nous ramène au
monde sensible, alors que la vérité selon la métaphysique platonicienne, existe dans le monde intelligible. La
vérité ne se perçoit,pas, elle ne peut que se penser et cette thèse qui est exposée dans La République. L’art
n’est en effet qu’une « mimésis » (imitation) qui se donne pour but de copier la beauté naturelle mais il est
trompeur. L’artiste n’est qu’un illusionniste qui n’a pas vraiment sa place dans la cité idéale. Platon insiste en
écrivant dans le Phèdre que l’artiste est médiateur d’une force extérieure, inspirée par une force divine.
Enfin, dans le Ion, qui est également une critique de l’art, Platon dénonce le fait que le but de l’artiste es de
susciter des émotions qui éloignent l’homme d’une maîtrise de soi et d’une lucidité permettant la réflexion.
L’art n’est pas pour Platon, un mode d’accès à la vérité intelligible. De cette manière, nous pourrions alors
faire le rapprochement entre les termes fiction et illusion étant donné que l’artiste donne à voir le produit de
son imagination, une illusion constituée de toute pièce en fonction de la perception et de son rapport. C’est
ce qu’affirme Proust dans Le Temps Retrouvé « le style pour l’écrivain aussi bien que la couleur pour le
peintre est une question non de technique, mais de vision », l’art n’est donc pas une technique mais une
vision fictive. Elle peut alors etre sublimée comme Kant l’énonce dans Critique de la faculté de juger, c’est
alors une « production de belle représentations et pas une représentation de choses belles », seul résultat
importe et non l’objet. La mimesis correspond également à la transformation du laid en beau, il y’a donc une
épuration du réel et de sa laideur physique/morale, c’est dans ce cadre que nous retrouver chez Baudelaire
L’Alchimie qui est le motif structurant en profondeur la réflexion baudelairienne autour de la création
poétique. Baudelaire se considère comme un alchimiste qui transforme la laideur du réel en beauté : « J’ai
pétri de la boue et j’en ai fait de l’or », écrit-il dans son poème « Orgueil ». Le poète se doit de transformer le
réel par le verbe, en en extrayant la quintessence. C’est notamment dans Une charogne que la laideur
devient un objet poétique étant donné qu’il utilise l’art traditionnel pour construire en partie la fiction afin de
sublimer un cadavre qui apparaîtrait comme repoussant.
Enfin, le but premier de l’art par définition n’est pas d’imité le réel, la nature, même dans le cas de l’art
imitatif. La nature, comme création de Dieu, suscite admiration chez l’Homme ; elle peut symboliser la
liberté qui correspond à une représentation très importante dans histoire de l’art. Le but de l’art est d’abord
de se démarquer avec un objet trivial (nature morte) grâce notre style, notre originalité. L’art est ici donc bien
fiction car comme l’affirme Hegel c’est un esthétique , une copie qui n’est jamais fidèle donc forcément un
échec car il n’est pas la nature et copier la nature est donc inutile car elle déjà présente tout autour de nous.
Ce n’est pas le but de l’art, nous pouvons citer en guise d’exemple le chant du rossignol qui est spontané, pas
réfléchit ni travaillé. Pourquoi sommes-nous déçu quand on apprend le simulacre ? Car c’est une imitation ce
qui provoque une impression de tromperie par simple prouesse technique « ce qui nous réjouit donc ici c’est
l’imitation de l’humain par la nature » ce qui impose un paradoxe au vu du fait qu’ il n’y a aucune réflexion
dans la nature ≠ Art

Ainsi, l’art est le produit de l’imagination. Cependant réduire son champ à la fiction serait ignoré en partie
d’autre aspects de la création artistique. Même si elle est le produit de l’imagination, l’œuvre d’art est un
objet bien réel. Dès lors elle appartient à une société, une époque, s’inscrit dans une histoire et ne s’inscrit
pas ainsi uniquement dans la fiction.

En effet nous pouvons voir que l’art n’est pas que fiction dans la mesure où la création artistique peut utiliser
l’imaginaire pour mieux faire percevoir la vérité, la rendre plus accessible. C’est le cas par exemple de
nombreux films. Ainsi « Star Wars » connu de tous n’est pas seulement une film de l’espace peuplé de
créatures peu ordinaires, mais il peut être vu comme une volonté de l’artiste de faire comprendre la guerre
froide. On symbolise donc l’URSS par les guerres au sabre laser rouge qui correspond à la couleur du
communisme et malgré les apparences d’une fiction purement distrayante, il s’agit en fait d’une réalité
dévoilée d’une manière particulière. La fiction a également été un moyen pour de nombreux auteurs de
dénoncer des réalités comme l’injustice, l’arbitraire, la guerre et l’esclavage. Dans Candide de Voltaire nous
pouvons nous référer au fait que l’auteur reprend le conte afin de lui donner une dimension philosophique en
passant par la fiction, et en abordant tous les sujets philosophiques du temps de l’auteur: la religion et le
fanatisme, la liberté politique et la tyrannie, la connaissance et l’obscurantisme, le bonheur et la fatalité, la
liberté et l’esclavage.A travers l’eldorado, Voltaire dénonce l’utopie : un monde parfait n’existe pas. C’est le
réalisme qui doit prévaloir chez l’homme rationnel, et non la croyance en une société harmonieuse, qui
n’existe pas et ne peut pas exister. L’art ne se restreint donc pas qu’à la fiction donc mais nous fait prendre
conscience de certains sujets relevant du réel par des moyens détournés. Si l’art a été contrôlé durant
certains périodes de l’histoire, c’est qu’il permettait aux artistes d’exprimer une vérité, une vérité qui
dérangerait les dirigeants des dictatures par exemple. S’il n’avait été qu’illusion et fiction, les autorités
n’auraient pas pris peur des artistes qui avaient en quelque sorte le pouvoir de dévoiler certaines réalités,
certains dysfonctionnements bien réels. Ainsi, avant la chute du mur de Berlin, La stasi surveillait
constamment les artistes de l’Allemagne de l’est.
Bergson propose de définir l’art à travers sa fonction. Selon lui, l’artiste est une personnage centrale de la
société étant donné qu’il nous apporte des informations précieuses, il a donc un statut voisin de celui de
scientifique. Il prend l’exemple de ???, il nous fait oublier le coté désagréable du brouillard, il nous en révèle
toute la féerie. Non seulement l’artiste nous informe sur le monde et sur nous même mais il révèle également
notre sensibilité et notre esprit. L’artiste qui exprime une idée et une émotion leur donne une forme objective.
Nous avons comme unique centre d’intérêt l’utilité et la rentabilité, la société nous conditionne à servir
l’intérêt générale, l’ensemble de ce qui relève de l’individuelle est mal aimée par celle-ci. L’artiste lui est
chargé à travers ses œuvres de révéler la sensibilité humaine, nous pouvons alors nous référer " Le Cri"
d'Edvard Munch qui est sans doute l’un des tableaux les plus anxiogène de sa génération qui offre cette
vision de ce personnage, tenant sa tête, entre ses mains longues et fines, les yeux sont écarquillés
d'épouvante, la bouche béante pousse un cri silencieux. Le ciel est ardent, couleur sang, ondulant et
mouvant , la mer est sombre et l'être spectral marche le long d'une fragile balustrade. Deux ombres
inquiétantes, silhouettes fantomatiques, s'éloignent d'un pas menaçant vers l'horizon ; la scène n'offre aucune
échappatoire, en le regardant un profond sentiment de malaise s’installe. Ce qui intéresse surtout Munch ce
sont "les impressions de l'âme et non celles des yeux". Il vit l'art comme une vocation ; il s'agit pour lui d'un
"flux de conscience". Le rouge dans sa symbolique le renvoie au feu, au sang et à la souffrance... Comme les
touches de bleu-noir dans la lande préfigurent la mort et le vide. C'est un tableau empreint de violence et d'un
réel malaise. Bien que fictif, l’effet suscité par le tableau quant à lui est bien réel, Le Cri a eu de nombreux
échos ; souvent utilisé pour symboliser l'homme moderne emporté par une crise d'angoisse existentielle ; il a
été sérigraphié par Andy Wahrol. L’art appartient bel et bien au réel de par son n lien entretenu avec le
monde des choses qui sont, qui produisent des effets – mon rêve, même si son contenu est imaginaire, est lui
bien réel puisqu’il produit des effets sur moi. L’œuvre d’art malgré son contenu imaginaire produit des effets
sur les individus qui l’observent, elle existe nous pouvons la toucher, la voir, l’entendre, la lire.
Enfin les œuvres d’art sont les témoins historiques des préoccupations d’une société à une époque donnée.
Elles appartiennent à une époque et sont le résultat d »une histoire, d’un culture dont les productions sont
propre à un peuple, un lieu et une époque. C’est le témoin de l’évolution d’une technique dans le temps qui
représente des réalités fondamentalement de l’Histoire. La création artistique appartient donc à la culture qui
varie selon l’outil, la religion, le pouvoir politique et la société qui permet d’en apprendre sur une époque.
Nous pouvons dès lors citer en guise d’exemple le célèbre tableau La Liberté guidant le peuple d’Eugène de
la Croix qui à travers la toile glorifie le peuple citoyen « noble, beau et grand ». Historique et politique, il
témoigne du dernier sursaut de l’Ancien Régime et symbolise la Liberté et la révolution picturale.Cette
peinture est ancrée dans un contexte historique très fort. Le peintre ne s'en cache pas et l'assume dès la
genèse de l'œuvre. On ne regarde pas Guernica de Picasso sans savoir qu’une réalité historique est exprimée
à travers ce tableau qui représente le bombardement de la ville éponyme lors de la guerre civile espagnole, et
est l'un des plus célèbres tableaux de Pablo Picasso et l'une des représentations les plus puissantes des
horreurs de la guerre et Molière à travers toutes ses comédie met en scène les réalités de son époque. Même
dans le surréalisme, la dadaïsme une vision du monde absurde est dévoilée. Alors qu’on pourrait penser que
la musique de Frank Zappa n’est qu’un enchevêtrement de sons destinés à nous transporter vers un autre
monde, il cherche en fait à nous faire part de sa critique des États-Unis contemporaine. Ainsi la dimension
historique qui se cache dans toute œuvre d’art, même dans celle de Marcel Duchamp où on peut trouver dans
l’interrogation à propos de l’ontologie de l’œuvre d’art et dans la question de savoir si tout peut devenir de
l’art, une réflexion de notre époque),étend la fonction de l’art.

Ainsi, nous pouvons dire que l’art peut également être la manifestation du réel par l’originalité de l’Homme.
Nonobstant, l’art peut être symbole du dépassement des barrières fiction/réalité débouchant sur le
développement d’une société humaine.

De surcroît, nous pouvons considérer également l’art comme un moyen d’expression. C’est justement cette
gratuité qui permet à l’art de constituer un langage plus adapté pour parler du monde réel, car en se
détournant du réel quotidien, trivial, préoccupé par l’intérêt et l’utile, l’art nous permet d’être au plus près du
réel sensible, singulier. L’ art n’est pas prisonnier de préoccupations utilitaires tel que la préoccupation
économique et s’oppose au fait que nous nous limitons souvent dans notre recherche de l’amélioration, de
par un souci de survie et d’efficacité, de notre existence à ne voir que ce qui nous intéresse tandis que l’art
n’as aucune attache. Le caractère inutile de l’art permet de nous libérer de ces préoccupations : regard
subjectif, montre la chose pour elle-même sans sensibilité particulière. Proust dans son ouvrage Le Temps
Retrouvé affirme que l’art dévoile une subjectivité et que l’œuvre d’art est la manifestation d’expression et
d’éducation de par le développement de la subjectivité avec une confrontation avec celle de l’auteur, on
apprend à aimer ou déprécier une œuvre. L’usage de l’art est donc au centre du réel et permet de faire passer
un message que le langage ne permet pas de transmettre. Einstein lui affirme qu’aucun discours n’a une
représentation parfaite, que l’art est un outil de représentation et donc de dévoilement de la vérité, c’est une
modélisation du réel avec la science, les religions,… Bien qu’il ne peut pas se substitué à la science, lart peut
quand bien même la complété ce qui permettraient un conditionnement mutuel de ces deux domaines.
Pour aller dans ce sens, l’art en tant que moyen d’expression peut également egalement épurer les
mauvaises passions (catharsis) avec la tragédie, l'art qui convertit les passions de l'homme. Du plaisir
esthétique à la vertu thérapeutique, la tragédie élève spirituellement et moralement l'homme. La catharsis est
la purification des émotions effectuée au moyen de l’art et tout particulièrement grâce à la crainte et à la pitié
émanant du récit tragique. Dans la Poétique, Aristote étudie méticuleusement le récit tragique. Il explique
que le tragédien vise à susciter la stupeur chez son public en proposant des personnages impuissant face au
destin. En utilisant ces procédés, le tragédien envoûte son public et lui fait subtilement comprendre qu'entre
la réalité et la fiction, il n'y a qu'un pas. La catharsis se base également sur le processus d'identification, l'art
étant fondé sur l'imitation de la nature, la tragédie reprend les codes du réel et les représente dans la fiction.
Grâce à cela, le sectateur peut se mettre à la place des acteurs, retrouvant des émotions et un environnement
communs. Généralement, la tragédie use de deux émotions qui touchent le spectateur : la terreur et la pitié ce
qui pousse le spectateur à se poser la question "Et si j'étais à sa place, comment réagirais-je ?". En réalité, la
catharsis convertit les émotions et purifie les passions. Elle agit sur la morale du spectateur qui se libère de
tous ses désirs et fantasmes nocifs et malsains. Une fois le phénomène de surprise passé, le spectateur prend
du plaisir à observer la scène puisqu'il est libéré d'un poids qui, jusqu'alors, lui pesait sans qu'il en est
nécessairement conscience. Après le plaisir purement esthétique vient la guérison thérapeutique. De même
qu'à Athènes l'on pratiquer la purgation pour guérir certains maux tenaces, la musique peut, elle aussi, avoir
un effet thérapeutique sur l'âme humaine. Parce que les sons des mélodies imitent les émotions humaines, les
auditeurs se laissent transporter. Chaque mélodie est une réplique de leurs émotions : une fois écoutée, le
sentiment en question s'amoindrit voire, parfois, se dissipe totalement.
De second abord, pour Aristote, l’activité artistique exprime au
contraire un authentique effort de connaissance. Dans La Poétique, il dit
que « la poésie est plus philosophique et plus noble que l’histoire » ;
plus qu’une description simple de la réalité. L’art permet d’atteindre
une vérité plus générale qu’une vérité immédiate. La finalité de l’art
peut alors rejoindre celle de la philosophie. Bergson rejoint en partie
cette thèse en écrivant que le but de l’art est de nous faire voir ce que
l’on ne voit pas habituellement. L’artiste a pour rôle de faire surgir
l’invisible dans le domaine du visible, il nous apprend à changer notre
vision du monde et notre conscience ordinaire et appauvrie. Il nous en
donne une vision plus intense en nous faisant ressentir des émotions
nouvelles, nous conduit vers une vérité. Le dévoilement de la vérité est
le même que le dévoilement d’une peinture au public : une découverte dont
le médiateur est l’artiste. Hegel disait : « dans l’art nous n’avons pas
simplement affaire à un jeu agréable mais nous assistons au dévoilement
de la vérité ». Avec ses procédés particuliers, l’artiste nous rapproche
de la réalité. Les réalistes se donnaient pour credo non pas d’écrire la
vie telle qu’elle était, d’abord parce qu’il faudrait des volumes énorme
de papier et du temps à n’en plus finir, et parfois parce que le vrai
n’est pas le vraisemblable, mais de la transformer en ajoutant un fil
conducteur, en donnant de l’importance à certains détails pour rendre
leur œuvre encore plus vraie comme l’expliquait Maupassant. Proust
partageait cette idée : « la vraie vie, la vie enfin découverte et
éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la
littérature ». La littérature, comme tout art, nous aide à mieux voir la
réalité.

Ainsi dire que l’art n’est que fiction serait une vision trop réductrice de celui-ci. Il permet en fait une
expression plus aboutie, différente et révélatrice du monde, nous invitant à découvrir une vérité plus
profonde et ancrée dans le réel.

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