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[Les notes de travail de Pierre Bourdieu sur l'intervention qu'il envisageai t de faire à l' 0
l' exposi tion et dans le catalogue sont publiées ici en l'état avec l'aimable autorisation de
famille.]
PROJET D'IIITERUENTIDN DE PIERRE BOURDIEU DANS L'EXPOSITION DE DRNIEL BUREII AU CENTRE GEORGES POMPIDOU
«Jerne suis dit que, si j'avais le temps-peut-être que je le ferai d'ailleurs-, je ferais des
vidéo où le côté happening serai t montré en sorte que je pourrais faire le commentaire à froid.
Par exemple, au lieu de dire abstrai tement que "le monde artistique est un champ", j'aurais des
enregistrements pris dans une galerie lors d'un vernissage avec les commentaires de l'artiste
et je pourrais ensui te analyser tout ce qui ressortit à la logique d'un champ.Les artistes ont une
force extraordinaire, celle qui consiste, entre autres choses, à savoir rendre sensibles les choses
intelligibles. Il me semble - c'est très naïf - que pour une action libératrice, une alliance du génie
spécifique des artistes et de l'analyse pourrait produire des effets formidables.»
Pierre Bourdieu, intervention à l' Insti tut des Hautes Études en arts plastiques, 27 avril 1993.
«L' œuvre d'art est, parmi les objets ouvrés, celui qui susci te le plus de discours dans le public
"cul tivé" au nomde la représentation charismatique de la production artistique comme"création"
quasi di vine et de la réception commere-création, révélation inspirée sans autre fondement que
l' intuition miraculeuse (l'œil") des âmes d'artistes.»
Pierre Bourdieu, décembre 2001.
PROJET
• •
catégories ( ou niveaux) de Beholders qui sont des hétéronymes de l' archilecteur:
:ieholder 1.1: Textes: des «perles» prises dans la presse ou le discours commun(dictionnaire des idées
'reçues); répéti tion de lieux communs;banali tés.
l' acteur di t tout haut les pensées des spectateurs (pas de dialogue): «Buren c'est toujours la même
';~hôse», «Ce type n'a pas le sens commun»,«Ce n'est ni fai t ni à faire », «Un enfant en ferai t autant»
(retrouver trace de ces posi tions dans les inscriptions contre les colonnes de Buren).
On peut imaginer un spectateur qui di t des choses du genre: «Il faut que je ne traîne pas trop sinon je
vais avoir un PVavec ma voi ture.»
tJ;!eholder 1.2: (ton neutre, bonne volonté culturelle: lisant une notice avec application): «Buren est né
,~en.·Sespremières manifestations dans le cadre du groupe ...Il dénonce la servili té des artistes qui
fréquentent la table des Pompidou...»
'?Beholder 1.3:Dénonciation de «Buren artiste officiel» .
.'?'Beholder 1.4:Le gaspillage des fonds publics; cf. «je lisais dans Le Figaro ...»
~ Beholder 1.5: «avec tout ce qui se passe en ce moment (Israël, Palestine)>> (l'art commejeu gratui t).
-Le niveau Beholder 3, c'est «le sociologue in si tu», la sociologie en si tuation artistique,
?-rtistiquement autorisée (cri tique créatrice qui met en œuvre la matrice génératrice qU'elle dégage
de l'œuvre).
- Beholder 3.1: Être artiste est un métier, un coup d' œil, un tour de main. Buren transforme en Buren, comme
---Midas en or, tout ce qu'il touche. En fai t toute action est le produi t d'un habi tus in si tu. L'artiste est
à la fois conformi té et exception; il met en œuvre un œil spécifique, une histoire incorporée,
~individuelle et collective.
D'où continui té et rupture avec ruptures ini tiales: grande création formelle consacrée par une
«rétrospecti ve» dans un musée.
- Beholder 3.2: ars combinatoria. Cf. Beckett, Cap au pire: pauvre d'où infini, contrainte génératrice,
grammaire générative: variations de formes infinies à partir d'un peti t nombre d'éléments (d'où le
«toujours pareil»). Fai t jouer toutes les possibili tés d'un clavier plastique (cf. l'expérience des
vi traux: ne marchez pas dans la couleur).
- Beholder 3.3: Le sociologue décri t la distance du peuple à l'art contemporain (L'amour de l'art), mais
aUssi la logique du champ artistique autonome qui se développe selon ses propres lois (Règles de
l'art): le sociologue ne divinise pas le jugement du peuple, il l' enregistre; d'autre part, il tient
ehsemble la dépossession artistique des dominés et le fai t d'une histoire autonome de la production de
C 84/ CDMPREIIDRE
Sorte de finale possible: après que DBa lu le texte de PB et a di t ses réactions à PB,PB écri t un peti t
texte final dans lequel, notamment, PB reprend les discours des sociologues amis du sens commun
et les cri tique ainsi que les prises de posi tion cri tiques (Le Monde,Art Press, Esprit, etc.). *
L' exposi tion de DBest au 6" étage. Buren reprend toute l' archi tecture pour en faire un énorme espace
qu'il signe commetel. Cet espace est composé de pièces (c'est commeun immense appartement comportant
des pièces). PB disposera d'une pièce parmi les plus grandes possibles (5m sur 5mau sol sur 4mde
hauteur). La surface du mur de projection pourra faire 4m par 4rn.
Les 'tableaux demandés par PBpeuvent être prêtés par Beaubourg (mais peut-être problème de
l'accrochage si les œuvres doivent être au plafond?).
Auplafond (= en surplomb):
Le tableau d'Erré et un tableau de Pollock choisi par DB.Deux textes de PB qui expli ci tent l'intention:
"Le tableau d'Erré, The Background of Pollock (1967-1968), musée national d'Art moderne, Centre
Pompidou, est un raccourci pictural qui montre qu'on ne peut" comprendre" un Pollock (ou toute autre
œuvre d'art contemporain) que si et seulement si on a dans la tête (condition sine qua non) ce que
l'artiste qui l'a fai te avai t dans la tête (la main, l' œil), c'est-à-dire toute l' histoire de l'art, donc
l'ensemble des possibles picturaux passés et contemporains.»
"Un spectateur sera d'autant plus capable de comprendre une œuvre d'art contemporain que sa
connaissance (pratique) de cet art sera plus grande et d'autant plus disposé à la comprendre que sera
plus grande sa conscience de ce besoin de connaissance.»
C èsl COMPREIlDRE
Les ci ta tions sur ces trois murs (trois ni veaux: Beholders l, 2 et 3), par des astuces graphiques et de
présentation, se répondent: 2 répond à l et 3 répond à 2.
l va sans dire que cette partie finale proposée par Pierre Bourdieu m'intéressai t au plus haut point.
Ile chance me donnai t-il ainsi de pouvoir dialoguer directement avec lui, sur le vif d'un texte que
ui avais proposé de faire dans la plus grande liberté possible. Sa démarche éminemment généreuse
rai t une sui te possible à son texte.
h,eureusement la vie, c'est-à-dire la mort, en a décidé autrement et cette interruption imprévisible
ajouter une frustration certaine au chagrin éprouvé.
2002
C B6/ COMPRENDRE
«- Je suis uenu uoir les colonnes de machin._ «Il est difficile d'écrire sur un artiste dont «Un spectateur sera d'autant plus capable
de comment déjà? la notoriété dans le grand public tient à vn comprendre une œuure d'art contemporain
- De Buren? malentendu et à un scandale. »[4J que sa connaissance [pratique! de cet art
- Oui, voilà. Buren! C'est pas mal... Enfin, c'est plus grande et d'autant plus disposé à la
pas que j'aime pas, mais je m'attendais à comprendre que sera plus grande sa
autre chose. Je voulais me rendre compte, voir conscience de ce besoin de connaissance.»
vraiment ce que c'est "les colonnes de (10J
Buren ".»(lJ «Derrière ce Buren, on a bien reconnu le spec-
tre hideux [_J de l'art contemporain qui permet «Il faut du siècles pour produire un
«Je ne reviendrai pas uoir ça deux fois. »[1] toutes les horreurs. »[3J artiste comme Duchamp et un esthète
"C'est nul!»[2J capable d'apprécier sincèrement et
«Moi, je trouve ca génial!»[2J naiuement su productions. »(11J
«C'est joli. »(2J «L'art contemporain joue de cette incertitude,
de l'impassibilité d'un jugement de valeur esthé-
«Ca na veut rien dire. »12J tique fondé, et spécule sur la culpabilité de
«Ca n'a ni queue ni tête. »(2) ceux qui n'y comprennent rien, DU qui n'ont
«Je ne sais pas à quai ca rime.»[2] pas compris qu'il n'y auait rien à
comprendre. »[S!
«- Et ca vous plaît?
- C'est original, ca me surprend, c'est tout. «Ruoir du goût, c'est manifester un sixième «Dire à propos des gens du peuple, qu'ils
Mais je m'attendais à peut-être plus beau. Non, sens dans lequel les cinq autres sont n'aiment pas l'art moderne, c'est aSS82 idiot.
c'est surprenant, c'est original. Uoilà. »(1) impliqués. Le goût vient du gU51u5 latin' En fait, ça ne Les concerne pas, iLs n'en ont
c'est le fait d'expérimenter, d'éprouver. rien à faire. Pourquoi? ParCe que rien n'a été
«C'est spécial, c'est ca le moderne Ce mélange subtil de la matière et de l'esprit, fait pour constituer en eux La libido artistica,~
aujourd'hui.»[lJ du toucher et de l'intellect, de l'odorat et de l'amour de l'art, le besoin d'art, "l'œil",
l'esprit volatile, la peinture en est le lieu une construction sadale, un produit de
d' exe rci ce pri v ilé gié.» (6J l'éducation.» Ill!
l'art qui malheureusement n'en finit pas de et les vins, quand ce rapport a disparu, l'ensemble du jeu. »(11!
«Décadence! )(2) « Un retour à La figure humaine, à l'expression ({ Ce que l'on appelle "l'œil" est une pure
des émotions, au message éthique, me semble mythologie justificatrice, une des manières
la voie de l'avenir.»I231 povr ceux qui ont la chance de pouvoir faire
« Le dieu personnel de M. Buren est le zèbre, des différences en matière d'artl de se sentir
animal africain qui caurt comme en rêue, étant «Ne pas écouter les ringards qui les justifiés en nature. Et, de fait, le culte de l'art,
né en pyjama [...J Mais le Palais-Royal fut-il critiquent avec une telle vulgarité. >>121 comme la religion en d'autres temps, offre aux
construit au cours des siècles pour que [...) privilégiés, comme dit Weber, une" théodicée
l'on y élevât un temple aux zèbres? »1201 «Dans une société où le mauvais goût se de leur privilège"; elle est même sans doute
déchaîne, le retour aux classiques est un la forme par excellence de la sociodicée pour
«Je croyais que le carnaval ne laissait acte de salubrité intellectuelle. »124J les individus et les groupes qui doivent leur
généralement pas de traces définitives. »1211 position sociale au capital cultureL. Par là
«Un projet réuolutionnaire, en ce début de s'explique la violence que suscite l'analyse qui
«On mesure encore mal tout ce que notre troisième millénaire, pourrait être le suivant. met tout cela au jour.»(11)
«Les colonnes sont une véritable profanation, ({Toute l'histoire du champ (artistiqueJ est
c'est comme si l'on peignait des moustaches à immanente au fonctionnement du champ et pour
" .Oh, plus rien ne me choque. Remarquez, c'est «Et si les rayures de Buren n'étaient qu'vne consommateur, il faut posséder une maîtrise
.8?-qu'on n'aime pas, mais ils auraient pu faire pâle redite du Carré noir sur fond blanc (191~1 pratique ou théorique de cette histoire et
iJét.que chose de mieux. »111 de Malévitch? >>1261 de l'espace des possibles dans lequel elle se
survit. »(32)
'(~,~.~. rno\ rien ne me choque. Et puis pLus rien « L'art autonome n'aura peut·être été qu'une
«On finira bien par l'aimer.»!l) «L'art contemporain est une rupture. Faisons «Les attentes du "grand public", qvi est
une rupture à cette rupture. »(lSJ incliné à une sorte d'académisme structural _
il applique aux œuvres d'art, dans le meilleur
«Comment ne pas voir que dans cetta frénésie des cas, des catégories de perception
de convulsionnaire que depuis cant ans ou plus produites et imposées par l'époque antérieure
l'avant-garde déploie, se tordant et se c'est-à-dire aujourd'hui par l'impressionnisme
retordant sur elle-même, selon une série de ne peuvent que s'éloigner toujours davantage
postures et d'impostures, de pantomimes et de de ce que proposent les artistes qui, pris dan
mimiques indéfiniment proposées et toujours la logique autonome du champ, remettent en
finalement monnayées, de Picabia il Warhol, de question sans cesse les catégories de
Maléuitch à Reinhardt, mais encore de Marine"tti perception communes, c'est-à-dire les principe
à Schëffer - à travers lesquelles l'œuvre ne de production de l'art antérieur. »[11)
rêve jamais qu'à sa propre disparition en tant
qu'art, chez les premiers par iconoclasme, chez
les seoonds par la tentation du • dernier
tableau", chez les derniers par la tentative de
substituer la technologie moderne à l'ancienne
tekné -, réside sa faillite même? »(lBJ
«Fuite en avant des artistes condamnés à «Pourquoi la discussion sur l'art contemporai,
la transgression perpétuelle au nom de la est-elle si confuse aujourd'hui? Et pourquoi
subuersion artistique, démission des certains sociologues y jouent-ils un rôle
institutions se refusant à jouer leur rôle pervers? »(11)
normatif au nom de l'ouverture à la modernité,
«La rupture avec la peinture et la sculpture, «La régression peut se présenter [et
au sens que ces mots auaient depuis des apparaître) comme progressiste parce qu'elle
millénaires, ne conduisait pas à un art est plébiscitée, parce qu'elle est ratifiée par
différent, mais au non·art.»!31J le pevple qui, en principe, est arbitre quand il
s'agit de dire ce qui est populaire. »[11)
«L'enfermement de l'art contemporain, son
autosuffisence et son auto-complaisance sont
une catastrophe intellectuelle. »(5)
cc Faut craire que si an l'a fait, c'est que «Je me méfie de l'art contemporain qui
y'en 1 à qui çl plait. »[lJ serait géré par les médias, la politique et
les pouuoirs économiques, et qui
seraitimmédiatement accepté par le grand
public. »(33J
«Oui c'est qu'a commandé ca déjà? »(1) «Cet artiste est sans doute l'un de ceux qui «Quand on veut échapper au marché,
exposent le plus dans le monde, invité par une évidemment, l'État est important. Mais comment
"institution' qu'il' dénonce" dès ses débuts échapper au marché en recourant à l'État
«Buren a-t-il couché avec jack Lang? .(2) mais qui ne l'a pas encore exclu, au sans succomber aux contraintes de l'État?
contraire.» [3 4) Il faudrait pour cela savoir se seruir de l'État
«Ca doit plaire svrtout aux architectes du contre l'État. Meis cette stratégie est très
ministère. »(1) «Comme c'est le cas depuis les années 50, les improbable. »[11)
responsables gouvernementaux de la politique
«Dire qu'on paye ca avec nos impôts! »(2) artistique interviennent pour imposer une
orientation moderniste et donnent ainsi à la
majorité des citoyens autre chose que ce qu'ils
cc Qui ua payer cette saloperie? »(2) ueulent »(35)
«le rétablissement d'une formation approfondie «les réuolutions spécifiques, dont le prototype
et la consolidation d'une compétence spécifique est celle qu'accomplit Manet, se font, si l'on
permettant d'identifier Les artistes autrement peut dire, contre "le peuple", contra le goût
que par L'auto-définition, mesures appeLées par commun, contre le • grand public '. Et les
une politique publique de soutien aux artistes, critiques ou Les socioLogues conseruateurs ont
sont en affinité auec le nouueau type de beau jeu d'inuoquer Le peupLe pour condamner
rapport que beaucoup d'artistes entretiennent une subuersion nécessairement" impopulaire"
désormais auec leur œuure.»(36) ou • anti-populaire' [ce qui, comme au temps
de Manet, ueut dire d'abord' anti-bourgeoise',
«Art des inteLLectueLs de gauche - lang- parce que la force de la réuolution
Télérama - dilué dans une pensée Art Prass [...1 conseruatrice en matière d'art uient du fait
concept clean, froid, aimable et guilleret qu'elle exprime auant tout le déconcertement
comme une zone industrieLLe high-tech.»(37] ou le dégoût du public bourgeois des musées
et des galeries devant Les recherches d'auant-
garde). »(11)
«Ma thèse est la sutuante' il n'y a avant·
garde que tant que l'espace d'interprétation «Défions-nous du peuple, du bon sens, du cœur,
marxo-psychanalytique constitue l'horizon de L'inspiration, de L'éuidence. »(39)
rationneL de la pensée et en réaction contre
cet horizon !comme manifestation d'un reste
irrationnel inassimilable}. La saturation
actueLle de l'espace' auant-gardista" - qui ast
transformé très rapidement en académisme
stéréotypé limité signifie du même coup la fin
de cet horizon rationaliste. »(38)
"'~Jean·Hubert
--m Martin, cet. nagic.iens de la terre, Paris, éd. du Centre Pompidou, 1989, p.9.
Catherine Grout, Flash Rit InternationaL, été 1983, na 113.
J Pierre Bourdieu, notes, décembre 2001.
1 Pierre Bourdieu, «Cuestions sur l'art pour et auec une école d'art misa en question », Penser l'art à l'écaLe, Arles, Actes Sud, 2001-
J Déclaration de R. Giuliani (maire de New York] citée par A. Fraser dans «A • Sli!nsation· Chronicle », Social Text, été 2001.
1 Rnonyme.
J César.
1 Jean·Marie Le Pen, conclusion d'un colloque du Front national sur «la craation artistique contemporaine et l'identité francaise », Le Nonde, Paris, 20 januier 1993.
1 Muc Fumaroli, «L'art contemporain est dans une impasse », entretien de Jean Clair et Marc FumaroLi auec Francois Hauter, Le Figaro, Paris, 22 januier 19S1.
bis) Jean Clair, entretien auec Jean-louis Pradel, L'Éuénement du jeudi, Paris, 23-29januier 1997.
-];Jean-·philippe Domecq, ésprit, février 1992 ..
JJean Clair, Considérations sur l'état des beaux-arts, criUque de la modernité, Paris, Gallimard, 1983.
Changeux, «Un creuset pour l'homme du XXII siècle» Le Nonde, Paris, 23 octobre 1993.
Sollers, La Monde, Paris, 25 juin 1993.
«Modernité contre avant-garde », Hrisis, n·19, «Art J non-art? », novembre 1996, p.63.
2000.
Le Triple Jeu de L'art contemporain, Paris, Les éditions de Minuit, 1998, p.331.
«Penser te modernisme », Hrisis, n° 19, «Art J nan·art? », novembre 1996, p.4.
Anton Herbert [coLlectionneur d'art contemporain] par Philippe Régnier, Le Journal des arts, n·103, 14-21 januier 2000.
nar., nos 3-~, hiver 198~-198S.
L'Rrt;ste, L'institution et le marché, Paris, Flammarion, 1992, p.92.
l'institution et le marché, Paris, Flammarion, 1992, p.365_
mars, n' H. 2000~
Press, Paris, n·16, 1978.
nan cœur mis à nu, Draz, 2001.
C 90/ COMPRENDRE
«C'est dans la lutte contre l'art contemporain - ou, si l'on veut, dans la révolution conservatrice
touche les différents domaines de l'art - que se révèle le principe profond d'un conservatisme, ou d'
misonéisme, mieux capable de se dissimuler à propos de sujets poli tiquement consti tués. Sans doute
la dénonciation d'une autre frontière sacrée, celle qui touche à la différence entre les sexes, et plus
précisément, à la domination masculine et à l' homosexuali té. Ce n'est pas tout à fai t par hasard
qu' Espri t et quelques autres hauts lieux de tous les faux progressismes, comme la CFDT«notatisée»,
été à la pointe de ces combats.»
«L'art contemporain digne de ce nom (mais pour en juger, il faut être informé) a la particulari té de
venir au terme d'une longue histoire qu'il faut maî tri ser au moins en pratique pour produire de l'art
vraiment contemporain et non ces sortes de faux ou de fossiles que sont les retours, le plus souvent
inconscients, à des formes artistiques dépassées du passé. Or, il est facile de faire la preuve que la
plupart de ceux qui parlent à propos de l'art, soi t spontanément, pour exprimer leur indignation, soi t à
la demande, commenombre de cri tiques professionnels, ne sont pas dotés du minimum de compétence qui e
nécessaire pour produire un tel art et aussi pour le comprendre dans sa véri té, et surtout, il ne le
savent même pas.»
«L'art est en effet, comme Dieu selon Spinoza, un des" asiles de l'ignorance" où l'incompétence
n' hési te pas à se déclarer ou à se trahir. Ainsi se trouve mis en place un cercle vicieux adamantin:
l'incompétence de certains artistes contemporains, régressifs ou imposteurs - il Y en a beaucoup, ce qui
ne simplifie pas la tâche d'une cri tique vraiment diacri tique, capable d'espérer faire la diacrisis
entre le simili et l'authentique -, se nourri t de la réception globalement négative mais elle peut être
aussi posi tive, par la grâce du snobisme qui est accordée à l'art vraiment contemporain, tant dans le
domaine des arts plastiques que dans le domaine de la li ttérature, de la poésie ou du théâtre.»