# 379 .

Meilleur vélo
Juin/juillet 2023

.Meilleur rapport
qualité/prix
-
L’OFFICIEL DU VÉLO TOUT-TERRAIN

Rockrider
Race 900 S GX AXS
Le choix des lecteurs
PHYSIQUE ENTRETIEN DE SON VÉLO
Les bienfaits de Les remèdes anti-usure
la proprioception
BEL : 6,80 € - CH : 9,90 FS - PORT.CONT : 7,10 € - DOM/S : 7,10 €

ÉVASION
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VTT MAG 379 - JUIN/JUILLET 2023 - FR. MÉTROPOLE : 6,20 €

POL /S : 1 130 XPF - CAL/S : 920 XPF - MAROC : 75 MAD

ESSAI
N°379 - JUIN/JUILLET 2023

Lapierre XR 7.9, Orbea Oiz

M-Team, Canyon Neuron 7,
Roues XC Fulcrum Carbon
Zone Rouge… Trip en liberté au Cap Vert
 X Édito

Interview sacrée
VTT Mag’, on aime le sport et les champions, surtout, on ne va pas se mentir, quand

À ils sont Français. C’est la raison pour laquelle nos numéros sont toujours riches en
articles mettant à l’honneur différents athlètes. Mais il faut avouer que ces derniers
temps, ces pages deviennent de plus en plus complexes à alimenter. Et une fois
n’est pas coutume, ce fut à nouveau le cas dans ce numéro que vous avez entre les
mains. Les agendas des sportifs semblent devenir de plus en plus chargés. Aux créneaux
indispensables à leur entraînement, il faut ajouter le temps nécessaire à la mise au point du
matériel, les déplacements, les temps de repos, les sollicitations médiatiques, sans oublier de
s’accorder le temps libre indispensable à son équilibre personnel. Mais finalement, tout ça n’est
pas nouveau. Non, ce qui a vraiment changé la
donne ces dernières années, c’est cette
obligation pour les pros d’être de plus en plus
présents sur les réseaux sociaux. Et ce moyen
de communication simple et efficace qui
permet à chacun de gérer son image peut vite
devenir un fardeau. Loïc Bruni l’évoque
d’ailleurs dans sa chronique en p. 16. Parce
qu’on peut toujours avoir l’impression de
pouvoir faire plus et mieux, il faut veiller à ne
pas se faire absorber mentalement et
physiquement par cette activité très
chronophage. On observe finalement des
situations assez paradoxales où les sponsors
payent les athlètes pour réaliser des
performances sportives, mais en même temps,
multiplient les sollicitations qui vont détourner
le champion de son objectif principal qui est
de s’entraîner et de performer. Et plus l’athlète sera sur le devant de la scène grâce à ses
résultats, plus il va être concerné par ce phénomène. Pour gérer au mieux ce nouveau paramètre
et rester concentré sur l’essentiel, certains choisissent de purement et simplement couper
pendant certaines périodes toutes sollicitations extérieures. Bref, dans ces conditions, arriver à
bloquer un athlète pro ne serait-ce qu’une demi-journée pour une interview devient un vrai
casse-tête surtout si l’on prend en compte qu’une météo clémente va être nécessaire pour
réaliser les photos dans de bonnes conditions. Et là encore, la démarche se révèle assez
paradoxale. L’athlète se concentre pour s’entraîner et pour performer, mais sans communication,
ses exploits réalisés grâce à cette préparation intensive n’auront forcément pas la même portée.
Tout est une nouvelle fois affaire de compromis et de juste
équilibre. Et dans cette logique, à VTT Mag’, on a choisi
Une demi-journée de ne pas baisser les bras devant les épreuves qu’il faut
pour une aujourd’hui surmonter pour arriver à monter des interviews
d’athlètes de haut niveau comme celle de Line Burquier
interview devient en p. 100.
un vrai casse-
tête…”
Laurent Reviron
Rédacteur en chef

juin/juillet 2023 3
 juin/juillet 2023 Abonnez-vous p.81

VTT MAG - Espace Clichy, Immeuble Agena

12, rue Mozart - 92 587 Clichy CEDEX
Tél. 01 41 40 32 32 / Fax 01 47 56 54 02
E-mail : vttmag@editions-lariviere.com
X Sommaire
Président du Conseil de surveillance
Patrick Casasnovas Élection 3 Édito
Présidente du Directoire
Sophie Casasnovas
Directeur général
26 Interview sacrée
Frédéric de Watrigant
Directrice du pôle vélo
Sophie Casasnovas 6 Zooms action
Éditeur
Philippe Budillon (32 00)
Pour joindre votre correspondant, composez le 01 41 40
suivi du numéro de poste qui figure à la suite de son nom
10 Zoom vélo
RÉDACTION
Directeur de la rédaction
Lapierre Spicy CF Team d’Isabeau
Bertrand Sanlaville (31 94) Courdurier
Rédacteur en chef
Laurent Reviron (32 32)
Secrétaire de rédaction
12 Shopping
Véronique Charlet
Conception graphique
Vincent Riveron
Essais 16 Super Bruni
Maquettiste
Stéphane Prévost (34 03)
Ont collaboré à ce numéro
44 18 Bike news
Élodie Lantelme, Yann Guédard, JM Pouget
Bertrand Thiébault, Auguste Mannoury
Photogravure
Responsable : Béatrice Ladurelle (31 57)
24 Opinion
PUBLICITÉ Quid de la reprise des Coupes du
E-mail pub : pub.vttmag@editions-larivière.com
Chef de publicité monde par Discovery ?
Nathan Veysset (31 96)
ABONNEMENTS/
VENTE PAR CORRESPONDANCE
Service clients
26 Élection XC de l’année
Tél.03 44 62 43 79
E-mail abo/VPC. : abo.lariviere@ediis.fr Après deux jours d’essais, les lecteurs
Correspondance
Éditions Larivière, Service clients :
ont choisi…
45 avenue du Général Leclerc
60643 Chantilly CEDEX
Promotion abonnements 44 Essai
Carole Ridereau (33 48)
Tarif France : 1 an, 6 numéros en version papier Canyon Neuron 7
& numérique : 57,07 €
Montant du prélèvement trimestriel : 8,50 € Lapierre XR 7.9
Autres pays et par avion : nous consulter.
Service des ventes
(réservé aux diffuseurs et dépositaires) :
Orbea Oiz M-Team
Chef de produit Jennifer John Newton :
Interview
01 41 40 56 95
100 68 Mécanique
Et si vous changiez les pièces d’usure ?
VTT MAGAZINE est une
publication bimestrielle
Explications…
des ÉDITIONS LARIVIÈRE,
SAS au capital de 3 200 000 €.
Dépôt légal : 2e trimestre 2023
74 Tests en stock
Commission paritaire : 0224 K 83221
N° ISSN : 0299-4208 Pédales Crankbrothers Mallet Trail
N° de TVA intercommunautaire :
FR 96572 071 884, CCP 115 915 A Paris Nettoyant Dr Wack F100 Bio
RCS Nanterre : B 572 071 884
12, rue Mozart, 92 587 Clichy CEDEX Chaussures Adidas 5.10 Trailcross
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Imprimerie de Compiègne
ZAC des Mercières Roues XC Fulcrum Carbon Zone rouge
avenue Marcelin Berthelot
60200 Compiègne Santé
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
Papier issu de forêts gérées durablement.
108 88 Évasion
Toutes les couleurs du Cap Vert
Origine du papier : Autriche
Taux de fibres recyclées : 22 %
Certification : PEFC / EU ECO LABEL
Eutrophisation : 0,010 kg/tonne
Diffusion : MLP
100 Interview
Directeur de la publication
et responsable de la rédaction
Line Burquier
Patrick Casasnovas
108 Santé
Les bienfaits de la proprioception

114 Ils font bouger le VTT

Bruno Brancato (MB Race)

LE MAGAZINE DU VAE
 88 Évasion au Cap Vert

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juin/juillet 2023 5
X Zoom

6 juin/juillet 2023
Cédric Gracia
CG, c’est Giant !
Il reste à ce jour le seul Français à avoir remporté la Red Bull Rampage (2003), un OVNI
qui donne de la voix pour commenter les coupes du monde de DH sur la chaîne au
taureau rouge. Caution forte de l’histoire du VTT autant que figure haute en couleur,
Cédric Gracia rejoint le cercle des ambassadeurs Giant. Trance X Advanced E+ LTD
et Giant Reign Advanced Pro seront désormais ses montures et à 45 ans, CG, toujours
aussi stylé, montre que ça envoie encore sévère !
■ Par Élodie Lantelme - Photo Sam Decout/Giant

juin/juillet 2023 7
X Zoom

Jonnier & Charre

Des nouvelles
de Mo & Mo
Morgane Jonnier et Morgane Charre n’ont pas que leur prénom en commun.
Les deux Françaises partagent aussi un authentique amour du beau vélo, en
course comme en exploration. Aussi, avec son Rossignol, Morgane Jonnier
a-t-elle mis le cap sur la Nouvelle-Zélande en novembre dernier pour
s’immerger dans l’importante communauté MTB locale et préparer la saison
mondiale d’enduro avant d’être rejointe par sa comparse de ride. Une évasion
direction Queenstown. On se prend à rêver…
■ Par Élodie Lantelme - Photo Jake Hood

8 juin/juillet 2023
juin/juillet 2023 9
X Zoom vélo

Lapierre Spicy CF Team

14,3 kg
d’Isabeau Courdurier Tarif : NC

La double championne du monde d’enduro EWS est repartie à l’assaut du

désormais championnat du monde EDR. 2e du classement provisoire à l’heure de
boucler ces pages, Isabeau Courdurier a détaillé pour nous son Spicy 2023 du team
Lapierre Zipp Collective. Véritable bijou à la déco unique en son genre. ■ Par JMP

Poste de pilotage
Isabeau a choisi un guidon Renthal Fatbar carbone en 740 ou
750 mm de large. Ce dernier est le plus couramment employé
mais elle descend à 745 ou 740 mm en cas de besoin.

Suspensions
Contrairement à l’amortisseur d’origine RockShox à air, Isabeau
a choisi le modèle Super Deluxe Ultimate à ressort métallique.
Un montage qu’elle préfère nettement au ressort à air depuis
de nombreuses années. La fourche est la RockShox Zeb
standard qui selon ses dires permet d’affiner ses réglages très
précisément. Les débattements sont en 170 mm.

Cadre
C’est le cadre carbone Spicy standard en taille S. Cadre qu’on
peut facilement adapter en montes diverses, tout 29” ou tout
27,5” ou bien à roues différenciées. Isabeau a choisi un
montage mulet (ou mixte) avec roue avant en 29” et arrière en
27,5”. La tige de selle est une RockShox Reverb à câble
« parce qu’avec mes réglages dus à ma petite taille, la
commande bluetooth ne passe pas… » La selle est de marque
Prologo. Isabeau range une chambre et des démonte-pneus
dans la boîte à outils d’origine située en bas du tube diagonal.

Roues
Ce sont des Zipp Carbone du modèle d’origine. Les pneus
sont des Hutchinson Toro à l’avant et Griffus arrière équipés de
mousses anti-pincement Smooth de la marque Slicy et de
produit préventif. Au niveau des valves, on retrouve les
capteurs Sram Tirewizz bluetooth qui permettent de contrôler
la pression rapidement en jetant un coup d’œil sur son
téléphone. Côté pression, Isabeau roule à 1,25 kg à l’avant et
1,45 kg à l’arrière.

Freins
Isabeau adore les freins puissants, avec très peu de garde au
niveau des leviers. On retrouve du SRAM Code avec disques
en 200 mm. « Je suis très regardante sur mon freinage et j’ai
besoin de réglages très précis. »

Transmission
C’est du matos d’origine, un dérailleur SRAM XO1 Eagle
Carbon AXS (commande bluetooth) associé à la cassette 12
vitesses SRAM XG 10x52. Le pédalier est du SRAM X01.

10 juin/juillet 2023
 Une touche féminine avec cette peinture spécialement
réalisée sur le Spicy Team d’Isabeau par un artiste
spécialisé dans le custom moto. Un peu de flaming,
des paillettes, une déclinaison de sa couleur préférée
qu’est le violet et le tour est joué. Classe !

L’avis d’Isabeau
« C’est ma quatrième saison sur ce modèle et je le connais par cœur. Il est très polyvalent. Il pardonne beaucoup dans le
défoncé. Il est rigide mais juste ce qu’il faut pour un cadre carbone. Il reste très dynamique sur les relances et les spéciales un
peu plates. C’est vraiment un bon compromis avec lequel je m’éclate aussi dans les bike-parks. Ça tombe bien, c’est ce
qu’on recherche en enduro, un vélo polyvalent qui s’adapte à tous les terrains. J’ai choisi un montage mulet, d’abord parce
que je suis plutôt petite et ensuite parce que ça fait un vélo plus joueur tout en gardant le confort de la roue avant en 29
pouces. Les jantes Zipp carbone ont cet avantage d’être plates et d’élargir quelque peu les pneus montés dessus. Ça donne
une sensation, un feeling particulier au niveau du grip. Ça pardonne beaucoup, ça gomme le côté très rigide des jantes
carbone. Mes préférées parmi toutes les jantes que j’ai pu essayer. La déco, c’est parce que j’adore le violet et ses nuances.
Et c’est un artiste qui l’a réalisée avec ce superbe liseré doré qui rappelle les customs moto ou voiture type low rider. »

juin/juillet 2023 11
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12 juin/juillet 2023
 ■ Par Bertrand Thiébault

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Enduro Dark Green 235 €
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biseautés. Roulements étanches. 419 g la
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Tige de selle télescopique
Pro LT 150 227,99 € 10
10 Ce modèle Pro LT pour long travel offre
150 mm de débattement. Cette tige de
selle à cartouche étanche remplaçable est
fabriquée en alu forgé 3D 6061, avec
commande mécanique. Version câblage
interne ou externe, en Ø 30,9 mm ou
31,6 mm. www.pro-bikegear.com/fr
Plaquettes de frein Brake
Authority Burly A partir de 17,80 €
A 11
Les plaquettes de frein françaises Brake
A
Authority en gamme Burly se destinent au
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XC, trail, all-mountain ou enduro. De type
métal fritté, elles promettent un freinage
progressif et durable. Pour Shimano, Sram,

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profil asymétrique en alu 6069 censé
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(1 802 g la paire) ou 29” (1 865 g).
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12 juin/juillet 2023 13
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13 14
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10 mèches Ø 3,5 mm, un porte-mèche et
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glisse au fond d’une poche, sacoche ou
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18
14 juin/juillet 2023
 20

Outillage intégré Bontrager

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à VTT avec cet ensemble Bontrager à
insérer dans le pivot de fourche. L’outillage
se compose d’un multi-outils 9 fonctions,
d’un dérive-chaîne et d’un maillon rapide.
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utilisée en XC avec son débattement de

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visserie titane !) est obtenu par son
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tout autant au cross-country qu’à la route.
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ventilation, le confort et la sécurité avec un
look très racé. Serrage Boa 360°, 5 coloris.
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juin/juillet 2023 15
 e ac h
Sp

o ï c B runi
iq u e de L
ron le
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La ch , on retro
uve dé
éputé po
ro ,r
s ch a que numé u monde de DH la Côte d’Azur,
Dan nd sur
intu ple champio osé en famille, e bien rythmés,
qu e. P e rid
thentiqu uille et d
parler au mois de vadro
ux .
après de e son actualité
ta g
Lolo par

«S alut ! La saison arrive, on sent que ça monte petit à

petit en pression. Donc je profite des moments
disponibles. Là, c’était le baptême de mon neveu, je
suis maintenant parrain ! C’était vraiment cool de revoir le petit et
la famille. Depuis ma dernière chronique, j’ai été pas mal parti.
Entre mon trip en Nouvelle-Zélande et la course en Colombie, j’ai
été quasiment un mois et demi sans revenir à la maison. Je vous
avais dit qu’on avait pris une maison avec un super petit groupe
en NZ, Loris Vergier, mon mécano, Adrien Dailly, Lisandru Bertini.
On a pas mal roulé ! Les enduristes étaient un peu plus en mode
“training” que nous puisqu’ils attaquaient leur saison juste après,
mais avec Loris, on était plus tranquille. Du coup, on a pas mal fait
les c… et profité un peu des soirées. Après deux semaines, on
est monté à Rotorua pour les Crankworx. C’était un peu l’heure
de voir où j’en étais au niveau de la vitesse. Il y avait quelques
bons pilotes comme Loris et des locaux bien rapides. Là-bas, le
terrain est spécial, dans une forêt un peu sombre, sur de la terre
noire glissante… Le run qui m’a permis de gagner n’était pas fou,
c’était un peu brouillon, ça manquait de vitesse sur le bas, mais
j’étais content du résultat. Ça faisait longtemps que je n’avais pas
remporté de Crankworx ! On est ensuite partis en Colombie pour
une course. L’idée de se faire encore un long périple en avion
n’était pas forcément hyper motivante. Mais ç’aurait été dommage
parce que sur place, ça s’est super bien passé ! On a été vraiment
bien accueillis ! On s’est posé dans un gros magasin Specialized.
On pouvait bosser sur les bikes. On a roulé avec des locaux. Bon,
il pleuvait tous les jours ! La piste de la course était une vraie
patinoire. À un moment, je me suis demandé ce qu’on faisait là.
D’autant que je n’avais pas de pneus boue ! J’ai fini par trouver une
paire de pneus qui traînaient dans le magasin et on a bien profité
du week-end. Les gens là-bas, c’est la folie ! Ils nous sautaient
dessus, ils entraient dans notre tente pour prendre des photos.
C’était presque un peu “too much”, parce qu’au fond, on n’est un
peu que des “mongoles d’Europe qui font du vélo et qui gagnent
des courses de temps en temps”, non ? Comme la piste se situe
à 2 000 mètres d’altitude, ça a rendu la course hyper physique.
Loris m’a posé dans le premier run, je l’ai posé dans le deuxième.
Après tout ça, j’étais vraiment content de rentrer chez moi, en
Espagne. J’avais besoin de me poser et de retrouver une routine.
J’aime beaucoup être en voyage, ne pas m’entraîner seul, mais
j’aime aussi ma petite vie tranquille et mon indépendance ! Au
bout d’un moment, l’inertie de groupe me saoule un peu. J’avais
juste oublié que quatre jours plus tard, je devais partir en Autriche
pour un Red Bull Athlete Summit, une rencontre avec tous les
athlètes sponsorisés. J’étais un peu dégoûté de me retrouver une
nouvelle fois à l’aéroport. Mais une fois de plus, ça a vraiment été
Après un baptême de son petit-neveu et son nouveau statut de parrain, un
trip en Nouvelle-Zélande, gavé de roulage en bonne compagnie, une victoire
aux Crankworx, une course en Colombie dans une ambiance de feu et un
meeting athlètes de son sponsor… il était temps de retrouver la maison et
de se plonger à fond dans le début de saison !
sympa ! J’ai rencontré plein d’athlètes que je connaissais moins.
Ça m’a sorti de ma bulle du monde du vélo. D’ailleurs, là, tu
t’aperçois qu’il y a des tas de gars plus intéressants, plus cools,
plus marrants que toi… Ça remet les pieds sur terre ! Les
sponsors nous poussent parfois pas mal à faire des trucs sur les
réseaux sociaux. Et j’avoue que pour moi, ça représente un peu
une contradiction : à la fois, j’apprécie de faire des trucs cool et de
les partager, mais d’un autre côté, je n’ai pas forcément envie de
passer ma vie sur mon téléphone et pas non plus envie d’inciter
les gens à le faire. Je n’ai pas envie d’em… les gens avec des
trucs pas intéressants. Il y en a déjà assez sur les réseaux sociaux
sans que j’y ajoute ma contribution. Bref, on a parlé de ça avec
d’autres athlètes, et c’était intéressant.
Depuis, je suis rentré pour préparer la suite. Je commence à
resserrer la ceinture en vue du début de saison. Ça s’intensifie. Je
fais encore quelques excès parce que j’en ai besoin pour être à
l’équilibre, mais plus ça avance, plus je me couche tôt, moins je
mange à l’extérieur, je fais la sieste.
Sur le Test Event à Lourdes (le 23 avril, NDLR), certains étaient
déjà en mode “World Cup”. Pas moi. Pas encore. Ça ne sert à
rien d’être à bloc tout de suite. Mais ça met déjà un petit coup de
pression. Le boulot a été fait, même si je n’ai pas été super strict.
Surtout que je n’ai plus au quotidien le rythme de mon ancienne
copine (Malene Degn) qui faisait du cross-country et le métier à
outrance. Il me manque encore deux-trois ajustements au niveau
physique. Sur les dernières semaines, il va falloir travailler un peu
plus l’explosivité et la puissance. J’ai parfois l’impression de ne
pas être encore assez précis, concentré sur les détails… Il faut
que je retrouve ça pour gagner des Coupes du monde. Malgré
tout, le fond est bon. Donc pour résumer, je ne vais pas dire que
je suis dans une deuxième jeunesse parce que ce n’est pas le
cas, mais tout va plutôt pas mal. Le vélo marche bien, j’ai de
nouvelles personnes autour de moi, et l’hiver ne m’a pas pesé sur
la conscience. »

16 juin/juillet 2023
X Bike News

La perf’ du mois
Pauline Ferrand-Prevot
On l’avait évoqué dans l’une de nos rumeurs et l’info s’est
confirmée. C’est bien sur des VTT Pinarello que l’on
retrouvera Pauline Ferrand-Prevot et Tom Pidcock la
saison à venir. La première sortie officielle du vélo a tourné
à la démonstration pour PFP qui s’est facilement imposée
sur la course XCO de la deuxième épreuve des Coupes de
France de XC qui se tenait à Guéret. Des signes
encourageants qui indiquent qu’en plus d’être déjà en
forme en vue des premières échéances internationales, la
championne du monde s’est déjà parfaitement adaptée à
ce matériel inédit.

Gaze en grand ! Roues au carré

Il y avait du beau monde sur les
lignes de départ des garçons
lors de la deuxième épreuve des
Coupes de France XC de Guéret.
Si Tom Pidcock sur le Pinarello
est rentré prématurément au
camion sur la course XCO à
cause d’un problème technique,
Sam Gaze s’est imposé. Côté Français, les plus jeunes se sont mis
à l’honneur avec la deuxième place de Joshua Dubaud, la troisième
d’Antoine Philipp et la quatrième de Thomas Griot. Titouan Carod
et Maxime Marotte s’étant classé respectivement sixième et
septième. Les plus expérimentés attendent-ils leur heure ou
assiste-t-on à une passation de pouvoir sur l’échiquier tricolore ?
Réponse sur les premières Coupes du monde.
MB Race 2023
La MB Race, l’une des
courses VTT les plus dures au
monde, fêtera sa 14e édition
du 30 juin au 2 juillet
prochain. L’épreuve MB Ultra
donne le ton avec 7 000 m de
D+ pour les forçats qui iront au bout de cet exigeant parcours
de 140 km sur les sentiers de Megève et Combloux. En équipe
de deux, la MB Ultime offre 11 000 de D+ sur ces 230 km à
couvrir en un maximum de 36 heures ! Mais le week-end de la
MB Race ne se résume pas qu’à ces épreuves hors normes.
D’autres parcours plus abordables sont au programme,
comme le MB Explore (55 km/2 800 m D+), le MB First (20 ou
35 km, 800 ou 1 500 de D+) ou encore la MB E-Rando pour les
VTTAE, la MB FTT réservée aux personnes à mobilité réduite,
la MB Kids ou MB Draisienne pour les plus jeunes. De quoi
satisfaire tous les vététistes, quel que soit leur niveau. Plus de
3 000 participants et 8 500 visiteurs sont attendus. Envie de
vous dépasser – ou de vous faire plaisir – dans un cadre
exceptionnel, avec vue sur le Mont-Blanc ? Les inscriptions,
www.mb-race.com
Plus de 7 millions de vues à ce jour sur YouTube !
Sergii Gordieiev qui anime la chaîne « The Q » sur
Internet a fait le buzz avec
sa dernière réalisation, un
vélo à roues… carrées ! Ce
projet – que les Shadocks
avaient déjà imaginé en
dessin animé il y a près de
40 ans – est aujourd’hui
réalité grâce à un
ingénieux système de chenilles qui tournent autour
de ces roues carrées. Le vélo glisse ainsi à plat sur
ces chenillettes, entraîné par le pédalier via un renvoi
de chaîne sur un « coin » de la roue arrière. OK, le
pilotage de l’engin semble montrer quelques
carences d’agilité et de discrétion avec toute cette
ferraille en mouvement, mais ça fonctionne. Si vous
êtes passé à côté, appréciez l’ingénierie mise en
place pour ce projet fou sur : www.youtube.com/
watch?v=hKyNqc1p2iw. Ça fera toujours quelques
vues de plus !
Le Mips en MotoGP
Un pilote MotoGP profite
du développement de la
technologie Mips. Ce
système d’insert mobile à
l’intérieur des casques -
largement répandu à VTT et
sur route afin de limiter le
risque de lésions
crâniennes est adopté en course par Aleix Espargaro
(Aprilia), cycliste averti. Il devient le premier pilote MotoGP
à rouler avec cette technologie. Un insert Mips Integra TX
spécifique intégré à son Kabuto F17 Racing permet un
mouvement multidirectionnel de 10 à 15 mm lors d’un
impact. Divers casques moto du commerce profitent déjà
de la technologie Mips mais c’est une première à ce niveau.

18 juin/juillet 2023
 eBike toujours là
Pour les aficionados d’électrique,
eBike, référence absolue du
VTTAE, propose dans son dernier
opus une sélection de tests et un
panorama de All Mountain à – de
6 000 euros en plus du test des
dernières pépites du marché :
Giant Trance X, BH Atom Lynx
entre autres. Et puis le mag vous
emmène en Sardaigne pour une
virée clé en main. Dans les
Tueur de hardtail kiosques.
Le nouveau Specialized Epic a été pensé comme une pure
bête de course. Son cadre (peint) ne pèse que 1 765 g avec
amortisseur et visserie, soit un vélo à 9,5 kg en version Assise de Pro
S-Works ! Specialized a repensé le concept de ce crosseur Pro, la marque d’accessoires
avec une intégration si parfaite de la suspension au sein du de Shimano, lance une
top-tube qu’on pourrait au premier regard penser à un nouvelle selle typée enduro
hardtail. Cet Epic World Cup – pas sans rappeler un Trek avec la Pro MSN 1.3 Enduro.
Caliber – dispose bien de 75 mm de débattement arrière et Conçue pour cette pratique,
est proposé avec une fourche en 110 mm. L’atout reste le elle est assez courte afin
poids, mais aussi la rigidité et le rendement. Tout cela avec en d’obtenir une position de
prime le confort et l’adhérence d’un tout-suspendu, grâce à conduite neutre montée/descente. Pensée comme un produit
un amortisseur SID WC Integrated développé avec RockShox. robuste pour répondre aux contraintes de la discipline, sa coque
Ce modèle est sans blocage mécanique, sa conception est dotée d’une base renforcée en carbone et garnie d’un
spécifique assurant cette fonction pour un maximum de rembourrage et revêtement PU, avec rails acier inox. Un canal
rendement. L’équipement du Epic World Cup dispo d’évacuation central permet à l’eau de s’échapper. Cette selle
uniquement en gamme Pro et S-Works (ou kit-cadre S-Works) pesant 255 g sera disponible en deux largeurs, 142 et 152 mm,
est à l’image de ce bijou que tout le monde ne pourra pas au prix de 139,99 € auprès des détaillants Shimano/Pro. Infos :
s’offrir : 9 000 € en version Pro et 12 500 € en S-Works… www.pro-bikegear.com
X Bike News
L’Habbit fait le moine
Coup de frais chez
Cannondale avec une
gamme trail Habbit
revisitée. Ce sont
désormais deux
plateformes
distinctes, Habbit et
Habbit LT, qui
répondent à chaque
utilisation, du cross-
country engagé à
l’enduro. Le Habbit
dispose de
débattements de
130 mm AR et fourche
de 140 mm, le LT pour Long Travel de 140 mm AR et 150 mm
AV avec une géométrie un peu plus ouverte : angle de colonne
de 64,7° (65,5° sur le Hobbit) et angle tube de selle de 77°
(77,5° sur Hobbit). Les équipements sont également adaptés
en fonction des versions, le LT disposant logiquement de
roues, pneus et freins pensés Gravity. Habit et Habit LT seront
disponibles en trois déclinaisons d’équipements avec cadre
carbone, et trois autres plus abordables à cadre alu. Prix : de
2 999 € et 5 999 €.
Ford et Rockrider
Avec Ford, c’est un sponsor
d’importance qui vient
s’associer au Rockrider
Racing Team 2023. La jeune
équipe entre dans le club
fermé des « UCI MTB Team
Élite » et vise les Jeux
Olympiques de Paris 2024
avec une équipe de 7 athlètes
portant les couleurs de Ford
et Rockrider. On retrouvera dès l’ouverture de la Coupe du monde
le 12 mai en République Tchèque Maxime Marotte, Mathis Azzaro,
Joshua Dubau pour les hommes, ainsi que les filles Savilla Blunk,
Greta Seiwald, Elemline Deteilleux et Olivia Onesti, un groupe
emmené par Samuel Roces en tant que manager. Pour cette saison
2023, l’équipe évoluera au guidon du Rockrider 940S, un prototype
attendu en série pour 2024. L’aventure du Rockrider Racing Team,
entamée l’an passé, est à suivre sur : www.rockriderracingteam.com
Décennie
magique
L’Enduro World Séries n’est plus, vive
l’Enduro World Cup à la sauce UCI.
Pour clore un chapitre haut en couleur
et en performances, les joyeux
initiateurs de cette série ont produit un
magnifique ouvrage gavé de photos
superbes reprenant année après
années les temps forts d’une decade
formidable. 258 pages pour admirer et se souvenir.
Précommandes : https://shop.enduroworldseries.com
20 juin/juillet 2023
Un Spark pour N1N0
Ne rêvez pas trop : il faut s’appeler Nino Schurter et avoir
décroché dix titres de champion du monde pour se voir
offrir cet exceptionnel Spark RC Special Edition ! Scott,
avec l’aide du mécanicien de Schurter Yanick Gyger, lui a
concocté un modèle unique. Cette bête de course s’équipe
logiquement de ce qu’il y a de plus noble, léger et racé en
termes de composants, dont le nouveau groupe Sram
Eagle XX SL Transmission, l’ensemble livré dans une
finition personnalisée or et arc-en-ciel retraçant l’ensemble
de ses titres. Une pièce unique pour un champion hors
normes. Scott ne communique ni poids ni estimation de
prix, mais à n’en pas douter, on est là aussi hors normes…
Vidéo du montage ici : https://youtu.be/igmJZhxnm30
Le VTT en live-streaming
GNC+ a
acquis pour
2023 les droits
mondiaux de
live-streaming
à la demande
pour les
épreuves UCI
Mountain Bike
World Series, nouvelle appellation qui regroupe
toutes les compétitions de la Coupe du monde VTT.
Ces courses (et bien d’autres, route ou VTT) seront
retransmises par GNC+ via l’app GCN ou web, via
Amazon FireTV, Samsung Smart TV, AndroidTV,
Chromecast, Apple AirPlay et Apple TV. Première
épreuve à bénéficier de ce support digital, l’ouverture
de la Coupe du monde MTB XCC et XCO à Nové
Mesto en République Tchèque du 12 au 14 mai. À
suivre sur : www.globalcyclingnetwork.com
Sulfur Series
Sulfur, c’est la nouvelle
série de composants
ONOFF, la marque
d’accessoires signée
Mondraker. On y retrouve
divers cintres, potences
et tiges de selle adaptés à toutes les pratiques, toutes
fabriquées en aluminium 6061-T6 pour une résistance sans
faille. Disponible auprès des revendeurs Mondraker.
X Bike News

Une intrigue très féminine

Liv, la marque
féminine de Giant,
n’oublie pas les
dames qui envoient
du bois avec ce
nouvel l’Intrigue LT
Advanced Pro. Basé
sur l’Intrigue LT1,
l’Advanced Pro (prix :
7 100 €) reprend le
même
environnement, mais
avec un cadre composite et toujours doté de sa suspension
Maestro (déb. 150 mm) avec filp-chip à 3 positions pour
adapter la géométrie aux préférences et terrains de chacune
d’elles. La pilote aveyronnaise Mélina Damestoy, vice-
championne de France d’enduro, aura l’honneur d’emmener
l’Intrigue LT Advanced Pro à la chasse aux podiums en Coupe
de France d’Enduro et autres circuits Maxi et Mégavalanche,
voire sur quelques manches EWS.
Bosch vise le VTTAE light
Bosch s’était
jusqu’alors
refusé à entrer
dans la danse de
la motorisation
légère pour
VTTAE, laissant
le champ libre à
TQ, Fazua,
Mahle,
Specialized (Turbo 1.1) ou encore son concurrent Shimano avec
son EP8 Rs « downsizé ». Les temps semblent changer puisqu’à
l’occasion du Bike Festival du Lac de Garde fin avril, le motoriste
allemand y exposait un prototype maquillé pendu au bout d’un
peson, avec un e-bike affichant un poids de 16,3 kg. Tout porte
donc à croire qu’une version « light », moteur et batterie de faible
capacité, serait en préparation du côté de Stuttgart. Rien de plus
logique avec un marché des VAE à assistances légères certes
encore balbutiant, mais en constant développement. Les
nouveautés Bosch devraient être officiellement dévoilées à
l’occasion du salon Eurobike de Frankfort fin juin.
L’UCI contre le harcèlement
L’Union Cycliste Internationale lance une campagne
dédiée à la protection des individus dans le cadre du
programme « Cycling Integrity » visant au renforcement de
l’intégrité dans le cyclisme. « Chaque membre de la famille
cycliste, coureur ou non, doit pouvoir évoluer dans un
environnement dans lequel il se sent en sécurité et
respecté. Il est essentiel pour l’UCI de tout mettre en
œuvre pour lutter contre le harcèlement et les abus quelle
que soit leur forme : psychologiques et physiques,
harcèlement et abus sexuels. Ces phénomènes n’ont pas
leur place dans le cyclisme », clame l’UCI. Une plateforme
« UCI SpeakUp » (« Exprimez-vous ») est mise en place
sur https://report.whistleb.com/fr/uci2. Chacun peut tirer
la sonnette d’alarme.
Sévèrement cramponné
Maxxis lance un nouveau pneu
grand public boue destiné au
X-country : le Severe. Schurter a
participé à son développement
et l’a validé en Coupe du monde
l’an passé. Le nouveau composé
de gomme dit MaxxSpeed 2023
utilise une charge de silice
censée « améliorer la traction sur
sol boueux en réduisant la
résistance au roulement jusqu’à
25 % ». Ce pneu en carcasse 120
TPI, tubeless ready et flancs renforcés EXO est
conçu pour l’avant et l’arrière en conditions humides.
Il est dispo en 29x2.25” (745 g.) au prix de 85 €. Cette
nouvelle gomme MaxxSpeed sera également
déclinée sur les gammes Aspen, Rekon Race, Ikon.
X Opinion

Quels changements attendre du nouveau

diffuseur de la Coupe du monde de VTT ?
Finies les diffusions gratuites de la Coupe du monde
en direct assurées par RedBull TV. Place à Warner
Bros Discovery qui a signé les droits de diffusion
avec l’UCI pour au moins huit ans et annoncé un
contenu en partie payant. Un bouleversement dans
le milieu qui entraîne de nombreuses interrogations
chez les managers et les athlètes.

Laurent Delorme Loris Vergier Myriam Nicole

Manager équipe
Specialized, président de
Pure Agency
« Discovery diffuseur
est promoteur de la
Coupe du monde
UCI, c’est un
changement très
important. Ils
peuvent modifier le
contenu des courses, la longueur,
en faire en hiver, sur un autre
continent… Agir aussi sur la tech-
nologie ou la conception des
teams. RedBull TV, c’était gratuit.
Maintenant ce sera environ 40 eu-
ros mais il y aura plus de catégories
et d’épreuves diffusées. RedBull
véhiculait une image extrême. Avec
Discovery, ça devrait être plus
grand public avec des teasings du
X-country sur des chaînes plus gé-
néralistes. Une façon de toucher un
plus grand public. Ils touchent
également à la descente en ajoutant
une demi-finale le dimanche, dif-
fusée gratuitement en direct. Ce
format existait il y a quinze ans.
Pour les teams, le prix a augmenté.
On s’inscrivait à la coupe du
monde pour 3 000 euros. Désor-
mais c’est 11 000 euros pour un
team Élite. En contrepartie, on a
plus de diffusion. Ça ne peut être
que positif dans l’avenir. Discovery
a dû payer cher ces droits de diffu-
sion. Ils veulent rentabiliser cet
investissement et pas tuer la disci-
pline. Il faut juste qu’ils ne veuillent
pas grandir trop vite. Qu’ils nous
laissent le temps de nous profes-
sionnaliser. »
n° 2 Coupe du monde DH
2022
« Durant les tests à Lourdes fin
avril, ils étaient à
notre écoute,
mais je ne sais
toujours pas à
quoi m’at-
tendre.
Jusqu’ici, c’était
gratuit sur RedBull TV. Convivial
aussi. J’espère qu’on ne va pas trop
s’éloigner de cet esprit bon enfant,
en devenant quelque chose de trop
professionnel. C’est parce que
c’était accessible que les gens ve-
naient voir les courses. Ils an-
noncent plus de caméras et des
pistes parfois plus courtes. Ça va
améliorer la retransmission, les
gens se rendront mieux compte de
la difficulté. Ça nous chagrine un
peu de faire cette demi-finale en
matinée car c’est deux fois plus de
risques pour nous mais ils ont ré-
pliqué en nous démontrant que les
blessures surviennent en majorité
lors des entraînements. Beaucoup
moins que pendant les courses. Par
contre, c’est physique une finale de
descente. Ça va changer notre ma-
nière d’aborder la course et de
nous entraîner et peut-être notre
engagement. Mais quand je vois ce
qui se fait en MotoGP avec une
Sprint Race le samedi, je trouve ça
bien en tant que spectateur. Ça fait
deux fois plus de courses à regar-
der ! Ça va donc pousser le sport,
en espérant que ça le tire vers le
haut. On a tout pour que ça aille
mieux. On va croiser les doigts. »
Double championne du
monde DH
« Ce qui a été difficile, c’est
qu’on a manqué
d’informations.
Discovery a fait
sa popote dans
son coin et tout
ça a inquiété
beaucoup de
monde mais il ne serait arrivé à
rien s’ils avaient demandé l’avis à
tout le monde. Ce sont des spécia-
listes et ils ne feront pas n’importe
quoi. Côté athlètes, j’ai été rassurée
en tant que représentante des fé-
minines. Ce qu’on nous a présen-
té sur les changements apportés
aux pistes de Val di Sole et Fort
Williams, ça allait dans le sens de
ce qu’on voulait avec une sécurité
renforcée. Loïc Bruni nous a éga-
lement rassurés suite aux tests ef-
fectués à Lourdes. Ça a râlé sur le
format en deux courses dans la
même journée. On a proposé d’en
faire une le samedi et la finale le
dimanche mais ils n’ont pas voulu.
Par contre, on a obtenu gain de
cause sur l’attribution de points
entre la demi-finale et la finale.
Une finale en remportera beau-
coup plus. On abordera les courses
différemment. Le modèle payant,
ça limite forcément le nombre de
spectateurs. J’espère qu’il y aura
aussi un circuit pour les jeunes. Ça
va rendre le sport plus prestigieux
mais j’espère que ça ne va pas le
tuer parce que trop élitiste. Au fi-
nal, j’ai le sentiment que ça va faire
du bien au sport. »
L’avis de
Résumons : les épreuves de
short-track (XCC), de
cross-country et les finales
de descente seront diffusées
live sur GCN+, Eurosport et
Discovery+, trois plateformes
nécessitant un abonnement
et dispos via des applications
sur smartphone ou ordinateur
(ou bouquet Canal+ en
France). Un abonnement à
40 € l’année ou 7 € mensuel.
En complément, Discovery
proposera la diffusion des
courses de XC U23, les
épreuves de DH Junior et les
demi-finales de la descente
Élite – une nouveauté – et ce
gratuitement. Ces diffusions
en direct et gratuites seront
disponibles sur la chaîne
Youtube de l’UCI. S’ajoutent
des résumés vidéo pour les
courses XC Marathon et
Enduro disponibles aussi
gratuitement sur YouTube. On
nous en promet plus et
mieux, mais il faudra payer
pour suivre en direct les
épreuves reines. De
nombreux sports ont déjà
franchi le pas et on ne peut
que constater le succès de
ces diffusions payantes. On
peut évidemment regretter
que le VTT suive ce
mouvement vers le sport-
business et ne se coupe
d’une part non négligeable de
ses admirateurs. Doit-on y
voir une opportunité vers un
élargissement de l’audience,
donc des retombées
publicitaires qui profiteront
également aux athlètes et aux
marques ? On espère que le
VTT est prêt pour ce grand
chambardement.

24 juin/juillet 2023
X Événement

26 juin/juillet 2023
Élection du VTT cross-country de l’année

À fond la surprise !
La seconde édition du XC de l’année élu par les lecteurs – et uniquement les
lecteurs – a mis en relief l’exceptionnelle qualité des vélos présentés
à Levens, terre du VTT. Au jeu des pronostics, Rockrider a renversé la table
et mis tout le monde à l’amende grâce à un rapport qualité/prix inégalé.
On vous explique les dessous de l’affaire…
■ Par Bertrand Thiébault et Sanlaville. Photos JM Pouget et BT

juin/juillet 2023 27
X Événement

Notre tracé 2023 empruntait

une partie du parcours du
championnat de France XCO,
notamment dans son secteur
descendant. Le tout entre les
l est des rendez-vous qui suscitent

I
pins et les chênes-lièges. Joli !
autant d’appréhension que
d’excitation. L’Élection des vélos de
l’année, parmi laquelle prend part
depuis deux ans la catégorie « XC », en
fait partie. On attend jusque dans la
dernière ligne droite le résultat du casting
vélo, on peaufine la sélection des lecteurs
amenés à juger les candidats pour obtenir
la juste dose de compétence, le panel le
plus représentatif et puis dernier acte
d’une « mission élections » à haute
intensité, on surveille la météo. S’agirait
pas que le ciel habituellement dégagé du
Sud-Est noircisse nos conditions de
roulage et les perturbe sérieusement.
Alléluia, les planètes se sont alignées cette
année. Comme en 2022 en fait. La
conjonction du gros coup de bol et d’une
préparation aussi soignée que possible a
accouché d’un événement réussi dans
ses grandes longueurs. C’est à Levens,
dans les Alpes-Maritimes et son arrière-
pays montagneux, que le rendez-vous a et grimpettes caillouteuses nécessaires parlons-en ! L’appel d’offres a reçu six
été pris, avec le soutien inconditionnel de pour tester dans des conditions optimums candidats - 1. - 1 car quelques jours avant
la Métropole de Nice Côte-d’Azur. Un spot la production XC. Sec à l’accoutumée, le l’élection, Scott nous a annoncé sa
dont la réputation n’est plus à faire, ayant terrain s’est révélé très sec en raison de la défection. Pas de Scott RC World Cup
accueilli ces dernières saisons nombre pénurie d’eau cette année. On a profité du 2023 dispo en trois tailles comme l’impose
d’événements VTT nationaux, dont le plus savoir-faire du club VTT magistralement notre cahier des charges… Soit l’absence
récent, deux jours avant l’élection, le géré par Yann Véran et chirurgicalement du vainqueur 2022. On a dû composer
championnat de France d’enduro. Levens, tracé par Vincent Ancelin pour emprunter avec un panel réduit mais pas moins
qui s’élève à 600 mètres au-dessus de un parcours de 5,3 km entre pins, prestigieux faisant le yoyo en termes de
l’Estéron, de La Vésubie et du Var, chênes-lièges et bonne caillasse tarif mais avec une très forte tendance
présente tous les chemins roulants, peuchère ! De la haute couture off-road « high-tech ». Du XC racé avec Orbea et
singles techniques, descentes cabossées pour mannequins d’Élite. Les mannequins, BMC, de l’éprouvé haut de gamme avec

28 juin/juillet 2023

C’est avec sérieux, application
et décontraction que Vincent
Ancelin a tracé les parcours XC
et e-bike autour du Grand Pré de
Levens. Un homme en or qui a
ensuite joué les anges gardiens.
Ce n’était pas la MB Race à
Levens mais nos six lecteurs
ont pu apprécier le dénivelé du
tracé au profil varié.
Graines de stars
Laurine Petit
26 ans – 1,65 m – 50 kg
Différents mouvements nous seraient
tombés dessus sans une présence
féminine alors… Plus sérieusement, les
candidatures ne se sont pas
bousculées. C’est avec encore plus de
plaisir que Laurine nous a rejoints. Des
études à Lille, une vie désormais bien
installée en Champagne, Laurine
pratique assidûment le vélo depuis toute
petite après avoir navigué entre
différents sports de Montagne. Elle roule
un Mondraker F podium DCR autant
qu’un Canyon Spectral. Son truc, ce
sont les trips, les longues distances, une
communion avec la nature et le partage
d’une passion solidement ancrée. Elle
s’apprêtait à partir trois semaines à la
re-découverte du Vercors à vélo avant
notre élection. Mazette…
Mathieu Coste
17 ans – 1,86 m – 74 kg
Le benjamin du jury n’est pas le moins
aguerri. Étudiant en Terminale techno,
cet Aveyronnais pur souche a démarré
en club il y a six ans après avoir baroudé
avec les potes dans les chemins et sur
les bosses de la région de Salles-la-
Source. Son goût pour la nature ne
l’empêche pas de prendre la route l’hiver
pour « se faire la caisse » et espérer
claquer de bons résultats en
compétitions départementales et
régionales avant de penser à des
épreuves nationales. Il fait partie du pôle
Aveyron VTT depuis deux ans, roule
aussi en enduro et reste fan de descente,
mais c’est bien le cross-country qu’il
affectionne prioritairement au guidon de
son Orbea Alma 2022. Ça tombe bien…
juin/juillet 2023 29
 Graines de stars

Rémy Benessia
43 ans – 1,77 m – 67 kg
Rémy n’est pas un inconnu. Il redouble
avec nous parce que c’est un bon (très)
bon élève pardi ! Sudiste invétéré qui
saute d’un échafaudage à l’autre dans la
rade de Toulon, il s’est mis sérieusement
au VTT en 2016 après s’être « fracassé »
les genoux en course à pied. Un pote lui
a fait découvrir le club Chlorobiking. Il en
est devenu le Président en 2021. Son
leitmotiv : l’aventure et l’adrénaline, ce
qui ne l’empêche pas de faire 6 000 km Ils ne leur diront jamais assez
de vélo de route par an. Pas de merci. Nos lecteurs ont été
compétition à son actif mais beaucoup soignés comme des pilotes
officiels pendant deux jours par
de grosses randos au guidon de son les assistants techniques de
Trek Super Caliber. La longue distance Yéti, BMC, Orbea, Cannondale
est son moteur, mais avec un vélo qui lui et Rockrider. Du grand art !
procure des sensations, lui qui
ambitionne une Trans Maurienne dès
que possible.

Xavier Koechlin
62 ans – 1,64 m – 62 kg
Un personnage ! Discret, pour ne pas
dire effacé dans notre « village », Xavier
avale les espaces, aussi grand soit-il.
Cet ancien chasseur alpin devenu
viticulteur navigue entre les Alpes et la
région Champagne. Deux terrains de
jeux variés pour abattre des kilomètres
au guidon d’un Scott Spark 960. Il a
rejoint à 40 ans le club de Bar/Aube
après pas mal de trails et d’enduros moto.
Toujours du « hard » pour un solide
gaillard rompu à l’effort solitaire. Il jongle
du musculaire à l’électrique (Tour du
Mt-Blanc récemment) selon ses envies.
On l’a constaté quand il a enchaîné le
test de nos XC et des VTTAE présents
lors de cette élection, soit onze vélos
dans la journée… À la tienne Xavier !
Cannondale, une touche baroudeur avec
Yeti et une étoile filante bien intrigante
avec Rockrider, de retour dans le game,
décidé désormais à jouer devant.
Des lecteurs affûtés
Pour tester cette production
représentative, six lecteurs et lectrice triés
sur le volet. Du compétiteur forcené au
randonneur incurable, de 17 à 62 ans, on
a trouvé là des durs à cuire, aussi
passionnés qu’investis dans leur lourde
mission. Il a suffi de voir l’étincelle dans
leurs yeux à l’approche du premier run
pour saisir leur appétit d’effort et de
découverte. Pour faire évoluer la formule
d’une élection bien installée, on a choisi
de faire rouler chaque jour tous les vélos à
notre jury pour à nouveau les remettre en
selle dans le sens d’essai contraire. Le
moyen pour les constructeurs comme
pour ces lecteurs-essayeurs novices de
préciser leur ressenti, de peaufiner et
d’adapter les réglages, de compléter leurs
sensations. Une décision bien fondée car
le verdict final mettra en lumière une
véritable évolution des notations et un
bouleversement des classements d’un
jour sur l’autre avec des vélos au charme
redécouvert parfois après une adaptation
au profil et à la pratique de chaque
testeur. Chacune, chacun a effectué une
boucle le premier jour et rempli une fiche
de notation complète par vélo avant de
répéter l’exercice le lendemain. L’addition
de ces bulletins de notes a révélé un
résultat sans appel, du meilleur vélo au
meilleur rapport qualité/prix en passant
par les catégories « meilleur descendeur »
et « meilleur grimpeur ». Pas de mauvais
vélo à l’arrivée mais la distinction de
caractéristiques précises selon les usages
recherchés. Pas de grand perdant non plus
mais un superbe vainqueur qui a interrogé,
surpris avant de rallier un max de suffrages.
Rendez-vous est pris pour 2024, là-bas ou
ailleurs, avec vous on l’espère.

30 juin/juillet 2023

Encore merci !
On n’aurait rien pu faire sans le soutien de la Métropole
Nice Côte-d’Azur, la municipalité de Levens, son club
vélo, les constructeurs et leur logistique parfaite sur
place mais aussi le Servotel Saint Vincent à Nice qui a
reçu notre équipée sauvage. Un merci plus que soutenu à
nos anges gardiens sur le parcours, Vincent Ancelin et
Auguste Mannoury, aussi pédagogues que vifs et
efficaces dans l’effort. La crème de la crème on vous dit !
Graines de stars
Didier Bellone
55 ans – 1,75 m – 68 kg
Sa région, c’est le Sud-Est, Nice et ses
environs. Sa passion, le VTT et la course
à pied. Didier ne s’est engagé que
tardivement sur deux roues (25 ans),
après qu’un pote lui a fait découvrir le
col de Vence au retour d’un voyage au
Canada. Son Decat’ n’est alors pas au
niveau du terrain. Il investit dans un
Kona, se blesse lourdement (cheville et
talon explosés), doit patienter un an
avant, cette fois, d’enchaîner les sorties
corsées au guidon d’un Mondraker Foxy
puis bientôt d’un Raze. La compét’ n’est
pas son truc. Ce qu’il aime, c’est la
découverte de nouveaux singles,
l’exploration, le partage d’expériences.
Autant dire qu’il s’est jeté sur cette
élection avec une avidité de jeune
premier.
Olivier Klinghofer
41 ans -1,87 m – 75 kg
Le lendemain de notre élection, Olivier
prenait la route de Guéret dans la
Creuse où se déroulait la Coupe de
France XC. Pas dans un rôle de
spectateur mais bien pour performer
dans la classe Master. 51e scratch
et top 20 dans sa catégorie, voilà qui
donne une idée du niveau du garçon.
Cadre à la Poste de Pertuis, Olivier
bénéficie d’un emploi du temps
favorable pour s’entraîner assidûment. Il
aime se faire mal, aller chercher le petit
truc en plus qui va lui permettre de
progresser tant du point de vue
technique que physique. La compétition
est dans son ADN, lui qui a longtemps
roulé en motocross et en endurance
(auto). Il roule actuellement un Scott
Spark World Cup « amélioré » au niveau
roues et fourche…
juin/juillet 2023 31
X Événement
-
Meilleur X-Country 2023
Rockrider Race 900 S GX AXS
4 229 € / 12,08 kg (taille M, tubeless, sans pédales)
Ce n’est ni le plus cher, ni le plus
léger, ni le plus technologique,
mais ce Rockrider Race 900 S s’est
avéré offrir au final le meilleur
compromis pour remporter
brillamment cette élection. Une
sacrée belle surprise !
t bam, les préjugés volent en
E éclat ! Rockrider, marque du
groupe Decathlon, remporte
haut la main cette élection du
VTT cross-country de l’année 2023. Les
mauvaises langues diront qu’il décroche
cette victoire grâce à son prix – deux voire
trois fois inférieur à celui de ses
adversaires. Ceux qui ont roulé dessus
pendant deux journées pleines y ont
surtout vu un VTT efficace et performant
partout, maîtrisant parfaitement l’art du
compromis. Ce Race 900 S a été
développé par les équipes du BTwin
Village à Lille, puis validé en compétition
par le Rockrider Racing Team (S. Tempier,
J. Dubau, E. Detilleux…). Et ce sont bien
les qualités dynamiques de ce modèle qui
ont été mises en avant par nos testeurs !
Beaucoup ont apprécié le côté sécurisant
du Rockrider en descente avec ses
débattements en 120 avant/arrière. Il
32 juin/juillet 2023
Fiche technique
Cadre : Rockrider carbone unidirectionnel, biellette
carbone, déb. 120 mm
Fourche : RockShox Sid Rush SL, blocage couplé
AV/AR TwistLock, déb. 120 mm
Suspension AR : amortisseur RockShox Sid Luxe
Select+, blocage couplé AV/AR TwistLock
Potence/guidon : Rockrider alu plongeante -7° /
cintre Rockrider aluminium
Tige de selle/selle : Rockrider télescopique
(option), Ø 120 ou 150 mm / Fizik Argo Vento
Dérailleur AR : Sram GX Eagle AXS, 12v.
Cassette : Sram GX Eagle 10-52, 12v
Pédalier : Truvativ Stylo 7K Dub alu, 34T
Freins : Sram Level TL,
disques Ø 180/160 mm
Roues : 29’ Reynolds TR 289/309 XC29 carbone
Pneus AV/AR : Hutchinson Kraken, Racing Lab
29x2.30’’ TR
Tailles : S, M, L, XL
Coloris : blanc
Contact : www.decathlon.fr
bénéficie d’une bonne stabilité (des notes
de 17 à 20/20) mais aussi d’un confort
appréciable. La plupart des testeurs se
sont sentis tout de suite à l’aise au guidon,
même si certains auraient préféré une
position de conduite encore plus racée.
Les réglages aux petits oignons apportés
par les techniciens Rockrider sur place ont
alors permis d’adapter le comportement
du vélo aux désirs de chacun, en fonction
de leur pratique et pilotage. Sans être au
niveau du BMC en relance et nervosité, le
Race 900 S s’est avéré être un bon
grimpeur avec son cadre carbone assez
rigide et des roues Reynold en carbone.
Ce ne sont pas celles qui offrent le
meilleur rendement aux yeux des testeurs
(note moyenne : 16,8/20) mais là encore, le
compromis est plus qu’acceptable,
surtout à ce prix ! Les notes sous les 16/20
sont d’ailleurs assez rares : elles
concernent essentiellement l’esthétique
 Efficace en montée,
sécurisant en descente,
le Rockrider n’a pas de
réelles lacunes sur le
terrain. Seules quelques
concessions sont faites
sur l’équipement afin de
contenir le prix.

L’œil des lecteurs

– jugée très/trop sobre –, le poids
(12,08 kg au bout de notre peson) avec un
léger embonpoint face à la concurrence
qui affiche jusqu’à un kilo de moins, voire
le freinage avec les Sram Level TL qui
n’ont pas toujours convaincu. Le choix
des suspensions RockShox (fourche SID
Rush et amortisseur SID Luxe) a été
diversement apprécié. Quelques lecteurs/
testeurs ont été surpris par le blocage
couplé via une poignée tournante (!) et une
seule position de blocage. C’est donc
davantage une vision d’ensemble qui
apporte la victoire au Rockrider Race 900
S GX AXS avec un équilibre maîtrisé dans
tous les domaines. À défaut d’être le
meilleur partout, ce VTT n’est mauvais
nulle part et toujours plaisant. Le Rockrider
fut pour bon nombre de testeurs une
véritable révélation sur le terrain, venant
bousculer certaines idées reçues, tant sur
la marque à l’image « grand public » que
sur le ticket d’entrée pour prétendre rouler
sur une bête de course XC. Faudrait-il être
fou pour dépenser plus ? Vaste question à
laquelle on a un soupçon de réponse…
Coups de cœur
« La concurrence a du souci à se faire… »
Xavier
« Un vrai vélo de compétition ! » Olivier
« Des roues carbone et une transmission
AXS à moins de 5 000 € : voilà un VTT
que je mettrais bien dans mon garage ! »
Rémy
« Un vélo stable et agréable en descente. »
Didier
« Un VTT qui peut correspondre à tout le
monde et sur lequel on se sent tout de
suite à l’aise. » Laurine
Coups de griffe
« Des freins un peu légers et une fourche
perfectible. » Didier
« Suspensions un peu cheap. » Olivier
« Vélo un peu lourd. » Olivier Classement général
« Un léger manque de nervosité et de 1. Rockrider 16 213 points
rendement sur les roues. » Matthieu
« Porte-bidon placé trop bas. » Mathieu 2. BMC 16 128 points
et Olivier 3. Orbea 16 081 points
« Encore un peu de travail à faire sur
l’intégration des gaines dans le cadre. »
4. Cannnodale 15 822 points
Mathieu 5. Yeti 15 760 points

juin/juillet 2023 33
X Événement
-
Meilleur grimpeur
BMC Fourstroke 01 LTD
12 999 € / 11,12 kg (taille M, tubeless, sans pédales)
ne bombe ! Ce BMC
U
Fourstroke 01 LTD surpasse la
concurrence dès qu’il s’agit
d’atteindre les sommets. Plus
qu’une victoire en termes de points, c’est
un plébiscite quant aux sensations
ressenties au guidon, avec des notes
comprises entre 16 et 20 (dont beaucoup
de 18 ou 19/20 !) sur les différents critères
de cette catégorie « meilleur grimpeur ».
Du rendement, le BMC n’en manque pas
avec son cadre carbone à la fois très
nerveux et réactif au moindre coup de
pédale, bien aidé par d’excellentes roues
carbone DT Swiss 1200. C’est un VTT XC
qui transpire la compétition, pensé
comme une bête de course et, revers de
la médaille, avec peu de concessions au
confort. C’est d’ailleurs le seul modèle en
100 mm de débattement AV/AR – ce que
34 juin/juillet 2023
Fiche technique
Cadre : Fourstroke 01 Premium Carbon,
déb. 100 mm
Fourche : Fox 32 SC Factory Kashima, blocable,
déb. 100 mm
Suspension AR : amortisseur Fox DPS 32 SC
Factory Kashima, blocable
Potence/guidon : BMC MSM01 / BMC MFB01
Carbon
Tige de selle/selle : BMC Autodrop automatique,
déb. 80 mm/Prologo Dimension NDR T4.0
Dérailleur AR : Sram XX1 Eagle AXS, 12v.
Cassette : Sram XX1 Eagle 10-52, 12v
Pédalier : Sram X01 Carbon Eagle, 34T
Freins : Sram Level Ultimate,
disques Ø 160/160 mm (Ø180 AV en taille L-XL)
Roues : 29” DT Swiss XRC 1200 carbone 30 mm,
moyeux DT Swiss 180
Pneus AV/AR : Vittoria Mezcal 29x2.35” TR
Tailles : S, M, L, XL
Coloris : rouge/blanc
Contact : www.bmc-switzerland.com
Aussi racé dans ses lignes
que dans son ADN, le BMC
transpire la performance.
Il s’adresse à une clientèle
exigeante et suffisamment
passionnée pour signer un
tel chèque !
n’ont pas manqué de relever certains
testeurs en recherche d’un peu plus de
polyvalence et d’agrément sur ce terrain
cassant. Son blocage de suspension n’a
pas toujours fait l’unanimité : une note de
10/20 pour le plus sévère… Plus encore,
c’est sa tige de selle télescopique dite
« Autodrop » qui n’a pas convaincu la
majorité. Si l’idée d’une tige de selle qui
monte et descend seule via un circuit d’air
comprimé sans avoir à se poser dessus
est jugée intéressante, son
fonctionnement, parfois aléatoire, en a
déstabilisé plus d’un. En clair, des fois ça
marchait. D’autres, ça ne marchait pas.
Les notes vont de 10/20 à 19/20 entre
ceux qui ont adoré… et ceux qui ne se
sont pas faits à ce système novateur qu’il
faut apprendre à maîtriser. Les qualités de
grimpeur du BMC sont intimement liées à

son poids : avec ces 11,12 kg vérifiés,
c’est l’un des plus légers de cette élection,
juste derrière l’Orbea. Cette faible masse
est obtenue d’un côté par un cadre et des
composants très haut de gamme, mais
aussi par des choix discutables comme la
monte pneumatique Vittoria Mezcal à
carcasse light peu en adéquation avec un
terrain technique et cassant comme celui
rencontré sur le parcours XC de Levens.
Ce Fourstroke est le plus onéreux des
prétendants, quasi à 13 000 €. Ce
grimpeur-là ne se destine ni à toutes les
bourses, ni à tous les vététistes. Pas plus
qu’une Ferrari ne représente l’arme idéale
pour affronter le périph’ parisien aux
heures de pointe ou les vacances en
famille avec un porte-vélo aux fesses.
Il est né pour la performance plus que
pour les compromis !
Le Fourstroke est pensé
comme une machine de
course, sans compromis sur
le rendement. Il est le seul de
cette élection à n’offrir que
100 mm de débattement,
un atout de grimpeur, tout
comme son poids plume.
L’œil des lecteurs
Coups de cœur
« Un monstre en montée et en relance,
un rendement incroyable ! » Olivier
« Un VTT magique quand on arrive à lui
donner ce qu’il demande. » Rémy
« Un vrai XC pour la race, très performant
avec un très bon rendement, nerveux,
réactif. » Mathieu
« Aucune perte de watts, un châssis rigide
mais pas piégeux. En 120 mm, il serait
incroyable ! » Olivier
Coups de griffe
« Un vélo qui n’est pas à la portée de tous.
Un pur compétiteur. » Rémy
« L’équipement pourrait être de meilleure
facture pour le prix affiché. » Didier
« Pneus à carcasse light totalement hors
sujet… » Olivier
« Tige de selle étrange qui vit sa vie… Trop
Classement grimpeur
de technologie tue la technologie ! » Didier
« Le prix calme un peu… » Xavier 1. BMC 5 469 points
« Pas un vélo pour ce que je recherche… 2. Orbea 5 368 points
trop typé course, pas assez souple. »
3. Rockrider 5 362 points
Laurine
« Manque peut-être un peu de 4. Cannondale 5 340 points
débattement… » Mathieu
5. Yeti 5 177 points
juin/juillet 2023 35
X Événement
-
Meilleur descendeur
Yeti SB 120 T3 Turq
11 149 € / 13,60 kg (taille M, tubeless, sans pédales)
Avec son allure plus massive,
ses gros pneus et sa suspension
originale Switch Infinity, le Yeti
SB 120 s’apparente davantage
à un down-country. Il s’impose
logiquement en descendeur !
i le nouveau Yeti SB 120 offre
S bien 120 mm de débattement
avant/arrière, tout comme le
Orbea, le Cannondale et le
BMC, il est toutefois taillé d’un autre bois !
Au milieu de ces cross-country racés, la
marque du Colorado ne peut renier une
obédience plus engagée, davantage
portée vers les parties descendantes que
grimpantes. Ce qui est logique avec un
poids vérifié de 13,60 kg, soit tout de
même 2,65 kg de plus que l’Orbea, le plus
léger du lot. Une masse qui s’explique par
la présence de roues larges en aluminium,
mais aussi par une cinématique de
suspension arrière Switch Infinity à pivot
flottant monté sur un double coulisseau,
un système qui fait appel à bien plus de
pièces mécaniques qu’une suspension à
biellette classique. C’est aussi un ADN
assumé par Yeti pour faire du SB 120 un
vélo plus polyvalent, mettant le plaisir du
36 juin/juillet 2023
Fiche technique
Cadre : carbone Turq Series, Switch Infinity V2,
déb. 120 mm
Fourche : Fox Factory 34 Grip2, déb. 130 mm
Suspension AR : amortisseur Fox Float Factory
DPS
Potence/guidon : Burgtec Enduro MK3/Yeti
Carbon
Tige de selle/selle : Fox Transfert télescopique
150 à 200 mm/Silvaredo Custom
Dérailleur AR : Sram XX1 Eagle AXS, 12v.
Cassette : Sram X01 Eagle 10-52, 12v
Pédalier : Sram X1 Eagle, 30T
Freins : Sram G2 RST, disques Ø 180 mm
Roues : 29” DT Swiss XM 1700 alu 30 mm,
moyeux DT Swiss 350 Ratchet
Pneus AV/AR : Maxxis Minion DHF Exo 29x2.50 /
Maxxis Agressor Exo 29x2.30, TR
Tailles : S, M, L, XL
Coloris : turquoise, sable, bleu pastel, noir
Contact : www.yeticycles.com
pilotage un cran avant la performance
pure. En effet, plus que XC racing, le SB
120 a le comportement d’un down-
country, d’un trail, voire d’un petit
all-mountain. Quoi de plus logique alors
que de le retrouver en tête de ce
classement descendeur ! Derrière son
cadre carbone Turq Series le plus haut de
gamme et sa finition particulièrement
soignée, l’allure du SB 120 est plus
massive, campée sur de gros pneus en
2.5” de large. Ses suspensions Fox
Factory et la cinématique Switch Infinity
inspirée ces grands frères SB 140 et SB
160 recueillent une note moyenne de
18,8/20 et, c’est principalement dans ces
conditions descendantes que le Yeti a
engrangé de gros points. Il a rassuré tout
le monde par son côté « collé au sol »
avec une incroyable stabilité mise en
exergue sur ces terrains rocailleux et
cassants de l’arrière-pays niçois. Les

notes sont majoritairement comprises
entre 17 et 20 pour ce qui concerne les
critères descendants : stabilité, freinage,
agilité, suspensions, confort, auxquels
nous pourrions ajouter le plaisir de
pilotage. Bien sûr, ce parti pris se paye en
montée, sanctionné par une moyenne de
16,5/20. Bref, un vélo au rendement et
relances moins explosives que ses
concurrents ainsi qu’un poids plus
important qu’il faut tout de même traîner
jusqu’au sommet. Certes, le Yeti grimpe
partout, mais à son rythme, profitant
davantage d’une bonne motricité et
capacité à franchir que d’un dynamisme
dingue à la pédale. Jugé hors catégorie
par les uns, véritable coup de cœur pour
les autres, le Yeti SB 120 est assurément
le VTT le plus clivant de cette élection.
Son prix très élitiste en fait aussi un
modèle bien à part, à l’extrême opposé du
Rockrider.
À défaut d’offrir le
meilleur rendement, le
Yeti procure beaucoup de
plaisir sur des terrains
cassants et exigeants. Il
est collé au sol et dévale
les montagnes comme un
bobsleigh !
L’œil des lecteurs
Coups de cœur
« Le plus fun du test ! » Olivier
« C’est mon coup de cœur ! Des
suspensions collées au sol. » Didier
« Très bon vélo, surtout en descente,
confortable et très joueur. Suspensions au
top, système élaboré. » Mathieu
« De très bonnes sensations de confort et
de maniabilité, un VTT très joueur. » Xavier
« Excellent descendeur, facile et
confortable. Une merveille dans cet
exercice ! » Olivier
« Un vélo parfait pour s’amuser, prendre du
plaisir sans se prendre la tête. » Mathieu
Coups de griffe
« Ce n’est pas un chasseur de chronos. »
Laurine
« Vélo trop lourd pour un XC, il manque de
nervosité et on peine sur les relances. »
Classement descendeur
Olivier
« Lourd et pas assez vif par rapport aux 1. Yeti 3 303 points
autres vélos. » Didier 2. Rockrider 3 116 points
« Beaucoup de pompage en côte,
3. Cannondale 3 077 points
dommage que la fourche ne bloque pas.
Puis à ce prix, les roues alu… » Rémy 4. Orbea 3 039 points
« Principal problème, le prix… » Xavier
5. BMC 2 990 points
juin/juillet 2023 37
X Événement
-
Meilleur rapport qualité/prix
Rockrider Race 900 S GX AXS
4 229 € / 12,08 kg (taille M, tubeless, sans pédales)
«P our le prix du Rockrider,
t’as à peine 1/3 du
BMC ! » lance Didier, l’un
de nos lecteurs/testeurs
à l’humour tranchant. Autant dire qu’à
4 229 € dans cette version optionnée avec
tige de selle télescopique, roues carbone
et transmission électronique AXS, la
victoire dans cette catégorie « meilleur
rapport qualité/prix » était quasiment
acquise d’avance pour Rockrider. Est-ce
les responsables achats du groupe
Decathlon qui s’avèrent plus performants
que ceux des marques de cycles haut de
gamme ? Ou bien les concurrents qui se
montrent plus gourmands en marge
commerciale que l’enseigne lilloise ? À
moins que ce ne soit l’effet de la vente
directe, puisque Decathlon est à la fois
fabricant et revendeur au travers de ses
chaînes de magasins ? Ce qui est sûr,
c’est que le client – que vous êtes ou
38 juin/juillet 2023
Fiche technique
Cadre : Rockrider carbone unidirectionnel, biellette
carbone, déb. 120 mm
Fourche : RockShox Sid Rush SL, blocage couplé
AV/AR TwistLock, déb. 120 mm
Suspension AR : amortisseur RockShox Sid Luxe
Select+, blocage couplé AV/AR TwistLock
Potence/guidon : Rockrider alu plongeante -7°/
cintre Rockrider aluminium
Tige de selle/selle : Rockrider télescopique
(option), Ø 120 ou 150 mm/Fizik Argo Vento
Dérailleur AR : Sram GX Eagle AXS, 12v.
Cassette : Sram GX Eagle 10-52, 12v
Pédalier : Truvativ Stylo 7K Dub alu, 34T
Freins : Sram Level TL,
disques Ø 180/160 mm
Roues : 29’ Reynolds TR 289/309 XC29 carbone
Pneus AV/AR : Hutchinson Kraken, Racing Lab
29x2.30” TR
Tailles : S, M, L, XL
Coloris : blanc
Contact : www.decathlon.fr
Nos lecteurs/testeurs ont
pu comparer l’ensemble
des cross-country sur un
terrain à la fois technique,
physique et ludique. Et
pour cela, le prix ne fait
pas tout…
serez peut-être – profite ici d’une très belle
affaire avec ce Rockrider Race 900 S GX
AXS ! Nos testeurs ne s’y sont pas
trompés en attribuant une note moyenne
de 18,7/20 sur ce critère qualité/prix, dont
plusieurs 20/20 aussi bien pour la qualité
des équipements, la finition, la technologie
ou la performance globale rapporté au
prix. À défaut de proposer un VTT de
cross-country doté des équipements les
plus haut de gamme disponibles sur le
marché, les équipes de Rockrider ont
surtout misé sur une cohérence
d’ensemble, sans pour autant céder aux
sirènes du marketing premium. C’est à
l’image de la transmission avec un groupe
Sram GX AXS, bien plus abordable qu’un
X01 ou XX1, mais reposant sur une même
technologie sans fil et avec un confort
d’utilisation très proche pour quelques
grammes de plus. C’est la même
approche en ce qui concerne les
La victoire du Rockrider dans cette catégorie qualité/
prix n’a pas été une grosse surprise avec un tarif deux
à trois fois moins élevé que ces adversaires, pour une
efficacité somme toute très proche.
suspensions signées RockShox SID
plutôt qu’ornées d’une tête de renard, ou
encore les roues carbone de chez
Reynolds. La note concernant
l’équipement est donc un peu plus
mesurée avec 16,4/20 de moyenne. En
revanche, Rockrider a tout misé sur son
cadre, un vrai full carbone, du triangle
avant au triangle arrière en passant par la
biellette du même matériau composite,
soit un ensemble châssis à moins 2 kg
avec sa visserie. Les freins sont un peu
moins bien notés avec les Sram Level TL,
l’intégration de la câblerie moins soignée
(notamment celle du blocage de
suspensions couplé), le poids est
aussi un peu plus élevé que ceux des
modèles au double ou triple du prix.
Logique : il faut bien faire quelques
concessions pour tenir ce tarif à peine
croyable pour un VTT à même de jouer les
podiums !
L’œil des lecteurs
Coups de cœur
« Imbattable dans la catégorie qualité/prix/
équipement. Un vélo à considérer. » Didier
« Très bon vélo pour ce tarif ! De bons
équipements avec notamment une tige de
selle qui réagit vit. » Mathieu
« Prix, équipement et rendement
imbattables. » Olivier
« Un très très bon VTT au final avec un
rapport qualité/prix imbattable. » Rémy
« Pas beaucoup de reproches à adresser,
pour moi qui ai l’habitude de rouler sur de
très bons vélos. Surtout à ce prix-là ! »
Xavier
Coups de griffe Classement qualité/prix
« Suspensions un peu “cheap”,
notamment la fourche, mais pour le prix… 1. Rockrider 1 796 points
Il est aussi un peu lourd. » Olivier 2. Orbea 1 685 points
« Freins un peu légers (avant trop agressif) 3. Cannondale 1 568 points
et une fourche perfectible. » Didier
« Il reste du travail sur l’intégration des 4. BMC 1 528 points
gaines dans le cadre. » Mathieu 5. Yeti 1 503 points
juin/juillet 2023 39
X Événement
- Placé mais pas gagnant…

Orbea Oiz M-Pro

6 647 € / 10,95 kg (taille M, tubeless, sans pédales)
lassé dans le trio de tête, non

C
Il n’a pas manqué
loin derrière le Rockrider et le grand-chose au Orbea
BMC, l’Orbea Oiz n’a pas déçu Oiz pour jouer la gagne,
nos lecteurs/testeurs. juste quelques lacunes
d’équipements et
Deuxième meilleur grimpeur, 2e au d’agrément…
classement qualité/prix, l’Espagnol n’a
pas séduit que par son esthétique
avantageuse et son tarif placé, mais aussi
par ses performances sur le terrain. L’Oiz
M-Pro offre un juste équilibre entre
agressivité, rendement et confort avec un
cadre rigide et nerveux, sans oublier un
côté joueur pour un pilotage ludique. Une
petite bombe, presque aussi efficace qu’un
XC en 100 mm aux yeux de certains, avec
l’agrément de suspensions à plus grands
débattements. Il ne lui manquait pas
grand-chose pour jouer la gagne : des
équipements plus intuitifs comme sa
commande de tige de selle qui porte à
confusion avec celle du blocage des
suspensions, une transmission à câble
lorsque la concurrence joue l’électronique
ou encore un freinage jugé un peu trop
brutal. Beaucoup ont apprécié la finition
L’œil des lecteurs
particulièrement soignée, mais aussi le
programme de personnalisation des
Coups de cœur
« J’en veux un, c’est un vrai coup de
coloris proposé par Orbea afin de se faire
cœur. S’il ne gagne pas, je me mets à
son propre vélo et ce, sans supplément.
la route ! » Rémy
« Vélo vraiment fun, réactif et assez
Fiche technique joueur. » Mathieu
« Ce VTT possède tout ! Une position à
Cadre : Oiz Carbon OMX, déb. 120 mm
la fois agressive et confortable, il est
Fourche : Fox 34 Float SC Factory Fit4, blocage
Fox Kabolt Boost (option), déb. 120 mm agile, confortable, stylé avec un
Suspension AR : amortisseur Fox i-Line DPS rendement excellent. Quand on lui
Factory blocable demande, il donne ! » Rémy
Potence/guidon : OC MP10 Alu SL/OC MP10 « Excellent rapport qualité/prix. J’adore !
Carbon Petit plus pour la personnalisation
Tige de selle/selle : Fox Transfert SL Factory possible. » Laurine
Kashima télescopique (option) 100 mm/Selle Italia
SLR Boost Ti « Vélo assez rigide, nerveux, le
Dérailleur AR : Shimano XTR, 12v, shifter XT rendement est top avec de bonnes
Cassette : Shimano XT 10-51, 12v roues d’origine. On peut relancer sans
Pédalier : Shimano XT, 32T problème, il incite à attaquer. » Olivier
Freins : Shimano XT,
disques Ø 180/160 mm
Roues : 29’ Oquo MP30 Team Carbon
Coups de griffe
Pneus AV/AR : Maxxis Rekon Race Exo, 29x2.40”
« Pas d’AXS sur un vélo de cette catégorie, dommage… » Didier
TR « Commande de tige de selle peu intuitive et qui prête à confusion avec le blocage
Tailles : S, M, L, XL des suspensions. » Laurine
Coloris : personnalisable « La position en descente est un peu trop sur l’avant. » Olivier
Contact : www.orbea.com « Déçu par les suspensions. Même en changeant les réglages de fourche et
d’amortisseur, le vélo reste difficile à maîtriser… » Xavier

40 juin/juillet 2023
Placé mais pas gagnant…

Cannondale Scalpel Carbon SE Ultimate

10 999 € / 11,19 kg (taille M, tubeless, sans pédales)
annondale n’a jamais eu la

C
La fourche Lefty
réputation d’être la marque la monobras du Scalplel
plus abordable du marché et le en a surpris plus un, et
prix de ce Scalpel au-dessus en bien. L’équipement
fut moins bien noté
des 10 000 € le pénalise un peu. Certains pour ce prix.
équipements n’ont pas tous semblé être
en accord avec les attentes de nos
testeurs pour un vélo de cette gamme. Ils
ne lui ont d’ailleurs décerné qu’une note
moyenne d’à peine 15/20 pour ses
périphériques… Les freins (Sram Level
TLM), le plateau en acier, la selle moyenne
ou encore l’absence de blocage de
suspension au guidon ont donc pesé dans
le classement final du Scalpel, échouant
au pied du podium. Malgré tout, avec ses
11,18 kg, il reste un des plus légers. On ne
peut toutefois pas reprocher à
Cannondale son manque d’innovation et
d’originalité avec cette fourche Lefty Ocho
monobras très légère qui a surpris
plusieurs essayeurs, d’abord sur le plan
esthétique, puis sur le terrain par ses
qualités dynamiques. À défaut de se
positionner comme un réel XC “racer”, le
Scalpel Carbon SE fut davantage apprécié
L’œil des lecteurs
par sa polyvalence, son confort, sa
maniabilité, ainsi que par son côté joueur
Coups de cœur
« Que des compliments ! Très agréable à
et efficace dans les parties descendantes.
emmener dans toutes situations, très maniable,
facile. » (Xavier)
Fiche technique « Point positif, la fourche Lefty que je n’avais
Cadre : Carbon PRT, bases FlexPivot, pas essayée. Elle absorbe les moindres chocs.
déb. 120 mm Manque juste le blocage des suspensions au
Fourche : Lefty Ocho Carbon blocable, guidon. » (Mathieu)
déb. 120 mm
« Excellente stabilité et agilité en descente.
Suspension AR : amortisseur RockShox SIDLuxe
Ultimate Motricité très tributaire des réglages pneus/
Potence/guidon : Cannondale Alu/Canonndale suspensions en montée. » (Didier)
Riser Carbon « Fourche Lefty très surprenante et
Tige de selle/selle : Cannondale DownLow confortable. » Laurine
télescopique, déb. 125 ou 150 mm/Fabric Scoop « On est vite à l’aise dessus et en confiance. Il
Flat Race Ti
est joueur et stable en descente comme sur les
Dérailleur AR : Sram XO1 Eagle AXS, 12v
sauts. » Olivier
Cassette : Sram XO1 Eagle 10-52, 12v
Pédalier : Sram X1 Carbon Eagle, 34T
Freins : Sram Level TLM, disques Ø 160/160 mm Coups de griffe
Roues : 29” Carbon HollowGram 25 mm, rayons « Il manque un blocage de suspensions au cintre et le freinage est un peu mou. »
DT Competition Race Rémy
Pneus AV/AR : Maxxis Ardent Race Exo, 29x2.35 « Manque un peu de rendement aux roues pour être le plus efficace dans une optique
TR / Maxxis Recon Race Exo, 29x2.35 TR
“race”. » Mathieu
Tailles : S, M, L, XL
« Je l’ai trouvé un peu fuyant de l’avant à la montée et un peu trop rigide en
Coloris : vert Jade
descente. » Laurine
Contact : www.cannondale.com
« Quelques équipements trop cheap pour le prix : plateau acier, selle… » Olivier

juin/juillet 2023 41
X Événement
-

Prolongations
On n’allait pas quitter un si beau spot et des lecteurs ultra-motivés sans qu’ils nous livrent
quelques impressions supplémentaires…

Olivier Klinghofer
■ La belle surprise
Rockrider ! Je partais sur cette élection avec des a priori
nourris. Je pensais trouver un vélo pataud, mal fini. J’ai
découvert tout le contraire. À tel point que je pourrais faire une
Coupe de France avec ce vélo d’origine.

■ Ton vrai coup de cœur

Le BMC en montée. Je n’avais jamais essayé un truc pareil. On a une
sensation de légèreté incroyable, supérieure à mon Spark. Il faudrait
juste qu’il soit en 120 mm. On ne perd pas de watts. Et il est beau !

■ Le vélo que tu achèterais

L’Orbea finalement car c’est le plus complet pour le XCO moderne
avec son débattement en 120 mm et sa fourche Kashima. Il n’est pas
lourd, on a une bonne position en montée. Sur un tour chrono, c’est
celui avec lequel je serais le plus rapide.

Didier Bellone
■ La belle surprise
Rockrider ! Les gars sont arrivés, ils paraissaient introvertis,
discrets, ils faisaient parents pauvres dans cette élection, ils
apparaissaient comme une caution pour le match… Decathlon
avait la réputation de produire des VTT pas chers mais pas
performants. On pensait que c’était une « merguez ». Quelle surprise !

■ Ton vrai coup de cœur

Le Yéti. Il correspond à ma pratique. Il est collé au sol. Je l’ai trouvé
vraiment sympa alors que la marque a la réputation de produire des
vélos « difficiles ». Il était limite d’avoir sa place parmi les XC. Pour
moi, c’est plus un all mountain light.

■ Le vélo que tu achèterais

Le Yéti à nouveau. J’adapterais une autre fourche et je travaillerais
sur un amortisseur encore plus adapté à ma pratique « baroudeur ».

Laurine Petit
■ La belle surprise
J’ai adoré rouler l’Orbea. J’étais à l’aise, j’arrivais à bien
franchir. Plus globalement, la belle surprise, ça a été cette
prise en charge formidable des constructeurs. On a été
bichonné comme jamais pour avoir des vélos réglés parfaitement.

■ Ton vrai coup de cœur

Orbea comme je l’ai dit déjà. Le vélo sur lequel j’étais la plus
confortable.

■ Le vélo que tu achèterais

Le Rockrider en raison de ce rapport qualité/prix imbattable. Un
vélo vraiment surprenant, très sécurisant à la descente notamment.

42 juin/juillet 2023
 Mathieu Coste
■ La belle surprise
C’est cette ambiance générale, ce rapport sympa
avec tous les gars dans les stands. Ils ne se
prenaient pas la tête et ils étaient à notre disposition. Et
puis Rockrider bien sûr. J’avais des a priori négatifs. Pour
ce tarif, c’est vraiment un super vélo.

■ Ton vrai coup de cœur

L’Orbea. Il convient parfaitement à ma pratique. Il est très
polyvalent, nerveux en montée, joueur en descente. Le
débattement de 120 mm a fait la différence avec aussi un
tarif moins élevé que le BMC. Il correspond à ce que je
recherche.

■ Le vélo que tu achèterais

L’Orbea bien sûr. Il coche toutes les cases. Le BMC est
super en montée mais moins bien en descente.

Rémy Benessia
■ La belle surprise
D’avoir affaire à des marques très pros. Ils ont
débriefé après notre première journée, ils ont écouté
et ils ont amélioré carrément leur vélo. Rockrider
notamment a travaillé pour obtenir un équilibre parfait. Le
premier jour, c’était un bon all mountain et le deuxième jour, il
était super agile, joueur. C’était génial de voir qu’on pouvait
changer la philosophie d’un vélo en le réglant bien.
■ Ton vrai coup de cœur
Orbea. Un vélo typé X-country, dynamique et confortable
(plus que le BMC). Un super train avant. Et puis la
possibilité de le personnaliser sans coût supplémentaire, ça
fait plaisir.

■ Le vélo que tu achèterais

Le Cannondale ! J’ai eu des sensations hallucinantes avec
cette fourche Lefty. Et puis c’est pas un vélo comme les
autres. Dans mon club, beaucoup roulent avec des Scott.
Le Cannondale, c’est le moyen de rouler différent. J’en
profite pour dire que ce qui m’a gêné dans l’ensemble,
chez toutes les marques, c’est les freins. Je ne les ai pas
trouvés assez incisifs. La remarque est générale.

Xavier Koechlin
■ La belle surprise
C’est le fait d’avoir pu trouver de grosses
différences entre tous les vélos. Autant au niveau
de la position de conduite que des suspensions par
exemple. Dans les parties cassantes, on a vu des écarts en
termes de comportement. Je ne m’attendais pas à ça.

■ Ton vrai coup de cœur

Rockrider. C’est le premier que j’ai essayé le premier jour.
J’ai hésité à lui mettre de bonnes notes pensant que j’allais
trouver mieux après. Et puis non… Je l’ai essayé de
nouveau le lendemain et j’ai mis ces très bonnes notes. Prix
hyper top !

■ Le vélo que tu achèterais

Le Cannondale. J’ai bien aimé la Lefty. Il est très agréable à
rouler, assez léger et accessible. Et puis pas trop agressif
en montée. Il correspond bien à ma pratique.

juin/juillet 2023 43
X Essai

44 juin/juillet 2023
 Taille M sans pédales

13,92 kg
CANYON NEURON 7 2 699 €

Baroudeur
fidèle
Le positionnement du nouveau Neuron est simple : un vélo à tout
faire ! À tout bien faire, que ce soit les singles-tracks tortueux et
escarpés, les sections roulantes, les longues ascensions ou les
descentes scabreuses. Tout cela avec un look attractif et un tarif
ultra-agressif avec son cadre alu.
■ Par Auguste Mannoury - Photos : Bertrand Thiébault

juin/juillet 2023 45
X Essai
CANYON NEURON 7

Fiche technique

C
e nouveau Canyon Neuron
nous est arrivé en carton dans
sa version aluminium, avec un
coloris verdâtre bi-ton, certes
atypique mais assez réussi à notre goût.
Assurément, il ne passe pas inaperçu
avec ses pneus à flancs bruns qui
contrastent joliment avec le cadre. Les
lignes de ce Neuron 7 sont fluides et
épurées. L’allure est dynamique et même
sur cette version alu aux soudures bien
visibles, les finitions sont extrêmement
soignées, l’ensemble fort élégant. À la
loupe, ce Canyon révèle quelques détails
intéressants, notamment la protection de
base intégrée et moulée sur cette dernière
pour la protéger des agressions de la
chaîne. On retrouve également une patte
de dérailleur universelle UDH de chez
Sram, un modèle qui est facile à trouver
chez un détaillant en cas de casse, et des
et une transmission 12 vitesses fiable en
gamme XT. En prime, le Neuron est
disponible pour tous les gabarits, du XS
au XL en passant par un modèle enfant. À
noter que les deux plus petites tailles (XS
et S) sont en 27,5” alors que les autres
chaussent du 29”. En plus de son allure
élégante, ce Neuron 7 inspire confiance
lorsqu’on se penche sur ces entrailles et
son équipement. Mais au fait, comment
se comporte-t-il sur le terrain ! ?
À l’aise Blaise
Quelques réglages de suspensions, de
hauteur de selle, puis montage des pneus
en tubeless et on saute sur ce Neuron
pour parcourir nos trails et singles
habituels surplombant le vignoble de la
Côte des Bar en Champagne. Les
quelques pluies des jours précédents
Cadre : Neuron Aluminium 130 mm
Fourche : Fox 34 Float Performance Grip, déb. 140 mm
Amortisseur : Fox Float DPS Performance
Dérailleur : Shimano Deore XT, 12v
Commande : Shimano Deore XT
Cassette : Shimano XT, 12v (10-51)
Chaîne : Shimano CN-M6100
Pédalier : Shimano XT M8120, 30 dents
Freins AV/AR : Shimano SLX M7120 (Ø 180 mm)
Guidon : Iridium Flatbar alu, rise 5 mm
Potence : Iriduim Stem
Roues : DT Swiss M1900 / Moyeux DT 370
Pneus AV/AR : Schwalbe Nobby Nic Bronze Skinhead
29 x 2,4”
Tige de selle : Iridium Dropper, déb. 170 mm
Selle : Ergon SM10
Tailles : XS à XL
Géométrie

110
En taille M
passages de gaines en interne depuis le nous apportent un terrain légèrement gras

m
611 mm

m
haut du tube diagonal. Propre. L’atout avec des racines bien vicieuses. On reste
majeur de la marque allemande est prudent mais on prend rapidement nos
encore et toujours son rapport marques avec ce Canyon. La position est
425 mm
équipements/prix ! Là encore, Canyon n’a assez relevée (on décalera une entretoise
pas fait les choses à moitié. Miracle de la pour l’abaisser légèrement pour une
vente directe via Internet, ce Neuron 7 position plus agressive), les mains 76°
s’affiche à 2 699 €, le tout avec des reposent sur des grips Ergon au dessin 66°
équipements fiables, performants et ergonomique, confortable avec un très 1 203 mm
cohérents. On retrouve des suspensions bon dosage entre moelleux et fermeté 335 mm
440 mm
confiées à la marque au renard : fourche puis on apprécie également le confort de
Fox 34 et amortisseur Float DPS, tous cette selle Ergon. Dans un premier temps, Bilan
deux sous la gamme Performance. Pour il est difficile de cerner l’esprit de ce
couronner le tout, les freins sont signés Neuron 7 : ce n’est pas un pur cross- POIDS
Shimano avec d’excellents SLX 4 pistons country car il manque quelque peu de PRIX
PRÉSENTATION
C’est un réel plaisir de rouler
avec ce Neuron, il est facile et P. PILOTAGE
confortable sur tous les terrains.
STABILITÉ
VIVACITÉ
MANIABILITÉ
MOTRICITÉ
CONFORT
RIGIDITÉ
RENDEMENT
FREINAGE
SUSPENSION AR
FOURCHE
ROUES
PNEUS

46 juin/juillet 2023
 Son look nous a de suite séduits
avec ce coloris verdâtre, ses
lignes fluides et dynamiques.
Les finitions sont soignées pour
un bike à ce tarif.

PLUS
▲ Rapport équipement/prix
▲ Polyvalence d’utilisation
▲ Prise en main évidente
▲ Comportement sécurisant
▲ Équipements sans faille

MOINS
▼ Plateau de 30 dents
▼ Manivelles qui touchent vite le sol

Le cadre développant 130 mm de débattement s’équipe La transmission Shimano XT 12 vitesses est gage de
d’un excellent amortisseur Fox Float DPS Performance fiabilité, c’est un périphérique que l’on retrouve plus
donnant un confort fortement apprécié. souvent sur des vélos plus haut de gamme.

La base du tube diagonale est protégée par un Les feins Shimano SLX 4 pistons donnent le ton, La fourche Fox 34 de 140 mm de débattement
film transparent afin de préserver la base du tube on part dans la pente en pleine confiance avec permet d’aborder les plus grosses difficultés sans
diagonale. Les soudures de ce cadre alu sont soignées. ce Neuron. appréhension.

juin/juillet 2023 47
X Essai
CANYON NEURON 7
S’il n’est pas un foudre de
guerre dans les relances et
les ascensions sèches, il se
démarque par sa polyvalence
et son confort.
vivacité à basse vitesse. Ce n’est pas non
plus un réel trail comme peut l’être son
grand frangin Spectral 125, même si le
débattement est identique. Néanmoins il
se rapproche davantage de ce dernier
mais avec un comportement différent,
moins axé gravity. En quelques coups de
pédales, nous sommes rapidement
séduits par le comportement sain de ce
bike qui procure de la confiance à son
guidon et donc, de la sécurité. On ne peut
pas dire qu’il survole les difficultés mais il
les aborde sereinement. Certes, le Neuron
n’a pas un caractère très nerveux et
explosif avec son cadre alu et son plateau
de 30 dents mais celui-ci peut être
facilement remplacé (un 32, par exemple)
48 juin/juillet 2023
à la convenance du pilote. D’un autre
côté, nous avons été bien contents de
trouver ce petit plateau lors des longues
ascensions ou sur quelques raidars. S’il
n’est pas pêchu à la pédale, il reste
physiquement reposant pour le pilote
dans cette configuration. On craint
souvent le poids avec un bike en cadre
alu. Il est vrai que les 13,92 kg de ce
Neuron ne le classent pas dans les vélos
light, mais son comportement fait
rapidement oublier cette caractéristique
sur toutes les surfaces, aussi bien en
descentes qu’en montées. Vous l’aurez
compris, il est préférable de tourner les
jambes plus que de se mettre debout sur
les pédales et d’envoyer du gros braquet
au risque de se mettre rapidement dans le
rouge ! Du haut de ces coteaux
champenois, on se verrait bien gravir
sagement les montagnes tout en en
gardant sous la pédale pour ensuite lâcher
les watts en descente.
La sagesse
La descente ? Justement, nous y voilà ! Le
vélo révèle un comportement très sage – il
manque même un peu de fougue à notre
goût – mais replaçons-le dans son
contexte, celui d’un VTT à 2 699 €. Il faut
descendre la selle à l’aide de la tige
télescopique et son généreux
débattement de 170 mm pour gagner une
bonne aisance lors des passages
techniques. Son débattement de
suspension avant de 140 mm travaille
parfaitement avec cette fourche Fox 34
Performance. Elle absorbe de main de
maître les petits et gros chocs, ce qui
permet d’avoir un pilotage précis et
rassurant dans les singles sinueux, à faible
comme à vive allure. Côté amortisseur, on
est aussi agréablement surpris par le
comportement. C’est le grand confort
avec cette suspension dite « Triple
Phases » ! L’absorption des chocs se fait
avec une très bonne progression sur les
130 mm de débattement. Le Neuron
encaisse parfaitement les petites et les
grandes aspérités du terrain. Revers de la
médaille, cette progressivité et ce confort
font que le vélo se tasse assez vite,
générant un manque de garde au sol. À
de nombreuses reprises, on s’est fait
surprendre par le contact des manivelles
avec les pierres calcaires et autres racines.
Bien sûr, ce n’est pas un vélo d’enduro,
mais il y a déjà moyen de se faire plaisir
dans les descentes, même avec un niveau
de pilotage intermédiaire. Ce Neuron 7
n’est donc pas élitiste, loin de là. Il
pardonne d’ailleurs plutôt bien les erreurs
de pilotage. Cette mise en confiance
donne alors envie de pousser un peu plus
ce bike dans ses retranchements. Les
descentes engagées ne lui font pas peur.
Dans ce domaine, on peut faire confiance
aux freins Shimano SLX 4 pistons.
L’attaque est franche, puissante, le
freinage constant, parfaitement dosable :
que demander de mieux ! ? Cet ensemble
freins/suspensions rend le pilotage très
agressif lorsqu’on le souhaite. On retarde
le freinage tout en restant en sécurité et
l’on peut aisément tourner au frein dans
les épingles en bloquant la roue arrière. Les
roues DT Swiss 1900 sont parfaitement
cohérentes. Nous avons apprécié leur
largeur interne de 30 mm qui apporte une
très bonne stabilité lors des descentes, en
accord avec les pneus en 2.40”. Ces
cercles alu sont assez rigides pour
envoyer dans les descentes et se faire
plaisir au maximum. C’est un sans-faute
juin/juillet 2023 49
X Essai
CANYON NEURON 7
Nous avons apprécié
crapahuter dans les singles
techniques comportant du
franchissement, le vélo reste
sage en toutes circonstances.
pour la descente, mais attention à ne pas
s’égarer dans un univers trop orienté
Gravity qui ne correspond pas
précisément à l’ADN du Neuron.
Roule ma poule
À VTT, il n’y a pas que les montées et les
descentes, mais aussi les phases de
transitions : les longs faux plats, les
grandes lignes droites sur les chemins
blancs, mais aussi des plats semés
d’embûches. Ce sont parfois des
passages ennuyeux, trop calme, mais
pour certains, c’est aussi l’occasion de
lever la tête et de regarder le paysage, si
possible sans souffrir. Le Neuron est
surtout un vélo conçu pour une pratique
sportive occasionnelle ou régulière. Il est
tout aussi capable de dévaler la montagne
que de traverser les plaines. Sur ces
zones de transition, il file droit. Les
suspensions travaillent admirablement,
sans effet de pompage. Le rendement est
50 juin/juillet 2023
donc optimal et l’on a parfois la sensation
d’être sur un vélo avec moins de
débattements qu’il n’en a en réalité. On en
profite alors pour utiliser les 3 positions de
l’amortisseur (ouvert, intermédiaire, fermé)
qu’on actionne manuellement directement
sur l’amorto (pas de levier de blocage au
guidon) afin d’obtenir un meilleur
rendement de pédalage. Sur ces parties
roulantes, on peut regretter une denture
de plateau peu élevé. Le pédalage est peu
dynamique, loin du format « race » à
chasser le chrono nez dans l’guidon. Sur
ce terrain, les larges roues DT Swiss
manquent un peu de légèreté et de
dynamisme, mais le comportement reste
très correct sur le roulant. Les pneus
Schwalbe Nobby Nic font ici parfaitement
le boulot, le ballon est assez important sur
cette section de 2,40, ce qui permet de
baisser la pression pour obtenir un grip
optimum, notamment dans des conditions
humides et glissantes. Sur le sec, rien à
redire, les pneus tiennent bien dans les
courbes et lors des changements de
directions brutaux mais aussi dans les
dévers. Puis dans les singles-tracks étroits
et sinueux, le vélo pivote dans un
mouchoir de poche. On slalome entre les
arbres avec une bonne aisance de
pilotage et surtout, beaucoup de plaisir !
Oui, nous avons été totalement séduits
par ce Neuron 7, plus encore en regard de
son tarif avec un rapport prix/équipements
qui le rend quasi inégalé sur le marché.
C’est là toute la force du modèle
économique Canyon, en vente directe.
Les équipements sont ici totalement
cohérents et en parfaite adéquation avec
le caractère du vélo et son cadre alu. La
confiance et la sécurité priment grâce à
ses équipements de qualité. On obtient
une machine avec un comportement très
facile à dompter, un VTT qui convient
parfaitement aux novices mais aussi aux
plus expérimentés, ceux cherchant un
bike polyvalent sans pour autant
s’endetter sur vingt ans !
X Essai

52 juin/juillet 2023
 Taille M sans pédales

11,7 kg
LAPIERRE XR 7.9 4 999 €

Le compétiteur
Bien différent de la première version, le
Lapierre XR se veut bien plus polyvalent
et complet que son prédécesseur.
Il adopte une cinématique et une
géométrie totalement repensée. Aussi
performant qu’accessible, ce modèle
annonce le retour de la firme française
sur les circuits mondiaux de XCO.
■ Par Thomas Faivre - Photos : Élodie Lantelme

juin/juillet 2023 53
X Essai
LAPIERRE XR 7.9
L
apierre est revenu en 2022 sur le
devant de la scène du XC
olympique en présentant son
nouveau XR dont l’ancienne
version datait de 2017. La marque
dijonnaise est partie d’une feuille blanche
pour proposer ce cadre commun au XR et
XRM (pour les épreuves marathon). La
diversification des nouveaux circuits et
l’exigence des épreuves de Coupe du
monde ont imposé de profonds
changements techniques afin de rendre
ce vélo compétitif. Ce tout-suspendu
permet à l’enseigne d’annoncer un retour
officiel en compétition élite de XC, 11 ans
après son retrait. L’équipe Lapierre-Mavic
Unity roulera sur ce XR sur les différentes
Coupes du monde avec pour objectif de
briller aux deux prochaines échéances
olympiques. Pour concurrencer les
marques habituelles du circuit élite, la
firme généraliste française s’est appuyée
sur différents axes de développement afin
de proposer un produit dans l’ère du
temps. Le premier pilier est une géométrie
pouvant répondre aux besoins des
nouveaux tracés de cross-country. Les
bases ont été raccourcies de 8 mm par
rapport au précédent modèle afin
d’apporter plus de vivacité. Le reach est
progressivement plus long sur chaque
taille et l’angle de la tige de selle redressé
de 0.5 à 1°. L’angle de direction est plus
ouvert de 2 à 2,5° afin d’optimiser la
54 juin/juillet 2023
Fiche technique
Cadre : XR Carbone Ultimate 100 mm
Fourche : Fox 32 SC Perf-Series Float 3 positions
déb : 100 mm
stabilité en descente. Le second travail Amortisseur : Fox Float DPS, Perf-Series 210x50
lors du développement s’est réalisé sur Dérailleur : Sram X01 Eagle, 12v
l’optimisation de la cinématique et du Commande : Sram GX Lunar Eagle 12v
fonctionnement des suspensions. Pour Pédalier : Sram GX Lunar Eagle 34T 170 mm
économiser du poids, le triangle arrière ne Cassette : Sram XG1275 12v (10/52)
possède pas de point de pivot entre les Chaîne : Sram NX Eagle 12v
bases et les haubans flexibles. On Freins : Sram Level T 2 pistons (180/160 mm)
s’attend alors à une augmentation de la Roues : DT Swiss X1900 Spline - 29”*25c
rigidité ainsi qu’un besoin d’entretien Pneus AV/AR : Maxxis Rekon Race Exo TR 29x2.35
réduit. Pour améliorer la sensibilité et le Potence : Lapierre aluminium, 7°, 60 mm
confort, les haubans sont conçus pour Cintre : Progress Carbon UD Plat, 740 mm,
être en position neutre au point de Sag. Ø 31,8 mm
Cela permet d’acquérir une meilleure Tige de selle : Lapierre aluminium, Ø 31,6 mm,
réponse lors de la compression de 400 mm
l’amortisseur et de limiter les contraintes Selle : Fizik Taiga Noir
sur le triangle arrière. Ce Lapierre XR est Tailles : S/M/L/XL
disponible en 4 versions standard et 3
versions marathon. Il se décline en 4 tailles Géométrie
90 m
En taille M
pour un budget allant de 3 999 € à 8 699 €. 602 mm
m
Réalisé avec le carbone UD SLI, notre
modèle d’essai, le XR 7.9 ne dispose pas
du tressage le plus léger et réactif de la
430 mm
marque française. La finition est soignée
et ce modèle arbore une peinture
caméléon violette aux nuances vertes. 75°
Une protection plastique se trouve sur le 66,5°
top tube afin d’éviter de possibles 1 161 mm
dommages sur le cadre lors des chutes. NC
435 mm
Le passage des gaines internes est
totalement guidé. La transmission est Bilan
assurée par un dérailleur Sram X01
12 vitesses, un pédalier de 170 mm, un POIDS
plateau de 34 dents et une commande de PRIX
vitesse GX. On note qu’il est possible de
PRÉSENTATION
Moins stable dans P. DE PILOTAGE
le technique, il faut
soigner ses lignes STABILITÉ MONTÉE
pour ne pas subir les
descentes. STABILITÉ DESCENTE
VIVACITÉ
MANIABILITÉ MONTÉE
MANIABILITÉ DESCENTE
MOTRICITÉ
CONFORT
RIGIDITÉ
RENDEMENT
FREINAGE
SUSPENSION AR
FOURCHE
ROUES
PNEUS
 Lignes épurées et affinées,
peinture à la fois sobre et
raffinée. Cette nouvelle
génération de Lapierre suit
les tendances actuelles.

PLUS
▲ Rapport prix/performance
▲ Esthétique
▲ Poids
▲ Rendement
▲ Agilité
▲ Tolérant
MOINS
▼ Tige de selle non télescopique
▼ Descentes techniques

La protection de cadre en plastique est présente afin L’amortisseur Fox Float DPS se fait discret, dans
d’éviter d’abîmer le cadre lors d’une chute. l’alignement du top tube.

Les DT Swiss X1900 en aluminium ne sont pas les plus Pratique, la commande trois positions est fixée sur le Pas de tige de selle télescopique sur le XR version
vives mais elles respirent la fiabilité. collier du frein avant. 100 mm, ici une aluminium signée Lapierre.

juin/juillet 2023 55
X Essai
LAPIERRE XR 7.9

56 juin/juillet 2023
 Le XR filtre les aspérités du
terrain sans tout avaler. De quoi
renvoyer les informations au
pilote pour rester vigilant et
choisir la meilleure des traces.
gagner du poids facilement en remplaçant
la chaîne Sram NX par une autre plus haut
de gamme. Idem pour la cassette. Il est
compréhensible que des économies
soient faites mais sur un vélo de ce
standing, il est dommage de trouver des
composants d’entrée de gamme.
Heureusement, cela n’affecte pas la
performance mais uniquement le poids
sur la balance. Côté suspensions, on
retrouve une fourche Fox 32 SC Perf Serie
Float de 100 mm ainsi qu’un amortisseur
Fox Float DPS Perf Serie. Ce duo est
commandé par un levier 3 positions
permettant de rouler ouvert, mi-ouvert ou
fermé. Les roues 29 pouces DT X1900
Spline en aluminium sont équipées de
pneus Maxxis Rekon Race en carcasses
Exo Tr et ralenties par des freins Sram
Level TL. Les disques sont de 180 mm à
l’avant et 160 mm à l’arrière. On dispose
d’un cintre de 740 mm Progress en
carbone et de périphériques Lapierre en
aluminium. Pour un tarif inférieur à 5 000 €,
il propose un équipement attractif pour
tout pilote voulant performer sur les
courses régionales. À ce prix-là, il rivalise
avec les marques adoptant la stratégie de
vente directe en ligne.
Taillé pour la course
Les lignes de ce Lapierre XR nous font
directement penser à un vélo taillé pour la
compétition. Le faible enneigement de cet
hiver nous a permis de le tester dans le
massif du Jura entre les singles du Haut
Doubs, avec de nombreux pierriers en
calcaire, des champs de racines et de
longues montées roulantes. Mais
également au pied des Monts Jura où les
singles offrent de nombreuses relances,
passages techniques et descentes
sinueuses demandant un certain
engagement.
Dès les premiers coups de pédales, nous
voilà plongés dans une ambiance
« course », que ce soit au niveau de la
position optimisée pour la performance,
sans être trop radicale, qu’au niveau du
rendement. Nous prenons rapidement nos
marques sur ce vélo. Une quinzaine de
minutes suffisent pour se sentir à l’aise à
son guidon. L’ensemble shifter/freins
Sram propose un réglage fin du poste de
pilotage avec uniquement 2 colliers de
serrage. Toujours aussi simple et efficace,
tout comme le blocage au poste de
pilotage, un véritable atout lorsque l’on se
dresse sur les pédales pour relancer dans
les parties roulantes. De plus, l’effet de
juin/juillet 2023 57
X Essai
LAPIERRE XR 7.9
pompage ne se fait que peu ressentir. On
peut préférer ou non une gestion
intelligente des suspensions mais ce
système de 3 positions fonctionne à
merveille sur ce vélo. Nous avons roulé
principalement en ouvert, et avons
enclenché le mode intermédiaire dans les
parties montantes et peu techniques. La
position fermée se réserve pour les
sections gravel et les grandes relances.
Les suspensions du XR sont fermes tant
au niveau de la fourche qu’à l’arrière mais
restent sensibles sur le début de
débattement. Même les traversées dans
les pâturages jurassiens ne sont pas si
gênantes tant la flexibilité et la position
neutre des haubans arrivent à filtrer les
aspérités que peut présenter une
traversée de prairie. L’économie d’énergie
que la cinématique apporte dans ces
circonstances fait du XR un vélo tolérant
et capable de performer sur des grandes
distances, sans pour autant user son
Très à l’aise dans les relances ou les
parties roulantes, il suscite l’envier de se
surpasser.”
58 juin/juillet 2023
pilote. Nous l’avons testé à plusieurs
reprises sur des sorties de plus de
2 heures mais il reste plus efficace sur des
pratiques courtes et intenses.
Grimpeur né
Les conditions boueuses et glissantes
nous ont permis de mettre en avant la
qualité de traction de ce vélo. Comme
énoncé plus haut, les suspensions
gomment les imperfections du terrain
mais maintiennent l’attention du pilote
grâce à sa fermeté. Pour le
franchissement des obstacles les plus
fastidieux, ce vélo demande de
l’application, contrairement à d’autres se
voulant plus onctueux. Pour un VTT dédié
à la compétition, c’est ce qu’on attend. Il
faut soigner ses lignes et garder de la
vitesse. Malgré des pneus typés terrains
secs et roulants, le vélo tracte bien dans
les montées humides jurassiennes. Les
Aussi efficace qu’un semi-
rigide sur le roulant, mais
bien plus efficace dans le
technique, ce XR est une arme
pour faire tomber les chronos.
déplacements pour charger, déplacer
l’arrière et délester l’avant sont faciles.
Bref, un régal dans les singles sinueux.
Que ce soit de longues montées ou des
petites grimpettes, ce XR donne envie de
mettre du braquet et d’en remettre à
chaque fois. Les roues en aluminium ne se
font que peu sentir. Elles ne perturbent en
rien le dynamisme du vélo. Lorsque la
pente s’inverse avec un peu de technique,
c’est plus délicat. Le vélo oblige à prendre
des lignes propres et rassurantes. Il est
moins stable, vous met moins en
confiance que d’autres modèles et vous
rappelle qu’il n’est pas un downcountry.
Les bases courtes et la fermeté des
suspensions en sont sûrement la raison.
Mais n’ayez crainte, si vous avez le
bagage technique et l’engagement, il
passe partout. En résumé, ce vélo au
budget abordable est taillé pour performer
en compétition ou lors de sorties
sportives. Il ne demande qu’à appuyer sur
vos pédales et battre les chronos sur les
sentiers autour de chez vous. Son
efficacité au pédalage relance le débat sur
l’utilité des semi-rigides sur les courses de
XCO. Malgré son côté exigeant en
descente, il reste l’un des XC phares du
moment avec une forte capacité de
pédalage pour un tout suspendu.
X Essai

60 juin/juillet 2023
 Taille L sans pédales

11,05 kg
ORBEA OIZ M-TEAM 7 999 €

100 %
en 120
Le Oiz en 100 mm appartient au passé. Cette référence
du cross-country de chez Orbea se décline désormais
uniquement en 120 mm. Une option judicieuse au vu
de toutes les bonnes impressions que cette nouveauté
dégage sur le terrain.
■ Par Rémi Ducol - Photos : Élodie Lantelme

juin/juillet 2023 61
X Essai
ORBEA OIZ M-TEAM

Fiche technique

C
e n’est finalement pas une
apparition, mais une disparition
qui caractérise la nouvelle
gamme Orbea Oiz. Celle du
débattement en 100 mm. Référence
absolue de la course des suspensions
il y a seulement quelques années en
cross-country, ce standard tend à
disparaître sur les compétitions
internationales et dans les gammes au
profit du 120 mm. Et si dans sa version
2022, le Oiz se déclinait encore dans les
deux options, cette fois la marque
espagnole a tranché pour les 20 mm de
plus sur l’ensemble de ses modèles de
XC tout-suspendus. Pour le reste, tant
d’un point de vue esthétique que
technologique, le nouveau Orbea ne met
pas l’accent sur des révolutions. Mais
mises bout à bout, toutes les avancées de
cette version 2023 permettent d’espérer
observe quand même pas mal de
différences. Un important travail sur
l’hydraulique a permis à la manette à trois
positions au guidon Orbea (Squidlock) de
proposer des configurations plus
efficaces. On pousse une fois pour le
mode intermédiaire qui offre à la fois du
confort, de la motricité et également du
maintien. Le mode « ouvert » enclenché
en poussant à fond évolue également de
manière à réduire le « pompage ». Et sur
sa position initiale, la manette bloque les
éléments qui garantissent alors le
maximum de rendement pour les portions
de « pur » pédalage. Le passage en
120 mm permet incontestablement une
plage d’utilisation plus conséquente. Au
niveau cinématique, on retrouve le
système monopivot qui cohabite avec des
haubans plus rigides. Un résultat obtenu
en augmentant le volume de ces derniers.
Cadre : Orbea Oiz Carbon OMX, 120 mm
Fourche : Fox 34 Float SC Factory, 120 mm
Amortisseur : Fox i-line DPS Factory
Dérailleur AR : Shimano XTR M9100
Commande : Shimano XT M9100
Pédalier : Shimano XTR M9100, 34 dents
Cassette : Shimano XTR M9100, 12v (10-51)
Chaîne : Shimano XTR CN-9100
Freins AV/AR : Shimano XTR M9100 (180/160 mm)
Roues : OC XC TEAM, 30 mm
Pneus AV/AR : Maxxis Rekon Race EXO 29x2.4
Potence : OC MP20 Mountain Performance, 75 mm
Cintre : OC3 Carbon Flat, 760 mm
Tige de selle : Fox Transfer SL Factory Kashima
Selle : Selle Italia SLR Boost Fill rails en titan
Tailles : S, M, L, XL
Géométrie

100
En taille L
de belles différences sur le terrain. Loin Les roulements ont du même coup été

m
623 mm

m
d’être dépassée en 2022, le modèle restait redimensionnés tout comme l’axe du bras
une référence du cross-country. Mais en oscillant. Le laminage du cadre,
2023, Orbea pousse encore plus les notamment dans sa partie basse, a été
460 mm
curseurs des tendances actuelles. La peaufiné afin d’optimiser le transfert des
géométrie déjà moderne fait encore un watts à la roue arrière. L’augmentation de
sacré bond en avant avec un angle de la rigidité est évaluée par Orbea à 12 %. 76,5°
direction qui passe de 68° (sur l’ancienne La biellette en carbone évolue également 67°
version TR déjà en 120 mm) à 67° et un légèrement. Le système d’intégration des 1 189 mm
tube de selle (à 74° toujours sur le TR) qui câbles I-Line par le cockpit a été peaufiné. 333 mm
432 mm
se redresse de 2,5° pour atteindre 76,5°. Les gaines ont été raccourcies. Celle de la
Les bases (à 430 mm en 2022) désormais tige de selle télescopique qui passait Bilan
à 432 mm demeurent courtes. Si encore par sur le côté du cadre sur la
visuellement, les éléments de suspension version 2022 se glisse désormais POIDS
et leur position ne changent pas, on également dans la potence. Le dispositif a PRIX
PRÉSENTATION
Avec ses 120 mm de
débattement, ce nouveau Oiz P. DE PILOTAGE
se révèle stable et sécurisant.
STABILITÉ
VIVACITÉ
MANIABILITÉ
MOTRICITÉ
CONFORT
RIGIDITÉ
RENDEMENT
FREINAGE
FOURCHE
AMORTISSEUR
ROUES
PNEUS

62 juin/juillet 2023
 Les lignes restent connues,
ce sont des détails en grand
nombre qui permettent
d’identifier ce millésime 2023.

PLUS
▲ Prise en main facile
Rigidité
Motricité
Qualité de l’équipement
Ensemble sécurisant

MOINS
▼ Pas le plus joueur

La cinématique a été légèrement modifiée pour Ce support optionnel permet d’installer un GPS sur son
s’adapter à l’amortisseur en 120 mm. poste de pilotage.

Cette petite mousse évite à la terre de s’accumuler Les freins Shimano XTR comptent parmi les modèles Cette tige de selle Fox offre un débattement qui
dans cette articulation. les plus performants du marché. permet clairement de passer un cap en descente.

juin/juillet 2023 63
X Essai
ORBEA OIZ M-TEAM

64 juin/juillet 2023
 On prend un sacré plaisir
à écraser les pédales !”

juin/juillet 2023 65
X Essai
ORBEA OIZ M-TEAM
également été pensé pour faciliter le
changement de potence et de guidon.
Rigidité optimisée
Le poids a toujours été une préoccupation
pour la marque espagnole. Dans cette
version en carbone OMX, le constructeur
annonce pour le cadre seul en M un
alléchant chiffre à 1 750 g et 9,8 kg pour
un vélo complet. Un chiffre qui semble
sous-évalué puisque sur notre balance,
notre modèle de test en taille L affichait
11,05 kg. C’est une version personnalisée
que Orbea nous a confiée pour ce test.
On a choisi de mettre notre Oiz aux
couleurs de VTT Mag. Le résultat en blanc
et rouge est magnifique. Cette version
Team se révèle particulièrement bien lotie
en termes d’équipements. On retrouve sur
ce modèle à 7 999 € pas mal de pièces en
commun avec la version LTD la plus haut
de gamme. Ce cadre en carbone OMX
reçoit notamment un ensemble de
suspensions et une tige de selle
télescopique Fox Factory Kashima. Sur ce
modèle moins cher, on ne retrouve pas
une transmission Sram AXS, mais un
ensemble XTR et des freins de la même
gamme prestigieuse de chez Shimano en
lieu et place des Sram Ultimate sur le
66 juin/juillet 2023
modèle le plus onéreux. Au niveau des
roues, on retrouve sur les deux versions
des modèles OQUO avec les versions
« Team » sur notre modèle d’essai quand
la version plus prestigieuse exhibe des
LTD de la gamme du dessus. Malgré ces
nombreux changements, on n’est pas
dépaysé au guidon de ce vélo. On prend
assez vite ses marques sur cette nouvelle
version qui reprend dans les grandes
lignes au niveau du poste de pilotage les
caractéristiques de base des Oiz. Les
évolutions au niveau de la géométrie ne
sont pas flagrantes sur les premiers
mètres. On retrouve une position assez
couchée typique d’un vélo de XC. Mais
puisqu’Orbea n’a pas opté pour un
ensemble guidon/potence en un seul bloc,
on peut facilement adapter cette position
voire changer de guidon ou/et de potence
pour aller plus loin. Les entretoises sous la
potence en deux morceaux passent
facilement au-dessus si l’on souhaite
placer son guidon plus bas pour une
position « racing ». Une rigidité
appréciable se dégage lorsqu’il est
question de pédaler. Les premiers tours
de roues effectués sur la route nous
permettent d’évaluer l’excellente réactivité
au coup de pédale de ce nouveau Oiz.
C’est dans les Alpes, sur un terrain à fort
Avec 67° d’angle de direction,
le Oiz se positionne comme l’un
des XC du marché les plus à
même de faire face aux pentes
descendantes les plus raides.
dénivelé, que l’on a mis à l’épreuve cette
nouveauté espagnole. Dans ces
conditions, le plateau de 34 dents monté
d’origine n’est pas idéal. Il faut être plutôt
au point physiquement pour en tirer le
meilleur. Un élément en 32 dents aurait
sans aucun doute permis de s’économiser
davantage dans les longues ascensions.
Un détail qui peut facilement être modifié.
Pour le reste, le Oiz se montre
particulièrement agréable dans les efforts
qui durent. On est posé confortablement à
son guidon et la position de pédalage est
idéale pour « les longues sorties ».
Petit bolide
N’allez pas pour autant imaginer que ce
vélo n’est performant que dans ces
situations. Le Oiz répond également
présent quand il s’agit d’accélérer. Grâce
à cette rigidité, le vélo se montre
particulièrement réactif et l’on a vite fait
d’oublier ses 120 mm de débattement qui
auraient pourtant pu représenter un petit
handicap en termes de rendement pur.
Rien de tout ça au point que si l’on ne
connaissait pas le débattement de ce
nouveau Oiz, on pourrait sans problème
imaginer se trouver au guidon d’un
100 mm. Quand les pentes deviennent

descendantes en revanche, on sent bien
que ce modèle de XC a quelque chose en
plus. Et ces 10 mm de course
supplémentaires qui se combinent à une
géométrie poussée n’y sont sans doute
pas étrangers. Il suffit d’enfoncer la
manette de gauche qui débloque les
suspensions pour bénéficier de toute la
capacité des éléments Fox qui restent, en
garantissant à la fois le maintien, le confort
et une capacité inébranlable à encaisser
les chocs, des références en la matière. Le
Oiz fait définitivement oublier les vélos de
XC « ancienne génération » où l’on pouvait
parfois subir la situation avec une
géométrie pensée uniquement pour
pédaler et la selle en haut. On se régale
désormais à piloter ce petit vélo
particulièrement à l’aise dans les parties
techniques à la descente. Avec une
stabilité sans faille, le Oiz vous sécurise
dans les sections rapides. La tige de selle
qui offre un « vrai débattement » permet
d’affronter les sections pentues en toute
confiance. Et cet angle de direction
important qui n’est pourtant pas censé
favoriser la maniabilité ne représente
absolument pas un handicap quand il
s’agit de se faufiler à la montée comme à
la descente. Les bases qui restent courtes
permettent sans aucun doute de préserver
cette capacité à enchaîner les petits
virages. Le poids contenu de l’ensemble
représente également un avantage
incontestable dans cet exercice. À la
descente, on peut également s’appuyer
sur ces freins Shimano XTR. Références
incontestées dans le domaine depuis des
années, ils offrent mordant, puissance et
endurance. Des performances qui
répondent totalement aux exigences des
pilotes aguerris mais qui exigent un peu
de temps avant que les néophytes ne les
domptent totalement. La nouvelle
Même avec ses éléments de
suspensions verrouillés, le Oiz fait
preuve d’une belle capacité à faire
passer les watts au sol.
configuration des trois « modes de
suspensions » actionnables depuis la
manette au guidon est une franche
réussite. Affaire de goût et d’habitude, on
a eu plutôt tendance à verrouiller les
suspensions sur les sections de pédalage
pour bénéficier du maximum de
rendement. Surtout que même dans cette
configuration, le Oiz offre quand même un
peu de confort et surtout une excellente
capacité à faire passer les watts au sol. La
position intermédiaire reste sans aucun
doute la plus polyvalente pour pédaler.
L’ensemble ne s’affaisse absolument pas
lors des tours de manivelles, le confort est
excellent et la motricité encore meilleure.
Cette nouvelle version du Oiz entre sans
aucune hésitation dans le cercle fermé
des quelques vélos du marché les plus
performants de leur catégorie. Sa
troisième place lors de l’élection du XC de
l’année le confirme.
juin/juillet 2023 67
X Mécanique

Les remèdes anti-usure

Pneus, plaquettes, roulements… Un VTT comporte un certain nombre de pièces qui s’usent
avec le temps et en fonction de l’utilisation. Quand faut-il les changer, y a-t-il un moyen
de contrôler cette usure… ? Voici quelques indications pouvant éviter de plus importantes
dégradations. ■ Par Aro. Photos 9 ½ et archives

1 2

PNEUS/CHAMBRE À AIR
Un pneu VTT usé et c’est une perte
d’adhérence assurée. Non seulement
vous allez perdre du rendement mais en
plus, cette usure va l’exposer plus
facilement aux crevaisons. D’ailleurs des
crevaisons à répétition sont généralement
un signe de faiblesse de la gomme.
En contact avec le sol, les frottements,
l’abrasion naturelle vont progressivement
user un pneu.
La durée de vie d’un pneu dépend de
nombreux paramètres :
- Le terrain, le type de sol sur lequel il
évolue. Si les chemins sont très
rocailleux, l’usure sera forcément plus
rapide que dans une région où l’on trouve
des chemins de terre plus souples sans
trop de pierres.
- Le modèle de pneu utilisé. La gomme
peut varier d’un pneu à l’autre. Elle peut
être plus résistante mais le rendement
sera moindre. Une gomme plus
résistante ou plus épaisse est souvent
plus lourde donc moins performante.
- Le poids de l’utilisateur. Un cycliste de
60 kg usera moins qu’un autre de 90 kg.
- Un pilotage agressif avec freinages
appuyés et relances violentes va plus vite
dégrader un pneu qu’une utilisation
fluide, coulée.
- La pression de gonflage. Un pneu utilisé
à basse pression va se déformer plus
rapidement, donc s’user plus vite.
À quel moment un pneu est-il usé ?
(photo 1)
On reconnaît un pneu usé lorsque les
tétines (crampons) ont diminué de
volume ou sont bien abîmées. La partie
centrale du pneu (bande de roulement)
est la plus exposée. La gomme est ici
plus épaisse que sur le reste du pneu et
si cette partie est marquée, usée, le
pneu est à changer. Ne pas attendre
d’atteindre la carcasse ou matériaux de
renfort qui ne sont pas prévus pour être
en contact avec le sol.
Quand doit-on le remplacer ?
Une partie de la réponse a été donnée
ci-dessus. En tout cas, dès que
l’adhérence devient délicate, précaire,
c’est un signe d’usure des crampons,
le pneu commence à fatiguer. Ça se
remarque à la forme arrondie des
crampons, l’arête assurant l’accroche
disparaît, ça glisse, il est temps de
changer la gomme. Les crampons
latéraux peuvent aussi se dégrader,

68 juin/juillet 2023
 Les pneus, les gommes,
les chambres sont
particulièrement sollicités
en terrain hostile, dans les
chemins secs et caillouteux.
Les transmissions aussi,
alors cool !

juin/juillet 2023 69
X Mécanique
3 4
voire se décoller, signe sérieux d’usure.
Des crevaisons à répétition sont aussi
mauvais signe et peuvent être dues à
un pneu trop usé.
Y a-t-il d’autres signes d’un pneu usé
que l’usure des crampons et de la
bande de roulement ? (photo 2)
Oui. La tringle du pneu permet de
plaquer efficacement le pneu sur la jante
grâce à la pression d’air. Si la tringle est
abîmée, coupée, le pneu est bon à
changer. Le flanc d’un pneu, la
carcasse, peut se détériorer après avoir
roulé sous-gonflé ou si le pneu a été
stocké trop longtemps à plat. Si c’est le
cas, un changement est à prévoir. La
gomme est craquelée, sèche,
généralement quand le pneu a été
stocké trop longtemps dans un endroit
chaud ou lumineux. La gomme peut
aussi se fissurer. Elle est fragilisée et le
risque de crevaison augmente. Cela
entraîne aussi une perte d’adhérence et
Quand les freins manquent de réactivité,
c’est souvent le signe que les plaquettes
arrivent au bout...”
70 juin/juillet 2023
de résistance à l’usure. Il faut là aussi le
changer. Le pneu est exposé aux
cailloux et autres matériaux coupants. Si
le pneu est coupé, entaillé, il est fragilisé
et devient vulnérable aux crevaisons.
À quel moment doit-on changer le
liquide préventif d’un pneu tubeless ?
Le liquide préventif d’un tubeless possède
une durée de vie limitée. Il sèche avec le
temps, il se solidifie à l’intérieur du pneu
et perd sa mobilité et de ce fait, sa
capacité d’étanchéité. Pour éviter des
désagréments (crevaison, pincement…), il
est important de le changer
régulièrement. Sa durée de vie varie en
fonction du fabricant, de la période de
l’année et de l’utilisation du VTT. Le
changer tous les trois à quatre mois est
une bonne moyenne. Certaines marques
préconiseront un changement plus rapide
par prévention, mais en général, trois
mois est une moyenne très convenable.
La fréquence peut être réduite en été où
la chaleur le fera sécher plus rapidement.
Si le VTT n’a pas été utilisé pendant une
longue période (un mois), le liquide peut
avoir stagné et séché dans une partie du
pneu, il faut le changer.
Quand doit-on changer une chambre
à air ?
Si la chambre à air se dégonfle sans
raison (pas de véritable crevaison), elle
est usée et bonne à changer. Dans ce
cas, c’est la qualité même de la chambre
qui est devenue mauvaise. Ça se traduit
généralement par un caoutchouc poreux
qui se désagrège. Une chambre peut être
réparée plusieurs fois avec des rustines
(encore une fois en contrôlant sa qualité)
mais passé un stade, il est préférable de
la changer.
FREINS
Quand faut-il changer ses plaquettes
de frein ?
Sur un freinage, quand les freins
manquent de réactivité, c’est souvent
signe que les plaquettes commencent à
s’user. S’il y a un manque de mordant
ou un bruit anormal lors d’un freinage
appuyé, c’est mauvais signe. Attention
car si le bruit est métallique, c’est
généralement trop tard. Les garnitures
5 6
sont complètement usées, l’appui se
fait métal contre métal et vous risquez
d’endommager le disque. La fréquence
de changement des plaquettes varie en
fonction de la qualité mais aussi de
l’utilisation. Pour une pratique rando/
balade, on peut facilement faire 500 km
et plus. En DH, trois jours intenses en
montagne et il est déjà temps de
vérifier l’usure.
Visuellement, comment remarque-
t-on que les plaquettes sont usées ?
(photos 3 et 4)
On peut apercevoir l’épaisseur de la
garniture des plaquettes sans les
démonter. Enlever la roue (donc le disque)
permet d’avoir une vue plus générale des
garnitures qui peuvent parfois s’user
davantage d’un côté que de l’autre. Il faut
éviter que l’épaisseur de la garniture fasse
moins de 1 mm. Attention, les garnitures
peuvent être encore à la bonne épaisseur
mais ça ne freine pas bien. Dans ce cas,
elles peuvent avoir été souillées par de la
graisse ou l’équivalent. Il faudra les
démonter et soigneusement les nettoyer
au dégraissant freins. On peut aussi tenter
de les faire bouillir pour les dégraisser.
Enfin, démonter et remonter les
plaquettes étant une opération simple à
réaliser, pour un contrôle idéal, cela reste
le plus efficace.
Quelle est la fréquence de vidange
du liquide de freins ?
Le liquide de freins doit être changé
(purge) au moins une fois par an, mais
ça peut être deux fois. Tout dépendra de
la fréquence de pratique et de la façon
de pratiquer (intense ou relax). Avec le
temps, la viscosité du liquide s’altère. Il
peut aussi y avoir de l’air dans le circuit.
Une purge permet de repartir sur de
bonnes bases. En plus, un liquide récent
assure un meilleur fonctionnement et
retarde l’usure des joints. Freinage mou,
enfoncement exagéré du levier malgré
des plaquettes neuves sont les signes
que le liquide est à changer.
TRANSMISSION
Comment savoir si sa chaîne est
usée ? (photo 5)
Une chaîne oxydée fera du bruit, tout
comme une chaîne encrassée. Bien
usée, il peut y avoir des sauts lors des
changements de vitesse et elle aura
aussi du mal à s’engager sur les dents
de la cassette ou du plateau. Un outil
spécifique permet de mesurer
l’allongement (usure) de la chaîne.
Attention ! Certains outils « indicateurs »
ne sont pas très fiables et peuvent
signaler une usure de la chaîne quand
ce n’est pas encore vraiment le cas.
Quelle est la fréquence de
changement d’une chaîne ? (photo 7)
Pas vraiment de règle, tout dépendra de
l’utilisation et de l’entretien effectué,
c’est-à-dire une bonne lubrification (huile
spécifique). La propreté et les conditions
d’utilisation sont aussi des facteurs
agissant sur la longévité de la chaîne. Sur
un sol sablonneux, les grains peuvent
facilement pénétrer dans les rouleaux et
user prématurément. Un terrain détrempé
va vite éliminer la lubrification. Il existe
des huiles appropriées. Avec l’utilisation
d’une huile trop épaisse, les impuretés, la
poussière, risquent de former une pâte
abrasive accélérant l’usure. Un VTTiste
qui va rouler en montagne dans des
conditions difficiles va user plus
rapidement sa chaîne que celui qui
roulera paisiblement sur des randonnées.
Un compétiteur travaillera plus en
puissance qu’un randonneur. Sa chaîne
s’usera plus vite.
Doit-on obligatoirement changer la
cassette et le (les) plateau(x) quand
juin/juillet 2023 71
 Les longues descentes, à la
X Mécanique montagne notamment, bouffent
un max les plaquettes. Jetez-y
un œil régulièrement avant
d’attaquer le disque !

72 juin/juillet 2023
8 9
on remplace la chaîne ? (photo 6)
Non. Afin d’éviter de devoir remplacer
toute la transmission (chaîne/plateau/
cassette), il est conseillé de contrôler et
de changer régulièrement sa chaîne. Les
sauts de chaîne peuvent indiquer son
usure mais quand ça devient vraiment
régulier, il y a de fortes chances que les
dents de la cassette ou du plateau
soient aussi endommagées. Pour éviter
cela, vérifiez régulièrement l’état de la
chaîne et prenez en soin avec un
entretien minutieux.
ROULEMENTS
Quand doit-on changer le boîtier de
pédalier ? (photo 8)
Au pédalage, un bruit persistant n’est pas
bon signe. Les roulements du boîtier
commencent à s’user. Idem lors d’un
appui fort sur les pédales. Si ça craque
régulièrement, il y a un souci. Un jeu
important est aussi un indicateur. Les
roulements doivent être usés. L’intérieur
du boîtier doit manquer de graisse. Pour
le contrôler, maintenir les deux manivelles
(photo) et remuer afin de déceler
l’éventuel jeu. À ce propos, lors du lavage,
éviter d’orienter la lance du laveur haute
pression trop directement vers le boîtier
afin que l’eau ne pénètre pas. Enfin,
quand tout ne tourne plus de manière
souple, qu’il y a des grincements, de
l’accroche ou du jeu, il est temps
d’intervenir. À l’inverse, une fluidité trop
importante indique que les roulements
sont secs, moyen quoi ! L’usure d’un
boîtier est aussi due à sa qualité. Certains
sont moins robustes (fiables) que
d’autres. Un démontage, nettoyage,
graissage et remontage est à prévoir une
fois par an et augmente sa durée de vie.
Comment sentir que les roulements
de direction sont morts ? (photo 9)
Dès qu’un grattement se ressent quand
on le tourne à la main (roue décollée du
sol), il y a un souci. La présence de jeu
n’est pas non plus une bonne chose.
Pour le contrôler, freiner de l’avant,
bouger d’avant en arrière tout en tenant
la partie supérieure de la direction. Si ça
bouge, ce n’est pas bon. Un resserrage,
voire un graissage, peut parfois suffire à
éliminer ce désagrément. Éviter de rouler
trop longtemps avec du jeu dans la
direction, vous risqueriez d’abîmer les
billes alors qu’au départ il suffisait de
réduire le jeu. Enfin, si lors du démontage
en faisant tourner les roulements à la
main vous sentez de l’accroche, il y a
oxydation ou usure. Ils sont à changer.
CÂBLES DE DÉRAILLEURS
Y a-t-il une fréquence à respecter
pour changer ses câbles de dérailleur ?
Il n’y a pas de fréquence précise. Tout
dépendra des conditions d’utilisation, si
les sorties se font régulièrement sur un
terrain détrempé ou sur du sec. Les
conditions de lavage entrent aussi en
ligne de compte sur la durée de vie d’un
câble de dérailleur. Des lavages réguliers
au laveur haute pression, avec en plus la
lance dirigée directement vers les
embouts de gaine, va faire pénétrer
l’humidité entre le câble et la gaine et
ainsi oxyder le tout. Prévoyez un
changement des câbles et de la gaine
au moins une fois dans l’année.
Comment savoir si un câble de
dérailleur doit être changé ?
On parle généralement de câble à
changer. En fait, il s’agit du câble mais
aussi de la gaine. Il ne faut pas placer un
câble neuf dans une gaine usagée et
vice-versa. On remarque qu’il est temps
d’effectuer un changement quand les
manettes deviennent dures, reviennent
moins bien. De la rouille sur le câble n’est
pas bon signe. Le câble peut s’effilocher
au niveau de l’embout, de la vis serre-
câble ou à la tête de câble. Dans ces trois
cas, on change. L’apparition d’une pliure,
d’un coude ou d’une fissure sur la gaine,
il faut la changer (le câble avec).
MERCI…
Aux Cycles Guédard à Rennes (35)
pour leur collaboration.
www.cycles-guedard.com
juin/juillet 2023 73
X Tests en stock

LES PRODUITS
DU MOIS VTT Mag’ vous propose dans chaque
numéro une série de produits utilisés
régulièrement lors de nos essais et sorties
quotidiennes. Notre sélection…

. PÉDALES CRANKBROTHERS
MALLET TRAIL
. CHAUSSURES ADIDAS
5.10 TRAILCROSS PRO CLIP-IN
. NETTOYANT CYCLE
DR WACK
F100 BIO
. GENOUILLÈRES KENNY
PROFLEX
. ROUES FULCRUM
XC CARBON ZONE ROUGE
© JMP

74 juin/juillet 2023
juin/juillet 2023 75
X Tests en stock
Poids : 357 g
la paire

PÉDALES CRANKBROTHERS MALLET TRAIL 232,90 €

Campé sur ses appuis

La finition de ces pédales compactes Mallet Trail est

juste sublime, surtout dans ce coloris champagne.
Dédiées à une utilisation trail, leur largueur et poids
raisonnables les placent entre les Candy et les Mallet
E dans la gamme Crankbrothers.

P
asser d’un système de cales à un
autre n’est jamais une transition
facile pour un vététiste. Il faut
parfois se faire violence, bousculer ses
habitudes pour découvrir un autre univers.
On s’est donc laissé tenter par les
nouvelles Crankbrothers Mallet Trail et mis
de côté des décennies de pédalage en
Shimano SPD ! Déjà par curiosité, puis
aussi parce qu’on s’est laissé charmer par
l’esthétique de ces modèles polyvalents,
destinés à des pratiques assez étendues :
rando, trail, VAE, voire gravel. En effet, leur
finition est juste sublime, entre fonderie
soignée et traces d’usinage racées
volontairement laissées à nue. Pour des
pédales à plateforme, elles ne sont pas
bien lourdes et plutôt compactes.
Positionnées dans la gamme
76 juin/juillet 2023
Crankbrothers entre les Candy et Mallet,
on a pesé ces Mallet Trail à 357 g la paire
sur notre balance, soit 75 g de moins que
nos habituelles Shimano XT M8120
conçues dans le même esprit, 40 g de
moins que les XTR M9120. Certes, à plus
de 230 €, on est clairement sur du matériel
haut de gamme, avec des composants de
qualité et des pièces d’usure entièrement
remplaçables. Pour exemple, le roulement
intérieur est de type à pallier lisse avec
Crankbrothers joue adroitement des
compromis avec ces pédales Mallet Trail
au format compact.”
double joint d’étanchéité, l’extérieur un
réputé Enduro Bearing. Du solide et
sérieux. Le système Crankbrothers repose
sur des croisillons montés sur ressorts qui
offrent 4 faces d’accroche pour les cales
et, surtout, une excellente évacuation de
la boue ou autres intrusions. En clair, on
clipse sans problème quelles que soient
les conditions, comme on a pu maintes
fois le vérifier durant ce printemps humide
et boueux ! Contrairement au système
 Les petits pads
plastique noirs sont
interchangeables (version
1 ou 2 mm) afin d’offrir
une connexion parfaite
entre la plateforme et
la semelle. Même en
condition boueuse, le
clipssage se réalise sans
difficulté avec ce système
Crankbrothers à 4 faces.
SPD, il n’y a pas de vis de réglage de
tension du ressort, mais Crankbrothers
propose 4 choix de cales pour répondre
aux attentes et préférences de chacun
Nous avons testé les Mallet Trail avec les
cales version standard, 15° de
déclenchement et 6° de liberté. Le
clipsage demande une certaine force
d’appui sur la pédale avec ce ressort
puissant, mais il est franc, net, précis. Le
geste devient vite évident, sans
tâtonnement et la tenue laisse juste de
quoi se sentir à l’aide, maintenu mais non
pas emprisonné. Le déclipssage reste
d’ailleurs facile, rapide, naturel, sans
décrochage intempestif dans l’effort.
L’avantage de ces Mallet Trail réside bien
sûr dans leur cage d’appui, de forme
légèrement concave, qui permet une
bonne répartition de l’effort. Il en découle
un bon rendement ainsi qu’une bonne
stabilité sur ses appuis malgré le format
compact des Mallet Trail. Mieux, ces
pédales disposent de petits pads
interchangeables en plastique, version 1
ou 2 mm pour avoir un appui idéal, adapté
aux semelles de ses chaussures VTT.
Le déport (Q-Factor) est ici de 57 mm,
comparable à nos Shimano XT. C’est
juste ce qu’il faut pour épargner les
manivelles des frottements, et sans
dépasser des chaussures pour éviter de
trop meurtrir la cage lors des passages
pierreux. Au cas où, l’embout en
aluminium, conçu pour et démontable,
résiste bien aux agressions du terrain.
L’excroissance des croisillons permet tout
de même de pédaler sans être clipsé sur
des passages techniques ou scabreux,
avec un bon appui et contrôle, notamment
grâce à deux picots réglables sur l’avant.
Nos quelques mois d’utilisation dans des
conditions souvent humides, de lavages à
répétition (y compris sous haute pression,
volontairement !) n’ont pas réussi à mettre
à mal le corps, le ressort ou les roulements
de ces Mallet Trail. Elles sont encore
présentables, juste polies par quelques chocs
et chutes et parfaitement fonctionnelles.
■ Bertrand Thiébault
Fiche technique
Corps : en aluminium 6061-T6 usiné, ressort
acier inox 300, 2 picots réglables par face, pads
interchangeables épaisseur 1 ou 2 mm
Axe : acier chromo forgé SCM 435 • Roulements
double joints, intérieur Igus LL-glide sur pallier
lisse, extérieur Enduro Max à cartouche
Montage : par BTR de 8 mm
Dimensions : plateforme 78 x 74 x 17 mm,
Q-Factor 57 mm, largeur totale 92 mm
Livré avec : cales standards 15°-6° (4 types de
cales en option), sous-cales et jeu de pads de
rehausse
Coloris : noir, rose ou champagne
Garantie : 5 ans
Distributeur : www.tribesportgroup.com
▲ Points forts
Design et qualité de fabrication, parfaite
évacuation de la boue, clipsage franc,
déclipssage facile, pièces interchangeables,
poids et volume contenu
▼ Points faibles
Prix élevé, repères gauche/droite peu
visibles
VERDICT 9/10
Passée une rapide phase d’adaptation au
système du clipssage Crankbrothers, on
s’est vite laissé séduire par ces pédales à
plateforme compactes pour une utilisation
trail ou e-bike. Leur qualité de fabrication
est irréprochable, le design soigné. Leur
corps, même s’il est de format assez
compact, offre une bonne zone d’appui
pour un pédalage efficace. De plus, le
système d’accroche Crankbrothers à 4
faces s’est avéré particulièrement efficace
sur terrain gras, sans aucun bourrage ni
déclenchement intempestif. Si le produit
et son utilisation nous ont clairement
charmés, la marque californienne fait tout
de même payer au prix fort sa qualité, son
design, son efficacité… et sa différence.
Y compris face au géant Shimano et sa
gamme SPD XTR.
juin/juillet 2023 77
X Tests en stock
220 €
CHAUSSURES ADIDAS 5.10 TRAILCROSS PRO CLIP-IN
Les sneakers du biker
T
rouver des chaussures VTT alliant
confort au pédalage et confort de
marche est rarement chose facile.
Five Ten, marque d’Adidas, a relevé ce
défi avec ces Trailcross. Des chaussures
au look proche de sneakers sportives,
mais avec un emplacement pour y visser
des cales VTT. Ces Five Ten sont
destinées à une pratique trail/all-mountain.
Leur allure est plutôt sobre, discrète mais
tendance et disponible en deux coloris :
noir comme les nôtres ou kaki. On enfile
ces Trailcross comme des gants et l’on se
sent comme dans des chaussons. Un
« collier » néoprène vient épouser le
pourtour de la cheville, ce qui est à la fois
confortable mais aussi pratique pour éviter
les intrusions d’éléments extérieurs,
graviers et autres. Le serrage s’effectue
avec le nouveau système BOA Li2 associé
au lacet TX6, complété d’un petit strap
Velcro sur l’avant. La mollette est discrète,
efficace, le serrage bien réparti, uniforme,
en assurant un parfait maintien du pied.
Ce système permet d’ailleurs d’ajuster le
serrage à une main, y compris lorsqu’on
est en selle. La crainte du système Boa
est souvent un encrassement de la
molette ce qui, par la suite, rend le serrage
plus difficile. Ici, aucun souci avec le Li2
de dernière génération. On a pourtant bien
pataugé dans la boue au printemps, mais
la molette reste propre et fonctionnelle.
Après plusieurs mois d’essais et de
multiples sorties, nous n’avons pas
ressenti de douleur mais plutôt du confort.
78 juin/juillet 2023
Ces chaussures Five Ten taillées pour la
pratique du trail/all-mountain sont confortables
sur le vélo comme à la marche. On apprécie
aussi sa structure montante et ses différentes
protections du pied.
Même en dehors du vélo, après quelques
minutes de marche, on oublie que l’on
porte des chaussures VTT. La semelle est
suffisamment souple pour marcher, mais
aussi assez rigide pour transmettre la
puissance aux pédales. Les Trailcross Pro
sont plutôt légères pour des chaussures
axées trail, avec une bonne aisance de
marche sur tout type de terrains. Le grip
est bon que ce soit sur les roches
humides mais aussi sur terrain gras, et la
boue colle peu sous les semelles dites
Stealth Marathon. Il n’y a pas ou presque
pas d’amas de terre sous les chaussures,
ce qui facilite le clipsage sur les pédales
auto. La structure des Trailcross Pro
garantie une excellente respirabilité du
pied, mais attention aux conditions
hivernales : ce sont des chaussures
d’intersaison et d’été. Nos orteils se sont
fait saisir par le froid mais aussi par l’eau
lors de sorties pluvieuses et venteuses en
montagne. Niveau sécurité, la marque aux
Poids : 858 g
la paire en 41
Fiche technique
Structure externe : mesh et matériaux recyclés à
50 %, renforts moulés
Tige : mesh et textile recyclé
Serrage : Boa Li2, lacet TX6, sangle Velcro avant
Semelle externe : caoutchouc Stealth Marathon,
intermédiaire en EVA, interne moulée
Tailles : 38 à 50 (tailles intermédiaires par 1/3)
Coloris : noir ou kaki
Contact : www.adidas.fr
▲ Points forts
Serrage Boa uniforme, confort et maintien,
protection orteils et malléoles, structure
montante
▼ Points faibles
Non imperméable, pas idéales en
conditions hivernales
VERDICT 9/10
Voilà des chaussures idéales pour toutes
les aventures, des singles aux chemins
blancs, jusqu’au portage du bike. Elles sont
à la fois confortables et sécurisantes, que
ce soit en selle ou pour marcher, pousser,
porter. Le serrage Boa Li2 est fiable par
tous les temps et son réglage très précis.
Enfin, le parfait maintien du pied dans les
chaussures est appréciable avec sa longue
tige qui remonte jusqu’aux malléoles.
Derrière des allures de sneakers tendance,
ce sont bien là de vraies chaussures VTT !
trois bandes a fait les choses bien. Le
devant du pied est protégé par une bande
caoutchouc ni trop souple ni trop rigide
qui nous a bien sauvé les orteils lors d’un
choc brutal sur une souche. Le renfort
s’est légèrement déformé vers l’intérieur
de la chaussure, mais aucune douleur n’a
été ressentie. Le talon est également bien
protégé par une tige rigide, ce qui permet
un bon maintien du pied en lui épargnant
les chocs. Réellement pensées VTT, ces
5.10 sont munies d’un renfort sur la face
interne – celui en contact avec la manivelle
– allant du talon jusqu’au bas de la
malléole On est donc bien protégé des
projections, mais aussi des impacts en
cas de chutes. À l’usage, nous avons
particulièrement apprécié cette rigidité
inspirant durabilité et sécurité.
■ Auguste Mannoury

NETTOYANT CYCLE DR WACK F100 BIO
Soirée mousse
I
l existe nombre de produits nettoyants
cycle sur le marché. La marque
allemande Dr Wack s’est forgé sa
réputation dans les domaines automobile
et moto (detailling), mais elle s’intéresse
également au vélo avec une gamme
dédiée de produits d’entretien, nettoyants
et lubrifiants. Parmi ceux-ci, nous avons
retenu le F100 en version Bio. Si la version
« chimique » du F100 existe depuis plus
de 40 ans, Dr Wack apporte ici une
formule bien plus respectueuse de
l’environnement puisque faite à 97 % de
matières naturelles. La recette de cette
potion de couleur légèrement jaunâtre
reste secrète et, à l’ouverture du flacon, on
note juste une odeur de type savon, non
agressive au nez, non irritante pour les
mains. Pour tester ce liquide F100 Bio,
nous avons profité d’une sortie VTT bien
grasse avec un vélo à cadre carbone
copieusement chargé de boue. La notice
Ce liquide de nettoyage à base de produits
naturels se transforme en mousse après
application. Il aide grandement à décoller la
boue et agit aussi comme dégraissant. Un coup
de jet et c’est propre ! Un coup de chiffon reste
nécessaire pour un résultat nickel.
préconise de patienter 5 à 10 minutes
après pulvérisation grâce au bec diffuseur,
puis un abondant rinçage au jet d’eau. En
cas de salissures extrêmes – comme sur
notre vélo – il est recommandé un
prélavage à l’eau pour évacuer les
principaux amas de boue. C’est ce que
nous avons fait avant pulvérisation. Projeté
au travers de son diffuseur, le liquide
devient blanc-mousseux et son action
nettoyante comme dégraissante débute.
Posez-vous sur une chaise longue,
appréciez les bienfaits d’une binouze
fraîche (ou autre) puis sortez le jet d’eau
pour le rinçage. Résultat ? Ça fonctionne !
Le F100 Bio aide nettement à décoller la
boue sur les éléments du cadre, y compris
sur notre modèle carbone à finition mat
assez accrocheuse. Terre et boue glissent
et s’évacuent. La mousse dissout aussi
les graisses, notamment sur la
transmission et laisse un vélo plutôt
750 ml
19,99 €
Fiche technique
Nettoyant bio : composé à 97 % de matière
première naturelle et renouvelable, sans acide,
sans parfum ni colorant. Moins de 5 % d’agents
de surface non-ioniques, sodium pyrithione et
benzisothiazolinone
Flacon pulvérisateur : de 100 ml (6,99 €) ou
750 ml (19,99 €) ou en bidon-recharge de 2 litres
(35,99 €)
Contact : www.dr-wack.com
▲ Points forts
Formule naturelle, efficacité à ôter la boue,
propriété dégraissante, facilité d’utilisation.
▼ Points faibles
Prix non négligeable, attention aux traces
de séchage
VERDICT 8/10
OK, on peut simplement laver son vélo à
l’eau claire en frottant bien partout à l’aide
d’une brosse. Toutefois, ce produit F100
Bio à pulvériser permet de grandement
faciliter le nettoyage sans user trop d’eau.
Il apporte une réelle efficacité pour décoller
la boue et dissoudre les graisses, rendant
un vélo propre avec un minimum d’efforts,
tout en prenant soin de la planète. Mais pas
de miracle, il faudra tout de même fignoler
au chiffon pour un rendu parfait.
propre, sans contaminer l’environnement.
Toutefois, les parties les plus boueuses
ainsi que celles où cette boue avait
commencé à sécher ont nécessité une
finition à l’éponge puis chiffon microfibres
pour un rendu parfait. La brosse a même
été nécessaire sur les pneus. On ne peut
donc pas parler de « produit miracle » qui
fait tout à votre place pendant que vous
pioncez sur le canapé devant une série
Netflix ! En revanche, il s’agit bien là d’une
aide efficace au lavage, bien plus que ne
l’est un simple coup jet. Attention aussi à
ne pas appliquer le produit en plein soleil
ou sur un cadre chaud pour éviter les
vilaines traces de séchage. Ce flacon de
750 ml doit permettre en bonne quinzaine
ou vingtaine de lavages selon le degré de
salissure, soit moins de 1 €/lavage. Le prix
au litre équivaut tout de même à celui
d’une bonne bouteille de champagne…
■ Bertrand Thiébault
Juin/juillet 2023 79
X Tests en stock
GENOUILLÈRES KENNY PROFLEX
Souples et légères
D
éveloppées il y a… pas mal
d’années en collaboration avec
une certaine Cécile Ravanel, les
genouillères Proflex de chez Kenny se
sont refait une beauté il y a peu. Un
nouveau marquage – plus discret – sur
l’avant ou encore une étiquette en tissu
fixée sur le Velcro supérieur en renfort et
enfin un patch type latex sur le tissu aéré
arrière. Que du cosmétique en gros afin
de redonner une seconde jeunesse à un
produit abouti depuis longtemps. Ces
genouillères annoncées comme all
mountain-enduro sont en effet bien
connues dans la discipline grâce à un
maintien efficace en descente comme au
pédalage avec un tarif serré. On est
forcément toujours un peu dans le doute
quand on enfile ce genre de genouillère
fermée, assez longue et maintenue par
deux gros Velcro. Le mieux est de pouvoir
les essayer afin de choisir la bonne taille.
Celle qui vous permettra de ne pas avoir
une genouillère qui baille sur la cuisse ou
vraiment trop serrée au mollet (rien de plus
désagréable). Et avec 4 tailles au choix,
mieux vaut être sûr de son coup en les
testant chez un revendeur. Une fois
trouvée la bonne paire, on se repère grâce
80 Juin/juillet 2023
À gauche les Proflex
Proflex telles qu’on les connaît
depuis pas mal d’années, à droite le dernier
modèle, au look modifié.
au marquage discret droite-gauche inscrit
à l’intérieur de la petite languette du Velcro
supérieur. Une bande latex interne dans la
partie haute vient « coller » à la peau et
assurer un maintien efficace (ça peut tirer
sur les poils quand on l’enfile si on n’est
pas en pattes rasées !). Ne reste plus
ensuite qu’à resserrer les Velcro
supérieurs et inférieurs. Inutile de tirer
comme un dingue, le maintien est là grâce
à l’élasticité du tissu. Une fois sur le vélo il
m’a fallu moins de 5 minutes pour les
oublier. D’abord avec une longue séance
de pédalage en montée où à aucun
moment on ne ressent une quelconque
tension ou empêchement lors du pliage
de la jambe. Les Proflex sont très souples
et légères. Parmi les plus légères en
enduro. La coque interne type D30 est elle
aussi d’une souplesse étonnante et
n’entrave en rien le pédalage. En mode
spéciale ou DH, là encore j’ai été
agréablement surpris par le maintien de
Poids : 400 g
79,95 €
Fiche
Fi technique
Tis : polyester, polyuréthane, nylon
Tissu
Coque : D30
Co
Longueur : 370 mm
Lo
Tailles : S-M-L-XL
Ta
Distributeur : www.kenny-racing.com
Di
▲ Points forts
Lé
Légèreté, souplesse au pédalage,
protection, maintien, finition, design
pr
▼ Point faible
Coque non amovible
Co
VERDICT
V 9/10
Lé
Légèrement améliorées par rapport
au modèle initial, les Proflex restent
convaincantes sur plusieurs points.
co
L’essentiel, la protection, est bien là. Le
L’
maintien et la discrétion au pédalage
m
aussi. Et que demander de plus à des
au
genouillères ? Être discrètes et solides dans
ge
le temps. C’est le cas après de multiples
sorties. Au final un vrai bon produit pour
so
les sorties all-mountain et enduro même
le
engagé. Seul regret, on aurait aimer pouvoir
dégager la coque pour pouvoir les passer
en machine.
ces genouillères. Genouillères que j’utilise
maintenant depuis plusieurs semaines
sans aucune mauvaise surprise. La
protection sur l’avant est excellente. Et
l’on apprécie les petites mousses de
chaque côté de la coque même si l’on
aurait bien aimé quelque chose de plus
épais. La « respirabilité » est bonne grâce
au tissu aéré situé à l’arrière, mais
évidemment par temps très chaud, il ne
faut pas rêver, vous allez un peu suer du
genou ! Ce qui m’amène au lavage de ces
genouillères dont la coque interne ne se
démonte pas. Donc lavage machine
interdit (c’est spécifié sur les étiquettes
d’identification). On se contentera d’un
nettoyage à l’éponge en surface et basta !
Les Proflex ont augmenté ces dernières
années et la dernière version est à 79,95 €,
pour ne pas dire 80 balles. Finalement pas
très cher vu la qualité du produit et face
aux tarifs de la concurrence.
■ JM Pouget

X Tests en stock
ROUES FULCRUM XC CARBON ZONE ROUGE
Du TGV à la fusée
Look, finitions, qualités des matériaux, technologies…
il n’y a pas de doute, ces roues Fulcrum « Zone Rouge »
entrent dans la catégorie « haut de gamme ».
D
ans la gamme Fulcrum qui
propose 4 modèles de roues pour
le VTT, la « Carbon Zone Rouge »
représente le haut de gamme.
Développées avec comme point d’orgue
du cahier des charges la réactivité et la
résistance, ces jantes en carbone
semblent présenter une alternative
intéressante pour qui souhaite augmenter
les performances au pédalage de son vélo
de cross-country. Chaque élément qui
constitue ces modèles prestigieux a été
développé pour offrir individuellement un
haut niveau de performance, mais
également pour qu’une fois assemblé
chaque composant fonctionne en parfaite
synergie. L’une des particularités de ces
jantes reste leur construction asymétrique
étudiée pour améliorer la tension de la
jante en équilibrant les forces provenant
des freins et de la cassette. Ces modèles
de 28 mm de largeur interne se montent
très facilement. Les pneus tubeless
« claquent » sans souci sur la jante. Le
82 juin/juillet 2023
design plutôt réussi et la finition « mate »
apportent une petite touche « racing »
supplémentaire au BMC Twostroke sur
lequel on a choisi de tester ces Fulcrum.
Un vélo au fort potentiel un peu contrarié
dans cette version par des roues
d’origine DT Swiss XR 1700 qui ne lui
permettent pas de s’exprimer pleinement
dans les sections de pédalage. La finition
des Fulcrum est irréprochable. Pour
preuve, les petits supports de valves
moulés du plus bel effet. Les DT
d’origine affichent 1 658 g sur la balance
quand les Fulcrum sont à 1 447 g. 200
grammes de moins sur des roues, cela
représente un gain de poids très
significatif.
Pédalage
Sur ce BMC hardtail, il ne faut pas
longtemps pour sentir les bienfaits de ces
nouvelles roues au pédalage. La rigidité
déjà assez présente sur ce vélo sans
Poids : 1 447 g
1 419 €
suspension arrière passe un cap. Le
Twostroke révèle alors tout son potentiel
et devient une véritable bête de pédalage.
La petite route de montagne un peu raide
qui nous permet de prendre de l’altitude
est avalée facilement et à bonne vitesse.
L’allure « au train » a de toute évidence
augmenté et l’on s’économise davantage
lors des longues sections. Le vélo devient
hyper réactif et avec 1.5 bars à l’avant et
1.6 à l’arrière, le confort reste correct pour
un hardtail. L’ensemble gagne également
en nervosité et les accélérations sont plus
efficaces. La moindre petite section
propice à accélérer est incroyablement
exploitée. Une petite pression sur les
pédales se transforme instantanément en
vitesse de progression qui augmente.
C’est particulièrement plaisant de sentir
que les moindres watts passent au sol.
Quatre coups de pédale suffisent à lancer
le vélo pour franchir en roue libre une
montée de 70 mètres. Tant que l’on
évolue assis sur la selle, on ne ressent
On retrouve une conception asymétrique qui permet de gérer et de répartir au
mieux l’énergie du pédalage et des freinages. Le raccord visible reste le signe
d’une fabrication artisanale. Les rayons sont en nombre de 24 à l’avant et de
28 à l’arrière. L’emplacement des valves reste particulièrement bien fini.

juin/juillet 2023 83
X Tests en stock
Avec ces éléments en
carbone, notre BMC
TwoStroke prend tout de suite
des airs de bête de course.
Avec ces roues Fulcrum, la moindre
petite section propice à accélérer est
incroyablement exploitée.”
aucun déficit en traction. Le vélo accélère
juste plus vite et il conserve plus
facilement sa vitesse. En revanche, en
danseuse, on sent que l’augmentation de
la rigidité au niveau du train arrière se paye
un peu en termes de motricité. Et si l’on
ne prend pas suffisamment de
précautions dans ses traces, sa position
et la façon dont on appuie sur les pédales,
on perd plus facilement le grip à la roue
arrière. Un phénomène tout à fait logique.
En effet, il semble difficile d’augmenter à
ce point la capacité au pédalage sans
contrepartie.
Pilotage
La descente représente l’un des points
forts de ce BMC avec son angle de
direction très ouvert. L’arrivée de ces
roues ne perturbe pas ces aptitudes dans
cet exercice. Cette version de Twostroke
qui ne dispose pourtant pas de la fourche
la plus performante du marché conserve
une bonne stabilité du train avant.
L’augmentation de la rigidité n’engendre
aucune instabilité de la roue avant. Le
confort reste correct. À l’arrière, en
84 juin/juillet 2023
revanche, il n’y a pas de miracle. Le
concept semi-rigide offre déjà un
ensemble assez vif et le fait d’augmenter
la rigidité rend inévitablement le vélo plus
réactif sur les petits chocs. L’ensemble est
un peu plus vivant, mais sa géométrie est
tellement au point que le châssis reste
sécurisant. Le Twostroke se révèle juste
un peu plus physique à piloter dans les
descentes, mais il l’est tellement moins
dans les montées que le compromis reste
largement favorable. Une route en montée
négociée debout sur les pédales avec la
fourche bloquée en montée nous permet
à nouveau de prendre la mesure de
l’avantage que représentent ces roues sur
ce type de vélo. Et encore, les pneus
Vittoria Mezcal ne sont pas forcément les
modèles qui offrent la meilleure capacité à
rouler. Ce BMC devenu une fusée à la
montée reste donc efficace à la descente
grâce à son châssis parfaitement au point.
On comprend mieux le choix de Pauline
Ferrand-Prévot devenue championne du
monde au guidon de ce vélo vraiment
surprenant une fois équipé de roues au
top !
■ Pierre Col
Fiche technique
Matière : carbone
Taille de pneu : 29 pouces
Finition : mate
Hauteur avant et arrière : 26 mm
Largeur : 33 mm
Largeur interne : 28 mm
Freinage : à disque 6 trous
Compatibilité moyeu : AV HH15-110 Boost/
AR : HH15-110 Boost
Nombre de rayons : AV : 24/ AR : 28
Matière rayons : acier inoxydable à double renfort
Forme rayons : profil arrondi, tirage droit
Mamelons : aluminium
Moyeux : aluminium
Roulements : à billes et à cônes réglables
Limite de poids : 125 kg
Options : FWB XD, HG11, MS12, N3W en option
Contact : www.fulcrumwheels.com
▲ Points forts
Poids, rigidité, esthétique réussie, tarif
cohérent
▼ Points faibles
Motricité
VERDICT 9/10
Pour un tarif qui reste malgré tout
raisonnable pour un produit de cette
qualité, ces Fulcrum « Zone Rouge »
représentent la garantie d’élever les
performances de votre vélo au pédalage
s’il n’est pas d’origine pourvu de bonnes
roues. Ça a été clairement le cas sur le
BMC TwoStroke sur lequel on a monté ces
références en carbone.
X Découverte

88 juin/juillet 2023
 Le Cap-Vert de Tito Tomasi

Vertige sur
l’Atlantique
Un virage et un monolithe de
roche volcanique, un spectacle
classique au Cap-Vert.

Je suis un archipel volcanique de l’océan

Atlantique qui compte dix îles et des paysages
variés, je culmine à presque trois mille mètres
d’altitude mais j’offre aussi des plages de sable
blanc, des oasis tropicales, des déserts, du vin,
du maïs et beaucoup de poissons. Peu connue,
je suis une destination de qualité pour
l’aventure. Chez moi, on parle un créole hérité
de l’Afrique, ma population est vaillante et
chaleureuse. Qui suis-je ? Le Cap-Vert tout
simplement… ■ Par Tito Tomasi

juin/juillet 2023 89
X Découverte

C
’est reparti. Alors que
nous passons un hiver
très particulier dans
les Alpes, le choix de
cette destination se
fait un peu au dernier
moment. Je travaille
depuis un moment avec Louis sur ce
projet d’aventure VTT. Nous avons eu
des déconvenues avec une météo
compliquée nous forçant à revoir nos
plans. Alors que je suis sur les cartes et
que mon cerveau passe en revue
différentes possibilités, j’ai comme un
flash. Un souvenir de cachupa et de
paysages volcaniques escarpés, le
Cap-Vert ! J’y étais allé neuf ans
auparavant mais j’avais cassé ma roue
arrière rapidement, me laissant à pied.
Mais le souvenir restait vif. Ce souvenir
de paysages et de rencontres, des Ce matin, on quitte le village
par la mer. Monte Trigo, un
sourires dans les villages et la sueur village de pécheurs isolé, sans
dans les marches en pierre qui route ! Passage d’un village
sillonnent cette île incroyable. Dans ce abandonné sur le sentier côtier.
souvenir lumineux et un peu brouillon
où se mêlent le rhum, les vagues et les
sommets, il y avait une certitude, le
Cap-Vert a un potentiel énorme pour
l’aventure à vélo ! J’appelle Louis, je lui
raconte l’endroit et lui envoie un bout
de trace GPX avec une carte. On remue
notre petit monde et Kona est derrière
nous pour cette expédition spontanée !
Louis est le cameraman avec qui j’ai
choisi de travailler sur un projet de
différentes aventures VTT. Il filmera nos
péripéties et nous ferons le montage
des films ensemble. Recherche après
recherche, notre aventure se précise.
L’itinéraire émerge sur la carte et l’on
commence à se projeter. Louis est
confiant avec les informations que l’on idée du déroulement des opérations et (modification personnelle), plutôt taillé
a et avec les images qu’il voit sur l’excitation monte. pour la vitesse et les pistes
internet. Une telle aventure se prépare canadiennes. Je l’ai monté solide mais
avec attention. Il faut mesurer pas mal On décolle ! léger avec ce qui se fait de mieux chez
d’aspects, le film, l’itinéraire, la Raceface, de bons pneus Maxxis DHF
logistique, l’effort et rester lucide. On se J’ai passé une période chargée en et Agressor. Le vélo a même droit à
règle pour le matériel et je donne nouveautés avant ce périple. D’abord quelques stickers chromés pour
quelques consignes pour le matos. On mon vélo, le KONA ProcessX, est une changer le look ! La veille du départ, je
va affronter un terrain difficile et raide. bête qui vient d’arriver à la maison ou teste encore le réglage des nouvelles
Il faut aussi anticiper la chaleur et les presque, avec l’hiver les rides sont suspensions, je change les roues et les
étapes complexes avec des nuits chez rares et un peu spéciaux. Le bike est en pneus. L’idée est d’adapter au mieux la
l’habitant. Finalement, on a une bonne 160/150 mm de débattement monture à la rudesse du Cap-Vert et
faire en sorte que l’on survive à tout ça.
Mais voilà, après une boucle bien
Notre plan est de faire le tour technique dans la pente en Haute-
Savoie un jour de pluie, je pars pour
de l’île et de rouler sur les plus des sentiers radicalement différents
voire opposés à la terre végétale, la
belles descentes… forêt profonde et l’humidité extrême.

90 juin/juillet 2023
 L’incroyable plongeon dans
la vallée de Paul depuis les
crêtes du Pico Da Cruz.

juin/juillet 2023 91
X Découverte
Aride et pentu, le relief a
donné des sueurs à Louis !
Mais quel spectacle…

92 juin/juillet 2023

J’installe mon Process dans la housse
Evoc, fidèle au poste, et direction
l’aéroport. Le vol est à 6 heures, j’ai
donc décidé de dormir directement
dans l’aéroport. Le matin, je suis rejoint
par Louis dans la file d’attente. Moi,
pas frais d’avoir campé là et Louis en
vrac pour s’être levé aussi tôt ! La
journée sera longue. Ça nous fait quand
même bien rire, motivés par la
promesse de magnifiques aventures
dans l’archipel. Après une courte escale
à Lisbonne, on décolle pour le Cap-
Vert, archipel situé en face de Dakar.
Le vol au-dessus de l’Atlantique et des
Canaries nous prendra 4 heures
environ. On atterrit après avoir survolé
l’île. On descend dans la lumière et la
chaleur, on est bien. Après quelques
démarches de bienvenue, on fourre les
Au bonheur d’une île :
l’océan tout autour, son
phare et sa vie quotidienne
à la fois douce et difficile.
Mais avec le sourire !
housses dans une Mercedes sans âge.
Musique reggae, plus de ceintures dans
la voiture, chauffeur à la cool. C’est
bon, on est arrivé au pays du « No
stress », comme l’indique la devise de
l’île. On a appelé Théo pour nous
trouver une chambre. Le soir, il arrive
sur la terrasse avec sa prise du jour,
une jolie bonite que l’on va déguster
en ceviche au coucher de soleil. Ça
commence bien et tranquille. Demain
on attaque !
On découvre la roche et les
marches
8 heures sur le port, notre ticket à la
main on monte dans le ferry en
pédalant. Nos sacs pour la prochaine
semaine sont faits et nos affaires sont
restées chez Terrralodge à Mindelo. Le
ferry va traverser le bras de mer vers
Santo Antão. Les touristes qui peuplent
le bac admirent les montagnes de l’île
et se projettent déjà dans leurs
randonnées. Ceux qui connaissent
Santo Antão savent, ceux pour qui
c’est la première fois ne peuvent pas
imaginer ce qu’ils vont affronter… De
loin, on peut voir les versants de l’île.
Louis prend conscience de notre
itinéraire. Notre plan est de faire le tour
de l’île. Nous allons emprunter un
maximum de sentiers mais aussi
remonter environ quatre fois sur les
hauts pour nous faire les plus belles
descentes de San Anto. On débarque à
vélo et on traverse Porto Novo. La ville
est calme et on file sur les pavés. On
montera les 1 400 mètres de dénivelé
juin/juillet 2023 93
X Découverte
L’incroyable ouvrage des
esclaves vu du ciel. Les sentiers
portugais serpentent les îles
ainsi sur des centaines de
kilomètres.
vers la montagne, Pico Da Cruz en
pick-up. Le chauffeur, Nai, est encore
un gars super attachant et on discute
bien en remontant cette route pavée
serpentant entre les cônes volcaniques
et les falaises. Il nous pose au tout petit
village de Pico da Cruz, sûrement le
plus haut de l’île. On filme un peu, se
briefant sur le déroulement des étapes.
Aujourd’hui, on a décidé de faire une
descente de folie vers la côte depuis ce
village puis de remonter sur le plateau
pour dormir chez Alain de Casa
Espongeiro. Un beau programme
rapidement confirmé par la vue depuis
le sommet de la crête ! On roule au
début sur une piste en pavés entourée
d’eucalyptus. C’est très sec, on voit au
loin l’océan. Louis est super content
des conditions, la lumière, les
contrastes. On prend ensuite le sentier
qui passe sur une crête boisée.
L’ambiance sur les hauts est incroyable,
c’est vertigineux et contrasté avec un
versant sec et un versant luxuriant.
Magique ! On roulera dans les nuages,
heureux de vivre ce moment suspendu.
Le sentier est parfois très scabreux
et parfois vraiment cool. Lorsque ça
plonge vers la vallée de Paul, on
commence à affronter des escaliers et
94 juin/juillet 2023
Difficile pour nous de concevoir que le
sentier passe dans ce dédale infernal.
une pente très forte ! On voit les
dizaines de lacets tracés dans la
falaise. Notre descente culmine à 1 000
mètres en pente raide et c’est même
difficile pour nous de concevoir que le
sentier passe dans ce dédale infernal.
Louis fait super attention dans les
épingles. Les marches sont agressives
et jettent dans le vide. La descente est
plus sympa sur la fin et on traverse des
petits villages qui n’ont pas de route, au
cœur des plantations. Les animaux sont
partout, comme les enfants qui se
postent sur les murets pour nous
regarder passer et appeler les copains.
Louis filme tous ces moments et les
différents mondes que nous traversons :
la lumière dans les bananiers, les
maisons en pierre noire. Finalement on
arrive au bord de l’eau. Un petit
restaurant de poisson fera bien l’affaire
pour le déjeuner. La route de la côte est
grandiose. Les villages de pêcheurs
s’enchaînent avec leurs couleurs,
parfois abrités dans la falaise, souvent
perchés au-dessus de l’Atlantique.
Mais voilà, c’est l’après-midi. On doit
se remettre à monter pour franchir le
cratère. L’ascension sera brutale même
si la vue est magnifique. Même si l’on
aime admirer le paysage, quand faut y
aller, faut y aller, et quand c’est ultra-
difficile, eh bien c’est toujours aussi
difficile. Pour Louis, ce baptême
cap-verdien est réel. Mon camarade de
cordée aura beaucoup de difficultés
dans le portage final. C’est aussi cela
l’aventure, s’adapter et se confronter à
la réalité. La nuit chez Alain sera
réparatrice. Le matin, on discute avec
cet amoureux de l’île qui a fait
beaucoup pour les communautés du
plateau. Puis on repart sur les sentiers
pour une journée entre le plateau et la
côte. Cette île est incroyable ! On passe
d’un monde à l’autre, on traverse des
villages et au détour d’un virage, on
croise des personnages attachants. Ce
jour-là, on va plonger du plateau vers
les gorges en longeant les falaises
géantes pour une descente de plus de
1 300 mètres de dénivelé. L’après-midi,
 Les sentiers, les
communautés là où il n’y a
aucune route, et encore
moins de VTT ! Champs de
cannes, villages et maisons
troglodytiques. Scènes
cap-verdiennes classiques !

on roulera le célèbre sentier côtier vers
Cruzinha, avec des passages
hallucinants taillés dans la falaise et
suspendus au-dessus des vagues
fracassantes. Une expérience unique à
vivre, sublimée par des points de vue
grandioses.
On traverse le désert
Nous nous réveillons dans le village de
Chã de Igreja, le plateau de l’église,
entouré de falaises et de végétation
luxuriante. La vie est douce dans les
vallées de Santo Antão. On reprend nos
vélos direction les hauteurs pour
affronter les marches et la pente. Ici le
choix est simple. Les sentiers sont en
pavés et ornés de marches pour les
montées, sinon c’est la route en pavés
également. Mais les routes sont
complexes et ne desservent que très
peu de lieux sur l’île. Pour rallier
certains villages, il faut envisager des
détours surprenants. Nous voulons
rallier le plateau pour traverser une
partie des hauts et ainsi accéder à un
tout autre versant de l’île. Cela nous fait
poursuivre notre tour mais cela
implique une ascension assez
impressionnante. Alors que nous
l’attaquons, ça se transforme
rapidement en portage ardu. Avec la
chaleur et les marches, ça fait trop pour
Louis. On décide d’abandonner cet
accès et de faire le tour. Finalement, on
sera sur le plateau en début d’après-
midi pour une magnifique étape sur les
pistes. Les cratères sont superbes, on
croise des villages et de tout petits
troupeaux. C’est géant. Dans cet
univers à la fois lunaire et champêtre,
on trouve notre chemin et on plonge
vers Figueiras, une des vallées isolées
de San Anto. La descente est superbe,

juin/juillet 2023 95
X Découverte
Le sentier côtier vers
Cruzinha depuis Punta do
Sol est un classique de
randonnée dans l’Île et l’on
comprend pourquoi.
Session surf avec les
locaux.
on le vit comme une récompense. Le
sentier serpente entre les falaises ocre
et le sentier en pierre volcanique noire.
Et on arrive enfin chez Adalberto notre
contact qui nous héberge pour la nuit
après un repas copieux. Adalberto est
un gars super chaleureux et marrant qui
parle bien français. C’est lui qui
s’occupe de réapprovisionner le village
avec ses ânes. Il travaille aussi avec les
agences de voyages pour transporter
les bagages des aventuriers. C’est un
Quelle vie ici suspendue au-dessus
de l’immensité de l’Atlantique !
96 juin/juillet 2023
costaud qui cavale dans l’île avec un
grand sourire. Une belle leçon pour nous.
Le lendemain est une grosse étape
puisque l’on doit traverser la vallée vers
l’océan et puis le longer pour
poursuivre notre tour de l’île. Le sentier
est très long. Il n’y a aucune route ou fil
électrique et pourtant nous croisons
sans cesse des gens et de petites
communautés ! Quelle vie ici suspendue
au-dessus de l’immensité de
l’Atlantique, hors du temps et du
monde. C’est juste incroyable. Je suis
touché et bouleversé par ce fossé qui
nous sépare, nous occidentaux, et le
peuple des pentes ici. C’est un voyage
qui nous transporte à VTT mais aussi à
travers le temps et notre perception du
monde.
Nous affrontons les ascensions les
unes après les autres. Louis s’accroche
et montre une belle détermination.
C’est une traversée de sept heures
dans un désert difficile, le sentier, les
plantes, l’orientation et le soleil. Nous
sommes sous le regard du grand
volcan Tope de Coroa qui culmine à
2 000 mètres et nous savons que notre
point d’arrivée du soir est un village de
pêcheurs complètement isolé sous ce
volcan. Alors on continue, on
continue… Nous voilà en haut de la
descente finale. Heureux de voir au loin
notre point de chute, on profite encore
des hauteurs et puis c’est parti pour
une descente folle et exigeante vers
Monte Trigo. On découvre un village
magnifique fait de maisons blanches
construites les unes sur les autres face
à l’océan. Au bout, la plage, les bateaux
apportent les denrées et les voyageurs.
On se pose chez July et je traverse les
galets pieds nus pour me jeter à l’eau !
Un délice après une bonne journée
d’aventures. Quelle vie !
Cap-Vert pratique (Îles de São Vicente et Santo Antão)
■ Où dormir ?
Sur Santo Antão, la Casa Espongeiro est un super endroit pour
explorer le plateau et faire des descentes fantastiques. Tenu par
Alain, un Français au grand cœur, le lieu respire la simplicité et
l’amour de l’archipel. Alain peut louer des vélos et vous guider.
L’itinérance dans Santo Antão vous mènera dans les villages et
les vallées isolés. Vous trouverez des logements tout au long de
l’aventure. Un guide peut être utile.
Sur São Vicente, là où l’avion vous aura posé, l’hôtel Terralodge
de Mindelo est un spot prisé. Bâtiment d’architecte local,
éco-responsable, terrasse avec vue sur la baie et les
montagnes, les couchers de soleil sont terribles, comme leur
choix de rhum local et autres spécialités. Théo le gérant est
aussi à l’origine de Nobai. Une agence de guides qui pourra
vous aider dans la planification et la logistique. Un très bon
contact à avoir au Cap-Vert. Théo est un expert, plein de
ressources et passionné.
■ Où manger ?
Authentico est un restaurant immanquable de Porto Novo pour
fêter un départ de boucle ou d’arrivée. Chez July, au bout de la
plage de Monte Trigo, pour les langoustes fraîches et le meilleur
poisson. Alain de Casa Espongeiron prépare également des
menus de folie avec du local et du français, un mélange malin
et valorisant.
Sur São Vicente, profitez du poisson au village de pêcheurs de
Sao Pedro. Vibrez en ville sur le front de mer de Mindelo pour
écouter de la musique, baignez-vous et goûtez à la saveur
locale « Cabo Verde, No Stress »
■ Comment y aller ?
Les vols transitent pour la plupart par Lisbonne pour une escale
et puis desservent les îles principales. Pour Santo Antão et les
montagnes, il faudra impérativement atterrir sur São Vicente car
les trajets inter-îles sont compliqués.
■ Quand y aller ?
Le meilleur moment est probablement l’hiver pour les
températures. Les chaleurs intenses peuvent commencer en
avril.
■ Où boire un coup ?
Les bars du bord de mer de Mindelo apparaissent comme une
option sympa pour boire un rhum local en écoutant de la
musique cap-verdienne. Les Cap-Verdiens aiment la musique et
la fête.
■ Trouver un bon guide ?
Nobai sur São Vicente, pour le guide, la logistique, les traces,
■ Les beaux points de vue… Alain à Espongeiro sur Santo Antão pour partager des rides,
Voir Mindelo depuis les collines, la baie, les montagnes et San loger et planifier.
Antão au loin dans un ciel orange pastel de coucher de soleil.
Aller au phare à la pointe sud de São Pedro. Et sentir le désert
■ À voir
volcanique sur la côte de Calau, les plaines et cônes. La culture du Cap-Vert est marquée d’influences africaines et
Sur Santo Antão, impossible de choisir tellement il y a portugaises. Mais la majorité des familles sont issues de
d’endroits magiques sur l’île. Le coucher de soleil sur le plateau l’esclavage, un déracinement qui s’est mélangé aux coutumes
est fantastique, avec le cratère de Cova et l’océan sombre au des Portugais pour créer une langue créole locale, une
fond. philosophie et un amour de la vie. À visiter : le musée Cesaria
Les vallées isolées, les villages perchés, les millions de Evora à Mindelo, puis vibrer avec la musique locale lors de
terrasses construites dans la montagne. Cette île variée regorge concerts de rue et dans les bars de la ville.
de pépites. Votre itinérance vous mènera de la côte aux
sommets pour voir tout ça.
■ À faire
Outre le VTT et la rando, le Cap-Vert offre des activités intenses
■ Où louer un vélo ? à l’image de sa nature. Comme la pêche à l’espadon et au thon,
Alain sur Santo Antão peut louer des vélos. le surf sur le récif volcanique, aller voir les tortues…

juin/juillet 2023 97
X Découverte
Retour en bateau
July nous a organisé un transport en
bateau pour quitter son village. Nous
saluons Monte Trigo, merci pour
l’accueil et le bon poisson ! Après une
belle traversée, on arrive en face de la
plage de Tarafal. Des hommes du coin
viennent dans l’eau nous aider à
débarquer sereinement les vélos sur
la plage malgré les vagues. C’est
assez fou.
On tombe sur Romain, un Français
venu visiter ce coin de bout du monde.
Il possède un pick-up et accepte de
nous déposer au sommet.
Heureusement, parce que la montée de
1 700 mètres en plein soleil ne nous
disait pas trop pour cette dernière
étape. En haut, nous partons pour
plusieurs heures de ride lunaire sur le
plateau volcanique. L’ambiance est
incroyable. C’est aride. Pourtant nous
trouvons partout de petites maisons de
pierre, des familles et des bêtes. En
haut du dernier cratère, la vue est
magique. Le sentier se faufile dans les
falaises en serpentant comme
rarement. On parle d’épingles ultra-
serrées en continu, de milliers de
marches et d’une pente forte constante.
C’est fou de regarder vers le haut et
d’essayer d’imaginer le sentier dans la
falaise. Nous nous régalons sur le
dernier tiers, roulant et rapide, c’est la
98 juin/juillet 2023
Dernière descente de notre aventure vers
Chã da Morto, quelle expérience !!
Rencontre avec le vaillant et chaleureux
Adalberto dans la vallée de Figueiras.
folie ! La fatigue nous a bien rattrapés et
nous terminons notre descente avec un
sentiment de soulagement et
d’accomplissement fort. On se trouve
un petit restaurant pour se poser et
faire le plein avant la dernière étape de
retour vers Porto Novo.
Les derniers kilomètres résonnent
bizarrement en nous. Et le soir, c’est le
soulagement, mais c’est aussi un
pincement au cœur parce que nous
quittons cet endroit fascinant le
lendemain. Même paradoxe interne
alors que le ferry fend les vagues pour
nous ramener sur São Vicente. Belle
vie, belle expérience. Nous sommes
fiers d’avoir vécu ce moment
d’aventure et de mountain bike sur
l’île. Heureux des rencontres, comblés
par les vues et le spectacle
permanent. Impressionnés par le
travail de ces hommes dans des
conditions inimaginables, les
centaines de kilomètres de pavés dans
les falaises, les milliers de champs
suspendus, les innombrables canaux
d’irrigation dans la montagne pour
faire vivre ces communautés perdues.
Notre perception est chamboulée,
changée et nous sommes
impressionnés.
Quelques jours de repos et de surf
autour de Mindelo nous feront du bien
avant de prendre l’avion. Un voyage
de retour silencieux pour nous
replonger dans nos quotidiens en
France.
Je reprends ma vie, mes activités,
mon rôle de père et Louis part sur ses
tournages ambitieux comme le
Paris-Roubaix. Mais en nous vit ce
souvenir d’aventures au Cap-Vert, le
sourire des gens et la rudesse de la
montagne. Vive la vie !
X Interview

Line Burquier
« Je suis prête
à apprendre »
2023 sera à marquer d’une pierre
blanche pour Line Burquier. À 19 ans,
la double championne du monde XCO
Espoirs, ovni du circuit, a décidé de
se faire surclasser. Elle courra donc
en Élite sur les Coupes du monde.
Une immersion dans la cour des
grandes pour une jeune femme tout
à la fois bouillonnante et posée.
■ Par É. Lantelme, photos EL, Laurent Reviron
et Rémi Fabrègue

100 juin/juillet 2023

juin/juillet 2023 101
X Interview
undi 1er mai. Jour férié.
L
Repos donc pour Line
Burquier. Enfin, pas tout à
fait. Car si la jeune femme
qui s’apprête à fêter son
vingtième anniversaire dans
quelques jours n’a pas de
sortie vélo ou de séance de prépa à son
programme, elle bosse. La relation avec
les médias, en se livrant à l’exercice de
l’interview. Elle nous a donné rendez-vous
au Pôle France de Besançon, une cellule
spéciale dédiée à la performance
chapeautée par la Fédération française de
cyclisme. Celle-ci permet ainsi aux jeunes
de poursuivre leur scolarité tout en
bénéficiant d’aménagements spécifiques
et de l’encadrement sportif national. Un
cocon d’excellence, certes, mais qui
implique de quitter celui de la famille assez
tôt, à 15 ans. Sa détermination sous le
bras, Line est donc partie de Haute-
Savoie voilà bientôt cinq ans. Elle connaît
les lieux par cœur. Dans un sourire tout à
la fois chaleureux et teinté d’une certaine
autorité propre aux sportives qui savent
s’imposer, elle demande l’accès à la salle
de réunion. La pilote du team Canyon
CLLCTV, coéquipière de Loana Lecomte
à laquelle la tentation de la comparer est
aussi grande que celle de les distinguer,
se pose. Elle s’installe face à nous, coupe
son téléphone, se prépare à faire le métier
avec adresse et authenticité.
Line, cet amour du vélo, ça vient d’où ?
« De mon père, ma famille était dans le
vélo. Donc toute ma famille me suit à bloc.
Aux Gets, il y avait tout le monde. En
même temps, c’était tellement près de la
maison que s’ils n’étaient pas venus, je
l’aurais mal pris (rires) ! En fait, pour revenir
à la question, j’ai toujours été très
sportive : j’ai pratiqué du ski, de la gym, de
la natation, et toujours en compétition. Il
fallait que ce soit de la compét’ ! Ma mère
me disait que dès que j’allais faire un truc,
essayer un sport, l’envie de compétition
se présentait naturellement et rapidement.
Du coup, elle ne voulait plus me faire
essayer d’autres sports ! Dans ma famille,
tout le monde roule. La sœur et le frère de
J’ai toujours été très sportive : ski, gym,
natation, mais toujours en compétition.
Il fallait que ce soit de la compét’ !”
102 juin/juillet 2023
Intégrée au Pôle France depuis près de cinq ans, Line trouve
son équilibre à Besançon et nous a fait découvrir la ville.
mon papa, mes cousins… Mon papi a
d’ailleurs fondé le club dans lequel j’ai
commencé en 2009, où j’ai évolué et où je
suis encore licenciée: le VTT Pays de Gavot.
Avec le club, les copains, les cousins, ça
faisait vraiment une grosse vague de
cyclistes et ça nous a tous tirés vers le
haut. Petite, je faisais de tout à bloc, pas
du vélo plus que le reste, ou plutôt le vélo
pas moins que le reste : à fond ! »
Qu’est-ce qui t’a motivée à t’orienter
dans le VTT, alors ?
« Je dirais que c’était le sport dans lequel
je gagnais le plus, j’étais la plus
performante. Et plus tu gagnes, plus tu as
envie d’y aller. C’est une énorme source
de motivation d’être devant ! »
Dans le vélo, tu es ultra-polyvalente. Tu
cours en cross-country bien sûr, mais
tu fais aussi les saisons mondiales de
cyclocross, tu as été championne de
France sur route plus jeune…
« Oui, je crois que c’est pour ne pas
m’ennuyer ! La polyvalence, ça vient sans
doute aussi du format même des
Trophées de France des jeunes vététistes
où tu touches à tout. Après, je ne pourrais
pas faire que de la route, je crois que je
m’ennuierais et je ne suis pas faite pour
courir en équipe pour l’instant. Ce que je
préfère, c’est m’entraîner en VTT, aller
dans des lieux et des paysages nature, en
haut d’une montagne, arriver au milieu des
chèvres et des alpages… J’ai toujours fait
du VTT et c’est toujours ce qui m’a attirée
sans le vouloir. C’était plus ludique, le type
d’effort que j’aime. »
Tu es aussi championne de France de
cyclocross Espoirs et Élite (2021).
Qu’est-ce qui te plaît dans cette
discipline ?
« Depuis toujours, j’aime ça, ce format. Et
puis ça m’occupe l’esprit l’hiver aussi et
ça me donne l’impression de ne pas
m’entraîner pour rien. Ça me garde des
objectifs en vue, même si j’ai évidemment
besoin de me dépenser parce que c’est
dans mon tempérament. J’ai aussi besoin
de la compétition pour me nourrir. Le
stress du départ, l’engouement autour. Je
crois que je n’arriverais pas à me mettre
autant minable à l’entraînement si je
n’avais pas d’objectif ! Et puis, ça se passe
aussi super bien en équipe de France de
cyclocross, c’est encore autre chose,
d’autres têtes. Ça fait voir du monde
différent. Donc ça permet de m’entretenir
l’esprit aussi. »
Après une saison de X-country 2022
intense, tu as participé aux Mondiaux
de cyclocross en février et fini 6e en
Espoirs. Ça n’était pas de trop ?
« Si, sans doute. Parce que mentalement,
ça a été assez dur et le résultat m’a
déçue. J’ai senti de la fatigue mentale, que
Même si elle adore rouler avec le
maillot de championne du monde
Espoirs sur les épaules, Line a
choisi de prendre de l’expérience
auprès des Élites cette saison.

Si tu étais, tu serais
Un endroit sur terre : dans la montagne, dans
les prairies, une petite cabane d’alpage.
Une série : je ne suis pas vraiment série, mais
je dirais « Twilight » parce que j’ai adoré.
Une émotion : la sensibilité.
Une saison : le printemps, c’est mon
anniversaire, tout refleurit, le beau temps
revient, ça rapporte de la joie après l’hiver qui
nous a saoulés. Il y a les cerisiers, le muguet…
Un autre sport : le biathlon ! Ça m’a toujours
attirée. En fait, je voulais faire du ski de fond et
du patin à glace à la base, mais comme il n’y
avait ni domaine nordique ni patinoire près de la
maison, ça ne s’est pas fait. Le biathlon, je
trouve ça très beau, puissant, on est avec eux
dans l’effort.
Une qualité : l’honnêteté. Je ne ferais pas
semblant, autant émotionnellement qu’avec les
gens. Je ne supporte pas la malhonnêteté.
Un défaut : la susceptibilité. Je prends
certaines choses trop à cœur.
Une chanson : je suis plus du genre Rihanna,
des trucs pour crier fort dans ma douche !
Un spot de vélo : chez moi ! Des fois, j’aime
rentrer juste pour rouler. Ce sont mes routes,
où j’ai grandi, progressé. Après, j’ai découvert
Finale Ligure à l’occasion d’un stage avec
l’équipe de France orienté enduro, et j’ai eu un
coup de cœur. Pour le pays, les gens, les
couleurs des maisons, l’environnement, les
sentiers… Je me suis sentie bien là-bas !
Une course : là, comme ça, je dirais les Gets.
C’était à la maison, et tout s’est aligné
correctement ce jour-là pour conclure tout le
travail mené jusque-là.

juin/juillet 2023 103

X Interview

j’avais besoin de faire une vraie coupure.
Donc je suis rentrée un peu chez moi, voir
mes amis, puis voir le team en stage. »
Tu comptes continuer à faire les deux,
XCO et CX, pour la suite ?
« Petit à petit, je sens que des choix ont
besoin d’être faits car l’entraînement, le
vélo, ça prend de plus en plus de place,
même dans la tête. Et je crois que tu ne
peux pas être au four et au moulin si tu
veux faire du très haut niveau. Donc de
plus en plus dans ma construction, je vois
que le cyclocross me prend de l’énergie :
s’entraîner dans le froid, partir en Belgique
les week-ends… Je sais que j’aurai
toujours envie d’en faire, mais moins. Je
vais donc cibler mes objectifs en
cyclocross en fonction de ma prépa qui,
elle, visera à performer en VTT. »
À quoi ressemble une semaine
d’entraînement de Line Burquier en ce
moment ?
« Le lundi, c’est repos. Mardi et jeudi, je
fais du biquotidien avec soit séances route
ou technique VTT et musculation ;
endurance le mercredi, course à pied à un
moment dans la semaine, parce que
j’aime bien, ça change… Je n’aime pas
les routines ! Plus les séances d’intensité
hebdomadaires qui évoluent selon mes
objectifs. »
Tu te verrais courir en enduro ?
« Non. Enfin, juste pour m’entraîner, mais
je n’irai pas en compèt’.»
Comme Loana (Lecomte), tu es
Haut-Savoyarde et tu as couru en ski
alpin. C’est un atout pour le VTT ?
« Pour la vitesse, le sens des trajectoires,
sans doute, ça m’a servi… Mais comme la
natation qui travaille la respiration, le
souffle ou la gym qui m’a servi pour me
gainer, m’a taillé le haut du corps. Et puis
l’agilité de la gym m’a permis d’être
précise dans ce que je fais, de poser avec
exactitude mon corps dans l’espace. »
Tu as un pilotage plutôt engagé, tu le
travailles particulièrement ?
« Je ne pense pas être la pilote la plus
technique du paddock, mais j’ai pris
confiance ces deux dernières années. J’ai
travaillé ce point, et maintenant, sur les
recos, je suis plus directe sur ce qu’il y a à
passer. Je n’hésite plus pendant des
heures. En général, j’envoie quelqu’un en
qui j’ai confiance et s’il me dit qu’il n’y a
pas de souci, je ne me pose pas de
question et j’y vais. »

Quelqu’un de l’équipe de France ?

Un jour Un souvenir « Oui, ça peut être Yvan (Clolus, entraîneur
national, NDR) ou Philippe (Chanteau,
Ton premier vélo entraîneur national également et coach de
« Un Decathlon rouge, quand j’étais mini Line, NDR), mais le team a également un
mini. Je l’ai gardé longtemps ! » coach technique, et c’est bien. »
Ta première chute
« Je suis tombée plein de fois ! Mais pour Tu es intégrée au Pôle France depuis
une première, je dirais quand j’étais pupille, bientôt cinq ans. Pourquoi avoir fait ce
sur le Trophée de France des jeunes choix ?
vététistes. Il y avait une énorme flaque d’eau, « Je suis en Équipe de France depuis la
je pensais que j’allais pouvoir la traverser et catégorie Junior 1 et j’adore, c’est un
passer, mais j’étais tellement petite et la chouette milieu ! Je voulais entrer au Pôle
flaque tellement grande et profonde que ça Espoir avec mon cousin (Pierrick Burnet,
m’a arrêtée, c’était un étang en fait, le truc ! » NDR), mais Philippe m’avait repérée sur
Ta première victoire à vélo les Coupes de France et il m’a proposé le
« Celle dont je me souviens, c’était au Pôle France. J’y suis entrée en seconde
Trophée de France des jeunes cyclistes, pour avoir des aménagements scolaires.
cette fois, toujours, en Pupilles, en 2013. Tout était plus simple, surtout que j’ai tout
Personne ne croyait en moi parce que je fait avec mon cousin. On est toujours
m’étais rassise avant l’arrivée, et puis je me fourrés ensemble ! On a le même groupe
suis relevée pour le sprint et j’ai fini la course à la photo finish. J’ai pensé à mon père qui
d’amis, je sais que je peux compter sur lui,
me disait toujours quand tu arrives sur la ligne, tu pousses le guidon. Donc j’avais
vraiment poussé. Il avait fallu attendre la photo, on était allé à la direction de course pour ça m’a bien aidée à bien vivre le départ de
la voir et j’ai gagné. On l’a faite plastifier, je l’ai encore dans ma chambre ! » la maison à 15 ans. Je pense que j’avais la
maturité pour et comme il y avait Pierrick,
Ton premier titre de championne de France je n’étais pas seule à l’internat. Ensuite, on
« En cyclocross, en Cadettes, en 2018. C’était à Quelneux, en Bretagne. Je me
fait vite de super rencontres, je me suis fait
souviens, j’avais les chocottes là-bas. Je voulais vraiment gagner, j’avais remporté
toutes les coupes de France avant et j’étais sujette au stress. Là, c’était l’apothéose. Et des copines top. On a un super groupe
comme c’est le premier, forcément, ça reste. » d’amis qui viennent de la route, du BMX…
et Philippe est à côté. Il est très présent
Ton premier titre de championne du monde en individuel pour moi, avec un petit côté paternaliste.
« À Val Di Sole, en 2021, en XCO. J’en garde le souvenir d’une course dure où je
Tout ça m’a tirée vers le haut ! J’ai besoin
m’étais battue jusqu’au bout car il y avait eu une chute dès le deuxième tour qui m’avait
retardée. J’avais dû faire l’effort pour revenir et eu le sentiment d’une course courte, de cette émulation du groupe ! »
dans une bizarre ambiance. Mais comme je m’étais cassé le bassin un peu plus tôt en
mai, sur la Coupe du monde de Nove Mesto, ça avait été un moment fort. J’étais Tu parlais d’aménagements scolaires.
revenue en course pour les championnats de France où j’avais fini 2e, puis j’avais gagné Tu as choisi quelle orientation ?
les Europe et pour finir, le championnat du monde. » « Je suis en BTS diététique à distance,
avec le Cned. Je m’étais inscrite pendant

104 juin/juillet 2023

Adepte du tout-suspendu, la jeune
Haut-Savoyarde pourrait bien créer la
surprise cette saison chez les Élites…
Même si elle s’interdit d’y penser pour
éviter la pression inutile !
presque deux ans en licence Sciences de
la vie, mais ça ne me plaisait pas vraiment.
Après, ça n’est pas forcément évident de
tout combiner. C’est parfois compliqué de
se motiver à faire des devoirs après un
gros entraînement ou une compèt… »
Tu te vois où dans dix ans ?
« Ah ça, je ne me vois déjà pas dans deux
mois, donc dans dix ans, ! En fait, j’aime
laisser la porte ouverte aux opportunités,
ne pas me projeter. »
Regardons plutôt en arrière : tu as
connu une saison 2022 énorme
avec un titre mondial et la victoire en
Coupe du monde Espoirs. Tu en gardes
quoi ?
« Je me rends compte que passer après
une Loana ou une Pauline, c’est dur ! »
Pourquoi ?
« Parce que, limite pour les gens, c’est
logique, normal que tu gagnes. Ils ont
parfois tendance à penser que “tout le
monde est championne du monde chez
nous”. Elles ont mis la barre haut et c’est
une source de motivation pour moi mais
ça ne fait pas des titres mondiaux une
évidence pour autant ! Les gens veulent
toujours plus. Quand tu gagnes, ils te
disent : “Vivement la prochaine !” Mais moi,
j’ai envie de kiffer… En fait, je pense que je
ne savoure pas assez. »
Mais ça n’est pas ça, justement, le
moteur de ta progression ?
« Oui, j’ai du mal à être satisfaite
longtemps. Alors ce qui est pris, il faut le
Je me rends compte que passer après
une Loana ou une Pauline, c’est dur !”
prendre ! Et ce que je retiens de cette
année, c’est ce podium des Gets ! Voir
tout ce monde-là pour moi, des gens
pleuraient pour moi et j’ai pris conscience
de ce soutien. Pendant la course,
j’entendais les gens, certains me disaient :
“Je suis de la Beunaz”, c’est un village à
côté de chez moi ! Et sur le podium, cette
foule, c’était dingue ! La Marseillaise, je l’ai
ressentie fois mille grâce à eux. Mes potes
étaient sur le toit en face, il y avait tous les
petits de mon club devant, mon papa…
Ça a été un soulagement. J’ai vraiment pu
souffler après. »
Tu parlais de la difficulté de passer
derrière Pauline et Loana. Parce que tu
leur es toujours comparée ?
« Oui, forcément. C’est normal en même
temps, mais moi, je suis Line. On me
demande si je m’inspire de quelqu’un en
particulier, mais non. Je n’ai pas ce besoin
de quelqu’un d’autre pour devenir
moi-même, je ne prends pas exemple.
Après, bien sûr, c’est motivant. Mais
c’est aussi parfois pesant. Ce n’est pas
parce que j’ai une tresse que je suis
Pauline (rires) ! Je me souviens d’une
anecdote, aux Gets. Un spectateur me
courait après en m’appelant “Loana !
Loana !”, il voulait faire une photo. J’ai fini
par m’arrêter et je lui ai dit que je n’étais
pas Loana mais Line, il a fait “Ah !” et il est
parti ! » (rires)
Tu as intégré le team Canyon depuis
l’an dernier où tu es coéquipière de
Loana justement. Tu as signé pour
juin/juillet 2023 105

X Interview
deux ans encore. Ce n’est pas une
source de pression pour toi ?
« Non, je n’ai vraiment pas ressenti de
pression. Et encore plus depuis cette
année, ça se passe super bien avec tout le
monde ! J’évolue dans un environnement
français malgré tout. J’avais besoin de ce
cocon. Je ne me sentais pas d’intégrer un
team étranger dans un autre pays. Là, ils
sont vraiment à l’écoute, je choisis mon
calendrier avec mon entraîneur, ça se fait
de façon fluide. »
Tu sembles plutôt ouverte,
sympathique, en même temps…
« Je n’ai pas besoin d’être en guerre
contre mes adversaires ou d’autres
pour gagner ! Bon, je n’ai pas besoin
d’être copine avec tout le monde non
plus, mais je crois que je sais faire la
différence entre ce qui relève de la
compétition et le reste. Je ne me focalise
pas sur quelqu’un en particulier, ça n’a
pas de sens ! »
Je n’ai pas besoin d’être en guerre contre
mes adversaires pour gagner ! Je sais faire la
différence entre la compétition et le reste.”
106 juin/juillet 2023
Depuis Cadettes, tu gagnes quasiment
tout. Ça impose le costume de fille
parfaite. Ce n’est pas un peu un cadeau
empoisonné ?
« Si, clairement, c’en est un. Pour les
attentes que ça crée chez les gens mais
ensuite aussi chez toi : tu peux être vite
déçue d’un résultat, même s’il est bon.
Quand tu as toujours été devant et que tu
fais deuxième, les gens viennent parfois te
voir pour te demander ce qui s’est passé.
Ben, rien, j’ai fait deuxième, et c’est bien,
non ? Tu n’as pas le droit de rater. Il faut
s’entourer des bonnes personnes pour ça,
bienveillantes. L’entourage, c’est la clé ! »
Justement, qui forme ta « garde
rapprochée » en quelque sorte ?
« Mes parents, mon entraîneur – Philippe
Chanteau. Je le vois à chaque séance, il
me connaît par cœur – enfin presque,
parce que je crois qu’on ne connaît jamais
les gens totalement ! Pour la préparation
physique, je travaille avec Enzo Birgy
Démarche de mannequin – une activité
que sa meilleure amie exerce et qu’elle
ne dédaignerait pas – mais surtout un
pas enthousiaste pour arpenter la ville
désertée un 1er mai.
depuis que je suis au Pôle. Et il y a aussi
les sélectionneurs de l’Équipe de France,
Yvan (Clolus) et mes collègues au Pôle…
En tout, on est dix et c’est vraiment un
super groupe comme je le disais ! Parfois
tu es de mauvaise humeur, et eux pas du
tout ! Donc ça passe vite, et on va
s’entraîner dans la bonne ambiance ! Mais
oui, l’entourage, qu’il soit familial ou
amical, c’est la clé : avoir quelque chose
de sain autour de soi. »
Il y a une grosse marche entre Espoirs
et Élite. Elle n’est pas évidente à
négocier. Comment tu t’y prépares ?
« Cette année, je passe en Élite sur les
Coupes du monde, et je sais que je suis
prête à apprendre à ne pas gagner. C’est
complètement différent ! Je sais que ça va
être dur à Nove Mesto (du 13 au 15 mai),
qu’il ne faut pas que je me laisse abattre…
Ça peut vite mettre des grosses claques
parce que si tu fais une erreur en Espoirs,
tu te fais doubler par trois nanas
maximum, voire tu ne te fais pas doubler,
là, en Élite, tu n’es plus sur le podium.
Mais je sais pourquoi j’y vais, donc je suis
prête à ne pas baisser les bras ! J’y vais
vraiment pour apprendre. Toutes les
Espoirs avec moi passent Élite, donc ça
va être intéressant aussi. »

Athlète du team CLLCTV aux côtés
de Loana Lecomte (1), la jeune
pépite française prend ses marques
avec intelligence.
Tu n’aurais pas aimé courir en Espoir
malgré tout ?
« En fait, j’aurais aimé pour le maillot de
championne du monde sur les courses,
c’est sûr. Mais en même temps, passer
Élite sur les Coupes du monde, ça
m’enlève aussi de la pression. Parce que
si on gagne, on a forcément envie de
regagner l’année d’après. Là, j’aurai moins
d’attentes sur moi. Je repars de zéro, c’est
nouveau. Je ne sais vraiment pas à quoi
m’attendre. L’an dernier, on pouvait
comparer avec certains temps. Là, pas du
tout. C’est dur d’être dans le flou mais il
ne faut pas griller les étapes, c’est là qu’il
faut être forte, accompagnée des bonnes
personnes. Donc je suis à la fois
impatiente et en même temps, ça me
travaille. Car j’ai envie de savoir si je vais y
arriver : si c’est un échec total, ça ne va
pas être facile à gérer. Mais je préfère
m’imaginer le pire. Au moins, je ne peux
que faire mieux ! »
Quels sont les rendez-vous importants
pour toi cette année ?
« Forcément les Mondiaux, les
championnats d’Europe où je vais courir
en Espoirs, et les Coupes du monde en
Élite qui sont toujours des objectifs. »
Il y a des Coupes du monde que tu
aimes plus que d’autres ?
« En fait, j’aime bien… quand ça se passe
bien ! Ce n’est qu’après la course que je
peux dire si je l’ai bien aimée ou pas. »
Tu te sentirais prête pour les Jeux de
Paris 2024 ?
gérer. Les sollicitations arrivent et on n’est
pas forcément préparée à avoir tout ça
autour de nous à 19 ans. C’est comme les
réseaux sociaux… Je sais qu’il faut
prendre du recul, autant sur les
compliments que sur les critiques, et que
ça reste du fake sur les réseaux : parce
que tu montres ce que tu veux, tu peux
tout reconstruire, ce n’est que de
l’apparence. Je trouve parfois dur que le
nombre d’abonnés dépasse l’intérêt pour
la performance pure, mais c’est une réalité
aujourd’hui, et il faut s’en servir comme
une force, apprendre à en jouer. Après,
sans être naïve pour autant, je pense
vraiment que c’est important de veiller à
garder une âme d’enfant. Parce que si à
19 ans tu es déjà blasée, ça ne va pas. Il
ne faut pas prendre l’habitude de rouler
avec le maillot de championne du monde,
pour continuer à le vivre comme quelque
chose d’exceptionnel. »
◗
« Oui. Après, je sais que pour l’instant,
je ne suis pas sur la liste pour Paris,
donc je n’ai pas d’attente ni de pression
par rapport à ça, mais c’est sûr que
si l’on me dit que je vais aux Jeux,
ouble choix
je serai à bloc et je ne dirais pas non ! ◗ Cyclocross ou route
Mais encore une fois, je répète que je ne Cyclocross
suis pas dans les papiers, j’en ai ◗ Semi-rigide ou
conscience. J’ai Loana et Pauline devant, tout-suspendu
c’est le top niveau mondial, donc je suis Tout-suspendu
assez grande pour comprendre que ◗ Thé ou café
je n’ai pas ma place. Ça n’est pas un Café, mais pas du vrai, donc avec
objectif du tout… Mais malgré tout, je sais du lait, goût vanille… du cappuc en
aussi que si je peux aller chercher ma fait !
place, j’irai. » ◗ Mer ou montagne
Montagne
Nous arrivons au terme de l’interview. ◗ Orage ou ciel bleu
Question classique. Y a-t-il quelque Ciel bleu
chose que l’on n’aurait pas évoqué que ◗ Tresse ou chignon
tu souhaiterais ajouter ? Tresse, je ne peux pas faire de
(Un temps de réflexion) « Oui, peut-être ce chignon, mes cheveux sont trop
que je me répète : “Il n’y a pas d’arc-en- épais, c’est trop lourd !
ciel sans orage.” Ça a deux sens : d’abord,
on n’a rien sans rien. Le choix du haut
niveau, ça demande de ne pas lâcher.
Aller rouler quand il fait zéro degré, trois
Line Digest
Née le : 7 mai 2003
heures sous la pluie, tu ne peux pas
À : Évian
forcément sortir, aller à un anniversaire…
Tout le monde s’entraîne pareil mais au Palmarès : championne du monde XCO
Espoir 2022, vainqueure du général de la
final, il faut quand même être le meilleur,
Coupe du monde XCO 2022 Espoirs,
alors qu’il y a aussi forcément des
championne de France XCO Espoirs
périodes où ça ne va pas et tu ne sais pas 2022, championne de France cyclocross
forcément expliquer pourquoi. Mais Espoirs 2022-2023 et 2021-2022 et Élite
malgré tout, il ne faut pas baisser les bras. 2021, championne du monde de relais
C’est ce qui est le plus dur : s’entraîner et par équipe 2021, championne du monde
accepter que ça ne marche pas XCO Junior 2021, championne d’Europe
nécessairement à tous les coups. Il faut XCO 2021, championne de France sur
digérer. Ensuite, tout n’est pas rose. Les route Cadettes 2018
médias ne sont pas forcément faciles à
juin/juillet 2023 107
X Conseils santé

Questions/réponses
S’approprier la proprioception
Rapport à soi autant qu’à l’environnement, la proprioception est présente partout dans nos quotidiens.
Affaire d’équilibre autant que de prise d’informations, elle joue un rôle clé sur le vélo. Aussi, la travailler
peut s’avérer sérieusement bénéfique ! Questions/réponses et bonnes idées sur le sujet.
■ Par Élodie Lantelme

1. Qu’est-ce que la proprioception ? statesthésie », elle consiste en un proprioception relève de la somesthésie,

Vous en avez peut-être déjà entendu
parler… ou pas. Pourtant, elle fait partie
de votre vie au quotidien et garantit votre
intégrité physique. Perception (consciente
ou non) de notre corps dans ce qui nous
entoure, parfois nommée à tort « sixième
sens », la proprioception nous permet de
nous situer dans l’espace afin de déployer
les mouvements appropriés aux
situations. Aussi désignée comme
« sensibilité profonde » ou « kinesthésie et
traitement d’informations par notre
système nerveux en fonction des stimuli
que lui envoient nos muscles, mais pas
seulement : os, tendons, ligaments,
ensemble des articulations, informations
visuelles, auditives… tout concourt à nous
relier à notre environnement kinesthésique
(lié au mouvement) et à créer ce que l’on
appelle un « schéma corporel » (celui qui
vous fait vous baisser pour passer sous
une branche, par exemple). La
le principal système sensoriel de notre
organisme, qui regroupe l’ensemble des
sensations fournies par les différents
récepteurs (appelés propriocepteurs) dont
notre corps est équipé. Un ordinateur de
bord digne des plus performantes IA…
mais au naturel ! Pas pour rien que la
proprioception est le premier système à
être fonctionnel dès le stade fœtal ! Un
sens loin d’être accessoire et la sixième
roue du carrosse, donc !

108 juin/juillet 2023

 Les genoux disposés sur une surface mouvante
permettent de cibler la capacité à garder l’équilibre du
Peu onéreux (comptez une quinzaine d’euros pour un Gym Bll en GSS), facile à trouver, le fitness bassin, clé pour un pédalage à l’efficacité optimisée.
ball est un allié ultra-précieux pour les séances travaillant la proprioception. Ici, les récepteurs Pour un exercice plus complet et une fois aguerri, garder
des mains et du haut du corps sont mobilisés afin de garantir la stabilité des montées de genou/ la position en fermant les yeux devient un nouveau
poitrine mobilisant la chaîne abdominale. challenge !

L’un des exercices les

plus complets en termes
d’informations envoyées
à un nombre élevé de
récepteurs sensoriels ! De la
paume des mains au cou-
de-pied, en occasionnant
des déséquilibres à
rattraper au niveau des
haut et bas du corps, les
montées de genoux assurent
une mobilisation de la
sangle abdo-lombaire très
intéressante en termes
kinésiques.

Pour reproduire les sensations au guidon, rien de mieux… qu’un guidon ! En version statique ou dynamique (avec montées de genoux), cet exercice de gainage intense
peut l’être encore plus en plaçant le cintre sur un coussin de proprioception.

juin/juillet 2023 109

X Conseils santé

Autre accessoire profitable pour développer la proprioception, le coussin d’équilibre. Pas la ruine non plus (comptez entre 20 et 30 euros neuf en GSS). Procédez par
étapes : d’abord maintenir la position sur une jambe durant 10 secondes à 1 minute, puis réalisez des squats et enfin, maintenir la position avec les yeux fermés. Pour
accroître la sensibilité du travail, vous pouvez aussi travailler pieds nus.

2. Dans quelles situations la
proprioception entre-t-elle en jeu sur
un vélo ?
Le recours aux pédales automatiques et
aux semelles ultrarigides sollicite
finalement peu la qualité proprioceptive.
En effet, l’action est guidée, régulière, à
plat sur une surface maîtrisée et stable ;
elle semble demander finalement peu de
capacité à s’adapter rapidement. Ce qui
explique que souvent, les cyclistes
pratiquant exclusivement le vélo à très
haute dose ne disposent pas d’une
proprioception très développée (au niveau
de la plante des pieds, notamment – d’où
l’intérêt de coupler le vélo avec le trail en
Sur un vélo, le corps enregistre
quantité d’informations : relief, vitesse…
et veille à préserver son équilibre.”
montagne qui, lui, sursollicite cette prise
d’information sensorielle, par exemple). À
l’inverse, notre tenue du guidon, elle,
requiert de nombreuses adaptations, fruit
de la proprioception. Un avant fuyant, un
sol bosselé, une marche, toutes ces
informations nous parviennent autant par
nos yeux que par nos paumes de mains
(largement équipées de propriocepteurs),
mais aussi nos mouvements d’épaule,
notre ceinture abdominale, etc. Idem pour
la position de votre bassin qui, pour
préserver votre équilibre, va également
être guidée par les diverses captations,
dont les sensations au niveau de la selle
font partie.
3. Pourquoi travailler cette qualité ?
L’amélioration des qualités
proprioceptives, parce qu’elle permet
d’apporter des réponses plus justes,
économise l’effort et permet à votre
pilotage d’être plus alerte, plus précis et
plus sûr. Un déficit proprioceptif (aussi
appelé syndromes de dysfonction
proprioceptive – SDP – ou de
dysperception proprioceptive) peut
survenir après un accident ayant
immobilisé longuement un membre, mais
aussi après une prise ou une perte de
poids soudaine et importante. Ce qui
explique qu’à l’adolescence ou après de
fortes poussées de croissance, on se
blesse plus facilement : l’image corporelle
modifiée doit être intégrée. D’où
l’importance du sport et de l’éveil corporel
chez les enfants, mais aussi tout au long
de la vie et auprès des personnes âgées.
En effet, la proprioception se cultive au
quotidien et contribue à préserver la
vitalité physique aussi bien que les

110 juin/juillet 2023


capacités cognitives (la mémoire,
notamment, car se placer dans l’espace
implique de se souvenir d’une myriade
d’informations).
4. Comment évaluer la qualité
proprioceptive ?
Statiques, dynamiques, d’équilibration, de
dissociation… les tests d’évaluation de la
proprioception musculo-squelettique sont
légion ! Souvent amusants, parce que
challengeants, ils peuvent tout à fait se
pratiquer en famille ou entre amis. En voici
trois des plus courants :
1. En statique, allongé, les yeux fermés,
demandez à un ou une ami(e) de placer
l’un de vos bras, jambes, doigts, etc. dans
une certaine position et essayer de
dupliquer cette position de l’autre côté.
2. En dynamique, les yeux fermés, avec
votre index ou votre talon, touchez la
partie du corps mentionnée (le nez avec
l’index est plus facile, mais l’exercice se
complique si vous visez à toucher sans
ouvrir les yeux le coude, la malléole, etc.).
3. Le test de Romberg, aussi appelé signe
de Romberg ou signe de Romberg
postural. Ce test neurologique de
l’équilibre est également proposé pour
diagnostiquer l’ataxie, c’est-à-dire les
troubles de l’équilibre et de la coordination
des mouvements, mais aussi… pour
Si vous avez la possibilité
de bénéficier de TRX, cet
exercice… vous les fera
détester ! Complexe et
complet, tant au niveau
du gainage que de la prise
d’infos d’équilibration, il
peut se décliner en 1 à 3
séances de 10 répétitions.
tester l’alcoolémie d’une personne.
Debout, pieds joints, la position doit être
maintenue 30 secondes les yeux ouverts.
Puis idem, mais les yeux fermés. On peut
compliquer les choses en tendant les bras
le long du corps ou devant soi, en plaçant
les mains coudes fléchis sur l’épaule
opposée voire en mettant les pieds l’un
devant sur l’autre, sur une même ligne. En
cas de vacillements qui obligent à rouvrir
les yeux, le test est dit positif. Il peut ainsi
mettre à jour un déficit de l’autoperception
(les vacillements sont multiples) lié à des
troubles neurologiques, ou un
dysfonctionnement du système
vestibulaire (organe sensoriel situé dans
juin/juillet 2023 111
X Conseils santé

Autre situation de déséquilibre intéressante quant aux similitudes de travail

Intéressante aussi, la possibilité d’utiliser des sangles afin d’y glisser le guidon,
tout en ayant les pieds sur un coussin de proprioception. Le cintre, devenu
alors très mobile, permet de renforcer la rapidité de prise d’informations et leur
traitement par les systèmes nerveux.
de proprioception au guidon : le guidon passé dans les sangles sur les barres,
dos à lui (ce qui prive des récepteurs visuels au profit du renforcement des
autres capteurs sensoriels), à 40 à 50 cm du sol, vous enchaînerez les flexions
en glissant des patins sous vos pieds (une bonne paire de chaussettes en laine
fonctionne aussi).

Variante de l’exercice ci-dessus, la version avec fitness ball, toujours guidon Pour travailler spécifiquement la stabilité du haut du corps malgré les
glissé dans les sangles, peut être agrémentée de déséquilibres aléatoires (avec déséquilibres tout en s’offrant une bonne séance de gainage, la combinaison TRX
un partenaire qui pousse plus ou moins fermement une épaule, le ballon, etc.) et flexions sur patins (ou chaussettes de laine) est parfaite ! Plus vous allez vite
ou en fermant les yeux. dans les flexions, plus vous augmentez le déséquilibre, donc l’intérêt du travail !

l’oreille interne) si les vacillements vont
toujours dans la même direction qui
indique alors le côté affecté par le déficit.
On mentionnera brièvement aussi ici qu’il
montre que votre taux d’alcool est trop
élevé pour envisager des déplacements
en sécurité, mais bon ça, ça semble une
évidence…
5. Comment la développer ?
Rien de mieux que réaliser des exercices
de renforcement musculaire dans des
situations de déséquilibre ! Pour ça, vous
pouvez limiter les appuis au sol (des
flexions sur une jambe, par exemple) et/ou
utiliser des outils et des environnements
qui vont perturber l’équilibre (des flexions
sur une jambe sur un plateau de
proprioception). Il faut idéalement
chercher à se rapprocher le plus possible
de la logique de pratique. Pour le VTT, on
va par exemple multiplier les exercices
avec un guidon entre les mains.
6. Pourquoi le gainage est-il plus
efficace en situation de déséquilibre ?
Parce qu’il permet de travailler l’ensemble
des chaînes musculaires qui forment la
ceinture abdolombaire ! Et lorsque l’on sait
que la mobilité et l’équilibre du bassin
comptent parmi les piliers d’un pédalage
efficace, ça vaut la peine de s’y atteler !
Des athlètes comme Pauline Ferrand-
Prévot ou encore Nino Schurter excellent
dans ce genre de mise en situation,
multipliant les situations de déséquilibre
(en travaillant avec des lests sur des
planches d’équilibre, en induisant des
perturbations aléatoires – la main d’un ami
qui appuie ou pousse à un endroit, par
exemple) pendant leurs séances de
gainage.
7. Vaut-il mieux travailler chaque partie
du corps séparément ou réaliser des
exercices complexes ?
Si la première option reste envisageable, le
travail sera plus intéressant en combinant
les exercices, car le propre de l’exercice
est de faire entrer un maximum
d’informations pour augmenter la capacité
à les traiter et les prendre en compte.
C’est cette logique qui a guidé le choix
des exercices proposés dans nos pages.
Merci à Camille, kinésithérapeute du centre
Roosevelt, qui s’est prêtée au jeu du modèle et
nous a éclairés de ses lumières :
Contact : Roosevelt Argonay. 420 route des
Contamines 74370 Argonay.
Tél. : + 33 (0)4 50 33 25 25

112 juin/juillet 2023

X Ils font bouger le VTT
Bruno
Brancato
Coordinateur général/
directeur de course
de la MB Race
La MB Race, c’est une course,
mais aussi et surtout une
association de passionnés
qui profite de la notoriété de
l’événement pour promouvoir
notre passion à tous. Bruno
en assure la direction…

runo Brancato, un nom qui la Drôme en tant que chargé le territoire au départ d’office de

B ne va pas forcément
sonner tout de suite aux
oreilles du VTTiste averti.
Le personnage n’est pas
du genre à prendre toute la lumière.
D’ailleurs, quand on l’a contacté pour
cette rubrique, il n’était pas vraiment
chaud pour y apparaître. Bruno est le
coordinateur général/directeur de
course de la MB Race. Organisée en
Haute-Savoie, la MB Race est
considérée comme l’une des courses
VTT les plus difficiles au monde. Son
épreuve phare, la MB Ultra, se déploie
sur 140 km avec 7 000 m de dénivelé
positif dans un décor de rêve autour du
Mont-Blanc. L’organisation de la MB
Race, gros événement s’il en est, n’est
pas une machine à fric mais une
association de passionnés souhaitant
proposer et faire profiter d’un bel
événement tous les passionnés de VTT.
Bruno Brancato en fait partie depuis
son plus jeune âge. Les sports nature
ont toujours été pour lui un leitmotiv
(trail, course à pied, snow, planche à
voile…), mais comme il tient à le
préciser, le vélo, le VTT reste son sport
de cœur. Ses études ont été guidées
par cette foi dans les sports nature. Il a
ainsi atteint un Master 2 en
management des activités outdoor. Une
formation pluridisciplinaire sur tous les
métiers extérieurs liés au tourisme, à
l’environnement, avec une affinité pour
les sports outdoor. Avant d’arriver à ce
poste sur la MB Race, il a travaillé
pendant huit ans pour des stations de
événementiel avec pas moins de 35
événements à mettre en place dans
l’année : courses de chiens de
traîneaux, ski de fond, etc. Et sur cette
période, il s’est régalé à pratiquer
assidûment le VTT. Ce boulot lui a
permis d’assimiler pleinement les
rouages d’une organisation pour
ensuite saisir cette opportunité de
travailler sur la MB Race. Voilà onze
éditions (sur 14 ans d’existence) qu’il
coordonne l’événement avec succès.
Une réussite qu’il ne veut pas
s’approprier : « Je ne suis qu’un pion.
Sans l’équipe et les 450 bénévoles le
jour de l’événement, on ne peut rien
Je ne suis qu’un pion. Sans toute
l’équipe… on ne peut rien faire.”
faire, ce n’est pas une seule personne
qui décide… » Et qu’est-ce qui fait
bouger le VTT dans tout ça ? L’épreuve
permet à tous les participants de rouler
dans des secteurs magnifiques et un
décor unique, de vivre une aventure, de
relever un défi lui aussi unique en son
genre. Des événements annexes à la
marque MB ont été mis en place.
Notamment la création de sentiers
labellisés à l’année en accord avec des
communes. Certaines traversées par la
course ont maintenant un ou deux
sentiers labellisés MB Tracks, MB Race,
pour permettre aux gens de découvrir
tourisme. Son cursus universitaire
l’aide idéalement dans cette initiative.
Il promotionne, amène du produit
touristique aux communes. Des
sentiers ont même été ouverts sur
certaines et ça, toute la bande de la MB
Race en est fier. Ça ne s’arrête pas là.
Depuis l’an dernier, l’association a mis
en place les MB Kids Tour. Quatre
dates sur quatre communes ont été
sélectionnées l’été pour initier les
enfants de 6 à 9 ans au VTT. Un
encadrement d’une demi-journée avec
moniteurs, un goûter prévu et tout ça
pour la modique somme de cinq euros.
À cela on ajoute les MB Draisienne
Tour, trois dates l’été sur la commune
de Combloux et plus précisément sur le
Pumptrack du village. Et pour les
grands, il y a le MB Camp, un week-
end organisé un mois avant la course et
permettant à une vingtaine de VTTistes
de participer aux reconnaissances du
parcours. L’occasion d’aborder
différents sujets comme la gestion de
l’effort, la nutrition, la préparation du
vélo avec des conseils de pilotage dans
une ambiance hyper conviviale. La
notion de partage est bien dans l’ADN
de cette organisation dont Bruno
Brancato est un élément essentiel.

114 juin/juillet 2023