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Pendant les vacances, la pauvreté continue

La France se mobilise chaque hiver pour venir en aide à ses SDF. Quand viennent les

premiers froids, les médias s'émeuvent, les associations s'activent, les politiques

s'affairent, les vedettes du show-biz montent en première ligne, les généreux donateurs

affluent, bref la nation exprime sa préoccupation et sa sollicitude. Mais, en dépit des

apparences, l'été n'est pas plus facile à supporter par ceux qui n'ont ni domicile ni

ressources : le soleil, la chaleur, voire la pollution affectent durement leur santé, autant

sinon plus que les rigueurs de l'hiver. " On meurt aussi en été " dit Xavier Emmanuelli,

directeur du SAMU social parisien.

Les vacances contribuent à laisser dans l'ombre la question de la misère. Les pouvoirs

publics fonctionnent au ralenti, les associations, qui constituent le fer de lance de la

lutte contre la pauvreté, ferment souvent leurs portes, la population a l'esprit ailleurs.

Pour les sans-abris, la rupture de l'été ajoute ainsi aux difficultés : non seulement elle

accroît les écueils de la vie quotidienne, mais elle risque aussi d'interrompre des

processus d'intégration engagés à grand-peine par les travailleurs sociaux.

Au moment où la croissance reprend et le chômage régresse, il est tentant d'oublier les

poches de misère qui subsistent dans la société française. Un an après le vote de la loi

destinée à lutter contre les exclusions, le chemin à parcourir, pour que cette lutte soit

victorieuse, reste important. Aux victimes de la crise économique en France s'ajoutent

aujourd'hui beaucoup de sans-papiers et de migrants venus de l'Est. De plus en plus de

jeunes et de femmes viennent grossir les rangs des indigents. L'effort de tous est requis

pour que cesse ce scandale permanent à l'aube du troisième millénaire. L'État a déjà
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beaucoup fait. La réforme de la loi sur l'endettement des ménages est entrée en vigueur

il y a quelques mois. Récemment, la loi sur la couverture maladie universelle (CMU)

est venue compléter le dispositif. Le revenu minimum d'insertion (RMI), en dépit de

ses limites, produit ses effets : selon une étude de l'Insee publiée au début de l'année,

plus de la moitié des allocataires en sortent vers un emploi précaire. A l'inverse, il est

vrai, la précarité peut être aussi un premier pas vers l'exclusion.

L'action de l'État et des collectivités doit encore être renforcée. Les associations jouent

un rôle majeur dans la lutte contre la misère, mais elles ne sauraient porter tout le poids

de l'effort. Cette bataille pour des conditions de vie décentes reconnues à tous devraient

être une priorité constante des pouvoirs publics. L'arme la plus décisive de ce combat

sera, bien entendu, la réduction du chômage.

Plus que jamais, elle est la condition indispensable pour la construction d'une société

plus juste.

Sources : Le Monde

https://www.lemonde.fr/archives/article/1999/07/31/pendant-les-vacances-la-

pauvrete-continue_3582699_1819218.html