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Guillaume Gilbert. La Convention de La Haye du 16 décembre 1970 pour la répression de la capture illicite d'aéronefs. In:
Annuaire français de droit international, volume 16, 1970. pp. 35-61;
doi : https://doi.org/10.3406/afdi.1970.1584
https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1970_num_16_1_1584
DU 16 DÉCEMBRE 1970
D'AÉRONEFS
Gilbert GUILLAUME
vol pour tenter d'éviter les détournements sont assez limités. Des gardes
armés ont été placés dans certains pays à bord des aéronefs, mais cette mesure
n'a pas recueilli un assentiment général (2). Aussi l'effort des Etats a-t-il
tendu non seulement à prévenir les détournements, mais encore à en limiter
les conséquences et à en assurer la répression.
A cet effet, une première Convention internationale a été signée à Tokyo
le 14 septembre 1963. Elle concerne de manière générale les infractions et
certains autres actes commis à bord des aéronefs et n'aborde le problème
des détournements qu'en son article 11: Ce texte oblige les Etats contractants
à prendre toutes mesures appropriées pour restituer ou conserver le contrôle
d'un aéronef détourné à son commandant légitime. Il fait en outre obligation
à l'Etat sur le territoire duquel l'aéronef atterrit de permettre aux passagers
et à l'équipage de poursuivre leur voyage aussitôt que possible. Cet Etat
doit restituer aéronef et cargaison à ceux qui ont le droit de les détenir.
L'Assemblée générale de l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale,
au cours de ses sessions de septembre 1968 (3) et de juin 1970 (4) , pria « tous
les Etats de devenir parties le plus tôt possible à la Convention de Tokyo »
et les invita, « avant même qu'ils aient ratifié cette . Convention ou y aient
adhéré, à mettre en œuvre les principes de l'article 11 de ladite Convention ».
L'Assemblée générale des Nations Unies formula des recommandations
analogues en novembre 1969 (5) et novembre 1970 (6) , le Comité des ministres
du Conseil de l'Europe en juin 1970(7).
Ces recommandations furent suivies d'effet. Trois Etats seulement avaient
en décembre 1966 ratifié la Convention de Tokyo; trente Etats (8) sont
aujourd'hui parties à cette Convention (9) . Par ailleurs, aucun gouvernement
n'a contesté que les dispositions de l'article 11 de ladite Convention réglant
(2) Diverses autres mesures préventives ont été recommandées par l'Assemblée générale
extraordinaire de l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale qui s'est tenue à Montréal
du 16 au 30 juin 1970 (voir documents O.A.C.I./A 17-1 à A 17-24).
(3) Résolution A 16-37 de l'Assemblée générale ordinaire de l'O.A.C.I. tenue à Buenos-Aires
du 3 au 26 septembre 1968. ;
(4) Résolution A 17-2 de l'Assemblée générale extraordinaire de l'O.A.C.I. tenue à Montréal
du 16 au 30 juin 1970.
(5) Résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies du 12 décembre 1969 (1831e
séance plénière) .
.
(6) Résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies du 25 novembre 1970 (1914*
séance plénière) .
,
(7) Résolution CM (70) 23 adoptée le 29 juin 1970 (publiée par la revue générale de l'air
et de l'espace, 1970, n° 3, p. 318) .
(8) République fédérale d'Allemagne, Arabie Saoudite, Australie, Belgique, Brésil, Canada,
République de. Chine, Côte d'Ivoire, Danemark, Equateur, Espagne, Etats-Unis d'Amérique,
France, Gabon, Haute-Volta, Islande, Israël, Italie, Japon, Kenya, Mexique, Niger, Nigeria,
Norvège, Pays-Bas, Philippines, Portugal, République Malgache, Royaume-Uni et Suède.
(9) La France a pour sa part signé la Convention de Tokyo le 11 juillet 1969. Le Parlement
en a autorisé la ratification par loi du 11 juin 1970 (travaux préparatoires : projet de loi
n° 992; rapport de M. Magaud à l'Assemblée Nationale n° 1128; rapport de M. Soufflet au
Sénat n° 247; loi publiée au Journal Officiel du 12 juin 1970) . La France a déposé son
instrument de ratification auprès de l'O.A.C.L le 11 septembre 1970. Elle est par suite liée par la
Convention à compter du 10 décembre 1970 (décret de publication, J.O., 27 février 1971.
LA CAPTURE ILLICITE d'aÉRONEFS 37
Le titre.
Le préambule.
(18) La loi américaine du 5 septembre 1961 est dite « Aircraft piracy Act ».
(19) Voir le Document de l'O.A.C.1. déjà cité 8838-LC/157, page 23.
40 LA CAPTURE ILLICITE D'AÉRONEFS
L'infraction.
créent en effet pour l'aéronef et ses occupants des dangers très différents de
ceux courus en cas de détournement par un passager. Ils impliquent en outre
dans la plupart des cas la complicité des services de contrôle de la circulation
aérienne ou l'intervention d'appareils militaires. Ils soulèvent donc des
problèmes de relations entre Etats qu'il eut été vain de chercher à résoudre
dans le cadre de la Convention.
L'infraction se caractérise en deuxième lieu par le fait que son auteur
« s'empare d'un aéronef » ou « en exerce le contrôle ». Pour tomber sous le
coup de la Convention l'intéressé ne doit pas nécessairement prendre en
main les commandes de l'appareil et en assurer le pilotage. Il suffit qu'il
en contrôle l'évolution par exemple par l'intermédiaire d'un membre de
.
(26) Selon cette jurisprudence, la violence ne suppose pas nécessairement qu'une atteinte
ait été portée à la personne physique d'autrui; elle est suffisamment caractérisée par un
geste ou une attitude de nature à impressionner une personne raisonnable.
(27) Les versions anglaise et espagnole de la Convention explicitent les notions couvertes
par le mot français c violence » puisqu'elles visent dans le 1er cas l'usage de la « force or any
other form of intimidation » et dans le 2« < violenca o cualquier otra forma de intimidacion ».
Ces textes ont ainsi été alignés sur la version française, alors qu'ils en divergeaient quelque
peu à l'article 11 de la Convention de Tokyo.
LA CAPTURE ILLICITE d'aÉRONEFS 43
la Conférence après avoir ainsi modifié l'article 3 paragraphe 1er s'est refusée
à modifier de manière correspondante l'article 3 paragraphe 3. Ce dernier tend
à exclure en principe du champ d'application de la Convention certains
détournements d'aéronefs opérés à l'intérieur du territoire de l'Etat
d'immatriculation; il précise que la Convention ne s'applique que si « le lieu de
décollage et le lieu d'atterrissage de l'appareil » se situent tous deux sur le
territoire de l'Etat dont l'aéronef a la nationalité. Le délégué des Pays-Bas
proposa qu'à ces termes soient substitués des mots visant la clôture et
l'ouverture des portes. Mais sa proposition fut rejetée (30) et les paragraphes 1 et 3
de l'article 3 de la Convention sont désormais contradictoires l'un incluant la
tentative avortée entre la fermeture des portes et le décollage et l'autre
l'excluant.
Cette difficulté d'interprétation mise à part, l'article 1" apparaît d'une
rédaction heureuse. Celle-ci correspond pour l'essentiel au but poursuivi :
permettre la lutte contre les actes de détournement mettant gravement en
danger la sécurité des aéronefs.
La tentative et la complicité.
(31) Une proposition des Pays-Bas tendant à ce que les complices au sol soient couverts
par la Convention a été rejetée par la Conférence par 35 voix contre 24 avec 11 abstentions.
(32) C'est ainsi qu'en droit français, la complicité est définie à l'article 60 du Code Pénal
en termes beaucoup plus généraux qu'à l'article 1er de la Convention.
(33) L'infraction est définie par l'article 1er indépendamment de la nationalité de l'aéronef
détourné. Elle doit dans tous les cas être réprimée de peine sévères. Par ailleurs tout Etat
contractant sur le territoire duquel se trouve l'auteur de l'infraction doit en assurer la
détention dans les conditions et sous les réserves fixées à l'article 6. Il doit avertir de cette
détention les Etats visés au paragraphe 4 dudit article, même si ces Etats n'ont pas signé la
Convention. Il doit établir sa compétence pour connaître de l'infraction dans toutes les
hypothèses visées à l'article 4 paragraphe 1er. En revanche l'article 4 paragraphe 2 ne crée à titre
subsidiaire une obligation de compétence universelle que dans les cas où il n'y a pas
extradition « conformément à l'article 8 >. Cette compétence n'a donc pas à être établie en ce
qui concerne les aéronefs immatriculés dans un Etat non contractant. Mais dans les cas où
il y a compétence, le dossier doit être transmis au Parquet ainsi qu'il est précisé à l'article 7.
LA CAPTURE ILLICITE D'AERONEFS 45
.
pénale.
Aussi bien la Convention- en son article 3 n'exclut-elle de son champ
d'application que les aéronefs « utilisés à des fins militaires, de douane ou de
police » (34) et dans une certaine mesure ceux capturés à l'intérieur même du
pays dans lequel ils sont immatriculés.
Estimant que les détournements purement internes relèvent en effet de
la seule compétence de l'Etat concerné, le Comité juridique avait proposé
que la Convention « ne s'applique que si le lieu de décollage ou le lieu
d'atterrissage de l'aéronef à bord duquel l'infraction est commise est situé hors du
territoire de l'Etat d'immatriculation de l'aéronef». De ce fait le projet de
Convention ne couvrait par exemple pas le détournement d'un appareil
français qui, après avoir décollé d'un aéroport français, aurait été détourné
vers ce même aéroport ou vers un autre aéroport français et ce quel qu'ait
été le lieu de destination initialement prévu. En revanche le projet couvrait un
vol purement intérieur détourné vers l'étranger."
Le système ainsi proposé a été adopté par la Conférence qui a cru
cependant devoir l'assortir de certaines précisions (35) et d'une exception.
Envisageant en effet le cas dans lequel l'auteur d'un détournement purement
intérieur réussirait à s'enfuir à l'étranger, la Conférence a ajouté à l'article 3
de la Convention un paragraphe 5 précisant qu'en pareille hypothèse, les
dispositions des articles 6, 7, 8 et 10 relatives à l'arrestation, aux poursuites
et à l'extradition de l'auteur présumé de l'infraction seraient applicables (36) .
La peine.
(34) Ces termes sont repris de l'article 1er paragraphe 4 de la Convention de Tokyo eux-
mêmes inspirés de l'article 3 (b) de la Convention de Chicago. Le critère ainsi retenu est celui
de l'emploi. Il diffère donc de celui adopté en droit interne français par l'article L 110-2 du
Code de l'Aviation Civile qui exclut en principe de son champ d'application c les aéronefs
militaires et les aéronefs appartenant à l'Etat et exclusivement affectés à un service public ».
(35) Sur proposition de l'Union Soviétique, il a en premier lieu été ajouté à l'article 3
paragraphe 3 un membre de phrase selon lequel la règle posée joue c qu'il s'agisse d'un
aéronef en vol international ou d'un aéronef en vol intérieur ». Cette addition a été approuvée
par 42 voix contre 5 avec 16 abstentions. Par ailleurs la Délégation de la Grèce a .demandé
qu'afin d'éviter toute ambiguïté, le texte vise le lieu d'atterrissage « effectif ». Cette
proposition a été approuvée par 24 voix contre 7 avec 16 abstentions. Ces deux additions alourdissent
le texte sans en changer le sens.
(36) Le Royaume-Uni avait initialement proposé la suppression pure et simple de l'article 3
paragraphe 3. Cette suggestion se heurta à diverses objections tirées pour l'essentiel de la
souveraineté des Etats. Elle fut retirée et la Conférence, par 35 voix contre 7 avec 21
abstentions, approuva une nouvelle proposition britannique tendant à l'adoption de l'actuel article 3
paragraphe 5.
46 LA CAPTURE ILLICITE d'aÉRONEFS
(37) La proposition de la Pologne et de 1'U.R.S.S. a été rejetée par 34 voix contre 14 avec
16 abstentions; celle de la Roumanie par 34 voix contre 11 avec 16 abstentions; celle de
l'Autriche et de l'Italie par 33 voix contre 9 avec 25 abstentions.
(38) La Conférence, sur proposition de l'Autriche, a par 25 voix contre 11 avec 30
abstentions estimé qu'en vue d'assurer l'unité du procès, il convenait de couvrir à l'article 4 non
seulement l'infraction de capture illicite, mais encore certaines Infractions connexes définies
d'ailleurs de manière fort restrictive. On notera que si ces infractions sont mentionnées à
l'article 4 (compétence) et à l'article 10 (entraide judiciaire), elles ne le sont ni à l'article 7
(poursuites), ni à l'article 8 (extradition). Les obligations créées par ces derniers textes ne
concernent donc que la seule Infraction de capture illicite.
(39) Voir les documents de l'O.A.C.1. déjà cités 8838-LC/157, page 17 et 8877-LC/161,
page 13.
LA CAPTURE ILLICITE d'aÉRONEFS 47
.
du 7 décembre 1944(41). La Convention de Tokyo avait en son article 18
réservé cette hypothèse. La nouvelle Convention va plus loin en son article 5
puisqu'elle dispose que les Etats ayant constitué de tels organismes et
exploitant des appareils faisant l'objet d'une immatriculation commune ou
internationale « désignent, pour chaque aéronef, suivant les modalités appropriées,
l'Etat qui exerce la compétence et aura les attributions de l'Etat
d'immatriculation aux fins de la présente Convention ».
Cette formule permet aux Etats intéressés, tels ceux participant à Air
Afrique, de continuer à faire immatriculer leurs aéronefs soit sur un registre
international, soit sur un registre tenu pour leur compte par l'un d'entre eux.
Elle permet également de désigner à l'avance pour chaque appareil l'Etat
participant qui sera considéré comme Etat d'immatriculation pour
l'application de la nouvelle Convention. Une telle désignation était indispensable en
cas d'immatriculation internationale, du fait de l'absence de juridiction
répressive compétente. Elle eut pu être évitée en cas d'immatriculation commune en
donnant compétence de manière permanente et générale à l'Etat qui tient le
registre d'immatriculation pour le compte de tous les Etats participants.
Mais une telle délégation de souveraineté, si elle était concevable pour la
(40) Du fait qu'afin de ne pas énerver la répression, ils se sont refusés à insérer une
clause Non bis in idem dans la Convention.
(41) Les modalités d'application de ce texte ont été fixées par le Conseil de l'O.A.C.I. par
décision du 14 décembre 1967 publiée sous le n° 8722-C-976.
48 LA CAPTURE ILLICITE d'aÉRONEFS
tenue d'un registre, l'était beaucoup moins en -matière pénale. Aussi l'Etat
d'immatriculation au sens de la nouvelle Convention ne sera-t-il pas
nécessairement, en cas d'immatriculation commune, celui qui procède aux
immatriculations. Il pourra pour chaque aéronef être désigné parmi les Etats
participants en fonction des divers facteurs à prendre < en considération ' et
•
notamment de la nature des vols effectués.
Donner en principe compétence à l'Etat d'immatriculation de l'aéronef
pour connaître du détournement posait par ailleurs certains problèmes dans
le cas où cet aéronef est exploité par une personne qui n'en est pas
propriétaire et où de ce fait il est immatriculé dans un Etat autre que celui de
l'exploitant. Certes en pareille hypothèse, l'Etat d'immatriculation conserve
un intérêt évident à assurer la répression d'une infraction commise à bord
d'un appareil qui se déplace sous son pavillon et dont l'un de ses nationaux
est propriétaire. Mais il se peut qu'en certaines circonstances, l'Etat de
l'exploitant ait un égal intérêt à obtenir la punition du coupable. •
Aussi la Conférence a-t-elle, sur l'initiative du délégué de la Barbade(42),
ajouté à l'article 4 paragraphe 1er une disposition selon laquelle tout Etat
contractant doit prendre les mesures nécessaires «pour établir sa
compétence si l'infraction est commise à bord d'un aéronef donné en location sans
équipage à une personne qui a le siège principal de son exploitation ou, à
défaut, sa résidence permanente dans ledit Etat».
Cette disposition, nouvelle en droit aérien (43) , ne sera pas d'application
aisée, car elle fait dépendre la compétence juridictionnelle de l'existence de
contrats de location dont la preuve pourra être difficile à apporter et dont
la validité pourra être contestée. Par ailleurs en retenant les critères du
« siège principal d'exploitation » et de la « résidence permanente » de
l'exploitant, l'article 4 paragraphe 1er (c) utilise des termes sujets à interprétations
variées. Aussi peut-on penser que la Conférence n'a adopté cette clause
nouvelle que compte tenu du caractère exceptionnel de l'infraction de capture
illicite d'aéronefs. Il serait par suite souhaitable qu'une telle clause ne se
généralise pas avant qu'une expérience suffisante ait été acquise dans son
application.
En contraignant l'Etat d'immatriculation et dans certaines circonstances
l'Etat d'exploitation à établir leur compétence en vue de connaître de
l'infraction, la Convention de La Haye se borne à appliquer les principes généraux
du droit pénal : par une fiction communément acceptée, elle assimile l'aéronef
en vol au territoire de ces Etats et admet par suite que ces derniers soient
compétents pour réprimer l'infraction commise à bord.
Les poursuites.
.
différence de fond.
Quoi qu'il en soit de ce point qui ne manquera pas de donner lieu à
controverse, l'Etat visé par l'article 7 est tenu, s'il n'extrade pas l'auteur
présumé de l'infraction, de transmettre le dossier à ses autorités compétentes
pour l'exercice de l'action pénale.
L'obligation ainsi posée est quant à elle parfaitement claire : la décision
de classement du dossier ne peut être prise par l'autorité de police. Celle-ci
doit soumettre l'affaire au Parquet. Ce dernier prend sa décision dans les
conditions fixées par les lois de l'Etat intéressé. Si cet Etat connaît le principe
de l'opportunité des poursuites, le Parquet est donc libre d'engager de telles
poursuites ou d'y renoncer (52) .
<
i52) A cet égard le texte français est particulièrement clair puisqu'il vise dans la
première phrase de l'article 7 « les autorités compétentes pour l'exercice de l'action pénale »,
sans placer de virgule entre le mot « compétentes » et le membre de phrase « pour l'exercice
de l'action pénale ». Les versions anglaise et espagnole ne laissent pas davantage la place au
doute car la première précise que l'Etat intéressé devra c submit the case to its competent
authorities for the purpose of prosecution », et la seconde adopte une rédaction comparable.
Le délégué du Royaume-Uni a d'ailleurs déclaré à la Conférence que le texte ainsi rédigé
sauvegardait le principe de l'opportunité des poursuites. Il n'a pas été contredit et à la
suite de cette déclaration une proposition chilienne tendant à revenir au texte initial de
l'article 7 fut jugée par beaucoup sans objet et écartée pour ce motif par 41 voix contre 22
avec 11 abstentions.
LA CAPTURE ILLICITE d'aÉRONEFS 53
L'extradition.
L'extradition est l'un des domaines dans lesquels les Etats et notamment
ceux ayant une longue tradition d'asile politique sont les plus jaloux de leur
souveraineté. Aussi ne doit-on pas s'étonner du fait que si la Convention de
La Haye fait en certaines circonstances de la capture illicite d'aéronefs une
infraction susceptible d'extradition, elle ne crée aucun mécanisme
automatique d'extradition vers l'Etat d'immatriculation, ni même aucune priorité
d'extradition au profit de cet Etat (54). Elle se borne donc à reprendre les
dispositions relatives à l'extradition qui figurent dans de nombreuses
conventions pénales à vocation universelle telles celle du 20 avril 1929 sur le faux
monnayage ou celle du 30 mars 1961 sur les stupéfiants.
Le paragraphe 1er de l'article 8 dispose en premier lieu que « l'infraction
est de plein droit comprise comme cas d'extradition dans tout traité
d'extradition conclu entre Etats contractants». En réalité, les traités d'extradition
sont de deux types. Les uns, tels la Convention européenne d'extradition du
L'entraide judiciaire.
(59) Voir aussi la résolution du Conseil de l'O.A.C.1. du 10 avril 1969 sur l'intervention
illicite dans l'aviation civile internationale et ses installations et services (Document de
l'O.A.C.I.-8849-C/990).
(60) Une formule plus récente ajoute à cette liste les Etats membres de l'agence
internationale de l'énergie atomique.
(61) II en a notamment été ainsi du traité interdisant les essais d'armes nucléaires dans
l'atmosphère, dans l'espace extra-atmosphérique et sous l'eau, signé le 25 juillet 1961, du traité
sur les principes régissant les activités des Etats en matière d'exploration et d'utilisation de
l'espace extra-atmosphérique, y compris la lune et les autres corps célestes signé le 27 janvier
1967 et du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires signé le 1er juillet 1968.
LA CAPTURE ILLICITE D'AERONEFS 57
Conclusion.
PREAMBULE
rissage effectif de l'aéronef à bord duquel l'infraction est commise est situé hors du
territoire de l'Etat d'immatriculation de cet aéronef, qu'il s'agisse d'un aéronef en vol
international ou d'un aéronef en vol intérieur.
4. Dans les cas prévus à l'article 5, la présente convention ne s'applique pas si le
lieu de décollage et le lieu d'atterrissage effectif de l'aéronef à bord duquel l'infraction
est commise sont situés sur le territoire d'un seul des Etats mentionnés audit article.
5. Nonobstant les dispositions des paragraphes 3 et 4 du présent article, les articles
6, 7, 8 et 10 sont applicables, quel que soit le lieu de décollage ou le lieu d'atterrissage
effectif de l'aéronef, si l'auteur ou l'auteur présumé de l'infraction est découvert sur
le territoire d'un Etat autre que l'Etat d'immatriculation dudit aéronef.
Article 4. — 1. Tout Etat contractant prend les mesures nécessaires pour établir sa
compétence aux fins de connaître de l'infraction, ainsi que de tout autre cas de
violence dirigé contre les passagers ou l'équipage et commis par l'auteur présumé de
l'infraction en relation directe avec celle-ci, dans les cas suivants :
a) si elle est commise à bord d'un aéronef immatriculé dans cet Etat;
b) si l'aéronef à bord duquel l'infraction est commise atterrit sur son territoire avec
l'auteur présumé de l'infraction se trouvant encore à bord;
c) si l'infraction est commise à bord d'un aéronef donné en location sans équipage
à une personne qui a le siège principal de son exploitation ou, à défaut, sa résidence
permanente dans ledit Etat.
2. Tout Etat contractant prend également les mesures nécessaires pour établir sa
compétence aux fins de connaître de l'infraction dans le cas où l'auteur présumé de
celle-ci se trouve sur son territoire et où ledit Etat ne l'extrade pas conformément à
l'article 8 vers l'un des Etats visés au paragraphe 1er du présent article.
3. La présente convention n'écarte aucune compétence pénale exercée conformément
aux lois nationales.
Article 5. — Les Etats contractants qui constituent pour le transport aérien des
organisations d'exploitation en commun ou des organismes internationaux d'exploitation
et qui exploitent des aéronefs faisant l'objet d'une immatriculation commune ou
internationale désignent, pour chaque aéronef, suivant les modalités appropriées, l'Etat qui
exerce la compétence et aura les attributions de l'Etat d'immatriculation aux fins de la
présente convention. Ils aviseront de cette désignation l'Organisation de l'Aviation
civile internationale, qui en informera tous les Etats Parties à la présente convention.
Article 6. — 1. S'il estime que les circonstances le justifient, tout Etat contractant
sur le territoire duquel se trouve l'auteur ou l'auteur présumé de l'infraction assure la
détention de cette personne ou prend toutes autres mesures nécessaires pour assurer
sa présence. Cette détention et ces mesures doivent être conformes à la législation
dudit Etat; elles ne peuvent être maintenues que pendant le délai nécessaire à
l'engagement de poursuites pénales ou d'une procédure d'extradition.
2. Ledit Etat procède immédiatement à une enquête préliminaire en vue d'établir les
faits.
3. Toute personne détenue en application du paragraphe 1er du présent article peut
communiquer immédiatement avec le plus proche représentant qualifié de l'Etat dont
elle a la nationalité; toutes facilités lui sont accordées à cette fin.
4. Lorsqu'un Etat a mis une personne en détention conformément aux dispositions
du présent article, il avise immédiatement de cette détention, ainsi que des circonstances
qui la justifient, l'Etat d'immatriculation de l'aéronef, l'Etat mentionné à l'article 4,
paragraphe 1er, alinéa c. l'Etat dont la personne détenue a la nationalité et, s'il le
juge opportun, tous autres Etats intéressés. L'Etat qui procède à l'enquête préliminaire
visée au paragraphe 2 du présent article en communique rapidement les conclusions
auxdits Etats et leur indique s'il entend exercer sa compétence.
Article 7. — L'Etat contractant sur le territoire duquel l'auteur présumé de
l'infraction est découvert, s'il n'extrade pas ce dernier, soumet l'affaire, sans aucune exception
et que l'infraction ait ou non été commise sur son territoire, à ses autorités compétentes
pour l'exercice de l'action pénale. Ces autorités prennent leur décision dans les mêmes
60 LA CAPTURE ILLICITE D'AÉRONEFS
conditions que pour toute infraction de droit commun de caractère grave conformément
aux lois de cet Etat.
Article 8. — 1. L'infraction est de plein droit comprise comme cas d'extradition dans
tout traité d'extradition conclu entre Etats contractants. Les Etats contractants s'engagent
à comprendre l'infraction comme cas d'extradition dans tout traité d'extradition à
conclure entre eux.
2. Si un Etat contractant qui subordonne l'extradition à l'existence d'un traité est
saisi d'une demande d'extradition par un autre Etat contractant avec lequel il n'est
pas lié par un traité d'extradition, il a la latitude de considérer la présente convention
comme constituant la base juridique de l'extradition en ce qui concerne l'infraction.
L'extradition est subordonnée aux autres conditions prévues par le droit de l'Etat
requis.
3. Les Etats contractants qui ne subordonnent pas l'extradition à l'existence d'un
traité reconnaissent l'infraction comme cas d'extradition entre eux dans les conditions
prévues par le droit de l'Etat requis.
4. Entre Etats contractants, l'infraction est considérée aux fins d'extradition comme
ayant été commise tant au lieu de sa perpétration que sur le territoire des Etats tenus
d'établir leur compétence en vertu de l'article 4, paragraphe 1.
Article 9. — 1. Lorsque l'un des actes prévus à l'article 1er, alinéa a, est accompli ou
sur le point d'être accompli, les Etats contractants prennent toutes mesures appropriées
pour restituer ou conserver le contrôle de l'aéronef au commandant légitime.
2. Dans les cas visés au paragraphe précédent, tout Etat contractant sur le territoire
duquel se trouvent l'aéronef, les passagers ou l'équipage facilite aux passagers et à
l'équipage la poursuite de leur voyage aussitôt que possible. Il restitue sans retard
l'aéronef et sa cargaison à ceux qui ont le droit de les détenir.
Article 10. — 1. Les Etats contractants s'accordent l'entraide judiciaire la plus large
possible dans toute procédure pénale relative à l'infraction et aux autres actes visés
à l'article 4. Dans tous les cas, la loi applicable pour l'exécution d'une demande
d'entraide est celle de l'Etat requis.
2. Toutefois, les dispositions du paragraphe 1er du présent article n'affectent pas les
obligations découlant des dispositions de tout autre traité de caractère bilatéral ou
multilatéral qui régit ou régira, en tout ou en partie, le domaine de l'entraide judiciaire
en matière pénale.
Article 11. — Tout Etat contractant communique aussi rapidement que possible
au Conseil de l'Organisation de l'Aviation civile internationale, en conformité avec les
dispositions de sa législation nationale, tous renseignements utiles en sa possession
relatifs :
a) aux circonstances de l'infraction;
b) aux mesures prises en application de l'article 9;
c) aux mesures prises à l'égard de l'auteur ou de l'auteur présumé de
l'infraction et notamment au résultat de toute procédure d'extradition ou de toute autre
procédure judiciaire.
Article 12. — 1. Tout différend entre des Etats contractants concernant
l'interprétation ou l'application de la présente convention qui ne peut pas être réglé par voie
de négociation est soumis à l'arbitrage, à la demande de l'un d'entre eux. Si, dans les
six mois qui suivent la date de la demande d'arbitrage, les Parties ne parviennent pas
à se mettre d'accord sur l'organisation de l'arbitrage, l'une quelconque d'entre elles
peut soumettre le différend à la Cour internationale de Justice, en déposant une requête
conformément au Statut de la Cour.
2. Chaque Etat pourra, au moment où il signera ou ratifiera la présente convention
ou y adhérera, déclarer qu'il ne se considère pas lié par les dispositions du paragraphe
précédent. Les autres Etats contractants ne seront pas liés par lesdites dispositions envers
tout Etat contractant qui aura formulé une telle réserve.
3. Tout Etat contractant qui aura formulé une réserve conformément aux disposi-
LA CAPTURE ILLICITE D'AERONEFS 61
tions du paragraphe précédent pourra à tout moment lever cette réserve par une
notification adressée aux gouvernements dépositaires.
Article 13. — 1. La présente convention sera ouverte le 16 décembre 1970 à La Haye
à la signature des Etats participant à la Conférence internationale de droit aérien tenue
à La Haye du 1er au 16 décembre 1970 (ci-après dénommée «la Conférence de La Haye»).
Après le 31 décembre 1970, elle sera ouverte à la signature de tous les Etats à Washington,
à Londres et à Moscou. Tout Etat qui n'aura pas signé la convention avant qu'elle soit
entrée en vigueur conformément au paragraphe 3 du présent article pourra y adhérer
à tout moment.
2. La présente convention est soumise à la ratification des Etats signataires. Les
instruments de ratification ainsi que les instruments d'adhésion seront déposés auprès
des gouvernements des Etats-Unis d'Amérique, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne
et d'Irlande du Nord et de l'Union des Républiques socialistes soviétiques, qui sont
désignés par les présentes comme gouvernements dépositaires.
3. La présente convention entrera en vigueur trente jours après la date du dépôt
des instruments de ratification de dix Etats signataires qui ont participé à la Conférence
de La Haye.
4. Pour les autres Etats, la présente convention entrera en vigueur à la date de
son entrée en vigueur conformément au paragraphe 3 du présent article ou trente jours
après la date du dépôt de leurs instruments de ratification ou d'adhésion, si cette
seconde date est postérieure à la première.
5. — Les gouvernements dépositaires informeront rapidement tous les Etats qui
signeront la présente convention ou y adhéreront de la date de chaque signature, de la
date du dépôt de chaque instrument de ratification ou d'adhésion, de la date d'entrée
en vigueur de la présente convention ainsi que de toutes autres communications.
6. Dès son entrée en vigueur, la présente convention sera enregistrée par les
gouvernements dépositaires conformément aux dispositions de l'Article 102 de la Charte
des Nations Unies et conformément aux dispositions de l'Article 83 de la Convention
relative à l'Aviation civile internationale (Chicago, 1944).
Article 14. — 1. Tout Etat contractant peut dénoncer la présente convention par
voie de notification écrite adressée aux gouvernements dépositaires.
2. La dénonciation prendra effet six mois après la date à laquelle la notification
aura été reçue par les gouvernements dépositaires.
En foi de quoi les Plénipotentiaires soussignés, dûment autorisés, ont signé la
présente convention.
Fait à La Haye, le seizième jour du mois de décembre de l'an mil neuf cent soixante-
dix, en trois exemplaires originaux comprenant chacun quatre textes authentiques
rédigés dans les langues française, anglaise, espagnole et russe.