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Du GATT à l’OMC

1. Les origines du système multilatéral


2. Objectifs et principes majeurs de fonctionnement
3. Une brève histoire du GATT
4. La création de l’OMC
5. Le système, ses avantages et limites
6. Perspectives
Les origines du système multilatéral

1. La Charte de l’Atlantique (Août 1941)


2. Les différents projets d’institutions internationales
a. Le système O.N.U.
b. Les institutions de Brettonwoods
c. Le projet de l’I.T.O.
3. L’accord provisoire du 30 oct. 1947, le GATT (01/01/1948)
4. La Charte de La Havane (mars 1948)
Le 14 août 1941, le Président des États-Unis Franklin D.
Roosevelt et le Premier ministre britannique Winston
Churchill ont proposé, puis signé la Charte de
l'Atlantique, un document regroupant une série de principes
devant servir au maintien de la paix et de la sécurité
internationale.

Ce document n'était pas un traité entre deux puissances. Ce


n'était pas non plus une expression définitive et officielle de
leurs vues sur la paix. C'était uniquement, de la part de
deux hommes d'État, une affirmation, comme l'indiquait le
document, « de certains principes communs, à la politique
nationale de leurs pays respectifs » et sur lesquels ils
fondaient leurs espoirs d'un avenir meilleur pour le monde.
La Charte de l'Atlantique

L'organisation du monde
Des huit points de la Charte de l'Atlantique, deux se rapportaient directement à l'organisation
du monde.

Sixième article - sûreté dans leurs propres frontières


« une fois définitivement détruite la tyrannie nazie », dit l'article 6, « ils espèrent voir s'établir
une paix qui fournira à toutes les nations les moyens de demeurer en sûreté dans leurs
propres frontières, et qui donnera l'assurance que tous les hommes, dans tous les pays,
pourront vivre libérés de la crainte et du besoin ».

Septième article - traverser sans entraves les mers et les océans


L'article 7 proclame qu'une telle paix devrait permettre à tous les hommes de traverser sans
entraves les mers et les océans.
L'organisation de la paix
Huitième article - renoncer à l'usage de la violence
Le huitième et dernier point du document esquisse comme suit l'organisation de la paix :
« Ils sont convaincus que toutes les nations du monde, pour des motifs aussi bien réalistes
que spirituels, devront finir par renoncer à l'usage de la violence. Puisqu'à l'avenir aucune paix
ne saurait être durable tant que les nations qui menacent ou pourraient menacer de
commettre des actes d'agression en dehors de leurs frontières continueront à disposer
d'armements terrestres, navals ou aériens, ils sont convaincus qu'en attendant l'institution
d'un système permanent de sécurité générale établi sur des bases plus larges, il est essentiel
de désarmer ces nations.
En outre, ils entendent faciliter et encourager toutes autres mesures pratiques susceptibles
d'alléger, pour les peuples pacifiques, le fardeau des armements »
Les principes fondamentaux de la justice internationale
D'autres passages de la Charte de l'Atlantique proclamaient également les principes
fondamentaux de la justice internationale :
pas d'annexions de territoires;
pas de modifications de frontières sans l'accord librement consenti des peuples intéressés;
droit pour chaque peuple de choisir la forme de son gouvernement;
facilités d'accès égales pour tous aux matières premières.
Les conditions de travail, le progrès économique et la sécurité mondiale
Cinquième article - collaboration entre les nations la plus complète dans le domaine
économique
Le cinquième paragraphe de la déclaration laissait présager le travail constructif dont
s'occuperait l'organisation internationale future. Ce texte déclarait que les deux hommes
d'État désiraient réaliser entre les nations la collaboration la plus complète dans le domaine
économique, afin de garantir à toutes de meilleures conditions de travail, le progrès
économique et la sécurité mondiale.
http://www.un.org/fr/sections/history-united-nations-charter/1941-atlantic-charter/index.html
Les objectifs et principes de
fonctionnement

Objectif principal du GATT et de l’OMC :


Améliorer le bien-être des populations des pays
Membres en « favorisant autant que possible
l’harmonie, la liberté, l’équité et la prévisibilité des
échanges ».

N. B. L’objectif principal n’a pas changé en un demi


siècle.
2ème alinéa du texte du GATT de 1947 :

« Reconnaissant que leurs rapports dans le domaine


commercial et économique doivent être orientés vers le
relèvement des niveaux de vie, la réalisation du plein emploi
et d'un niveau élevé et toujours croissant du revenu réel et
de la demande effective, la pleine utilisation des ressources
mondiales et l'accroissement de la production et des
échanges de produits, … »
À comparer au 2ème paragraphe de l’acte final de l’« Uruguay
Round » instituant l’O.M.C. :

« … et du commerce de marchandises et de services, tout en


permettant l’utilisation optimale des ressources mondiales,
conformément à l’objectif de développement durable, en vue à
la fois de protéger et préserver l’environnement et renforcer les
moyens d’y parvenir d’une manière qui soit compatible avec
leurs besoins et soucis respectifs à différents niveaux de
développement économique.
Reconnaissant en outre qu’il est nécessaire de faire des efforts
positifs pour que les pays en développement, et en particulier
les moins avancés d’entre eux, s’assurent une part de la
croissance du commerce international qui corresponde aux
nécessités de leur développement économique, …»
On constate donc :

1. L’adaptation de l’accord de 1995 aux modifications de


l’environnement international.
2. Son élargissement aux services.
3. Le fait que la libéralisation du commerce international
n’est qu’un moyen pour atteindre les objectifs
principaux, pas une fin en soi.
Les grands principes de fonctionnement
La non-discrimination
« Article premier: Traitement général de la nation la
plus favorisée
1. Tous avantages, faveurs, privilèges ou immunités
accordés par une partie contractante à un produit
originaire ou à destination de tout autre pays seront,
immédiatement et sans condition, étendus à tout produit
similaire originaire ou à destination du territoire de
toutes les autres parties contractantes. » Art 1 §1.

http://www.wto.org/french/docs_f/legal_f/gatt47_01_f.htm
Ce principe :
• Est inspiré d’expériences antérieures
exemple : Le Zollverein de Bismark (Le Zollverein
(Deutscher Zollverein de son nom complet), littéralement
« union douanière allemande » est une union douanière et
commerciale entre États allemands dont l'acte fondateur est
signé le 22 mars 1833et qui entre en fonction le 1er janvier
1834)
• Institue automatiquement des droits de douane
particuliers dits « NPF » ou « MFN »
• Tend à harmoniser les obstacles tarifaires entre les
parties contractantes
• Exceptions : les anciens accords préférentiels : entre
autres le Benelux, le Commonwealth, les anciens
membre de l’Empire Ottoman, …
La réciprocité des concessions

« Lorsqu'une partie contractante estime qu'un produit déterminé ne


reçoit pas d'une autre partie contractante le traitement qu'elle croit
résulter d'une concession reprise dans la liste correspondante annexée
au présent Accord, elle interviendra directement auprès de l'autre
partie contractante. Si cette dernière, tout en convenant que le
traitement revendiqué est bien celui qui était prévu, déclare que ce
traitement ne peut être accordé parce qu'une décision d'un tribunal ou
d'une autre autorité compétente a pour effet que le produit en
question ne peut être classé, d'après la législation douanière de cette
partie contractante, de façon à bénéficier du traitement prévu dans le
présent Accord, les deux parties contractantes ainsi que toutes autres
parties contractantes intéressées de façon substantielle entreprendront
au plus tôt de nouvelles négociations en vue de rechercher une
compensation équitable.* »
Art 2 §5.

http://www.wto.org/french/docs_f/legal_f/gatt47_01_f.htm
Le traitement national

« 4. Les produits du territoire de toute partie


contractante importés sur le territoire de toute autre
partie contractante ne seront pas soumis à un traitement
moins favorable que le traitement accordé aux produits
similaires d'origine nationale en ce qui concerne toutes
lois, tous règlements ou toutes prescriptions affectant la
vente, la mise en vente, l'achat, le transport, la
distribution et l'utilisation de ces produits sur le marché
intérieur. Les dispositions du présent paragraphe
n'interdiront pas l'application de tarifs différents pour les
transports intérieurs, fondés exclusivement sur l'utilisation
économique des moyens de transport et non sur l'origine
du produit. » Art 3 §4.

http://www.wto.org/french/docs_f/legal_f/gatt47_01_f.htm
La mise en œuvre de ces principes, particulièrement grâce à
l’interaction des deux premiers amène rapidement une
diminution des droits de douane moyens.
N.B. La non participation des pays en développement
Ils ne profitent guère du système car, outre les obstacles
financiers et culturels liés à la représentation diplomatique, ils
éprouvent de grandes difficultés à entrer dans le système de la
réciprocité des concessions, pour trois raisons majeures :
1. Le paradoxe du taux effectif de protection.(v. supra)
2. La politique de substitution aux importations.(v. infra)
3. L’argument de l’industrie naissante.
« The GATT is a rich man’s club »
Indira Ghandi
Une brève histoire du GATT
1. Le système GATT s’est développé dans plusieurs séries
(cycles) de négociations commerciales.
2. Les premiers cycles (Genève 1947, Annecy 1949, Torquay
1950-51, Genève 1955-56) portaient essentiellement sur
la réduction des droits de douane.
3. Par la suite, les négociations ont également porté sur les
mesures non tarifaires et l’élaboration de codes (Dillon
Round 1961-62, Kennedy Round 1963-67, Tokyo Round
1973-79).
Très rapidement, un noyau dur (hardcore) est apparu concer-
nant les produits sensibles : agricoles, textiles et vêtements, fer
et acier, haute technologie, …
4. Le GATT n’a jamais été une organisation
internationale étant donné la non-ratification de la
charte de La Havane.
5. Les pays participant à l’accord étaient dénommés
généralement « Parties Contractantes » et non
« Membres ».
6. Le GATT n’a donc jamais mené de politiques
propres, son secrétariat n’étant financé que pour
veiller à la bonne organisation du fonctionnement
de l’Accord Général.
La création de l’O.M.C.

1. Le Cycle de l’Uruguay (1986-1994)


a. De nombreux accords nouveaux, e.a. :
i. Agriculture
ii. Services
iii. Droits de propriété liés au commerce
iv. Règlement des différends
b. La reprise du projet de l’I.T.O. qui deviendra W.T.O.
(O.M.C.)
L’O.M.C.
Les Statuts :
Les Accords de l’O.M.C. ont été ratifiés par tous les pays
Membres.
L’O.M.C. a le statut d’une organisation internationale.
Cependant, le Secrétariat n’a pas de pouvoir décisionnel,
les décisions étant prises par les membres eux-mêmes,
le plus souvent lors des Conférences Ministérielles (au
moins une fois tous les deux ans).
La structure des Accords O.M.C.

http://www.wto.org/french/thewto_f/whatis_f/tif_f/agrm1_f.htm
Extrait du Rapport sur le commerce mondial, OMC 2002, p.171 .
Le système : avantages et limites
1. Avantages
• A permis la réduction de nombreux droits : en ½
siècle, les droits moyens sont passés de + de 40% à
moins de 5%.
• Grâce à l’O.R.D., a minimisé les risques de voir les
différends commerciaux dégénérer en conflits
politiques ou militaires.
• A limité les effets discriminatoires des unions
douanières
• A permis l’échange et la confrontation d’idées.
2. Limites

• Multiplication des accords de « zone grise », ex. VIE


• « Noyau dur » limitant les concessions sur certaines
classes de produits : textiles et vêtements (Short Term
Agreement, LTA, MFA, ATV), produits agricoles, acier,
haute technologie, ….
• Multiplication des unions douanières.
• Evolution lente à cause du principe du consensus dans
les décisions multilatérales.
• Difficulté de prendre en compte les spécificités des
P.E.D. (jusqu’à la conférence ministérielle de Doha)
Perspectives

• La conférence de Doha (2001) a donné une impulsion


importante à :
• une coopération plus importante avec les P.E.D. :
assistance technique et accès aux marchés
particulièrement ;
• en matière agricole : l’accès aux marchés ;
• la réduction de toutes les formes de subventions à
l’exportation, en vue de leur retrait progressif ;
• la réductions substantielles des soutiens ayant des
effets de distorsion des échanges .
• Dans la structure du « Cadre intégré », reforcement de la
coopération entre les grandes institutions internationales :
Banque Mondiale, FMI, CCI, CNUCED, PNUD, OMC.
Les gouvernements signataires étaient :
« Les Gouvernements du Commonwealth d'Australie, du
Royaume de Belgique, des États–Unis du Brésil, de la
Birmanie, du Canada, de Ceylan, de la République du
Chili, de la République de Chine, de la République de
Cuba, des États–Unis d'Amérique, de la République
française, de l'Inde, du Liban, du Grand-Duché de
Luxembourg, du Royaume de Norvège, de la Nouvelle-
Zélande, du Pakistan, du Royaume des Pays-Bas, de la
Rhodésie du Sud, du Royaume–Uni de Grande-Bretagne
et d'Irlande du Nord, de la Syrie, de la République
Tchécoslovaque et de l'Union Sud-Africaine, »
Genève 1947

23 pays
45.000 concessions tarifaires

Annecy 1949
33 pays
Quelques concessions tarifaires supplémentaires
Torquay 1950-1951

44 pays
55.000 concessions tarifaires supplémentaires

Genève 1955-1956
Peu de progrès
Dillon Round 1961-1962

45 pays.
Premier vrai cycle de négociations initiées par la mise en
œuvre du Traité de Rome et le tarif extérieur commun
de l’U.E.
4.000 concessions tarifaires.
Exclusion explicite de l’agriculture.
Kennedy Round 1963-1967

Amplification des négociations.


Swiss formula : réduction linéaire de 50% des droits sur
les produits industriels.  réduction moyenne de 35%
des droits.
Premier code (antidumping).
Première prise en compte de la non-réciprocité en faveur
des P.E.D. (Plus tard, Partie IV du GATT).
Tokyo Round 1973-1979

102 pays.
Les discussions dépassent largement le cadre des droits
de douane.
Elles portent aussi sur les mesures non tarifaires :
dumping, subventions, marchés publics, …
Swiss formula : réduction de 34% des droits moyens
pondérés sur les produits industriels.  le droit moyen
sur les produits industriels passe à 4,7%.
Uruguay Round 1986-1994

116 pays.
Elimination des droits de douane frappant le matériel
agricole, la bière, le matériel de construction, les eaux-
de-vie brunes, les meubles, le matériel médical, le
papier, les produits pharmaceutiques, l'acier et les
jouets.
Harmonisation des droits de douane pour les produits
chimiques uniquement, les taux maximaux se situant
entre 5,5 et 6,5 pour cent.
Les taux de droits s'échelonnant entre 5,5 et 10 pour
cent sont abaissés pour s'établir dans une fourchette
de 5,5 à 6,5 pour cent sur cinq ans, ceux qui
s'échelonnaient entre 10,1 et 25 pour cent sont
ramenés à 6,5 pour cent sur dix ans et ceux qui
étaient supérieurs à 25 pour cent, à 6,5 pour cent sur
15 ans.

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