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REVISION COLLEGE D’EUROPE


DROIT DU MARCHE INTERIEUR

DROIT DU MARCHÉ INTERIEUR


Libre circulation des marchandises

Dispositions fondamentales de droit primaire.


Article 26 TFUE : Le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre
circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée selon les dispositions
des traités.
Articles 30 à 32 TFUE : Union douanière.
Articles 34 à 37 TFUE : Interdiction des restrictions quantitatives entre les Etats membres.
Notion large de la marchandise. Tous produits appréciables en argent et susceptibles, comme tels, de former l’objet
de transactions commerciales (CJCE, 10 décembre 1968, Commission c/ Italie, aff. 7/68).
Notion d’échanges intra-européens. Les échanges réalisés dans un cadre purement national ne sont, en principe, pas
visés par les règles relatives à la libre circulation des marchandises, de même que les échanges réalisés entre un Etat
membre et un Etat tiers. Sont susceptibles de bénéficier du régime de la libre circulation des marchandises, les
échanges tant de produits originaires des États membres de l’Union européenne ou transformés dans ceux-ci, que de
produits en provenance de pays tiers qui se trouvent en libre pratique dans les États membres de l’Union
européenne.
Personnes visées. Ce sont les Etats membres, qu’il s’agisse de juridictions, d’autorités administratives, de collectivités
infra-étatiques ou d’établissements publics. Par ailleurs, des comportements de personnes privées portant atteinte à
la libre circulation des marchandises peut conduire à une constatation de manquement de l'État membre concerné
qui s'est abstenu de mettre fin à de telles atteintes (CJCE, 9 décembre 1997, Commission c/ France, aff. C-265/95).

I. Interdiction des obstacles douaniers et fiscaux


Obstacles douaniers. L’article 30 TFUE interdit expressément les droits de douane entre les Etats membres. Sont
aussi interdits les taxes d’effet équivalent à un droit de douane, qui se définissent comme une charge pécuniaire, fût-
elle minime, unilatéralement imposée, quelles que soient son appellation et sa technique et frappant les
marchandises nationales ou étrangères en raison du fait qu'elles franchissent la frontière, lorsqu'elle n'est pas un
droit de douane proprement dit. Les deux seules justifications acceptées par la CJUE sont les TEE collectées en
échange d’un service déterminé effectivement rendu, et celles collectées en raison d’une règlementation européenne
ou d’une convention internationale engageant l’ensemble des Etats membres.
Obstacles de nature fiscale. Sont interdites les impositions intérieures frappant plus lourdement les produits
importés que les produits nationaux similaires ou de nature à protéger d’autres productions (art. 101 TFUE). De
même, les produits exportés vers d'autres États membres ne peuvent faire l'objet d'une détaxe supérieure au
montant de l'imposition dont ils ont été frappés à l'intérieur (art. 111 TFUE). L'article 110 TFUE doit garantir la
parfaite neutralité des impositions intérieures au regard de la concurrence entre produits nationaux et produits
importés.

II. Interdiction des obstacles non tarifaires


Les restrictions quantitatives et les mesures d’effet équivalent, tant à l’importation qu’à l’exportation, sont interdites
entre les Etats membres par les articles 34 et 35 TFUE. Elles peuvent être justifiées sur le fondement de l’article 36
TFUE ou par des exigences impératives reconnues par la CJUE.
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Notion de restriction quantitative. Elle désigne principalement les interdictions totales d’importer ou d’exporter, les
quotas et les contingents d’importation ou d’exportation (CJCE, 14 décembre 1979, Henn et Darby, aff. 34/79).
Notion de mesure d’effet équivalent. Toute règlementation commerciale des Etats membres, susceptibles d’entraver
directement ou indirectement, actuellement ou potentiellement le commerce intracommunautaire (CJCE, 11 juillet
1974, Dassonville, aff. 8/74). Il faut ici revenir sur le cheminement jurisprudentiel de la Cour de justice.
CJCE, 20 février 1979, Rewe-Zentral, aff. 120/78 (affaire dite Cassis de Dijon). Dans cet arrêt, la CJUE indique que :
Sont interdites les mesures discriminatoires mais également les mesures indistinctement applicables aux produits
nationaux et aux produits importés qui entravent la commercialisation de ces derniers.
Ce faisant, la Cour consacre le principe de reconnaissance mutuelle : il n’existe aucun motif valable à ce que des
produits légalement produits et commercialisés dans un Etat membre soient soumis à des prohibitions légales pour
être introduites dans un autre Etat membre.
Dans le même temps, elle reconnait l’existence d’exigences impératives pouvant justifier une restriction.
CJCE, 24 novembre 1993, Keck et Mithouard, aff. jtes. C-267/91 et C-268/91. La Cour de justice opère ici un
revirement de jurisprudence. Elle indique (pt. 14) qu’ «Étant donné que les opérateurs économiques invoquent de
plus en plus l'article 30 du traité pour contester toute espèce de réglementations qui ont pour effet de limiter leur
liberté commerciale, même si elles ne visent pas les produits en provenance d'autres États membres, la Cour estime
nécessaire de réexaminer et de préciser sa jurisprudence en la matière ». Elle continue (pt. 16) « il y a lieu de
considérer que, contrairement à ce qui a été jugé jusqu'ici » les mesures relatives aux modalités de vente des
produits, pourvu qu’elles affectent de la même manière, en droit comme en fait, les produits nationaux et ceux en
provenance d’autres Etats membres, ne sont pas des mesures d’effet équivalent à des restrictions quantitatives.
Justification des mesures, article 36 TFUE. Des restrictions peuvent être justifiées pour des raisons de moralité
publique, d’ordre public, de sécurité publique, de protection de la santé et de la vie des personnes et animaux ou de
préservation des végétaux, de protection des trésors nationaux ayant une valeur artistique, historique ou
archéologique ou de protection de la propriété industrielle et commerciale.
Absence d’harmonisation adéquate. Dès lors qu’une réglementation européenne prévoit des mesures aptes à
garantir la protection de l’un des intérêts énumérés que l’Etat veut sauvegarder, l’article 36 TFUE ne peut être
invoqué (CJCE, 6 mai 1986, Muller, aff. 304/84).
Nécessité et proportionnalité des mesures. Les mesures prises sur le fondement de l’article 36 TFUE doivent par
ailleurs être nécessaires et proportionnées à l’objectif de sauvegarde d’un intérêt énuméré à l’article 36. Il revient à
l’Etat membre de prouver de tels caractères.
Justification des mesures, exigences impératives. Les disparités des législations nationales relatives à la
commercialisation des produits doivent être acceptées, en l’absence de réglementation européenne, dans la mesure
où elles sont justifiées par des exigences impératives que la Cour reconnait de manière non limitative (protection des
consommateurs, efficacité des contrôles fiscaux, protection des réseaux publics, etc.). Le régime de ces justifications
est le même que celui de celles prévues par l’article 36 TFUE, à la différence qu’ici, seules les mesures indistinctement
applicables peuvent être justifiées.

III. Harmonisation des législations


A compter de l’arrêt Cassis de Dijon, les institutions communautaires ont décidé de n’entreprendre un
rapprochement des législations nationales que lorsque la reconnaissance mutuelle des produits serait insuffisante à
en assurer la libre circulation, le tout en assurant se fonder sur un haut niveau de protection censé éviter un
nivellement par le bas des législations nationales.
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IV. Contrôle préventif des entraves


La directive 98/34/CE du Parlement européen et du Conseil du 22 juin 1998 prévoyant une procédure d’information
dans le domaine des normes et réglementations techniques prévoit un contrôle préventif des entraves. Les Etats
membres doivent notifier leurs projets de règle technique à la Commission qui en informe les autres Etats membres
et recueille leurs réactions. Un mécanisme de report (délai de 3 à 18 mois) de l'adoption du projet est prévu. La
méconnaissance de l’obligation de notification à la Commission constitue un vice de procédure qui entraîne
l’inapplicabilité des règles techniques non notifiées.

Libre circulation des personnes

Section 1 : Libre circulation des personnes économiquement actives


Dispositions fondamentales de droit primaire.
 Articles 45 à 48 TFUE : Libre circulation des travailleurs
 Articles 49 à 55 TFUE : Libre établissement
 Articles 56 à 62 TFUE : Libre prestation de service

I. Liberté d’établissement
Personnes physiques et personnes morales. Le droit d’établissement intéresse non seulement les personnes
physiques mais aussi les personnes morales. Il comporte l’accès aux activités non salariées et leur exercice mais aussi
la constitution et la gestion d’entreprises, ainsi que la création d’agences, de succursales ou de filiales (i.e. la création
d’un établissement secondaire).
Notion. La notion d’établissement comporte l’exercice effectif d’une activité économique au moyen d’une installation
stable dans un autre Etat membre pour une durée indéterminée (CJCE, 25 juillet 1991, Factortame e.a., aff. C-
221/89).
Abolition des discriminations. Sont interdites tant les discriminations ostensibles fondées sur la nationalité que les
discriminations dissimulées qui, par application d’autres critères de distinction, aboutissent en fait au même résultat.
Traitement des mesures indistinctement applicables. Les mesures nationales indistinctement applicables qui sont
susceptibles de gêner ou de rendre moins attrayant l’exercice de la liberté d’établissement, à l’exception de celles se
justifiant pour des raisons impérieuses d’intérêt général à condition qu’elles soient propres à garantir la réalisation de
l’objectif qu’elles poursuivent et qu’elles n’aillent pas au-delà de ce qui est nécessaire pour atteindre cet objectif, sont
interdites.
Exception des activités participant à l’exercice de l’autorité publique. Les activités participant à l’exercice de
l’autorité publique ne sont pas soumises à la liberté d’établissement. Les activités concernées sont seulement celles
qui prises en elles-mêmes constituent une participation directe et spécifique à l’exercice de l’autorité publique. La
faculté d’exclure les non-nationaux ne saurait valoir pour la profession entière.

II. Libre prestation de services


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Notion. La prestation de services est, par nature, transfrontalière, en ce sens qu’elle intéresse deux Etats membres
différents. Elle peut se traduire par un déplacement du professionnel prestataire dans l’État où il doit accomplir sa
prestation. Le déplacement peut aussi être celui du destinataire de services, ou celui de la prestation elle-même. Le
déplacement du prestataire et du destinataire dans le même État d’accueil peuvent se produire, par exemple, dans le
cadre d’une visite touristique.
Distinction avec l’établissement. La notion de prestation de services peut être appréhendée en relation avec un
exercice qui se manifeste de manière éphémère ou sporadique. Par ailleurs, la CJUE a indiqué que les dispositions
relatives à la libre prestation de services sont subsidiaires par rapport à celles qui régissent le droit d’établissement.
Interdiction des discriminations. Sont prohibées les discriminations en raison de la nationalité, qu’elles jouent au
détriment du prestataire ou du destinataire des services, cette qualité devant être reconnues notamment aux
touristes. Sont également interdites les formes dissimulées de discrimination, ainsi que les mesures indistinctement
applicables de nature à prohiber ou gêner autrement les activités du prestataire, sauf raison impérieuse d’intérêt
général selon les mêmes conditions.

III. Reconnaissance des qualifications professionnelles


Base juridique. L’article 53 TFUE dispose qu’« afin de faciliter l’accès aux activités non salariées et leur exercice, le
Parlement européen et le Conseil, statuant conformément à la procédure législative ordinaire, arrêtent des directives
visant à la reconnaissance mutuelle des diplômes, certificats et autres titres.
Objet. Les réglementations professionnelles nationales créent des monopoles qui assurent une protection à ceux qui
répondent aux exigences qu’elles déterminent elles-mêmes ou qui sont fixées ou précisées par des organismes
professionnels qu’elles habilitent. Le rôle général que jouent les directives de reconnaissance est de faire évoluer les
monopoles professionnels nationaux pour en faire bénéficier aussi les titulaires du droit de libre circulation.
Les conditions prévues par les réglementations nationales créant un monopole se rattachent à trois grandes
catégories :
 Les conditions relatives à la personne (âge, santé, nationalité)
 Les conditions relatives à la qualification (titres de formation, expérience, examens ou concours)
 Les conditions relatives à la relation avec l’organisation professionnelle, sous la forme d’une obligation
d’adhésion
Sous-systèmes sectoriels. La directive 2005/36/CE reprend les sept systèmes sectoriels de reconnaissance qui
assuraient une reconnaissance automatique par tout Etat membre des diplômes délivrés par les Etats membres, pour
six grandes professions de la santé et les architectes, élaborés à partir de 1975.
Régime général de reconnaissance. Elle perpétue par ailleurs un régime général de reconnaissance des qualifications
professionnelles reposant sur des mécanismes de comparaison/correction des preuves de qualification. Cinq niveaux
de qualification sont distingués à cet effet.
Reconnaissance de l’expérience professionnelle. Enfin, elle assure la continuité avec une ancienne directive en
organisant la reconnaissance des qualifications sur la base de l’expérience professionnelle acquise dans un autre Etat
membre, s’agissant de professions dont l’accès ou l’exercice suppose des connaissances de caractère principalement
pratique.

Section 2 : Libre circulation des personnes non économiquement actives


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Disposition fondamentale de droit primaire. L’article 20 TFUE dispose qu’il est institué une citoyenneté de l’Union.
Est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un Etat membre. La citoyenneté de l’Union complète la
citoyenneté nationale et ne la remplace pas. Elle a été instituée par le Traité de Maastricht en 1992.
Texte de droit dérivé. Directive 2004/38/CE du Parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004 relative au droit
des citoyens de l’Union et des membres de leurs familles de circuler et de séjourner librement sur le territoire des
États membres
Notion. Cette citoyenneté nouvelle trouve pour l’essentiel à se manifester et à se concrétiser en dehors de l’Etat de la
nationalité. Le droit de libre circulation contenu à l’article 21 TFUE en est un élément de premier plan, ainsi que le
soubassement des principaux autres droits qu’elle confère (articles 22 à 24 TFUE). C’est donc d’abord une
citoyenneté de mouvement.
Statut fondamental. La Cour affirme que « le statut de citoyen de l’Union a vocation à être le statut fondamental des
ressortissants des États membres permettant à ceux parmi ces derniers qui se trouvent dans la même situation
d’obtenir dans le domaine d’application ratione materiae du traité, indépendamment de leur nationalité et sans
préjudice des exceptions expressément prévues à cet égard, le même traitement juridique » (CJCE, 20 sept. 2001, aff.
C-184/99, Grzelcyk).
Caractère non-économique de la liberté de circulation découlant du statut de citoyen. Le juge européen considère
qu’un citoyen de l’UE qui ne bénéfice plus dans l’Etat d’accueil d’un droit de séjour comme travailleur migrant, peut,
en sa seule qualité de citoyen, bénéficier d’un droit de séjour, par application directe de l’article 21 TFUE. L’article 21
TFUE ne s’applique que lorsqu’aucune autre disposition particulière n’est applicable. Par ailleurs, la libre circulation
du citoyen de l’UE s’exerce sous réserve des limitations et conditions prévues par les traités et le droit dérivé (CJCE,
2002, Baumbast). Or, ces textes de droit dérivé conditionne le droit de séjour à la possession de ressources
économiques suffisante. Ce n’est pas véritablement une liberté non-économique.
Régime. La directive 2004/38/CE du 29 avril 2004 encadre cette liberté de séjour. Il existe trois stades du droit de
séjour.
Trois mois. Pour une période allant jusqu’à trois mois, le droit de séjour est garanti sur la seule base de la possession
d’une carte d’identité ou d’un passeport en cours de validité. Il n’est maintenu que si les bénéficiaires ne deviennent
pas une charge déraisonnable pour le système d’assistance sociale de l’Etat d’accueil.
Plus de trois mois. Pour une période de plus de trois mois, le droit de séjour est accordé sans plus d’exigences aux
travailleurs salariés et non-salariés. Les autres bénéficiaires directs doivent disposer pour eux-mêmes et pour les
membres de leur famille de ressources suffisantes pour ne pas devenir une charge pour le système d’assistance
sociale de l’Etat d’accueil.
Séjour permanent. Enfin, un droit de séjour permanent peut être acquis après un séjour légal et ininterrompu de cinq
ans dans l’Etat d’accueil. Le droit de séjour permanent est attesté par un document.
Membres de la famille. La libre circulation qui découle du statut de citoyen de l’Union s’applique à tout citoyen de
l’Union qui se rend ou séjourne dans un autre Etat membre ainsi qu’aux membres de sa famille qui l’accompagnent
ou le rejoignent. Il existe donc des bénéficiaires indirects de cette liberté de l’Union qui ne sont pas ressortissants
d’un Etat membre de l’Union. La définition des membres da famille inclut le conjoint, les descendants directs âgés de
moins de 21 ans ou à charge et ceux du conjoint et les ascendants directs à charge du citoyen ou du conjoint (sauf,
pour ces derniers, dans le cas où le citoyen est étudiant).
Ordre public. La directive prévoit que la liberté de circulation et de séjour des bénéficiaires peut être restreinte par
les Etats membres pour des raisons d’ordre public, de sécurité publique ou de santé publique.

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