Vous êtes sur la page 1sur 19

Faculté de Droit

LICENCE 3

Année universitaire 2019/2020

DROIT DU MARCHÉ INTÉRIEUR


Cours : Florence Aubry-Caillaud
Travaux dirigés : Barbara Thibault & Hélène Duclos

Séance 1 : L’intégration économique européenne


EXERCICE : Veuillez réaliser deux fiches techniques – synthèses sur la notion d’
« intégration économique régionale » et sur le « champ d’application du droit du marché
intérieur ».

DOCUMENTS :

BLANCHETON B., « L’intégration en perspective historique », in GRARD Loïc (dir.), Les


integration regionales, l’Union européenne et après, Paris, Pedone, 2015, 202 p., pp. 9-15.

CJCE, 5 mai 1982, Gaston Schul, aff. 15/81 (extrait).

MATTERA A., « Le marché intérieur : une brèche dans les dures murailles des souverainetés
nationales », C.D.E., 2002-5 (extrait).

BLUMANN C. (dir)., Introduction au marché intérieur. Libre circulation des marchandises,


« Commentaire J. Mégret », Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 542 p., pp. 41-48.

CJCE, 10 décembre 1968, Commission c. République italienne, aff. 7-68 (extrait).

À CONSULTER :

Articles 52 du Traité sur l’Union européenne et 355 du Traité sur le fonctionnement de l’Union
européenne (disponibles en ligne).

BERR J.-C., « Union douanière », Répertoire Dalloz de droit européen, août 2007, actualisation
2019 (disponible sur Dalloz.fr via l’ENT).

1
DOCUMENT 1 : BLANCHETON B., «L’intégration en perspective historique»

2
3
4
5
DOCUMENT 2 : CJCE, 5 mai 1982, Gaston Schul

31. Il convient de constater qu'au stade actuel du droit communautaire les États membres sont
libres, en application de l'article 95, de compenser à l'occasion de l'importation de produits la
TVA qu'ils perçoivent sur les produits nationaux similaires. Toutefois, une telle compensation
n'est justifiée que dans la mesure où les produits importés ne supportent pas déjà une charge de
la TVA dans l'État membre d'exportation, étant donné qu'autrement la taxation à l'importation
se révélerait en réalité comme une charge supplémentaire qui grèverait les produits importés
plus lourdement que les produits nationaux similaires.

32. Cette conception se dégage en premier lieu des termes de l'article 95 du traité [actuel article
110 TFUE], lequel interdit de frapper, non seulement directement mais encore indirectement,
les produits des autres États membres d'impositions intérieures supérieures à celles qui frappent
les produits nationaux similaires. Cette interdiction ne serait pas respectée si les produits
importés pouvaient être soumis à la TVA applicable aux produits nationaux similaires sans qu'il
soit tenu compte de la part de la TVA qui grève encore ces produits au moment de l'importation.

33. Une telle interprétation correspond à la nécessité de tenir compte des finalités du traité,
telles qu'énoncées aux articles 2 et 3 du traité, parmi lesquelles figure, en premier lieu,
l'établissement d'un marché commun. La notion de marché commun telle que la Cour l'a
dégagée dans une jurisprudence constante, vise à l'élimination de toutes les entraves aux
échanges intracommunautaires en vue de la fusion des marchés nationaux dans un marché
unique réalisant des conditions aussi proches que possible de celles d'un véritable marché
intérieur. Il importe que les avantages de ce marché soient assurés, en dehors du commerce
professionnel, également aux particuliers qui sont dans le cas de poursuivre des opérations
économiques au-delà des frontières nationales.

34. Par voie de conséquence, il convient, en vue d'apprécier la compatibilité, avec les exigences
de l'article 95, d'une imposition de la TVA aux produits en provenance d'un autre État membre
livrés par des particuliers, dans la mesure où la livraison de produits similaires effectuée par
des particuliers à l'intérieur de l'État membre d'importation n'est pas imposée, de prendre
également en considération la TVA perçue dans l'État membre d'exportation. Partant, dans la
mesure où un tel produit importé livré par un particulier, et ne pouvant pas légalement être
dégrevé à l'occasion de l'exportation, reste effectivement grevé, au moment de son importation,
6
d'une partie de la TVA acquittée dans l'État membre d'exportation, le montant de la TVA
exigible à l'occasion de l'importation doit être diminué de la part résiduelle de la TVA de l'État
membre d'exportation qui est encore incorporée dans la valeur du produit au moment de son
importation. Le montant venant ainsi en diminution ne peut toutefois pas être supérieur au
montant de la TVA effectivement acquitté dans l'État membre d'exportation.

DOCUMENT 3 : MATTERA A., « Le marché intérieur : une brèche dans les


dures murailles des souverainetés nationales »

1. — Le 31 décembre 1992 : une étape historique du processus d’unification européenne

L’Europe célèbre cette année le 10e anniversaire d’une étape fondamentale de son processus
d’unification : la création d’un grand espace économique unifié, au plus tard le 31 décembre
1992. En 1985, la Communauté européenne s’était fixé comme objectif prioritaire la réalisation
complète et définitive, au plus tard à la date précitée, d’un marché unique, sans frontières
intérieures, au sein duquel les personnes, les services, les capitaux et les marchandises devaient
circuler librement, dans des conditions semblables à celles prévalant à l’intérieur d’un territoire
national. Cet engagement, pris par les États membres en vertu de l’Acte Unique, est inscrit à
l’article 14 du Traité CE.

Jamais dans l’histoire de la Communauté une échéance n’a mobilisé, avec un consensus aussi
large, les forces vives et dynamiques du monde politique et économique, ni rapproché par une
participation aussi directe le citoyen communautaire de l’idée européenne. Ce projet ambitieux,
porteur de progrès et d’avenir, fut lancé le 14 janvier 1985 par Jacques Delors, président de la
Commission européenne. Dans son discours devant le Parlement européen, il déclara : « Aux
yeux de tous — personnes privées ou entreprises — se présente une sorte d’Europe féodale qui
n’offre que barrières, douanes, formalités, embarras bureaucratiques. Pour montrer l’exemple,
faire éclater toutes les formes explicites ou implicites d’opposition à la libre circulation, les
chefs d’État et de gouvernement ont décidé de mettre leur pouvoir dans la balance. Dès lors,
est-il présomptueux d’annoncer, puis d’exécuter la décision de supprimer toutes les frontières
à l’intérieur de l’Europe d’ici 1992 ? (...) L’Europe doit trouver le chemin de l’imagination et
de l’offensive ! Qui n’a rien à proposer est vite oublié, voire méprisé. Qui n’a pas les moyens
de ses ambitions en est réduit au suivisme et à l’agressivité verbale. »

7
Pourquoi un Marché unique européen ? Le Traité instituant la Communauté européenne n’avait-
il pas prévu la création d’un marché commun pour la fin de la période de transition expirant le
31 décembre 1969? En réalité, l’on avait pu constater que les États membres, contraints de
renoncer aux instruments de protection classique (droits de douane, restrictions quantitatives,
entraves techniques discriminatoires, etc.) et confrontés à la première grande crise économique
de la Communauté (survenue au début des années 70), s’étaient ingéniés à inventer de nouveaux
moyens de protection et épuisés à poursuivre des politiques nationales et protectionnistes à
courte vue : c’était la non-Europe. Le « Rapport Cecchini » avait chiffré les coûts de cette non-
Europe à environ 200 milliards d’Ecus, coûts résultant du cloisonnement des marchés et de la
fragmentation des efforts. Un exemple éclairant : les seuls coûts imputables à l’existence de
frontières intérieures (contrôles, formalités administratives et délais d’attente imposés au
passage des postes de douane intracommunautaires) avaient été estimés à un montant situé entre
13 et 24 milliards d’Ecus.

Les conséquences de cette non-Europe ne tardèrent pas à éclater au grand jour : perte de
croissance et de compétitivité dans les secteurs des technologies nouvelles
(télécommunications, informatique, transports, chimie) ; stagnation dans les secteurs
traditionnels (textile, habillement, agro-alimentaire) ; faible croissance industrielle ; chômage
en augmentation constante.

2. — Le « livre blanc » de 1985 et sa mise en œuvre

Il fallait renverser la tendance, sortir la Communauté du cercle vicieux « protectionnisme-crise


économique » dans lequel elle s’était fourvoyée, redonner confiance aux opérateurs, relancer
les investissements. Pour ce faire, il fallait libérer le marché européen de ses barrières
physiques, techniques et fiscales et instaurer de nouvelles règles du jeu.

Un objectif aussi ambitieux devait, pour réussir, se doter d’un programme et d’instruments
appropriés. Les institutions furent à la hauteur de leurs ambitions : le 14 juin 1985, la
Commission européenne publiait son programme d’action sous forme d’un « Livre blanc pour
l’achèvement du marché intérieur »; les 28 et 29 juin, le Conseil européen l’approuvait et
chargeait la Conférence intergouvernementale de commencer immédiatement les travaux pour
l’élaboration de l’Acte Unique Européen. Celui-ci était signé le 17 février de l’année suivante.

8
Moins de douze mois pour lancer un projet, préparer un programme aussi ambitieux,
l’approuver, entamer les travaux, élaborer et signer un Traité !

Le « Livre blanc » conjugue la « déréglementation organisée » (fondée sur la reconnaissance


mutuelle) avec un programme législatif minimal et souple : environ 300 nouvelles
réglementations pour adapter le très vaste environnement économico-social, fiscal, douanier,
financier et monétaire des entreprises aux exigences du marché unifié. Quoique à première vue
impressionnant, ce chiffre ne couvre que 15 % des secteurs examinés. Pour le surplus,
l’approche suivie participe d’un libéralisme économique organisé et se fonde sur l’autogestion
de l’entreprise et l’application du principe de la reconnaissance mutuelle. La mise en œuvre de
ce programme, qui n’impliquera aucune charge budgétaire supplémentaire pour les États
membres, mais uniquement des profits, recueillera l’approbation politique sans réserves et le
plein appui du monde industriel.

Depuis le 1er janvier 1993, nous bénéficions d’un grand espace économique unifié, de plus en
plus homogène, qui permet aux citoyens et aux entreprises de toucher du doigt, dans leur vie
quotidienne une Europe concrète où l’on peut, sans restrictions, circuler, dialoguer,
communiquer, échanger : les citoyens de la Communauté peuvent se déplacer sans entraves,
s’établir dans le pays de leur choix et, de ce fait, rechercher de meilleures possibilités d’emploi,
de meilleures conditions de vie et de travail. Les entreprises ont l’opportunité d’investir dans
un espace économique de 370 millions de consommateurs, favorisées qu’elles sont par la mise
en œuvre du principe de la reconnaissance mutuelle et par une série de réglementations
harmonisées ; les opérateurs économiques ont le droit d’échanger leurs produits et leurs services
dans tout autre État membre sans subir les tracasseries administratives, douanières, fiscales,
techniques et financières du passé.

Bien qu’il reste beaucoup de lacunes à combler et de nombreuses zones d’ombre à éclairer, les
résultats économiques officiels sont sans doute importants : deux millions et demi de nouveaux
emplois créés ; 877 milliards d’euros de richesse supplémentaire ; la part des échanges
intracommunautaires par rapport au volume global des échanges des États membres passant de
22 % à environ 70 % ; quadruplement des investissements étrangers dans la Communauté.

9
C’est une Europe plus libre. Son immense potentiel économique et technologique, paralysé par
des siècles de divisions internes, a été délivré des contraintes du passé. L’Europe du Marché
unique a acquis cette dimension continentale qui lui donne la maîtrise de son avenir.

3. — Au cœur du projet européen de Jean Monnet

S’il est vrai que les résultats économiques atteints par la création d’un grand espace unifié sont
importants, il n’en demeure pas moins que le Marché intérieur constitue non pas uniquement
une réalité économique, mais aussi, et surtout, la réalisation d’un grand dessein politique.

Il se situe en effet, au cœur du projet européen de Jean Monnet. En proposant aux pays
européens un pacte de solidarité (la mise en commun des productions du charbon et de l’acier,
les deux instruments de guerre qui avaient par le passé entraîné ces pays dans des luttes
fratricides) Jean Monnet a accompli un geste sans précédent, que l’on a considéré aussi
révolutionnaire que la pensée d’Einstein et de Copernic, geste qui a changé le cours de l’Histoire
: le vainqueur qui tend la main au vaincu et lui propose de partager les biens qui les avaient
divisés par le passé et de former une Communauté de libertés, respectueuse des identités
nationales et dotée d’une institution indépendante qui défende l’intérêt commun.

Il y a donc continuité entre le dessein politique de Jean Monnet et le projet conçu en 1985 par
Jacques Delors. L’Acte de naissance de l’Europe communautaire, issu du projet de Jean
Monnet, ne constitue pas un simple projet technico-économique, mais un véritable dessein
politique. Ceux qui, aujourd’hui encore, affirment que la construction européenne a commencé
par une forme de « coopération technico-économique » (nous trouvons une phrase de ce genre
dans la Déclaration du Sommet de Laeken du 14 décembre 2001) confondent l’instrument
retenu, qui est indubitablement économique, avec la finalité poursuivie, qui est
incontestablement politique.

Pour s’en convaincre, il suffit de lire la Déclaration du 9 mai 1950 : « L’Europe se fera par des
réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait (...). La mise en commun des
productions de charbon et d’acier assurera immédiatement l’établissement de bases communes
de développement économique, première étape de la Fédération européenne (...). Cette
proposition réalisera les premières assises concrètes d’une Fédération européenne (...) ».

10
Nous observons par ailleurs que, s’il n’en était pas ainsi, si la finalité du projet européen de Jean
Monnet avait été purement technicocommerciale, le « grand refus » opposé par les Britanniques
au projet de Jean Monnet le 10 mai 1950 serait en ce cas inexplicable. Enfin, le grand architecte
du projet européen n’a-t-il pas précisé lui-même que l’instrument choisi poursuit une finalité
politique bien précise ? Écoutons- le : « Il faudra ouvrir une brèche dans les dures murailles
des souverainetés nationales, une brèche suffisamment limitée pour rallier les consentements,
suffisamment profonde pour entraîner, par ses heureux résultats, les États par la même voie
progressive de l’unité par la paix ».

4. — Un espace sans frontières intérieures

L’article 8A du Traité CEE (introduit par l’Acte unique et devenu l’article 14 du Traité CE)
prévoit, entre autres, que « le Marché Intérieur comporte un espace sans frontières intérieures
dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux
est assurée (...) ».

L’élément novateur, nous dirions même « révolutionnaire », que l’Acte unique a introduit dans
la notion de « Marché commun » tel que prévu par le Traité CEE, est constitué précisément par
la suppression des frontières intérieures existantes entre les États membres et, par conséquent,
par le démantèlement des servitudes douanières, fiscales, administratives, techniques, etc.
qu’elles impliquent.

La suppression des frontières intérieures ne relevait donc ni d’un idéalisme lié au souci des
apparences, ni de l’affirmation de principes abstraits. Elle répondait à une double motivation
qui est à la fois d’ordre économique et politique. D’une part, ces frontières affectaient tout aussi
gravement l’industrie, le commerce et les affaires, car elles entraînaient des délais
supplémentaires, des formalités et des frais, augmentant les coûts et réduisant ainsi la
compétitivité des secteurs concernés ; d’autre part, ces frontières constituaient pour le citoyen
communautaire la manifestation la plus éclatante de la division persistante de la Communauté,
qui reste bien éloignée de la Communauté plus large et plus profonde voulue par les Traités
originaires.

11
Tant que des frontières intérieures ont subsisté entre nos États membres, nous avons gardé le
symbole de nos divisions et le souvenir des luttes fratricides du passé, d’une Europe qui restait
éloignée de ses aspirations profondes et ne concernait que bureaucrates et hommes d’affaires.

L’on peut comprendre ce sentiment en ouvrant le « cahier des doléances » d’un passé non
lointain dans lequel sont consignées les tracasseries que subissaient les entreprises et les
citoyens lorsqu’ ils franchissaient les frontières intracommunautaires et se trouvaient soumis à
des contrôles vexatoires opérés par les douaniers nationaux. Déjà vitupérés à l’époque biblique,
cités au rang de pécheurs dans le Nouveau Testament, ces publicains des temps modernes
appliquaient parfois avec une minutie tatillonne, pédante et autoritaire, des textes archaïques,
véritables reliques de l’âge précommunautaire.

Reste gravée dans notre mémoire, l’image de contrôles opérés aux frontières par certains
douaniers particulièrement zélés : nous les voyons encore, acteurs inimitables de saynètes
improvisées, en train de feuilleter convulsivement des répertoires crasseux de la délinquance
commune, jeter des regards torves sur les malchanceux du moment, les soumettre à des
interrogations dignes de la Sainte Inquisition. Ces considérations expliquent pourquoi la
réalisation du Marché unique européen ne s’identifiait pas, aux yeux de l’opinion publique,
avec l’adoption des 300 actes normatifs du Livre blanc, mais, incontestablement, avec la
suppression des frontières intérieures et des contrôles qu’elles perpétuaient.

Or, si la suppression des frontières intérieures était un fait unanimement accepté en ce qui
concerne les marchandises, tel ne fut pas le cas en ce qui concerne les personnes. Les réticences
politiques bien connues de certains États membres à réaliser un espace européen unifié qui
dépasse sa dimension économique, avaient bloqué pendant longtemps toute initiative visant à
aller de l’avant. Les solutions de compromis furent rejetées, et parmi elles, celle connue sous la
dénomination de « voie Bangemann », du nom du vice-président M. Bangemann, responsable
à l’époque du Marché intérieur, qui la lança sur le tapis des négociations pour sortir de l’impasse
des discussions stériles : elle consistait en la création, aux points de passage entre les territoires
des États membres, de « voies » réservées aux citoyens communautaires. Ces derniers auraient
traversé ces points sans contrôles d’identité, en exhibant tout simplement, sans la livrer, leur
pièce d’identité, sorte de déclaration sous-entendant « Civis europaeus sum ».

12
Une avant-garde d’États décidèrent cependant d’aller de l’avant. Le 14 juin 1985 les pays du
Benelux, la France et l’Allemagne signaient à Schengen l’Accord éponyme relatif à la
suppression des contrôles aux frontières. Le 16 juin 1990, les cinq pays précités (auxquels se
sont ajoutés par la suite progressivement tous les autres pays de l’Union à l’exception du
Royaume-Uni et de l’Irlande), signaient la Convention d’application de cet Accord, convention
qui consacre le principe de la suppression des contrôles aux frontières intérieures pour toutes
les personnes et énumère les mesures d’accompagnement nécessaires. Enfin, l’incorporation de
« l’acquis de Schengen » dans l’ordre juridique communautaire par un Protocole annexé au
Traité d’Amsterdam, a permis de dégager un ordre juridique bien structuré : la liberté de
circulation et de séjour des citoyens occupe désormais sa place constitutionnelle dans le premier
pilier de l’Union européenne.

A. MATTERA
Conseiller spécial du Président de la Commission européenne
Professeur de droit du Marché intérieur européen au Collège d’Europe à Bruges et à
l’Université « LUISS-G. Carli » de Rome

13
DOCUMENT 4 : BLUMANN C. (dir)., Introduction au marché intérieur. Libre circulation des marchandises

14
15
16
17
18
DOCUMENT 5 : CJCE, 10 décembre 1968, Commission c. République italienne

1. Sur le champ d’application de la taxe litigieuse

Attendu qu’en fondant son recours sur l’article 16 du Traité, la Commission considère les biens
de caractère artistique, historique, archéologique ou ethnographique, qui font l’objet de la loi
italienne du 1er juin 1939, n°1089, comme tombant sous l’application des dispositions relatives
à l’Union douanière ;

Que cette façon de voir est contestée par la défenderesse qui estime que les biens en question
ne sauraient être assimilés aux « biens de consommation ou d’usage général » et ne seraient
donc pas soumis aux dispositions du traité applicables aux « biens du commerce commun » ;

Qu’à ce titre, ils échapperaient à la règle de l’article 16 du traité ;

Attendu qu’aux termes de l’article 9 du traité, la Communauté est fondée sur une Union
douanière « qui s’étend à l’ensemble des échanges de marchandises ».

Que par marchandises, au sens de cette disposition, il faut entendre les produits appréciables en
argent et susceptibles, comme tels, de former l’objet de transactions commerciales ;

Que les produits visés par la loi italienne, quelles que soient par ailleurs les qualités qui les
distinguent des autres biens du commerce, partagent cependant avec ces derniers la
caractéristique d’être appréciables en argent et de pouvoir ainsi former l’objet de transactions
commerciales ;

Que cette façon de voir correspond d’ailleurs à l’économie de la loi italienne elle-même, qui
fixe la taxe litigieuse en fonction de la valeur des objets en question ;

Qu’il résulte des considérations ci-dessus que ces biens sont soumis aux règles du marché
commun, sous réserve des seules dérogations expressément prévues par le traité.

19

Vous aimerez peut-être aussi