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MP2I À RENDRE LE 02.06.

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DEVOIR MAISON 22
Vous traiterez au choix l’un ou l’autre des deux problèmes suivants, le second étant plus difficile.
▶ Exercice : deux calculs de déterminant
Partie I. Échauffement
2
©1 2(1 + 𝑎 1 ) 3(𝑎 1 + 𝑎 1 ) . . . 𝑛(𝑎 1 + 𝑎 1 ) ª
𝑛−2 𝑛−1
­1 2(1 + 𝑎 2 ) 3(𝑎 2 + 𝑎 2 ) . . . 𝑛(𝑎𝑛−2 + 𝑎𝑛−1 ) ®
­ 2 2 2 ®

­. .. .. .. ®
Soit 𝑛 ∈ N , et soit 𝑎 1, . . . , 𝑎𝑛 des réels. On pose 𝐴 = ­ .
­ . . . . ®
®
­ .. .. .. .. ®
­. . . . ®
­ ®
1 2(1 + 𝑎 ) 3(𝑎 + 𝑎 2 ) . . . 𝑛(𝑎 𝑛−2 + 𝑎 𝑛−1 )
« 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 𝑛 ¬
Calculer det(𝐴), puis en déduire une condition nécessaire et suffisante pour que 𝐴 soit inversible.

Partie II.
Pour 𝑛 ∈ N∗ , et 𝑃 ∈ R𝑛−1 [𝑋 ], on pose

𝑃 (1) 𝑃 (2) . . . 𝑃 (𝑛)

𝑃 (2) 𝑃 (3) . . . 𝑃 (𝑛 + 1)

Ω𝑛 (𝑃) = . .. .. ..
.. .
. .
𝑃 (𝑛) 𝑃 (𝑛 + 1) . . . 𝑃 (2𝑛 − 1)

qui est donc le déterminant d’une matrice de M𝑛 (R).


R𝑛−1 [𝑋 ] −→ R𝑛−1 [𝑋 ]
1. On note Δ : .
𝑃 ↦−→ 𝑃 (𝑋 + 1) − 𝑃 (𝑋 )
a. Montrer que Δ est un endomorphisme de R𝑛 [𝑋 ].
b. Calculer Δ(𝑋 𝑘 ) pour 𝑘 ∈ ⟦0, 𝑛 − 1⟧, puis en déduire, pour tout 𝑃 ∈ R𝑛−1 [𝑋 ], le degré et le coefficient
dominant de Δ(𝑃) en fonction de ceux de 𝑃.
c. Déterminer le noyau et l’image de Δ.
d. Prouver que Δ est nilpotent, et calculer son indice de nilpotence.
𝑛−1
∑︁
Soit 𝑃 = 𝑎𝑘 𝑋 𝑘 ∈ R𝑛−1 [𝑋 ], et soit alors 𝑓 : R → R qui à 𝑥 ∈ R associe
𝑘=0

𝑃 (1)
𝑃 (2) ... 𝑃 (𝑛 − 1) 𝑃 (𝑥)


𝑃 (2)
𝑃 (3) ... 𝑃 (𝑛) 𝑃 (𝑥 + 1)


.. .. .. ..

𝑓 (𝑥) =
. . .
.
𝑃 (𝑛 − 1) . . . 𝑃 (2𝑛 − 3) 𝑃 (𝑥 + 𝑛 − 2)

𝑃 (𝑛)


𝑃 (𝑛) 𝑃 (𝑛 + 1) . . . 𝑃 (2𝑛 − 2) 𝑃 (𝑥 + 𝑛 − 1)

2. Exprimer Ω𝑛 (𝑃) à l’aide de la fonction 𝑓 .


𝑛−1
Ö
3. Justifier qu’il existe un réel 𝛼 tel que pour tout 𝑥 ∈ R, 𝑓 (𝑥) = 𝛼 (𝑥 − 𝑘).
𝑘=1
4. En réalisant les opérations 𝐿1 ← 𝐿1 − 𝐿2, 𝐿2 ← 𝐿2 − 𝐿3, . . . , 𝐿𝑛−1 ← 𝐿𝑛−1 − 𝐿𝑛 sur le déterminant 𝑓 (𝑥),
prouver que 𝛼 = (−1)𝑛−1𝑎𝑛−1 Ω𝑛−1 Δ(𝑃) , puis que


Ω𝑛 (𝑃) = (−1)𝑛−1 (𝑛 − 1)!𝑎𝑛−1 Ω𝑛−1 Δ(𝑃) .




5. En déduire une formule donnant Ω𝑛 (𝑃) en fonction 𝑛 et de 𝑎𝑛−1 .

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▶ Problème : une preuve algébrique du théorème de d’Alembert-Gauss

Le but de ce problème est de prouver le théorème de d’Alembert-Gauss qui, rappelons-le, stipule que tout
polynôme non constant à coefficients complexes possède au moins une racine complexe.
L’usage de ce théorème ou de ses conséquences (notamment le fait que tout polynôme à coefficients complexes
est scindé) est donc strictement interdit.
En revanche, on s’autorisera à utiliser le fait qu’un polynôme à coefficients complexes de degré inférieur ou
égal à 2 possède au moins une racine complexe, résultat dont la preuve a été donnée en cours par des moyens
élémentaires.

En l’absence de précisions, la lettre K désigne indifféremment l’un ou l’autre des deux corps R ou C.

Partie I. Valeurs propres et polynôme caractéristique


Dans cette partie, 𝐸 désigne un espace vectoriel sur K de dimension finie 𝑛 ⩾ 1.
1. Soit 𝐴 ∈ M𝑛 (K). Montrer que l’application définie sur K par 𝑡 ↦→ det(𝐴 − 𝑡𝐼𝑛 ) est polynomiale, de degré
𝑛, et de coefficient dominant égal à (−1)𝑛 .
Puisque K est un corps infini, on peut identifier polynômes et fonctions polynomiales, donc il existe un polynôme
𝜒𝐴 de degré 𝑛, de coefficient dominant (−1)𝑛 , tel que pour tout 𝑡 ∈ K, 𝜒𝐴 (𝑡) = det(𝐴 − 𝑡𝐼𝑛 ). Ce polynôme 𝜒𝐴 est
appelé le polynôme caractéristique de 𝐴.
Si 𝑓 est un endomorphisme de 𝐸 on dit qu’un scalaire 𝜆 ∈ K est valeur propre de 𝑓 si 𝑓 − 𝜆id𝐸 n’est pas bijective.
Si 𝐴 ∈ M𝑛 (K) est une matrice carrée, un scalaire 𝜆 ∈ K est appelé valeur propre de 𝐴 si 𝐴 − 𝜆𝐼𝑛 n’est pas
inversible.
2. Montrer que 𝜆 ∈ K est valeur propre de 𝐴 si et seulement si 𝜆 est racine du polynôme 𝜒𝐴 .
3. Soit 𝑓 ∈ L(𝐸), et soit B une base de 𝐸.
Montrer que 𝜆 ∈ K est valeur propre de 𝑓 si et seulement si 𝜆 est valeur propre de 𝐴 = MatB (𝑓 ).
4. Montrer que 𝜆 ∈ K est valeur propre de 𝑓 si et seulement si il existe 𝑥 ∈ 𝐸 non nul tel que 𝑓 (𝑥) = 𝜆𝑥.
Si 𝑓 ∈ L(𝐸), on appelle vecteur propre de 𝑓 tout vecteur non nul 𝑥 ∈ 𝐸 tel qu’il existe 𝜆 ∈ K tel que 𝑓 (𝑥) = 𝜆𝑥.
Par la question précédente, un tel 𝜆 est nécessairement une valeur propre de 𝑓 , et si 𝑓 admet des valeurs propres,
alors il admet des vecteurs propres.

Si 𝐴 ∈ M𝑛 (K), on appelle vecteur propre de 𝐴 tout vecteur 𝑋 ∈ M𝑛,1 (K) non nul pour lequel il existe 𝜆 ∈ K
tel que 𝐴𝑋 = 𝜆𝑋 .

Partie II. Premiers résultats


5. Montrer que tout polynôme à coefficients réels de degré impair possède au moins une racine réelle.
6. En déduire que tout endomorphisme d’un espace vectoriel réel de dimension impaire possède au moins
une valeur propre.
7. Soit 𝐸 un K-espace vectoriel de dimension finie 𝑛 ⩾ 1 et soient 𝑢, 𝑣 deux endomorphismes de 𝐸 qui
commutent (i.e. tels que 𝑢 ◦ 𝑣 = 𝑣 ◦ 𝑢).
a. Montrer que pour tout 𝜆 ∈ K, Ker(𝑢 − 𝜆id𝐸 ) et Im(𝑢 − 𝜆id𝐸 ) sont stables par 𝑢 et par 𝑣.
b. Montrer que si K = R et si 𝑛 est impair et distinct de 1, alors 𝐸 possède au moins un sous-espace
vectoriel strict (c’est-à-dire différent de 𝐸) de dimension impaire, et stable par 𝑢 et par 𝑣.
8. Montrer par récurrence sur la dimension que deux endomorphismes qui commutent d’un R-espace
vectoriel de dimension finie impaire possèdent au moins un vecteur propre en commun.

Partie III. Endomorphismes d’un C-espace vectoriel de dimension impaire


n o
Dans cette partie, 𝑛 est un entier impair, et on note F = 𝑀 ∈ M𝑛 (C) | 𝑀 ⊤ = 𝑀 , où pour toute matrice
𝑀 = (𝑚𝑖,𝑗 )1⩽𝑖,𝑗 ⩽𝑛 ∈ M𝑛 (C), on note 𝑀 = 𝑚𝑖,𝑗 1⩽𝑖,𝑗 ⩽𝑛 ∈ M𝑛 (C).


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9. Montrer que F est un R-espace vectoriel.
10. Prouver que la famille constituée de 𝐸 1,1, 𝐸 2,2, . . . , 𝐸𝑛,𝑛 , 𝐸𝑘,ℓ + 𝐸 ℓ,𝑘 , 𝑖 (𝐸𝑘,ℓ − 𝐸 ℓ,𝑘 ) pour 1 ⩽ 𝑘 < ℓ ⩽ 𝑛 est une
base de F. En déduire la dimension de F et sa parité.
11. Soit 𝐴 ∈ M𝑛 (C). On note 𝑢 et 𝑣 les deux applications définies sur F par
1 ⊤
 1  ⊤

∀𝑀 ∈ F, 𝑢 (𝑀) = 𝐴𝑀 + 𝑀𝐴 , 𝑣 (𝑀) = 𝐴𝑀 − 𝑀𝐴 .
2 2𝑖
a. Montrer que 𝑢 et 𝑣 sont des endomorphismes de F.
b. Vérifier que 𝑢 et 𝑣 commutent, puis justifier qu’ils possèdent un vecteur propre en commun.
c. On note 𝑀0 ∈ F un vecteur propre commun à 𝑢 et 𝑣, et on suppose que 𝑢 (𝑀0 ) = 𝜆𝑀0 et que
𝑣 (𝑀0 ) = 𝜇𝑀0 , avec (𝜆, 𝜇) ∈ R2 .
Exprimer la matrice 𝐴𝑀0 en fonction de 𝑀0 et montrer soigneusement que 𝜆 + 𝑖𝜇 est une valeur
propre de 𝐴.
12. a. Justifier que tout endomorphisme d’un espace vectoriel complexe de dimension impaire possède au
moins une valeur propre.
b. Montrer par récurrence sur la dimension que deux endomorphismes qui commutent d’un C-espace
vectoriel 𝐸 de dimension impaire possèdent au moins un vecteur propre en commun.

Partie IV. Étude du cas général


On rappelle que tout entier naturel 𝑛 ∈ N∗ s’écrit de manière unique sous la forme 𝑛 = 2𝑘 𝑝 où 𝑘 = 𝑣 2 (𝑛) ∈ N et
𝑝 est un entier impair.
On considère alors la propriété P𝑘 suivante :
Pour tout entier naturel impair 𝑝, et tout C-espace vectoriel 𝐸 de dimension 2𝑘 𝑝 :
(i) tout endomorphisme de 𝐸 possède au moins une valeur propre
(ii) deux endomorphismes de 𝐸 qui commutent possèdent au moins un vecteur propre commun.
On souhaite dans la suite prouver par récurrence sur 𝑘 que P𝑘 est vraie pour tout 𝑘 ∈ N.
La partie précédente a prouvé que P0 est vraie.
Soit donc 𝑘 ∈ N∗ , et supposons que Pℓ est vraie pour tout entier naturel ℓ < 𝑘.
Soit 𝑝 un entier naturel impair et 𝐸 un C-espace vectoriel complexe de dimension 𝑛 = 2𝑘 𝑝.

Étude de l’assertion (𝑖) de P𝑘

Soit 𝑓 un endomorphisme de 𝐸. On note 𝐴 la matrice de 𝑓 dans une base B de 𝐸 et on note A𝑛 (C) le sous-espace
vectoriel de M𝑛 (C) formé des matrices antisymétriques : A𝑛 (C) = {𝑀 ∈ M𝑛 (C) | 𝑀 ⊤ = −𝑀 }.
On rappelle que A𝑛 (C) est de dimension (complexe) 𝑛 (𝑛−1)
2 .
13. On considère les deux applications 𝑢 et 𝑣 définies sur A𝑛 (C) par

∀𝑀 ∈ A𝑛 (C), 𝑢 (𝑀) = 𝐴𝑀 + 𝑀𝐴⊤ , 𝑣 (𝑀) = 𝐴𝑀𝐴⊤ .




a. Montrer que 𝑢 et 𝑣 sont deux endomorphismes de A𝑛 (C) qui commutent.


b. Justifier que 𝑢 et 𝑣 possèdent au moins un vecteur propre en commun.
c. On note 𝑁 0 ∈ A𝑛 (C) un vecteur propre commun à 𝑢 et 𝑣, et on suppose que 𝑢 (𝑁 0 ) = 𝜆𝑁 0 et
𝑣 (𝑁 0 ) = 𝜇𝑁 0 , avec (𝜆, 𝜇) ∈ C2 .
i. Vérifier que 𝐴2 − 𝜆𝐴 + 𝜇𝐼𝑛 𝑁 0 = 0𝑛 .


Dans la suite, on notera 𝑊 un vecteur colonne non nul de la matrice 𝑁 0 et on désignera par 𝛼 et 𝛽 les
racines complexes du polynôme 𝑋 2 − 𝜆𝑋 + 𝜇.
ii. Vérifier que (𝐴 − 𝛼𝐼𝑛 ) (𝐴 − 𝛽𝐼𝑛 )𝑊 = 0𝑛,1 .
iii. Justifier alors que 𝛼 ou 𝛽 est valeur propre de 𝐴 et conclure.

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Étude de l’assertion (𝑖𝑖) de P𝑘

Soient 𝑓 et 𝑔 deux endomorphismes de 𝐸 qui commutent. On cherche à prouver que 𝑓 et 𝑔 ont au moins un
vecteur propre commun.
14. Si 𝑓 est une homothétie de 𝐸, justifier que 𝑓 et 𝑔 ont au moins un vecteur propre commun.
15. Si 𝑓 n’est pas une homothétie de 𝐸, soit 𝜆 une valeur propre de 𝑓 . On sait que les sous-espaces vectoriels
𝐹 1 = Ker(𝑓 − 𝜆id𝐸 ) et 𝐹 2 = Im(𝑓 − 𝜆id𝐸 ) sont stables par 𝑓 et par 𝑔.
a. Si la dimension de l’un des deux sous-espaces vectoriels 𝐹 1 et 𝐹 2 s’écrit 2ℓ 𝑞, avec ℓ < 𝑘 et 𝑞 impair,
comment peut-on conclure ?
b. Sinon, justifier que l’un de ces deux sous-espaces vectoriels est de dimension 2𝑘 𝑞 avec 𝑞 impair, et
l’autre est de dimension 2𝑘 𝑟 avec 𝑟 pair.
Justifier alors que 𝑞 < 𝑝 et indiquer comment on pourrait montrer que les endomorphismes 𝑓 et 𝑔
ont au moins un vecteur propre commun.
On se contentera (pour une fois) de décrire les grandes lignes et pas forcément toute la démonstration.

Partie V. Retour au théorème de d’Alembert-Gauss


𝑛−1
∑︁
Soit 𝑃 = 𝑋 𝑛 − 𝑎𝑘 𝑋 𝑘 un polynôme unitaire de degré 𝑛 ⩾ 2 à coefficients complexes.
𝑘=0
Soit 𝑓 l’endomorphisme de C𝑛 canoniquement associé à la matrice

©0 0 . . . 0 𝑎 0 ª
­1 0 . . . 0 𝑎 1 ®
­ ®
­ . . . .. .. ®®
𝐴 = ­0
­ . . . . . ®.
­ .. . . ®
­.
­ . 1 0 𝑎𝑛−2 ®®
«0 . . . 0 1 𝑎𝑛−1 ¬
16. Calculer le polynôme caractéristique de la matrice 𝐴.
17. Justifier alors que 𝑃 possède au moins une racine complexe. Conclure.

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