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CORRECTION ESSAI

SUJET : Les identités différentes peuvent-elles faire obstacle à la vie en société ?


Vous répondez à cette question dans un développement organisé.

Partout dans le monde, des tensions, voire des conflits ou des guerres sont causés par des
questions identitaires. La langue, l’ethnie, la religion sont autant de prétextes pour persécuter
son voisin. On peut ainsi se demander si des identités différentes ne sont pas des obstacles à la
vie en société. Nous verrons d’abord qu’elles peuvent être l’occasion de crises, et parfois
d’atrocités. Nous verrons ensuite que cette diversité doit nous inciter à la tolérance, et non au
repli sur soi ou à la violence.
L’autre est souvent vécu comme une menace. Amin Maalouf évoque, dans Les Identités
meurtrières, les « conflits identitaires ». Les différentes religions, ethnies, nations sont aux
sources de la plupart des conflits. Par ailleurs, de manière assez perverse, les groupes persécutés
peuvent, au fil du temps, devenir à leur tour des bourreaux. Ils ne parviennent pas toujours à voir
que les atrocités qu’ils ont subies, dans le passé, sont celles qu’ils infligent à leur tour : l’autre, à
leurs yeux, est forcément menaçant et coupable. Ce poids de l’histoire peut paralyser la
communauté internationale, qui ne parvient pas toujours à s’opposer aux massacres. C’est ce qui
s’est passé, par exemple, au Rwanda, en 1994. Il semble impossible de bâtir une société
harmonieuse, dans ces conditions.
Dès lors, on peut éprouver la tentation de se séparer des « autres », de se replier, de ne
rester qu’avec les personnes pratiquant une même religion, ayant la même langue, la même
appartenance ethnique. Ainsi, en 1620, les « Pères pèlerins », des dissidents religieux anglais,
fuient les persécutions dont ils sont les victimes, en Angleterre. Ils embarquent sur le Mayflower
et s’installent en Amérique afin de pratiquer librement leur religion. De même, de nos jours,
nombreux migrants fuient les massacres perpétrés par les « autres » qui n’ont pas le même culte
ou la même langue. Parallèlement, certains pays bâtissent des murs afin de se protéger contre
des « autres » qu’ils jugent menaçants. Aucune vie en société ne leur paraît possible, tant les
identités sont différentes.
On ne peut guère douter que les différentes identités sont la cause de nombreuses
horreurs dans le monde. On peut comprendre la tentation de la fuite ou du repli. Or, cette fuite
n’est pas toujours possible, et le repli apparaît comme une solution à la fois égoïste et
dangereuse.
La vie en société a tout à gagner à accepter les différentes identités plutôt qu’à les refuser.
Dans L’Ingénu et le Traité sur la tolérance, Voltaire montre comment la France du XVIIIe siècle
se déchire à cause de la religion : les catholiques persécutent les protestants, les catholiques
s’attaquent entre eux, et emprisonnent les jansénistes. Les chrétiens, les musulmans et les
bouddhistes se font également la guerre. Or, ils s’opposent sur des points « imperceptibles ». Les
hommes sont « des petites fourmis » qui ne devraient pas s’entretuer pour des détails de dogmes
et de « jargon ». Ainsi, une société est bien plus harmonieuse lorsque les « autres » sont tolérés
et respectés plutôt que méprisés ou combattus.
Surtout, lorsque des personnes différentes cohabitent dans une même société, « l’autre »
et le « même » ne restent pas figés, ils se mélangent. Les traditions, les coutumes, les vêtements,
la cuisine, la musique, les arts peuvent se mêler. Ainsi, les œuvres de Jean-Michel Basquiat, par
exemple, présentent des éléments new-yorkais, mais aussi haïtiens et africains. Les religions
même peuvent parfois fusionner. Au Brésil, le candomblé fusionne des éléments du culte
catholique, des rites indigènes et de certaines croyances africaines. Loin d’être un obstacle, les
identités différentes peuvent être une chance pour la société.
Les différentes identités peuvent constituer des obstacles à la vie en société à cause de la
tentation de se replier sur soi ou pire encore, de persécuter l’autre. La tolérance est une attitude
moins égoïste et, surtout, moins dangereuse. Respecter les différences peut permettre une
coexistence pacifique, sinon harmonieuse. Plus encore, ces différentes identités influencent la
société : l’autre, n’est plus un obstacle, mais une richesse.

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