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Lengua Francesa IX (C1+) 2021-2022 UGR Ariane Ruyffelaert

UNITÉ 2. / UNITÉ 5.
Immigration, intégration,
diversité, identité
L’Europe dans le monde actuel

Thèmes :

 L’immigration
 L’intégration
 La diversité
 L’identité
 L’Europe dans le monde actuel

Objectifs généraux :

 Être capable de comprendre des articles de presse authentiques sur des thèmes d’actualité
concernant l’immigration, l’intégration, la diversité et l’identité
 Être capable de comprendre des locuteurs natifs dans des reportages authentiques
 Être capable de résumer un reportage ou des textes assez longs sur un des thèmes
d’actualité
 Être capable de donner son opinion lors d’une discussion, d’un débat

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Lengua Francesa IX (C1+) 2021-2022 UGR Ariane Ruyffelaert

INTRODUCTION

La citoyenneté interculturelle

I. Avez-vous une idée de ce que veut dire être un/une citoyen/citoyenne


interculturel/interculturelle ?1
Agir de manière interculturelle signifie comprendre qu'une diversité bien gérée et une
interaction positive entre différentes cultures peuvent être un avantage. Cela va au-delà
de la simple acceptation des différentes cultures, car il célèbre à la fois les différences et les
similitudes entre elles, comme quelque chose qui peut rendre plus fortes les communautés.
Cela ne signifie bien sûr pas qu’il s'agisse uniquement de faire l’éloge de cultures nouvelles ou
étrangères, mais aussi d’honorer les aspects traditionnels et locaux de la culture.
L’interculturalisme s’intéresse aux rapports entre ces derniers et les nombreuses composantes
qui caractérisent une communauté. Ainsi, entre autres, la nationalité, l'origine ethnique, la langue,
l’identité de genre et l’orientation sexuelle, et les croyances religieuses.
Dans les sociétés modernes construites sur la diversité, la citoyenneté concerne la façon dont
nous nous engageons au-delà des différences culturelles dans nos communautés et nos
espaces publics, la manière de vivre la diversité de manière positive. Il s’agit de la façon dont
nous nous mettons en rapport les uns avec les autres au quotidien pour travailler, apprendre et
nous distraire. Fait plus important encore, il s’agit de la manière dont nous préservons ou nous
faisons évoluer activement nos communautés en tenant compte des différents points de vue qui
sont les nôtres. C’est là un aspect des droits, des obligations, des comportements que nous avons
les uns envers les autres en tant qu'êtres humains et citoyens.

II. Travail en groupe. Test de citoyenneté interculturelle.

Le test de citoyenneté interculturelle vise à accroître les connaissances et la sensibilisation


aux droits de l’homme, la compétence interculturelle, la perception de la diversité
comme un avantage, ainsi que la volonté d’agir de manière interculturelle.
En petits groupes de 3 personnes, passez le test de citoyenneté interculturelle en ligne2. Cet outil
ne se contente pas de tester votre niveau de citoyenneté interculturelle. Il est aussi matière à
réflexion et donne des références utiles. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses à ce
test. Ce test vous apportera des éléments de réflexion utiles et qu’il sera l’occasion d’en
apprendre plus sur vous-même.
Il comporte 18 questions au total et 6 questions personnelles supplémentaires et 2 questions sur
votre retour d’expérience à la fin.
Faites un bilan pour vous-même.

1 https://www.coe.int/fr/web/interculturalcities/icc-test
2 https://www.surveymonkey.com/r/interculturalcitizenshiptest?lang=fr

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L’IDENTITÉ

Podcast : Kiffe ta race (2018)3

Podcast animé par Grace Ly et Rokhaya Diallo.


D’où vient le tabou autour de la question raciale en France ? D’où vient la prise de
conscience de sa différence quand on est Noir.e, Asiatique ou Arabe ? D’où vient l’idée de
ce podcast, son nom, notre envie d’aborder les questions raciales ? Pour ce premier épisode,
on vous explique pourquoi on kiffe nos races : « Kiffe ta race », pourquoi ce titre ? Pour sa
signification dans le langage courant. En effet, « kiffer » signifie aimer et « sa race » est une
expression employée comme un superlatif, un complément d’intensité, qui n’a aucun rapport
avec la question raciale. « Kiffer sa race » s’entend donc comme « aimer énormément ».
Employer une expression positive très éloignée des discriminations liées à l’origine ou la
couleur de peau pour nommer un podcast qui traite justement de ces questions en relève pas
que de la provocation mais surtout de notre engagement dans un mouvement antiraciste. Il
permet de souligner le malaise qui entoure le mot « race » lui-même, son absence du débat
public, le refus de la société d’envisager les discriminations raciales en les nommant.
Les races, ça existe ? Les races biologiques n’existent pas, et la seule race existante au sens
scientifique du terme est la race humaine. Cette égalité biologique n’empêche pas une
diversité de groupes ethniques, identiques biologiquement mais traités différemment par une
société où la norme sociale dominante est blanche, comme c’est le cas en France encore en

3 https://open.spotify.com/show/5yfcQTCZnQGH6PSnW2c6R4

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2018. Les personnes non-blanches vivent des situations où leur différence est signifiée,
rappelée, mentionnée que ce soit consciemment ou inconsciemment. C’est précisément parce
que la société distingue dans les faits des personnes selon leur origine et leur couleur de peau
que nous voulons avec ce podcast parler de l’expérience quotidienne et du vécu des
personnes non-blanches, et déconstruire cette norme invisible du “blanc” qui définit par
opposition toutes les autres carnations.
Pourquoi la question raciale est un tabou en France ? Le terme race en France reste
communément associé aux théories racistes de supériorité de races supposées sur d’autres
races, qui ont justifié des décennies de domination de groupes sur des autres. Aujourd’hui,
l’absence de vocabulaire historiquement moins chargé rend notre société aveugle aux
discriminations liées à l’origine ou la couleur de peau. Elle se veut “color blind”, dans un
universalisme très français qui affirme l’égalité de tous les citoyens. Refuser de nommer la
différence c’est déjà la nier, et renforcer l’avantage des personnes se rapprochant le plus de
la norme dominante. Parler de question raciale, ce n’est pas construire des catégories selon
les couleurs de peau et remettre en question l’égalité de chacun. C’est tenir compte des
différences des un.e.s et des autres, dans un souci d’équité, pour réduire les inégalités.

Épisode 1. « Tu viens d’où ? »4 (40’34’’)

Écoutez les 30 premières minutes du premier épisode et prenez des notes des idées
essentielles. Discussion en groupe.

4 https://open.spotify.com/episode/7rRSicnRfCFPgIIfAHgEGw

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Devoir
Choisissez un des épisodes ci-dessous et écoutez-le à la maison. Prenez des notes.

a) Épisode « Nos parents »5 (40’06’’)


Ne pas être né dans le même pays que ses parents, c’est grandir
entre deux mondes. Les enfants d’immigrés naviguent au
quotidien dans des cultures souvent contradictoires, le fossé
culturel s’ajoute alors au fossé générationnel. Les habitudes, la
langue et les traditions sont différentes à la maison et dehors,
une position en marge qui peut devenir une force avec le temps. Comment se construire avec
une double culture ? Comment gérer le regard des autres ? Pour répondre à ses questions,
Fatima Aït Bounoua rejoint Grace Ly et Rokhaya Diallo. Elles témoignent ensemble de leurs
souvenirs d’enfance et d’adolescence en tant que filles d’immigrés.

b) Épisode « Être noire et arabe »6 (40’06’’)


Les Blanc.he.s, les Noir.e.s, les Roms, les Arabes… les
minorités sont perçues comme des catégories
imperméables les unes aux autres. De nombreuses
personnes ne sont pas réductibles à un seul groupe et
peuvent cocher plusieurs cases. Comment assumer son
identité plurielle ? Comment lutter contre ce besoin de tout
étiqueter ? Grace Ly et Rokhaya Diallo reçoivent Samira Ibrahim, journaliste à France Médias
Monde. Français née au Liban, de mère égyptienne et de père soudanais, elle est victime de
négrophobie dans les pays arabes et est considérée comme « une jolie noire aux traits très
blancs » en Europe.

c) Épisode « De quoi le voile est-il le nom ? »7 (45’42’’)


Synonyme d’oppression pour certain-e-s, expression de la liberté
de culture pour d’autres, l’évoquer revient à ouvrir la boîte de
Pandore. Le débat public autour des différents foulards portés
par les musulmanes, réduits au terme de voile, se cristallise
souvent sur son interdiction ou non.
En quoi réguler le port du foulard peut aller à l’encontre de la
liberté des femmes à disposer elles-mêmes de leurs corps ? Comment certains arguments de
ses détracteur-rice-s relèvent de l’islamophobie ou du sexisme ?
Grace Ly et Rokhaya Diallo reçoivent Nadiya Lazzouni, journaliste, productrice et fondatrice
du Speak Up Channel, un média créé en 2017. À travers son expérience, elle explique ce qui,
selon elle, est à l’origine de cette obsession française.

5 https://open.spotify.com/episode/6hgmhN3qOTzHbqYLBB8whn?si=LStaN48jRTehhqkNZTDD-g
6 https://open.spotify.com/episode/3wvSEa3ttNgsewm41hK1SS?si=o43juffpTzOxojP5P5agUw
7 https://open.spotify.com/episode/0IZGCxWvEMtOoaWFUY0Ir3?si=PSDU-BHlS7qJculAMosPbg

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Questionnaire
1. Quels domaines vous paraissent-ils déterminer votre identité, et dans quelle mesure ?
2. Dans la définition de votre identité, quelles appartenances distinguez-vous, et dans
quelle mesure ?
3. Quels domaines constituent pour vous des facteurs de regroupement avec d’autres
personnes, des attaches affectives, des « mouvements », associations ou partis
politiques pour lesquels vous sympathisez (15M, mouvements écologiques,
Greenpeace… ?)

Mon identité, mes appartenances


plutôt OUI – plutôt NON
a. votre idéologie/pensée politique
b. votre famille
c. votre âge, la tranche d’âge où vous êtes
situé
d. l’époque où vous êtes né (l’ « air du
temps »)
e. la « culture » de votre communauté
(traditions, pratiques, comportements :
fêtes, traditions)
f. la région, la ville où vous êtes né
g. le pays où vous êtes né
h. votre race
i. votre religion
j. l’ethnie à laquelle vous appartenez
k. le sexe auquel vous appartenez
l. le(s) lieu(x) où on a vécu, les pays
qu’on a visités
m. votre profession, les études que vous
avez faites
n. vos passe-temps, hobbies, goûts (sport
que vous pratiquez, manière de passer
le temps, goût des voyages, musique,
cuisine, etc.)
o. la « tribu urbaine » (façon de vous
habiller, aspect extérieur, réseau de
connaissances ou d’amis…)

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p. la langue que vous parlez, les langues


que vous parlez
q. votre constitution physique (qui peut
ressentie comme un handicap ou
valeur plus ou moins marqués) :
grandeur/petitesse, grosseur/minceur,
surdité, malvoyance, force/faiblesse,
degré de beauté, etc.)
r. la façon d’être, la personnalité :
caractère, le tempérament
s. goûts gastronomiques (végétarien,
écologique)
t. existe-t-il d’autres composantes de
votre identité ?
Si oui, dites lesquelles…

Lecture : Documentaire « Vivre entre deux pays : les difficultés affectives


de la vie à l’étranger »8
Publié le 13/10/2020 - 09:26

Un film confronte les témoignages de jeunes expatriés espagnols qui vivent à


Londres aux analyses de psychologues spécialistes des processus émotionnels qui
marquent la vie à l’étranger “telle qu’on la vit vraiment”.

Adriana Páramo, 34 ans, a quitté sa Vigo natale [en Galice] il y a dix ans pour s’installer à
Londres, poussée “par la nécessité de [s]’améliorer”. Depuis lors, elle a fait des études de cinéma,
elle a travaillé dans l’audiovisuel, s’est fait des amis, est tombée amoureuse… Mais Adriana
ne se sent toujours pas britannique. Et quand elle retourne en Galice, elle n’a pas non plus
l’impression d’y être chez elle. Elle a toujours le sentiment d’être “entre deux émotions, entre deux
cultures, entre deux langues”, comme elle l’explique dans le documentaire Entre dos tierras [Entre
deux terres]. Un film qu’elle a produit et qui explore les difficultés affectives de la vie
à l’étranger.

Une exploration du “deuil migratoire”

Outre cette Galicienne, une vingtaine d’émigrés espagnols, pour la plupart des millennials (nés
à partir de 1980), racontent leur expérience de vie à Londres dans ce film réalisé par Javier
Moreno Caballero, et qui depuis le 1er octobre est proposé sur la plateforme Vimeo on
Demand.

8https://www.courrierinternational.com/article/documentaire-vivre-entre-deux-pays-les-difficultes-
affectives-de-la-vie-letranger

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Présenté pour la première fois en 2019 à Londres, ce documentaire fait appel à des
psychologues spécialisés dans ce qu’on appelle le “deuil migratoire”, des sentiments
qu’éprouvent ceux qui vivent en dehors de chez eux. L’une de ces professionnelles est Celia
Arroyo. Elle expliquait dans un précédent article pour la rubrique Verne [d’El País] les stades
émotionnels que traversent normalement les expatriés espagnols, dont elle s’occupe par appel
vidéo depuis 2015, via sa clinique privée Augesis. Selon l’Institut national des statistiques
[INE, équivalent de l’INSEE], 2,6 millions d’Espagnols résident à l’étranger, dont
150 000 au Royaume-Uni.

Or c’est précisément cet article de la psychologue qui a incité Javier Moreno à réaliser Entre
dos tierras. De Londres, où il habite depuis 2010, Javier Moreno nous explique par téléphone :

Je l’ai lu et je m’y suis tellement reconnu que j’ai décidé que nous devions raconter ça. Il n’y a pas beaucoup
de témoignages sur la vie à l’étranger telle qu’on la vit vraiment.”

S’adapter à une autre culture : un processus émotionnel

En 2014, le jeune Madrilène, qui travaillait dans l’audiovisuel, a créé la web série Spaniards in
London [Des Espagnols à Londres], où il racontait les expériences heureuses et malheureuses de
quatre émigrés espagnols dans la capitale britannique.

Vivre à l’étranger peut se résumer à des “gains et des pertes”, car comme l’explique Arroyo
“ce n’est pas un conte de fées, mais tout n’est pas noir non plus. Certaines émissions de télévision donnent une
vision purement triomphaliste de cette expérience, ce qui est très frustrant pour ceux qui sont partis en
s’imaginant que tout serait merveilleux à leur arrivée dans le nouveau pays. D’autres reportages se concentrent
sur les aspects négatifs”. Et il ajoute : “Quoi qu’il en soit, vivre dans un pays qui n’est pas le vôtre peut être
compliqué, mais on y apprend aussi beaucoup de choses.”

Entre dos tierras relate le processus émotionnel que représente le fait de laisser sa famille et ses
amis derrière soi, de souffrir de leur absence, de se rendre compte que la vie en Espagne
continue sans vous, de s’adapter à une langue, un climat et une culture différentes… Mais il
raconte aussi les bons côtés de cette expérience : devenir plus indépendant et déterminé,
apprendre une nouvelle langue, se découvrir une vocation, se faire des amis et même fonder
un foyer dans le pays d’accueil.

Tous les protagonistes du documentaire sont d’accord sur un point : l’aventure à l’étranger
semble avoir une “date de péremption”. Mais Javier Moreno observe :

“Il n’est pas toujours facile de prendre la décision de revenir, en particulier si on a trouvé un bon travail dans
le pays d’accueil, observe Moreno. Soit rester, soit renoncer à la stabilité économique pour rentrer en Espagne,
où il ne va pas être si facile de trouver un emploi avec la même rémunération, est un dilemme auquel nous
sommes souvent confrontés.”

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Des sentiments anxiogènes renforcés par la pandémie

Pour certains, cette date de péremption est déjà derrière eux. Ils racontent dans le
documentaire comme s’est passé leur retour en Espagne, “une autre migration”.
Arroyo explique :

“Dans ce cas, il peut se produire ce qu’on appelle un choc culturel inverse, On va alors éprouver des difficultés
d’adaptation, parce qu’on n’est plus le même que celui qu’on était quand on est parti, que l’environnement
peut avoir changé.”

Arroyo collabore aussi avec Volvemos [Nous rentrons], une plateforme qui facilite le retour des
émigrants espagnols, en leur donnant des conseils aussi bien professionnels qu’affectifs.
“Nous avons remarqué que la pandémie avait redonné à beaucoup d’expatriés l’envie de revenir au
pays, souligne la psychologue. La situation est très difficile. Le manque d’information et le fait de ne pas
pouvoir prendre un avion pour rentrer chez soi à tout moment, comme avant, accroît le sentiment anxiogène
de se sentir piégés. Par ailleurs, la vie sociale est très importante lorsqu’on vit à l’étranger, si bien que
l’isolement social qui se produit aussi dans ces pays affecte beaucoup ces expatriés. Et puis aussi et surtout, il
y a le sentiment de culpabilité qui naît du fait d’être éloigné de sa famille, un sentiment déjà présent en temps
normal, mais exacerbé dans la situation actuelle.”

Javier Moreno songeait déjà à rentrer en Espagne avant même la survenue de la pandémie.
“Mais vu la situation économique en Espagne, je ne crois pas que ce soit le moment”, note-t-il. Il a aussi
remarqué une diminution des débouchés professionnels au Royaume-Uni. “Contrairement à la
crise de 2008, qui n’a touché que certains pays, il s’agit d’une crise mondiale, poursuit-il. Je ne crois donc
pas qu’on assiste maintenant à une émigration de jeunes Espagnols vers d’autres pays comme ç’a été le cas
après 2008.”

Les expatriés “trahis” par le Brexit

Avec la victoire du oui au référendum sur le Brexit, en 2016, les expatriés espagnols se sont
sentis “trahis” ou “déçus”, comme le racontent les protagonistes du documentaire. Le
Royaume-Uni est toujours plongé dans des querelles avec ses anciens partenaires européens,
d’où les incertitudes qui pèsent sur son départ de l’Union européenne, et les comportements
racistes envers les citoyens d’autres nationalités se sont intensifiés après le référendum. Dans
un tel contexte, de nombreux Espagnols commencent à se demander s’ils vont rester, comme
le rapporte également Entre dos tierras.

Arroyo ajoute qu’avec la crise sanitaire actuelle et l’image de l’Espagne dans les médias
internationaux les Espagnols se sentent stigmatisés, ce qui affecte psychologiquement les
expatriés espagnols. “Des commentaires du type : ‘Qu’est-ce qui se passe ? Dans votre pays, vous
ne vous lavez pas les mains ? Vous n’avez pas un bon système de santé ?’ ” peuvent susciter
un malaise qui augmente l’envie de revenir, au dire de la psychologue.

Le réalisateur d’Entre dos tierras avoue que ce documentaire a été une vraie thérapie pour lui
et les émigrants espagnols qui y ont participé :

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On peut penser qu’on est le seul à éprouver de tels sentiments, mais dès qu’on les partage on se rend compte
qu’ils font partie du deuil migratoire, qu’ils sont normaux.”

Débat. Qu’est-ce qui définit votre identité ?


Après avoir réalisé un test sur la citoyenneté interculturelle, des lectures, des écoutes de
podcasts, un questionnaire, qu’est-ce qui définit votre identité ? Quelles sont vos
appartenances ? Lesquelles considérez-vous comme « essentielles » ? Pensez-vous que votre
identité est déjà construite, ou bien qu’il vous reste encore à la construire ?

L’IMMIGRATION

Audio 1. Les chiffres des candidats à l’immigration en Europe en 20189


(4’07’’)
Quels sont les chiffres de l’immigration, plus particulièrement sur la route de la
Méditerranée centrale ? Les navires humanitaires ont-ils ramené sur les côtes
italiennes « Des centaines de milliers de migrants » comme l'a affirmé fin septembre
Matteo Salvini, ministre italien de l’Intérieur, dirigeant du parti d’extrême droite ?
Enquête avec notre journaliste Juliette Gheerbrant avec qui nous parlerons également des
conséquences de la politique du gouvernement populiste italien qui ferme ses ports aux
ONG.
Prenez des notes des idées essentielles :

9 https://savoirs.rfi.fr/es/comprendre-enrichir/societe/les-chiffres-des-candidats-a-limmigration-en-europe-
en-2018

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Audio 2. L’aide aux migrants continue10 (2’39’’)


Plus d’un an après le démantèlement de la jungle de Calais, les migrants sont
toujours au plus près de la mer du Nord afin de rejoindre la Grande-Bretagne. Et
malgré les assauts des forces de l’ordre pour les déloger de leur habitation de fortune,
ils restent sur place grâce principalement à l’aide d’associations. Michèle Diaz a
rencontré l’une de ces bénévoles à Grande-Synthe près de Dunkerque.
Prenez des notes des idées essentielles :

Audio 3. Canaries, le nouveau Lampedusa ?11 (19’30)


Plus de 11 000 migrants arrivés sur l’archipel des Canaries depuis le début de l’année.
Ces îles espagnoles n’avaient pas connu pareille crise migratoire, depuis plus de dix
ans. Un chiffre encore, rien qu’au mois d'octobre 2020, près de 5 000 arrivées ont été
enregistrées.
Prenez des notes des idées essentielles :

10 https://savoirs.rfi.fr/es/comprendre-enrichir/societe/calais-laide-aux-migrants-continue
11 https://savoirs.rfi.fr/es/comprendre-enrichir/societe/canaries-le-nouveau-lampedusa

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Audio 4. L’Europe face à la crise des migrants12 (39’)


Les vagues migratoires seront-elles le défi majeur des années qui viennent, défi pour
les pays occidentaux comme pour les pays africains ? En 2015, près de 2 millions de
personnes ont rejoint le Vieux Continent, dont 1 million en traversant la
Méditerranée. La Méditerranée où, la même année, 4 000 candidats à l’exil ont péri.
Depuis, l’afflux de migrants, même s’il a baissé, ne s’est jamais tari. Cette crise
migratoire est-elle ponctuelle, ou l’Europe doit-elle se préparer à une immigration
massive provoquée par la pression démographique en Afrique ? Quels sont les
scénarios possibles ? Quelles conséquences pour le continent africain ? Faut-il revoir
l'aide au développement ? Un partenariat gagnant-gagnant peut-il être mis sur pied ?
Prenez des notes des idées essentielles :

L’actualité sous forme de débats


Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui
défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.

I. S’informer13
 Qu'est-ce que l'immigration ? Un immigrant, un immigré ?
 Qu'est-ce que cela représente en France ? Et à l'étranger ?
 Pourquoi on en parle en ce moment ?

II. Lecture du débat : Faut-il restreindre l’immigration en France ?14 (2018)


Quelle est votre opinion avant de lire l'article ?
□ Oui, je suis pour restreindre l'immigration en France.
□ Non, je suis contre restreindre l'immigration en France.
□ Sans avis.

12 https://savoirs.rfi.fr/es/comprendre-enrichir/societe/leurope-face-a-la-crise-des-migrants

13 https://ledrenche.ouest-france.fr/restreindre-immigration-en-france-4289/

14 https://ledrenche.ouest-france.fr/restreindre-immigration-en-france-4289/

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Argumentation « POUR »
Gilles Lebreton
Député RN au Parlement européen, chef de la délégation française du groupe Europe des Nations
et des Libertés

La pression migratoire n’en est qu’à ses débuts

Il faut restreindre l’immigration en France car il est très difficile, voire impossible, d’assimiler
les étrangers lorsqu’ils arrivent en masse, surtout quand ils sont issus de cultures extra-
européennes. Le risque est de donner naissance à une société éclatée en communautés qui
vivent selon leurs propres mœurs, parfois très éloignées des valeurs de la République.

Ce risque est à prendre d’autant plus au sérieux que la France souffre déjà, dans beaucoup
de quartiers, d’un communautarisme exacerbé, souvent encouragé par l’islam radical.

L’actualité en témoigne. Dans certains endroits, les bars sont interdits aux femmes ; dans
d’autres, les prières de rue sont systématiques malgré l’atteinte qu’elles portent à l’ordre
public. Il est clair que la République y est contestée dans son principe même.

La seule façon de préserver notre identité nationale, notre paix sociale, nos valeurs et notre
mode de vie est de protéger nos frontières et de refuser la submersion migratoire, à l’image
de ce qu’a commencé à faire notre allié Matteo Salvini en Italie.

Cela n’interdit nullement à la France de manifester sa solidarité à l’égard des États qui
souffrent. Mais celle-ci doit s’exprimer en aidant leurs ressortissants à vivre chez eux, et non
en les accueillant systématiquement chez nous.

L’Afrique compte aujourd’hui un peu plus d’un milliard d’habitants. D’après les prévisions
officielles de l’INED, elle en comptera deux milliards et demi en 2050. La pression migratoire
n’en est qu’à ses débuts : elle sera bientôt énorme sur l’ensemble de l’Europe. Si la France et
ses partenaires européens ne prennent pas rapidement des dispositions énergiques, la
civilisation européenne sera en péril.

C’est pourquoi il faut substituer à l’Union européenne, vouée à l’inefficacité car trop
technocratique, une Europe des nations qui fera preuve de davantage de réalisme en
protégeant les frontières nationales, en concluant des accords de réadmission avec les États
de départ, et en conditionnant l’aide à l’Afrique à la mise en place de politiques de lutte contre
l’émigration.

Argumentation « CONTRE » “CONTRE”


Jean-Claude Mas
Secrétaire général de La Cimade

Les frontières de la pensée

La question n’est pas de savoir s’il faut réduire, maintenir ou augmenter l’immigration en
France, mais d’accompagner au mieux le phénomène naturel et immuable que constitue le

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fait migratoire. La mobilité des êtres humains est un fait social normal et ordinaire, aussi
nécessaire qu’irréductible.

Face à cette évidence historique démontrée et globalement admise, la seule politique publique
qui nous est proposée aujourd’hui est une politique de limitation drastique de cette mobilité,
considérablement endurcie par la loi sur l’asile et l’immigration adoptée cet été (recul de
droits, accentuation de la maltraitance institutionnelle, dérogations majeures au droit
commun…).

Cette politique de fermeture, conduite de plus en plus au mépris des droits humains les plus
élémentaires des personnes migrantes, représente une telle obsession qu’elle finit par occulter
toute autre alternative, toute autre possibilité de penser la mobilité et notre relation au monde,
imposant une forme de vérité consacrée qu’il ne serait plus imaginable de discuter.

Pourtant, d’autres pistes méritent d’être étudiées. Sans angélisme et sans naïveté, instaurer la
libre circulation des personnes n’est pas une vue de l’esprit. Certes, elle ne peut pas se décréter
du jour au lendemain, mais pourrait constituer un horizon à atteindre, un chemin à construire
qui puisse répondre aux enjeux de mobilité tout en préservant l’équilibre des sociétés
d’accueil.

Pour ce faire, nous nous devons de sortir de cette logique erronée de forteresse assiégée, puis
d’inventer et d’innover, au lieu de remodeler sans cesse les mêmes politiques répressives aux
coûts humains et financiers exorbitants et indignes.

Non, la France n’est pas envahie, son solde migratoire reste stable depuis plus de 30 ans,
entre 50 000 et 100 000 personnes par an (différence entre le nombre de personnes migrantes
entrées et sorties du territoire au cours de l’année). En proportion de la taille de sa population,
la France n’est qu’au 13ème rang européen en matière d’accueil de demandeurs d’asile.

La France est, depuis toujours, une terre d’immigration. Elle doit se penser et se vivre comme
telle. Là est le véritable enjeu pour surmonter les risques de repli et de xénophobie que l’on
voit poindre. Une large partie de l’opinion publique y est prête.

Quelle est votre opinion maintenant ?


□ Oui, je suis pour restreindre l'immigration en France.
□ Non, je suis contre restreindre l'immigration en France.
□ Sans avis.

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III. Lecture du débat : Faut-il imposer des quotas d’immigration ?15 (2019)
Quelle est votre opinion avant de lire l'article ?
□ Oui, il faut imposer des quotas d’immigration.
□ Non, il ne faut pas imposer des quotas d’immigration.
□ Sans avis.

Argumentation « POUR »
Damien Abad
Député de l'Ain (Les Républicains)

Pour que la France puisse tirer profit des flux migratoire en s’assurant de la bonne
intégration des immigrés dans la société

En 2018, la France accordait le nombre record de 255 550 titres de séjour. A cette
immigration régulière, s’ajoute les présences clandestines qui ont bondi à en croire les
sollicitations de l’aide médicale d’Etat. Force est de constater que notre pays doit faire face à
une vague d’immigration qui est de plus en plus difficile à réguler.

L’instauration de quotas annuels d’immigration permettrait d’obtenir des garanties quant aux
capacités d’intégration de chacun.

Ce contexte nous invite à une réforme systémique de notre politique migratoire. Au-delà de
la régulation des flux migratoires, l’instauration de quotas annuels d’immigration votés par le
Parlement permettrait de consolider nos principes républicains et d’obtenir des garanties
quant aux capacités d’intégration de chacun.

Dès les débuts de l’immigration au XIXe siècle, la France a toujours mis la notion
d’intégration au centre de sa politique migratoire. Cette promesse républicaine l’a toujours
emporté sur les origines des citoyens qui fondent la Nation.

Nous devons fonder notre politique migratoire sur une promesse : la méritocratie

Ce principe ne doit pas être remis en cause mais au contraire, il doit être renforcé. Pour cela,
nous devons fonder notre politique migratoire sur une promesse : la méritocratie. A
l’immigration compulsive nous devons préférer l’immigration sélective. Il s’agit de mettre en
place une sélection transparente qui puisse permettre à la France de tirer de l’immigration
des avantages sociaux, culturels et économiques.

Si la mise en place de quotas d’immigration vise d’abord à mieux contrôler les flux, elle
permet également de choisir les bénéficiaires de titres de séjour sur des critères strictement
égalitaires. L’objectif est d’accueillir les immigrés qui auront les meilleures chances de
s’intégrer au marché du travail et donc dans la société française.

15 https://ledrenche.ouest-france.fr/faut-il-imposer-des-quotas-dimmigration-2/

15
Lengua Francesa IX (C1+) 2021-2022 UGR Ariane Ruyffelaert

Il est ainsi proposé de mettre en place un système similaire à celui du Canada et s’appuyant
sur des critères objectifs comme les expériences professionnelles, le niveau d’éducation, la
connaissance de la langue, l’âge ou encore la capacité de l’individu à s’intégrer.

Les immigrés choisis seraient alors plus à même de trouver un emploi, facilitant leur
intégration. Rappelons que cet objectif doit être prioritaire : en 2019, le taux de chômage des
étrangers résidant en France est deux fois supérieur à la moyenne nationale. Deux piliers
doivent régir la politique migratoire française : l’humanisme et l’intégration.

La mise en place des quotas doit ainsi permettre de passer d’une logique de gestion à une
logique de contrôle de l’immigration

La mise en place des quotas doit ainsi permettre de passer d’une logique de gestion à une
logique de contrôle de l’immigration pour que la France ne soit plus dépassée par les flux
migratoires mais au contraire qu’elle puisse en tirer profit en s’assurant de la bonne
intégration des immigrés dans la société.

Argumentation « CONTRE » “CONT


Christophe Deltombe
Président de la CIMADE

Les quotas d'immigration reflètent une vision idéologique qui ne correspond en


rien aux réalités des mouvements migratoires

Il convient de s’interroger sur les raisons pour lesquelles la question des quotas revient à
nouveau dans le débat public tel un phénix. Une fois de plus l’instrumentalisation de la
question migratoire est au cœur des enjeux électoraux.

Cette politique n’a de tout temps réussi qu’à augmenter l’audience de l’extrême droite !

Avec cette conviction que réduire les droits des migrants devrait « satisfaire » un électorat de
droite sensible aux sirènes populistes du rassemblement national et par conséquent les rallier
à la majorité au pouvoir, alors que cette politique n’a de tout temps réussi qu’à
augmenter l’audience de l’extrême droite !

Mise en place en 2008 par Nicolas Sarkozy, une commission sur les quotas présidée par le
gaulliste Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel, avait observé qu’ « une
politique de quota migratoire global ou par grand type d’immigration n’est pratiquée nulle
part en Europe ».

Elle rendit un rapport qui estimait qu’établir des quotas par nationalité ou par région du
monde pourrait contredire le « principe d’égalité » entre tou·te·s les citoyen.ne·s, quelle que
soit leur nationalité, principe garanti par la Constitution. Elle concluait en constatant que les
quotas sont contraires à nos engagements internationaux et nos principes constitutionnels,
affirmation reprise à son compte par Christophe Castaner, ministre de l’intérieur, en juin
2019.

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Lengua Francesa IX (C1+) 2021-2022 UGR Ariane Ruyffelaert

Et de fait instaurer des quotas pour les demandeurs d’asile serait contraire à la convention de
Genève de 1951, parce qu’on ne quantifie pas le droit d’asile, ce que tout le monde admet.

En matière d’immigration professionnelle, la volonté d’instaurer des quotas s’inscrit dans une
logique purement utilitariste tout à fait contestable

Instaurer des quotas dans la politique de la famille serait contraire à la convention européenne
des droits de l’Homme et à la jurisprudence européenne qui rappelle que le droit de vivre en
famille est un droit fondamental. Imposer des quotas pour limiter le nombre d’étudiant·e·s
étranger·e·s serait la marque d’une nation qui se referme sur elle-même.

En matière d’immigration professionnelle, la volonté d’instaurer des quotas s’inscrit dans une
logique purement utilitariste tout à fait contestable. Elle vise à ne laisser entrer en France que
les travailleurs ou travailleuses supposés couvrir les besoins de main d’œuvre du pays. Mais
l’activité économique s’adaptant plus vite que la planification des besoins par l’administration
centrale, il est très périlleux de déterminer à l’avance le niveau d’activité économique, en
particulier pour des besoins de main d’œuvre non qualifiée, s’inscrivant dans des secteurs
économiques peu régulés et flexibles.

Ils n’auraient évidemment aucun impact sur l’immigration irrégulière.

Plus globalement, les quotas d’immigration, qu’ils concernent les réfugié·e·s, l’immigration
familiale ou de travail, reflètent une vision idéologique qui ne correspond en rien aux réalités
des mouvements migratoires. Et ils n’auraient évidemment aucun impact sur l’immigration
irrégulière, or c’est finalement de cela que nos dirigeants veulent parler.

Quelle est votre opinion maintenant ?


□ Oui, il faut imposer des quotas d’immigration.
□ Non, il ne faut pas imposer des quotas d’immigration.
□ Sans avis.

17
Lengua Francesa IX (C1+) 2021-2022 UGR Ariane Ruyffelaert

L’INTÉGRATION

Vidéo 1. Entourage, un peu de chaleur humaine16 (1’35’’)


Prenez des notes des idées essentielles :

Article de presse 1. Les SDF17


Donner aux SDF : petit guide de solidarité à usage des passants
24 octobre 2019 18:51 CEST

Thibaut Besozzi
Docteur en sociologie, Université de Reims-Champagne Ardenne, CEREP, chercheur associé, Université de
Lorraine

Aider commence aussi par un ‘bonjour’ ou un sourire. Eric Pouhier/Wikimedia, CC BY-NC

Chaque citadin croise quotidiennement des personnes


quémandant de l’argent dans l’espace public ou dans les
transports. Nous ne savons pas toujours comment répondre à
ces sollicitations, d’autant plus qu’elles sont nombreuses et
variées.

Nous préférons souvent la micro-politique de l’autruche


qui consiste à simuler que nous n’avons ni vu ni entendu
ces personnes que nous catégorisons spontanément
comme SDF (sans domicile fixe).

Ce n’est pas forcément que nous soyons insensibles et


refusions toute solidarité, mais il s’avère effectivement difficile de satisfaire toutes les demandes,
d’autant que les justifications personnelles, plus ou moins légitimes, ne manquent pas pour se
dédouaner de toute forme d’aide : nous n’avons pas le temps, nous ne pouvons pas donner à tout
le monde, nous avons nous-mêmes nos propres problèmes, nous ne donnons pas d’argent pour
ne pas cautionner les consommations d’alcool ou de drogue, nous ne donnons pas aux étrangers,
etc.

Et même lorsqu’il nous arrive de leur venir en aide, nous sélectionnons souvent implicitement les
personnes que nous jugeons dignes de cette aide : parce qu’untel est poli, parce qu’il présente
bien, parce qu’untel ne boit pas, parce que tel autre est là, dans notre quartier depuis des années,
etc. Nous définissons en fait selon des critères moraux (qui sont aussi des représentations
socialement partagées) les « bons » et les « mauvais » pauvres. De plus, nous ne sommes pas
forcément à l’aise pour les aider : comment se comporter ? Comment parler ? Que donner ?
Comment aider ?

16 https://www.youtube.com/watch?v=IYUo5WAZxXs&feature=player_embedded
17 https://theconversation.com/donner-aux-sdf-petit-guide-de-solidarite-a-usage-des-passants-123194

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Lengua Francesa IX (C1+) 2021-2022 UGR Ariane Ruyffelaert

Quelle aide apporter ?


Quoi qu’il en soit, l’aide qu’on peut apporter aux SDF prend plusieurs formes. On doit distinguer
l’aide institutionnelle et l’aide spontanée, l’aide matérielle et le soutien symbolique.

Une manière de venir en aide aux SDF consiste à s’engager dans une association caritative, en
tant que bénévole, pour participer à des actions collectives (maraudes, distribution de repas,
distribution de vêtements, soutien administratif). En se fiant aux chiffres produits par
l’organisation France Bénévolat (2016), on remarque que le secteur caritatif est le secteur dans
lequel s’engagent le plus les bénévoles français puisqu’il concerne 27 % des engagements des plus
de 20 millions de bénévoles comptabilisés par l’étude.

Plus spontanément, c’est au moment de la rencontre avec une personne sans-domicile dans
l’espace public que peuvent s’opérer des rapports d’aide. Le plus souvent, il s’agit alors de donner
un peu d’argent, d’acheter nourriture et boisson ou bien d’offrir du tabac à la personne rencontrée.

L’association et réseau Entourage permet d’aider les personnes à retrouver confiance en elles.

Éviter la condescendance
Une posture moralisante consiste à ne pas donner d’argent pour éviter qu’il ne serve à acheter de
l’alcool ou de la drogue, ou, plus stigmatisant encore, à donner de l’argent en spécifiant que c’est
pour le chien qui accompagne parfois le mendiant. C’est dénier d’une part que les personnes sont
libres de gérer leur budget comme elles l’entendent, et oublier d’autre part que l’alcoolisme et la
toxicomanie sont des maladies qui s’imposent aux individus une fois dépendants.

Qui plus est, si cette préférence est verbalisée (« Je préfère vous acheter à manger plutôt que vous
donner de l’argent »), elle est potentiellement perçue comme condescendante ou avilissante par
les sans-domicile ainsi offensés.

Si bien que l’aide matérielle peut se faire au prix d’une stigmatisation dommageable, comme
lorsqu’on donne des restes alimentaires à un mendiant qui peut alors se sentir rabaissé au rang
de poubelle. Durant l’hiver, l’aide matérielle peut se concrétiser par le don de couvertures, de sacs
de couchage ou de vêtements chauds, quand il ne s’agit pas de proposer l’hébergement chez soi
pour une nuit ou plus, ce qui se fait plus rarement.

Un bonjour, un signe de tête


Sur le plan symbolique, il va sans dire que la mendicité est une expérience particulièrement
honteuse pour les sans-domiciles qui n’ont d’autres choix que de s’y adonner.

Ils affichent ainsi leur condition de dénuement, leur soumission corporelle (assis par terre,
tendant la main) mais aussi leur dépendance vis-à-vis des maigres dons qu’ils quêtent. C’est
pourquoi certains mendiants, mobiles et debout, dissimulent leur activité en allant à la rencontre
des passants.

En l’absence de dons matériels, il reste possible et important de « donner de soi » afin de


reconnaître le sans-domicile en validant le fait qu’il existe et qu’on l’a bien vu. Dire « bonjour »,
hocher la tête, échanger un regard et une parole sont autant de petits actes qui paraissent anodins
mais auxquels les SDF sont loin d’être indifférents.

Ce sont là des marques infimes de reconnaissance qui prennent toute leur importance compte
tenu de la stigmatisation à laquelle expose le fait de faire la manche : ces gestes symboliques
compensent en quelque sorte les effets négatifs de la stigmatisation. Car celle-ci s’exprime parfois
a contrario par des remarques sévères assenées aux mendiants assis par terre

« Va travailler et tu t’en sortiras ! »

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Lengua Francesa IX (C1+) 2021-2022 UGR Ariane Ruyffelaert

« Non, je ne donne pas aux profiteurs ! »


Il faut bien prendre conscience que, même si certains SDF décrivent la manche comme un
« travail », astreint à des horaires fixes, des postes fixes et des techniques apprises sur le tas, il
s’agit là d’une activité particulièrement difficile, moralement et physiquement, qui procure des
ressources bien maigres pour considérer qu’ils « profitent » de la générosité des passants…

Prenez des notes des idées essentielles :

Podcasts
Travail à deux. Choisissez chacun(e) un des épisodes ci-dessous et écoutez-le à la maison.
Prenez des notes.
1. La langue française, modèle d’intégration ?18 (43’)

2. L’intégration au prisme du genre.19 (27’)

18 https://play.acast.com/s/parler-comme-jamais/lalanguefrancaise-modeledintegration-

19 https://play.acast.com/s/parler-comme-jamais/enpratique-lintegrationauprismedugenre

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Lengua Francesa IX (C1+) 2021-2022 UGR Ariane Ruyffelaert

EXTRA

Reportages
Reportage 1. Lampedusa, une île entre deux mondes20
Reportage 2. Crise des réfugiés : un crash-test pour l’Europe ?21

Lecture supplémentaire
Article : Le voile islamique menace-t-il vraiment la laïcité et la concorde républicaine ?
(2019)22

TV5 Monde
1. https://enseigner.tv5monde.com/fiches-pedagogiques-fle/linitiative-citoyenne-
europeenne-entretien-avec-isabelle-durant
2. https://enseigner.tv5monde.com/fiches-pedagogiques-fle/linterculturalite-
entretien-avec-edouard-delruelle
3. https://enseigner.tv5monde.com/fiches-pedagogiques-fle/les-valeurs-de-leurope-
entretien-avec-jean-paul-marthoz
4. https://enseigner.tv5monde.com/fiches-pedagogiques-fle/quel-monde-voulons-
nous
5. https://enseigner.tv5monde.com/fiches-pedagogiques-fle/sophie-heine-
chercheure-et-politologue

20 https://savoirs.rfi.fr/es/comprendre-enrichir/societe/lampedusa-une-ile-entre-deux-mondes
21 https://savoirs.rfi.fr/es/comprendre-enrichir/societe/crise-des-refugies-un-crash-test-pour-leurope
22 http://www.slate.fr/story/183603/voile-islamique-menace-laicite-concorde-republicaine

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