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Cours 

: Culture , Semestre 1.
2019/2020.

La question de l’identité :

« L’identité de chaque personne est constituée d’une foule


d’éléments qui ne se limitent évidemment pas à ceux qui figurent
sur les registres officiels… appartenance à une tradition religieuse ; à
une nationalité, parfois deux ; à une famille plus ou moins élargie ;
à une profession ; à une institution ; à un certain milieu social… Mais
la liste est bien plus longue encore, virtuellement illimitée : on peut
ressentir une appartenance plus ou moins forte à une province, à un
village, à un quartier, à un clan, à une équipe sportive ou
professionnelle, à une bande d’amis, à un syndicat, à une entreprise,
à un parti, à une association, à une paroisse, à une communauté de
personnes ayant les mêmes passions, les mêmes préférences
sexuelles, les mêmes handicaps physiques, ou qui sont confrontées
aux mêmes nuisances. […] C’est justement cela qui caractérise
l’identité de chacun : complexe, unique, irremplaçable… » Amin
MAALOUF, les identités meurtrières, 1998, p.18.

Amin Maalouf : écrivain franco-libanais

Les identités meurtrières,: essai ou l’auteur questionne la notion de


l’identité a travers l’exemple d’un homme ne en Allemagne de
parents turcs. Il interroge la question d’appartenance en faisant la
distinction entre les deux notions. Selon lui, naitre musulman en
occident est difficile a gérer. Il suggère une approche
multidimensionnelle de la notion d’appartenance. Outre celle
religieuse, il propose une autre plus globale, celle « humaine »
surtout dans le contexte de mondialisation.

L’identité selon Amin MAALOUF : notion complexe et composée de :

1- Définition de l’identité : « Mon identité, c’est ce qui fait que je ne


suis identique à aucune autre personne » p.16. Ce qui me
singularise par rapport aux autres (mon identifiant de ma CIN par
exemple)
2- Ce qui me relie aux autres et fait que je vis, que je me développe,
que j’évolue au sein d’un groupe.
3- Selon Denys Cuche (professeur de sociologie et d’anthropologie
français), la question de l’identité contient celle de culture, bien
qu’on ne doive pas les confondre l’une avec l’autre. Si la culture
provient de processus inconscients et s’acquiert par l’éducation
dans l’environnement immédiat de l’individu, l’identité quant à, se
base sur une norme d’appartenance, nécessairement consciente,
fondée sur des oppositions symboliques.
4- Denys Cuche est contre l’idée que « L’individu, de par son
hérédité biologique, nait avec les éléments constitutifs de
l’identité ethnique et culturelle, dont les caractères phénotypiques
et les qualités psychologiques qui relèvent de la mentalité, du
génie propre au peuple auquel il appartient. » Denys Cuche, La
notion de culture dans les sciences sociales, p. 85. L’identité
culturelle est selon cette conception immuable et l’individu ne fait
qu’intérioriser les modèles culturels dont il a hérité.
5- L’identité est une construction sociale qui participe de la propre
hétérogénéité d’un groupe social quelconque. La considérer
comme étant monolithique empêcherait de comprendre les
phénomènes d’identité mixte, fréquents en toute société. En ce
sens, chaque individu intègre de façon syncrétique la pluralité des
appartenances sociales (sexe, âge, classe sociale, groupe
culturel…).
6- L’appartenance chez Amin MAALOUF va au delà de la religion a
celle de l’appartenance a l’Humanité. Négocier sa place dans le
monde mais aussi être capable d’accepter l’autre dans sa
différence, de concilier le culturel et l’interculturel au sein de cette
« grande communauté » créée par la mondialisation.

Expression « identité plurielle » :

« Nous sommes invités à concevoir nos « identités » sous l’angle


d’une diversité de soi-même. Mon identité au sens moral est
forcément plurielle. Chacune de ces identités qui composent mon
signalement ne correspond qu’à une partie de ma personne. Mon
identité, ajourera-t-on, est même deux fois plurielle. Elle l’est à
tout instant, car je ne suis jamais réductible à une seule qualité
(…). Toutefois, en parlant d’ « identité plurielle », nous donnons à
penser que nous avons déjà trouvé la solution du problème qui
se posait. En réalité, il n’en est rien : les mots « identité
plurielle », par la suite par leur combinaison, ne font que poser le
problème qui est celui d’un seul individu auquel il est demande
d’exister sur un « monde plural ». Mais comment une seule
personne peut-elle réussir le prodige de vivre et d’exister comme
si elle n’était pas seulement elle-même mais d’autres
personnes. » Descombes, Les embarras de l’identité, Paris,
Gallimard, 2013, P.46.

- Vincent Descombes (philosophe français, 1943) s’est intéressé


dans cet ouvrage Les embarras de l’identité à la question
suivante : comment le terme « identité » peut-il designer ce qui
permet, d’une part, de nous identifier au sein d’un groupe (C.I.N
comme exemple) et d’autre part, ce qui nous relie et nous
identifie à ce même groupe.
- L’usage du mot « identités » au pluriel est significatif dans la
mesure où il se réfère à la signification du terme dite
« objective » celle que nous avons dans les registres, et à celle
qu’il appelle « identité morale » qui ne peut qu’avoir plusieurs
facettes et plusieurs composantes (les valeurs, les attitudes, la
personnalité, les goûts, etc.).
- Il traite la question d’un point de vue linguistique, puisqu’il s’est
spécialisé dans la philosophie du langage. L’identité dans les
sociétés modernes repose sur la pluralité des registres
linguistiques qui servent à marquer notre différence avec les
autres (langue maternelle : arabe ou amazigh avec leurs dialectes
respectifs) mais aussi, la maitrise d’autres registres (français,
anglais, espagnol, etc.) afin de faciliter notre adhésion a d’autres
groupes différents du « NOUS ». Prendre conscience et assumer
son identité plurielle permet donc, de ne pas être déstabilisé par
les différences culturelles et par là-même, de pouvoir accepter le
pluriculturalisme
- « Mais comment une seule personne peut-elle réussir le prodige
de vivre et d’exister comme si elle n’était pas seulement elle-
même mais d’autres personnes. » : Combiner deux notions en
l’apparence contradictoires « identité » et « plurielle » pour
Descombes pose la problématique de la capacité de tout être
humain de vivre en harmonie avec lui-même tout en étant pluriel
dans sa personne notamment dans un monde composé qu’il
appelle « un monde plural ».

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