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Les formes journalistiques


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Le journaliste produit de l’information avec ce qu’il voit et ce qu’il entend. Mais quand il
transmet les faits qu’il observe, il donne une forme à son exposé. C’est la définition
même de l’information: mettre en forme, du latin in formatio, in-forme … La production de
« nouvelles » ne se limite donc pas à la relation des faits. Il y a dans le champ de
l’information un éventail de formes journalistiques aussi large que la distance entre
l’observation et l’interprétation.

QUESTIONS ÉLÉMENTAIRES, RÉPONSES ÉLÉMENTAIRES


Le premier travail du journaliste consiste à communiquer au public les réponses aux
questions que tout le monde se pose quand survient un événement. Ces questions sont
toujours les mêmes et appellent toujours les mêmes réponses. Les formes du
journalisme élémentaire varient uniquement selon la quantité des éléments de réponse.

INFORMER, C’EST DONNER DES RENSEIGNEMENTS


Il y a toujours quatre questions élémentaires: Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? La réponse
du journaliste est aussi élémentaire que chacune de ces interrogations. Elle tient en une
phrase composée d’un sujet (qui ?), d’un verbe (quoi ?), d’un complément circonstanciel
de lieu (où ?) et d’un complément circonstanciel de temps (quand ?). Exemple: Mark
Pesos pris en otage au siège de la banque Pèze hier soir.

ON RENSEIGNE EN RACONTANT, C’EST LA NARRATION


La Brève est la forme informative minimale. Une phrase suffit: Mark Pesos, le banquier à
la tête du groupe français Pèze, a été pris en otage, hier soir, vers 19h30, au siège de la
multinationale, situé rue de la Monnaie. Ses ravisseurs, armés et cagoulés, se sont vus

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remettre une rançon de huit millions d’euros avant de prendre la fuite à bord d’un
hélicoptère stationné sur le toit de l’établissement. Mark Pesos a été relâché, sain et sauf
mais sonné.

Ce genre informatif impose la plus grande sobriété d’écriture. Conseil: éviter les adverbes
et les adjectifs.

Le Récit est la forme informative maximale. C’est l’exposé détaillé d’une suite de faits
enchaînés l’un à l’autre dans l’ordre chronologique ou logique pour transmettre au public
ce que l’on sait de l’événement de la façon la plus claire. Une addition de phrases
élémentaires suffit : La banque Pèze, rue de la Monnaie, était sur le point de fermer ses
portes, hier soir, quand deux individus cagoulés et armés ont fait irruption dans le hall
désert de l’établissement. Les deux intrus se sont aussitôt dirigés vers le bureau de Mark
Pesos, au quatrième étage de l’immeuble. Les locaux de la banque, à cette heure de la
journée, étaient presque vides d’employés. Mark Pesos a d’abord été ligoté à son fauteuil
à roulettes, etc

Appartiennent à ce genre informatif de base toutes les formes de narration: le compte-


rendu, le traitement ordinaire des faits divers, l’annonce d’événements.

ON RENSEIGNE EN DÉCRIVANT, C’EST LE REPORTAGE


Le Reportage est la forme informative optimale. C’est un Récit complété par la
description des faits rapportés. Cette description ajoute à l’exposé des détails tout ce qui
les caractérise: couleurs, sons, émotions, témoignages, scènes de vie, scènes de mort,
etc. Le reportage donne à voir. Le recours aux adverbes, aux adjectifs, aux choses vues
et entendues donne aux faits une consistance concrète: 

Mark Pesos, le célèbre banquier, a été victime d’une incroyable prise d’otage hier soir, au
siège du groupe Pèze, qu’il dirige. Il s’apprêtait à mettre son manteau pour rentrer chez
lui, vers 19h30, quand deux individus aux visages masqués de cagoules noires ont surgi
dans son imposant bureau, au quatrième étage de l’immeuble, en renversant toutes les
plantes vertes sur leur passage. Selon la secrétaire de Mark Pesos, témoin de la scène,
les ravisseurs seraient entrés calmement dans la pièce avant de s’exclamer : « Haut les
mains, et que ça saute ! »,…

Quelle que soit la longueur de l’article toutes les descriptions ont valeur de reportage.

QUESTIONS COMPLÉMENTAIRES, RÉPONSES


COMPLÉMENTAIRES
Il y a parfois, selon les faits, deux questions complémentaires: Comment?
Pourquoi? Ces questions se posent quand les faits ne sont pas spontanément
compréhensibles. Pour qu’on les comprenne mieux, le journaliste inclut
des éclaircissements dans sa mise en forme de l’information.

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INFORMER, C’EST DONNER DES EXPLICATIONS
Répondre au «comment » et au « pourquoi » des faits observés, c’est renseigner sur les
origines, les causes, les motifs, les raisons qui les provoquent. C’est observer les faits de
plus près, à la loupe, décrypter leur réelle nature sous leurs apparences formelles,
déchiffrer leur vrai sens.

ON EXPLIQUE EN ANALYSANT, C’EST L’ENQUÊTE


L’enquête est la forme informative analytique. Elle donne à comprendre. C’est la
décomposition des faits dans leurs éléments constituants. Mark Pesos a été pris en otage
hier soir? Le journaliste enquêteur rassemble toutes les données disponibles puis
explique quelles sont ou peuvent être les intentions des ravisseurs, comment ils ont
préparé leur kidnapping, quelles répercussions celui-ci pourrait avoir sur le groupe, etc.
Ce travail d’analyse implique une bonne connaissance du sujet à traiter, une
documentation appropriée, des sources fiables, des témoignages précis, un temps de
réflexion. Il arrive que l’enquête analytique n’explique pas certaines choses à cause de
données invisibles, camouflées ou occultées. Le journaliste engage donc des recherches
au-delà des données connues. C’est l‘enquête d’investigation, forme informative la plus
approfondie.

ON EXPLIQUE EN FAISANT ANALYSER, C’EST L’INTERVIEW


L’interview est un procédé analytique de substitution. Quand le journaliste n’est pas en
mesure de fournir lui-même les explications qu’on attend de lui il sollicite l’avis d’un
spécialiste du sujet. Mark Pesos vient d’être victime d’une prise d’otage ! Vous qui
connaissez bien Pèze, Monsieur Roublard, pouvez-vous nous expliquer quelles
répercussions risque d’avoir cet événement sur le groupe ?… L’interview publiée sous
forme de questions-réponses est la plus éclairante.

INFORMER, C’EST FOURNIR DES INTERPRÉTATIONS


Quand la narration, la description et l’analyse laissent subsister des zones d’ombre
autour des faits observés le journaliste peut se poser en interprète de l’actualité: faute de
pouvoir exposer les faits dans toute leur réalité, il tente de les déchiffrer à travers les
fragments à sa disposition.

ON INTERPRÈTE EN ÉVALUANT, C’EST LE COMMENTAIRE


Il y a plusieurs façons de partager ses réflexions personnelles avec ses lecteurs mais
toutes sont des formes de commentaire: billet, chronique, dessin: Mark Pesos a été
pris en otage hier soir, quelques heures seulement après avoir annoncé un plan de
licenciement massif à ses employés? Difficile de ne pas croire que ces deux évènements
pourraient être liés…C’est le lecteur qui juge de la pertinence de l’interprétation.

ON INTERPRÈTE EN CONCLUANT, C’EST L’ÉDITORIAL

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Si, au terme de ses réflexions personnelles, le journaliste porte un jugement de
valeur sur les faits observés, analysés, évalués, il signe un éditorial: Le kidnapping de
Mark Pesos signe un sursis pour ses employés. Le lecteur est libre d’épouser ou non ce
point de vue mais celui-ci, de toute façon, l’éclaire sur la pensée de l’éditorialiste et
constitue donc, en soi, une information.

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