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Cher journal

Trigger warning : suicide, traumatisme, problèmes familiaux.

Aujourd'hui, au travail, j'ai rencontré une jeune femme enceinte qui venait à mon bureau pour la
première fois. C'était un peu bizarre qu'une personne positive vienne me demander de l'aide.
D'abord, comme toujours, je lui ai demandé de parler de sa vie quotidienne, afin que je puisse
apprendre à la connaître. Ensuite, nous sommes passés aux raisons de sa présence ici avec moi. Elle
a commencé à parler de son désir d'être une bonne mère une fois que sa fille serait née. Au bout
d'un moment, elle a commencé à se sentir plus à l'aise avec moi et à s'ouvrir à moi. En comparaison
avec ce que la plupart de mes autres patients avaient vécu dans leur vie, ses expériences étaient
plutôt simples. Mais penser qu'une petite fille a passé par telles choses dans sa vie m'a tout
simplement brisé le cœur. Plus elle me racontait, plus je voyais une petite fille devant moi au lieu de
la jeune femme enceinte.

Apparemment, sa mère l'avait eue quand elle était très jeune et elle n'avait jamais rencontré son
père. Son père les avait quittées, juste après avoir appris que sa mère était enceinte d'elle. Au début,
sa mère s‘occupait beaucoup d'elle, mais après avoir d'autres difficultés, elle a rapidement
commencé à abandonner sa colère contre sa propre fille. Elle m'a dit que sa mère la rendait
responsable de tout ce qui était arrivé à sa mère, même de choses antérieures à sa naissance. Et
bien qu'elle sache que rien de tout cela n'était sa faute. Elle est venue chercher de l'aide parce
qu'elle ne savait pas si au fond de son inconscience, elle pensait le contraire.

À la fin, elle a également admis qu'elle avait du mal à s'endormir ces jours-ci et qu'elle se rappelait sa
dernière conversation avec sa mère : "Je te déteste." Ma mère l'a dit différemment de ce qu'elle a
dit à mon père. Elle le pensait avec moi. Elle le pensait vraiment. "Je t'aime", c'est tout ce que j'ai pu
dire en retour.*

Elle a également ajouté que quelques jours après cette conversation, sa mère s'était suicidée. À
cette époque, elle n'avait que 16 ans.

En entendant cela, je lui ai demandé de se lever et de s'allonger sur le lit, ainsi que de fermer les
yeux, et j'ai commencé la séance d'hypnose-thérapie.** Je lui ai dit d'imaginer sa jeune personne et
de la regarder dans les yeux. Ensuite, je lui ai demandé ce qu'elle aimerait dire à son moi plus jeune.
Elle a répondu en disant qu'elle aimerait dire que rien de tout cela n'était jamais de sa faute ni de
celle de sa mère. Elle a chuchoté en lui demandant de s'amuser un peu plus et de ne pas prendre
personnellement les choses dites par sa mère. Après cela, je lui ai demandé d'imaginer sa mère juste
à côté de sa jeune personne. Je voyais qu'elle hésitait un peu, mais elle l'a fait quand même. À la fin,
j'ai pu voir une larme ou deux couler sur ses joues. Une fois de plus, je lui ai demandé de regarder sa
mère pendant un moment, puis de dire quelque chose qu'elle avait souhaité dire mais qu'elle n'avait
jamais eu le courage de dire. C'est ici qu'elle a mis le plus de temps à réagir. Elle a beaucoup réfléchi
et quand le moment est venu de répondre, elle a simplement dit que rien de tout cela n'était de sa
faute et qu'elle était très blessée et même un peu en colère de toutes les accusations de sa mère.
"Vraiment, ce n'était pas ma faute ni la tienne, maman. Parfois, je regrette de ne pas avoir arrêté de
grandir quand j'avais 5 ans."

Après cela, je lui ai demandé de réimaginer tout ce qu'elle avait traversé et je pouvais voir sur son
visage à quel point elle luttait. Environ 10 minutes plus tard, je lui ai dit de s'asseoir et d'ouvrir les
yeux. Et je lui ai demandé une phrase qui résumait bien toutes ses expériences. "Ma mère a
commencé à me maltraiter émotionnellement après mes 6 ans et m'a accusé de toutes les
expériences négatives de sa vie. Elle a gâché mon enfance et ma vie."
Je lui ai demandé de le dire plusieurs fois tout en frappant certains endroits spécifiques de son corps
sur la table et, à la fin, de se chanter joyeux anniversaire à elle-même.
Après avoir fait ce que je lui ai dit, elle a fini par pleurer hystériquement, ce qui était manifestement
destiné à lui faire évacuer tout le stress, les pensées et les sentiments négatifs qu'elle avait refoulés
pendant toutes ces années. Il lui a fallu près de 30 minutes pour se calmer. Je lui ai ensuite demandé
si elle se sentait mieux et si elle voulait parler davantage. Heureusement, la séance a été fructueuse,
car elle m'a dit que, pour une fois, elle avait l'impression de pouvoir respirer à nouveau. En fin, nous
lui avons fixé un nouveau rendez-vous pour la semaine suivante et avons décidé qu'elle viendrait
chaque semaine jusqu'à son accouchement.

J'espère vraiment qu'elle sera capable de surmonter le traumatisme causé par sa mère et je pense
qu'elle deviendra une mère formidable pour sa fille.
Bonne nuit pour l'instant.

Dr. Parent***

Intertextualité :
* [The Perks of Being a Wallflower, page 26 - Stephen Chbosky (légèrement modifié pour s'intégrer à l'intrigue)
** Hayata Dön – Gülseren Budaycioglu
*** Le Horla - Guy de Maupassant

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