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10 Materiaux
10 Materiaux
1.
Les matériaux
SOMMAIRE
INTRODUCTION 2
I
CARACTÉRISATION DES MATÉRIAUX
A Propriétés optiques 6
B Propriétés mécaniques 12
C Propriétés thermiques 13
D Propriétés électriques 13
E Propriétés chimiques 13
II
LE VERRE OPHTALMIQUE DE BASE
III
LA FABRICATION DES VERRES
CONCLUSION 28
1
INTRODUCTION
LES MATÉRIAUX
Ce volume des Cahiers d’Optique Oculaire Le présent Cahier se compose de trois par-
est consacré à l’étude des Matériaux ties : un inventaire des propriétés physiques
utilisés dans la fabrication des verres et chimiques utilisées pour caractériser
ophtalmiques. Par “matériaux” nous enten- les matériaux, suivi d’une analyse struc-
dons “toutes les matières servant à cons- turelle et fonctionnelle des matières
truire” c’est-à-dire l’ensemble des matières employées et, enfin, d’une description
entrant dans la constitution du verre succincte des techniques mises en œuvre
ophtalmique et qui, façonnées selon une pour la fabrication des verres correcteurs.
géométrie précise, lui procurent sa fonc-
tion dioptrique de correction (détaillée
dans les autres volumes de cette série).
INTRODUCTION
2
LES MATÉRIAUX
Le verre ophtalmique
est un système complexe
Avant d’aborder la description analytique des matériaux,
il est bon de souligner le fait que le verre ophtalmique
est aujourd’hui un produit très élaboré et complexe
puisqu’il résulte de l’imbrication de Matériaux variés
et de nombreux Traitements aux fonctions spécifiques
(figure 1).
LES MATÉRIAUX
Figure 1 : Un verre organique traité est un système complexe.
Figure 1
REVÊTEMENT
HYDROPHOBE
AR
COUCHE
DURCISSANTE
REVÊTEMENT
ANTI-CHOC S U B S T R AT
COLORATION
3
COMPLÉMENT
RAPPELS SUR LA NATURE
ET LA STRUCTURE DE LA MATIÈRE
COMPLÉMENT : RAPPELS SUR LA NATURE ET LA STRUCTURE DE LA MATIÈRE
L’analyse des aspects structurels des matériaux fait Le rayon des atomes est de 1 à 2.10-10 m - autrement
appel à quelques notions de Physique et de Chimie dit, voisin de 1Å (Angström). Les atomes sont les
concernant la nature de la matière, dont une brève matériaux de construction de tous les corps matériels;
révision est proposée ici. les Physiciens ont trouvé qu’il n’en existait pas plus
d’une centaine dans tout l’Univers. Mendéléev en avait
La Physique moderne est construite sur le fait que, prédit la liste en les classant sous forme d’un tableau,
dans l’ensemble de l’Univers, tout corps matériel est avant qu’ils aient été tous découverts : c’est la clas-
constitué d’atomes. Ce sont des corpuscules animés sification périodique des éléments (figure 2).
d’un mouvement perpétuel et eux-mêmes constitués
de particules élémentaires accolées, les protons et les
neutrons, autour desquelles gravitent, à distance,
d’autres particules plus petites, les électrons.
Figure 2 : Classification périodique des éléments
(tableau de Mendéléev).
Figure 2
Ia II a III a IV a Va VI a VII a O
1 2
1 1
H He
3 4 5 6 7 8 9 10
2 2
Li Be B C N O F Ne
11 12 13 14 15 16 17 18
3 3
Na Mg III b IV b Vb VI b VII b VIII ib II b Al Si P S Cl Ar
19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36
4 4
K Ca Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54
5 5
Rb Sr Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
55 56 57 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86
6 6
Cs Ba La Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Ti Pb Bi Po At Rn
87 88 89
7 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71
Fr Ra Ac Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu 6
90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103
7
Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr
Pour constituer les corps matériels, les atomes Corps Purs. Ils sont caractérisés en particulier par des
s’assemblent en édifices plus ou moins complexes, que températures de changement d’état - Fusion, Vaporisation -
les chimistes ont décrits de la façon suivante : rigoureusement précises, qui sont, en fait, des
constantes physiques de la matière.
- Corps Simples, constitués d’une seule espèce d’atome :
Hydrogène, Oxygène, Carbone, Fer, Silicium, Baryum, - Mélanges, constitués de proportions non strictement
Titane..., définies de Corps Simples et de Corps Purs, et donc
impossibles à représenter par une formule chimique
- Corps Composés, constitués d’une seule espèce de
précise : air, acier, verre, caoutchouc, miel, sang, pétrole...
molécule, qui est elle-même un assemblage rigoureusement
Leurs températures de Fusion et de Vaporisation ne sont
quantifié d’atomes déterminés : eau (H2O), chlorure de
pas précises et varient en fonction de leur composition.
sodium (NaCl), alcool éthylique (C2H6O), silice (SiO2).
4
COMPLÉMENT
RAPPELS SUR LA NATURE
ET LA STRUCTURE DE LA MATIÈRE
Dans notre environnement terrestre, il a été défini une Les trois états de la Matière.
classification macroscopique des matériaux en se
référant à leurs constituants atomiques essentiels. Nous Prenons l’exemple d’une goutte d’eau constituée de
pouvons ainsi distinguer : molécules H2O, comprenant 2 atomes d’Hydrogène
combinés à un atome d’Oxygène. À la température
- les matières minérales, comprenant les Corps Purs ambiante ces molécules s’agitent en permanence tout
et Mélanges qui constituent les roches de la croûte en restant agglutinées, car elles exercent les unes sur
terrestre - appelées “SIAL” et constituées essentiellement les autres une attraction qui maintient la cohésion de
de SIlicium et d’ALuminium - ainsi que leurs dérivés. la goutte d’eau - c’est l’état LIQUIDE. L’agitation est
Leurs molécules sont des combinaisons variées d’un proportionnelle à la température : si celle-ci augmente,
petit nombre d’atomes (de un à une vingtaine) le mouvement s’accélère et les distances entre
appartenant à l’ensemble de la classification des molécules augmentent. À une certaine température,
éléments. Dans le domaine de l’Optique Ophtalmique, les forces d’attraction deviennent insuffisantes pour
les éléments essentiellement rencontrés sont représentés maintenir les molécules ensemble : celles-ci vont se
par la zone verte de la figure 2. disperser en tous sens dans l’espace - c’est l’état de
VAPEUR ou GAZ. À nos yeux la goutte disparaît en
- les matières organiques, comprenant les Corps Purs
vapeur d’eau invisible, mais est toujours constituée de
et Mélanges qui constituent essentiellement les règnes
molécules H2O. À l’inverse si l’on refroidit la goutte
végétal et animal, ainsi que leurs corps dérivés,
d’eau, le mouvement se ralentit, puis tout à coup les
carburants fossiles et matériaux de synthèse de la
molécules cessent de glisser les unes par rapport aux
Chimie Organique. Les matières organiques, très
autres et l’ensemble se fige : c’est la glace, état
nombreuses et complexes (les organismes vivants
SOLIDE de l’eau. On observe dans la glace une
sont des matières organiques), ont des molécules
structure régulière périodique, qui constitue “le réseau
constituées souvent d’un nombre important d’atomes
cristallin”. D’autres matières, le verre par exemple,
(jusqu’à plusieurs milliers) mais prélevés sur quelques
présentent à l’état solide une structure non périodique,
espèces atomiques très peu nombreuses : essen-
appelée “amorphe”.
tiellement C, H, O et N (zone rose de la figure 2). Le
Carbone C, est en quelque sorte le squelette de la
matière vivante, H, O et N, étant les éléments de
l’atmosphère permettant la vie.
Figure 3 : Changement d’état liquide-gaz : évaporation de l’eau.
Figure 4 : Etat solide : glace.
Figure 3 Figure 4
5
I CARACTÉRISATION
DES MATÉRIAUX
L’optique ophtalmique a pour objet de restaurer une
vision nette aux personnes amétropes par l’interposition,
entre l’objet regardé et l’œil, d’un verre correcteur
dont la fonction dioptrique est régie par :
- des caractéristiques géométriques : rayon de courbure,
géométrie de surface...,
- des paramètres physico-chimiques : indice de réfraction,
constringence...
I 6
CARACTÉRISATION
DES MATÉRIAUX
7
I CARACTÉRISATION
DES MATÉRIAUX
Indice :
1.5 1.6 1.7 1.8 1.9
I 8
CARACTÉRISATION
DES MATÉRIAUX
Figure 7
φλ τλ νλ ρλ
60 (%) (%) 60
100 100
80 80
40 40
60 60
40
W.m -2.h m -1
W.m -2.h m -1
40
20 20
20 20
0 0 0 0
380 400 450 500 550 600 650 700 750 780 380 400 450 500 550 600 650 700 750 780 380 400 450 500 550 600 650 700 750 780 380400 450 500 550 600 650 700 750 780
dλ λ(nm) dλ λ(nm) dλ λ(nm) dλ λ(nm)
τv
φλ νλ ρλ
(%)
60 60
100
80
40 40
60
W.m -2.h m -1
40
W.m -2.h m -1
20 20
20
0 0 0
380 400 450 500 550 600 650 700 750 780 380 400 450 500 550 600 650 700 750 780 380400 450 500 550 600 650 700 750 780
dλ λ(nm) dλ λ(nm) dλ λ(nm)
9
COMPLÉMENT
CARACTÉRISATION DES PERFORMANCES
COMPLÉMENT : CARACTÉRISATION DES PERFORMANCES D’UN VERRE OPHTALMIQUE
OPTIQUES D’UN VERRE OPHTALMIQUE
λ2
f λ.τλ dλ
λ1
τλ =
λ2
fλ. dλ
λ1
10
COMPLÉMENT
CARACTÉRISATION DES PERFORMANCES
OPTIQUES D’UN VERRE OPHTALMIQUE
11
I CARACTÉRISATION
DES MATÉRIAUX
B/ Propriétés mécaniques
Ces propriétés, caractéristiques de l’état solide des
matériaux définissent les grandeurs relatives à la
masse, au volume et aux dimensions, ainsi que la
résistance à la déformation et au choc. On utilise
généralement les caractéristiques suivantes :
- masse volumique (g.cm-3 ou kg.m-3) ou densité
(nombre sans dimensions, égal au rapport de la
masse d’1 m3 du matériau considéré à la masse de
1m3 d’eau, sous conditions normales),
- dureté mesurée dans des systèmes instrumentés
bien définis, dénommés Knoop, Rockwell, Barcol...,
- module d’élasticité E (ou module d’Young) : rapport
entre une contrainte et la déformation correspondante
CARACTÉRISATION DES MATÉRIAUX
I 12
CARACTÉRISATION
DES MATÉRIAUX
C/ Propriétés thermiques
Elles caractérisent les changements d’état et les
interactions de la matière avec la température. Nous
donnerons essentiellement :
-1 -1
- la conductivité thermique (W.m .°K ),
- la chaleur spécifique : quantité de chaleur qu’il faut
fournir à l’unité de masse pour élever sa température
-1 -1
de 1° (J.Kg .°K ),
- le coefficient de dilatation linéaire : donné sur une
-7
plage de température définie (10 /°K),
- la température de fusion (d°C) - constante physique
pour les Corps Purs - pour le verre : définie par la
valeur pour laquelle le verre présente une viscosité de
2,5
10 poises,
- la température de vaporisation (d°C) à une pression
donnée - par exemple, pour les matériaux utilisés en
traitement antireflet on pourra donner la température
-6
d’évaporation sous vide poussé (~ 10 mbar),
- la température de contrainte TC (pour le verre) : c’est
la température pour laquelle la viscosité atteint la
14,5
valeur de 10 poises,
- la température de transition vitreuse TG pour
laquelle la viscosité du verre présente une valeur
13,3
de 10 poises.
D/ Propriétés électriques
Elles caractérisent les interactions de la matière avec
les ondes électromagnétiques et l’électricité. Les
interactions de la matière avec les ondes électro-
magnétiques sont régies par des lois complexes qui
relient les propriétés optiques des corps avec
certaines de leurs propriétés électriques. Dans
certaines fiches techniques de fabricants de matières
figure ainsi la mention des paramètres suivants :
- la rigidité diélectrique (V.m-1),
4
- la tangente de l’angle de pertes (tg d x 10 ), à des
fréquences définies.
E/ Propriétés chimiques
Elles caractérisent le comportement des Matériaux
face aux substances chimiques habituellement
rencontrées dans la fabrication des verres, la vie
quotidienne, et certaines conditions extrêmes qui
permettent d’accélérer le vieillissement des matières
pour en éprouver la fiabilité. Il s’agit essentiellement
de l’eau - chaude et froide, salée et douce - des
acides, des bases, et de divers solvants organiques.
Enfin, dans les normes internationales, il est
également prévu de mesurer la résistance au feu des
matériaux utilisés dans la fabrication des verres
ophtalmiques.
13
II LE VERRE
OPHTALMIQUE DE BASE
Cette particularité exclusive en permet le travail à présentent en effet l’inconvénient d’offrir une
chaud et donc le moulage. Deux propriétés le rendent intensité de teinte fonction de l’épaisseur du verre.
intéressant pour l’optique ophtalmique : il transmet la
lumière visible et sa surface peut être polie pour être
rendue transparente et non diffusante.
II 14
LE VERRE
OPHTALMIQUE
DE BASE
Figure 9
Chlore (Cl)
électron
Argent (Ag)
15
II LE VERRE
OPHTALMIQUE
DE BASE
TYPE DE VERRE
1.5 blanc 1.5 teinté 1.5 photo1.6 photo 1.6 blanc 1.7 blanc 1.8 blanc 1.9 blanc
Silicium SiO2 70 71 57 48 56 36 29 7
Aluminium AI2O3 1 - 6 - 1 - - -
Bore B2O3 1 - 18 15 6 10 2 17
Sodium Na2O 11 12 4 1 9 2 - -
Potassium K2O 5 6 6 5 8 - - -
Lithium Li2O - - 2 2 4 6 4 -
Magnésium MgO 1 - - - - - - -
Calcium CaO 9 11 - - - 9 15 14
Baryum BaO 2 - - 6 - - - -
Zirconium ZrO2 - - 5 7 1 5 5 8
Titane TiO2 - - 2 6 15 6 9 9
Niobium Nb2O5 - - - 8 - 9 15 21
Lanthane La2O3 - - - - - 14 21 24
Strontium SrO - - - 2 - 3 - -
Fer Fe2O3 - 1 - - - - - -
II 16
LE VERRE
OPHTALMIQUE
DE BASE
MATÉRIAUX MINÉRAUX
Indice de réfraction ne 1,525 1,525 1,525 1,604 1,604 1,604 1,705 1,807
Constringence ne 59 57 56 41 42 45 41 34
nd 59 57 56 42 42 46 42 35
Coupure U.V. 330 nm 335 nm 335 nm 335 nm 345 nm 345 nm 335 nm 330 nm
MATÉRIAUX ORGANIQUES
Thermo-
Thermodurcissables plastiques
Indice de réfraction ne 1,502 1,502 1,502 1,561 1,559 1,559 1,599 1,591
Constringence ne 58 58 58 37 37 37 36 31
nd 59 59 59 37 38 38 36 30
Coupure U.V. 355 nm 370 nm 370 nm 370 nm 390 nm 390 nm 380 nm 380 nm
17
II LE VERRE
OPHTALMIQUE
DE BASE
II 18
LE VERRE
OPHTALMIQUE
DE BASE
Figure 10
19
II LE VERRE
OPHTALMIQUE
DE BASE
2/ Les matériaux Les matériaux organiques 3/ Les matériaux Les premiers matériaux
organiques teintés masse sont exclu- organiques organiques photochromiques
sivement utilisés pour la fabri- sont apparus vers 1986
teintés cation des verres afocaux
photochromiques mais n’ont pris leur essor
solaires. Ils sont obtenus par l’adjonction de colorants réel qu’à partir de 1990 avec l’apparition des
avant la polymérisation et permettent de produire en premiers verres Transitions® (3). L’effet photochromique
grande série des verres plans de toutes teintes et y est obtenu par l’introduction dans la matière de
intensités. Dans ces matériaux sont généralement composés photosensibles qui, sous l’action de
incorporés des absorbeurs U.V. améliorant la pro- radiations ultraviolettes spécifiques, subissent un
tection contre ces radiations. changement de leur structure qui provoque une
modification des propriétés d’absorption de la
matière. L’introduction des composés est réalisée
selon deux procédés principaux : soit avant la poly-
mérisation, par mélange avec le monomère liquide ;
soit après la polymérisation, par imprégnation en
LE VERRE OPHTALMIQUE DE BASE
Figure 11
ÉTAT ASSOMBRI
ÉTAT ÉCLAIRCI
(3) Transitions® est une marque déposée par Transitions Optical Inc.
II 20
LE VERRE
OPHTALMIQUE
DE BASE
illustre l’exemple d’une molécule de Spiro-Oxazine 4/ Les matériaux Les matériaux organiques
dont la partie droite subit une rotation sous l’effet de à moyen (n < 1.56) et haut
la lumière ultraviolette provoquant ainsi l’assom-
organiques à
indice (n > 1.56) connaissent
brissement du verre. Le photochromisme des ma- moyen et haut depuis quelques années un
tériaux organiques est généralement obtenu par indices grand essor. Par rapport au
l’introduction de plusieurs colorants ; l’effet photo- CR 39 traditionnel, ils permettent de fabriquer des
chromique global résulte de la combinaison des effets verres plus minces et encore plus légers. Ils ont d’une
photochromiques associés à chacun d’entre eux. manière générale une densité proche de celle du
CR 39 (entre 1.20 et 1.40), un chromatisme plus
élevé (constringence < 45), une plus grande sensi-
bilité à la chaleur et offrent en général une meilleure
protection contre les U.V. (voir tableau 2). Ces
matériaux présentent l’inconvénient d’être sensibles à
la rayure au point d’exiger un traitement antirayure
systématique de leur surface. Ils peuvent, le plus
souvent, être colorés et traités antireflet. Aujourd’hui
en plein développement, ces matériaux sont promis à
un grand avenir.
a/ Résines thermodurcissables
La plupart des matériaux organiques à moyen et haut
indices disponibles aujourd’hui sont des résines thermo-
durcissables. L’augmentation de l’indice de réfraction
y est obtenue selon l’une des deux techniques
suivantes :
- soit par modification de la structure électronique de
la molécule de départ avec, par exemple, l’introduction
de structures aromatiques,
- soit par introduction dans la molécule de départ
d’atomes lourds comme ceux des halogènes (Chlore,
Brome...) ou de Soufre.
Le principe de fabrication des verres en ces matériaux
est similaire à celui décrit plus haut pour le CR 39.
21
II LE VERRE
OPHTALMIQUE
DE BASE
CH3 CH3
n HO C OH C O C−
II
CH3 CH3 O
n
II 22
LE VERRE
OPHTALMIQUE
DE BASE
Figure 12
23
III LA FABRICATION
DES VERRES
Selon les matériaux utilisés, la technique de A/ Fabrication
fabrication du verre de base diffère grandement mais
son principe général reste le même : le verre est des verres minéraux
fabriqué soit directement à l’état dit “fini” que nous lui
Quel que soit le type de matière, la fabrication d’un
connaissons, soit en un état intermédiaire dit “semi-
verre minéral consiste en un surfaçage des faces avant
fini”, sorte de verre très épais dont la face convexe est
et arrière d’un palet de verre minéral fourni par
terminée et dont la face concave sera ultérieurement
l’industrie verrière. Ce palet est fabriqué par moulage
surfacée, à la demande, pour obtenir la correction
du verre encore incandescent à la sortie du four dans
voulue.
lequel a été réalisée la fusion de ses divers compo-
sants. Il se présente sous la forme d’un verre très
épais dont les surfaces sont irrégulières et la
composition interne parfaitement homogène. Ses
faces avant et arrière sont ensuite surfacées à des
courbures adéquates pour donner naissance au verre
final.
III 24
LA FABRICATION
DES VERRES
Figure 13
25
III LA FABRICATION
DES VERRES
B/ Fabrication des verres - remplissage : l’espace vide créé entre les deux parois
du moule est rempli de monomère liquide,
organiques - polymérisation : les moules remplis sont placés dans
des étuves où ils sont soumis pendant plusieurs
Considérons successivement la fabrication des verres
heures à un cycle de températures - ou, pour certaines
organiques en matières thermodurcissables et
matières, soumis à un rayonnement ultraviolet de
thermoplastiques qui font appel à des techniques très
quelques minutes - qui provoquent le durcissement
différentes.
progressif de la résine,
- démoulage : le joint ou ruban et les parois du moule
sont séparés pour libérer le verre.
1/ Matières Prenons l’exemple du
organiques CR 39. Le monomère est Cette procédure est utilisée aussi bien pour la
approvisionné de l’indus- fabrication des verres “finis” que “semi-finis”, seule
thermodurcissables trie chimique sous la forme la forme du moule change de l’un à l’autre. Elle est
liquide et suivent alors les étapes de fabrication globalement la même pour la majorité des matériaux
suivantes : organiques thermodurcissables utilisés aujourd’hui en
- préparation du monomère : filtrage, dégazage et optique ophtalmique.
adjonction d’un catalyseur,
FABRICATION DES VERRES
Figure 14
LA
UV
t°
III 26
LA FABRICATION
DES VERRES
2/ Matières Prenons l’exemple du poly- - injection : moulage sous pression du matériau fondu,
carbonate. Le matériau de - refroidissement : solidification du matériau par
organiques
base se présente sous la conduction à travers les moules,
thermoplastiques forme de granulés qui - démoulage : par ouverture de la presse et du bloc
sont ramollis par chauffage pour être injectés dans support des moules.
des moules à la forme des verres. La technologie
consiste à fluidifier le matériau de base par chauffage Cette technologie permet de fabriquer des verres de
et à l’envoyer, à l’aide d’un piston, dans des moules en toutes géométries en fonction des moules qui sont
métal ou en verre. Une vis d’extrusion opère la insérés dans la presse. Ces verres sont soit “finis” et
plastification du matériau dans le cylindre d’injection traitables en l’état, soit “semi-finis” et surfacés
et joue en même temps le rôle de piston, poussant la ultérieurement sur leur face arrière par des techniques
matière chaude par plusieurs canaux dans la cavité similaires à celles utilisées pour les autres matériaux.
des moules. Après l’injection et un temps de
refroidissement, les moules, composés de 2 parties,
sont ouverts et libèrent les verres (figure 15).
Figure 15
27
CONCLUSION
Depuis leur apparition, les matériaux or-
ganiques n’ont cessé de se développer et
de se substituer progressivement aux maté-
riaux minéraux. Ils représentent aujour-
d’hui la majorité des verres vendus dans
les pays industrialisés. Leur succès, essen-
tiellement fondé sur leurs qualités de
légèreté et de résistance aux chocs s’est
vu renforcé par la levée successive des
freins à leur développement : amélioration
de leur résistance aux rayures, dévelop-
pement du photochromisme, augmen-
tation de leur indice de réfraction, mise
au point de multiples traitements. Les
matériaux organiques possèdent aujour-
d’hui les atouts nécessaires à la poursuite
de leur conquête du marché mondial des
verres ophtalmiques. Les matériaux mi-
néraux - grâce à leur meilleure résistance
à la rayure et à leurs indices de réfraction
plus élevés - continueront à constituer une
solide alternative et ce, afin d’offrir à
l’ensemble des porteurs un confort de
vision toujours amélioré.
© Essilor International
mars 1997
Tous droits de reproduction, de traduction et d’exécution réservés pour tous pays.
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mieux voir le monde
© ESSILOR INTERNATIONAL - R.C.PARIS B 712 049 618 - SER 145 - Edition 03/97 - Printed in France - Création Pistache