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Biblioteca Digital Curt Nimuendajú - Coleção Nicolai

www.etnolinguistica.org
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GUSTAVQ BARROSO
• (De l'Académie Brésilienne)
• •• ~EMJlR.8 DE LA SOCI Í!TH 'ROVALB DR UTTIÍRATURE DE LOl'iORES
DIRl!CTB.UR DU MUSÉE ltlSTORIQO'E NATIONAL OC BRÉSIL
• •
C!tevaH~r de la L lgion d Jlonneur.

PARIS
llBRAIRIR DES AMATEURS

1.27 1 BOULEVARD S.AINT-GERMAIN, 127


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l\fYTHES, CONTES
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LÉGENDES DES INDIENS


FOLK-LORE BRÉSILIEN

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TIRAGE S P ÉC IAL 1 '
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iO exemplaires sur ~ladagascar, n u mérotés
de 1 à. 10;
30 exemplaires sur papie1· vélin d' Arches,
numérotés de 11 à 40;
40 exemplaires sur papier pur til Lafu ma,
numérotés de 41 à 80.

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Biblioteca Digital Curt Nimuendajú - Coleção,Nicolai
www.etnolinguistica.org

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GUSTAVO BARROSO 1

(De l'Académie Brésilienne)


MB!.IDRE DE LA SOClÉTÉ ROYALE DE LITTÉRATURE DE LONDRES

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DI'llEC TEUR DU '.lfUSÉE mSTORlQ UB l\ATlONAL DU nnÉSlL
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Chevalier de la Légion d'honneur.
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LÉGENDES DES INDIENS
FOLK-LORE BRÉSILIEN

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Biblioteca Digital Curt Nimuendajú - Coleção Nicolai

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' LIBRAIR I E OES AMATEURS


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A. FERROUO. - F. FERROUD, Succ.EssEun
127, BOULEVARD SAINT· GERMAIN , i27

1930

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A l\fON CHER AMI ET CONFRERE

MoN S IEUR ALEXA NDRE-ROB ERT CONTY


I A»B.\ SSADEUR OE FRAN CE AU Bi~ÉS I L
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INTRODUCTION
1•

Le Brésil, le plus vaste pays de l' Amérique Méri-


dionale et l'une des plus vastes contrées du monde,
quatorze fois grand comme la France, a été découvert
et colonisé par les Portugais. Ils y trouverent plu-
sicurs groupes de tribus sauvages, dont les princi-
pales étaient celles des toupis. Ces sauvages avaient
dans,leur qµ.as i-tota1ité le type mongolo'ide. Les Por ..
tugais se lierent d'amitié avec eux ou leur firent la
- ,
gucrre, les massacrerent, les réduisirentà l'esclavage,
ou les civiliserent , suivant les circonstances et les
lieux.
I
Comme ,ces lndieris se r efusaient au travail et
• I
préféraient t ouj ours leur sauvage indépendance à
n'importe quelle autre vio, on fut obligé d'aller
chercher des esclaves noirs en Afrique pour mettre
en valeur les établissements naissants.
~ 1 '

Pendant l'époque coloniale, en dehors des Portu-


gais, d'a.utres races européennes vinrent se greffer sur
ces trois éléments ethnographiques principaux, sur-
tout sur le littoral. Il y eut des invasions françaises
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- II -
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.
au Maragnon et à Rio de Janeiro , ou des Dieppois et Brésil, dans le serãt.o 1 , les autres furent e1npruntés
des huguenois essayerent de fonder la France Equí- à des auteurs autor1sés. Tantôt nous nous sommes
noxiale et la Fran~e Antarctique. L'occupation de la borné à les ~raduire purement 'et simplement, tantÔt
partie septentrionale du pays, depuis Bahia jusqu'au nous avons J ugé convenable de leur donner une tour- ,.
Ceará, par les Hollandais fut plus lon~ue. L'empire nu~e. plu~.en a~~ord avec l'esprit européen, afin d'en
des Espagnols sous les Philippe s'étendait au Portu- fac1l1ter l 1ntell1gence. ·
gaJ et au' Brésil, óu ils Dnt envoyé des · troupes ita- M. Paül Sébillot dit dans l 'IntrG>duction. de son
liennes pour ·a ider les Brésiliens à expulse:u les Hel- ouvrage T1·aditions et supe,1·stítions de .Za Haute-Br'e-
landais. ta~ne, qu'il. n'~ remanié les récits qt1e lorsque cela
A tout cela il 'convient d'ajouter les apports de sang lu1 .ª paru 1nd1spensable, ce qui, d'apres lui, est le
de toutes provenances pendant les dernicrs temps me1lleur moyen d'arriver à la vérité. C' est, obéissant

coloniaux, pendant l'époque du Royaume-Uni du à la m ême regle, qU'e nous avons fait quelquefois la
Portugal et du Brésil, pendant la période de l'Indé- mêmc chose.
pendance, pendant le demi-siecle du regne de Dom '
G. B.
P edro II et surtout pendant la République. Plus '
récemment se sont développées les immigrations ita- _ i · Certains augme:it~tifs s?nt faits en portuga.is a. vec la. désinence
lienne, allemande et slave dans le sud du Brésil, uo~ dont la prononc1ation n est p~s facile pour des Fran ça.is. Celle
• q~u se. r approche le plus de la vra1e prononciation c'est oN. Comme
' sans compter les Syriens-Libanais qui envahissent

tout le pays, y constituent fa.m ille et dont les desceu- ·
b1ntér1eur du .8résíl éta.it presqú.e désert, le colonisatcur l'appelait
ESEHTON, DESERTAO, c'est-à-dire l~ grand désort. Le mot abréo-é
SEntAo ?st. rest~ dans la Jangue du pays avec plus ou· moins Ia
dants sont incorporés à l'élém ent national . . méme s1gn1fication de H1NTE RLANn .
C' cst cet amalgame' .
qui
.
a forrné le I3résilien'
modcrne . En son âme vibrent toutes les âmes, aussi
ses contes et mythes seront-ils aussi variés qt1)origi-
naux. Not1s adopterons \a premiere classification des
élémcnts de folk-lore faite par M. Sylvio Romero et
n ous présenterons au lecteur les mythes, les contes
et l es légendes des lndiens, des n oirs, et des blancs
et métis. Ce premier tome ne contiendra que ceux
des Indiens. Quelques-uns ?nt été r ecu eillis par nous-
même· au cours de nos voyages dans l'intérieur du

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INDIENS DU BRESIL

CHAPITRE PREMIER
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' MY'J;HOLOGIE DES ,< TOUPIS 1 »

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Lcs Indiens TouP1s croyaient à un Dieu supérieur
qu'ils appelaient TouPAN. Le mot TouPI signifie fils
ou peuple de Dieu. En dessous de ce Dieu, maitr e du
t onnerre, se trouvait une trinitó composóe de : GuA-
RACI, le soleil, animateur et fécondateur des animaux;
JAcI, la lune, a11imatrice et fécondatrice des végé-
t aux; et PEao,-qnÁ, ou simple1nent RouDÁ, l'amour, le
Di'cu fécondateur par excellencc, qui apparaissait
dans les nuages sou~ l&. forme d'un guerrier.
GuARA.CI, le soleil, coinmandait quatre génies
ANllANGÁ 2, mot qui veut dire esprit, qui protégeait le
gibier; CAÁPÓRA, protecteur de toutes les bêtes de la
forêt; ÜUAOUIÁRA, protecteur des poissons; et ÜUIBA-
POUROU, protecteur des oiseaux .
JACI, la lune, commandait cinq génios : SACI-
PERERÊ ou l\11AT1-TAPERÊ, oiseau mystérieux ou lutin ;

f. D'aprês Jes études de :\l. Cou to de M.agalbaen s.



2. Prononcez A GXA::\GA.

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'( -2- -3-
Boi'rATÁ, le feu follet; ÜUROUTÁO, l'oiseau de nuit; cmpa.ra et, se cachant derriere un arbre, lc tortura
CouRROUPÍRA, ga.rdien des bois; lÁRA, l'ondine; et pour le faire crier. Entendant les cris ct fo lie de dou-
'
leur,labichc revint enarriere ct s'approcha de l'arbre.
Bo'ioUNA, le serpent qui garde les fleuves.
,RounÁ, l'amour, comn1andait trois gén\es : CARIRÉ, L' lndien alors lá. transperça d'une fleche.
la pleine lune; ÜATITI, la nouvelle lune; et MBo!A- Lorsgue, content, il voulut contempler sa victime,
AnARA, la gardiênn,e d.e la virginité. . f' ili vit qu'il avait été le jouet d'un, mirage créé par
En dehors de ces géni~s et divinités, ils croyaient ANHANGÁ P.Üur- Ie punir ·Qe sa cruauté. Et devan~ lui,
e:µ l'existence d'une espece de démon des ca.uchemars à la place de la biche, ·Se trouvait le cadavre de sa
appelé JouROUPARÍ : mêre, tuée de ses propres m.ains 1 •
'
LE CERF. ANHANGÁ
\

§ 1. - ANHANGA
(Conte des lndien s l\1ANAOs2. ) l
ANHANGÁ qui apparait sous la forme d'un cerf blanc
Deux Indiennes en arrivant à leurs plantations les
aux yeux de feu est la divinité protectrice du gibier
trouverent endommagées par un cerf.
pourchassé parles Indiens . Quand ceux-ci s'abandon-
Une dés femmes s'écria simplement :
nent avec trop de passion à leur gout cynégétique,
- Ce cerf mangea mon manioc !
Jnassacrant le gibier en trop grand nombre, ANHANGÁ
Mais l'autre se mit en co'Iere et commença à .dire
les chàtie.
des injures au cerf. " '
C'est aussi un Diea tles cauchemars.
Alor s ÁNJIANGÁ sortit du bois sous forrne d 'un cerf
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. t ~t cria :
LEGENDES SUR L' ANHANG4 - J e vais vous dévorer ! '
• Les femmes monterent sur un arbre et comn1ence- '
LE CH à.TIMEN'l' DU CHASSEUR r ent à crier au secours.
(Conte des lndiens TouPrs.) Lo cerf s' enfuit 3 . ' )

Un Tndien de la tribu TouPINAMBÁ 1 poursuivait une , 1. D'aprcs l\L Couto Jie l\fagalha ens.
í , 2..Tribu TO U:I qui a .donné le n om à. l'endroit ou s'éleve a uj ou r-
biche qui a.llaitait son faon . 11 blessa le peti t, s' en d hui la mag nifiqu e "Y1lle de 1\fanáos, capitale de l'Et at d e l' Ama-
zon c.
1. Peuplade guerriere de TouPA:-i. 3. D'apres 1\L Barbosa Rodrigues.

1
4- -5-
,
BôTo 1 . Quand il voit une jeune fill e et qu'il la trouve
, , jolie, il s'approche ·de sa m aison la nuit, transformé
§ II. - CAAPORA 1
en jeune homme, en chantant. Son chant est três
CÃAPÓRA ést le génie protecteur de~ animaux de la doux et attire, les jeunes Indiennes au hord des
forêt. II empêche leur extermination. Q'µ and le$ :iviêres. 11 les sédui~ et l es premier s enfants des
chass~urs cernent . une certa1ne quantité Q.e bêtes et Jeunes fill~s des t'riblÍs . s<;>nt 'Presque t<;>ujours attri- .
vel:llent les 1 fu~ss~orer .tôutes, ' alors le CÁ.(\PÓR~ · $0 1 bu.és au'. BôTo .. J ' · ' •.
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11 les su~pre~d parfois ~u bain, Ies ti:re ver s les


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montre et les met en fu1te. · • ~
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Son apparition est un signe de malhel,lr pour toute ,profondeul,'s du fleuve en des r égions merveilleuses ~
la vie. D ~ là vient le mot CAi:PÓRA, altération du mot On accuse l e Bôro de la mort des vierges qui se noient
indien, employé aujourd'hui par tous l es Brésiliens d~ns les lGARAPÉS 2 •
pour signifier la guigne. Au claír de lune les Bôros viennent danser et
Le CÁAPÓRA apparait sous la forme d'un géant ou chantcr sou s la lumier e argentée, au bord de l'eau 3 •
d'un nain au corps couvert de poils. 11 erre par les
bois m onté sur un CAETETOU 2 et conduisant un
LÉGENDE SUB, L'OUAOUIARA
immense troupeau de ces petits san glicrs.
Les m étis actuels croient qu' on doit porter du
tabac lorsqu'on va chasser, car le CÁAPÓ.RA l'aime beau- LE BÔTO
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coup et on ades . ch'a nces de l'am adouer 3 • (Conte <l.e~ Indiens de l'A~f:A.ZONill:.)
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v~.1·.in•
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·" I,~ ' ' .· \}ne ,jéune femme q11i aíni.a.it ,u n· gu.errier inconnu
§ III. -.· OUAOUIÁRA 4 'dont ~lle avait un enfant r emarqua que son amant
' '
'
Le ÜUAOUIÁRA est le génie des rivier es et le protec-
Toup1-P1RA, poisson, i, eau, et ARA, mattre, 'ce qui me semble plus
teur des poissons. 11 se présente sou s la forme d'un logique. .
! . Marsoui,n fluvial, dauphin, I NIA GEOFFRENSIS et DELPHIN US FLU-
1. Du T ouP1-CAA, bois, et PóRA, démon, génie. VIATIL~S.

2. Petit sanglier du Brésil, D1coTYLEs, sp. var. 2. Du TouPI-lGARA, pirogue, et PÉ, chemin, littéralement LE
3. D'aprés M. Couto de Magalhaens. Cssu1x DEs P1RoGuEs, canaux naturels dans les grands bassins flu-
4. Ce nom est donné par :hf. Couto de ~Iagalhaens au génie fiu vial viau:t:.
des lndiens, mais hi. Barbosa Rodrigues l'appelle PIRAIAOUAR A, du 3. D'aprês MM . Couto de Magalhaens et Raymundo Moraes.
'
-6 - -7-
'
portait une queue de poisson dissimulée so us ses auront du honheur toute leur vie. C'est le meilleur
ornements de plumes. des talismans 1 •
On raconte aussi, que l'Ou1RAPO URou, le petit
- Pourquoi veux-tu une eh ose si laide? demanda-
/ oiseau, est un chef, un cacique exilé et qt1e les autres
t -elle. '
- C' est ça ce qui manque aux personnes qui se oiseaux le respectent et l'aiment car ils sont leurs
noient, r épondit-il, et il partit tout de suite comme sujets. Tous ont été transformés en hêtes par des
s'il était fâché. , , t
mauvais génios 2 •
Plus jamais il ne revint. La femme était três triste
et elle passait jour et nuit au bord de la 'riviere en
§ V. - ~ACI-PERERÊ
pleurant son sort malheure·ux. Elle port~it t()ujour& ;

son petit enfant sur son dos; 1


i, ' '
S~c1-P ll: RERÊ, SAcI-CERER~ ou MATI-TAPERt 3 , génie
Un jour comme elle pleurait, la riviere monta jus-
des champs et des bois, espiegle et moqueur comme
qu'à la rive et. le courant l' cmporta avec son fils .
les korrigans et les farfadets, e' est le lutin du Bré-
Le lendemain le,s Indiens qui1pêchaient virent un , ' 1

si1. Il se niontre généra.lement sous la form,e 'd'un


BôTo qui poussait ver s l e rivage deux corps. C'élait •
petit Indien boiteux ou même avec une seule jambe ~,
le guerrier mystér~eux qui rendait à la tribu les
coiffé d'un bonnet rouge.
corps de sa maitresse ct de son enfant. ~

Qans de-s, légendes plus prixp.ítives, il apparaissait


Depais lor~ les BôTos ont l'haoítude·. <le ·pousser
-
1
'
1 parfois sous la forme d'un oiseau , le CocuLus-CoR-
vers les rivages les cadavres des gens noyés . •
Nurus que les Indiens C!oient être un oiseau-fée .

1 . D'ap:res M. Couto de ?ifagalhaoll's.


3 IV. - OUI~APOUROU
2. D'aprês M. Raymundo Moraes.
3. SAcl ou ÇAci, mêre des· âmes , du T oup1- SA. ou CA, âme, et Ci
Le génie protecteur des oiseaux vit incarné sous I mere. TAPERÊ (corrorupu en Pererê ou Cet e1·ê), d ans la mêm~
langue, de T APEPERB : TAPE, sur, PÉ, chemin, nt CE:, particule dont
.la forxne d'un petit oiseau de l' Amazonhe, dont le
1 le ~ se cha.ng~ ep ~ piir .e u phonio. Ainsi 8Ac1-TAPERÊ, qui est ie
chant est tres agréable. Lór squ'il chanté' t ous les vra1 nom, s1gn1fie, d apres le savant brésilien, M. Baptista Caetano,
LA MERE DES AMES ou1 APPARA.iT s un LE CHEMIN.
autres oiseaux se taisent pour l 'entendre.
4. Le SAci rappelle les sciapodes de Pline, dont on trou ve l'image
Ceux qui réussissent à se procurer le corps ~m-: d an.~ la Ch·ronig~e de Nure1nb_e1•g, manuscrit de la Bibliothêque
pâillé ou •quelques plumes mêm e de .ÜUIRAPOUROU · Nat1ônale de Paris. Quelquefo1s le troll scandinave n'a , lui aussi
qu 'u no seule jambe (Lescure, Histoire des Fées, et Ed. PiÍon , Conte;
anciens du N 01•d).
1.. n ·aprês M. l\'l anoel Santiago.

'

..
• -8- -9 -
11 court par les champs et sautille par les bois au de OUANTÉ afin de la prendre. Ils lierent soliderJent
soir, effarouchant les bêtes et jouant des tours aux un ;hameçon à la pointe de cette corde et y mirent
passants. Quand on marche par la forêt et qu'on .. un enfant três gras. Puis ils jeterent cet appât au
s' embarrasse dans les lianes ou tombe dan s les milicu , du lac. La P1RAHÍBA prit l 'hameçon, coupa
bourbier s, on, entend son rire moqueur. C'est lui qui la corde et s'enfuit, car elle était tres forte ct tres
a j ou~ ·ces tÇ>urs-là .1 • féroce.
Cette . légen~e. s~e·s t ' déjà con1pliquée d'é~émen~s · ' . Ú;u. sorcier conseilla les cl1~fs ; ,
' .
~ Mes enf'ants, cetté ' P1:I,lAH.fBA est l'r es m.échante
1

noirs· et ' blancs ' dans l e folk~lore du · Brésil ~otttel,


1 ~ i \ r ' ' + 1

surto·u t 'd,a ns sa partie inéridi0nale. car· elle est l'âme d'µ n cacique. Si vraiment vous
voulez la prendre, usez d'une cordé ttessée avec 1es
cheveux de vos femmes.
LÉGEjYDES SUR L E SACI
Les fe;mmes se dépouillerent de leurs chcveux, on
1 1 2 tressa la corde, on Ínit un autre enfant dans l'ha-
L E << TINK.OUAN ))
rneçon et on prit la vieille PIRAHÍBA.
(Conte des Indiens du Rro NEGRO.)
Lcs sorciers dirent :
- Tuez-la ~ Ouvrez ·s on ventre et vou-S y trouver ez
Autrefois un cacique vécut sou s la forme d'une un oiseau qui est l'âme du fils du cacique. Ne le
PIRABÍBA3 ~ avéc un e;nfant dans son ventre rayé. laisse~ pas s' envoler, car s'il arrivc à pouvoir cl1a.nter
Ce gros poissqn dévorait tous ceux qui allaient 1'rNKOUAN l nous sommes tous perdus. · /
pêcl1er, Alors les Indiens commenoerent à lui don- 'lls ouvrirent la P1nAHÍBA, uiais l'oiseau ,réussit à 1
;ner chaque jour un. ~nfant, pC>.ur .q u'il ne .tu~~ plus . le~ 1
.,,.,'~,,~ '
1
1s'éehapper et chaµta deux foi s : TJNJC:OUAN I T·IN-
'1

P'êcbeu11s ,( · . ·~· 1 ' '! 1 ' ' f ( /1 1 1 ' '


KO UAN . ' '
!
" • \ ' \i ' 1 .

Plu~ieurs chefs •de · fribu, en v ue'' 1 Cle la grand~


1
• '1 ' 1I ' '
' 1 •

'Tout de. suite le ciel s'obscurcit, ia t'erre trembla,


' qµantifé de p ersoii~es déjà mangées p~r la PIRAHÍBA, le lac devint sec, tout le monde périt et l oiseau
1

rés'olu.rent de s'en défaire. Ils tressbrerit une cord,e r esta seu} en chaiitant : TINKOUAN ! TINKOUAN ! .. .
1

L'oiseau-fée est le fils du cacique qui vivait dans


i . D'aprés MM. Couto de Maga.lhaens, Santa Anna Néry et Bar- •
bosa. Rodrigues. le ventre de la PrRAHÍBA. Lorsqu'on l 'entend chanter
2. CocuLus coR.NUTus, Lin . Les Indiens disent que cet oiseau est on ne reçoit pas de bonnes nouvelles 1 •
le SAci même.
3. Gr os poisson . Du TouP1-P1RA, poisson, et AHIBA., méchant ;
SILUR.IDAE, sp. var . i . D'aprés M. Barbosa. Rodrigues.

'
- 10 I -11 -

La couleur rouge des yeux de ces oiseaux c'est du


LES OISEAUX.- F ÉES sang 1 •
(Conte des Indlens du fleu ve So11MOENS1 .) '

LE GUERRIER l\IYSTÉRIEUX
A11trefois les oiseaux-fées étaien·Lles deux cnfants (C onte des ~ndiens de l' AMAZONIE.)
d'un caciqu~. Co~me il~ é~ai~nt tres heureux,, un 1 )
~

1 l
1
de leu,rs oncles les ha!ssait. Un j,our il les. invita à Un Toux..\.OUA 2 qui retnontQ.it la.riviere en pirogu e
aller couper les arbres d'un 'petif bois afin d'y· faire'
s eífray,a d'entendre toujours et mêm~ plu s fort le
1

u~e plantation de mauioc. II les enivra et lcs tua. ·~


bruit df:t la cascade qui étáit en aval, comme si au liet1
A~ moment de mourir un des freres deman da à d'avancer il reculait vers l'abime. Plus il r amait avec
l'autre :
force, plus forte devenait la rumeur. 11 out peur et
- Qu'as-tu rêvé ?
adressa à un oiseau qui volait sur sa tête cette st1p-
- Moi, j'ai rêvé que nous nous sommes barbouil-
plique :
lés avec du CARAiouRou 2 • )
- Oiscau, prête-moi tes ailes, car je Clésire retour-
- Moi, j'ai r~vé la m ême chose .
ncr à ma tribu !
Leur gránd'mere préparait la nourriture, ils arri- \
verent ch ez elle et lui dirent : 1 L'oiseat1 tomba dans la riviere et plongea dan s
_:_ Hélas ! grand' mere, n ous n e sommes plus l'eau comme s'il allait pêcher .. 11 disparut ...
vivan,ts , nous ne sommes plYs quedes ,csprits et nous · Tout do suit~ le hruit de la cascade s'éloigna, l'In-
allons te q' uitter pour tou1·e ours. Lorsque ,nous ohante- , dien recommen~a de, rarrier et Ia pirógue glissa rapi-
\~

r1o ns : 'f1NKOUAN' ! Tll.'iKOUAN ! eaó~e-1 toi dalis la mai- . \' ' .. '
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• f l'espr.it du SAci, c'est l'ALMA DE.~ATO ou .A:LMA DE CAnôcLo _(âme de
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bh at ou ó.m e d 'Indien) des Brés1hen s, CoouLus CORNUTus, L1n.
Coinme Je chant T1NKOU AN ! p orte malheur, ils demandent à leur
, i . On appelle SoLIMOENS le fleuve des A MAZONt:s en am ont de mére de se cacher et de ne p as les r econnaitl·e qu e lorsqu'ils ch.an-
l'embou chure du íleu ve Negro . · teront : Tx 1 T1 !
2. B JoNONI A CnrcA ou LuNorA. CaICA, dont on extrait u ne poudre i. D'apres ~I. Bar bosa Rodrigues.
ro u~e qui sert à colorer les corps et les tissu s des Indiens. Co mme 2. Les Ind ien s de r ace TouPI appellent les chefs TouxAouAs ou
les d eu x frêres a vaient été assassinés, ils étaient cou ver ts de sang t.lo nouBIXABAs . Le m ot caciqu e n 'est pas connu entre les tribus du
et leurs âmes se croyaient barbouillées de CARAtoonou . Brésil. Je l'emploie parfoís dans ce livr e car il est três en usage e n
3. L'oiseau qui chan te Trx& o u AN et que le sauvage croit ·êtr e ~urope avec Ja sig nification d e chef.

' í

'

..
I

~
-13-
Le TouXÁOUA fut reçu par l es siens avec beaucoup
de j oie, car i l s'était passé p,lusieurs j ours apres
son départ et on le croyait perdu . 11 y eut une grande § ' rI. - BOITATA' 1
fête. Pendant l es danses son attention fut éveillée
parun guerrie:r inconnu qui fai sait la cour à sa fian- 'L'lndien appelait l e feu follet B o'iTATÁ. C' était un
cé~ . C' était · un homme superhe, chargé de bollier:s · .esprit ·qui menait aux bourbi.ers et aux ablrnes l e ~
fa~ts .~vec l es de:~ts d,es bête.s ,féroces massacrées par 1 ( , gep.~ · coupabies d avoir · ince11dié les c}1amps par
1

, lu1 et des enn~m'is tués d~ns les guerr es et l es potn- · 4éêhan~eté.' I~ serva~t ª\'ssi pour indiqu.er aux pas-
hats singuliers. Il était tout couve.r t des plus rares sants lcs tombeaux des p0,rsorines assassin ées :i .
et plus belles plumes, et portait s~r sa tête deux ' , Les Indiens du B1·ésii m étidion al raoontaient qu'au
ailes q ui r appelaient celles de l' oiscau qui avait temps du déluge un serpent se càcha dap.s une grotte
1 /
sauvé l e TouxAouA. ' au sommet d' une montagn e et resta ainsi hors de
Celui-ci, três jaloux et de la heauté de l'inconnu l'atteinte des eaux . II y dem eura lon gt emps dan s la
et de sa fiancée, s'approcha du couple et arracha l a plus complete obscurité. Par l 'effort continue! qu' il
jeune filie à l' étranger d'une m anie:re provocatrice. faisait pourvoir, ses yeu x s'enflammêrent et devinrent
Le guerrier ne r epoussa pas l'insulte . Alors tous l es ~umineux, son corps disparut ct il n e lui r esta ·que
lndiens de la tribu l 'expulsêrent comme un lâche. l es yeux. Voici' comment naquit le Bo'iTATÁ 8 •
Le guerrier aux ailes d'oiseau s'él pigna cn sil~ce, O~royait aussi que le feu follet quelquefois se
la ,têt~ haute.. et s~ j~ta da~s la riviere .. . Croyant 1 ohangeait en souche enflam rp..ée. qu'on appelait
qu il s enfuya1t. à la· nage,.tous les Indiens monter.ent MÉOUAN, et q,1i brulait ceux gui la ;voulaient prendre

sur l~u~s Ou~is 1 · a~:n-, fie ·l e póurs1;1)vr e, · ·m~is·· lar ' üiil"""'~ 1~: .....,.-"·' pour m ettr e le feu . aux: .c hamps ~ .
rume. UT
dé 1.a casca d e. rem,
. p l't l' . r 11 i. '
1 · 'e space, un' oiseau ·
,,
t

s' envola de l a riviere ,. e:n criant : TINKOUA,N·! T1N-


1 1. Du TouP1-MnoX, serpent, ~t TA.TA., fE.u , selou quelqucs auteurs ;
de MDA'l, chose, et TATA, feu, selou d 'autres : SERPENT DE FE U ou
KOUAN ! la n uit tomba, la peur naquit e11tre l es CHOSE nE F&u. La premiere étymologie est plus sure. Dans la r ógion
Indi~ns qui n e l a connaissaient pas encor e et tous ils comprise entre les Etats de Bahia et 1\.1aragnon, on dit BATA.TON ;
da.os le centre, à Minas, S. Paulo et Rio de Janeiro, BAITATA; dans
furent charriés par les eaux devenues furieuses 2 . le sud, à Rio Grande J.o Sul, B o1TATA; et à Serg ipe, par exception,
J AN-DB-LA-Fo1cE, nom dont l'origine est absolument inconnue, mais
qui rappelle un peu le J ACK WITH A LANTERN du Pays d e Galles.
2. D'aprés M. Couto de Magalhaens.
i . Pirogucs creusées dans un tronc d'arbre.
( 3. D'apres M. Sylvio Julio.
2. D'aprês M. Manoel Santiago. O Jor nal, Rio, 26-6-1927. •
' 4. D'aprês M. Couto de Magalhaens.

.. 1
.. -14 - • - 10 -
son pere et sa mere étaient morts sans rien obtenir.
A bout de ressources il lui cria :
' § VII. - OUROUTAOU 1 - OunouTAou, ta maitresse est morte!
Tout de suite celui-ci éclata en sanglots :
Génie nocturne qui apparaít sous la forme d'un - Ah !. . . Ah !. .. .Ah !. .. Ah !. .. 1 '
oisealt 2 tres répandu en de certaines régions , du
Brésil 3 • .
Son chant ironique ~t . lugubre on ~ôm~ temps; L'OUROUTAOU E'l' LA FEMME
\

1
'
c'est cotnme une gamme d'intcrjecti'ons saccadées (Conte des Indiens de l'AMA.ZONIE.)
qui vont en diminuant d'intensité jusqu'à se perdre
dans l' espace . L 0unol1TAOU, voyant \llie femn1e qui passait st1r un
1

Comme il ne chante qu'a~ clair de lune, les métis tronc jeté à travers ~'un ruisseau, dema11da au tronc
actucls l'appellent l\1AEN DA LUA, c'est-à-dire MtRE DE ce qu'il avait vu.
LA LUNE ~. Le tronc lui répondit :
- J ai vu la forme de ta boucho ...
1

L' OuROUTAOU se mit à rire :


LÉGENDES SUR L'OUROUTAOU
- Ah !. . . Ah !. . . Ah ! . .. Ah ! ... 2 .

'
§ VIIL - COURROUPÍRA 3
1 • • ' f

·L'OuROUTAou
,
n,'avait
,,
ja:mais' chanté. UnI oiseau 1mé7'
' ,.~ '
· Génie des bois, ·q ui protege les arbres. 11 ressemble
chant voulait par force;{ ent~ndre le son de sa -voix. · ~ u:o. petit lndien ~ux pieds tourné,s en arricro comme
11 lui dit que son frere étaít mort. L'a.utre garda le le'S enotocetes de Mégasthenes, mais son corps est
, silence. 11 lui dit alors successivement qúe son oncle, bâti tout d'une piece sans la moindre ouverture.
Quand on entend du bruit dans los bois, c'est le
1. Du TouP1-0unou, oiseau, et TAou, fantôme (M. Couto de ~faga.- 1
lhaen s); ou de IouRou, bouche,. et TAHI, bée (M. Ila ptista Caetano). i. D'a.pres M. Gustavo Barroso.
2 . .l<'issirostre, le WaIP PooR WILL de la Gu yane anglaise, CAPRI- 2. D'apres M. Barbosa Rodrigu es .
.MULGUS V OCIFERANS.
3. Les populations actuelles du Brésil confondent de t elle maniêre
3. O'aprês ~f. Couto de MagalQ.aens. les mythes du .Co u R ROUPiR ~ et du CA.APÓRA qu e ce n'est plus facile
\
4. D'aprês ?YI. Gustavo Barroso. 1 de les débrouiller.

'
1
,

\
~
' .. •
- 16 - · ·1 - '17 - .. '
' 1

CouRROUPÍRA qui frapp e l e tronc des arbres pour voir sa h ache pour en tirer l es dents . Alors l e Counnou-
s'ils sont eu bon état, ou s'ils sont pourris ou rongés PÍRA r essuscita, l e r em er cia de l'avoir réveillé de ce
par l es vers. . long SOIDIDeiJ et lui offrit Une fl~ch e enchantée !}Ui
' 1.
11 châtie ceux qui font du mal aux arbres e 11 ·1es
1

·en fit l e premier cha.sseur de la tribu. l\1ais ce1lui-ci


1
faisant s' égar er dans la forêt 1 • raconta son secr et à sa femme et aussítôt il t omba
raide m ort 1 .
' LE' CYCLE DU COÚRROUPÍRA. f '
. ,
LE COURROUPÍBA ET LA P,EMME

LE COOUR DU COURROUPlRA (Conte des Indiens du PARÁ.)
(Oonte des Indiêns Touvis.)· ,. !.
\
Une femmc qui alia ch asser .dans le.s bois et s'y
Le CoURROUPÍRA réveilla un chasseur égaré qui égara ren contra la nuit le CouRROUPÍRA. Celui-ci lui
dormait fatigué sous un arbre et lui de.manda un demanda : , t

rhorce~·u de son cceur. :L'fndre:ri qui tavait tue. un


1 1
- Ou vas ..tu ?' \ ' '
singe lui donna un m orceau du cceur de la hête. Le - Je voudrais r entrer chez moi, m ais je m é suis
génie l e mangea et comme il l e trouva três bon lui ~ égarée et j e n e peux plus r etrouver n1on ch emin.
demanda '1e r.~ste ; , L'ho.m me ·l e lui donna, . mais - Viens. p.lors che~ lllOi. ,
,.

aJOUta :
"I ~ r '

Le CouR'ROUPÍRA f'emmena chez 11,l.I ·coucha avec et


- Tu devrais bien m e donncr un morceau du êlle; puis il dit :
tien. - Maintenant je vais prendre du gibier pour ta
Le . Counn~uPíRA, crb.y'ànt que;· l'homme ,avalt .' ptis mere.
'

son propre creur sans se faire du mal, s' ouvrit la 11 se r endit à l a 'forêt, y r esta quelque t emps et
poitrine et tomba t out de suite mort. Le chaf)seur revint avec un JAMACHI 2 plein de gibier. 11 y avait des
s'en fuit. ,,. , TAPIRS, d es cerfs, des ·pécaris, des agoutis et des
1

Un an apres, il se rappela que le CouRROUPÍRA av.ait 'fAlASSOUS 3 •


des dents vertes et il eut l 'idée de s'en faire un beau
i. D'aprês ~1. de Santa Anna Néry qui a pris cette légende aux
1

collier. Il se r endit at1 bo~s, trouva le squelette d~ A1·chives du !tfusée National de Rio de Janeir'o.
CopRROUPÍI\~ 1SOUS l' arbre et frappa la màch9ire avec .· 2: Gros paníer.
3. Sanglie'r américain, le QUEIXADA dcs Brésiliens, DrcoTYLES
i. D'apres 11. Couto de :ltf agalhaens. LABIATUS.
- '18 - · -19 -
11 conduisit la fen1me ch ez sa mere, dont la m ai- - Grand-pere, montre-nous l e ch emin, s 'il te
son fut r cmplie de venaison, et lui dit : plait.
_ Lorsque tu auras besoin de nourriture,viens ch ez - Jc l 'ai déjà montré.
moi t. Les enfants s'en all er ent. Comme ils ne r etour-
r1aient plus~ le CouRROOPÍRA les chercha cn criant :
LE COURROUPÍRA ET LES ENFANTS PERDUS _:.... ,Mon gibier ! ]\tlon gibier ! .
. Le~ ·morceau~ du gihier lui répon'd~ient du ventre.
'
' (Conte des Indlens d.u' fl~uve Pou.Rous.)
dos fu gitifs. ·
Un Indien abandonna au milieu de la forêt d.eux ...,._, Holà ! Holà !
de ses enfants qui m angeaient trop . Des qu' ils se Lcs enfants arriv~r ent au bord de la riviere et

trouverent seuls, l es enfants grimperent s ur un arbre burent beaucoup d'eau pour vomir l c gibier du Coun-
d' ou ils aper çurent le CouRROUPÍRA assis aupres d'un ROUPÍRA. Celui-ci continuait de cr ier, mais le gibie'r
feu . lls descendir ent de l 'arbre et s'appr och erent du lui répondait du sol, pendant que les cnfants traver-
monstre qui boucanait une grosse piece de gibier . Ils saient la riviere. Sur l'autre rive ils trouver ent un e
avaient faim et lui demanderent un morceau: CourrA 1 qui râpait du manioc enchantant . Les enfants
- Grand-per e :i, donne-nous un petit morceau à lui demanderent :
roanger.
- Volontiers. '
11 découpa la jambe de la hête et leur offrit des
morceaux. , . '

.~ Sais-tu par h asard. l e chemin de notr~ n1~ison>?


dcmanderent l es enfant's. · ,
- Faites un tour par là, r even ez et passez . entre
mes jambes, r épondit le CounnouPÍRA. · '.
Les enfants firent le tour, r etourner ent, passerent
sous le monstre et n e trouverent rien. Ils lui dem an-
der ent de n ouveau : 1. Petit rongeur, agouti.

i . D'aprês M. Barbosa Rodrigues.


' 2. II y a un e ce!'taine ironie dans la- demande, car les rongeurs
volont toujours le manioc des plantations des In diens. Les enfants
2. Les Indiens appellent grand-pêre, grand'mêre, fils, petit-fils. demandent ou est la plantation, car les plantations sont toujours
oncle ou tante les personnes qu'ils veulent flattcr. proche des maisons.
, 3


f

/
1

Biblioteca Digital Curt Nimuendajú - Coleção Nicolai


www.etnolinguistica.org
- 20 -
""' f l'

le singe ne la montra que_lorsqu'ils promirent de


ne pas le tuer.
Ils arriverent chez leur inere qui les attendait déjà
avec impatienco 1 •

LE COURROUPÍRA ET LE PAU VRE


f
(Conte des lndien's du Rro NEGRO. )


Un homme tres pauvre et tres malheureux ren-
contra llD. soir le CounRou:eíRA dans les b0is. 11 avait
des cheve~x tres longs, les pieds tournes en arriere
et un gourdin au poing.
Le CounaouPíRA Iµi adressa plusieli,rs que~tions :
- Qui es-tu ? Que viens-tu faire la nuit dans les
bois? Tu as du courage pour venir t out seul à cette
h eure-ci dans la forêt . Que veux-tu ?
II },e men,aç.a it de son gourdin, m ais l'homme lui
r épondit tres calme :
- Je suis três pauvre, et comme je n'ai pas trouvé
du gibier pendant le j our, je viens tâchcr de le prendre
pendan't la nuit, car ma fcmme ·e t m os enfants ont
faim .
- Mon ami, je t'aiderai, dit l~> m onstre . Je te
donnerai tout ce que tu voudras. As-tu du tabac? ·
L' homme lui donna un peu de tabac.
La nuit était froide. Le CounROUPÍRA alluma du 1
1NDIENNE DE LA TRI BU DES PARÉC IS

1. D'aprés M. Barbosa Rodrigues.

. -
'

feu, s'assit à cêté, remplit sa pipe 1 de tab~c et se mil


1

à causér.
- Mon beau-frer e, si tu m'apportes toutes l es
nuits, un peu de tabac, je te donnerai l e gibier que
tu voudras, proposa le CouRROUPÍRA ; mais tu ne dois
raconter ces choses à . personne, surtout à ta femme
· q~i:peut deve,nir'j ~l~us~ toi • .· , ie
iis 'causerent toute la uuit et ne se ·séparêrent
qu'au m atin .
Depuis ço jour, toutes les nuits, dês que sa femme
s' endormait, le pauvre se r endait au bois et porta.it
du tabac au CounROUPÍRA qúil trouvait assis au m ême
. ~P'droit, à côt é du feu,, ayant du gibier ·pour lui.
w,i~~r&1:11 . 1 ._ 1 • La. 'fe.m~me. se 'm éfi.a; 1·q ue son .'1m ari. so.r tait l~ .nu.it .
« t i 1 ' 'T '"1 , ,
' , 1
' '
et elle se ·d isáií :· "1
'
- Ou trouvc-t-il du gibier pendant q'u e je dors?
Comment fait-il pourle prendre ? J e vais l'espionner .
La nuit, ellc fei.gnit de dormir, m~is des qu' il sortit
elle le suivit et assista à son r endez-vous avec le
,CounaouPÍllA. Celµi-ci dit à l' h om rr1e dês qu'il arriva :
•'.: wt · , ~" -:- " , notre pacte ·e~t ·ro;mpu.. Ma.lgré
1

~--- '< ll, J


M0n .beau1frêré.
r r\ { 1 ! i -. ) :\ '
'. ta d.lscrétion, ta femme sa.it t·oµt. Je V8i1S la châtier
t
1

\ ' .. pour' sa curiosité, car elle n.' est pas ch ez toi comme
tu penses, ma.is tout procho d'ici. Elle va m ourir
et toi tu n 'as rien à redou ter.
,
Le CoUl\ROUPÍRA sauta sur la femme et la tua. L e
ve'1f s' enfuit et devint fou à cau se de la mort de sa
1 •
1
'fe'.rnqie .
1

' ~ )

' i. 'D'apres M. Barbosa Rodrigues.


.. _- 22 - - 23-
'
,
rnangca. Lorsque le CouRROUPÍRA ordonna de loin
LA NOURRITURE DU COURROUPJ RA qu'il se retournât, il n e répondit plus. Alors le CouR-
(Conte ·des Indiens du Rro NEGRO.) ROUPÍRA alla voir ce qui arrivait, ne trouva plus sa
nourriture et l'appela. Elle lui répondit du ventre
Pendant .q ue le poisson qu)il avait pris rôtissait du jey.ne homxue.
sur le feu, le CouJ1aouPíRA prenait un ·bain dans lé Celui-ci, tout effrayé, courut jusqt1e chez l'lRÁRA1 •
·ruisseau. Une jeune fille vint à pq,sser par là, prit le · - , lnÃnA, supplia le j eune ,homme, cache-moi car
poisson et le mangea. Quand'le CouRROUPfRA sortít de le CouRROUPÍRA -veu·t .me dévorer !
l' eau, il ne trouva plus sa nourriture. Il l'appela. Le Le CouaROUPÍRA arriva chez l'IRÃRA et lui demanda :
poisson répondit dans le ventre de la j eune filie. - Ou as-tu caché ma nourriture?
Le CouRnouPÍRA la poursuivit. Elle arriva pres d'un - Quelle est ta nour:riture ? ·
1

arbrc ou habitaient des CouANAounous et les pria de - C'est de la chair humaine. ,


la sauvcr. Ces gros crapauds venaient de la cacher - Vicns prendre du miel avcc moi, conseillal'IRÁRA,
quand le CouRROUPÍRA arriva. Ils commencerent à c'est beaucoup mieux.
coasser pour lc taquiner. 11 se fâcha et leur dit : - Je n e veux pas .
- Dorénavant je ne mangerai plus des TRAHIRAS1 , - CouRROUPÍRA, ne me touche pas !
je prendrai des TATous 2 • Ce sera ma nourriture. - Qu'est-ce que tu as dans le ventre?
11 alluma du feu au bord de la rivi ere et y mit un - Je t'ai déjà dit, le miei est beaucoup mieux que
morceau de TATOU sur la broche. la chair humaine'.

'
1
- lVIaintena:nt, dit-il , pertdaht q.u e mon repas/ est . - InÁRA, j e r~tourne chez moi et plus jamais je ~e
sur l~ feu, j e .;vais ip,e frotter de glai$e ~ . pourrai xn'habituer .à prendre du miel )l .

11 criait de loin : ' '


.'
- Retourne-toí sur le feu; mon rôti ! LE COUHROUPÍRA, LA FEl\tàIE ET LES ENFANTS
Et le rôti lui obéissait. .
(Conte des Indiens de l' AMAZONIE.)
Un jeune homme qui pêchait trouva le rôti et le
i. Poisson d'cau douce três commun au .Brésil, E n YTHRI Nus TAREIRA, Le CooRROUPÍRA tua un chasseur qu'il rencontra
Cu v.
~. DASYPUS, sp. var.
dans la forêt, l'ouvrit, prit son foie, s'habilla avec les '
, 3. Les l ndien.s se frottent quelq u efo~s .de glaise pour mitiger f . GALlCTI S B ARBARA.
1 ardeur du soleil ou se défendre de la p1qure des insectes. ! . D'apres ?t1. Barbosa Rodrigues.

\
\
t'

"
., - 24- 1 - 2Õ -
"
pl-umes du mort et se préscnta ch ez sa femme.

- Ma vieille' ! ma vieille,
ou es-tu? •
C'était à la t ombée de la nuit, elle n e le regarda pas Nela trouvant pas, le CouRROUPÍRA a llait retourner
.
tres bien et crt1t que c'était vraiment son mari. 11.
~

lui donna Je foje de l'Indien et lui dit:


à la maison~ lorsqu' elle descendit de l 'arbre pour
,se cacher dans le bois. 11 l'aperçut et courut api:es '
- Ma vieille, c' est une viande savoureuse . elle criant :
Arrange-nous un bón diner avec elle. - Ma vieille, ou es-tu ?
La femme ·prépara Je foie, prit de l a farine, s'~ssi~. 1 La ,femme grimpa s.u r un gros tr~nc d )arbre .o u .
sur une natte avec ses enfants et appela l e Couaaou- habitait le crapeau CouANAouaou et l e pria de la sauver.
PÍRA.11ls m anger cnt. Apres le repas, lc CouRROUPÍRA Le CoUANAOUROU la cacha dans son trou . Lorsque le
lui dit : , CouRRou;piRA s)approcha, il lui dit de monter pour
1
- 'Ma vieille, maintenant j e' vais dor~ir. Dohne-- p:cien.dre la femme, mais il avait englué toht l e ti·onc
m oi un des enfants pour dormir avec moi. avec sa bave de m aniêre qu e le m on stre y resta pris
11 se coucha dans le hamac du chasseur et la parles poils de son corps et ainsi rnourut.
femn1e lui donna un des, ' enfo,nts, n1ais en' le r egai;-l , Gr~~ç ~ .e~ bon cr(!. paud, la pa;uvre femme et ses

1

dant de' face elle fut tres effrayée, car elle reco11nut enfants purent r etourner cn paix ch ez et1x 1 •
l e C<\URROUPÍRA.
Elle fit semblant de croirc que' c'était son marí et
LE COU.RROUPÍRA TUÉ J PAR UN ENfANT
s
l e laissa 1 end·o rmir. Puis, elle mit toas ses effets " \ 1
\ t
) 1 • 1

(Conte des hl'l\i en s du Rio


1 ,

·NEGRO.)
1,
'
1 • 1

dans un panier, prit l' enfant, plaça un morti er de


bois sur la poitrine du n1onstre pour qu' il continuât
,Deux enfants qui allaient prendre du poisson t1n
à sentir le poids du petit, et s' en,fµit. , ,
'm atin, r encontrerent le .C0uanouPíttA. ' ·
Lorsque le CouRnouPiRA se r éveilla, il sortit' de la ·
- Voulez-vous du poisson, mes enfants? dem anda-
maison en criant à tu e-tête :
t-il. Je connais un petit lac ou il m ' est três facil e de
- A'ie ! ale! cette femme m'a trornpé !
pren.di:e beaucoup de poisson pour vous.
' ll la poursuivit, l'appelant :
, Les palivres enfants le suivirent, m ais il l es fit
1

- Ma vieille ! m a vieille, ou es-tu ?


s'égarer dans l e bois . A la t ombéc de la nuit il
Elle grimpa s ur t1n ~lAMBOUIZE IRl> 1 , d'ou elle l'aper-
reparut et leur dit :
cevait et ~ntendait sa voix :
I
...:._ Mes enfants 1 suivez-moi . La nuit tombe .et vous
i. Arbre de la famille des Lauracées, ~E CTANDRA ou AYDENDR v M. 1. D'aprés M. Barbosa. Rodrigues.
I

- 26 - - 27 -

av(}z besoin de vous reposer. Demain ma tin j e vous peu de salive de la vieille, de l'enterrcr et de s'enfuir.
conduir ai chez vos parents. L'enfant fit tout çar, empoisonna une fleche, prit le
11 los emmen a chez lui ou ils passêr ent la nuit. perroquet et alla Ie cacher dans le faitc d u palmier.
Le lendemain matin il dit à sa femme, une vieille Le Cou:nRoUPÍRA arriva et appela tout de suite la
ogr esse três laide : vieille. La salive e:rit!3rrée lui r épondait , mais la
- Je vais chasser, ma vieille, tue· un de ces fero~e n 'apparaissait pas. 11 avait faim et roangea
enfants et prépare le repas, car à ,mon ,r etour j'aur,ai. son corps Cr_?yant que c'était 11enfan.t . Apres l'avoir
três faim. · ·, D.1angé, n e voyant pas l'ogresse, il c9mprit tout et
, , ' 1
1

Il partit et 11ogr esse appela les en fants : pleura . II chcrcha son pertoquet et découvrit ,l' onfant
- Mes petits, allons cueillir des INAJÁS 1 pot1r les sur le palniier . Il .Prit sa cognée pour couper le tronc
manger. de l 'INAJÁ, ~ais l' enfant le tua de sa flecl1e em poison-
L'ainé avait entendu tout ce que le CoURROUPÍRA n ée et puis se r endit chez ses parents ,
avait dit à sa femme, mais il n' eut pas l e temps de C'ei;t dept1is cette aventure que, par esprit de ven-
prévcnir son cadet, de manier e que lor sque cclui-ci geance, le Co u RROUPÍRA tue tous les enfants qu 'il ren-
allait grimper sur l'INAJÁ la vieille le tua. Le premier contre 1 .
grim pa sur le fait e d u palmi er , d' ou il cria à la
m égere : LE COURRO:UPÍRA ET LES ENFANTS
1
- Grand'mêré, tu dois t e coucher sous le palmier (Conte des lndiens du Rio BnANCO.)
pour pouvoir regarder le,s fruits et choisir, comme 1

. \ .
d'aillcurs ma m êre a .l'habitude de faire , lcs plus,
beaux . , ,
. Deux enf<:\-nts qui s: égarerent
. .
dans une , grande
forôt fur~nt obligés de tlbrmir sur µn .a rbre . Le CouR-
La vieille se couch'.à, ' il lui ·' jet~ ·une grappe de ' ~ouPÍRA et sa femme . vinrent pasSer la nuit SOU S ce
·cocos sur la t ête .et la tua. 11 descendit, l'écartela, même arbre. Le matin i'ls s~adresserent aux enfants.
coupa ses mamelles et les cacha pour faire le corps - Mes petits, descendez de cet arbre et venez avec
m éconnaissable, et le mit à cuire dan s la m armite. nous.
Le Cou RROUPÍRA possédait un perroquet qui conseilla Les enfants descendir ent et les dcux monstres les
à l 'enfant de m cttre dans un morceau de TABÓCA:. un conduisírent chez eux. En y arrivant le CouRROUPÍRA
dit à sa femme :
i. Fruit d'un palmier, MAxrMILIA. NA REGIA, Martius.
2. Plante graminée du genre BAMBUSA. 1. D'apres M. Barbosa Rodrigues.

'

·- 28 - - 29-
- Je vais emmener l'ainé vers ce bois •
pour le Sa femme le grondait toujours à son r etour . Un jour
tuer. Pendant mon abs.ence tue le cadct et prépare il s 'égara dans la forêt et y dormit. Le CouRROUPÍRA le
le repas, car j'au:vai faim à mon ret our. r éveilla avec une grosse voix .:
Dês qu'elle se vit seule~ la vieille fit grim.per i - Holà., mon neveu !
l ' enfant sur un. lNAJ..\, pour cueillir les fruits dont --- Qu'est~ce qu'il y a, mon grand-per c?
' 1
elle était friande. l!s se mirent à causer. Le ·CouRnouPínA remarqua
L' ei:ifa~t lui cri~· du faite du palmier : ,· ' ~ \ · . '-. . ...... qll'il' avait bea.ucoup d~ cheyeu:t sur l a. t êt e et lui ·,
' ' ~ 1. '
,.f ' { • l 1 ' • 1\

~ ivlettez la hàche sur v'o trç. poitrine , je jetterai deµianda. ; comment on· s'arrç,n geait pot1r les faire
les coco~ su;r la hache qui lés ouvrita et a.insi vous· J croitre . 11 lui r epondit :
1

pourrez les nianger tout de suite. -· 11 fa.ut savoir préparer sa t êt e.


L'ogresse mit la hache sur sa poitrine, l'enfant lui - Comment as-tu fait?
jeta une grappe ' de lNAJÁs et la tua. P11is il mit son - J'ai d'abord rasé ma tête, puisje l )ai frottée avec
corps dans une marmite et alluma lc feu. du piment et les cheveux ont poussé.
Le CouRROUPÍRA retourna, trouva sa n ourriture pré- - Si c'est vrai, je veux que tu m e fasses la m ême
parée et la mangea. Apres avoir mang6 il vit qu'il chose.
avait dévoré sa femme. Furieux~ il ch ernha l'enfant L'homme rasa la tête du CoURROUPÍRA, la frotta avec
partout et n e le trouva, car il était caché dans le faite du piment et le monstre s'enfuit par l e bois fou de
du palmier. 11 tira quantité de fl eches sur l' INAJÁ, douleur.
mals. n e r é11ssit pas à l'atteindre. · , L'Indien rentra chez lui. Le voyant l es mains
Un singe sec'o ur,9-hle a;ida l:enfant~.. pa~s~~ du pal- .· "' ,.~ . ~1~ vides, sa' femme lu.i dit : . ·
'mi er sur les a·utr~s arbres e.~ le condu1srt ·chez · sa 1 1~ . ;' ~·1;'. ~1• ·~ Que víens...tu fair.e '. ici; m?l~ eureux?
. 1 t· . l ~ ~ 1 ~
1 •, ' ,., . 1 ll'i
vV'I n.re
).JJ..l ~
1. ' '
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li' ' 'r i '

)\' \ ...,;;- Je ,;viens ·s.avoir si les enfants se portent bien .
•- PÓurquoi veux-tu des enfants, si tu n e les nour-
LE COO.RROUPÍRA ET LE l\IALH'EUREU'X ris pas? Ce~ P'1uvres petits pleurent de faim nuit et

JOUf.
(Conte des Indiens du R 10 NEGRO.)
.- é 'est bien, je retourne au bois et, s'il n e m 'a_r-
rive rien de fâcbeux, je r eviendrai encore .
Un h omme qui avait beaucoup d)enfants allait tous
Apres quelques jours pa.ssés dans l es bois, il r en-
les jours à la chasse et à la pêche , et n e prenait ri en.
contra le CouRROUPÍRA dont il avait r asé la t ête. Le
\
1. D'apres M. Barbosa. Rodrigues. CotJRROUPÍRA. s'approcha de lui et lui dem anda :
-30- - 3'1 -

- Comment vas-tu, mon neveu? C'est toi qui m'as - Voici du gibier, mon neveu, dit-il. En arrivant
rasé la tête? chez toi, prépare un pare avant de délj er cc nreud et
- Pas du tout. C'est un autre q11i est déjà mort. pr~nds garde qu'aucune de ces bêtes n e s'échappe, ear
- Alors montre-moi ses ossement~. elles sont féroees et po'urront t e tuer. Appelle à ton
L' homme le guidajusqu'à un certain éndroitou il y aide ta fernme et tes parents. ,
avait des ossements. Le CouRROUPÍRA les piótina et çlit: ' L'homme se rendit chez lui o·u sa femme lui
- Maint~nant que j 1e.me suis bien vengé, vie.ns demanda brt1squement :
'
chez m0i. . ' , . ·- Que veux-tu?
Ils se r endirent chez le CouRROUPÍRA. 'Celui... ci entra - Je veux préparer un pare tout de suite. II faut
et invita l'autre à faire de même. L'Indien ne voulut cóuper des troncs et des rameaux le plus vitc pos-
pas entrcr et resta au dehors, debout, car il avait siblc.
regardé l'intérieur de la maison .et vu une quantité - Pourquoi veux-tu un pare ?
de serpents qui sif11aient et montraient leurs - Pour y mettre le troupcau de sangliers que
langues . j'apporte et que je. ne veux pas perdrc.
Le CouRnouPíRA ordonna aux serpents de se tenir La femme d'abord ne voulait pas croirc, mais à la
tranquill es. Alors l'homme entra et s'assi t, mais il vue du troupeau de bêtes magnifiques ellc r ésolut de
avait toujours peur. l'aider à bâtir le pare. Ils appelerent leurs parents et
- Mon neveu, désires-tu quelque chose? demanda tous armés de casse-têtes se rendirent au pare, ou
le CouRROUPÍRA. l 'Indien défit le nre11d et ils se fatiguerent de massa-
- Oui , j ~ désire retourn·er .chez moi, mais comm,e crer des sangliers. L'homrne et la femme distribue-
mes cnfants ont fai:m et ma femme est acariât.i·,e, j ~. ' rcnt du gibier à tous leurs amis et pare11ts, bouca-
ne veux pas y arriver le.s malns vides. i ~ ~rent une grande quantité de viande et depuis ce
.11 lui donna une corde et lui dit qu'elle lui, servi- JOUr no se disputerent plus i . ·

ra1t pour prendre du · gibier; puis ils sortirent


ensemble et marcherent par le bois. Le CouRROUPÍRA LE

COURROUPIB.A ET L.E CHASSEUR
avait pris deux fleches. II t ua deux oiseaux qu'ils (Conte des lndiens du fleuve S o LI MOEiss.)
trouverent dans le bois et. en donna un à l'homroe.
Puis ils virent des sangliers. Le CouRROUPÍRA prit t out · Un chasseur égaré dans les bois et qui dormait
le troupeau, l 'enroula avec la corde, fit un nreud et
donna le tout à l'Indien. L D'apr es M. Barbosa Rodrigues.
- 32 - -33 -
sous un arbre se réveilla en entendant le CouRROUPÍRA óuhlia le conseil du CoURROUPÍRA et voulut tu er un
dire : . ARACOUAN 1. Les autres oiseaux de la vo lée tomberent
1
_ Je flaire ici l'odeur d'un homme 1 . sur lui à coups de becs et de griffes, le tuerent et
_ C'est moi, mon grand-pere, répondit-il: . dépecerent tout son corps.
Le CouRROUPÍRA commença à causer avec lu1 ~t pu~s Le CounnouPÍRA prit tous, les morceaux de son
lui demanda sa main à man"ger. L'homme qu1 ava1t corps, les unit,, avec la cire, le res&uscita et lui dit :
tu6 un si~ge lui <;lonna la m:ain d,e l~ bête. ~e . C~qR­ '
· - Prends g~rde 'à ne j ~·mais manger ou boirc des
ROUPÍRA la . mall:ge~ ,. et 1ui .demanda sncc~ss1~eme-n~ met s êt de$ boissons chaltdes ! ,
l'autre main, l es deux píetls et le cceur. L. lnd1en ll11 \

Un jour le chasseur oublia aussi ce conseil et prit


donna ceux du singe et apres, à son tour, il de~a~da
du TACACÁ 2 três chaud que sa fe mme venai.t de bouil-
le cceur du CouRROUPÍRA. Celui-ci s'ouvri.t la po1tr1ne
lir, alors la cire fondit et il creva 3 .
et tomba mort.
Quelques mois plus t ard, l'ho ~~e aila prendre les
' U~
dents du CouRROUPÍRA et lorsqu 11 le frappa de sa LE COURROUPIRA ET AUTRE CHASSEUR
hache le monstre se r éveilla et dit : (Conte des Indiens du Rro B RANCO.)
- Je suis sü.r, mon enfa.nt, que tu m'aimes bie~ et
je vais te donner une fleche. Tout cc que tu dés1re- Un chasseur égaré dans les bois se vit forcé de
ras tu n'auras qu'à le demander à cette fleche, sans
(

dormir so11s un arbre . Des cris et des coups le réveil-


avo ir même besoin de la lancer, et elle te l'~pportera ~ lerent. C'était le Cou~ROUPÍRA qui frappait le tronc
mai.s prep.ds gar~e .d~ ne pas ch~~ser des 01seaux qu1 des ·a rbres. II s'approch·a. ife rindien., s'assit par terre
,.
vi;vent. en ·:vo,l.ée, ca,r 1ls· peu-y~nt te tu~r. . et commença à causer· :
'
.
L'homme s'en alta ave.e sa fleche et fut le c.h ass~ur , - Comm'ent va.s-tu, m~n ·petit-fils?
le plus ,' h.eureux du . ~or1d1e. PoUl'~ant un jour il - · 1'rcs 'bien, grand-p ere ~ et toi ? ·
- 'l'res bien aussi.
1. Dans tous les fo lklores d u monde, ~·ogre, en arrivant c~ez - Hélas ! grand-pere, soupira l'homme, je me suis
lui flair e toujours l'odeur de chair h uma1ne ou de sang humain. égar é.
?li 'Joseph Bédier parle de la même chose dans les contes et fabl.iaux
d~ moyen â.ge, il dit même que <l les Eumé~ide.s d' E~chyle flairen t
Oreste ». M. Edmond Pilon constate des fa1ts ident1ques dans les.
contes scandina.ves. Même en Chine les monstres. et les KrN~ARAs i. Oiseau gallipêd.e , PÉNÉLOPE ARA.couAN, Spix:.
(esprits inferna.ux) sentent l'odeur d'hommes v1vants {W1éger, 2. Sorte de creme de manioc.
Folklore chinois moderne. 3. D'aprés M. Barbosa Rodrigues.

I
.. - 34 - - 3o -
- J e sais, mon petit-fils, mais ta maison n'est - J e vais maintenant prendre les donts de ce
pas loin. Quand es-tu parti de ch ez toi? Co uRROUPÍRA, qui doit tomher en pourrit ure, pour en
- Hier, gran d-per e. faire des t alisman s et des pointes de flech es .
- Hélas ! mon petit-fils, j 'ai faim ! 11 urriva à l' endroit ou étaien t les ossemcnts et /
- Moi aussi, je n 'ai rien man gé pen dant l~ jour- frappa les dents de sa hach e. Tout de suite le CouR-
, .ROUPÍRA ressuscita et s'assit par t erre .. L'homme était
1
effrayé . . ·
. - Hélas ! mon petit-fils, soupira le monstre, j'ai
soif 1
L'h omme urina et il hut.
- J e m e suis réve illé, dit le CouRROUPíaA, et je ne
me rappelle plus ce que n ou.s faisions cctte nuit-là.
Qu'est-cc que c'était ?
- Je n c me rappelle pas tres hien n on plus.
- Mais, dis , m on petit-fils, qu'ost-ce que tu vou-
lais?
- J e ne sais même plus.
- Alor s jie vais te donner une hon nc fleche pour
tuer le gibier. .
' '
-:- J e t' en remercie,' ;mop. gra11d-pere.
· - Eh bien ! rentrons dans le bois.
11$ pénétrerent dans le bois et là le CouRROUPÍRA
donna un e· flech e au chasseur . Puis il le conduisit
jusqu'à ch ez lui et lui recomman da :
- l\1on petit-fils, quand tu auras bosoin de moi,
t u sais déjà tres bien ou m e tro~ver. 11 n'y a que toi
qui sach e la maniere de fair e u8age do cette flech e.
Prends garde, n e la montre à personne, ne la garde
pas ch ez toi et surtout n ' en parle pas à ta femme ! Si
tu réveles le secr et, la fl eche to11t de suite t'abandon-


\
1
- 36 - -37 -
nera car err véríté ce n'est pas une fleche, mais un tout de suite il sut ce qui était arrivé et trouva que
So~;oucoucou 1 • Tu 11'auras plus besoin d'arc, car il c'était bien fait, car on ne devait pas touch~r .à cé
suffit de la jeter sur le · gibier pour le prendre. Au qui lui appartenait.
revoir ! Les parents des deux enfants morts quitterent le
- An revoir, grand-pere, à compter d'aujourd'hui, pays pôur toujours·, pleins de douleur et d'effroi 1 •
toutes les fois que j 'irai me promencr, je te rendrai
visite. · • • ~
1

- Je sera.i toujours là, mon petit-fils. ,. ~


.

IX. -
.IARA 2
'C et Indien fut un çhasseur si , he:uPeux: que les , 1

autres Indiens se,·méfierent de quelque chose et en- Un jeune Indien, fils d'un ToutiouA, passait tou-
voyerent ,des , enfan~s l'espionner . . ~es .enfants 1 le jours dans sa pirogue pres de la cascade de TAROUMAN.
virent prendre le SouRoucoucou qu1 éta1t sur une 11 était le plus beau garçon de sa tribu et brave comme
bra,nche et pui~ le,j eter sur 1 de$ o~seau:x;. Le i ~erpent, , on n'ena:vait jamais vu. Personne n e maniait comme
les tuait et r estait à côté. Ils raconterent tout aux lui la sarbacane t errible, dont la petite flech e attra...
autres Indiens. , . pait les oiseaux au '1ol. Personné si bien que lui r:i.o
· Le lendero:ain les enfants 's e re11dirent au bois, jouait du TACÁPE 3, ni roidissait si bi~n son are. 11
prirent l e Sounoucoucou sur sa hr~nche e.t le la,n cerent avait remporté tant de victoires aux jeux; de' la TÁBA 4 ? '
contre un oiseau, ''roais il se retourna et blessa mor- que m ême les an ciens s'inclinaient respectueusement
tellement un des enfants. L'autre s'enfui~ et alia a-q
, 1 1 r
devant lui. · ,• · 1
• , ,

village raconter la mort de son compagnon . . 11 était donc l' orgueil de sa ~euplade et le digne
- Comrnent est-il mort? demanderent les I:cid1e~s. successour de son pêre. ' · ·
- 1\{ordu par ' la fl~cbe qui est un
serpent.
'
) Or, un jour, au coucher du soleil, le j e une homme
- Allons voir. tr~versa 't~es triste s ur sa pirogue l 'eau de la pointe ·
Ils trouverent le corps de l'enfant et le porterent du TAROUMAN, il r entra tres tard chez lui et dit à sa
au village. . , . . . mete qu'il avait vt1 une jeune fil_le plus jolie que Ia:
1

Sur ces entrefaites, le chasseur alla prendre sa


fleche et ne la trouva plus. 11 crut d'abord qu'elle
était retournée cl1ez le CouRROU~ÍRA, son maitrê', mais 1. D'aprês M. Barbosa Rodrigues.
2. Du TouPr-1, eau , et ARA, maitresse.
3. Massue. casse-tête.
1. Gros serpent, T RIGONOCEPHALUS LA.NCEOLA.Tus. 4. 'Village des lodiens.
~ 38 - - 39 -
plus jolie des vierges de la TÃBA. Elle chantait har- bêtes et paralysen t leur én ergie. Il dévore les ani-
n1onieusement sol1s les palmiers au bord de 1' eau et, mam:, fait chavirer les pirogues, rend les enfants
levant ses yeux glauques vers lt1i, lui tendi t les bras, idiots et suce la vie des vieillards. C'est un mauvais
disparaissant ensuite dans les flots qui s'ouvrirent génie.
sous son corps roerveilleux. Quand on voit au loin, sur les eaux, dans les nuits
La vieille Indienne plB'Úra beaucoup P.t lui conseilla noires, flotter deux feux, ce sont les yeux de la
de ne plus aller du . côté du 'l'AllOUl\1AN , mais il était .Bo10UNA. ·
' ' 1
' '
épris du régard vert, dl;l sourire délicieux, et du cliant Lorsque les preniiers 'bateaux à voile remonterent
divin de la siren e, et il y r etourna. Nul n e sait ce les rivier es, les Indiens à demi civilisés crurent que
qui lui arriva, car il ne r evint jamais 1 • la Bo1ouNA s'était cha.11gée en voilier fantôme. Main-
L )l ÁRA est le génie féminin des eaux, l'onqine des tenant que la navigation fluviale se fait par ba.teaux
Indiens, la nixe ou sirene ftuviale. Ce mythe est déjà à vapeur, les populations riveraines croiont que la
confondu avec d'autres de pure origine européenne Bo'iouNA se chan ge en paquebot tout éclair é, coupant
et surtout avec celui de la Bo'iouNA, la mere de l'eau . les eaux à toute vitesse 1 •
'

§ X. - BOIOU NA 2 § XI. - ·CARIRÉ ET CATI'l'I

Les Indiens donnaient ce nom au serpent gardien Les Indiens croyaient que chaque forme de la lune'
de la rivicre, qui rapp~lle un peu l 'an cien ,ser- constituait une di~inité particulicre.
pent de la m er d'Olaus Magnus. Les blan.cs et les CARIRÉ était la ·p leine lunc, ellc faisait murir les
1
métis l'appellent maintenailt MAEN n' ÁGUA, m~re de fruits et n aitre dan's le cceur de l'am~nt lointain le
l'eat1. ", doux .souvenir de sa bien-aimée.
11 est le maitre absolu de toutes les eaux : les · CATITí était la: nouvelle lune et sa mission se limi-
fleuves, les ·ruisseaux, les lacs, les canaux, les étangs. tait à empêcher que dans le cceur de l)amant éloign é
Ses sifflements r emplissent de frayeur h ommes et pussent n aitre des souvenirs a utres que celui de sa
maitresse 2 •
i . D'aprés le chanoine F. Bernardino de Sousa.
2. Du TouP1-l\1so'i , serpent, et OuNA., no ir. C'est du Toc;r1-~isoi que
1. D'aprês fvl. Ra.ymundo de liloraes.
sont nés le mot portugais GrBOIA et le mot français BoA., les deux
signifiant la. roême chose qúe le TouPI : serpent. 2. D'aprés .M. Couto de Magalhaen s.

'

, . •
.. , , ~
§ X.II. - MBOIA-ARARA 1
§ XIIL - JOUROUPARI 1

'
Ce génie avait la forme· d' un serpent tacheté de Le& Indiens Toup1s n'avaient pas une vraie concep- .
couleurs vives 'e t il savait si les jeunes fill es avaient tion d'ún esprit du mal. Leur diablc n'était que le
encore leur virginité. cr~~te.qr des ca~c}lemars~ La nuit il s'approch ait des
Quand la vertu d'une j e une fille était mise en dou te, hamacs ou dormaient les hommes et surtout les en~
on la conduisait dans une petite ile1 au milieu d'l\n .. fants et il leur. serrait la gorge pour gêner leur
fleuve óu d'un la.e, et on l'y laissait cntourée d' of- sommeil 2 •
1
frand,es pour le serpent. Ses parents s'éloignajent en " 11 y avait une idole de JounouPARÍ cn bois sculpté
chantant: qu'on cachait dans le fleuve. Certains jours on allait
la che.rcher ei on fa déposa'.it · sur i e sable de la rive
ARÁ~·, ARÁRA- M.BOlA, suivant def:i rites consacrés. C'était un jour.de fête
et de réjouissances. Mais s~uls les hommes pouvaient
coucoucoui M,Ei:ou 2 ! voir et touchcr l'idole. Cette faveur était int~rdite


aux femmes. Si, pQussée par la curiosité, une épouse
Le serpent commençait à rôder autour. d~ r11e eu 1
ou· une jeune ftlle -voyait ou 'touchait le JouROUPAR:í,
sifflant et 'en regardant les offra.ndes pendant qu'il elle était condamnée à mort. 1 ~
nageait. Si la jeune filie était vraiment pl1oelll(, jl se, On la par ait comme pourune grande cérémonie et on
contentait des cadeaux et parcourait les eaux chan- la conduisait au son d'uqe musique primitive jus-
tant si doucement. que les pois sons s' endormaiO'nt et ,,•.,"...,..... r qu'au céntre d'un cer~le de guerriers qui da.nsaient .
qu'on pouvait les prendre avec la main. Si, au con- Alors ie chef de la tribµ s'avan çait, hiératique et
tra.ire, ·elle ·n 'était plus vierge, alors le serpent 'pous- solennel, et la tuait d'un coup desa NouíoA 3 •
sait des sifflements stridents et la dévorait 3 •

' t. J)u TouP1-JouROUPOARI qui signifie, selon le . jésuite Montoya :


. ' main su1· la bouche; e~ selon M. Baptista Caetano : être qui vient
í. Du Tour1-Mno1, ·serpent, et ARARA, ar a. Le serpent pr cnait le à notre hamac.
nom de l'oiseau à cause de ses couleurs vives. ·2. 'D'aprôs M. Couto de Magalhaens.
2. Ara, ó se'rpent a~'a, voici ta nourriture ! 3. La NouioA est une sort e de marteau qui sert aux sacrifices
3. D'aprês M. Couto de ~1agalhaen s. dtuels et qui rappelle le merlin des, abattoirs français. ~ •
\

- 42 - 1

- 43 -
Ainsi mouraient les femmes curieuses de con- .
dans les profondeurs des bois pour que la mere ne
naitre le puissant JoUR.OUPARÍ 1 •
sut pa.s ou il se trouvait .
Cet enffht fut élevé dans la forêt ou il grandit,
. ,
LE CYCLE DU JOUROUP ARI ,
jgnoré de tout le n1onde hormis les vieillards. J_ors ~
qu'il ~rriva à la taille d'un ho.m me, il commença
'
LA N,i\.ISSANCE DU 'JOUROUPARÍ
quelquefois à se montrer , le visage masqué, en jetant
~
'
•• t

\
·du 'feu par la tête, par les mains et par tout le
(Conte des lndien:s TOUCANOS.)
corps.
' Alors les vieillards dirent :
Les vieillards d'un village se donnêrent rendez- - Femmes, ne le regardez pas 1 !
vous pour prendre IPADOU 2 • Lorsqu'ils étaient ras-
semhlés une jeune fille surgit tout à coup au milieu ,
LA PEAU DU JOUROUPARI
d'cux.
- Que viens-tu faire ici 'l (Conte des lndiens MANÁOS.)
- J e viens prendre IPAD OU avec vous.
Les vieillards se fâcherent et s' en allerent, laissant JouROUPARÍ, le teigneux, ôta sa peau, la mit sur un
la jeune fille toute seule dans la maison ou ils se tronc à sécher et alia prendre un bain dans la riviere.
trouvaient. Pendant qu'il prenait son bain, un chasseur vint
Sans avoir eu com:merce avec aucun homme, cette , à passcr, pri\ la peau et s'en couvrit.
jeune filie se trouva enceinte. . . ' . En sorta.nt de l'eau, le JouROUPARÍ '·vit l'homme ·
'
Qu~lque temps aprê$, à deux repri.ses, les vieilla,t d~ /
'
· · habillé. de sa peau .et lui dit :
soufflcrent S Ui' e)le :i, mais elle n'.'accóucha point. 1' - Ne me dévore pas t:.. 1,u ne te rcnds pas même
Un jo·ur, pehdant qu'elle traversait la riviêrc, une comptc du pouvoir, que cette peau te donne. Mainte-
1'RAHÍRA lui mordit le ventre et par la blessure na- nant tu es le Jo u ROUPARÍ et tu dois donner beaucoup
quit son enfant. Les vieillards le prir ent et l'exilerent de nourriture à ta peau, car sino11 un jour elle te
mangcra.
i. D'aprês M. Gustavo Barroso.
En effet, unj our la peau ma.ngea l'homme 2 •
2. ERYTHROXYLON CócA.
3. Les Indiens ont l'habitude de souffier sur les f emmes en
i . D'aprés 1\1. Barbosa Rodrigues.
coucbes croyant que ça les aidera.
2. Idem.


- 44- - 45-

,
La nuit, il r etourna, se couch a dans son h am ac et
LE JOUROUPARI ET LES JEUNES FILLES demanda à une des jeunes filles de lui porter du feu
(Con~e des lndiens MOUNDOUROUCOUS.) pour allumer sa pipe. 11 prit la m alhcureuse et la suça
comme un vampire . Le matin, il sortit de nouveau .
Les trois filles <;fun vieillard furent invitées par Lorsqu'il s' en alla l es deuxjeuqes filles cl1erch erent
le·ur oncle à aller cueillir des fi;uits de' M1n1Tl 1 • On . leur si'.êur et n e trouyerent que ses ossements.
devait partir a'lant- l'aube. A l'heure du, rend~z-v~~s .:
1
. '.La. r uit, l e J OURO.UPARÍ. de manda du feu à l'autre
l e ~Jou,aouPARí se p}·é senta sous la forme de l'oncle ,. é t 1
j euAe ~ll e et il la ,suça aussi. Le matin, ' aprês son
l e's j e11nes filies l 'accompagn er ent en toute confiance . " départ; la .derniêr.e trouva l es ossements de sa smur
1

Apres l;l.v.o ir lo.n gtemps marché,, une des j eunes filles et s'e mit à pleurer.
deman da si les palmiers se trouvaient cncor e , tres Quelques moments plus tard elle aperçut un
' 1
l oin. Le JouRoUPARÍ répondit que non. Ils pour s uí- CARAN qui volait st1r la gr otte. Ello l e supplia
virent l eur marche et d'un m om ent à l'autre une des d'avoir pitié de son misérable sort ct de la porter
j eunes filles demandait la m êm e chose . Lorsque l e ch ez sa m ere . Le CARAN, tout de suite, se changea en
sol eil parut .et quand tous se trouvaient pres de la jeune homme et lui dit :
gr otte ou h abitait le démon, une des j eunes filles - Pren ez ces ossements, un peu de sei et de
r egarda les pieds 2 de son oncl e supposé et s'écria : cen dr es, dérobez le talisman du JounoUPARí et par-
- C'est le JouROUPARí.! tons !
. '
11 ,arriva: ch e.z lui disant que l es palmier s y étaient, Elle fit tout ce qu'il lui conseilla de faire et ils se
et puis en 'sort~t ·o rdon.nant ~ un perroquet de m onter , sauver ent; mais, le ,·p erroquet e ommença d~ crier à
l a 'g arde aux j ~u._nes fi]les, '
j ' • r' '
.' ' ''s,
~
' 1~,~J~"''.
1
'1.!í~•!.~r\tl..'!':!
• "
tu e-tête :
'
'., .. , .
1
,
1
·1 ~ l<,,T~W!J!,i.'. , - Maitre ! · MaJtre ! le' CARAN v6la ton talisman !
1 1

i . )'lAuR1rr 1A FLExuosA, Mart~us, pal~ier dont le's fruits servelit à


manger et à faire des boissons fermentées. Le .louROPPARÍ eiltendit les cris ~t se mit à pour- '
1
2. Il y a un conte des blancs et des métis brésiliens, surement suivre l es fuyards en leur demandant son t o.lisman .
de provenance portugaise, ou le diable se présente chez des per- Comme l e Jo unouPARí s'approchait, l c j cunc hom'm e
sonnes qui donnaient un bal, .car il était arnoureux d'une jeune
filie et voula.it profiter de l'occa.sion pour da.nser avec elle; roais un dit à sa compagne de j eter sur l e sol quclqucs os de
enfant r egarda ses pieds et s~écria : « Ce monsieur a les pieds de
bouc 1 » (ou de canard dans q uelques versions). Se voyant décou-
vert, le diable s' enfuit. ·. i . Le CA.RAN des Jndiens est le CA.RAo des Brésiliens actuels, le
Dans tout ce conte on peut remarquer un e cêrtaine confusion CounLAN de la Guyane française, dont les plumes ne tombent
entre le CouRROUPiRA et le JouRoUPARí. De là, le fait de la jeune fille, jamais et meurt avec celles qu·il portait en naissant, AnDEA ScoLo-
voir les pieds de celui-ci tournés en arriêr e comme ceu:x: de l'autre. Pe: Ac rA, Linné, l.Brs NUDIFRONS, Spix.

r
- 46 - , - 47 -
ses smurs . .Ces os se cl1angerent en fumée et ils con- hamac avec son petit enfant. Le J ounouPARÍ prit
tinuerent leur fuite . l'enfant et l e mit par terr e, sous le hamac. Puis,
Un peu plus loin, comme le J ounouPARÍ s'appro- 't contrefaisant la voix du petit, il dit à la m er e :
chait de nou veau, le j eune homme fit bruler un peu - · AJ\ilaman, r egarde, l e JouROUPARÍ est sou s le
de cendres et de sel. Alors il apparut un bois d'au- hamac 1
bépine que le démon n e put traverser qu'apres des L a femme prit un bàton et frappa l e pauvr e
effort s t e rribles. . enfant, croyant frapper, le JouRoUPARÍ .
Énfin l es deux fuyards apcrÇurent la m aiso11 de la ' Alors celui-ci s'enfuit à toutes jambes, criant fou
mer e des j eun es filies, m ais la voix du JouRoUPARÍ de joie :
se fit entendrc pres d' eux : - J'ai trompé tous les deux !. .. J'ai trompé tou ~
- Rendez-moi mon Mo uRAKITAN ! t les deux 1 !. .. ., • (..,.;t .. I;li l·
Le CARAN et sa compagne bruler ent alors tout ce i 1 •

qui leur restait de sei, de cendres et d' ossements, et ,


IZI OU .JOURO lTPARI
.
. un fleuve majestueux comroenÇ~ de c~uler superbe- ]

· (Conte des lndiens JAou1s. )


m-ent à travers l'a plaine '2.
Le JouROUPARÍ ne réussit pas à le traverser et ainsi
Les vieillards racontent qu'au commencement du
la j eune filie fut restituée à ses parcnts 3 •
monde plusieurs femmes se présenterent dan s le
fleuve Ou'KAi:Aní accómpagnées de q'u elques vieÜx
LE JOUROUPARÍ ET L 'ENFANT impuissants dont elles n 'espéraient plus des enfants.
(Conte des lndiens du fleu.ve So11MOENS.) Elles croyaient m êm e q11e, faute d'enfants, l e monde
'

1
.allait .11.nir, et elles en tsouffraient. 1

Une femme dormait tranquillcment dans son Un jour, un sorcier qui était venu avec elles, leur
demanda:
1. MounAKITAN, morceau de jade verte avec des entailles qui sert - Pourquoi êtes-vous tristes?
de porte-bonheur aux sorciers et chefs indieps. Le sa vant brésilien
l\f. Ba.rbosa Rodrigues a assuré que ces l\f OU[\AKITANS ont été appor- . - Nous sommes ' tristes, r épondirent-elles, car
tés de la Ha.ute-Asie, du Turkesta.n, oii se trouvent les carrieres de n ous savons que les h omm.e s sont impuissants
cette espece de jade qu'on n'a jamais r encontrée au Brésil. ·
2. Ces fugitifs qui séroent d'obstacles magiques la route par malgré le ~_NGER.filC.OU 2 qu'ils ont bu.
' laquell.e les suit leur persécuteur apparaissent en plusieurs cop.tes· 1 •
. brésiliens, européens et mêm ~ asiatiques. i. D'apres l\L Barbosa Rodrigues.
3. D'apres M. Barbosa Rodrigues. 2. Boisson f ortifiante.


- 48 - '
Biblioteca Digital Curt Nimuendajú - Coleção Nicolai
- , Ne soyez pas tristes, dit le sorcier, car vous www.etnolinguistica.org
'
aurez encore des enfants, j e vous assure.
t f
- Comment donc? s'écrierent-elles tres gaies.
- Avant de savoir · comment, allez prcndire un
bairi.
: Elles prirent le bain · en cl1antant de jo,i e et,
lor9qu 'ell~s ~n. s(ortir~.nt, .l e sorcier leur dit '· , ',,
. ._ Maint~nantvo,us lturez des enfants, car le G.rçind
' Serpent vous a fécondé~s dans l' eau. · .
Apres quelques lunes les enfants naquirent le ·
m êm e j our. La plus jeune femme eut la f1llette la
plus jolie. Cette petite grandit et devint chaque
jour plus belle. Tous les jeunes guerrier s la deman-
daient en m ariage. Un jour qu'clle se promenait par
le bois clle r encontra des singes qui man gcaient des
fruits d'ÜUAKOU, qu'elle vanta avec envie.
L'arbre d'OuA1tou lui demanda:
- Veux-tu des fruits? ,
-- Oui, j e veux bien, répondit-elle. ·
Les .sjnges lui j.~ terent quelques ,· fruits qu',el!~
'mangea. et -tro·u va, tres ~ bons.
' ) 1 ' , ..\ ~
Elle ramassa "enco;re
\ 1 l f
1 ~
d'atittos· frui ts qu~ell~ .mange.a e)l marchant jusqu'à ,
l'orée du bois. '
'
__
__.:_,_,.,., -~-

-
Quelqucs lunes se páss0r ent sans qu'ellc fut ~-óglée -
-- ~ --..
.... -
......... '
--
·-~ _ __ ~ .,.

et son ventre s'enflait à vue d'reil. Les j eunes h omm es


lui demandaient qui était le p ere de son enfan t, car
ils étaientjaloux etvoulaient le tuer. Ellerépondait: PIROGUE DES INDIENS.

- J'ignor e ce qui fait grossir m on ventre, car j e·.


n'ai rien fait, j'ai tout simplement m an gé des fruits
d'ÜUAKOU.
'
1

- 49 -
,. ' '
Quelques lunes plus tard elle donna le jour à un
i petit garçon . La nuit, pendant qt1'elle dormait, son
enfant disparut. Elle en fut três af11igée et le cher-
cha partout . En s'approchant du tronc d'OuAKOU, elle
entendit des pleurs, mais n 'y trouva rien. A hout de
forces ellc s'endormit prês du tronc et le matin se
réveilla. en constatant que J 'enfant avaít 'tété touto
la nuit, car son sein n'avait plus une seule goutte
de Iait.
Tous les jours elle entendait les pleurs de l 'enfan t
dans le tron c j usqu'à la nuit, quand elle allait
dormir sou s l' ÜUAKOU et il pouvait téter.
Apres hea11-coup de temps, un j our son enfant se
prése:nta : il ótait grançl commc un homme et il ' . '
\ '
. 's ortait du feu de l' extrémité de ses m.ains et de ses
•I

pieds.
- Mêr e, m e voici, rentrons chez n ous, s'écria-t-il .
Tout le m ond e fut três content et les vieillards
vinrent le contempler .. Les PA1És 1 soufil crent sur lui
et l'appelcl'ent Izi, e' est-à-dire LE F1Ls nu FRUIT; le
peuple le cho,i$it pourtchef, et lui, il fit ,ce peti.t dis-
cours :
- J e ne dois pas en core être votr e chef, car il me
faut posséder la pierre appeléc NANACÍ, qui est s ur
une m ontagne du crochet de la lune.
On raconte qu~l e Soleil lui avait donné un petit
sac plein de ch oses magiques et lui avait dit :
1 •
- Voilà, mon enfant> de quoi obtenir tout ce que

L Prêtre, sorcícr.
/'.
- 50-
- 51 -
tu voudras. Je t'accompagnerai partout et tous
t 'obéiront i . - Porte-moi sur la montagn e du croc11et de la
On raconte aussi que tot1s les hommes et toutes lunc. Apres n1on r etour j e te r endrai la liberté 1 •
l es ~eromes voulaient aller à la recherche de cette L'épervier le conduisit là-haut, ou la lune lui
pi erre NANACÍ 2 ~ m ais les sorciers dirent : dit :
- Les femmes ne · doivent pas toucher à cette - Réço'is avec oet~e pierre ton signe de noblesse
'
.
p1 er~~ . ', , \ , et va co mmander à ton pe1;iple .. Oblige-l e à jeuner et
tue· ce111i qui ne t'o~éir~ P,as !. ' ·
Alors tolis se disputereift . Izí prit da'ns petit $On
sac 'quelques petites ma:vmites, l e~ r emplit de goü- . lzi retourna cliez lui e·t .rendit la liberté à l 'éper-
dron ct les mit sur le feu. Lorsquo lc goudron se v1er. Il rasse1nbla l es y ieillards et les sor.ciers, l eur
chauffa il en sortit une fum ée noirc qui produisit communiqua touf ce qtte la lune lui avait dit, l eur
des ÜUAK OURAOUS 3 , des 1\1ou KOUROUtous·\ dos JAKOU- r~commanda de tenir toutes ces choscs secr êtes et
ROUTOUS i> et d'autres oiseaux do nuit; puis, d'autrcs disparut .
oiseaux comme des hirondellcs; pui s, des éperviers, Les femm es brulaient de savoir cc qui s' était passé
,
et enfin l 'Epervier Royal 6 • Izí l e prit ct lui ordonna : dans cette réunion. Elles résolurent de tromper l es
vieillards et de leur arracher l e secret. La nuit, l es
i. 11 y a. une certaine analogie, d'ailleurs déjà remarquée par
M. Darbosa Rodrigu es, entre cette partie de la légende et la. légende
pl~s belles s'approchêr ent des vieux qui étaient
des Incas sur RóK:A, le fils de MAMA-HouAco 1 élevé en secret au fond déJà couchés dans l eurs hamacs et l eur firent beau-
d 'une grotte,, d'ou jl ne sortit que quand il était déjà uo homme, coup de · car.e sses pour obtenir l eur confessio11. Les
tout couvert d'une splendide robe d'or. On l'eromena sur une mon-
tagne ct tout le moncie' l'adora . 1
comme FrLS no l:>Ol..l:':(L. Lcs QUICJiÓUAS ' , vieillards ne surent pas résister ~t1x enjôleuses ,et
le ptirc.n t co.n'.lme leur ,roí. U me semble qu'il y a dans c,cs légcndes s'cndormircnt · ayant. .· .to~t raconté. t or.squ)ils se
. Un ócho des 13.nciennes''inítiatious. · ' ' 1
j '

2., 11 faut remar quér ' dans l~ nom 'de cette piorre ,p.1).'agiq~e J.e l :tév'~illêren·~, ils ne V~f6;Ilt pl,llS ' Íes fcmmes.
mot TouP.1 Ci, mis à la fln. Cette languo est ag~lutinante. Ce mot - J'ai rêvé; d:it l'un d'eux. ··
si.gnifi e 1t1:ER'E dans son sens le plus général de l'RooucTn:rcE, FÉcoN'-
D.lTnicE. On ló trouve dans les noms des dieux: principaux : G u.ARA- - ~foi au ssi, dit .l'autre.
C!, le soleil; JA-Ci, la lune; CErou-Ci, les Pléiades. Ce n1ot a une - Moí aussi, aj outa le troisieme .
três grande aualogie a.veé la premiére syllabe de Cybélc, la déesse
])brygienne adorée par les Grecs comme ' écondatrice. ~f:1u.: de Les femmes ayant su tout ce qu'Izí avait raconté,
toutes les choses. (B. R.) voulurent devenir des chefs comme l es hommes ·
3. CA.PRJM.OLGUS VOCIFERANS.
ceux-ci ne voulaient aussi autre chose, de maniere'
. 4. Hibou, STRIX MACURUTU.
5. Ilibou, SrR1x CL AMATOR. i . D'apr és M. Barbosa Rodrigues, cet épervier rappelle l'épervíer
6. L'aigle brésilien, HARPYA DEsrnuc:ron. Vóc, mcssager symbolique de H ooRACAN, le CaeuA ou C1EL, dieu
"6Uprême, créat eur de tous les autres dieux dans Ia théologie NAHÔA.

'

.. - 52 - - 53 -
' que t out l e m on de se trouvait avec l e droit de com- encor e se prom en er quelquefois dans les bois .
m ander et p er sonne n e voulait obéir . Izí revint Quelques ans plus t ard, un jour, des j eunes gen s
furieux parmi son peuple. Il fit jeun er , puis fou etter s'amusaien t sous l'OuAKou quand u n sor cier a mi
l os fcmm es, et tua celle qui avai t découvert le secr et d'Izí y arriva et l eur dit :
aprês avoir eu commeree avec elle . II brula un des , - Mes enfants , si vou s n e j eunez a u licu de vous
• •
vieillards et éparpilla, ses cendres au vent. De ·ces amuser , Je vou s mangera1 . 1

ce11dr es naquiren! des scorpion s , des 1,ocANDÍI\AS t e t , · Les j_e unes gens n 'obéirent pas au sor cier et furent
d'aut res hêt es ven~me uses ain si que plantes véné- dévor és '. Mais leurs paren·t s se fâch er ent avec l e PA'íÉ
n euses. Il transform a l'autre vieillard en crapa ud et et l'inviterent à venir prendre du CAX.IRÍ 1 cl1ez; eux .
l e troisiem e en serpen t . Pt1is il nom ma quatre autres Ils le saoulêrent, l e tuer ent et brí1lêr ent son corps
vieillards pour gou verner la t ribt1 et l eu r offrit une pour se ven ger .
fêt e en défendan t aux femmes d 'y assister. De ses cendres naquít l'arbre ÜUATANHON l? qui
11 donna d e n ou veau x or dt es : s'él eva j usqu'à touch er l e ciel, et l'âme du sorcier y
- Toutes l es femmes r cconnues coupables d'avoir m on ta par l'intérieur du tron c sous la forme d'un
tenté de découvrir l es secrets seront condamnées à CoATí-Pounou 3 • ·

m ort. rf ous l es h om mes qui auront révél é ces Apr ês que l 'âm e fut entrée a u ciel , les vieillar ds
secret s at1:x: femmes ser ont au ssi con damnés à m ort. couper ent l'arbr e en s'écriant :
On pourra les r évéler aux j eunes hommes, mais pas - l\tl ain te nant l e sorcier n e pourra plus r evenir
aux enfants. . , .
sur la t erre 4 ! .
\

Apres avojr ainsi parlé, il pleura.


t

Tres curie uses ' de s.av.oir ce qui se passait, les , 1. Liqucur enivra nte fa.ite avec le sue fermenté du manioc.
femm es s'étaient cachées pour ent endre ce qu' Izí ' ,2. Palmier appelé aussi PAx1ouBA, I RI AHTEA, sp. var.
. 3. Petit rongeur du genre S~run.us.
allait dirc. Lorsqu 'il se tut, ·elles totn bereilt m ortes
4. D'aprês ?!L Barb osa Rodrigues.
et se changerent en pierres. Izí pleura, car il savait "
que sa m ere était avec ces fe mmes.
lzí dansa pour cél ébrer son él ection à la charge
de ch ef suprême et puis retou rn a au ciel. Il vient
'

i. Fourmis dont la morsure ·est três doulour euse, CRYPTOCEnus


ATRA TUS.

'
e< l"
- uo -

Pour cela ils appelêrent le Proooouooou ~ et lui


donnerent une corde en lui disant:
J- Attache un bout de' la corde à cette liane et
l'autre bout va le fixer bien solidem ent at1 ciol 2 .
CHA~ITRE II ~'ojsea·u fit ce q:u'on lui demandait et ils com-
• 1 menc~rent à escalad.e r le cicl . Los femmes do r etour
LÉGEND~S ASTRONOMIQUES. ~tl viilag·e yhercl1erent leurs fils partot1t et les ~p er-·
1
1'
1 '
'
' •' ~Ürqnt enfin qui gri:inpaient le l ong de la corde.
r
.E lles · l es appeler erit avec douceur, mais en . vain.
1
1 a) COM'M E~T ~AQ úIRENT LES ÉTOILES Alors les mêre~ se décjderent, elles au ssi, à grimper
(Conte des Indiens BoRónos 1 . ) à leur suite .
Le volcur du ma'is se trouvait le dcrnier. Lor sq11'il
11 y a bien 1011gtemps des femmes étaicnt parties vit tous ses compagnons arrivés a u ciel, il coupa l a
ramasscr du m a'is. Leur cueillette fut m aigre. Aussi corde et toutes les pauvres femmes r etomber ent sur
pen ser en t-elles à se faire aider par un jcune homme. l a t erre ou elles se métamorphoscren t en bêtes .
Celui-ci profi.ta de l'occasion pour cach er une partie Ces j e'unes gens sans cceur furent condamnés à
de la cueillette dan s son carquois 2 • r es ter perpétuellement au ciel les yeux fixés sur la
En rentraut chez lui, il donna ce m a'is à sa tante, terre, ch erohant à voir ce que sont devenues leurs
qui en 11t des galettes qu'il mangea. avec des amis . m êr es . Ce sont leur's yeu:t qui sont l es étoiles 3 •
1

Ils s'aviseren.t al?~S que ta. vieillc femme pourrait


i

r.acont~r à I: t1rs líl}er,es c~ 1 ~u'ils .~v~ie:q.t fáit« ~ris · de . b), LE 'MYTRE OU SOLEIL ET 11).E LJ\. LUN E!
pcur, ils r esolt1re;ht de l u'1 couper la langµe et les
(Conte des lndiens BoRóRos .)
bra,s. Ainsi elle ne pourrait pl us ni parler , ni faire
des gestes. Ens uite, plus effrayés en core par' le
Jadis, a·u cours d'une chasse, llil gu errier s'égara,
crin1e qu'ils venaient de commettre, ils se décidcr cnt
à a.Iler se cacher au ciel. · march a longtemps et arriva ainsi jusqu'à un ondroit

1.. Les BoRónos sont u ne r ace a bsolument différente des To uP1s . i . Oiseau-mouche.
lls parlent une autre langue et on t d'au tres mreurs. 2. Cette liane rappelle la plante grimpante qui permct de mo nter 1
2. Ce conte montre comment une petite fautc peut conduire à au ciel dans les contes de la FEvE, si répandus on Europa.
des crimes horribles. 3. D'aprês le Pere Antoine Colbachini.

....... .., L
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'
ou le sol brill ait d'une lueur rouge, ca'usée par le · Le fils accepta le pacte et ils partirent à la
passage des âmes. 11 s'engagea alors dans un sentier recherche du soleil et de la lune, mais ils furent
ou il faisait une chaleur étouffante et plus il avançait, obligés de r etourner au village, car ils se sentaicnt
plus la cl1aleur devenait intolérable. Fatigué, cou- bruler . Ils se garderent bien de conter leur aventure
vert de sueur, il s'arrêta pour se reposer, lorsqu'il à âme qui vive 1 •
entendit deux 'loix semblables au cri du héron, l'une
plus forte que l'autr~.. · 11 les écouta. C'étajent les
e) LES PLÉIADE S
voix d·es deux freres : MEní, ~e soleil, et Aní, la
lune. (Con te des Indiens JACAM1Ns. )

11 s'approcha de l'endroit d'ou venaient les voix


et il aperçut les deux frer es, mais tout d'un coup il DA.1NA 2 monta au ciel à la suite du GRANO S ERPENT
eut peur et s'enfuit. En arrivant chez lui, il dit à son et, en 'y arrivant, ell e avala des ceufs d'ara qu'ellc
pere BAKOROKounnou, qui appartenait au clan des trouva dans un trou. Elle eut soif et s'adressa à
BA.ADDAG,ÉBA : ' CEIOUCÍ ~ .• 1

- Mon per e, j'ai parcouru la route des âmes et - Ou bois-tu de l' ea.u? demanda-t-elle.
j'ai vu le soleil et la lune. Je vais les prendre. Ainsi - Suis-moi, répondit CE1ouci, et tu bo!ras de l'eau
ils apparticndront à moi et à notre tribu ! chez moi.
- Non, mon fils, r épondit le pere, ils ne seront Elle lui :wontra un puits ou il y avait de l'eau et
jamais à toi, mais à moi, et désormais je m'appelle- DA'iNAse désaltéra.
rai le Grand Soleil, et toi, tu seras la Pierre du - ~1aintenant que tu as bu de l'eau, dit CE1oucí à ~ a
Soteil. ,, fin, j e vais te montrer le · trou par lequel je sors du
Quelques jours plus tard, BAKOROKouonou dit à son '
fils : ' Matto-Grosso, l'Etát le plus occidental du Brésil et qui touchc à la
République de Boli vie.
- Mon enfant, moi j e prendrai le soleil , et toi, tu 1.. D'apr ês le même auteur.
commanderas les BoRóRos dt1 soleil et de la lune. 2. Personnage fabuleux, beau-frêre du GnA.ND SERPENT qui fut une
Je m'appellerai rvJEru-T' AvÁRA, le Sentier Resplen- sorte de ci vilisateur des I ndiens. Suivant quclques légendes q ui se
sont perducs, DA1NA monta au ciel, comme Orphée descendit aux
dissant du Soleil 1 • Enfers, à. la recherche de sa bien-aimée. 11 tira contre le ciel une ,
.flêche au bout d'u ne longue corde et y grimpa par cette corde, ce
1.. Le Pere Antoine Colbachini, qui appartient aux missions salé- qui rappelle ·en core une fo is les co ntes de la .Feve.
sienn es et qui est u n vrai savant, a organisé la grammaire de la , 3. Nom Toul'I des Pléiades. Les J A.CAMiNs sont unê tribu de race
langue des Bonór.os. Ccs Indiens habitent une partie de l'Etat de TouPr !
·- 08 -
- 59 -
JA CAMÍN. Les parcnts céléhrcrent l e mariagc etles deux
ciel et j'y rentre~ car j e disparais pendant un m ois
époux prirent u11 ba.in da.ns la rivier e, ou ils se frot-
entier et je n e me 'm ontre q11e l t( mois suival\t · Je
têre~t avec l'h.erbe appelée JACAMiN 1 • Alors ils se
suis la mesure dt1 temps i, et tout ce que je contemple
transformerent en JACAltIN ~ . Apr es ê tre oiseau , elle
se r cno uvelle 2 •
sentit son ventre si plein d'mufs qu'elle ne pouvait
prcsque m archcr.
d) PINÓN OU LE GnAND SERPENT
- Pet1t-être ce ne son·.t pas des ~ufs, mais plutôt
' '
(Conte des Indiens JACA,MINs.) des enfants, pen.sa-t-elle .
Que lqtles m ois plus tard elle accoucha de deux
Autrefois il y avait dans une ~1ALÓ CA 3 du fleuve enfants, une fi.llette et un garçon . Celui-ci, en gran-
ÜUANA-OUÁ des vierges préposées à l a gardc des talis- dissant, devint r em arquahlement ·fort ct aimait trop
•!rl\kl'~"··
, mans iet d~s · attribtit~ d~ J ~uaouPARÍ:. , , la1 ,cha~se. Sa;. more, ~ui çonsei~la ~
Un jour, une de ces vierges ~'enfu1t à la reel1erche , ·-M9n cnfant, tu ne do'i s'jamais t11er des' J~cAMÍN S .
d'un mari . La nuit la surprit au milicu de la forêt La mere n'avait j amais vu ses enfants dormir.
et elle fut ohligée d'y dorn1ir . Ell-e pleura tout le Une n uit elle l es regarda et en fut tres étonnée , car
temps, effrayée, et vers l 'aube eil e ente.o,dit de~ voix la petite avait sept étoil es sur le front e t l e garçon
· d'homn;ies qui causaielrb. Un de .ces h ommes dis~it .: 'Un •p etit'.~erp ent tracé avec des é~oi]~s. aútoun tle1'88. 1
'

- Je ne m e marierai que lorsque j'aurai trouvé ceintu:re. La femme appela. son m a.ri qui s' écria :
une jeune fille trcs jolie. . - Si je suis un oiseau, comm ent puis-je _avoir
A la lumiere du jour, celui qui avait dit ces mots des enfants?
l 'aperçut et l a trouva à son . go~t. Il ne lui déplut 11 se r endit ch ez' les sorciers et l eur dit :
.
!.__ .J~ veux 'savoir comm ent ma femme pout . .avoi:r:
'
pas aussi. .
_.::; Veux-tu te. marier avco moi? demanda-t-il. des enfants si j e suis un oisea11.
- Je veux bien, répondit-elle. Les sorciers lui répondirent :
L' homme l'emmena chez lui . Il était de la tribt1 - Ces enfants sont vraiment à t oi. Lorsque tu as
1 1 • \ 1 J
1
i . Lcs Intliens avaient cléjà observé que cette constellatión dispa- i . Les'I n'.diéns qui parlent le TouJ'I appellent cetto berhe J~c~MtN­
raissait le mois de mai et ne re venait qu'au mois de juin, ce qui ÜAA, c'est-à.-dire l'herbe du JA cAMl N'. 11 s'agit certainement ici d'un
correspondaít à. l'époquc de la ri:rue des oiseaux et du · renouvelle- rite symbolique. Le roari qui appartenait à la tribu dont le totem
ment de certaines plantes. était le JACAlfiN frotta sa femm e a vec l'herbe du même nom pour
la faire appartenir à. sa tribu.
2. D'aprê.s ~f. Barbosa Rodrigues.
~. PENELQPE CUMANENSJS.
3. Village des Indíens.
'
'

• •
- 60 - - 6'1 -

eu commerce avec ta femme, elle a du r egarder les de roche et le lança de toute sa force sur la maison
étoiles et voilà po.u rquoi ces enfants sont n és avec des gardiennes duJouRoUPARÍ. La grosse pierre écrasa
des étoiles sur le corps. la maison et tot1tes les femmes s'enfuircnt. Elle
Pendant que le pere causait avec les sorciers, la pénétra dans la terre. En voyant cette prouesse, le
mere allait se prornener et le garçon prenait ses grand-pcr e eut peur du garçon.
armes et partait pour la chasse. 11 ·vit des JACAl\IÍNs, Le chef de la •tribu s'adressa à la more ct à son
Jcs tua tous et re:qtra chez ses pa.r ents. Lorsque sa enfant : j
'•

m.ere fut de retour ~ il lui dit : -- Si vol;ls remettez les choses comme elles étaient
- Mêre, j 'ai tué tous l13s JACAMiNs. Veux-tu les auparavant, je vous promets de vous aimer toute ma
.
voir? , v1e.
- .Oui, mon enfant. . - Moí, reprit l'.enfapt, j'aime à voir tout en
Lor squ'elle vit les JACAMÍNs morts, elle s'écria : ordre.
- l\ilon fils, t u as tué, sans le savoir, ton pcre et 11 arracha la pierre du sol , la r emif à sa place et
tous les sorciers. Ma.intenant il n'y a plus personne r ebâtit la maison . 11 conduisit sa mere chez sa famille,
pour nous nourrir . Tu nous a fa.it un grand mal ! ou sa sreur tomba malade, car elle ne trouvait pas
.
- Mere, répondit-il, ne te chagrine pas, car je me un mar1.
charge de t oute besogne.
1
- Donnez-moi ma sreur, dit-il à sa mere, j e désire
lls résolurent de retourner a.u p·ays de ses a!eux l' e.mmener avec moí et la guérir, car il n'y a au
et, pendant la r oute, la mere demanda à son fils : monde que moi qui sache ou se trouve le remede .
- l\ilon enfant, je tremble d'arriver chez ton grand- dont elle a beso in.
pere. Lo.rsque, aiutrefois, je me suis enfuie de , chez 11 la conduis it au ciel ou elle resta pour touj ours.
lui , j'étais vierge ; 'mail).tenant'· je ne le suis plus ot · On la voit la nuit et on ~'app elle Ce1ouci 1•
c'est SUf qu'on m'enfermera dans la l\ifAISON TÉNÉ- l

La mere les a.ttendit longtemps. Comme ils tar-


BREUSE 1 , car je n c ~ois plus jamais avoir commerce daient trop à revenir , elle partit à leur suite. Lors-
avec des homm es. qu'elle traversait un ruisseau , le G RAND SERPENT la
- Ne t e chagrine pas, ~ere, j'arrangerai tout. prit et l'avala. En rentrant plus tard chcz lui, le
lls arriverent à la tribu. Le garçon prit un quartier garçon n e trouva plus sa mere. 11 partit tout de
t . li semble par ces mots et par le commencemcnt du conte que
les In diens avaient des vestales qui _é taient préposées au culte mys-
térieux du J o u ROUPAR1 et qu'on cbâtiait lorsqu'elles péchaient . i. Les Pléiades, la Pouss1N1EnE.

1 '1

' •
- 62 -
suite à sa recb.erche. Partout ou il passait, il laissait
des enfants 1 ; enfin il la trouva. dans le ventre du f) TAMEKÁN 1

GRANO SERPENT et la con duisit au ssi au ciel . C'est


tConte des lndiens l\'1AKOUCHiS.)
elle qui est auj ourd'hui cette con st ellation qu'on
appellc P I NON ou le GRAND 8ERPENT 2 .
Un homme avait sept enfants qui .tous les j ours
Cette histoir e arriva a·u commencement du monde, pleuraio;nt de fairp. J ,
~ l'or,igin ê. de, nos anpêtres 3 •
·,.- - Hélas ! m es e;nf?-nts, , dit-íl un jour, je vous
.d onnc à m anger. ce 'que jo pe\IX trouver et vous
n'êtes jamais contents. ,.
e) L'ÉC LIPSE
La :mer e los gr onda, m ais comme ils continuaient
. .
(Conte des Indiens KATaoucHrs. ) à. pleurer, ello leur donna l e m axillaire fum é d' un
tapir. L'ainé divisa ce peu de nourriture entre ses
Il y a trõs longtemps, le jour se cl1angea en .nuit à frer;~s ; .(>Uis l es ',prit ~ous les ,bra.s, . se mit ~ chanter
·' l' h eure du · mjdi et le soleil se cacha lorsque l~s ,et.à ·êlanser; et ·monta ~au ciel . . ' .,1•: .1
·' '. .(

. hom~es étai ent en pleine cl1as.s e. A cau se :de l' obs-


\ ' t ; , ' ' r

· Les voyant partir., la m ere les appela et l eur offrit


curité, les chasseurs n e purent r etourner ªª village de la vi.a nde, mais ils refuserent disan t qu'ils allaient
que guidés parles cris de frayeur de leurs femm os. se tran sformer en étoiles. En faisant des tours
Au milieu dcs ténebres ils entendaient quelqu'un comme l'OuaouBou 2 , lorsqu 'il r emonte ver s les
qui frappait avec force le tronc des arbr es. Dan s n uages, ils arriverent enfin au ciel 3 •
l'aprês-midi lo sol eil reparut, mais peu de temps
apres ·il se cbucha pour la .nuit. · · ~. ·
g)' EPEPÍ~f
On n'a j amais su s.i ,le soleil s' est' éteint c'e jour-là
ou s'il alla éclairer d'autres peuples '•. ' (Conte des Indiens ~fAKOUcHis. )

Deux frer es, dont l'ainé était trbs beau et le cadet


• três laid, avaient un autre frer c m arié. Le beau
.1 . Jl me semble que les Indiens veulent signifier que le h éros ha!ssait le laid et cherchait toujou;rs des prétextes
semait le ciol d'étoiles à s.o n pass.a g,c. )

2. Le Serpentaire. ,.
1. ·Le$ Pl!3,i~des. , , ~
3. D'aprés l\'l'. Barbosa Rodrigues,
2. Oiseau qtl,i se n ourrit d e,· charognes, OAtIIARTE, sp. var.
4. Idem. 3. D'aprés M. Barbosa Rodrig ues.
6
;


- 64 - - 6õ
pour le tuer. Un jour, apres avoir aiguisé un bât on, ? e trois ét oiles . Le corps r est a au miliell et Ies deux
il inyita s,on frere à cueillir du 11oucou pour se Jambes une .de ch,aque eôté. Ainsi l' EPltPÍl\11 con1-
t eindre le corps . En arrivant pres de l 'arbrc de Ro u- men ça de br1ller au ci el.
cou, il lui dit : . L'ass~~~in se transforma aussi· en étoilc : la CA!-
- Mon fr er c, grimpe sur i ·arbre et va cueillir du OUANou . Le frere marié est l 'ét 01·1e 1TENHA, ª. L es
d
R oucou. . .eux regarde~t éternellement l'assassin pour le châ-
Le laid grimpa et, lorsq11'il m ettait le genou sur ticr de son crime i.. ,
l
llll e brarrche pour se souten ir' l e beau lo blessa wor-
tellemcnt entre l es cuisses avcc son bât on pqint u.
Le corps t omba sur l e sol, l'assassin lui coupa les •
h) PECHIÔÇO 6

jambe$ et s'en alla. ~C onte des Jndiens MAKoucHís.)


11 arr iva que leur belle--sceur vint' à 'passer par la
maison ou l es deux freres demeur~ient . Elle n 'y PEcHrôço 6 était un 11om1ne qui se maria à u n e
trouva que le beat1 et lui demanda : fe~~ e-cr~paud appelée Oun i<:RÉ. Comme cll e n e ces-
- Con1ment vas-tu, beau-frere ? sa~t .1ama1s de co~sser, un j our il se fâpha contre elle,
·~ · - :fres bien. ), 1~1. coup~ une Jamhe ,' et j et a cette ja1mbe da~s la
--;- Et ton frcr e, coin1nen·t va-t-il j '
r1v1ere, ou ~lle se cliangea cn SouRo UBIM, mais l e
- 11 se promcne parle bois. r este du c?rps monta au ciel ou il se r en contra avec
La belle-sceur se r endit au bois et y trou va l e son pere l ' EPÉPÍ_)r 1 •
cadavre, les j ambes coupées. Son beau -frere l'avait
suivie. Avant qu'ell~ püt dire q11elque chos~, il .prit
l es. deux jitmbes et l es jeta' à la riviere, disant : · ,·
1. Orion. Les Touers appela·e t tt
Ces det1x jawbes n e servent plus à rien du Brésiliens actuels l'appellent I l~s ~~· e constellation ARAPARÍ. Les
MAR!S. llOlS ROIS MAGES ou les1'ROIS
tout. Elles n e sont bonnes que pour l es pois-

2. Vé nu,s.
sons.
' En tompant dans l 'eau , les jarobes se transform e-
1 , 3. Sirius. , e

r er1t en SousoUBlNS 1 • Le cadavr e dcrneura sur la 4. D'ap·rés M. Barbosa Rodrigues.


5. C ANOPUS.
t erre, mais l'âm e m onta au ciel, ou elle pr it la form e
' 6. D~ns .la. langue des MAKoucHls ce
l ondro1t ou I·on fume la vian<le . n om signifie le boucan,
i . Poisson PIMELoous TIGRUius . 7· D'aprés ?t'I . Bar})osa Rodrigu es.

'

\
- 66 - - 67 -
chan gent de peau ot1 d' écorce t ous l es an s, ce qui
1
i) MBOIA- ASSOU arrive aux lézards, aux serpents et au x ar bres.
(Cont.e ,des lndiens du fleuve S o LlMOENS .) Ce serpent dem eura pour t oujours au ciel 1 •

Autrefois il y eut une j eun~ fille qui fut fécondé.e j) PAOUtQHI CAMAXOUA. :.!
par un m ab.v,ais esprit ~t accoucha d'un serp ~nt qui '
'
\
.
.
grandit sans jama~s s'éloign.e i~ de · sa m ore . mal gr é (Con.rty ·,d es»Indiens ) \1AKOUcsis.)
'
' ~··
t ou s 1 les efforts qu'on fit pour l e faire partir. . · 1 '
Un j our, on dit au serpent de gr im per sur un arbre Deux 1frcres qui aim.a ient trop la ch asse entendi-
et, pen dant qu' il y était, sa m êr e se sa.uva. Lor sque r ent un n1atin le chant d' un ~1ouTOUM s. Un des
la hête se vit trompée, elle commença de pleurer et deux fr cr es invita l'autre :
dem anda à sa grand' m êr e : - Allon S' tu er ce l\1ouTOUãI.
- Gr and'm er e, donne-moi ma m er e ! donne-moi - Allons-y .
Ils ch errher ent l 'oiseau et l 'aperçur ent sur une
m a m er el
- J 'ignore ou elle se trouve, lui r épondit la bran ch e. Ils l e viserent avec leurs fl ech es, mais il se
tr an sfor ma en h omme et leur dit :
vieille .
- Alors, dit l e ser pen t, j e m 'en vais d' ici. Tu n e - Ne me t u ez pas, m es enfants ! Venez plutôt au
veux pa.s m e r endr.e m a ,mer e, n1ais écoute-moi : j e ciel avec m oi. Voul~z-vous y aller?
vai~ monter au ciel ) je crierai et , toi, t u ·dois m e - Je veux bie:r;i., dit un des fr er es.
' dre. . , - Moí au ssi, dit l 'a-qtr e.
r é pon , :.' ·. . , " . ,:. ./ ' ,.; :t ' 1

Au miliéu' de la n,uit le s érpe~t ~' ~nvola au ciel . ' ," ·, 11 "~·~':~~1 ..:.- Alors, allons-nous-en, fit l e l\1ouTotJM.
• 1 ' 1

11 cria , mi:ti~ la vieille dormá~t. Ce ne


fut que lors- . 'l~ ':' 1
Ils monter ent au ciel oú. ils furent transformés en
· ·:1 ~
11 étoiles 4 •
qu'il lâch ait son cri pour la troisiêm e fois qu.'elle se .
r éveilla. '
i. Le Ser pentaire. D'aprês M. Barbosa Rodrigues .
Tous • l es êtres qui r épondirent a:ux premier s cris 2. La Croix du Sud . Dans la langue des 1vlAKouce1s, P Aou1cur
CA MAi'OuA v eu t dire le chasseur de MourouNs . Les Indieus TouPIS
1.. Dans la tangu e TouP1 : Mno1A, le boa, lo serpent; Assou, gra.nd . ap pelaient la Croix du Su d PrRACAÇARA, le Pêcheur.
Ce m ythe du GRANO SERPENT est três r épan du p armi tou t es les . 3. Oiseau d u g enre CaA:x , Hocco.
p eu plades de l'Amériqu e sous dês for mes différen tes, dont los prin- 4. D'apres M. Barbosa Rodrigues .
cipa.les soot le GouGouKATZ du Gu atémala, l' A &iARON du Pérou et le
QusrzACOATL, le <e ser pent à. la qu eu e d'émerau de », du Mexique.
- 69-
·~ L'eau atteignit le ciel. Alors T oUPAN ordonna qu'ell.e
I 1 s'arrêtât . Sur l'eau, entre le ciel et l'eau, seul 1lotta1t
le palmier emportant T AMANDARÉ et sa femm e. Le
coura11t en creu sant la terre avait déraciné l'arbre.
CHAPITRE III Tout le m onde était m ort. L'eau comm ença alors à
baisser .
LE CYC!JE DU DÉLUGE , Lo,r s.q ue le j our se 1eva, TAMANDAR É vit qu.e le pal-
mi er s'était planté au milieu de la plaine et il cn.te.~­
1
dit le GuANO UJ\IBI 1 qui battaít des ailes. 11 descen d1t
1. L li: DÉLUGE DES TOUPIS du faite de l'arbre avec sa compag·ne et repeupla la
,,
terre -.
Il y a lon gtemps, bien longt emps, les eaux ton1- t
berent du ciel en si grande abondance qu' elles com- 2. LE DÉLUGE UES CAXl NAOUÁS
3
m encerent à couvrir la t erre. Les hommes se r éfu-
gier ent sur le sommet des montagnes.TA:\1ANDARÉ, qui Les CAXINAOUÁS demeura.ient en plusieurs villa.ges~
était brave parmi les braves, r esta dans la plaine au milieu de tres belles plantation s, pres d' un flcuve.
avec sa femme. 11 était fort et sage, et TouPAN lui Ils y menaient une vi~ paisible, quan~ un j.our il
parlait pendant la nuit. 11 en seignait aux enfants de se mit à tonner et à pleuv:)ir sans d1scont1nuer.
la tribu ce que Dieu lui avait r évélé. Puis le ciel s'entr'ouvrit et tomba sur la terre, en
Il con.s eilla à tous de rester avec lui, ma is per- massacrant tout le monde. Alors les âµi es des n1orts
sonne 'ne 1: écouta, to,lilt . le monde s' en í\1it sur l~s s'env~lerent vers le ciel ou elles ~ont encore aujo~r­
montagn~s et le laissa seul avec sa compagne dal).s d'' hui:
.
la plainc. . ' 1, La foudre tU:a une femme enceinte. Lor sque les
1"AMAN DARÉ prit son épouse dans ses bras et grirnpa· eaux se retirerent, un crabe trouva son corps gisan 1t
au falte d';µn palmier, résolu d'y attcndre que l'eau sur le sol, lui ouvrit le ventre, prit deux jume~ux
s'écoulât. Le palmier produisait des cocos qui leur
servaient de nourriture et leur fournissaient en m êm e i. L' oiseau-mouche.
temps de la boisson. · ~. D'apràs 1\1. José de Alencar. .
1
L eau continua de monter pendant trois journées. 3. Peuplade de l' Amazonie, branche de la famille PANA , étud1ée
profondément par M~i. Paul Ehenreich, Capistrano de Abreu et
La terre, les arbres, les montagn es, tout disparut. d'autrcs.

,
- 70 - •
- 71
-
qui s 'y trouvaient et les donna à sa ferome pour les fit gr ossir les eaux pour le punir . L'eau inonda 1a
élevcr. C'étaient un garçon et \llle filie. femme les terre et GoKoÜOoGWA se mit à fuir en criant à tue-
éleva avec grande joie, et des qu'ils grandircnt le tête :
crabe les maria et ils repeuplerent la terr e 1 • - Fuyez ! Fuyoz ! L'eau va nous engloutir !
1
GoKounouowA saisit une buch.e enflammée ct alla se
,3. LE f>ÉLUGE DES ~ADA'.OUÍRjS
réfugie~ sur l'e plus ~aut so~met , d'une chaine ?e
(
; ~co~~ inon·~agnes . Personne n'a:ai~ écou~é ses uvert1s-
S ur la. ,c·o rdillete E~~HÉ toutes les choses sont
1 .s~m~en·ts ct tout le ·m onde pér1t. 'Les v1llagcs furent
grandés, même les guêpes, les oiseaux-mouch es,. les 1détruits avec toutes · les bêtes, :tnõme les o)seat1x.
M o ucOUJNS , et même les c~RBAPATOS 3 ,
2
.I .
GoKou~oUGWA survjvait au catá:clysme, réfugi é sur la
II y a de 11eau sur la cordillere et des fieurs au haute montagn e dans ·le seul petit espace épar gné par
bord de l'eau . Tout ce qu'il y a est parfumé. les eaux.
On cr oit que e'est comme ça, car la cordillere Lorsqu'il vit que l'eau ne monta it plus ~ il fit dt1
ERÊ RÉ fut le seul point de la terre ou l es eal:lx du
feu avcc sa buche , il en chauffa une piorrc ct la je ta
dél uge n'arriverent pas 4 • dans l'cau. L'eau gémit et se mit à baisser . Au bout
de quelque temps, la plaine réapparut. 11 descend it
' alors de sa montagne et siffla pour appeler les
4. LE DÉ LUGE DES BORÓ'R.OS
In·d iens, mais personne ne r épondi.t à son appel. lls
• étaient tous morts. 11 . chercha partou:t et n e trouvn.
II y a trois esprit~ appelés GÃKOittE : un· jaune, un .
~ I • ~f que. los traces du passage d'un faon. 11 se remit à
r ouge et iun n01r. . ·1 · . . ' ·'
siffi~r .e t lê' petit cerf lui répondit. Il alla au-devant
1

Aut~ef'ois , uJjl ,homm~. ·au. no·m. de Gol).(>t:rR.ouGw~ t'p1- ele lu1 et le trouva couché sous tin palmier . 11 recon-
dit un filet en tra*ers d' une riviere pOUI'. y attraper nut q,u e c'ié tait une biche et lui demanda :
·du poisson. Lorsqu'il voulut ;voir ce qu'il avait pris,
- C'est toi qui m'as r épondu?
il vit de loin un GÁKOME jaune. II s'en approcha à
~ Oui, c'est moi ~ dit la biche.
pas de loup et lui lan ça une fleche. Alors le GÁKO~IE
11 l'épousa et ils eurent beaucoup d'enfants, <les
i. D'apres M. Capistrano de Abreu.
mâles et ües fem elles : d'abord un fils avec un mu-
2. Petit insecte rouge. • seau et des pattes de cerf; puis une fille à la tête
3. Petit insecte qui ~ord les gens et les bê~es et suce leur su.og . humaine, mais au corps velu comme celui d' un
4. D'aprês M. Bar bosa Rodrigues. cerf; puis un autre fils aux mains, aux pieds et au
- 72 - - 73 -

front d'homme, mais avec des touífes de poils par des plus gran ds arbres. Les personn es qu i se réfu-
tout le corps; puis encore une filie avec un pcu de gierent sur ces bran ches périrent de faim et de
poil sur le dos et sur la poitr in e, et un fils avec tres froid à l 'exception d'OuAssou et desa fem me SoFÁRA.
peu de poil sur l'échine; en fin lcs autres enfants Lorsque les eaux baisserent, ils descendirent de
n 'eurent plus de poil du tol1t. l'ar~re ou ils s'étaient réfugié$ et n e trouverent plus
I

II sépar.a ses descendants e11 .deux. clans, les Ecf!iijÁE ni les cadavr es n i même les ossements des autres.
et les TouGARÉGE, et décida que les fen1mes Ecm nÁ~ !).e i Ce couple :cepeupla la t erre, mais ses descendants
se marieraient qu'aux hommes .To uGAil ÉGE et vice- résolurent de ' bâtir leurs n1aison& sur pilot:i.s, au
• 1 '

versa. bord du fleuve, cat ainsi, si par · 11asard les eaux


Cctte co11tume ésogamique a survécu chez les montent encore·, les maisons pourront flotter sur
BoRónos 1 • elles '".
i. D'apres ~1. Barbosa Rodrigues.
2
5. LE D ÉLUGE DES P AMARÍS

11 y a tres lon gtemps, la fin du monde arriva de la


maniere suivante :
Un jour on entendit un bruit au-dessus et en des-
so11s de la terre. La lun e e t le soleil devinrent '
r ouges, bleus et puis jaunes . Les bêtes sauvages se
mêlcrent aux hom~es sans .e n avoir pêur. Un mois ,
plus tard, on e~tendit u,ne rumeur enco1•e plus forte \ 1

et lP-s tén ebres s'éten dirent entre le ciel et la t erre. ·· r


' Le tonnerre gronda et la pluie tomba nuit et jour.
Beat1co up de gens s'égarerent et d'a utres mot1rurent
sans savoir comment.
Les eaux couvrirent toute la surface de la teITe,
ne laissant au dehors que les plus h autes branch es

1. D'apr às le Pêre An toine Col ~achini.


2. Jndiens lacustres de l'Amazonie.

'
'
- 75 -
Le m ari appel a ses tr ois serviteurs. La jeune
femme l eur ordonna de se r endre en pirogue ch ez
1
son pêre et de lui rapporter un n oyau de Toucoul\1AN .
Les serviteurs arriverent ch ez le GnANO SERPENT;
CHAPITR E IV
cell1i--ci l eur r emit t1n n oya.t1 de To ucouMAN bicn
·' f ermé .e,t l eur. dit :
, ,
LEGENDES DES . ORIGINES
'

1
1
- Ne l'ouvr·~z, pas , .oar autrem ent tout disparait ra.
' " •, Les serviteurs partirent et ils entendaient du br uit
{1 l'intérieur d.u noyau . C'était ' comóle l c bru it qu e
I. LA CR ÉATIO N DE LA N UIT font les , grillon s et l es crapau ds pcn dant la i1uit.
(Conte des In diens Tour1s.) Quand ils furent três l oin de la maison du GnAN D

SERPENT, un d'et1x dit aux autres :
Au commencem ent du m onde, il n'y avait pas de - Voyon s qu'est-ce qui fait ce hruit. '
n uit, il faisait jour continuellem ent. La nuit dormait - Non , r épondit celui qui servait de pilote, car
au fond des eaux. 11 n'y avait pas d'animaux et toutes nou s sorions ch âtiés . Allon s , r am cz !
les choses parlaient . Ils r am er ent, m ais ils entendaient toujours le m ême
La fille du G RAND SERPENT s' était mar iée à un j eune . bruit à .l'intérieur du ~ n oyau , ce qui excitait leur
homm e ,qui avait trois ser viteurs fidcles . Un jour il auriosité . Aprês quelque terops · de voyagc , comme
l es appela et leur dit .: . ' ils se · tr ouvàient déj'à ' tres éloignés de la maison du
'
GnAND S.EllPE ~T, ils . s,e r éun ircnt a u milieu de Ja , ii:!~r~~w.i
• 1

- Allez-vous-er.i, .oar' en votre présence ma ferume


1,piro~ue ~t ~ ~~1~u~~~e;u t dt1 fcu Pº\lr fondre 11~. oir e, ..
1 ' '

$e refuse &, co:U.c her ~:vÇ,c · m oi. · · · · · .


Les ser viteurs obéire~t et ', ii appela sa femme p(])b.r qui ;bou ch a1t l es or1fices du noyau. lls l' o~Vrlrent , ·
couch er avec lui ; m ais elle lui r tlpondit ' : alors. Tout à coup la lumiêre du jour disparut rct la
- Je n e puis couch er avec toi, car il ne fait pas T\UÍt en veloppa tout. '
encor e nuit . --
1
,Nous sommes perdus ! s'écria le pilote, car à
. - l\1ais la nuit n'exist e pas, fit-il, il n'y a que le cette h eure la j eune femtne sait déjà. cl1cz elle que
JOUr. nous avon s ouver t la noix de 'l'oucoul\IAN.
-Nion per e possede la nuit, dit la j eun e femme . . Ils poursuivir ent leur r oute dans l'obscurité. Au
Si tu veux couch er avec_ m oi, fais-la ch erch er au
delà du gr and fleuve. f. Palmier , AsTnocARYUll TucuMA.

'
'

!
- 76 - - 77 -

mêm e moment, chez elle, la j eune femme avait dit Depuis lors t ous les oiseaux on t chanté à leur
à son m ari : h eure et surtout le m atin pour fêtcr l'aur or e.
- Ils ont libéré la nuit. At tendon s le m atin . Lorsque les trois dom estiques arriver ent , le jcune
Alors toutes les choses qui étaien t éparses par les h omme leur dit :
bois se changerent en bêtes et e;n oiseaux . Lcs ch oses - Vous avez ét é infidêles, car vou s avez ot1vert
qui étaient dans la rivier e se transformer ent eu ' le noy~u et lâch é la nuit. Toutes les ch oses ont ét é
can ards e t en .~oisson~ . Le panier dcvint lc j ag,u ar.
1
pcrdues . Com.me châtiment, vou s serez rn.éto:mor-
Les taches du jagµar so1rt lcs trous du panie:r. Le phosés en singes et vous grimper cz sur les branches
p êcheur et sa .barque furent m étam orph osés en dos arbres .
can ard : sa tête devint la tête du can.ard, son em bar- , Les Indiens prétendent que le liseré j aune qu e
cation devint le corps et les avir on s devinrent les portent sur le bras certains singes du n ord du Brésil
pattes. provient de la cire qui bouchait le n oyau de Tou-
Quan d la filie du GRAND S ERPENT vit l'é toile du couMAN et qui se r épandit sur eux lorsqu'ils la fon-
ma tin, elle dit à ·son m ari ·: dir ent dan s la pir ogue 1 •
- L'aube commence à poindre : j e vais sépar er le
jour de ]a nuit.
II. L'ORIGIN E DU MANIÓC
Elle enroula un fil en pelote et dit :
- Tu seras le CouJou'.BiN i . (Conte des Indiens TouP1s.)
Elle lui barbouilla la t ête avec de l'ar gile blanch e, •
lui peig.n it les jamb.es en rpuge av.ec du Roucou 2 et Un j our, la fille d'un ch ef sauvage se trouva
lui dit : ' en ccinte sans savoir comment. Le pcr e voulut se
1

. - , Désormais,' tu chanteras to'Uj·o urs à l 'approôhe ver1ger de celui qui avait apportó lo désh onn eur
du matin . dan s sa famille, mais ni prieres, ni rne11aces, ni c:hâ ..
Elle enroula sur lui-mêm e un autr e fil, le couvrit timents n 'arr ach er ent ·à la j eun e filie le n om de son
de ccndre et lui dit : séductet1r .
- Tu seras l' INAMBOU'l et tu cl1anteras aux diverses EJle affirmait toujours qu'elle n 'avaitjamais connu
h cures du j our et de la .nuit. d'h omme.
Le chef était décidé à la tuer lorsqu' un h omme
1. Sorte de faisan, PÉNÉLOPE.
2 , BrxA onELLANA .
3. Sorte de perdrix, PEzus NlA.Mau, Spix. 1. D'aprês M. Couto de ~iagalhaens.

J

- 78 - • - 79 - ,
blanc lui apparut en rêve et lui conseilla de par- donna le nom de MANióc 1 , qui signifie la MAISON ou la.
donner à sa filie qui était innocente. Le pere crut DEMEURE DE ~1ANÍ ~ .
ce qu'on lui avait dit dans ce songe et attcndit.
Au 'bout de neuf mois, la j eune lndienne accoucha
lII. L'OUI GINE DU COTON ET DES HO!Ul\! ES
· d' une petite filie tres jolie et três blanchc, e.e qui
. surprit beauqoup touté la ·tribu et même les gens }les 1
(Conte des Indien s TouP1s.)
tribus. :VPÍ$Íne$ qui venaieht la voir. , · } ·. · \ ' ' ;\ '
' • 1 ,J

On l ui Clonna · · 1e nom de MANÍ 1 . Elle {na:rcl1a et


1 SACA'iBoú, le per~ qes h ommes, ·trouva coto11 du
parla dês &on premier jour. Eile so.·u riait à tous avec parini l es arbres ~.de, la pra.irie. II crut d'abord que
1

une tristesse infinie et mourut sans maladie et sans c'était un morceau denuage tombé du cie) puis i! 1
;

souffranco (1.U bout d'un an. pensa que cette ch ose 'Iégére et blanch e pouvait être
On !'enterra dans la propre maison du chef et on utile à ses descendants. Alors il planta le coton pres
arrosa tous les jours sa sépulture. Au bout de du fleuve et partit pour la chassc . Pendant son
quolque temps, il y poussa une plante que nul n e absence, on arracl1a les cotonniers. 11 les plànta de
connaissait et que personne n 'osa arrach er. La plante nouveau, on les arracha encore. 11 découvrit que
grandit, donna des fleurs et des fruits. Les oiseau x l'auteur de cette malv:eillan ce était RAIRou, son
de la forêt qui mangêrent ces fruits s'enivrcrent. propre fils, être inférieur qu'il résolut de punir.
Ce phénomen e, ínconnu des lndiens, leur fit adorer 11 prit un TA1·ou, lui mit de la glu sur la queue
cette plar1te mystériellse. et lui dit de se cacher dans son trou, mais en laissant
Ei1fin, un jour, la , terre dú ,· tombeau .s'enk'ou~ dép.a sser sa queu,e s ur, l.e passage 'de RA1nou, Ce lui-c~ .
:vritet '
l'on .Y· trouv~ u·ne r~cii\e
1
' '
qui .r esse:mbl~it, a:u '' .. vit la que ue et' voulut~ s' efupa:ver de la bête pour la
l,
' be~;u pefit , cor·p s d~ ·MA.11í. 0n la prépi:tra ,et '· oµ · 1~ 1 •
1 ,.

rnangc:r. 11 lb.i saisit ' J.a ' queue, mais ne pouvant


inangea.. · plus la lâc.h er-; à cause de la glti., il fut entra1né par
Dcpuis' lors cette racine ~ sert de nourriture et à Je TA'l'OU vers les profondeurs d~ la •terre.
faire de::? boissons e~ivrante s pour les Indiens. On lui Au fond du trou noir et humide, RA1Rou réussit à
se libérer du TATOU et con1me, malgré i:;on mauvais
i. 11 est curie ux: de comparer ée n om de M<lNi, ~tre mystérieux,
qui donne aux: Indiens le végétal dont ils tirent lcur pain, a u x :t. Du TouP1-MA~i, nom de la petite ft lle, et OcA, maison. n est
n oms d e tous les a ncien s civilisateurs des peuples primitifs : MA.Nco aussi curieux que OcA soit maison en To uP1 et OrKos la même chose
au Pérou, Mr:'.'\os en Gr ete, h1El'iEs . en Egypte, ?l'fANOU dans l'Inde. en grec.
Certains esprits étaient appelés MANITous.
2. D'aprés M. Couto de t.1agalbaens.
7
Biblioteca Digital Curt Nimuendajú - Coleção Nicolai
- 80 - www.etnolinguistica.org

caractere, il était intelligent, il pensa à chercher


une issue. 11 trouva une région souterraine délicieuse,
habitée par des gens aimables et d't1ne rare beauté
qui lui enseignerent le chemin pour r evenir à la st1r-
face du sol.
RA'iROU rentra enfin chez son pêre , qu' il trouva en
train de filer et tordre la pre:rµiere corde faite avec du
coton. 11 voulut se venger et ,lui racon·ta les roer- '
veilles souterraincs qu'il avait vues. Dans cette région
mystérieuse il n'y avait pas de personnes la.ides, ni
méC'hanies. Tout le monde y était bon et beau. qn '
devrait peupler la terre avec des êtres pareils.
SACA1nou se laissa convaincre et suivit son fils
jusqu'au trou du ~ATOU. RA'iRou y entra ~eul. Son
pêre lui jeta alors sa cordc de coton, et la tirant
ensuite ramena, liés ensernble, six êtres, hommes et
1 femmes, p-etits et laids . lV!algré cette déception, l e
viet1x jeta de n ouveau la corde et tira de~ entrailles
de la t etre deux couples assez jolis. Plein de joie et
d' espoir, il lança la corde pour la troisieme fois et
arracha des profondeurs du sol un 11omme et une
' \ ' .,/ Ir·;. .
'fernm·e dont les visages rayonnaient de beauté, de I

... ,/

grâce et de bonté. lvre de bonheur, il jeta la corde ' .


encore une fois, mais RA'isou la lui tira des mains et
lui cria du fond du trou :
- Pere, je me suis. ve'n gé de toi ! Tu auras devant
les yeux la beauté et la bonté, mais tu ne pourras QosLQUEs lND IENNEs PARECIS
pas les r épandre à ton gré sur tous l~s p.abitants
de la, terre, et ceux quí en setont dotés_se.r ont toll- ·
jours en três petit nombre !
'
,,,
- 81 -
Le voix de RAi'.Rou se tut, la nuit tomba et le vieux
SACAi'.Bou, le pere des hommes, s'assit sur une pierre,
perdu' dans une profonde rêverie 1 •
I

1
IV.. L 0RIGINE DES POISSONS

(C~'~de des Ind~ens ,BO.l;lORos.) ,


' . .
.A:u pommencement du monde, l'eau n'avait pas de
polssons. Un hoinme appelé B AIPÓRO , qui désirait
pêcher, était toujours triste en r egardant l'eau.
Un jour, il chercha des fl eurs dans les bois et les
j eta dans la riviere. Alors chaqu e bouquet de fl eurs
d'une variété différente se métamorphosa en poisson
1
d une espece différente.
Les Indiens se mitent alors à pêcher 2 •

V. ORIG1NE D' UN PERROQUE'f

(Conte des lndíens Boaonos.)

11 y a dans les bois un perro,q·uet dont le cri est ·:


~Ri\ ! l~I~~ ! KHA [ 11
. ' . , •
1
• ,,
1

II a été jadis un ' gros enfant trcs gourmand. Un


jq\lr, cet enfant trouva des fruits de l3ÁTO que·sa mere
venait de faire cuire. Ces fruits ont la propriété de
t. D'apresl\11. Robert Bouthcy etMill. Spix et ~fartius. La vremi ére
version de cette légende apparait dans l'muvr e três ancienne de
Simon de Vasconcellos. M. d'Or bigny a publié une autre version
recueillie dans la Bolivie; ~f. Barbosa Rodrig ues, une autre trou vée
dans l' Amazonie ; nou s a vons mis celle-ci de côté, car e lle est três
coro pliquée.
2. D'aprês le Pére Antoine Colbachini.

'

1
- 82 - - 83 - ,

r ester longtemps chauds à l'intérieur, t out en aya11t - Oui, m on ami.


l' écorce fr oide. - l\1ais ou t rouveras-tu du feu pour le faire cuire?
. L'enfant les avala goulum en t et les fruits lui bru- Lo singe lui montra alors le soleil qui descendait
ler ent la gorge. II se n1it alors à fair e : KRA ! KRA. ! KRA ! déjà vers le couch ant et lui dit :
et fut cho,ng~ ê~ perroquet ~. ,- Voilà du· feu , m on am i. Va vite le chcrch er

\ pour r ôtir n ot re poisson .
1 L.o jaguar .cour ut lon gtemps par le bois à la r e-
VI. ·t.. 0RfGI NE DU FEU '
cl1eryh e du soleil et puis r evint en disant :
(Conte des Indiens BoRÓRos.) - J e n'arríve pas à atteinclre ce feu .
Le sin ge lui r épondit :
Jadis le GoúKo 2 était toutà fait commo un 11omme : - Regarde clon e, m on ami, comme il flambe !
il n'a.vait pas de poils, r am ait dans les pirogues, Cours vite, va le cherch er !
mangeait du mais et dormait dans le h amac. Un Le jaguar courut encor e. Le singe, pen dant son
jour qu'il allait en pirogu e avec le I\:ouRoúGo 3 , celui-ci absence, frotta deux m orceaux de RJROU 1 l' un contr e
se m it à ron ger le m ais déposé au fond de la barque l'autre, en tira eles étincelles et fit du feu . Il fit cuire
et le bois de la barque au ssi. Le singe lu i dit : le poisson et le mangea.
- Mon ami, n e fais pas ça, car l'eau entrera Quand le jaguar revint fatigu é de sa lon gue co urse,
dan s la pirogue et tu seras mangé par les dorades. il n e trouva que les ar êtes du poisson. Comme il
Le KounoúGo n e l 'écouta pas et contin ua à r on ger était affamé il les dévora. 11 ch ercha partout le singe
le fond du bateau. Ils fir ent naufrage et le petit qu'N3tait cacl1é dans un arbr~ et ne le trouva pas.
1

·r ongeur fur· m an gé par les do,rades . Le singe rno;nta Mais lo singe distrait se mit ~ siffler. Le jagv,ar leva
SUf le çlos d'un de ces J?Oisson s, 11'.li saisit la.·hOttChe la tête, le vit et lui 'd it san~ colere :
pour le diriger et réussit ainsi · à aborder sur la - Descends, m on ami .
rive. _(>uis il m archa vers la forêt en cmpor tant la. Le singe n e r épondit pas .
dora.de prisonnier e. 11 r encont ra le jaguar. - p escends, r épéta-t-il.
- Mon ami"' dit celui-ci, as-tu pris ce poisson pour - Non , je n e descendrai pas, car si je descen ds tu
n otre r epas? me tueras.
- Non, je t e pron1ets de n e pas te tucr .
i . D'apres le Pére Antoine Colba.chini.
2. Singe.
. 3: Le PREA des TOUPIS, espêce de cobaye, CAVIA APEl\EA. i. Bois três dur.

'.
- 84 - - 85 -
,P our obliger le singe à descendre, le jagtiar fit

querent que Pépervi~r 1 égratignait l'écorce de cer-
souffler un grand vent qui secot1a l es arbres avec tain s arbrisseaux vénéneux avant . d'attaqucr les 1
. fu1·eur. Le singe se cramponna aux' hranc,hes, ma:is à oiseaux. Blessées par ses griffes empoisonnécs, ses
la longue, fatigu é d'un parei! effor t, il cria : proies roouraient tout de suite.
- Ami ·1aguar, J·e 'st1is à bot1t de foraes, ·ouvrel ta
1 f~ • Alot s ces vieillards essaycr ent de trempcr l a
houche bien ouverte pour que je puisse tomber poin,te de leurs fleches dans l e. sue de ces écorccs et
deflan s et que je ne :qi'6crase pas su.r le sol! ' ils f)rircnt l á venaison avec plus de facilité, car l es
Le jagl1ar ouvrit une grande gucule. Le singe s'y hêtes dcvenaient comme étourdi,es.
Puis ils penserent' que cc serait peut-être mieux
1
jeta avec une . telle force qu'il pénétra: .jusqu'au~ / '
/
en trailles de la bête féroce sans · qu' elle put le de faire bouillir ce sue et de l c fiJtrcr à travers
mâch er 1 • , ~ • l'éco·t ce du TouROUHI. · 1
' •

- Remonte à la bouche, criait le jaguar; 'm ais il .'/ Ce fut ainsi qu'ils trouver ent l e poison 2 •
I
étai.t tard, le singo lt1i ouvra.it qéjà la peati dl;l ventre ,. 1
, ' 1 '
li '
'

avec ses ongles et le t uait.


:VIII. L~·ORIGINE .QE . PLUSJEUllS oaosEs
.. Ce &inge qt1i avait . inventé le feu en frottant deUXi·.
morceaux de R1Rou , prit la peau du jaguar mort, s'en (Conte des In diens BoRóaos.)
I
fi~ ,une parure et, ainsi paré de la dépou~lle de son .., •\ \ f
'I
' '
ennem i, il roit en fuite l es autres jaguars. C'est Un Indien qui r entrait de la chasse au cours de
dep ui~ lors,
que les ÜNCES 2 ont peur des singes 3 • laquei le il •a"\Tait tué un boa 3 , s'avisa de siffler, en
apercevant sa maison, pour que sa femme vint à sa
1
.renc0ntre et l'aidât à porte~ l e gibier. Il coupa un
YII. L 0RlGlNE DlJ POiSON
grand morccau du serpcnt qu'elle ch argea sur son
{Conte des Inqiens dµ fleuve Pouaous.) épaule. ,Pendant qu' elle m.a rchait, l e sang qui suintait
' 1 '
de la chair du ' serpent .lui coula sur l a peau et lui
Autrefois, des vieillards qui allaient chass(}r remar- pén,étra dans le.corps.
.' 1
"
'
'
1. Ce rnême trait se retrouve dans les contes Tou111s du cycle du .' , t . Peut-être le SPJZAETus TYR ANNus, le GAVIAo PEGA·MACAco des
J A..BOTI (tortue terrestre). · Ilrésiljens.
2. Les Brésiliens appellent le jaguar Ü:\ ÇA, ÜNCE; même les 2. D'aprés M. Barbosa Rodrigues. 1 ,
Po uMAs sont généralement appelés .ÜNÇAS. 1
3. Le Go úRE ou ANACÓNDA des BoRÇl Ros, le Soucouni des TouP1s, la
~. D"apres le Pere .Antoinr. Colbac.hini. J Grno1A des Brésiliens EuNECTos MURINus.
, .'

' ' '


,

- 86 - - 87 -

Un jour qu'elle allait dans la forêt, ell e y trouva tabac, mangcnt l e ma'is et font des tissus ct des cordes
1 un BíE 1 chargé de fruits murs . avec le coton 1 •
- Qui m e cueillera ces fruits? dit-elle à voix
'
h autc. IX. LiGINDE riE BAlTOGÔGO
L' être créé par le pang du boa dans son corps lui (Conte des Inaiens Bo.Rónos. )
répondit : , . :, , :
- 'Mere, j'Íra.i cueillir ces fruits pour toi. 1 Jadis les l11dien s ne se perçaient ni les levr es ni
Au · même moment, un serpent sortit d' elle et les oreilles; ils ne s'affublaie11t pas d'ornem ents de
grimpa à l'arbre. La femme prit peur et voulut s'en- plumes et n e dansáient pas n on plus comme auj our-
fuir, mais le serpent descendit vite de l'arbre et ren- d'hui. C'est dan s ce temps-là que la liane IKOUREDnou
tra dans son corps. sortit tout à cu up du sol, que l e BoK\VADD 2 n aquit et
En r entrant chez. elle, elle raconta à ses frêres ce que l e ch ef BAi:ToGôGo créa l' eau .
qui lui é tait arrivé. lls lui conseiller ent de r etourner La femme de ce chef s'apprêtait un jour à aller au
dans la forêt et l'accompagn er ent. Arrivée sous l e bois cherch er des fruits, l orsque son cnfant lui
Bí E chargé de fruits, elle répéta : dit :
- Qui me cueillera ces fruits? - .l\fere, j e veux aller avec toi .
- Mere, j 'irai cueillir ces fruits pour toi, répondit - Non, tu n 'iras pas. ,
Je serpent qui sortit aussitôt de son corps . Mais l' enfant désobéit et la suivit quand m êm e
. Alors ses freres :t ueren\ .!'.a nimal ,· allumêrent u'n san s qu'elle s'en ap,e rçut. Dans la forêt il advint que·
·:feu et l'y j e·t erent. Ruis its~ .s'en r etourne:rent au vil- , ' sa m cr~ fut violée par 1un · Indien d'·u ne trib u étran-
i:
lage. Quelque terq.ps aprês, ils revinrent à . endro~t ger e. C'était un crime doublement grave, car en
ou l c boa avait été brulé et trouvcr ent plusieurs plus de !'adultere il y ·avait violation de 1'6sogam ie
des Bónonos. L'enfant qui avait tout vu raconta tout
choses sorties de ses cendres : l'arbrisseau qui pro-
duit le Roucou, l'arbre à résine K1DDOGounou, la à son pere. Celui-ci prit ses flech es e t alla aussitôt
feuille du MÉ que l'on fume . l e m ai:s et l e co ton. dans la forêt. 11 r encontra le criminel et lui lança
Depuis ce jour, les Bonónos peuvent se peindre l e bcaucoup de fl ech es en disant :
corps avec le Roucou et le l{IDDOGOUROU, fument te
1. D'aprês le Pêre Antoine Colbachini.
2. Le JATOB A des TouP1s_, un des arbres les plus beaux de la for êt
1. Le GENIPAPE1Ro des Brésiliens. brésilienne.


- 88 - - 89 -
! - Qu' elles te blessent , m ais ne te t uent pas ! - Nettoie donc ça, ordonna-t-il, et lave-moí hien
L'autre fut blegsé au bras, à la j ambe, à la cuisse l'épaule.
et au visage, et m ourut de ses bl essures. La femme la nettoya et la lava, mais toujour s lai
BA'iTOGÔGO étran gla sa femme pcndant ~on somm eil ; fiente r estait là .
puis il appel a. quatre TATOU~ , chacun d'u ne espcce ' ,_ Frotte avec force! .reprit-il .
différcnte, et le-ur fit ~retÍser la tombe de la malh ~u­ E lle obéit, mais ·a lors la fiente, ·au lic'u de dispa.-
rouse . J_,~ le:ndemain~ m atin , com~c son . 'fil.s lui
1 '
, . ~aitre, se +nit à gr.a n dir,elle grandit tellé,r nentqu'elle
' (

d.om~ndait 0i1 étaJit 1 1


sa
:nl'ere, 'il lui dit qu '·e lle était
'
devint u n arbre J ATO.BÁ. B A'iTOGôGo, to u-t l~onteux, dit
'
I

allée pui,ser de 'l' eau. , , ià sa fe mme : .


L 'enfant s'en fut à la rivier e et n e la tro uva pa's. - Je ne dois pas m e montrer avcc ce t arbre sur
- Pere, ou est ma m er e? dem anda-t-il à nouv.eau . l'épaul e. Il faut que je q11itte le vjllage. •
- Elle fait q11elque chose j e n e sais pas ou . 11 s'en alla et march a longtemps . Des qu'il se sen-
L'enfant la cher ch a encore et r evint en larm es : tit fatigué, il s'assit; puis il se leva, et à l a place ou il
1
- Je ne la tr ouve pas ! s'était assis un lac s étendit. Le senticr lu i-même,
- 1'a mere a du aller couper du bois ou cu eillir qu'il prit, se ch angea en rivier e. C'est ains i que l'eau
dcs fruits. fut créée.
L'en fant ne la t rouvait nulle part et, désespéré, P endant que l 'eau s'écoulait, l e JATOllÁ était
i l clit : d.ev.e nu si \ joli que B A'iToGôGo se • le ch oisit pour
- Per e, elle n 'est nulle part , elle doit êtr e m orte! dcm oure.
1 l
. ,,
Le petit avait tant . de chagrin qu 'il ne mangeait , Un j our il voulut tout~foi'.~ r evoir son vil~agc. 11 y
1
plus, maigrissa'it à vu e .' d' reil\ et pl9urn.it(o coti.t inuel- ' r~tq urp.a 'en :.effet, ,fif -we.n ir, ses , anciens compagnons
• 1 ' •'..

lement. ···""'' . ." '· et '(J.it à l' un dettx· 'n 0mm é AK.AJ:tI<)-BAaôoo
1 '
' 1 1 ' l

. Con:im e BA'iToGôGo avait deu:xi femmes, il lui cn r es- ,-.-:. 0 est toi qui dor énavant gouvernera~ la tribu,
1
1
·'

tait encor e une. Un 1 jour il se trouvait avcc elle à moi


car j e r entre cl1ez défi:r;i.itivement.
l'entrée de sa hutte, lorsque ·son enfant se chan gea -- Je t'accom pagneraí I dit AKÁRio - BAGÔGO .
tout d' un coup en oiseau , se mit à chanter et , s' en- - Non , tu n 'y viendras pas !
volant , il laissa tomber sa fientc sur l'épaule du - Ta n ouvelle demeure est belle?
ch ef. Cclui-ci demanda à sa femme : - Oui, tr es belle, m ais pour moi seul ~
- Qu'est-ce qui est t ombé sur m on épaule? Malgr é sa défen se, qu elques Indiens suivirent
- C'est de la fien te d'orseau , r épo11dit-elle. BA.iTOGôGo et r apporter ent au villa~e des orn em ents
'
1

- 90- - 91 -
1

magnifiques et comme on n 'en avait ja~ais :u. C~s d' ou sortira la CHATAiGNE 1 pour frotter les h ampes et
ornements se sont tran smis dans les fam1lles JUsqu à les faire devenir tres lisses . Voilà mes plumcs d'ou
aujourd' hui ou ils sont les signes distinctifs des sortiront les fils pour nouer la pointe des flech es à la
castes 1 . hampe. Voilà m es os d'ou sor tiront les pointes des
fleches. ·
X. L' ORIGINE DES FLECHES
Apres avoir dit ces choses , il disparut 2 •
,
(Conte des lndien s l\ilouRAs.)
XI. L' ORIGI NE DU FLEUVE DES Al'llAZO~ES

Le JAcouaourou 2 était tres m échant. Autrefois, lui (Conte des Indiens du fleuve SoLIMOENS. )
et sa sreu r étaient des géànts. Les ch efs et les sorciers
des Indiens MouaAs voulaient tuer le J Acouaourou, car 11 y a longtemps, la lune était fiancée a.u soleil, I

celui-ci m angeait leurs enfants. Les sorciers app el~­ mais si ce mariage avait lieu le monde finirait, car
r ent le Grand-Pere des tortu·es sur la plage. Le JAcou- l'arde.n t am.our du soleil le brulerait et les lari;n.es
Rourou mit une des·pattes sur la carapace de 'la yieille · · de .ta lµnc l'inondera.i ent. · Alors ils se résigneren"t à

tortu e et y r esta pris . Il voulut se dégager avec ne pas se ma.r1er.
l'autre patte et elle r esta prise aussi. Alors il appcla Ils se séparerent, mais la lune pleura jour et nuit.
sa sreur à son secours. Elle vint avec un bâton et Ses larmes coulêrent sur la t erre j u squ'à la. m er.
resta prisonniere. Le Grand-Pcre des tortues plongea Ainsi naquit la GRANDE RI VI ER E 3 •
dans le fleuve. Alors le JAcouao urou sentit qu'il allait
mourir et il dit : . L , Fruit oléagineux de la BERTHOLLETIA EXCELSA,

- Mes petits-fils, vengez-moi ! Voilà m es pattes ~.2, D'a'{lres M. Barbosa Rodrigu es . .


( .{

3, Idem.
d' ou sortiront les b9is avee lesqucls vous me vonge-
3
r ez, le bois rouge pour les ares, le bois PARACOÚBA ,
pour les h ampes des flech es. Voilà mes n erfs d'ou
sortiront les eordes pour les ares. Voilà m a gr aisse

1.. D'aprês le Pere Antoine Colbachini.


2. STRYX CLAMATOR.
3. Annonacée du genre RoLLINI.

'

'

\
. 1 '
I - 93 -
plumage bigarré, qui les entendit, les prit sur son
dos et les emrriena loin de tout danger. Quand elles
furent en lieu sur' l'oiseau apparut sous la forme

d'un beau jeune homme qui choisit la plus jcune et
la plus , belle des trois pucelles. Ils se m arieront et
CHAPITRE V
furent 11eureux 1 •
1' '

'CON·T·ES ,El\ LEGENDE'S


I
1

' "
'nivERS
'

l\'IAPINGO UARI

1 (Lége11de T OUPI).
1. - OGRES ET OGRESSES
I Tel est lo nom que les Indiens donnent à un guer-
LES CYCLOPES ZARIGUÊS
1
rier géant doué d'une force herculéenne. 11 apparait
. , revêtu d'une armure faite de carapaces de tortues :
(Conte des lndiens C.A~ARABÉ S.)
une sur sa tête en guise de casque, une lui protégeant . ,
Trois j e unes filles de la tribu CAMARARÉ cueillaient le corps comme une cuirasse, une autre lui servant
des fruits dans un bois quand elles furcnt surprises d'écu; d'autres plus petites lui r ecouvrant les bras,
par trois géants horribles. Ils étaie:ht n oirs, tres les cuisses et~ les jambes. 11 a un TACÁPE 2 , dont les
laids et répandaient une odeur affreuse. Le premier coups sont mortels ~t il fait la guerrc aux ho1nri1cs
· avait trqis yeu~, le .'deu~ie:me d~ux et le troisieme qui ont peur .3 .
n'.ei;tavai:tqu'uRseul ., ~ ..7.. 1
• ~. • , ,

Les j e unes filles> pri$e~r de frayeur, se ,r éfugierent ' CEIOU CÍ. '
1

sur un arbre. Le,s géants en saisirent le tronc à detix (Lége~de TouPI.)


mains et le secouerent si fqrt que les j eunes filles se
'
mirent à pousser des cris : Un jeune lndien était en train de pêcher au bord
- Au secours ! Au seoours ! Des géants trcs laids
et puants veulent nous prendre ! Au secours ! 1. D'aprês les versions recu eillies par ~1M. Rodrigues de Carvalho
et Gustavo Barroso. •
Par un heureux hasard, un bel oiseau survint , au.
2. TACAPE ou I vIRAPÊlf.E (mots TOUPIS), massue, casse-tête.
3. Légende recueillie par M. Gustavo Barroso .
f. ZARIGUÊ ou ZARIZÊ, mon stre, ogre, g éant. 4. Chcz les Toup1s, CErouci est censée représenter les Pléiades,
8

\
- 94- - 9õ -
de l a riviere lorsqu' il vit une ogresse qui pêchait à de gihier elle a pris. Aujourd'hui, au contrair e, elle
l 'aide d'un épervier . Elle aperçut ·tout de sui.te ne m ' en a pas soufflé m ot. C' est drôle ! II faut que
l' image du pêcheur qui se :refl étai~ da.ns l'eau et, j ' ouvre l'épervier.
s'imaginant qu' il était lui-m ême dans l 'eau, ell ~ jeta • 1 Ell~ l'ouvrit et -le jeune h omme lui demanda -de
son filet pour l e prendre. Sur le bord de l a riviere le Je s~uver ., Elle accepta et r ecouvrit de cire un gtos
garçon vit Iai s,he:qe, et. 9e moqt1a de l' erl'.~'µ r d1 e.,
1
mt>~ tier, de bois qt1' il. ~it dans le filet à. sa p.lace.
1
, '
~ )11 ;.;' l \ '
, ,Quan;d la· mere ren~ra d.e la forêt, eJ.le alluma le feu
l ogresse ~ ~ '·i1 'N :»". ,, · ' · ., ·., · , ·.. ,
j '

Ellê 1e4a ·al'brs.r. te~ ' yeu~ et 1'.invita, à s'ap.proch·yr':


0
' ! ,f· 1 • ~ 1

.et . m~t le paquet prê;.5 ·tles flamme s·. Le fil~t brula,' la


11

__:_ \'..ienS ÍCi~ : ffi Qft petit-f'i,l S. I,


1
cire fondit et le m ortier de bois ªPP8;~Ut. L'ogresse
- P as du tout, grand''.m ere, répqndi't-il. furieuse dit alors à sa/ fille :
- Eh bien, dit-elle, je vais t'envoyer dcs ~1ARIBON- ' - Si tu n e m e rends pas tout de suite mon gibier,
DOS 1 pour te faire descendr e : · j e t e tuerai !
Elle Ies envoya, mais il cassa une hranch e d'arbre La j eune fille eut peur. Elle dit au j eune h omme
et Ies tua tous . de couper les palmes de CuASSAHI 1 pour en faire des
- Viens, mon petit-fils, car j e vais t 'envoyer des paniers qu' ofi m étamorphosera.it ep. hêtes. Puis ils
. ToucAND ÍRAS 2 . s' enfuircnt.
II n e voulait pas venir, mais l es ToucANDÍRAS l'obli- La vieiile l es poursui:vit. Alors ils ch anger ent les
gcr ent à se m ettre dans l'eau , ou lÇL vieille l'enve- f 1... . ' paniers en tapirs, ~n cerfs et en autres bêtes. 1
loppa. soigneusement avec' son épervier et le porta . ~ i' : ;.: 1 L'ogresse l es preriait et, .Jes rn'angeait.
i

1chez ·elle. :En ''Y, · a~ri.vaioc~,' ~l~e ~e, ' l~iss~ ' dev~~~. l?-\ '.~~4~ "~H ,'. ;,~~ . r '. 1 '' 1 ' '' '.Le :j'eu~e n·o~ine; b~ât~t º.~ ·~f,..TAPÍ 2 ?an~ l.e' ~e~ve .

. porté ~t all,a, .olier:chf!r ;du'. boi,s, seo pour allu:mer ,~n, : , ·~!. ~~.tJtf~ J ·• 11 +i 1/ Le, .M~TA.PI se rempl1~ d~ p9rsson~. Qt;tand la v1e1.lle,
1 , •', 1., 1~. " 1 1 ! , 1· ' · , " a)· r .~ ''~J~ l ;w ~ ~ tJ ., , } . .. d . .'b· . , · ,
f-Ou. · 1 1 ·1 'I 1.'' . • 1 ·~_.:, ~ ~ • '. ('~ : ;:~ "' ')' ". pas ~enc.ore ras~aS'l'ée é g1 l'er, arr.1va et .entra dan,s
11
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Quan.d11 là · filie· de ,.
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vit. cetl· hbtntne 'aip.si '~.1 ;·~~~-\ • , t t', ~ l'eau p;our manger les ,poissons, le j eune homme
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se
f 1 . ! '

emmailloté dans l e ~let, eil'e dit : ) i.· ~ • ~,l· , prit un bâton pointu e-t la biessa.
- Tous, l es jours; ·n1a m ere me dit quelle espece l Les deux fugitifs durent s'enfuir à nouveau et la
1
j et1ne fili e dit au j eune homme :
roais q uelquefois elle se présentc. comme un e ,ogresse toujours - Lorsqu e tu écouteras lln oiseau chanter : KAN-
a1Iaro ée.
1. Sorte de guêpes dont la piqure est três doulour eusc. 1. Sorte de palmier.
2. Fourmi appelée aussi SARAcou TiN GA. dont la morsure est si 2. Nasse que l'on construít dans les riviêres pour prendre des
t errible qu'elle produit souvent la fievre, CnYPTOCERUS ATRA.Tus. poissons.
- 96- - 97 -
KAN ! KAN-KAN ! KAN-KAN ! prends garde, c'est maman Le j eune homme traversa dcs ch amps et r encontra
qui s'approche. le Tou1ouou 1 qui pêchait au bord du fleuve et met-
11 mar cha longtemps, tres vite. Puis il entendit le tait le poisson qu'il avait pris dans un panier. II le
'\ chant de l 'oiseau et il se sauva parmi des sin·ges qui pria de bien vouloir le porter de l'autre côté. Le
fabriquaient du miel. Tou1ouou, ayant terminé sa besogne, le transporta
- Cac.hez-moi, sing.es ! súpplia-t-il. dans son panier ....sur l'autre rive et. le déposa sur la
/
Les singes le. miren.t ·d ans un pot vid~. L'ogresse branQh c d'un gros arbre. De là le J8U'.ne hom;me re-
ne le trouva pas et s'en alia, poursuivie par la mo- garda de tous les côtés et il aperçut enfin une maison.
querie de~ singes: , . 11 descendit de lJarbre et s'y dirigea . Comme il arri...
Le jeune homme marcha longtem ps encore. Puis vait pres de la plantation qui entourait la .maison, il
il entendit encore le chant de l'oiseau et il dut se entendit t1n bruit de voix. C'était une femme qui •
' .
réfugier ch ez' le SouRoucoucou 1 qt1i l e cacha . La injuriait l'agouti 2 , lui reprochant de lui avoir volé
vieille n e le trouva pas encore et s'en alia. Le soir, du manioc.
le jeune homme entendit le SouRoucoucou dire à sa Cette femme accueillit lejeune homme avec gr and
femme qu'ils devaient tuer l' hôte e t le boucaner. en- plaisir, lui demanda d'ou il venait et le pria de ra-
suite pour le manger. Comme les SouRoucoucous conter les dangers qu'il avait couru s. 11 lui conta
préparaient déjà le grand feu du boucan, on entendit toute son histoire depuis le moment ou la vieille
le chant du MAKO UAN 2 • Le jeune 11omme s' écria: ogresse J'avait pris dans le fleuve. En ce t emps-là, il
- MAKOU.:\N , n1on grand-pere chéri,j e veu x te dire était encore tout je11ne; et depuis sa tête avait
un mot ! .. blanchi 3 •
- Dis, 1non petit-fils, r,épondit 1'9iseau. ' La fe.m me le reconnut comme son enfant disparu
- 11 y a ici deux SouRoucoucous qui veulent me
1
depl1is tant d'anrrées et le jeuile homme put enfin se
dévorer . reposer dans son foyer retrouvé 4 •
- Combien ont-ils de trous pour entrer et sortir
de leur r epaire ?
1. Marabout.
- Seulement un ! 2. CAvEA Acurr, la CouTíA. des Brésiliens.
Le l\llAKOUAN les mangea. 3. Les cheveux qui blanchissent rapidement à cause des souf-
frances se retrouvent en plusieurs contes européens, taot populairos
que littéraires. 11 me semble que cette légende symbolise los luttes
i . Gros serpent, boa, TRrGo.NocEPRALus LA!'\CEOLATUS. et les travaux de la víe.
2. Grand oiseau quí mange les serpents : espêce de serpentaíre. 4. D'aprês ~L Couto de :Uagalhaens.

,
'
'

,
- 98 - '

LES AMAZONES
§ II. - LÉGENDES HÉRüi'QUES
(Con te des Indiens Tol!Pls.)

' LE B~TO N DE
l •
CERIVA 1 ~'
1

pµ. jo'Q.r' sur les lisieres des forêts qui bordent la


(~égendê des ln,diens GouA1COlJHOUS 2.) ,,, j J , /t I .· " rlyiê,r.e ~d,é 11ofr~Jn~e plus t'a.rd PAR!'7ToUNA, une multi- , ~
il '
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j .~
. . '
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.·~·~ 1, ;l. ,1.,
·t,, 1
' " t'u.d~ Cl.e femrnes,.1condrtà:te pá;r 'µn seulhororoe, appa-
1

"'""'"'.,,( ~t"' ' ' '


•'' ' ' > . 1
Uh j'~ui: un, sauvage GouA'iCOUR0U prit la liberte de, Ili
,' r"Q.rent
lf
rn'. on·
.
bée$
'
sur•
deJ: OuBÁs,1 primitives. Leur chef
'
s'adrcss·er à Dieu. 11111i demanda pourquoi le~ a~três' s'appelait PAHI-1'ou~A z.
tribus in diennes comptaient tant d'hommes, ta:.r;idis Blles se fixerent dans la région ét pendant de
<;IUe la sienne, au contraire, en avait un nombre si longues années tous l es enfants mâlcs qui naíssaient ·
restreint. · de leur· union avec le vieillard étaient impitoyable-
Dieu daigna lui donner une réponse et il dit : men t roassacrés . P AHI-TouNA étai t déj à fort âgé quand
- C'est que les GouAi:couRous sont les hommcs les une de ces fem mes donna le jour à un enfant si laid
plus braves de la terre et que, s'ils étaient três nom- et si chétif qu'elle en eut pitié et ;ne le tua pas. E lle
breux, tbutes les autres tribus , seraient détr11ites7 ou le cach a d~ns t1ne grotte , dans les profondeurs mys-
réduites en .esclavage . t érieuses de la forêt p,our lui sat1ver la vie.
- Mais, r eprit l'lndien, yous avez donné au;x: Elle essaya le S'fl'G d~ tout~s les plantes pour le for-
1 ' ' '
'
autres l'arc et "les flech~p , alors' rque nous n'avons
'
, tifier , mais eD; ·vain. A,lors elle le mit da,ns un
qu'un simpie· bât qn de Úl!lRÍVA.. 1 , 1 :~~~r'b1t~~~:
de
· cyljb.dre fait Ü'e tig~s' pa.lmi.er, fermé à :un hout ef ,
h~!lt'•'''íi'~1'i 1 l 'y; e:qt'urp.a. ,.L' enfa~t ,~~vii;i~ , }u~s péau '.et tres fqrt . , ,
1

! 'f oe.sirhpl
' 1 - Vous êtes GleJ· à s1 terrihle's avAc " ' ~· bâton ' ·~. · ,,,,,.,.,
j

"répondit Dieu , qu'il ~er,ait imprudep.-t d~ 'vou$ don- \ ~~ivs.c1 '·~lle l'appe,la PA,H I·To p~A-Rʪ .
n er d'autres armes. Que ,ne 'feriez-:\.rous pas avec 'des La mer e térissit à cacher 'ains·i son enfant pendant
ares et. des fleches 3 ? . des années, mais les autres femmes eurent des
1. Gr ands canots.
1. Ce bâ.ton' d'un bois três dur, le CERÍ vA., est la. seul e ar me des !. Du TouP1-P Alu, pàr e, et TouNA, ou OuNA, noir; ou encore dans
Jndiens GouAí'counous. un d.ialecte amazonien de la la ngue TO UP I : PABI, pêre, et TouNA,
2. Ce sont des Indien s ca. valiers qui habitent les r égions entre le d 2s eaux.
Brésil et le Paraguay . . 3. Du TouP1-P A.H l, pére, TooNA., noir, et RÉ, tu le dis, pour r en
3. n·aprês "til. de Santa Anna Néry. forcer le preu1ier sens des mots, comme si c'était le Vrai Pêr e Noir.
- 100 - - 10'1 -
soupçons, se mirent en ~mbuscade et surprirent le Le vieux dévenait ch aquc jour plus furieux contre
secr et. L'enfant était 1evenu un jeune homme ac- son jeune rival et il exigea les ch evei1x de toutes les
compli. Pri~es de désit ét d'amour, les femmes lui femmes. Elles coupêr ent lcurs nattes pour lui obéir.
offrirent leurs charmes, il les repoussa et demanda Le vieux PAHI-TouNA. en fit un autre filct et réussit
à sa m ere : encor e une fois à s'emparer du jeune homm e. 11 lc
- Mere, cachez-moi,

car les 1femmes m e poursui- tU1l, coupa son sexe et le suspendit à la voute de la
vent. , . . . grotte qµe les femmes habitaient .
ce
Dept1is ~ our il ne connut plus le repos. ·S a ~ere Les femmes à cet aspect s' enfuirent consternées.
le cachait, mais les femm es parvenaier1t toujours à PAHI-TouNA Ies poursuivit. Elles arriverent au bord
découvrir sa cach ette. 11 n'y avait gr otte, taillis, trou d' une caverne et y pén étrerent toutes. II voulut y
dans la forêt qui put lui servir ~e refuge. J\lors la .~ntrer aussi, prêt à les suivre j usqu'aux cntrailles de
more p_e:qsa à le cacher au fond de l'call. Certains 1 la terre, m ais une qu~ntité ·d'anim.aux venimeux lui
jours elle venait au bord de la riviêr e -voir son fils. II barrerent le chomin . 11 r eyint alors chez lui triste ct
sortait de l 'eau et venait se blottir dans ses bras. >
découragé.
Cependant les fem1ne s continuaient à le cherch er. Un matin qu'il venait de cueillir du manioc dans
Elles étaient vr aiment éprises de lui. Un jour elles sa plantation, il eut la surprise de trouver son four-
, I 1 ' ' \

l'appelellent áu b'o rd·. du fleuve en -·.imitant la."ioíx' de · neau encore c·h aud et -<ies gal~ttes toutes prêtes . II
1

sa m ere. Il sortit de l'eau et elles le prirent. fouilla les environs et ne trouva personne . Le len-
Ces nouvelles am ours firent délaisser le vieux P AHI- dem ain il fit semblant de se r endre à sa plantation
TouNA q~i se douta de quelque chose . Un jour il sur- et se cacha.
prit ce qui se passait et , oubli~nt sa paternité, jura
1
. Au bout de quelques instants, il vit arriver un
de se venger. Il ttessa ·u n· filet ·a vec des fibres ·de Ai:ouRou 1 dont lcs paroles humaines étaient sa seule
CoURAOUA 1 , l'étondit sur l' eau et fit prisonnier le consolation depuis qu'il vivait dans sa solitt1de.
jeune homme, mais celui-ci réussit à rompre le filet L'oiseau s'approcha du fourneau, laissa tomber ses
et à s'éch apper. plumes et se chan gea en CouGNAN 2 •
P4~1-TouNA tressa un s econd, filet pius. fort que l:e Elle activa le feu pour cuire ses galettes. PAHI-
premier ·e t captura encor e PAH1-TouNA-RÉ. Celui-ci le rf ouNA sortit alors de sa cachette, prit la jeune ~ll e
rompit et se sauva .
1. A'io uRou, petit perroquet.
i. Co\JRAOUA, espêce' de hromélia., 2. Mot TOUPI : j e une fille.
\

- 102 -
par la t aille et en même temps j ~t& aux ilam1nes
poitrine blan ch e; puis elle rencontrera l' Ali\fEARÊU 1 ,
toutes ses plumes.
dont le poil porte des raies transversal es noir es ; puis_,
- Merci, m ón ami, dit-elle, maintenant je peux
' e,lle trouvera l'OKWA =t, dont la queue es t si m obile
vivre 'avoc toi .
qu' clle n e s'arr ête j~mai.s ; puis lc RíE3 aux quatre
Depuis l ors ils vécurent .t res vieqx et 'furcnt tou- P,ieds noirs; puis, l' ;A-1Ponount~. i. au poil t aoheté· de
jou:rs houreuxi. , ' 1 • •. 'ri. · n.bir i puis encor é, 1''Aiç9 5 ,a~ poil f~uve,, ct alors seu-, ,
. , ' )~ N l:f, t . ·~l , J1
'
,
' < 'j ' 1 .,,, 1.; ,'
1 " ( ' ' lei.n~n,t elle àrri v~·~ ª ·eh é~ !1p.oi. . . · ,
~ t ., Lr!JS D E'lJX HffHOS ': "u'J.'ndicn 'r enouvela son sertµ~n't et' relitra au vil~
l .~Conte ae~ Indiens BollóEtos.) · l ago . 11 ap pela sa fille, lui racori.t a tout et lui dit
1 '

d' aller rejoindre l e jaguar, lui expllquant cn détail


' .
toutes l es hôtes qu'elle rencontreta1t sur sa r ot1t e.
Un Indicn cherchait dans la forêt l'ar bre KôonA-í 2,
dont la r ésine m elangée a u r oucou sert à faire de la La j cune íJlle par tit. Elle rencontra d'ahord une
peinture, lorsqu'il fut attaqué par l'AooúGo .s . II se bê tc, laquelle lui dema nda :
défendi t c't dut lutter longt emps. Il scntit à la fin ses - Ou vas-t11 ?
forces l 'abandonner et il supplia la hêtc : -- Chcz l'AnoúGo .
- Jagu a;r, s'écria-t-il, l aisse-moi ! - L'AnoúGo c' est moi. Vois mes pieds, mcs rnains
et rnon d os tachetés de noir. ,
Le j agu ar lu,i répond.i t tout de suite : l ,

Cdmme il faisait :rioir~· la j eunc fill e se laissa faci-


r 1 ·~ J e t e lai~~~rai partir,. si tu m e donn.es ta fi,lle e1~ ·! .: ·r~".1tt'~t~~i'\\i;t 1em ént tromper. La bêt e · l 'emmen a ch ez elle et ~la
' , . niar,1agc. . . , · ;, ·1, • , 1 , •: , . , 1·1r1·)l.i:t1''t?~,,f,}:itr 1'.:r;.;::
j,eµne fill~ y pHssa'. la'. nui,t. ' l..ie len~.emain qiatin, la
L' lndiep. ·i ara 'de la ~u~ :don,ner~ L' ÃJ!óUGO dit alprs 1; ,1 C, b ê te ··.;. '
a'.Lt t: · '1 • • • ' "~ , •
1
~ ~ '~ t1 • ' ll 1: ,f ' ' ,

"':·wiJJ.í;;11:~·~:.1w)J,
1 1 1 ( 1'

L Dfs'/ài'· ta filie .q\·i/elle ine t:rouveta tre·s 1oi;rr, 1 -


1 ' '

Attends..rnoi ici, j e vais chasser.pour nous · deux .


·
1

dans la dír~ctjón. ou' riq11s ~.ommes maintenant. Pou:r


1 1 ' ' ( l ! j ' 1

:me re1oindre
J t
elle dóit ·passer devant· la demeur e de1 1 1. Lo chat sauvage, FELIS coLocoLo.
l 'IPOCERÊU4 , qui est tout noir avec l e museau gris et Ja 2. Le (petit loup) des Brésiliens, CANIS THous.
Lon1Nao
3. Cbien sauvage, CaxoRRO oo l\fA.To des Brésiliens, CANIS JUBATus.
4. Le JAGUATIRícA de.s TouPrs, chat sauvago, F.ELIS PARDALIS.
i. D'aprés M. Barbosa Rodrigues.
5. Le PouMA, le lion américain. FEL1 s c0Nco 1,on. Les T ooP1s
2. La GAMELLEIRA des Brésiliens, F1cus DO LIARIA. rappellent SoussóUARA.NA, de SoussóoA, le cerf, et la désinenc~ ANA,
3. L ' ONÇA des Brésiliens, le J AG UAR des T oup1s. 6gale à la term inaison grecque O'ioE, - qui se ressomble, - c'est-à-
4. L ' l RARA des T ouP1s, GA.LlCTis BARBARA. diro animal qui rap pelle le cerf, car sa fourru re a la même couleur
que cclle du poil de cerf.
... - 104 - - 10t> -
La jeune fille, l'ayant hien dévisagé , vit qu'il de- enferma dan s une grotte dont il boucha soign euse-
vait être l'IRÃRA. Aussi, des que la hête fut sortie, ment l'ouverture.
elle se sauva 'et poursuivit son chemin. Quelqu,es jours plus tard, il alla voir ses enfants et
Au soir elle r encontra une autre bête qui lui af- les trouva se portant bien et grandis . BAKOURÔRo
firm a au ssi être ·le jaguar. avait la poau r ayée ,h or izontalem ent de n oir et r ose,
- :Vois mon poil, dit !'animal, c'est bien la four- les m ains et les pieds noirs jusqu'à mi-jambe et m i-
rure de l' once. hras ; il avait deux. trianglcs n oirs , un sur la poi-
11 pr ofita aussi de la pén ombre pour conduir e la trine, l'aut re sur le dos; le m enton et les lêvres
j eune filie chez lui. n oirs, et une r aie n oire en demi-cercle sur le front .
Au matin , elle r econnut qu'elle ava.it dormi chez IrounóRI avait sur le corps l es m êmes dessins de la
le ch at sauvage et partit. m êmc couleur avec cette différen ce que les raies
La. m êm e chose arriva avec les autres bêtes que le étaiont sépar ées par des lisér és blancs, ce qui les
jaguar,avait n ommées. Enfin elle l'aperçut et Je r e- faisait paraitr e plus étroitcs 1 •
connut , grâce à la lumier e duj our, comme celui que Le jaguar r cnferma les jumeau:t à nouveau dan s
son pêre lui avait décrit. Ils se m ar ier ent . Lorsque la grotte. ,
le jaguar dut par tir pour la chasse, il dit à sa II r ev1nt ' encor e voir ses enfants au bout de f
fom me : 1 '
l quclque t emps, leur apportant du gibier qu'ils man.-
- Tu vas r ester ici avec ma tan te MAROUGôooou 1, gerent en c~mmun . Apres le repas, les deux jumeaux
m ais garde-toi bien de rire, car cela te ferait courir dem anderent :
• 1
u n grand danger . - Pêr e, ou es t hotre mere?
, Dcs qu'il s'a,b senta, la vieille commença à raconter , 11 r épondit :
des histoires' drôles à la j eune femm e. Celle-ci r é- - Votr e m êre est h1ol'te, m es enfants, en riant
sista d'abord avec effqrt, mais à un IDOil}OOt donné, d' une histoire dr ôle r acont ée par votr e tan te. C'est
n 'en pouvant plus, elle éclata do rire. E1le r essentit don~ votre tanto la cause de sa mort:
aussitôt une douleur h orrible et tomba raide morte. Alors les deux j u m eaux pr om irent qu'ils ven ge-
De r etour ch ez lui, le jagu ar trouva le cadavr e de raient leur m ere. Ils allumer ent un grand feu dan s
son épo-q~e . II l ui ou vr it l e ventr e et en s?rtit deux
j umeaux déjà con çu s : BAKOURÔRO et IrouBóRI. 11 les . 1. . Ce.s eouleurs se sont tran srnises ju squ'à n os jours. Aux fêtes
des BoRóROS, il y a deu x. p ersonnaf:?es qu i jouent l e r ôle des deu x:
fréres et repr ésentent les deu x clans dont chacu n est supposé a voir
i. L' ogresse. été fondé par' ,l'un des jurncaux.

,
+

- 106 - -107 -
lcquel ils jetêrent la coupable. De r etour à la grotte, - 1 C'est l'ARoRCÉBA1 qui dévora votre mere. Si
ils entendirent un bruit d'explosion . C'étaient les vous réussissez à tuer cet oiseau féroce, vous serez
os de la vieille q11i éclataient dans le fcu. BAKOURÔRo maitres du monde et régnerez sur un grand peuple.
djt : BAKOURÔRo s'adressa à lToUBÓRI :
- Pere, je sui~ curiou~ de voir cc que c'est. . --- ~1on frere, dit-il, demande à notre pero de faire
---- Non? :n:io,n fils, n~y vá ,pas ! .., deu:xc AKtGOBOAI\ÊU ~, une 'poti·r toi et i~autre pour
,f • ! ' \\ • ~ f •

~lai~ telle 'était . sa ~urio$ité . q~ 'il désobéit et qu'il 11: 1


m o1. ·
' l j +
',. ' ·~ j ' ' 1

voulU,t voir , A p ei~e:. . avaJt-ili' ;mis la tête h ors de Ia' ,,


1 • ' ' ' \

1
,' ITounóm
' . d.emariQ,a l es qeux tresses à son pere. {
1
caYerne, 'qu7íl entendit ' une nouvcllc· expiosjori.. Il Pnis BAROURÔRO lui d~t cncore :
reç.ut sur le visage des éclats d'os qui l 'avcuglcrent. --- ~lon frêre, prie aussi notre pêre de nous faire
Son pere lui cria : deux ÀRÁGo 3 et deux BA'RAGÁRA 4..
\
- Vite, mon enfant, jette-toi à l'eau ! ITOUBÓRr demanda toutes ces choses. Quand il les
II s'y jeta et cn ressortit le visage magnifique et eut, BAKOURôRo lui ceignit la tête du turban et lui
les yeux bleus. piqua le corps avec le poinçon, en disant :
1TOUBÓRI envia tout de suite la belie oouleur des - Crie des que tu ressentiras de la douleur. Aus-
yeux de son frcre et dit : sitôt le frêre éprouva une douleur et se mit à crier.
- Pere, j'ai envie ·d'ailer aussi r egarder . Alors les deux jumeaux prierent leur pere ·de faire
- Nqn', mon enfant, n 'y va pas ! un autre po'inçon plus long et pius fin qui ne fit pas
JrouBóRI sortit la ' tête .h 9rs de la caverne et . souffrir. ,Le jaguar le ,p1~épara et dit à ses. enfants i
~lll'.','li"
1 ' ·I

même cl1ose,. lui arrf-Va:. . ~ 1 · --:- 'Celui.,..ci ne 'causera ·p l tlS de ·doulcur et j e vajs . 1
, .•

' aYe0 ·cett~ p. oiRhe'~o~s.,tr~tler ;la 'Jevrc inférieure l!\0J1r .' ~11 .t· ,, )
• '\ , ~ 1 1r

:_ ·Vité: mbn. ep~ã;nt~'·j ~tte-to\à l~eau !


1
.. ll r! J > f 1 ' /: f.~Jfl},'~•Jl\1\»,11.•,·1
I

1-rounóRi ob~it et en sortit le visage splendide'r~t , 'q ~e vous puissiez . vous, reconnaitre toú,j,our,s, couirµe · ;(:.
les ycux az~rés comm~ son·,frêrc. des' frcres.
Quand le corps de la, vieiile fut tout à fait consumé, II fit comme il ayait dit, leur perça les levres et .
1

les deux freres sortirent de la grotte et mcncrent


joyeuse vie . lls remarquerent cependant que les t. Le GAv r AoN-RE AL (éper vier royal) des Brésiliens, l'Oui'R.A.ssoú
des le grand faucon tropical, TB RASAETUS HAl\PYA.
1'oUPIS,
hommes ne mangeaient que des .bêtes et résolurent ~- Tresse pour envelopper la tête comme un turban.
de leur faire rnanger autre chose. Alors le jaguar leur 3. Epée de bois, la MA CANA des anciens Mexicains.
dit : ' 4. Poinçon en roseau avec la pointe en os.
\
-108 - •
-109 -
c'est de là qu'est née cette coutume dcs BoRóRog ou hu1naine, mais tu pourras manger le singe, le
ÜRARIJ\IOUGE. CoATÍ 1, le feurmilier, le cerf, le l\1ouroúM 2 , la CAPI-
Un jour que les deux frêros partaient pour la 3
VÁRA ' la 4 ACOUTÍNGA 4 et le JÁo 5 •
chasse avec leur pere, ils rencontrerent l'oiseau qui Et il en fut ainsi désormais.
a vait dévoré le corps de leur more. BAKOURôRo dit ,L es deux freres tuer ent aussi le BAccE-l{oGoú1ou
alors : qui mangeait des ho~me s. Ils poserent entre les '
- Pere, ·nous allo11s tµer l' AROECÉBA ! a~bres Ull file~ tressé · avec des lianes, la grande
le vi'eux jagu'a r répond~t : cigogne y empêtra ses ailcs et ils la tucrcnt à co ups
- Non , mon enfa:ht, car il vous tuerait. 11 prend'· d!épéc de bois. Depuis lots la cigogne se nourrit de
les gens par la tête, les enleve du sol dans .ses griffes végétaux.
et va les manger sur l'arbre ou il a son nid. Les perruches mangeaíent aussi la chair humaine.
Les deux j eunes gens n'écouterent pas ses conseils BAKoURÔRO fit faire à son pêre dcs Tou-Oooo-BARE 6 ,
et se mirent à rôder sous l'arbre du terrible oiseau. et les deux freres tuerent un grand 11ombre de ces
Une grande quantité d'ossemcnts jonchaient le sol t . oiseaux avec leurs fleches, sans cndommager leur
BAKounôno s'adressa à son frcrc : plumagc, dont ils se parerent.
- Jc vais me cacher et toi scul tu te feras voir . Ils tuõrent encore le poisson PÃwE qui rnangeait
Dês que. l 'AnoECÉBA t'aura pris par los cl1eveux, tous les hommes qui entraient dans l'cau 7 • Ils l 'obli-
cramponne-toi au tronc de l'arbre de toutes tes geren.t à ne· manger désor1nais que des poissons.
forces, en criant pour m'avertir. :Enfin ils tueren,t le serpent CEMIRÉ~A qui dévorait les
1
IroUBÓRI fit ce qu'avait dit son frere. Comme il hommes.
avait été c9nvent1, ,'.des . qu'~l se mit à crier BAKOUR~R? '. · Cette derniere victoire J~ur iRS_(>ira l'idée de faire . ,
accourut rapide ·GOmme une fleche, il assé.n a un c<Jup ·, un chant 8 • ·

de son épée de b9is sur la tête de l'oiseau· et l'abattit.


~ Comme íl gisait râl~nt, le j eune homme' lt1i tint ce i. N ASUA SOCIALIS.
2. Le hocco, CRAx.
petit discours. 3. liYDROCIJERUS CAP YBARA.
- Dorénavant tu ne te nourriras plus de · chair 4. Sorte de gallinacée.
5. Idem.
i. Cot oiseau terrible rappelle sur cortains points Je Simurgh
oriental, le Rockb des Arabes, le Phong des Chinois. Tous les_ 6. Sans doute la sarbacane. •
autres oisea.ux mangeurs d'hommes qui se suivent dans cette
--
7. Ces héros ont n ettoyé la terre des monstres féroces con1me
légende ont quelque chose des harpyes et des oiseaux stympha- Horus, Hercule et Thésée.
liquos.
8. Malheureusement personne n'a pris soin de le r ecueillir et nul
9

'

·'

·-
l
f
• -110 - -111 -

Son enfant r esté au village pensait souvent à elle


et pleurait, Elle ente~dait ses pleurs ct en éprouvait
§ III. - LES MÉTAMORPHOSES un grand chagrin. Un jour elle quitta la forêt et
revint au village pour savoir pourquoi son fils pleu-
LA VIEILLE FE!IME TRANSFORMÉE EN TATOU , . rait. Il fut si heureux
, '
de la revoir qu'elle l 'emporta
avec elle dans son trou ou il se transforma aussi en
(Conte des. Indiens CA:X.I~AOUÁ.S . ), i
1
' 1

1 TA:rou •
I .
'
Une vieille femme vola dans une planta tion des
épis qe ma'is encore v.e:r:ti;, car elle n 'avait plus. de ,LA VEUVE tRA'NS,FORlUÉE EN TAMÂND()UÁ
dents pour manger du mai:s mur·. Les gens de la tr1bu (Conte des Ind,iens CAXINAOU.Ás.)
la prirent sur le fait et lui demanderent pourquoi
elle avait volé du ma'is. La vieille dit que le manque 11 y avait dans une tribu une veuve tres pauvre et
de dents ne lui permettait plus de mâcher les grains chargée de famille. Elle laissa croitre ses cheveux .
I
du mai:s mür. On n'admit pas cette excusc et la - Quand ils furent tres longs, elle alla dans la forêt et
vieille fut séverement traitée. résolut de se changer en TAàIANDO UÁ. Elle enleva sa
Elle en eut beaucoup de chagrin et dut quitter l e ceinture, écarta ses jambes et s'introduisit un morceau
village. Elle décida de se retirer dans les bois. Son de h1ois qu~~que part pour se fairo une queue. Bien-
fils lui .demanda ce qu'elle y comptait faire. Elle tôt dos poils lui pousserent sur cotte queue et aprcs
'
~ui répondit: l • ,
, 1 lui' couvri'r ent tout l~ ·~orps. Ello rencóntra alors un
1
·- , On ,ne me laisse pas ~Çtnger du ma'is ;v~rt, l~ 1
" Vfai '""f.~\)1AJ.'iDOlh\. qui la prit pour femm.e, }l 'fif Venir
~ '1
' , .ma~s sec'·est treis .4.ur et,«~omrqe :j e n>~i plus de 'dep.t~,.. , ·
1 t l
. . \1

' dap.s la forêt tous .les .e nfants ele la veuve et ·l eur fit
je préf~re 4eveni:r: .1'ATou i .
• 1

J subir la rriême opératió:Q , qui :avait $Í bjen: réussi à


En arrivant dans. la :forêt, elle cret1sa un troµ, y leur oiere: et touS devinrenit des rfAMANDOUÁS 2 •
entra et 'a.ttendit. Quelque temps ap:r os il lui poussa'
A présent ils sont gros et gras, et tres heurcux :
une queue, puis des pattes et enfin la carapace. 'cttr ils ont en grande abondance •des fourmis et
d'autres insectes dont ils se nourrissent 3 .
roaintenant ne connait cette chanson de geste. Cetto légende a été
publiée avec profusion tle détails par le savant Pére Antoine Col- .
1. D'a.pres i\1. Capistrano de Abreu.
bachini.
o\ . Le TAToo appartient à la famille des édentés, DAsYPus, sp.
i. Tamanoir, le fourmilier.
var. 3. D'apres ~1. Capistrano de Abreu.


- 112 - -113
- C'est vous qui avez tué rnon beau-frere?
L'INDIEN TRA:NSFORMÉ EN TAPÍR - Pas du tout, nous avons trouvé son cadavre
(Conte des Indiens CAXINAOUÁs.) déjà en décomposition !
Sur ces entrefaites le JABOTI arriva ct le jaguar lui
11 y avait jadis un Indien CAXINAOUÁ tres ·go':lrmand. demanda : · ,
1 '

Quand ses parents et amis, parta11t pour la chasse, - C' est toi qqi as tué .mon frere ~
laissaient des plats sur le feu , il rnangeait 't0u'.t. En ~e JAnor1 ne ré,pb.nd.it pas; alors le jaguar se blottit
rentrant c.hez ·eu'.x, lés cQ.asse-.urs trouvaient les pots" · detriêre un arbre ~t attendit .. Se croyant seul, le
vides. A la longue on se fâcha co'n tre ce CAXINAOUÁ et JABOTI se mit à chanter gaiement : t

il fut si mal tra.ité qu'il quitta le village'. - C)est rnoi qui -ai -tué le TAl>IR pour lui rnanger
11 se rendit dans la forêt et pétrit dans ses mai.ns 'les tripes ! ,
de la glaise blanche à laquelle il donna la forme Le 'j aguar lui sauta dessus et le tua d' un coup de
d'une ÁNTA 1 r;nâle . Puis il s'y incarna, en lui don- griffe 1 •
nant sa vie . Alors il se fit aussi magicien et il char-
mait les bêtes, les arbres, même les fruits et les LE CUL-DE-JATTE TRANSFORM E

EN JABOTI•
légumes. Tous Ies animaux se considérerent comme
de sa famille : l e jaguar même était son beau-frere, (Conte des Indiens CA.x1NAOU.Ás.)
le cerf et le CAi:TETOU 2 aussi. Seul le JABOTI 3 fit
exception. 11 ne l'aimait pas et, jaloux de so~ pou- Un homme privé de jambes et qui ne pouvait pas
0

voir, il résolut sa perte. , · . travailler vivait de charité, mais on lui r'eprochait


tÓujo·~rs so~ inutil~té. II .en éprouva · up ptofo:µd . ..
1

·P our ce~a il se. change,a en femme tres ~o li e 1~t / 1

donna à l 'ANTA mãle un ':i;endez-vous. Au moment de , chagr1n et ;résolrft de se changer cn jAnoT1. II se


1

faire l'amour, il lui' coup,a son sexe ct lc tua . ·glissa hors de son hamac, s'étendit sur le sol et se
• Attirés par la mauvaise odeur du cadavre, les traina vets la forêt. 11 ailait mourir de faim au milieu
ÜUROUBOus vinrent le manger. Le jaguar voyant cela du chemin quand une personne charitable, l'ayant
1

l et1r demanda : rencontré, eut pitié de sa détresse . Elle le chargea


sur son dos, l'emmena chez elle et lui donna à man-
L L'ANTA des Brésiliens, TAPiR, TAPino, ou rcouRi des Toupxs, TAPI- ger. Alors le cul-de-jatte pria la maitresse de la
Rus AMERICANUS.
2. Sanglier brésilien, DrcoTYLES.
1. D'aprês M. Capistrano de Abreu . Ce conte pourrait aussi faire
Tortue t errestre TEsTuno TERRESTRIS ou TESTUDO TABULATA. partie du cycle du JABOTI, ci-a.prês, au chapit re vr.
t
-114 - ' - 115 -
maison de lui peindre le dos avec la teinture de Alors il lui poussa des ailes et une queue. II
1
GENIPAPO , en y dessinant la carapace du JABOTI. chanta encore une fois : KoUKA-DôxAou ! et se chan-
Puis il se mit à chanter : ' gea en l'oiseau qui porte ce nom,
- J e veux devenir JABOTI ! J e veux devenir JABOTI ! Pendant toute la nuit, sa grand'more pleura son
"fout de suite il se mit .à trembler, sa tête étaJ.t abscnce. Le matin elie aJla le chereher dans le bois.
r~j etée d'nne épauly à l'autre,' ses jambes diiiJ,i- Elle- y r encontrà I~ ;ta:manoir et l~i çlemanda s'il
.nuaie:n,t, son ventre et son dos , s'arrondissaient, et •· 'n'avaít pas vu so.~ . pet\t-fil~. Le tamanoii luj. montra
enfin il devinf'JAB0111. . ·•'
t \ .
, '' ~
' f l
1 11oiseau qui chanta~t : KouKA-DôxA'.ou ! e~ lui <;}.i t :
11 s'acco11tuma tres vite à ma.nger .des champi- - V oilà ton p.etit-fils !
gnons et plus jamais il ne souffrit de la faim 2 : ' '
La pauvre vieille' alia raconter cette transforma- ·
tion à son fils, le pere de l'enfant. Celui-ci voulut
1/ENFANT TRANSFORMÉ ll:N KOUKA-DÔXAOU 3 pleurer, mais elle lui dit : 1

- Non, ne pleurez pas 1 !


(Conte des Indiens CAxr~AOUÁS . )

L ENF.\.NT TRANSF~RMÉ EN CAl\fBAXÍRRA :!


1
Un homme qui était allé à la pêche avcc son fils,
comme celui-ci ne lui obéissait pas et ne prenait (Conte des Indiens CAXlNAOUÁ.s .)
pas les poissons, qu il lui montrait, se r;uit cn colere
et le gronda. L'enfant en fut tres affecté et ne vou- Un .tout petit enfant jouait seul dcvant la maiso11 .
lut. plus rentrer a.vec lui à la maiso11. , 1 Sa ,mere l'appeia pour venir mangar.
11' restait .sile11cie:r(~· i u boi·p.· du · tieuve . Son,.pe:çe ·
1
' . '
i ' • _,11 Non~. je n~ ve'ux pas, dit-il .
l'àppel9-it : i· il · ne répondait ·pas. 11' rentra; · dans la l 1 1' ' 1

: 'Comme elle insistait, il lui répondit :


forct et s'y égara. -II entenda:it les appels de s'on'pêre·,
- Mere, je n'ai pas faim.
voulait par ler' et ne pot1vait plus· qt1e chanter :
- l{oUKA-DôxAou'!. l(oUKA-DôXAOU ! La mere crut qu'il ne voulait pas manger pour
continuer à s'amuser et, pour lui faire peur, elle
dit :
i. Fruit du GENIPA.PErRo, le genipayer, d ont pat·le l\1etraux dans
La civilisation an.atétielle des tribus tu1·bi-9uara'f\i .
2. D'aprês ~L Capistrano de Abreu. i. D'aprês M. Capistrano de Abreu.
3. I?etit gallinacé que les Brésiliens appellent PERt;1Nao no CAll PO, 2. Petit oiseau qui vit prês des maisons et fait son nid sur les
c'es~à-dire petit dindon des ch~nip s . toits. ' •
1

I
- t16 - I
~,
t1 /
- ~fon enfant, si tu ne veux que j ouer et ne viens
pas manger, la CAMBAX Í RRA te prendra !
L'enfant eu t peur et commença à jouer avec son
chien, mais celui-ci aperçut une CAMBAXÍRRA pres de
la maison et se mit à aboyer. Puis il s' endormit.
CHAPITR;E VI
Alors la C AMBAX!RRA s'approcha de l 'enfant, le prit
sur son . dos et 1'em porta. Le chi en se révetlla et , .
CONTES ET LEGEN:DES SUR LES ANIMAUX
.
• .
aboya ;' la merr e aocourut et vit la C AMBAXÍ RRA qui (

1
emportait son enfant qui criait éperdument. L'oi-
seau dit à l ' enfant : § 1. - LE CYCLE DU JAB Ç>Tl i
- N'aie pas peur ! Ne pleure pas 1 Je te change·
rai en C Al\tBAXÍR RA et t' emmenerai au ciel 1 !
LE JABOTl ET LE TAPIR '

1. D'aprês tif. Capistrano de A breu.


Ne croyez pas que le JABOTI soit bon . 11 est m é-
chant. Un jour qu'il était sur le TAPEREBÁ 2 et qu'il
ch erchait des fruits à manger, le t apir arriva et lui
dit :
- Va-t'en .
- Non, j e ne rn'en irai pas, répondit-il, car cet
arbre fruitier m'app~rtient
.'
. '
- y a-t'en, ou t;inon je t 'écraserai !
- Ecrase, si tu en as le courage 1
· Le tapir posa sa lourde patte sur la carapace du
i . Ce cycle rappelle, par la ruse et l'intelligonce de !'animal dont
il prend son origin e, le cycle du Corbeau dans la Colombie ang laise,
• celui du liévre MrcHA.Bôzo par mi les Peaux-Rouges et celui O.' ANANzr
ou de l' Araignée dans l' Afrique centrale. Tou s les cont es de ce
cycle sont d'origin e TouP1, mais les Indiens CAXI NAOU'Á.s possêdent
a ussi une version de celui ou le J ABOTr t ue le tapir en lui mordant

son sexe.
2. SPONDIAS LUT.EA.

- •
..
I

, - 119 _:_
-118 -
JABOTI qui en fut tout meurtri; puis il s'cn alla. Le Le JABOTI dit alors :
JABOTI murmura : - Je saurai bien trouver t on maitre et il me
- Tu me le paieras, maudit animal ! Dês que la paiera ce qu'il m'a fait. Le jour ou tu verras son
saison des pluies arrivera, j 'irai t e trouver et je me corps, sois slir que je ·ne serai pas loin.
v,engerai ! 1 '
Le ruisseau effrayé p'écria :
La saison d'e~ pluies~.arriva et il chercha à. re)lcon- it ~. 1-Iélas.! µi~n m'a~tre do~t, /n e le réveillez pa's ! . '
,trer Je tàJ?i~ , II ne,.tro:uva que les traces 'd e son, pas- . ., . ,. . Je su1s.tres content, .aJQuta le J,Ano·rr, au revo1r!
sage su.t le sd~ . mou, il les suivit et les interrogea : j - 'Hélas, JABOTI ! c;ria ie ·ru:issean , ;n~ t?exp1ose pas

~ ' • 1'
- Depuis ·quand vptre maitre•vous a-t-il laissées à: 'être écrasé ! · ·
' ici? 1 '
.....__ Non, n'aie pas peur, on ne me piétinera pas
- 11 y a déjà hien longtemp?, répondirent les corome un simple caillou du chemin ct nous allons
traces. voir qui du tapir ou de moi est le plus brave.
1
Le JABOTI poursuivit sa recherche et au bout d'une 11 s' en fut et trouva le tapir endormi à quelques
h eure il trouva d'autres traces sur le sol. pas du bord du r11isseau . 11 lui dit:
- Votre mai tre est-il encorc três loin ? dem anda- - Enfin, j e t e trouve ! Tu vas pouvoir juger de
t-il. mon courage.
- Dans deux jours vous Ie trouverez, répondirent Le JA.BOTI se jeta sur le tapir couché et lui mordit
lcs traces . · · son sexe. Le. pauvre tapir cria· et heugla, puis co11rut
1

- Je suis bien f?-tigué de le chercher !, s'écria le par la for êt, fou de doule11r, mais l'autre ne lâchait
1

~fABOTI. Peut-être . e~t-~I parti pour tó,uj'ours? prise. 11 1u,i s·erra~t tou.jours plus fort le sexe. Apres
, ---- P.ourquoi . le· :Çher0'11~z,.,v0us ?1 demande;cent'' les · rt ~ deu'xjol:u;s <l'·u n ma;r~yrf'· effroyable, lo tapir. m~urut ..
'1 j ' ' l .' ' ' ' 1
'traces. · \ '
''\
·~ · A'. lors 1e JABOTI<dit : ' '
1

- 'Oh! pour rien 'de. bien important , mais J"aime- - l\faintenant que tu es mort, je vais chercher
rais bién causer un peu avec lui. mes par ents pour te manger 1 • '·

- 'Alors, allez jusqu'au ruisseau. Il est là.


- Ou se trouve t on maitre? deman da le JABOTI au i. D'aprês M. Couto de Magalhaens, leque! trouve dans ce conte

ru1sseau. cette leçon morale : le droit prime la force. C'était mieux: de dire :
la. ruse au lieu du droit.
- Je ne sais pas. M. fla.rtt donne une autre version de ce conte : le tapir met sa
- Pourquoi mens-tu comme cela? patte sur le J t..soTI et l'enfonce dans le sol si profondément que
ce n'est qu'au bout de deux ans qu'il r éussit à sortir apres une
- Parce que j e sais ce que mon n1aitre t'a fait. forte pluie. 11 suit le tapir et demande de ses nouvelles non à ses

' I
- 120 - - . 121 -
... •

- Ou vas-tu? demanda celui-ci .


LE JAB OTI ET LE J AGUAR - Je vais ch ercher m es parents pour m angcr du
gibicr : le tapir que j'ai tué.
Le JABOTI commença à crier : - Ah! tu l'as donc tué? Appelle alors toute ta
- Venez ici,. m es par en ts ! Venez ici mes amis ! famille. Je serai hct1reux de {aire sa connaissance .
'
Le jaguar l'entendit et lui demanda :
' . · - .~ on, je ne l'.a ppellerai · pas, répoi;i,dit le J ABOTI,
- .~o.urquoi l~ries-tu de la sorte,.? e
. oar j dois attendre que la ~Hair du tapir soit u.n peu
- . ~'appell ~·,~~s .~arents e~ m.es ainis pour manger· , corrompue. J'ai grand. beso~n d'un, de ses os pour me
le g1b1er que J a1 pr1s,,le tap1r que j 'ai tué. ' · · faire
. une flute. . 1

Le jaguar lui proposa : - Puisque tu as t ué l~ tapir, lui pr9posa le cerf,


- Veux-tu que j e découpe le tapir en morceaux? je veux voir qui de n ous deux est le plus brave .
- Oui, je veux bie'n, sépare donc une moitié pour .Parion s que je cours plus vite que tói.
toi et l'autre pour moi . - J e tiens le pari ! dit le JABorr. Attends-moi ici
- Alors, va cherqher du bois pour allumer le feu. pendant que je regarde la piste que nous allons
.
Pendant que le JABoTr alla ch er cher du bois sec le ' parcour1r.
jaguar prit le gibier et s'enfuit. ' - Tu cou~ras de ce côté-là, expliqua le cerf; m oi,
En revenant, le JABOTI vit qu'il avait été joué par le j e courrai de ce côté-ci, et toutes les fois que je
jaguar ct il dit : 1 cricrai tu i;ne r épondras.
- Nous nous r etrouverons ;un jour et tu me paieras Le J A:BOTI alla du côté indiqué, y appela toute sa
cela! 1 · · • ' famille et plaç.a des freres et des cousins tout le
'
long du parcours. , à d~s. in,tervall~s égà11x, jusqu'au
' i\ '
· LE' JABOTI ET UE CERF hõut de la course. ·~ . ' ' . . ' '

Jl r etourna vers le cerf et 1ui dit ":


Comme il allait cherch er ses parents, le JABOTI - Me voilà prê~. Qui doit partir lo premi er ·?
r en contra le cerf. - Toi, répondit le cerf iron ique.
Le JABOTI le trompa et, au lieu de courir, il se cacha.
traces, mais à ses excréments . ~L Hartt voit dans ce tapir l e soleil
et dans le J AB OTI la lune, que le soleil naissant éteint quand ell Le cerf était déjà sur de la victoire. 11 connaissait
est pleine, mais qui le poursuit dês qu'elle est nouvelle.. e bien la lent eur de la tortue et avait coniian ce dans
i. D'apres M. Cout~ de :hfagalh ~en s,. lequel croit que la morale la vitesse de ses propres jambes . 11 commença de
de ce ~onte est la su1vante : celu1 qu1 accepte le partage du fort
\
~st tOUJOurs lésé. courir. Un peu plus loin , il cria :


J
- i22 - - 123 - •

- JABOTI, ou es-tu? - Singe, dit-il à un d'eux, j ette-moi un fruit, car


Le parent du JABOTI quj se trouvait à proximité j'ai faim.
r épondit : - Es-tu brave ou non ? lui demanda l e singe .
- Me voilà! - Oui, je suis brave .
Le cerf continu~ sa course. Toutcs l es fois qu'il ' - Alors pourquoi ne montes-tu pas ici ?
criuit : « Ou es-tu.? ?) un des JABOTIS 11:1i rép,o~dait -+ Parce que je suis fatigu~. '
aussitôt : ·« Me :yo1 ' 'I~. : ~>. . ' ,, ', , \1 I'
~L e méchant si;o.ge 'l~i proposa ~ ·, , t
1
1 IJ • . l ' t '
J.. e .cerf fi.t de tels effqrts 'pour vainote l e .JAnp111 • - , e vaas te prendre et t e porter ici. Ainsi ' tu.
.1 '

qu'il eh roourut d'épuisemen.t. Alors, sortant de l'eau , pourras m anger d~s fru,its. Veux-tu ?
de la r iviêre ou i.l s' était caché, l e JABOTI dit à ses - Volontiers.
parents : Le singe descendit, l e prit et le per cha sur une
J

- 11 est mort et, moi, je n a suis pas m êm e fatigu é ! bran che. Puis il s'en alia. Le JABOTI dcmeura deux
'
J'ai des gouttes d'eau de la rivier e sur m on dos, j ours sur l'arbre san s en pouvoir descendre 1 .
m ais pas une goutte de sueur . .. Je vais lui prendre
l ' os d' une jambe.
- Pourquoi faire? dem anderent los autres. LE IABOTí ET TOUJOURS LE JAGUAR
- Pour m e faire une flute, r épondit-il , et il
• Au bot1t , de ces deux jours, le jaguar passa sous
l'arbre) aper çut le JABOTI 1 e.t lui demanda :
"j i) ' ' ~ '
- Que fais..tu là-haut ?
, LÉ JABO'I'l ET. LE $ SINGES ~; 1

. - Je suis Yenu·,níahg~r de$ fruits.


1 1 , , .
, ~ iJ ' i/ {1 1 N .'J'. 1".:,.·;
1 i , i '

'
' " '' . f. J
Le jaguar éta.it affa"níé et lui :ordpnna:
11 ... 1 1 ' •

Le Jl\.~01'1 ;marcha dans la forêt' dur~n·t de\ii j. our~, :(


au bout desquels' il•' renco:n.t ra des singes qui rh'a'h..., .:.,...,. Desce:uds ! 1
1 ' ' - Attends, dit-il, je ' ne veux pas m 'écraser c.ontre
geaient des fruits sur un arbre. , ~
fle sol. Ouvre ta bouchê, je m'y précipiterai et tom-
1. D'apres M. Couto de Maga.lhaens. Cet écriva'in croi~ que la berai ainsi san s. me meurtrir.
roorale du conte est la suivante .: mieux vaut ruse que force. Le jaguar ouvrit la bouche et le JABOTI y sauta,
Les roétis actuels du BrésiL raeontent une version de ce conte ou
le pari est fait par le renard contre le crapaud, celui-oi jouant le . mais comme il était tres lourd, sa carapace ttes dure
rôle du J A.BOTI. II ne faut pas oublier l'analogie entre ces contes et
la fable de La Fontaine, Le liev1·e et, la to1·tue, qui nous est par-
venue de l'Orient à. travers les Grecs. 1.. D'aprês ~1. Couto de Magalhaens .


-124 - -12õ -
,
1
et la branch e tres haute, il tua n et le jaguar • - Eloigne-toi un peu et tu entendras mieux le son
I
11 attendit à côté du jagt1ar mort que le corps fut de mon instrument.
corrompu; puis, il prit l'os d'u·n e de ses pattes pour · Le jaguar s'éloig11a et le JAB OTI s'approcha de sa
s'en faire une flute 2 • taniere. Là il chanta de nouveau : « Ma flutc ost faite
1
11 rentra cl1ez lui et tous les jours il jouait sur sa d'un os de · jaguar! » Le jaguar flt un bond pour
nu.te et chantait : «Ma flute est faite d'un os de l'attraper, mais il disparut dans son trou. Avec ses
jaguar! 3 » griffes, le jag\1ar crensa le sol et arriva à saisir une
jambe du JABOTI qui' rit comme un fou. 'et s'écria :
1
LE JABO'fl ET UN AUTRE JAGUAR -. Comme tu 'es bête, jaguar! Tu crois avoir pris
ma Jambe et tu n'as pris qu'une vieille racine !
Un autre jaguar entendit le JABOTI et lui d~t: Le jaguar lâcha la jarnbe, furioux, jurant qu'il
- Tu joues tres bién. ~ se vengerait. Le JABOTI riait encore plus fort et
- Je joue, répondit le JABOTI, et je chante : « Ma criait :
flute est faite d'un os de cerf ! » - C'était bien n1a jambe que tu tenais, grosse
- Je crois que d'ici peu tu ne chanteras pas comme bête !
ça, dit le jaguar. Le jaguar attendit, mais en vain, le jour de sa
revanche qui ne vint jamais 1 •
1.. Cet épisode rappelle celui d u singe et d u jaguar dans la légende
Bonóno de l'origine du fe u, page 82. Pourtant les T ouPrs sont d e
race diflérent e d es BortóRos et parlent une autre langue. LE J,ABOTI ET LA .lUUCOURA
'
2. D'aptês ~L Couto de Magalhaens, qui dit que de ce conte U ,
faut en tirer cette. rnorale : i'intelligence et l'au d:a,ce peQ.vent ve:qir La NI.ucouRA entendit . le· JABOTI jouer ~e la "flute.
à 'bout d,cs situations les plus difficiles. '
11 y a une version de ce conte ou le J ABOTI est' s ur le faite d'up. .Elle pn fut émerveillée et la denianda pour s' en ser-
lNAJA (Cocos INAJAi') et le jag uar lui demande d,es f1·uits, il lui dit de
bien ouvrir La bouehe et fermer les yeu.x, ct se laisse choir au lieu 1. l:>'aprês M. Cou to de Magalhae.ns, qui voit do.ns ce conte Ia
du frujt, en tuant l'autre. Cette version a ét é r ecUcillie par M. de pensée suivante : si tu veu x insulter ton enncmi, assure-toi d'abord
Santa Anna Nér y. Dans d'autres contes indicns, u n enfant tue si tu le peux faire. ,
l'ogresse d'unJ:) maniêre semblable. 11 y a un e autre version de ce conte recucillie par M. de Santa
3. Lei! lndiens du Brésil avaient l'habitude presque rituelle de Anna Nér y ou le J.-1.BoTr prend sa flute d'un os du jaguar mort.
p rendre l'os de la jambe de ieurs ennemis pour s'en faire <ies mais tantót il chante qu'elle est faite d 'u n os de cerf, tantót qu'elle
flutcs qu'on a ppelait li1EMiNs. De là l'orgueil du J ADOTI d'avoir u n . vient d'un os de jaguar, de maniêre à. tromper celui des deus: qui
MEMiN du jaguar et son iasistance à vouloir prendr e cette fiute a.u est, au mom ent de la chanson, plus rapproché de lui. Ainsi il fait
tapir et au cerf. perdre patience au jaguar qui veut l'attraper. Il se cache dans son
D'a prês M. Couto de hiagalhaens. trou et l'épisode de la jambe prise comroe racine se répête.
• 10

'. .
• -126 - - 127 -

vir quelques jours . Elle l'a.ssurait qu' ellc la lui


rendrait. LE JABOTI ET TOUJOURS LA ~1UCOURA

_ Non, dit-il, car tu es bien capable de t'enfuir


en l'emportant. . , . . . Le JABOTI jouait sur sa flute et dansait dan s sa
- 1\lors joue un peu pour mo1, e est s1 JOl1 ! tan,i er e, quand la MucouRA l'appcla :
1
L e JABOTI joua et êlle le félicita si ·v ivemcr.t qu'il - JABüTI, véux-tu faire un pari ?
11• '
lui confia sa flute u:n: instan,t ;' aussitôt elle se, sauva · :__ Je veu~ bi'en,rr eprit-il.
à tout~s jambes. Nê pouvant pas la ;rattraper, il ju,ra
1 ' (

1 ll s'agissait· de savoir laquelle des det1x bêtes serait


de se venger. capable de s uppÔrter la faim pendant deux ans de
11 traver sa la riviêre et, arrivé de l'autrc côté, il suite. Le JABOTI , aceoutumé à hiberner par nature,
prit du . miel sauvage dans la forêt et s' en oignit son accepta d'être le premier à tenter l'épreuve. 11 entra
derriêre. Puis il alla à un endroit tres fréquenté par dans un trou dont Ia MucouRA boucha l'ouverture.
la l\iucouRA, s'accroupit, la tête cachée dans le sable - Au revoil', JABOTif dit-elle .
e t attendit. Un an plus tard, elle y revient et l'appclle :
La MucouRA passa et dit en voyant cela, pleine
- Oh, JABOTI !
d' envie car elle est tres frian'd e de micl :
- Q~'est-ce que c'est que ça? Ce n'est pas de l'eau. - Oh, MucounA, les fruits du TAPEREBÁ sont-ils
Elle trempa le bout d'un doigt dans _le mi el , le suça , déjà murs 9 demanda-t-il.
et s' éoria gaiment :'
- · e' est ',;iuu mie
1
• } l
1
. . '.. '. m~is ce conte Tour1 a deu!K parties, don·t ~a 'premiêre déyeloppe le
Alófs,, g ou,rm,ande, :~lie vou~l.rt ·l é~he1~ lc :µi~el. ave·c then;ie q u'on ~e doit pa~ fai.re ce qu'on n oüs deman'de aveo des
:tlatteti~s, car º? s expose à. être trom pé, et .la deu~iéroe roontre
sa lan gu e, mais le JiBOTI serra les fesses et la langue quj3 l'intelli.gence p,eut rep,rendre ce qu'oin a étourdirnent pe:r:du.
' M. Sylvio Ro1nér.o il recuciUi un e '\lersion de ce conte ou le rôle
de la MucoURA resta:prise. · i:le la l\{uco'URA est joué pa1· le, JACARÉ/ le qa1roan, .r\LLI()ATOR GYN0-
- Lâche-moi ! cria"'"t-elle. 1 ÇE('}IALUS, PALPEOROSUS ou SCLEROPS.
M. Couto de Magalhaens~ qui était un indianiste éwinent, traduit
- Non, je ne te lâcherai que lorsquc tu m 'auras Mo'CounA ou Moucou11.A eu portugaís par RAt>OsA, c'est à-dire renard.
rendu m a flute. C'est une faute que ~1. de Santa Anna. Néry a aussi commise. Il
n'es:iste aucun animal du genre VuLPES au Brésil. Il n'y a que le
Elle se défendit_de l'avoir volée, mais fut bien g enre CANIS. Les métis actuels appellent renard tRAPOSA) le CANIS
ohligée de la rendre 1 • n nASILIE~ s1s et le C..1.:-\Js VRLLrTus. lls appellent loup (Lono) le CANIS
JU.BA.T Us. La 1i1ocounA est !'animal connu dans certaines régions du
1 1 D'apres M. Couto de Magalhaens. Cet auteur montre l'ana.logie
0
pays par l~ nom de CAGAMBA, d u TouPI : CAA, foret, et GAMBA, le
d e cette fable avec la fable grecque du Renard et du Corbeau ; petit marsupial. La MucouRA est la sarigue, D10 ELP111s AZARJE.
'

-128 -
Pas encore. Les TAP.EREBA.s n'ont maintenant Biblioteca Digital Curt Nimuendajú - Coleção Nicolai
quedes fleurs. Au revoir, JABOTI. www.etnolinguistica.org
1
Au bout des deux ans, elle ouvrit 1 issue et ' le I

JABOTI en sortant lui demanda:


- Les fruits du TAPEREBÁ sont-ils déjà murs?
- Oui, lui répondit-elle.
- Maintenant, dit lc JABOTI, tu dois rester quatre
ans sous terre pour montrer que tu es plus résistante
que rooi. Entre!
La MucounA entra' dans le trou et il boucha 1'011-
verture.
Au bout de la pr.en1iere année, lorsque le JABOTl
l'appela, la 1\fucouRA lui demanda : '
- Les a.nanas sont-ils déjà murs?
- Pas e11core. Ils commencent seuler;nent à jaunir.
Deux ans s' 6cot1ler ent, le JABOTI rovint pres du
trou et · appela la l\ilu couRA. 11 y avait beaucoup de
mouches qui bourdonní1ient autour de la· taniere1
Voyant que personne n e lui répondait, il :déboucha
f issue. La MucouRA éta.it morte.
\
- Pourquoi m'as-tu défié, si tu ne pouvais pas • .

I' I

soutenir l'épreuve? murmura-t-il 1 • ,,


;

UN ClJ EF INDIEN ET QU1i1LQURS GUERf\IERS


i. D'apres !\f. Couto de MagaJhaens, qui y a vu cette Ié'çon : que
lorsque quelqu'un peut faire une cboso il n'est pas stu' que les
autres puissent la faire aussi.
M. de Santa Anna Néry a r ecueilli une version de ce conte ou le
temps que les deux bêt es passent sous terrc est de sept ans. Pen-
dant cette période, l a Mucou11A refusc au JABOTI les fruits du TAPE-
REBA. qu'il demande, et le J ABOTI refusc à la MucouRA les poules
qu'elle demande; mais tout se termine de la inême façon et le fond
d'e l'histoire est le mêmo.
'

l'
\ {
- '12fl -


LE JAB OTI ET LE FRUIT l\J.YSTERIEUX

Il y avait a utrefois dans la for êt un fruit qu e tous


les a;nimaux avaient ~nvie d~ man ger ; m ais cela leur
était défendu, saris .e·n connaitre' d'ab0rd le nom . Une
femme ' 11abitait 1 pres d~ 'l'arbre et tous las animau:t
1 ,

allaie'n t 111 1oir pour lui dem andor le n om ·du frt1it


en que~tion. Malheureusem ent quan'd"ils arrivaient
sou s l >arbre, ils n e s'en souven aient plus.
Seul le JABOTI n' y était pas en cor e allé. Un jour il
se décida à t enter l'épr etrve. Presque tous les ani-
m au x se m oquaient de lui, n e pouvant pas croir e qu>il
füt plus fin que les au tr es.
Le J ABOTI prit sa flute et passa chez la fem1n e. Elle
lui dit le n om du fruit qui était :
- Bo'io'i,o, Bo1o1o, QUi zÁ:n A, Qu1zou, no'.ioi:o, :so'io'io ,
QUIZÁMA, QUIZO U.
· Cette femme. av·ajt l'hap~tude, qua11d l'aniroal qui
était veuu la trot.iv.~ r s'en <}llai't et 1Se trouvait d.éjà'
un peu éloign é, d'e lui crier qu,e ce n~~tait p~s encór'e . )
1
co 'n om-là, et . elle lui c;riait d'autr es n oms. tres com'.:.
pliqu és. La pau·vr e hête se trou~lait, confon dait tous
ces n oms et finalement l es oubliait.
Le J ABOTI était sur ses gardes . Aussitôt que la
femme lui eut dit le nom du fruit~ il prit sa flüt e et
se m it à chanter ce n oni tout l e long du chemin
j usqu'à l'a.rhre. Ain si il se montra. plus rusé que les
w~es. t


~ ·

- '130 - - 131 -
1

Le jaguar qui l ,attendait sous l'arbre lui dit, son propr e derriere qui lui répondait. 11 cria de
l orsqu'il y arriva : nouveau, le JABOTI lui répondit de l a m êm e façon
- Ami J ABOTI, comme tu ne sais pas grimper aux et il dit alors :
arbres, dis-moi le nom du fruit et j e monte_rai en - Tais-toi, ·mon trou !
cueillir une grande quantité que nous partagerons Sur ces entrefaites,' l e singe vint à passer. Le
en fre.r es . jaguar lt1i racanta l'impertJnence de son derriere, et
Le JABOTI con$entit. Le 'jaguar grin1pa à l'arbre, le pria de le corriger. Le sip.ge s'ftcquitta avec tant
'
remplit un sa~ de fr.u its et s.e sauva sans en ·donner de con science de sa tâche et frappa si fort le jaguar
'
au JABOTI, Celui-ci furieux se n1it à sa poursuite. 11 qu 1il en mourut.
\

trouva le jaguar au bord d'un grand fleuvo qu~i l ne Le J ABOTI en fut tres content 1 • i

savait pas comment trave~ser.


- Coxnme je st1is m eilleur nageur que toi, com- LE JABOTI ET LA SOURCE
pere jagt1ar, lui dit-il , donno-moi ton sac de fruits.
J e traverserai le fleuve avec cette charge sur le dos et Le JABOTI se fâcha un jour contre l>h omme et le
tu le traverseras ensuite sans le moindre bagage. T.E1ou 2 , à cau se de la fille du j aguar qu'ils aimaient
Le jaguar se laissa convaincre et donna son sac t ous les trois. 11 se r endit à une source ou t ous les
au JABOTI qui se sauva aussit ôt qu' il out touché terre animaux se désaltéraient et la remplit de grenouilles,
de l 'autre côté du fleuve. . en l eur r ecommandant, des qu'un animal voudrait
~e j aguar voulant prendre sa revanche conçut le · boire, de chanter une chanson ou il . était .question
plan do .tuer le JABOTI. Ce dernier s'en douta, il se de l eur casser les jambes et de l eur crever let5 yeux.
mit aux aguets dans. u11e crevasse entre l es racines Puis íl s'en fut . .
d'un arbre so11s leq11el son ennemi avait l 'habitude
de se reposer Quand le jaguar y arriva, il appela lê' i. D'aprés l\L Sylvio Roméro .
Dans tous ces contes du cycle du JABOTI, la meilleure part appar-
JAB OTI: tient toujours à la r use.
- Compêre JABOTI ! Compêre JABOTI ! Cette iversion, recueillie par !\L Sylvio Roméro, a été sans doute
un peu modifiée par les blancs et les métis, car elle ne parle ~lus
Celui-ci , malin, répondait de sa cach ette, presque de la .OU.te comme les contes antérieurs, mais d'une mandohne.
sou s l es pattes du j aguar -: J'ai préféré substitu er la flute à la mandoline que l es Indiens ne
- .º '
1.
Le jaguar r egarda de t ous l es côt és, fut effrayé de
connaissaient pas.
TE1ou, TE1ou ou Tuou, lézard en langue To-cPJ. Il Y en a plu-
sieurs espêces au Brésil : le TuouBou, la TuouJnNA. le TuouGouAssou
n 'apercevoir personne, car il s'imagina que c'était ou TIJOOAssou, le grand lézard, P. ToaurxrN.

~J
1
1

\
' I~
- 132 - -133 -
Le singe arriva le premier à la source. Il entendit jusqu'à la demeure de leur belle . Le J ABOTI s'excusa,
la chanson, s'cffraya, prit ºles jambes à son cou et disant qu'il était malade et n e pouvait marcher à
s'en alla raconter l'histoire à tout le monde . Lcs pied ce jour-là. Le TE1ou insista pour l'emmener.
autres anim aux qui vinrent à la source entendirent - Alo1·s, proposa le ~ABOTI , comrne je 11c peux
los menaces et s'enfuirent aussi . De TE1ou et' le . pas marcher' porte-moi sur ton dos.
~ C'est bien, r épondit le lézard, mais à la condi-
• ' ' ! •

Jaguar ,m ê,m e n eurent plt1s le eourage de bo1re, apres


.,a voir ·eritend·u 1a cha;nson. Finalement, l'l1omm~ ,se tion ql.Je tu desc~ndras avap.t d'arriv·er ,chez le jaguar .'
'~
0

présenta, mais lui attss1 s'enfuit épouva,n:té. 1 ' - ,C'est entenüu,", reprit' le JABO'rr mais laisse-
; •

Rest ait le· JABo·r1:, On l 'appela et il s'avança tout


1 mói mettre ma selle st1r ton dos, car sans ' cela nous
' \ '

set1l vcrs la sou:rc·e, en brayant les mystériouses aurons mauvaise allure:


menaces . .En s'approcha11t, il or'd onna à voix basse - Non, j e ne suis pas un cheval, dit le TErou
at1x grenouilles' de se taire, et devant toutes les en colore.
autres bêtes émerveillées il remplit son vase d'eau - C'ost vrai, mais ce n'est pas parce que tu es un
et s' en reto urna victorieux. cheval que je veux mettre ma selle sur ton dos,
Grâ.ce à ce triomphe, il ~pousa la filie du jaguar 1 . e' est pour te parer.
Le TE1ou, tenant beaucoup à emmen er le JABOTI
pour lui administrer une bonne correction devant la
LE JABOTI ET LE TEIOU
filie du jaguar, finit par céder, touj ours à con dition
' de laisser tout avant la maison de son futur beau-
' Lorsque le TE10~ voulut épo user la filie du jaguar,, •
1
' per e. ,
· J.e JABOTl, qui était son rival,, dit, au jagt1ar que le
: ...._ 'Mainte:qant je v.ais te passer ma bride, dit le .
~f~1ov ·ne vÇtlait · pas grand'ch'ose, ·car il lui serv~it' , ··.\ 1
' 1 '
J t ' " f \.IU ' 1 J~BOTI.
de monture '. · '
Nouvelle colere d11 TE1ou, nou:velles protestations
Informé 4e ce propos injurieu:x, le TErou déclara
rusées du JABOTI. Enfin, l'autr c céda et lo JABOTI
ch ez sa bien-aimée qu'il irait chercher le JADOTI et
monta à cheval avec un fouet et des éperons.
lui donnerait une correction devant tout lo monde.
Quand ils furent parvenus à proxi.m ité de la maison
Le JABOTI aperçut de chez lui le TErou qui arri-
du jaguar, le rfEIOU demanda au JAB OTI de descendre
vait furieux, il r entra et se coucha, feignant d'être
et de lui enlever les harnais. Il n e voulait pas être
malade. Le TE1ou entra et l'invita à l'accompagner·
vu jouant le r ôle de cheval . Le JAB OTI le pria de
1.. n ·aprês M. Sylvio Roméro. prendre patience, car il se sentait bien malade etl '

,..

- '134 - - 13õ - 1
incap~ble de marcher. Il itrornpa de la sorte le pauvre jouer de la flute. Les enfants, charmés par cette
TErou jusqu'à la porte du jaguar. En y arrivant, il le musique, lui dirent lorsqu'il s'arrêta :
fouetta et l'éperonna sans r elâche et sans pitié, - Joue un peu plus, JABOTI !
criant à tu e-tête : - Trouvez-vous cela vraiment beau, mes enfants?
- Vencz voir le TE1ou ,,. faisant le cheval ! J e vous - Oh, oui !
a;vais bien dit qu'il me servait de monture ! - Alors je m 'imagine ce que vous vous amuscriez
Les ,gens de la maison riaient comme des fous et . de me voir danser, óar je danse e·n core :miep.x que j e
le JABOTI dit 'à l~ fili e du jaguar : n e fais de la musiqu e l
- l\1a chere arnie, m onte sur la c r oupe de mon Les enfants, curieux de voir le JABOTI danser, ou-
cheval et allons nous marier ! vrirent la boite, il sortit et les amusa beaucoup par
\ Le inariage eut lieu , en effet, à la grande h onte ses dan ses. Puis il l eur demanda de quitter la mai-
du TErou 1 • son un moment pour satisfairc un besoin pressant .
Ils consentirent et il en profita pour s~ i;;auver.
.YE JABOTI 1
ET. L HOMME Vpyant qu'il ne rev~nait plus et çraigl};;a n~ l'Q;rrivée
de leur pere, les cnfants peigniren·h une pierre pou1r
L'homme entendit le JABOTI qui jouait de la flute la faire ressembler à une carapace de tortue et la
et il r ésolut de le prendre. 11 l'appela au bord de sa mirent dans la boite.
taniere, le JABOTI sortit, il le prit et Ie porta chez Dês que l' hornme arriva, il ordonna aux enfants :
lui, ou il le mit dans une boi te. - Allum ez lo feu et mettcz-y cl1auffer un pot plcin
Le lendemain matin, l'homme partit pour l~ d'ea-µ pour ébouillanter ce JABOTI et lui enlever sa
ch asse, \recomma~d~ntà ~es enfants de ne pas toucher carapace, car I,lous allons le manger. ,
à cette boite. Des qu'il fut partit, le JABot1 se mit à ' ·· Les enfants lui obéircnt. 11 mit la pierre peiht~
dans le pot, la laissa bouillir et la jeta toute chaude
1. D'aprês la version r ecueillie par M. Sylvio Roméro. dans une écuelle qui se cassa. Il grondait les enfants
11 Y eut san s doute une version d e ce conte TouPI plus d'accor d
avec les mceurs des lndiens. On sait que le cheval ne fut conn u lorsqu'il entendit le son de la fl ú.te du JABOTI pres de
des sauvages brésiliens qu'aprês l'arrivée des Portugais. la m aison, il sortit à sa r ech erche, mais n e le trouva
º.º
1 trou ve u n conte tout. à fait semblable õ. celui-ci en Afrique :
e< L élépha.nt et . la grenou1Ue ll , qu'on peut lire dans le livr e de
pas, ce qui le contraria bea ucoup 1 •

~L ~-Iéh Chat ela1n, Folie-Tales of Angola. Ce r approcbement est três ·
cur1e1fx. Il est possi~le que les Indíens du .Brésil aiE:nt r eçu ce 1. D'aprês M'. Couto de l\fagalha.ens. Cette légende nous appreod
conte des escla ves no1rs aprés la colonisation. Les Negres se sont que, même dans les moroents les plus difficiles de la vie, on pcut
mêlés sou vent au x Indien s. se sauver grâce à son sang-froid et à son in telligence .


f

- 136 , - 137
• - N' es-tu pas fatigué?
LE JABOTI ET LE GÉANT 1 - Pas du tout. Je n'ai pas même sué . .. 1

Le géant s'avoua vaincu.


Le JABOTI jouait de la flute sous les racines d'un - Au revoir, J ABOTI, dit-il, tu es plus fort que moi ! 1
arbre. Un géa:t;it.qui l'enter1dit, l'appelá et lui jeta
un défi que le JA.EOTI accepta. 11 s'agissait qe prouver 1

leqU..el eles d~u;K était le plu~ fort . lls se, diriger.ent r,Jt JÁBOTI AU C,IE~
' . '
au bord du fleuv~ . Le géa:o.t coiupa une liari.e, en prit 1 ' '
' 1
~ '

un bout et donna. l'autre au JAnor1, en. ]ui disant : l l y eU.t un jour une· fête au ciei' ou tous les ani-
- 1~u vas rester dans l)eau et moi sur tdrre. Nous maux furent invités. J. . e JABOTI qui n) arche trcs len-
t irerons la liane chacun d'un cõté ct ,ainsi nous tement et n 'a pas d'ailes n e savait pas comment
verrons lequel des deux: entrainera l'autre. arriver si haut. 11 demanda à l 'OunouBou 2 de l'em-
Le JABOTI plongea avec son bout de liane ct alla mener. L'OuROUBou y consentit et le prit sur son dos.
l'attacher à la queue d'un gros poisson qui entraina Arrivé à une certaine hauteur, le méchant ÜROUBOU
tout de suite le géant et l ' obligeo. à entrer dans l 'cau laissa tomber le JABOTI qui alla se ·hriser contre un
jusqu'au cou. Le géant fit un cffort désespéré et rocher en mille petits morceaux . l\1ais TouPAN eut
r éussit à retourner au rivage, mais lc gros poisson piti é de la pauvre bête, il descendit du ciel, r amassa
de nouveau le fi t entrer dans l'eau . les morceaux épars de la .tortue, lui rondit la vie, la
Le JABOTI, sous l'eau, riait comme u11 fo u. Au bout combla de do11s et maudit l 'Ounounou.
d'un moment, le gé9'nt essouf.flé s' écria : , C' estd~puis ce temps que l 'O uRou ~ou porte malheur
1 •

- Arrête, JABOTI '! , ! \


à tout Ce ·q u'il tov.che et
que la carapacc dú JABOTI "'
e·13t u:ne mosai:que 'f~ite par TouPAN 8.e plusieurs mor- ,
, !1 ;\ !

J...ie JAnor1 déta·ch.a alors la liane de la queue , dtt


ceµ,ux :J . · , '\ ·
gros poisson et revi:nt au rivage . Lc géant à bout de.
forces lui demanda :
1. D'apr ês lrf. Couto de Magalbaens.
1'.. Lo texte TouPI porte CAAPÓRA-GouAs sou : CAAPónA, dieu ou 2. Du Tour1 : Oonou, oiseau, et Bou, qui ma.nge. L'OuROUtiOU vole
g.én1e de la forêt et de la venaison, GouAssoú ou GouAço u ou Assou três haut et se nourrit de charognes. Il y a trois espaces d'Oonoonou
s1mplemeut, l'augmentatif, grand. J'ai t rouvé m i e\~X de dire Géant au Brésil : l'OoRoúnou-OúNA à. la tête noire (OáNA, noir), l'Ounounou-
q ue GRANO G8NIE DE LA FoRÊT ET DE LA CaAssE. T fN GA à la t ête bla nche (TiNGA, blane) et l'OuRouaou-CAMH\A.NGA à la
Une version de ce ~onte recu~illi~ par M. de Santa Anna Nér y . tête rouge (P 1RÁN GA, rou~e} , CATHARTES FOETENS CATBARTES AURA etc .
' met lc J ABOTI aux pr1ses avec 1 éléphant et la bal eine. C'est sans L'oiseau appelé par les métis Ounoueoo-Rt;, c'est-à-dire O~Rou­
doute une altér ation des métis, car les Indiens ne con naissaient ni nou-Ro1, n'est pas un CA.Tll.ARTEs, mais un vautour, SAnCoRA.MJ>ItO PAPA..
\ l'éléphant ni la balein e. 3. Dans la version de ce conte recueíllie par ~f. Sylvio Roméro

- 138 _:_ 139
.. .. . .
1
pouvait être l a cause et aperçut un j aguar qui lui
djt :
' § II. - LE CYCLE DE LA l\fUCOURA
- Je suis prisonnier dan s cette grotte. J'y Sl1is n é,
mais j 'ai t ellem ent grandi que j e n'en peux plus
LA l\1UCOURA, LE JAGUAR ET L'HOHllfE sortir. Aide-moi à enlever cette pierre qui bouche
'
l'entrée de la taniere.
N'~ faites pas du hien à celui que vous ~e connais- La . lVIucouRA l'aida, ; le j âguar sortit et ell e lui
' ' l
scz pas 2 • ·
·demandà : , ·
' '
Unjou:r, la MucoURA passait par la for'êt lorsqu 'e l~e '
- Comment vas-tu maintenant me payer ce grand '
entendit u11 bruit sin gulier. Elle alia voir quelle en service? '
Comme le jaguar avait faim, il lui répondit bruta-
et qui est la plus co nnue, il est guestion, au lieu de TouPAN, de la
Sainte Viergc, et même la fête au ciel est donn ée en son honneur. lement.
Mais je suis sür qu'il y a eu dans ce cas une interpolation chré- - J e vaj s te n1anger !
tienne postérieure à la découverte et colonisaW.on du pays, de sorte
qu'en écriva nt le cycle du JABOTI, j'ai cru utile et juste de reroett.re 11 l a saisit, mais avant de la dévorer lui demanda :
à. sa place le vieux dieu des TouP1s, sauf s'ils croyaient que ce fut - Con1n1ent doit-on payer le bien?
JA c f, la lune, ou GouARAci, le solcil, l'autcur du miraclo.
ll y a deux autres versions de ce conte. La premiére fut publiée - Avec l e bien, r épondit la à1ucouRA. 11 y a pres
par 1\1. Sylvio Roméro, qui la crut d'od gine africaine. M. João d'ici un homme qui sait tout. Nous pou vons le con- .
Ribeiro a prouvé dans son livre O F'aborctão qu'i.l s'était trompé.
M. René Basset l'a traduite et l'a 01ise dans son livre Contes popu- sul t er. ,
lair es d'Afrique (éd. !\iaisonneuve). Suivant cette version, .l'Ounou- Ils se r endirent à l'ile ou dem eurait cet homine et
noo conduit au ciel, au lieu du J ABOTJ, le crapau d quí se cacha dans
sa g uitare; En retoúrn~ut, ll Ie fai t tomber exprés en lui disant la lYiucouRA lui rjietoilta que l e jaguar la voulait man- ,
q u'il vole três. bien. La J>ll-uvr.e bête s'écrase contre1o sol. · ,ger ' aprcs qu' elle lui ~va.jt r ertdu un si grand ser-
La ·dcu:ideroe versiQn, fút pecueillie par M. de Santl.li Anna' Néry.: •
VJCe ~ •
pa:rmi les Indiens à dell}.i civilisés de l'Amazone. Dan s cette version
le crapaud se rena au ~iel ca-ehé dans le chapeau haut de forme ___:. Je vou~ la man ger, avoua l e jag.u ar, car on doit
de l'Ounounou qui le fait tomber en r evenant de la fête.
Lcs Indiens ne connaissaient ni la g uitare ni lo haut de forme. payer le bien avec l e mal.
A mon a vis, ces versions ont été répandues par les métis et le vrai - C'est entendu, ajouta l 'h omme, n1ais pour pou-
conte TouPr est celui que M. Couto de Magalhaons a publié et que
n ous venons de traduire, en substituant naturellement à la Sa.inte voir bien juger ce différend je désire voir l 'endr oit ou
Vierge un dieu des Indiens. les ch oses se passerent.
1. Tous les contes de ce cycle sont ToUPis. En y arrivant, l'homme dit au jaguar ·
1
2. Cet 'ópisode r appelle celui des Mi lle et une Nuits ou le génie
qui sort d'un vase pêché dans la mer r entre dans sa prison grâco - Entre de nouveau dans la grotte. J'ai besoin de
une ruse semblable. r econstituer la scen e pour pouvoir m e prononcer.
i.i

'

'

'
-140
,. {

. '
, Le jaguar en.tr:a ; aussitôt l' hon1me et la MucouRA
rouler~nt la pierre 9:ui houchait l'entrée.
'
- :NIB:intenant, dit l'hon1me au jaguar empris0n.µé,
LA l\{UCOUR,A ET L ' HOMME
tu apprendras à tes dépens qu'on paye le bien avec '
"
• ..le bien 1 • ~a MucouR.A allçi, .s e. coucl~~r sur, le ch e,min de
• • 1
ehomme, faisànt la
n1orte. L'homme passa et dit en
LA MUCOURA E.T ' LE1, JAGUAU ' lavo~ant:' ,·. , . " '. ·- ( ··i ,

. " . . .
~orsqn<; li~ j ~guar réussit à s'échapper du :trou o\l '
.
• .

-- Pauvre MucounA ! .: • · .
; ,. • > '

. 11 s;~rrêta, lai cr~;·~a, une .torii.be, l;~nterta et e'~n


·~ ' homme aldé pàr la MucouRA't'avait e,µ,ferm~,· il se ali~.. Elle sor,t it ,\}.e la te,:re, ca:qrut piar le taillis .ef.
dit' : . . ~ . .( . . ' . . .alla se mettre à nouveau .sur le pass.age .d~ l'fiorn:tn:e, · ,
' . ' '

---; Mainlenant j e dois me v~:i;iger de, la MucoURA. faisant encore Ia'' m.orte: · "! '
' . , ' ' \ . '

, .li t;uaversa.i t la 'forêt .qua~d il entendit un~ ~ume~r. ' ' ~. ~ En~ore une autre :J\tfucoUR'.A m orte ·! . s'~crià ;t'-
.Il prêta l'oreill~. " C'·était ltt Mucou.RA: qui coQpait d·es l'homnre.' 1 . , . , \ . . . , , ·.
liane·s . .Elle le "it et s~ crut .perclue. 11 alla1t sans
~ i ·I
· 11 la prit,,Ja p.oussa!,au horü,,Clu' che;min et
1
,,a; cou·-
dóute. là dévorer. Efle S·é ' décida à luí parler ~ . vrit de, feuilles 'seÇffes . . : < .• · ·..
1
, • , • '

' . .
.--,-. On atten~cl l'our;:i,gan, cé. sera un vent' ,terrible ! • (~~ ~ÍU.CGURA COUftlt d:e IlOUVeau · pár\ le taillis
1
et
J e cç>upe des . lianes ,po11r m'at tach.e r à un arbre,_car , alia. se' recoucher plus en avant. l./ homme, la ~renc0n- . ~ .
sans cela . le vent 1n''~ttlp9rter11it. " trarrt>dit alors· : ,. '
~
r, · • , •
, ' . '
,\ ' ' \ '

· Le jaguar l'.aidi:t .à couper des.liane.s et lui 4em~nda,., ~ , - Q}iLdonc. a bie11 pu tuer tant ·de1VIucouRA_,s?
.
p'e ureµx
.
: ·,
., . .
,. .
, \ ~·
I\ la ··prit, la dépqsa· hol·s du cl~emin et póursuivit
1
sa route. , ,, ·
\; \

- Attaphe-~oi d,.abord, car é~an:t ·p lus ,gra:nd qu~ · f' , r



'

~ncore une, fois la l\1ucqURA. recomme.n ça,. le mêm~


1 ' • '

toi~ l~ ve;n:t ro'emporter~it plus facile1nent. , . i. N .

, ,, 11 s'a~lo~sa à u-r1 gros ironc d'arbre ét la l\1ucpun4. i:Y... .· manege. L'liq_m me alórs ' perdit patience : .
. I
, · ' ,

attacha par les pied~ et par .les"m.ains .. Puis elle lui · - Q~e Je . diable e1npor~e toutes· ces ~'.luoó'ul\As ,
rit au n ez e:à s'écriant : ' . ,, . , . ~' mortes! · \ '
.
.- Reste là. pour toujours; démon ! ll la prit par la queue •et la lança an }ojn avec .
colere.
I , '

. '
-142 - - '143 -

La M·ucouRA. se sauva en pensant : de la MucoURA, et en balaya soign eusem ent les


- Jl ne faut pas fatiguer ceux qui nous font du abords.
bien 1 ! - Comme je t'aime, malgré tout, j'ai balayé le
chcmin; ainsi tu ne te blesseras pas aux épines,
LE JAGUAR ET LES COUPINS ~
/ disait-il.
La ~1ucouRA se méfiant lui répondit :
. P endant que le jaguar était solidemcnt attaché à " - 1\tlarcl1e devant moi.
1

l'arbre, des 0-ouPÍNs ~ étaient en trai.n de construire · Le jaguar dut s'exécuter, passa sur l e 1;piege et fit
leur m aison dans le tronc de cet arbre. déclancher la trappe. La MucouRA se tenait à honne
- Mes chers CouPINs, dit-il , voycz comme j e suis distance, fit un bond en arriere et se sauva ! .
m alheureux ! Si vous voulez être gentils envers moi,
ronge~ m es liens et r errdez-moi la liberté. LA MUCOURA ET LE MIEL
- A Dieu ne p] aise ! Si nou s vous libér on s, vous
n ous manger ez, dirent les insectes . 11 avait fait une si longue période de séch eresse
- ~1ais n on ! je vous assure, j e n e vous tuerai pas, que les ruisseaux et l es rivieres étaient à sec. Il res-
promit le jaguar. tait sculement un puits ou tous l es animaux a llaient
Les CouPJNS confiants se m irent alors à ron ger jour hoire. Le j aguar pen sa que c'était une bonne occasion
et nuit l es liens, tant et si bien qu'au lendemain le pour capturer son ennemie et s'embusqua pres du
jaguar était libre. Comme il avait grand faim, il puits .
mangea les CouPÍNS et partit 3 • Voyant venir une femme qtti portait sur la tête un
,p ot de miel,,. la MucouRA, tenailléc par la soif, mais
• 1
se rr1éfiant et n'osant· p<fs s~approch er de l'eau , se mit
LE .SENTIER
.. D1l: LA MUCOUilA
sur l e passage de la femme et fit la m orte. La femme,
La ~1ucouRA ayant une gr ande peur du jaguar l'apercevant, la poussa du pied h ors du ch emin et
n 'osait sortir de sa tanier e qu'à la_, nuit. Le jaguar poursuivit sa marche. La bête corirut et alla se re-
con struisit une trappe dans le sentier, sur l e passage :nettre sur son passage. La femme la mit de côté de
i1ouveau. L'animal r ecommença encor e so11 man ege.
i . D'aprês M. Couto de ltiagalhaens. Alors la fem m e dit :
2. Sorte de termites qui rongen~ le bois.
3. D'aprés ~l. Couto de Magalhaens . i . D'apr és bf. Couto de ~Iagalha ens.




' ' '


' '
.
~
,.

./ - 144 -
\ ' ~

~
- Si j 'avais pris les deux autres, au lieu de les
jeter, j'aurais maintenant trois peaux de MucoURA.
Elle mit la l\1ucouRA dans son panier , posa le pot
Biblioteca Digital Curt Nimuendajú - Coleção Nicolai

~
de miei sur le sol et r etourna chercher les autres ,
www.etnolinguistica.org
bêtes mortes. L'animal, profitant de son absence se .•..
1

plongea dans le miel; puis, roulant parmi les feuilles' ..


s~ches, dont elle fut comme 11abillé~, elle se rendit ' ,1 \

l
au puits. Le jaguar ne la reconnut pas et la laissa
passer , mais des qu'elle fut dans l'eau le miei fondit
et Jes feuilles secl1es se détacher ent de son corps.
Le jaguar l'aperçut, voulut se jeter sur elle pour la (

manger et ce fut unechancc qu 1elle, parvint à s'óchap-


per 1 . ,
.1

LA Bar g AUX FRUILLES SiCHES

• A quelque temps de là, la l\1ucouRA, touj ours pri-


vée d'eau, n'en pouvant p)us, résolut de r ecommen-
cer son stratageme . Pour cela elle.coupa l 'écorce d'un
sorbier, en prit la résine, s'englua tout le çorps et se
roula ensuite dans des feuilles mortes. Comme elle
' s'approc'.hait du puits ainsi déguisée, le jaguar lui' · ,
demanda:
- Qui es-tu? , lNI>IE:SS BRÉSJLIENS FOMA:\T PAR LE NEZ .
- Je suis la bête aux /euilles seches. ....
! - Entre dans l'eau avant de boire ! ordbnna-t-il.
, I ...
La rYlu couRA obéit, la résine résista à l'eau, les
feujll es restêrent collées à son corps et elle put boire

"1.. D'aprês M. Couto de Magalhaens .


' '


'
-14õ -
I à son gré. Cette ruse lui permit de boire jusqu'au
retour de la saison des pluies 1 •

LA lUORT DU JAGUAR

De retour dans sa tanierP, le jaguar p ensa :


- -Je dois faire le mol·t. '"foutes les bêtcs viendront
me dire un dern'i er' adieu et la MucolJRA aussi. Alors
je l'attraperai et la mangerai. ·
La nouvelle de la mort du jaguar se répandit. rf ous
les animaux vinrent le voir, et i]s disaicnt :
- Le j aguar est mort, grâce à ToUPAN ! Maintenant
nous pouvons vivre tranquilles.
La ~1ucouRA arriva aussi, mais elle se tint au dehors
de l a grotte et den1anda :
- A-t-il déjà roté ?
- Non, répondirent les animaux.
Elle ajouta :
- Feu mon grand-pere, quand il mourut, rota trois
fois de suite.
Le jaguar l' entendit et rota. Alors la l\1ucoURA
éclata de rire :
- Ah ! ah ! ah ! voilà bien du nouvcau 1 depuis
quand les morts rotent-ils?
Ellc se sauva et le jaguar attend encore sa
revanche 2 •
' •

i. D'aprês M. Couto de Magalhaens.


2. Idem. ,

. . .
'


(

-
1
146 - - 147 -
'
avait vu faire à son mari. La vieille MucouRA votilut
LES MARIAGES DE LA FILLE DE LA l\IUCOURA en faire autant, mais elle se brula dans le feu. Alors ,
furi euse, elle chassa le SrNIMBou de chez elle.
1
Le S1N1?i1nou 1 arriva chez la MucoURA. .A quelque temps de là, elle maria sa filie au
-: Bonsoir, dit-il. · ' martin-pêcheur. Quand elle sut que son gendre

.- Bonsoir, eµtreZ., · asseyez-vous et dites-moí .ce pêchait avec SO'Q .bec, e.lle voulut en fajre ~au.tant, . . .
ma~s elle n1av1ait ·pas tle bec et les poissons lt1ii i:nor-
• 1

que .vous désirez. · , ·


' (;. 1
- Rien du tout, je viens seulement vous r endfe diren.t le mu~eau : Elle se mit en co.l~re et expulsa le
visite. ~ r
n'.lart1n-pêcheur.
- Qu'est-ce qu'il y a de nouveau ? Puis elle maria sa fille pour la troisieme fois au,.,
MARTBONDo i. Celu.i-ci, grâce à ses ailes, pouvait aller
- Ta· fille n' est-elle pas déjà en âge de se marier?
\ chez les pêcheurs voler du poisson fumé. Elle votLlut
- Oui, parfaitement. ~

en faire autant, mais elle n'avait pas d'ailes. Elle


- Alors j e te la demande en mariage.
fut attaquée par les chiens qui lui mordirent la
La maman MucouRA appela sa fille et lui dit : queue 2 •
- Veux-tu t e marier avec ce monsieur? '
Enfin, elle maria sa filie au CARRAPATO 3 . Celui-ci a
- Oui, avec pla,i sir, répo11dit la fille.
- Eh bien ! mariez-vous donc !
la tête simolle qu'on peut lancer dessus avec
violence des châtaignes, sans qu'il le sente. La
1

Le lendemain la MucouRA dit à sa fille MucounA voulut en faire autant, mais elle fut assom-
- Dis à ton ;x;nari .que je v-oudrais bien manger du mée ·et rnourut 4 .

po1 s~on.
, 1
.
• ~ r
La jeune femme le lui di;t. Ils prirent Qne pjrogue
ct traverserent la riviere. Une fois sur l'autre rive, le t. Sorte de guêpe.
SINIMBOU fit allun1er du féu à sa femme, grimpa à un 2. Sans doute une interpolation des métis, car lcs Indiens, avant
l'arrivée des Européens, ne. connaissaient pas le chien.
arbre et se jeta au bon milieu des flammes. Puis il
3. Insecte qui suce le sang des animaux en adhérant à leur peau.
entra dans l'eau, en se cramponnant à une liane et \
Il y a des époques ou il se multiplie tellement dans les prairies et
il prit du poisson jusqu'à remplir la pirogue. dans les bois que les feuilles des herbes et des arbrisseau x. en sont
couvertes. II att:.aque aussi l'homme.
La jeune MucouRA raconta à sa m ere ce qlt'elle -í. D'apres M. Couto de ?tiagalhaens. ·
M. de Santa Anna Néry publia une version de ee con te un peu
1.. Caméléon, iguane verte. ditférento de celle-ci par la forme, mais non par le' fond.
,

,+.


- 148 - -149 -

La MucounA voulut en faire autant , mais en tom-
• LA l'l1UCOURA ET L' ARIRAMBÁ bant dans le feu elle ne se brula pas tout à fait, ca.r
le caméléon la tira par la queu c et lajeta dans l'eau .
I... a fill e de la MucouRA était mariée à l' ARH\AMBÁ 1 Comme ellc était presque brulée, la peau de la queu e
qui. pêchait sur un tronc jeté sur la riviere et y de la l\1ucouRA lui resta à la m a.in 1 •
• ,•
pren ait beal1co·u p de poissons. Un jour la vieille C'est à cause de c(jtte aver1ture que lã MucouR'A
MucoUR'A demanda à sa fill e çomment son m~ri pê- n 'a pa~ de poil_s sur la queue 2 • ,.
chait. ;Elle le lui dlt .·et la .l\1ucouR1\ voulut tout de
suite en fajre autaiit, mais le ToucOUNARÉ2 sauta sur
elle et r a vala. § III. - L'HO~IME

ET LES BETES
La fill e appela son mari au secours. Celui-ci at- '
trapa l e poisson, lui ouvrit le ventre et y prit la LE CRAPAUD
l\ilucouRA presque étouffée.
• 'Conte des Indiens
Depuis ce jour la ~1ucouRA sent mauvais, car elle CAXINAOU.ÁS.)

a gardé dans son poil l >odeur du ventre du poisson 3 •


Deux femn1es dont le~ ma.ris étaient partis pour la
chasse rencontrerent dans un vieux tron c d'arhre
LA MUCOURA ET LR SINIMBOU un crapaud qui coass~it. Elles se moquerent de la
laidcur de l'anin1a.l.
Le SINIMnou invita li:t l\1ucounA à prendre un r em ede :A quelque, t emps de là, un petit vieillard ventru
lorsqu.e les Pléiades · se mo11traient au ciel. La ~t laid se présenta ch cz ell es et let1r demanda
~ucouRA accepta'. Le c,a méléon cuei.llit des pimen.t s, ~
quelque chose à m anger. Elles lui donnorent ce ..
alluma du feu·et/grimpa sur un
arbre. La MucOURA qu'elles a.vaient, mais il dévorait si glot1tonn oment
le regardait faire. LÓrsque la constellation apparut~ qu'il avalait en n1ême témps les pots et los écuelles.
il se frotta les yeux avec le piment, se jeta dans le Elles en furent effrayées et se cach crent .
feu, courut vers l' eau et s'y baigna 4 •

1.. Oisea.u syndactyle, mar tin-pêcheur, ALcKoo v1n101s. 1 . Dans un conte NAHôA, les deux freres HouNAHPou, vou_lant
obtenir du rat sauvage la r évélation d'un secret, le fo nt bruler.
2. Poisso n des fleuves du bassin de l'Amp..zone.
Lorsque le rat se décida à leur dire ce qu'ils désiraient, sa. queue
3. D'aprês tti. Barbosa Rodrigues. était déjà brulée. Depuis ce jour, ajoutc le conte, la queue du rat
4. Les l ndiens croient que le caméléon a la vertu a.ttribuée à. u'a. pas de poils. •
la. salamandre par les anciens. ~ . D'aprês M. Barbosa Rodrigues.
1
'


'

'
,

-150 - -151 -

En revenant de la chasse, leurs mari~ apprirent - Est-ce toi la mere de l'lNAJÉ? demanda-t-elle.
ce qui s' éta1t passé, ils couperent lo tronc d'arbre, - Oui, c'est moi-même, lui répondit la vieille.
prirent le crapaud et le jeterent dans le feu. Son - Je viens me marier avec lui.
ventre y éclata avec un bruit de vaisselle cassée, ·· - - l\1on fils est tres méchant. 11 te ferait du mal,
c'étaient les• plats et les pots qu'il avait avalés qui dit la vieille. Je vais te cacher.
ven aient de se briser 1 • Elle n' étai t pas la ·mere de l'lNAJÉ; e,llo était la mere
du GA~JBÁ •.. Son fils {trri.v a .à la nuit . tombant~, appor-
t ant du gibier que sa mere fit cuire pour le diner'. ·
J '
LES MARIAGES D.E LA JEUNE FILLE ,\\VEC t&S BftTE S' "' Sa m,ere lui demanda :
(Conte des Indiens TouPrs.) - S'il venait ici quelqu'un de tres loin, qu'est-ce
quo tu fera is?
- Je l'inviterais à diner aveo nous, répondit-il.
I
Alors la vieille appela laj eune fille et tous lcs trois
LA JEUNE F ILLE ET LE GAMBÁt se mirent à rnan ger. Le GAMBÁ était tres cont ent, car

la jeune filie ét ait d'une grande beauté.
Une j eune fille dit un jour à sa mere : Au moment d'alier dormir, elle refusa de coucher
- Il faut que je ch ercl1e un mari, car j e sou ffre avec lui, car il se11tait mauvais, et le lendemain,
trop de la fain1! ,' con1me la vieille l'avait envoyée cherch er du bois sec,
Elle sortit de chez elle et arriva à un carrefour elle en profit~ pour s' échapper 1 .
d'ou partaient trois chemins. Apres quelques minutes· \

d'hésitatiori, elle choisit 'c elui dont le sol était


• 1 '

JOn ché de plume,~ d ' INAl\fBOU 3 et qui devait être le


\ •
If ''
chemin de l'lNAJE 4 • LA .JEUNE FILLE ET L' OUROUBO ü
S'e11gageant dans le'chemin, elle trouva une vieille
assise sur le set1il d'une maison . La jeune fille revint au carrefour et s'engagea sur 1

1 le dcuxieme ch emin. Elle y trouva une autre vieille


se chauffant au coin du feu, dans une autre maison.
i . D'aprês M. Capistrano de Abreu.
2. Petite sarigue que les métis appell ent CAssÁco et que les [ndiens
- Est-ce toi la mere de l'INAJÉ? interrogea la
a.ppellent aussi T1Maou. J eune fille.
3. Espêce de perdrix brésilienne, PEzus NI AMBO, Spix: .
4. Éperv ier. 1. D'a.prês ~f . Couto de Maga.lhaens.
I

.
'
I

\
\

-152 - -1õ3 -

- Oui, c'est moi-même, dit la vieille. - Si, e' est moi-même .
- Je viens me marier avec lui. - Je viens me marier avec lui.
- l\ion fils. est tres mécl1 ant . 11 faut que je te - Alors il faut que j e te cache: car n1on fils e&t
cache. tres ·m échant .
Elle mentait, oar elle était la mere de l'Ouaou- Le fils de la vieille rentra três tard rapportant ~.u
nou. Son fils arriva tres tard, en apportant comm.e gibier, des quantit~s de p ~tits ois~aux. ~a mcre les
gibier de~ . vermisseaux. . fit .r ôtir et,, lorsqu'ils furent en train de manger, elle
- 1 Voilà des petits poissons, ina mcrc, dit-il .. 1ui demanda : ·
1
Sa mere prépara le repas et, lorsqt1'ils furent en ~Que ferais~tu -si l'on· venait de tres loin: te rendre
train de diner, elle lui demanda: visite? , '
- Qu~ ferais-tu si nous r ecevions la visite de • - J'inviterais mon hô·te à diner .
qt1clqu'un venu de ·tres loin ? Alors la vieille appela la jeune fille, et comma
- Je l'inviterais à diner. elle était tres jolie l'oiseau s'en montra fort réjoui.
La mcre lui montra la jeune filie et l'OuRounou fut Ils coucherent ensemble. Le lendema.in matin,

tres content, êar elle était três jolie . l'OuRounou apparut. Il venait réclamer la j eune filie,
Lorsqu'ils allerent se cou.cl1er, la jeunc filie le L'épervier dut lutter, contre lui et le biessa à la
repoussa, car il puait tres fort. t êtc. La inere de l'OuRounou, pour lui panser sa bles-
Le l endemain, la vieille lui ayant dit d'aller surc, lui versa de l'eau bouillantc sur le crâne et
chercher du bois sec, elle se sauva 1 • voilà pourquoi., encore aujourd'l1ui, cet oiseau est
chauve 1 •

LE CHASS.EUR ET L'OUACAOUAN
LA JEONE FlLLE ET L'JNAJÉ J
(Co:nte des lndiens du fleuve Sot.IMOENS.)

Elle revint encore au carrefour et prit le dernier


(/ U11 chasseur égaré dans la forêt pendant la nuit
chemin ou elle rencontra aussi un e vieille au seuil
se ca,cha dans le trou d'un tronc d'arbre gigantesqt1e.
d'unc maison.
Le malin il ·aperçut un grand serpent qui lui or-
- N'es-tu pas la mere de 1'1NAJÉ ?
\
donna :
;i'

1. D'apres ~f. Couto de ~1agalhaens. 1. D'aprês hL Cou to de Magalhaens.


i2
'

• •

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- '
I I
J •

, ' '

A
-154 - -155 -
/

- Sors de là( au bord de la riviere. Le jaguar, qui voulait aussi


L'homme dit au serpen,t: . construire une maison. cl1oisit par hasard le m~n1e
' . - Je ne sais pas ou aller, grand-pere. I
emplacement. · ,.
L~ lcndemain, de bonne h eure, le cerf coupa les
Le serpent lâcha. un vent et dit :
- Sens mon parfum, mon petit-tils. C'est bon? arb.r1ssea~x et arrachales herbes du terrain . Le jaguar
L'odeur était si horrible que tous les cl1eveux de arr1vRl., v1t ces préparatifs et s'ecria :
l"horome ,tomberent, :msiis il entendit le chant de - C'est sans doute TouPAN qui veut bien m'aider.
'
l'ÜUACAOUAN i et s' écria:
Et aussitôt il éleva la c]1arpcnte de la; maisón.
- Voilà mon vrai grand-pere ! Le lendemain, le cerf, voyan~ les poutres et les
- Est-ce que cet oiseau est vraiment ton grand- croisillons, s' écria à son tour :
pere? demanda le serpent. . - C'est sans doute ToUPAN qui veut bien m'aider!
' \
11 fi t le -toit de la maison, la divisa en deu:x; appar,-
- 0ui.1 1

- Alors va-t'cn, mais ne lui dis pas que je su'is tements et s'installa aussitôt dans l'un d'eux . Le
'
• • 2 jaguar survenant prit l'a.utre, sans s'apercevoir du
, lCl •
voisinage du cerf. Ce ne fut qu'en se levant le matin
Le chasseur alla chercher l'oiseal1 et celui-ci tua le
qu'ils s'aperçurent et comprirent tout.
serpentª.
- C'était donc toi ~-ui m 'aidais ! dirent-ils tous le's · \
deux en m,ê,me temps. ·
§ IV. - LES BÊTES ENTRE ELLES Le jaguar réfl échit un instant et proposa :
- El1 bien ! demeurons ensemble.
LE CERF, LE JAGUAR ET LE 'CHIKN - C'cst entendu, répondit le cerf.
' ' \
1
'
Le londemai11 matin, en se réveillant, lejagt1ar dit: .
(Conte des lndiens TouP1s.)
- Je vais prendre du gibier. Occupe-toi du bois
Le cerf cherchait un · bon emplacement pour y et du feu pour faire cuire notre repas.
é lever sa maison et il choisit un endroit bien situé 11 tua un grand cerf, l'apporta sur son dos, le jeta
au milieu de la maiso11 et s'adressa à son compagnon
1 '
1
i . Le MACAGUA d' Azara, oiseau que, sui vant le témoignage de qui tremblait de peur : ·
Jean de Léry, les Indiens considéraient de mauvais présage. FAL CO - Va, prépare le diner !
CACllINANS, Lin.
Le cerf prépara la nourriture, mais il avait peur
~. Cet oiseau est un grand ennemi óes serpents qu'il tué et mange.
3. D'aprês M. Barbosa Rodrigues.
et ne voulut rien manger. 11 ne put pas dormir non

'

'

1

- '1 56 - •
-157 - 1
plus, craignant que le jaguar le tuât ct lc man geât.
Le lendemain c'était son tour d'apporter le gibier . 11 dans l'ancienne maison . Le jaguar vin t demeurer
pénétra dans la forêt et y aperçut un jaguar plus avec eux.
fort que son compagn on . 11 alla chercher son ami le ' Un j ot1r qu'ils aller ent à la chassc et pendant
grand tamanoir et lui dit : • qu'ils marchaient, le j aguar voulut attraper le
-
1
~Ion cher, il y a pres d'ici un jaguar qui dit
chicn, mais ne réussit pas . A son r e tour chez eux,
partout beauc.oup de .mal de toi. l e chien rapportq, beaucoup de petit gibier :. des
1 Le tamanoir se mit en · colere, suivit silencieuse- agoutis, des TATous 1 , de~ l\1ocó.s 2 et des lNAl\tBous.
ment le jaguar, le prit dá:ns ses bras et l'étouffa. Le Apres le diner, ils jotlerent . En jouant, le jaguar
cerf tira le cadavre jusqu'à chez lui et dit à l'autre murmúrait :
jaguar , en feignant de dédaigner son gibier : - J e n 'ai pas pris ce que j e désirais .. .
- Voilà ! C'est tout ce que j'aipu trouver . Prépare
/ · Le chien r épondit : ,
le diner . , - Quiconque a des jambes trop courtes ne peut
.. •
Lc jaguar obéit, mais il était son geur et ne voulut pas cour1r ..... •
pas man ger. Pendant la nuit les deux compagnons Tout de suite le jaguar lui sauta dessus. mais lc
ne purent pas ºfermer l'ceil : ils se craignaient et chien plus ~es te parvint à s' óchappcr, ac~ompagné
s'épiaient mut uellement. du cerf. Le Jaguar les poursuivit tous les deux et il
Vers minuit, comme leurs têtes tombaient de som- réussit ~ attraper ce dernier, mais TouJ.>AN changea
meil, celle du cerf to:ucha le inur et fit du bruit. Le cette proie en pierre entre ses griffcs . ,
jaguar, croyant que l'autre allait l'attaquer, s'enfuit Le chien travers,a la riviere et cria au jaguar d~
à toutes jamhes. Le cerf, pris de pel,lr ,à son tour, se l'autre côté, de son accent le plus moqueur :
'
sauva aussi. . · - ' '
· , - Si tu ne peux· pas me prendre, j ette'- moi clone
'

Encore aujou:rd' hui ils ont peuu Fun de l'autre 1 • 'des pierres ! ·
" Le jaguar prit la grosse pierre qui était restée
* entre ses griffes et la lui j eta. Lorsque la pierre
Le cerf alla demeurer avec le chien 2 • A quelque tomba sur l'autre bord de la riviere elle cria : e< l\1é ! »
t emps de là, le cerf avait oublié ce qui s'était passé et reprit son an cienne forme de cerf.

i . Les blancs et les métis se sont emparés de ce conte, dont on·


trouve maintenant des dizaines de versions par tout lc Brésil. 1. D ASYP OS, sp. var.
2. CAVI A. RUPESTR is, petit rongeur, espace de cobaye sauvage •
2. Ce doit être le chien sauvage du Brésil, llANI S BRASILI&Ns1s.
qui vit dans des grottes.

'
,


1
I

-1o9 -
- 1tss - •

Ce fut l>origine de la haine séculaire du chien et LE CAMtLt ON ET LE PARESSEUX


du jaguar 1 •
\ (Conte des Indiens du Rio N.EGRO.)


LE .l\IAGUARI ET LE GUANOt)'l\JBl
• Aprês qu'ils se sont disputés, le ·caméléon 1 et .le
, paresseux 2 , .le premiér demanda à Dieu de faire tom-
(Conte des Indiens du R1q NEGRO.)
' ber urie pluie si fine qu'elle mouillât le poil dµ pares-
seux. · Alors celui-ci demanda à Dieu , de faire tomber /
Le prqposa un· pari au MAGUARÍ ~ pour
GuANÔUMllÍ 2
une pluie si forte 'qu'elle fit ronfler le ventre du
voir lequel des deux volait plus loin. Un matin ils se
carn~léort 3 .
rencontrerent au bord de la riviere. Lo GuANO UJ11Bí
•s'cnvola le premier et disparut, mais en arrivant au '
L' ARA ET LE PIVERT
milieu du fleuve il se sentit fatigué, nc put rctourner
et tomba à l' eau. ·II y flott~it lorsque le J\1AGUARÍ (Conte des lndiens du Rro NEGRO.) I

arriva et lui demanda :


- Beau-frere, qu'est-ce que c'est que ça? Le pivert 4 demanda un jour à une ara ·s ou elle
allait.
- Rien. J e suis fa:tigué. Laisse-moi me soutenir à
- Je vais dormir sur UÍon perchoir qui est três
ton gouvernail.
loin d'ici et j e ·suis pressée, car il est déjà trop tard,
- Oui, prends rnes jam.bos.
répondit-elle.
Alors lc GuANOUMBÍ s1 accro.cha aux jam.bes de l'autre '

et réussit à échapper !:' .. 1. lguane verte .


., 2. Bn,A.ovPu's. · ,
J
• 3. Seulen:ient les plujes fines et suivies peu vent mouiUer le poil
compact et crasseux du paresseux. Les pluios fortes fon t en.tler le
ventre de l'iguane. Lorsque ·Ie caiméléon est plein de vent il com-
i. D'a pres M. Couto de MÍl.galhaens.
mence à faire du .bruit. Les métis appellent l'iguane PAPA-VENTO ·
2. Oiseau-mouche. c' estrà-dire gobe-vent. · '
3. Cigogne brésilienne, AaDEA. MA.GUARI, Gruel. D'apres M. Barbosa Rodrigues.
4. L'oiseau-mouche vole três vite et l a cigogne vole três lente- 4. Le PrcA-PA.u des Brésiliens, P1cus sp. var. Le plus commun
ment, mais celle-ci peut voler longtemps pcnc..lant que l'au tre ne •
au Brésil, c'est le Prcus RUFICEPs . '
le peut pas. Le conte est moral : il montre que la vitesse est· 5. L'AaA.RA des Brésiliens, ARA, sp. var. De ces oiseauI du genre
presque toujours incompatible avec la forc e, que la tortue peut SITTACE, le plus beau est sa.ns doute l' ARARA CANINO É ' ARA COE-
va.incre le lievre. l\ULEA..
D'apres ~f. Barbosa Rodrigues.
\

'

'
-160 - - 161
- ~1oi , je den1eure tres loin aussi et je ne suis pas
du tout pressé. Mon perchoir est à côté du tien. LE JAGUAR ET LE TAPIR
Nous irons ensemble.
(Conte des Indiens du Rio BRANCO. )
L'ara attendit longtemps et il trouvait toujours
une excuse pour ne pas· partir .· Lorsque la nuit
- Holà ! mon beau-frêre tapir ! '
tomba tout à . fait, .le méchant pivert dit à l'ara : •
- Qu'est-ce que ·e'est, mon beau-frere jaguar·?
- Au ,revoir, bhei;e amie, je vais me coucher. ·
1 . - Lorsque je marche la nuit, je biesse mes pieds ·
11 ' rentra dans sou trou. L'ara s'en alla à toute . . aux épines. Veux-tu donc me prêter tes cornes pour
vitesse de ses ailes en criant tres haut, car elle était · ' " la nuit ?
' fâch ée 1 • - Volontiers. L~s voilà, mais tu ne dois pas

oublier de meles r endre au point du jour, car l!a.r-
LE CHANT DU MOUTOUN ' deur du soleil brule mes pattes.
1
(Conte des l ndiens 11ANÁos. )
Depuis ce jour le jaguar fait du bruit quand il
marche Ja nuit et le tapir n' en fait aucun 1 •
Le MouToUN 2 chante conirne ça :
- Mon beau-frere, apporte-moi mon canot, car LE MAGUARÍ ET LE SOMMEIL
j'ai besoin d'aller vérifier mon MATAPÍ 3 • '
(Conte des Indiens _du Rio B.RANCo.)
Ou alors :
1 ,: • •

- MovrouN, apporte-mó1 mon canot, car Je veux Le MAGUARÍ 2 voulait tuer le sommeil et résolut de
aller manger de l'argile'•. '
}'attepdre perché sur·u.ne branche. Quelques moments
apres il aperçut .quelque chose.
, 1. Les Indiens disent que les aras qui traversent le ciol à. la - II me semble que c'est le sommeil , se dit-il.
tombée du jour, séparées de leurs compagnes, en cria.nt, se sont Lorsque le , sommeil s'approcha, il allait s'endor-
attardées à causer avec le pivert.
D'àprês M. Barbosa Rodrigues. mir, mais il se réveilla effarouché et s'envola en
1

2. Hocco, oiseau gallipêde d u genre CRA x , sp. v ar. criant :


3. Piêge pour prendre des poissons.
4. Da.ns la. langue des lndiens ces paroles son t des onomatopées i . D'a prês rrI. Barbosa Rodrigues.
qui corres pondent exactement au chant de l'oiseau. 2. Oiseau longirostre, ARDEA MAGU A.Rl, Gruel, C 1coNIA. MA.GUARY,
D'a.prês M. Barbosa Rodrigues. Tenn .

\ • •

-~

·1

.. (

1 - 162 ·- -163 -
' ....
- ~1qn cmur n'a pas su at tendre l e sommcil, mais
• moi je le saurai bien ! 1'
1..' ANOU ET LE TAMAQUARÉ

11 attendit de n ouveau et il aperçut quelque ch ose (Conte des Indiens du fleuve SoLThíOENS.) •
de tres noir qui s'appr ochait, mais tout de s uite
• 9 •
... effarouché de n ouveau , il s' envola en criant : L' ANotJ a-vait un bealL-frer e appcl é T AMAQUAR E - qu1
1

- CouA !. .. CouA !... CouA! 1 . • • ~ vivait dans l es marais et se nourrissait de saute-


D epu~s l es temps les plus r eculés jusqu'à présent, r elles . Un iour que l'AN0u youlait prendre une de
la m ême chose a.rrive toutes l es nuits 2 • ces bestiol e's elle- t omba à l' eau . Alors il appela l e
' ~
TAMAQUARÉ et lui dit :
- 1\1on beau -fr.e re, j'ai tiré sur une tortue, mais
elle s'échappa CLv_e c ma flech e. V eux-~u plonger pQur
m e la r ech er cher?
L e TAl'tlA QUARÉ plongea, trouva la sauterell e et la
- le m onde va finir.
T AM A.QUARÉ ,
mangea 3 • Puis ilreparut . · · ·
- Gommeht donc? - Hélas ! bcau -fr ere, j e n'ai pas trouvé ta fleche.
- 11 bruler a.. - Alors il faut se résigner, elle est perdue .
4

- J e ·satrterai dan s la rivj ere .


- L'eau de la rivicre bouillira.
LE CARAN
- Je me oacherai dans un trou. " '
'
- La torre deviendra chaude comme un four . (Conte des Indiens du fleuve SoL1MOENS.)
- Je inonterai sur un arbre . , 1

- Les arbres serant aussi brulés . Le ~st un oisea.u qui cl1ant e eon1m e ~'il
CARAN lí
6
- Alors ou pourrai-je aller? pleurait. On dit qu' il se plaint, car le PÉcAi lu1 a
~ 11 11'y aura pas d~ sa1ut. volé sa f em me. .
\ - He'l as 1. J e me urs 1. J e m eurs
. .' J e m eurs '. :). .. 1.. Oiseau zygodactyle, ORTROPH AGA &lA.JOR, le Bo u ILLEUR oE CANA.RI

de Cayenne.
1. Le conte a pour but de montrer l' habitude qu'a cet oiseau de 2.' Reptile, E NYALUS LATtCEP s , Guid. . .
se réveiller plusieurs fois pendant la nuit tout effarouché, en criant. 3. ce conte montre comment les deux. a.nimau -t se nourr1ssent.
2. D'aprês M. Barbosa Rodrigues.
4. D'aprês h'l . Barbosa Rodrigues.
3. Ce conte a pour but de montrer que ce r eptile, l 'ENYALus LATI-
CEPs, peut vivre dans l'eau, sous terr e et sur les arbres.
5. ! BIS NUDlFRONS.

D'aprês bL Barbosa Rodrigues. 6. PALMIPEDE PODICEPS.

'


l

- '164 - · -16õ -

11 y a des temps ou le CARAN r éussit à reprendre seau toutes les fois qu'il se r endait à l a chasse. U n
sa. femme. Alors le PEcA'i pleure, et lui, il est tres jour il demanda à sa m ere :
content 1 . - De qµ el oiseat1 sont ces plumes que j e trouve J
,
toujours?
- Ce sont les plum.e s de ton põre qui a été tué ~
LES . JAPÍNS ET LA GUÊPE
mor1 enfant.
t
(Conte des lndi.e ns du fleuve .ToUROUÁ.) L'enfant garda le silence. Lorsqu'il devint presque
_,;
/i
fl
'
"li ' \
un homme , it reneóntra des, petites tortues qui l'invi- ·
Autrefois les oiseaux étaient ennemis des .JAi>íNs, .t er ent à 'prendre un ,bain a:vec elles . Il accepta. Pen- ' \

et lorsqt,e ceux-ci allaient se promener ou chercher dant qu'ils s'amysaient a1,l bain, il égratigna une des
de la n ourriture, ils cassaient leurs ceufs ou tuaient tortues et celle-ci lui dit : .
leurs enfants. Alors· les JAPÍNs demanderent à la - Ma grand'mere .a vait bien r aison de tuer ton
I
guêpe de protéger leurs nids pendant l eur absence. pere.
- Bâtissez vos nids pres du mien, car ainsi je Ce fut ainsi qu'il connut l e non1 de l'assassin de
pourrai veiller sur vos enfants. son pere . 11 grandit en core et devint plus fort. Alors,
Depuis ce jour_, les JAPÍNS font toujours leurs nids pour cssayer ses forces, il ten ta d'arr ach er le faite
pres de la maison d·e la guêpe 2 • d'un l\il1RITY, mais ne réussi t pas. Plus tard il
r ecommença et réussit.
t.
- Maintenant,. se pit-il, j 'ai des forces et j e peux
t'YOURÁRA ET L'OUIRAOUÇ OU
venger mon pere. · J e vais . attendre que' la vieille tor-
'
{Conte des ln.diens du Rro NEGRO.) tue sorte de l' eau. ·
:1
II° 'répandit qu PARICÁ 1 sur une nattc. Comn1e le
commenc~ment v~nt commença de souffler et la pluie de tomber, la
' p '·

Au du monde, l 'YouRÁRA 3 tua


'
l'Ou1RAOUçou qui .~aissa sa femme veuve avec un
4
vieille tortue dit à ses filles :
petit enfant. Cet enfant trouvait des plumes d'oi- - Gardez tout de '$uite le PARICÁ à cause de la
' pluie !

Les petites tortues trouvere_n t l e PARICÁ tres lourd
i. D'aprês M. Barbosa Rodrigues.
2. Idem.
3. Tortue fiuviale. 1.. Fruit de la PIPT ADENI A COLUBRI NA, dont les noyaux servent à
,t. ~pervier.
fair e une boisson enivrante.
' }
{
'
'
·~

'

'
I

'

1
,
' ,
,
, -166 - - 167 -
car il était déjà mouillé et demanderent l'aide de la oiseaux lui volêrent les couleurs. 11 revint désolé •
vieille. Celle-ci sortit alors de J>eau. L'épervier la '
chez sa mêre et lui raconta ce qui lui était arrivé.
prit et la porta sur une branche de PEQUIÁ 1 • Ello so fâcha et lui jeta de la cendre sur le dos qui
La vieille tortue dit à l'épervier : devint blanc et lui dit :
- Comme tu vas me tper maintenant, fais venir - Va chercher les voleurs, paresseux !
toute ta famille pour voir ma mort. 11 chercha ses couleurs volées, mais ne trouva ql1'un
Tou.s les parent$ de l' épervier accoururent e.t ai de- . '':l".1W;Jr.~ peu de viole.t 'q u'il se ·mit sur la poitrine 1 . • '

r ent à tuer . la vieille tortue,. mais ils devinrcnt


tachetés à cause de la chair de cette bête. Ceux qui
LE COUNAOUROU
mangerent du sang devinrent rouges. Ceux qt1i bec-
quetêrent la carapace eurent le bec noir. Ceux qui (Conte des Indiens du Rio BRANCO.)

mangcrent du foie devinrent verts 2 .


Autrefois il y eut deux freres, dont un marié. Le
frere garçon faisait la cour à sa belle-sreur. Le pre-

LE JACAMIN ET LES COULEURS mier était adonné à des pratiques de sorcellerie . 11
(Conte des Indiens du Rio BRANCO.) prit la queue d' un ara, la mit dans le trou d'un
J
arhre et dit à sa femme :
f
Hélas ! mon enfant, pourquoi es-tt1 si laid? - 11 faut que tu demandes à mon frcre d'aller
s'ócria la mere du JACAMÍN ª. chercher pour toi u.n petit d'ar a que j 'ai vu dans ce
- Je ne sais pas. r trou d'arbre.
- Mon fils, je Vf3,ÍS, cherch er de la beauté, pour toi : Lo frere y alta, mais quand il introduisit sa main
La mere)a l.la1chercher de la bea·u té pot1r l11i : elle dans Ie· trou~ la MA:E1oúA 2 J'attrapa. 11 cria au secours '.
vola les belles couleurs de l' oiseau-mouche et les comme un fou, ,n1ais person:ne ne l'entendit et il se

donna à son fils. '
changea ·e n CouNAOUROU s.
- Voilà, mon enfant, va1te peindre avec ces cou- , Depuis ce jour ce cr apaud demet1re dans les trous
leurs tout de s uite! dit-elle. des arbres et crie toujours au secours :.
Quand il commençait à se peindre, les autres
,
1. D'a.prês M. Barbosa Rodrigues.
i. CARIO CAR BRASILIENSlS. 2. L'ombre des morts q ui reste sur la terre, le fantôme, littérale-
2. D'aprês M. Barbosa Rodrigues. ment la CRosE MÊ CBANTE.
3. P.El'l"ELOPE CU MA~ENSJS. 3. Gros crapaud.

,
'
..

-168 -
-169 - •

- CÉ-l\1ou ! CÉ-1"1ou ! CÉ-Mou !. .. ' . des JAVARis 1 • Pendant les nuits froides ou orageu ses,
les petits JouROUPIXOÚNAS gémissent de froid . Les
LE TAMOUROUPARA' ET LES JAPINS
' meres se plaignent aussi. Alors les vieux singes
disent : .,
(Conte d~s Indiens du P ARÁ.)
' - Demain ilous bâtirons notre maison !
Le lendemaiµ un de.s singes rappelle ce qu,i s' était
Autrefois les · JAPÍNS 2 étaient tres brq,ves, ils se , passé. 1

moquaient de tou·s les autres -.oiseaux, surtout du ·.....-: Allons 'bâtir notre maison, dit-il.
t oucan à cause de' son gros bec, et n 'épargnaie11t que Mais le solell est trop beau, il fait chaud, et les
' le TA1\10UROUPARÁ 3 • Un jour le toucan dit à ceJui-ci : autres r épondent : J

- Les . JAPÍNS se moquent de t ot1t le monde, sur- •• t


- Pas encore. Tâchons d'abord de déjeuner .
tout de moi, mais ils imitent aussi ta voix. Ils mangent, s'amusent au soleil et oublient tout
- Si c'est vrai, toucan, j e les tuerai ! à fait la maison, ma.is lorsque la pluie tombe pendant
Un jour, par hasard, le TAl\IOUROUPARÁ entendit les la nuit et que les petits et leurs meres gémissent de
JAPÍNS qui imitaient sa voix. 11 tua le pere et le froid, les vieux singes disent :
grand-pere des JAPÍNs, puis il dit aux enfants : - Demain nous bâtirons notre maison ! ..
-:- Faites attention à mon bec, jl est tout rouge 11 y a des hommes qui sont tout à fait comme les
du sang de vos parents ~ ! JounoUPIXOÚNAS 2 •
'

Lis 1ouROUP1xo:úNAS •ln Lgs FILLES ,DE L'o'CJROUBou '


' ' ~ ,.., . ' .
·(Conte des Indie~s de l'AMAZÓNrÊ.)
. ....... . ·' (Conte des Indiens du Rro N EGRO.)

Les JotrROUPIXOÚNAS li dorment parmi · les feuilles L'OunouBou 3 avait quatre filies mariées, la pre~ ..
~
miere avec ~le lézard, la deuxiême avec le hibou, la
i. Mon frere 1 mon frere ! roon frere 1 1 troisieme avec le canard et la derniere avec le.
D'aprés 1\'1. Barbosa Rodrigu es.
2. CA5SI CUS HEll ORHOUS .
3. MONASSA NI GRIFONS. 1 . Pa.lmier qui croit en bocages au bord des riviér es, A sTROCARYUM

4. D'aprês M. Barbosa Rodrigues. • ' YA UARI.

5. Petit singe, CALLITHRI X SCICUREA . ~- D'aprês M:. Barbosa Rodrigues.


3. CATHARTEs, sp. var.
i3

'

- '

..
I
-170 - -171 -
'
pigeon. Un jour la femme de l'OunouBou ordonna à - Voilà, mon frere, s'écria-t-il, les deux grands
ses filies de j e ter par terre un bois pour y faire une travailleurs ! Notre belle-mere les aime· pourtant,
plantation de manioc. Elles exigêrent ce travail' de et nous hait. Allons-not1s-en.
leurs maris. Ils rentrerent chez eux et raconterent ce qu'ils
avaient vu. Leurs femmes dirent tout à leur mere.
, .
Au point du jour, le lézard et le hibou se rendirent
au bois et couperent ~ous les arbrisi:;eaux sous les Le jour ou ils devaient mettre le feu au bois
arbres. A midi .ils re,n trerent déjeuner. Comme la coupé, le canard ·e t le pigeon ré~ssirent ã; convaincre
l'ÜUROUBOU et sa femme de rester aU milieu des
belle-me,re les ai:niáit; elle les reçut três bien.
Le canard et le 'pigeon travaillerent aussi jusqu'à arbres abattus. Alors ils allumerent le feu et les
midi, mais en rentrant pour le déj euner la vieille brulerent tous le~ deux 1 •
• "
les reçut tres mal, car elle les hai'ssait. •
' 1.. D'aprês M. Barbosa Rodrigues.
- Ce sont des paresseux ! di_t-elle. '
Pendant trois jours ils couperent des a~brisseaux ' / \

et des lianes, et nettoyerent l~ sol des herbes sau-


vages. Le canard annonça à sa femme, aprês ces •
trois jours, que lui et le pigeon allaient couper les
arbres. La vieille les ente11dit et elle s'écria : 1

- Quel mensonge ! Ils n'ont rien fait. Ce sont les
deux autres qui travaillent et ces paresseux veulent
mekomper! ~
' 1 • '
Un des deux gendres ;ílors lui dit : •
- Be~le-rriere, vous nous hai:~sez, mais un jour
nous nous vengerons !
Les deux gendres que la vieille aimait ne travail-
laien~ pas du tout. ,Le hibou passait son t emps à
dormir sur un árbre, pendant que le lézard faisait de
même dans un trou.
Le canard dit au pigeon :
- Mon frêre, allons voir ce qu'ils font.
Ils trouvêrent les deux qui dormaient .


• \

"

••

'
\ •
)

' '
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.. I
CouTo DE l\fAOALHÃENS. - O Selvagem, Typ. da Reforma, Rio de
'
1
· l :, Janeiro , i876.


:tu D. f..~TONIO CoLBACH~NI. -1 Bo'fóros orient4le, orarimugudoge,
Kfi.i ~ . del Matto GrQsso, Brasile, Soe. Ed. Infernazionale, To;rino,
\ ' il:l ~ ' ' '
(l~ ~ . ·11 1.926. l ' •
~' t l 'I,(
,('l:J ~ · ,1 ' .&· ,, E~l!llOVE;N. ~ Th~ Folk-Lore of Bómba1f, Clar~ndon, Oxford, i9,24. ,'
1 1 ' '

i :~ ~N· '~ • :1· Gus1·~ vo '.0Anribso .. -


\ 1 T.err'~ dê sol, .&quilaJ; 'R io de J an eiro i'.'.L 9!2: .'
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·l aéas' e p<.Uav11as·,
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·l;eite,Ribeiro, "llio de Jan eiro, i'9i 7 . . 1 · ;



; ' ' ' ' \., 1

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,1 ' • 1 , • 1 • • 1
-~ ~~ li ·' :- '· A? ~pm da viola; Lei~e Ribeiro, R~o de Janeiro,, i92~ . ,
~, -,l ~ :; ' .!..- ~ O Sertão e o niundo, .Leite Ribeiro, H.io deJan,eiro, i9~3 .
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REN'É BA.SSET. - Contes populaires .d' ~ frique, Gu,ilmoto, P,a ris,


1883. ' , {N'TRODUC1' ION • . . . . . . . . ..
RoDIUGUES DE CARVALHO. - Cancioneiro do norte, 1\1. Biyar,
Ceará, i903. ·'
CH.UITRE P,REMIER. - Mythologie des Toupis.
SANTA ANNA N ÉRY. - Folk-Lore brésilien, Perrin, Paris, i889.
SÉBILLOT. - Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne, § 1. - ANHANG.Á.. . . • . • • 2
~faisonneuve, Paris, i .822. Légendes sur l' ANHANGÁ • ~
SYLVIO JuLro. -Pampa, Jatahy, Ceará, 1919. Le châtiment du chasseur !
Le cerf ANRANGÁ • 3
SYLVIO RoMÉRo . - Contos populares ldo Brasil, Aillaud A.lves,
Paris-Rio de Janeiro, i 9i i. § II. - CAAPÓRA . . -( . 4
'
SouTHEY. - Historia do Brasil, Garnier, Rio de Janeiro, 1862.
§ III. - ÓUAOUJÁRA . . 4
W1ÉGER. - Folk-Lore chinoislraoderne, Guilmoto, Paris.
1
,L égende sur l'OUAOUIÁl\A. 5"
YvEs D'ÉvREUX. - Voyage dans le nord du Brésii, fait durant Le BôTo . . . • " . 5
les années 1613 et t614, Leipzig, et PaPis, i864. ' '
, • ' li , '
§ IV. - ÜUIR.APOURO'u. • • 6
1'
'§ V. - S.Acr-PERERÊ .' . ' . • i • 7
Le gen.d ~s sur le SA-ci. . 8
Le TrNK:o U~N. • • • • . 8
Les oiseaux-fées. . . . iO
Le gucrrier mystérieux ii
§ VL - Bo1TATÁ. . i3
§ VIL - Ü UROUTÁOV i4
Légendes sur l'OnROUTÁou • i4
L'OuaouTÃou et l'amour . !4
L'OunourÁou et la femme . !5


,

177 -

§ VIII. - CoUR.nouPÍRA. . 15 CHAPITRE III. - Le cycle du déluge.


Le cycle du CouRROUPlaA. 16
Le coou r du CounRouPiRA.. • • 16 1. Le déluge des TouP1s . . . 68
Le CounnouriRA et la femme . .. i7 2. Le délugo des CAxI~AoUÁs. 69
Le CouRnOl]Pil\A et les en fants perdus. ' i8 3. Le déluge des PA0Aou1Ris . 70
Le CQunnouPiRA et le pau vr e . . . . . !O 4. Le déluge des BoRóRos . . 70
La ;nourritu re d u CounnouP~ R,! . . . . . . 2! 5. Le déluge des P;AMAnis . . . 12
Lé .Coul,\Rt>urinA 1 la femPie et les enfa.nts. • ~· • •
1
f' l
23 ti
.1 '

Le Cou'n&<)ui>in~ t ué 'Par, "un ~nfant . . p . ' . ' '11 ' f ·25 • •


l 4 • •
Le CoullRouPiRA et lcs enfant s ~ ·. .
! '
. . ,, . : . .' ~7 " ,. CHAPITRE IV. Lég endes des or1g1nes.
Le Co unnouPiRA et le Irialh'e ureu,x. . if ) . 28 ,
Le CounnouvinA. et le chassew. , . . 3i I. La création de la nuit . . . . . . r
, 74
. . . .

§ IX.
Le CouaaouPinA et un a.utre chasseur.
- lARA • . .
'
. l • 33
37
II.
III.
I V.
L'origine du manioc.
L'origioe d u coton et des hommes .
L'origine des poissons .
77
79
Si
38 V. Origino d 'un perroquet. . 8i
§ X. - BofoUNA . 1
VI. . L 'origine d u feu . . . . 82
39 VII. L'origioe du poison . . . . • .· 84
/.
VJJI. L' origine de plusieurs ch'o ses. • . .. 85
4.0 ' IX. Lpgcnde de BA.:tToGôGo . . . . '187
1

..
•\

41 x. L'origine des fleches ' . . . . . . .


1 '
90
XI. L'origine du fleuve des Amazones. • 91.
.. i2
42
43 CHAPITRE V. - Contes et légendes divers.
4~
146
-!7 § f. - ÜGRES ET OGRES SES. 92
Les cyclopes ZARIGuÊs. 92
.. r l MA.PlN GOUAlÜ. , , • . • .. , 93
. ~ ~ CElQPCL . . . . . . . . • ' " 93 \
Ü HAPITHE II.
' § li, - L ÉGENDES HÉROlQUES . 98
a) Comment naquirent les et oiles . . . Lo bâ.ton de CERIVA. ~

• '98
b) Le mythe du soleil et de la lune Les amazones . . . . 99
e} Les pl éiades. . . . . . . . . Les deu x h éros . . . i 02
d) P1NON ou le Grand Serpen t .
e) L' éclipse . . . . . · · ·
§ III. - LES MÉTA.MORPHOSES .. 1.10
La vieille femme transfor mée en TATou. 1.tO
• l f) T AMKKAN • • . . • • • ' . • .. La veu ve tran's formée en T AMANDOUA. 1i1
~ ' ' R , '9) EP ÉP~M • .' . • .
1
• .... 1 •1 • '·
112
.\1 ;~\· '.i~) .l"ECHtÓÇO · 1.J ; ' '. ':· ,'" : " • ,'
L'l n.çlien transformé en tapir . . . . . . .
Le cul'1 de-jatte tr!l-nsfor mé ·e n JABOTi . . . . . 113
.~~J!~l':Y:cb•iiJI ~"'JR i) MIB01A.-A$Sotr ·1. , • i" ,
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.....,,·...,t~ ( f) PAOUICHt-CAMAiOÜA. • • .1 • • •" • L'enfant transformé en Kous:A~DoxÃou . . . . . ~ 1.14


! ' 1 1
L'enfant transformé en C A~BAXíRRA . . . . . . . • • 11.5

'

' .
-
'
j

178 - 179 -
Le ca.méléon et le paresseux .
. CHAPITRB VI. - Contes et légendes L'a.ra et le pivert . .
sur les animaux. Le chant du Mo urouN . .
Le jaguar et le ta.pir . .

§ 1, - LE CYCLE. DU J ABOTI
1 '
ii7 Le ~IA.GUARI et le sommeil
Le J AJl OTI et Le tapir ; . A ii7 .. Le TA MAQ UARÉ et la fin du monde
Le J ABOTI et .le jq,gua:r . i20 L' ANou et le 'fAMAQUARÉ •
Le J! BOTI et le cerf . . · 1 ,,;
i20 Le CARAN • • • • • • . . . ..
Le J:! BOTI et les . singes·: 1!2?2 Les J.A.PiNs et la guêpe . 1• •
De JABOTJ et tou.jours le jaguar. L "YounARA et l'ÜU'flRAOUÇou •
i

'. t23 , . • • •
Le J ABOTI et uu. autre jágµar . 124 Le JAcAM1N et le-s coilleurs . . ' ·
Le J ABO'I:I et la ~1 uc ouRA . • • • . "125 Le CouNAouRo u. . • . . ' . . 1 " .
Le JA uoT1 et toujours la ~lucouRA. f 27 .Le TAMOURÓUPA.l\Á et les JA.PÍNS. . .
Le JAnOTI et le fr uit mystérieux:. . i29 Les JQUROUPIXOUNAS • • • • •
Le J ABOTI et la source . · i 3i ' Les filles de l'Ouaouilou.
Le JA110T1 et le TE1ou •• {32
Le J ABOT I et l'homme . i34. B IBLIOGUAPHIE. . . . .. . . . .. ~ .
Le JABOTI et le géant . 1.36 I
Le J AeoTI au ciel . . . i37
\
'
§ IL - LE CYCLR DE LA ?tf ucouRA i 38
La. l\1ucouRA, le jaguar et l'homm e . i 38
La tt1ucoaRA et le jaguar. i40
La ~l u co uRA et l'homme. 1.4i
Le jaguar et les ·CouPíNs. 142
Le sentier de la ~iucouRA 142
La MucouRA. et le I'Íliel.r . 143
La bête aux fe uilles seches . . . . i44 '
La mort ,du jaguar . . . . . 1 • • • • 145
Les matiages de la fi,Ue de la MucounA . • r"6
La MucouRA et l'ARil\AMBÁ . · • • . . ' • • . . 148
La !\~u couRA et le 81N1usou. 1 • i48·
t
§ III. - L ' HOM'ME RT LES BÊTES i49
Lo crapaud . . . . . . . . . . . . . . . i4.9 ,
Les mariages de la jeune filie avec les bêtes. i50
1. La. jeune fille et le GAMBÁ • i50
II. La jeune fille et l'Ouaounou 15i
.'
III. La jeu ne fille et l'INAJÉ .. 152
Le chasseur et l'OuACAOUAN . . i 53
§ IV. - LES BÊTES ENTR~ ELLES. ., . t5i

' Le cerf, le jaguar et le chien 154
Le MA. GUARI et le GuANouMBI • 1.58 1372. - ÉVREUX, U lPRIMERIE HÉRISSEY . - 8-30
"

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