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GRAND ANGLE TC 157

Risques biologiques
en animalerie de recherche
AUTEURS :
C. Beyer, Bureau de coordination de la prévention des risques, Institut national de la santé et de la recherche
médicale (INSERM), Paris
B. Lerat-Rault, Pôle infrastructures-organismes-modèles et ressources, INSERM, Paris
S. Munch, Service de santé au travail, Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Strasbourg
F. Wanert, Plateforme SILABE ADUEIS, Niederhausbergen
V. Caron, Département Études et assistance médicales, INRS

en

© Serge Morillon/INRS
résumé

La standardisation de MOTS CLÉS


la qualité sanitaire des Risque biologique /
Zoonose / Allergie /
animaux, l’évolution des
Animal de laboratoire /
métiers et des compétences Animalerie / Personnel
des personnels et l’utilisation d'animalerie /
croissante des OGM ont Animalier /
modifié la caractérisation Surveillance
médicale / Suivi
du risque biologique en
médical / Organisme
animalerie de recherche. génétiquement
Cet article fait le point sur

L’
modifié (OGM)s
ces notions nouvelles ainsi
que sur les éléments utiles
à l’évaluation des risques. fiés (OGM). Sont, entre autres, abor-
Il détaille diverses mesures dés ici les risques infectieux liés aux
de prévention collective et zoonoses mais aussi ceux liés aux
individuelle à mettre en place animaux ayant reçu des cellules
et donne des éléments pour animal est utilisé par humaines, des germes pathogènes
un suivi médical adapté. l’Homme pour comprendre le fonc- ou des OGM, ainsi que les risques
Un encadré est consacré au tionnement du vivant depuis l’an- d’allergie liés aux animaux de labo-
travail avec les primates. tiquité. Aujourd’hui la recherche ratoire.
sur l’animal s’est structurée et est La réglementation ayant cours en
encadrée par des textes réglemen- expérimentation animale dépend
taires européens et français. du Code rural, de celui de l’environ-
L’évaluation du risque biologique nement et de celui du travail en
en expérimentation animale, du ce qui concerne la protection des
fait de l’évolution des animaleries travailleurs. Les articles R. 4421-1 à
d’une part et de l’évolution des R. 4427-5 du Code du travail relatifs
techniques génétiques d’autre part, à la prévention des risques biolo-
s’est déplacée de préoccupations giques s’appliquent aux salariés
liées aux zoonoses vers des risques des animaleries. D’autres éléments
moins connus notamment liés aux réglementaires sont cités au fil du
organismes génétiquement modi- texte dans les parties concernées.

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Risques biologiques
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niques, c’est-à-dire diminuer les MUTUALISATION DES


ORGANISATION DES contraintes (encadré 1). ANIMALERIES
ANIMALERIES DE Depuis le 1er février 2013, l’expéri- Dans la majorité des cas, les ani-
RECHERCHE mentation sur l’animal est enca- maleries actuelles ne sont plus
drée en France par les articles éparpillées dans différents labo-
L’EXPÉRIMENTATION SUR R. 214-87 à R. 215-10 du Code rural. ratoires. Elles ont pris la forme de
L’ANIMAL : UNE PRATIQUE Cette réglementation a pour objec- véritables structures de recherche
TRÈS ENCADRÉE tif de protéger les animaux utilisés à in vivo. La notion d’établissement
Dès 1959, la question du bien- des fins scientifiques et éducatives, utilisée par la réglementation
être animal s’est posée au travers en imposant des bonnes pratiques. désigne maintenant ces centres
des « 3R », principes proposés par Par ailleurs, la sensibilité des ani- d’élevages et de création de lignées
Russell et Burch pour une expé- maux reste un sujet de préoccupa- d’animaux transgéniques associés
rimentation humaine sur l’ani- tion qui a conduit le législateur à à des zones d’expérimentation.
mal et qui consistent à Remplacer modifier récemment le statut juri- Les animaleries actuelles sont
les animaux, Réduire le nombre dique de l’animal, désormais consi- toujours organisées en plusieurs
d’animaux et Raffiner les tech- déré comme un « être vivant doué zones : une zone d’hébergement
de sensibilité » et non plus un bien des animaux, une zone d’expéri-
,Encadré 1 meuble (article 515-14 du Code civil). mentation où sont manipulés les
La réglementation sur l’expérimen- animaux, une laverie, une zone de
> UTILISATION D’ANIMAUX tation animale vise donc avant tout stockage du matériel propre, une
DANS LE CONTEXTE à assurer, autant que faire se peut, zone de stockage du matériel sale
D’EXPÉRIMENTATION le bien-être des animaux utilisés, et des déchets.
ANIMALE bien-être qui passe dans un pre- Les animaleries sont devenues des
En France, en 2014, un peu plus mier temps par leur bien-traitance unités de service (cryoconservation,
de 1,76 millions d'animaux [2]. C’est pourquoi les locaux dans transgénèse, imagerie...), ouvertes à
ont été utilisés à des fins lesquels les animaux sont hébergés la communauté scientifique. Cette
scientifiques [1]. La souris (Mus et/ou manipulés doivent répondre mutualisation et cette ouverture
musculus) reste l’animal le plus à des normes de soins et d’héberge- ont amené à définir des exigences,
utilisé (48,2 %). L’importance de ment définis par arrêté [3]. On parle notamment sur la qualité sanitaire
ce modèle animal est historique maintenant non plus d’animale- des animaux, ce qui a conduit à la
et s’explique, entre autres, par ries mais d’établissements utilisa- généralisation de la production,
ses capacités reproductives, teurs et d’établissements éleveurs de l’entretien et de l’utilisation
l’homologie génétique avec ou fournisseurs d’animaux. Tous d’animaux « Exempt d’organismes
l’Homme et, plus récemment, répondent aux mêmes exigences. pathogènes spécifiques » (EOPS)
la possibilité de créer des souris Les installations doivent assurer issus d’animaleries protégées. Les
génétiquement modifiées pour un environnement approprié per- animaleries dénommées « conven-
reproduire des modèles de mettant de répondre aux besoins tionnelles » sont maintenant deve-
pathologie. La souris reste donc physiologiques et éthologiques des nues rares et correspondent le plus
encore le modèle de référence espèces hébergées. Des systèmes souvent à de petites animaleries de
même si, ces dernières années, de contrôle des paramètres envi- proximité.
on constate une émergence des ronnementaux (température, taux
modèles aquatiques (30,3 % d’humidité) adaptés aux besoins ÉVOLUTION DES MÉTIERS
de poissons toutes espèces de chaque espèce sont notamment ET COMPÉTENCES DES
confondues). Viennent ensuite exigés. PERSONNELS
le rat (Rattus norvegicus, Un agrément, délivré par le préfet, La création de ces plateformes a
7,4 %) et le lapin (Oryctolagus est obligatoire pour tout établis- profondément fait évoluer le métier
cuniculus, 5 %). Les primates non sement hébergeant, élevant ou des zootechniciens. Le travail en ani-
humains restent, quant à eux, utilisant des animaux. Il valide la malerie comprend aussi bien le soin
minoritaires : seuls 1 103 singes conformité des installations en classique aux animaux (change des
sont répertoriés, soit environ termes d’infrastructure et de fonc- litières, laverie…) que le suivi d’éle-
0,01 %. tionnement afin de protéger l’ani- vage (accouplement, marquage,
mal et également les personnes. génotypage…) ou la réalisation de

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gestes techniques spécifiques (pré- tie des mesures réglementaires peut définir sa propre liste d’exclu-
lèvements sanguins, administra- imposées depuis 2013 [4]. sion de pathogènes.
tion de substances…) dans un envi- Le maintien de ces statuts sanitaires
ronnement intégrant les nouvelles STANDARDISATION impose également d’identifier et de
technologies (robotisation, image- DE LA QUALITÉ SANITAIRE contrôler tout risque d’introduction
rie…). DES ANIMAUX d'agents biologiques pathogènes
Le bon fonctionnement d’une struc- Les modes d’hébergement des ani- par la mise en place de barrières
ture implique la mise en place de maux ont évolué afin de répondre sanitaires [7]. On parlera alors d’ani-
procédures qui doivent être respec- aux contraintes de qualité sani- maleries « protégées ». Le contrôle
tées par les personnels et les uti- taire des animaux. Une surveil- du statut sanitaire des animaux
lisateurs. L’application de ces pro- lance sanitaire est mise en place introduits dans l’animalerie est
cédures ne peut se faire sans leur afin de détecter la présence d’ani- un des éléments essentiels de ces
compréhension qui impose une for- maux infectés par des agents bio- barrières. C’est pourquoi seuls sont
mation adaptée de chacun. logiques pathogènes pouvant im- introduits les animaux fournissant
L’article L. 4121-2 du Code du travail, pacter leur bien-être, les résultats des garanties sanitaires suffisantes,
traitant des principes de prévention, expérimentaux ou présenter un c’est-à-dire provenant d’établisse-
prévoit notamment que l’employeur danger pour l’expérimentateur. ments éleveurs ou fournisseurs
donne les instructions appropriées Cette surveillance réduit notable- agréés, ou d’établissements utilisa-
aux travailleurs. Par ailleurs, l’impé- ment le risque de zoonose pour teurs pouvant justifier d’un histo-
ratif de formation est réglemen- l’expérimentateur. rique de contrôles sanitaires satis-
taire et participe au bon traitement En ce qui concerne la qualité sani- faisant.
des animaux (art. R. 214-114 du Code taire des rongeurs, pour des raisons Pour les espèces non murines,
rural). Dans ce cadre, la réglementa- scientifiques de reproductibilité comme les primates ou les chiens,
tion a défini 4 fonctions : des études et pratiques (échanges la mise en quarantaine dans des
l la conception des projets expéri- d’animaux, accès à des plateformes locaux dédiés pendant une période
mentaux utilisant les animaux ; techniques), le niveau d’exigence a suffisante pour tester les animaux
l l’application des procédures expé- augmenté avec l’utilisation d’ani- introduits garde toute son effica-
rimentales sur les animaux ; maux EOPS ou SPF (Specific Pa- cité et sa pertinence. De plus, dans
l les soins aux animaux ; thogen Free). chaque établissement utilisateur,
l la mise à mort des animaux. Des programmes de surveillance éleveur ou fournisseur d’animaux,
Toute personne exerçant une de ces reposant sur un panel de tests quelle que soit l’espèce hébergée,
fonctions se doit d’avoir bénéficié (sérologies par Enzyme-Linked Im- un vétérinaire est désigné pour as-
d’une formation spécifique adap- munoSorbent Assay (ELISA), Multi- surer le suivi sanitaire des animaux.
tée. Toutes les formations suivies plexed Fluorometric Immuno Assay
doivent être répertoriées dans un (MFIA), Polymerase Chain Reaction
livret individuel de compétences (PCR)…) réalisés sur un échantil-
pouvant être consulté par les autori- lon de la population sont mis en RISQUES BIOLOGIQUES
tés de contrôle lors d’inspections des place selon une fréquence variable EN EXPÉRIMENTATION
établissements. Chaque personnel (trimestrielle, semestrielle ou an- ANIMALE
(zootechnicien ou chercheur) doit nuelle) en fonction des espèces,
être en possession de ce livret per- des exigences scientifiques et du Le risque zoonotique en expérimen-
sonnel. Ces formations permettent risque d’exposition des animaux. tation animale est aujourd’hui for-
à la fois d’assurer la bien-traitance Une liste des pathogènes à recher- tement limité du fait de l’utilisation
des animaux mais aussi la sécurité cher en fonction de l’espèce ani- d’animaux provenant d’établisse-
du personnel par la formation aux male considérée, proposée par la ments pouvant garantir leur statut
bonnes pratiques et à leur mise en Federation of European Laboratory sanitaire. Le maintien de ce statut
œuvre. Animal Science Associations (FELA- exige le bon fonctionnement des
La désignation d’une personne SA ou Fédération des associations installations et des équipements
responsable du bien-être animal européennes des sciences de l'ani- ainsi que le respect des bonnes
et la constitution d’une cellule en mal de laboratoire) [5, 6], sert de pratiques par les personnels. Cela
charge de ce bien-être dans chaque référence dans les établissements implique également un contrôle
établissement fait également par- européens. Chaque établissement de toutes les entrées d’animaux

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nouveaux et le suivi de leur état de ces agents est fixée par l’arrêté du de risque de l’OGM manipulé en
sanitaire pendant toute la durée de 18 juillet 1994 modifié [8]. Il n’existe fonction du danger des éléments
l’hébergement. pas de liste d’agents du groupe 1 qui le constituant (vecteur 1, insert 2,
Même dans une animalerie conven- sont innombrables. Le fait qu’un hôte 3) et des modalités de leur mise
tionnelle hébergeant des animaux agent biologique ne soit pas classé 1. Support servant en œuvre (exposition potentielle
dans les groupes 2, 3 ou 4 ne signifie à introduire un
de statut sanitaire contrôlé, il s’agit lors de la manipulation) [9].
gène dans une
également d’éviter la contamina- pas qu’il soit classé dans le groupe cellule Toute mise en œuvre d’OGM néces-
tion des animaux par des patho- 1. Si l’innocuité de l’agent n’est pas site une démarche préalable auprès
2. Gène d’intérêt
gènes humains, qui pourraient connue de longue date, seule l’éva- du Haut Conseil des biotechnolo-
introduit dans la
ensuite contaminer les personnels. luation des risques peut autoriser à cellule hôte pour gies (HCB) : une déclaration pour les
dire qu’il relève du groupe 1. s’exprimer. Les OGM de classe de confinement 1 et
CONTEXTE RÉGLEMENTAIRE inserts sont dits une demande d’agrément pour les
RÉGLEMENTATION SUR LES OGM de type A lorsqu’ils OGM de classe de confinement 2, 3
ne sont pas un
RÉGLEMENTATION SUR LES AGENTS Outre les prescriptions du Code du ou 4 (art. R. 532-4 du Code de l’envi-
facteur de danger,
BIOLOGIQUES travail, selon les articles L. 532-1 et de type B dans ronnement).
Le Code du travail édicte les princi- D. 532-2 du Code de l’environne- le cas contraire Le manuel du HCB donne également
pales règles d’évaluation ainsi que ment, les OGM sont classés en 4 (codant pour une des informations sur les classes de
les principes de prévention pour les groupes distincts (GI, GII, GIII, GIV), protéine oncogène confinement des animaux OGM.
ou une toxine
travailleurs pouvant être exposés différents des groupes d’agents bio-
par exemple).
à des risques biologiques (Code du logiques pathogènes évoqués plus Les critères de DIFFÉRENTS TYPES DE
travail partie IV, livre IV titre II). haut, en fonction des risques qu’ils détermination de RISQUE BIOLOGIQUE
Les agents biologiques définis dans présentent pour l’Homme ou l’envi- la classe de l’insert Le simple fait de travailler au contact
le Code du travail sont des microor- ronnement (tableau II). sont définis dans d’un animal présente un risque
l’annexe II.5
ganismes, y compris les microorga- En fonction de leur groupe de risque potentiel de transmission d’agents
du manuel du
nismes génétiquement modifiés, et des conditions de manipulation, Haut Conseil des biologiques pathogènes de l’animal
les cultures cellulaires et les endo- 4 classes de confinement d’opéra- biotechnologies à l’Homme. Outre les risques infec-
parasites humains, qui sont suscep- tions ayant lieu dans des anima- [9]. tieux (risques zoonotiques, risques
tibles de provoquer une infection, leries ont été définies (art D. 532-3 3. Cellule ou liés aux animaux ayant reçu des
une allergie ou une intoxication du Code de l’environnement). Par organisme cellules humaines et à ceux abritant
(art. R. 4421-2 du Code du travail). exemple la classe de confinement recevant un des gènes étrangers), sera abordé ici
Les agents biologiques sont clas- 1 correspond à des lieux où s’effec- gène étranger ou le risque allergique.
dont l’expression
sés en quatre groupes de risque tuent des d’opérations mettant en L’évaluation du risque tiendra
d’un gène a été
infectieux croissant (art. R. 4421-3 du œuvre des OGM du groupe I dont modifiée. compte du statut sanitaire de l’ani-
Code du travail) (tableau I). le risque pour la santé humaine et mal, du danger de l’agent biolo-
Sont considérés comme agents bio- pour l’environnement est nul ou gique, des gènes ou des cellules ma-
logiques pathogènes les agents bio- négligeable. Ainsi pour la détermi- nipulés, du type de manipulations
logiques des groupes 2, 3 et 4 (article nation de la classe de confinement, pouvant exposer l’opérateur et des
R. 4421-4 du Code du travail). La liste il convient de connaître le groupe voies de transmission à l’Homme à

> TABLEAU I : CLASSEMENT DES AGENTS BIOLOGIQUES (ART. R. 4421-3 DU CODE DU TRAVAIL)
Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4
Susceptible de provoquer une maladie
non oui oui maladie grave oui maladie grave
chez l’Homme
Constitue un danger pour le travailleur sans objet oui danger sérieux danger sérieux
Risque de propagation dans la
sans objet peu probable possible élevé
collectivité
Existence d’une prophylaxie ou d’un
traitement sans objet oui généralement oui généralement non

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> TABLEAU II : CLASSEMENT DES ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS (OGM) (ART. D. 532-2 DU
CODE DE L’ENVIRONNEMENT)
Groupe I Groupe II Groupe III Groupe IV
Organisme récepteur ou parental, vecteur,
insert, OGM susceptibles de provoquer une
non - - -
maladie chez l’Homme, l’animal, les végétaux ou
de causer un effet négatif sur l’environnement
Agent biologique pouvant provoquer
- oui maladie grave maladie grave
une maladie chez l’Homme
Agent biologique constituant un danger pour
- oui danger sérieux danger sérieux
le travailleur
Agent biologique ayant un effet négatif sur
l’environnement - oui oui oui

Propagation de l’agent biologique dans


la collectivité - peu probable possible élevé

Existence d’une prophylaxie ou d’un


traitement efficaces - oui généralement oui généralement non

partir de l’animal ou de son environ- agents pathogènes génétiquement tiques (virus de la chorioméningite
nement : voie respiratoire, contact modifiés ou non sont excrétés et lymphocytaire – LCMV, hantavirus,
avec la peau ou les muqueuses (par contaminent la litière. parasites intestinaux).
les mains contaminées portées vers L'état sanitaire d'un animal, même
les yeux), contact avec une peau Risque zoonotique EOPS, n'est jamais une certitude car
lésée, par effraction cutanée (piqûre, Dans le cadre des animaleries de il repose sur des contrôles réalisés
morsure…), voie digestive (mains recherche, le risque zoonotique est par échantillonnage qui ne sont pas
contaminées portées à la bouche). minimisé par l’obligation régle- infaillibles. De plus une contamina-
mentaire d’assurer un suivi sani- tion peut survenir après le dernier
RISQUE INFECTIEUX taire des animaux afin de garantir contrôle négatif.
Il est essentiel d’identifier tous les leur état de santé et par l’impact Une recherche sur PubMed a per-
gestes à risque qui peuvent entraî- sur les résultats scientifiques que mis de retrouver quelques rares cas
ner une exposition accidentelle peut engendrer une étude sur des de zoonoses acquises auprès d’ani-
ou non et qui vont nécessiter des animaux contaminés [10]. Ces maux de laboratoire : à partir d’une
mesures de prévention. Parmi ces contraintes réglementaires et scien- morsure de rat (Streptobacillus mo-
gestes, on peut citer par exemple tifiques imposent donc, de fait, l’uti- niliformis), par contact cutané avec
ceux qui nécessitent l’utilisation lisation d’animaux sains [11] dont un rongeur (Trichophyton) et après
d’un scalpel ou d’une aiguille lors il est important de maintenir le blessure par un scalpel auprès d’un
d’une inoculation aux animaux. statut sanitaire. Ce risque pourrait cochon (hépatite E) [12 à 14]. Cepen-
Des griffures ou morsures peuvent exister seulement en cas de conta- dant, dans ces articles, l’origine
également survenir dans des expé- mination croisée accidentelle avec des animaux n’est pas précisée. Le
rimentations mettant en œuvre des les animaux sauvages. Des tests de cas d’une chercheuse contaminée
animaux. Ces accidents peuvent portage peuvent, selon les cas, être par une projection oculaire d’ori-
faire pénétrer des agents présents alors effectués chez ces animaux gine indéterminée dans la cage
chez l’animal ou entraîner des pour rechercher un microorga- d’un singe macaca mulata porteur
surinfections. Le change des cages, nisme particulier. Ainsi, dans les d’herpès B a donné lieu à la mise en
qui met des poussières en suspen- animaleries conventionnelles, les place de mesures de protection [15,
sion, peut être également une étape contrôles sanitaires périodiques in- 16], reprises dans l’encadré 2 pages
à risque, notamment lorsque des cluent la recherche d'agents zoono- suivantes.

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Risques biologiques
en animalerie de recherche

,Encadré 2

> CAS PARTICULIER DES RISQUES BIOLOGIQUES LIÉS AUX PRIMATES EN LABORATOIRE DE RECHERCHE
Le recours aux primates non humains (PNH) en recherche les expérimentateurs à des morsures, griffures et, du fait
reste essentiel dans la lutte contre certaines maladies qui de la difficulté de les contenir, au risque de piqûres ou de
touchent l’humain, en particulier les maladies infectieuses projections.
(Ebola, SIDA, tuberculose, hépatites, prion…) et les affections L’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation,
neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer…). Les modèles de l’environnement et du travail (ANSES) hiérarchise les
primates sont également indispensables dans la validation dangers sanitaires des PNH en laboratoire en distinguant
de l’efficacité et de l’innocuité de nouveaux médicaments particulièrement l’herpès B du macaque asiatique et la
[17]. Les PNH ne sont utilisés en laboratoire que si l’enjeu tuberculose [20]. Il faut rappeler que le risque herpès B
scientifique est pleinement justifié en regard du bénéfice pour peut être écarté pour les macaques cynomolgus originaires
la santé humaine et si aucune autre espèce animale ne peut de l’Île Maurice s’ils n’ont pas été mis en contact avec des
apporter l’information scientifique recherchée. macaques asiatiques. Une nuance est aussi apportée sur les
La réglementation définit les conditions d’approvisionnement rétroviroses (Simian immunodeficiency viruses SIV, Simian
en animaux, les modalités d’hébergement et de bien- T-Cell Leucemia Virus STLV…) dont le potentiel zoonotique n’est
être animal, la formation des personnels et l’évaluation pas avéré. Les experts ont écarté le risque d’hépatite virale B
éthique des projets (Code rural art. R. 214-87 à 126). Le bon mais souhaitent néanmoins attirer l’attention sur ce danger,
fonctionnement de la filière et l’atteinte d’objectifs (validation compte tenu de données récentes qui pourraient conduire à
de questions scientifiques sur modèle animal) impliquent la réévaluer ultérieurement cette exclusion.
maîtrise du statut sanitaire des animaux. Concernant les virus Ebola et Marburg dans la filière
Les principales espèces de PNH qui intéressent la recherche laboratoire, les exigences françaises ne permettent pas
biomédicale sont au nombre de sept : macaques cynomolgus, d’importer d’animaux en provenance de pays où des foyers de
macaques rhésus, babouins, singes verts, ouistitis, saïmiris, fièvre hémorragique sont déclarés. De plus, les procédures de
microcèbes ; les macaques représentant plus de 80 % des PNH quarantaine renforcées, aujourd’hui imposées aux primates à
utilisés. leur entrée en Europe, permettraient de détecter les animaux
Les PNH utilisés en France proviennent d’élevages agréés infectés (incubation de courte durée : 3-20 jours pour Ebola ;
situés soit en Europe soit dans des pays sources comme 3-9 jours pour Marburg) et de mettre en œuvre les mesures
l’Île Maurice ou l’Asie pour les macaques. Ces élevages ne nécessaires. Enfin, les primates utilisés en laboratoire en
prélèvent plus d’animaux dans la nature et assurent un suivi France ne peuvent pas être capturés dans la nature et sont
vétérinaire des animaux depuis leur naissance. Les flux sont soumis à un suivi sanitaire chez l’éleveur.
réalisés sous le contrôle des autorités compétentes au plan Des procédures sont ainsi mises en œuvre à toutes les étapes
international et national et s’opèrent dans le respect des de la filière laboratoire pour assurer une gestion sanitaire
normes de transport en vigueur. L’introduction en France de optimale des PNH. Les moyens de prévention, de détection
PNH en provenance de pays tiers est conditionnée par des et de lutte sont identifiés et permettent aux établissements
garanties sanitaires détaillées dans l’arrêté du 19 juillet 2002 concernés de réagir rapidement. Une surveillance reste
[18] qui exige que chaque PNH soit placé en quarantaine néanmoins de mise du fait du manque de fiabilité de certains
pré-export et soumis à des épreuves de dépistage pour tests sérologiques. Il apparaît donc primordial de mettre en
la tuberculose, l’herpès B, la rage et les entérobactéries place une continuité de surveillance sanitaire en animalerie, à
pathogènes (Salmonella, Shigella, Yersinia). À leur arrivée, savoir :
les PNH sont ensuite soumis, dans l’unité de recherche, à l nommer un référent vétérinaire compétent pour les espèces
une quarantaine de 30 jours minimum durant laquelle ces primates ;
tests peuvent être reconduits [7]. Les recommandations de l identifier et faire l’inventaire des animaux avec les
l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) [19] ou de certificats d’origine ;
la Fédération des associations européennes des sciences de l établir le rythme de suivi sanitaire et des analyses à
l'animal de laboratoire (FELASA) [5] permettent de guider entreprendre ;
les responsables sanitaires dans leur gestion des risques l s’assurer de la permanence des soins et des observations, et
inhérents aux PNH. Il faut garder à l’esprit la forte proximité réaliser des autopsies en cas de décès ;
phylogénique que l’Homme partage avec ces espèces et l mettre en place un plan d’action en cas d’épidémie animale
le manque de données ou d’outils diagnostiques pour (diarrhées, tuberculose) ;
exclure tout risque zoonotique. De plus les PNH restent l identifier les laboratoires d’analyse partenaires ;
des animaux sauvages, dangereux à manipuler, exposant l maîtriser l’envoi des échantillons en mode sécurisé ;

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l mettre en place les mesures de protection du personnel de macaques asiatiques. Il n’existe pas à l’heure actuelle
exposé (port d’équipements de protection individuelle - EPI, de vaccin contre l’herpès B. Il conviendra donc de mettre en
sédation des animaux…) ; place des procédures spécifiques en cas de morsure par les
l s’assurer du suivi médical régulier du personnel ; singes qui peuvent être porteurs, en tenant compte du fait
l établir une conduite à tenir en cas d’accident d’exposition que les PNH peuvent avoir une sérologie négative vis-à-vis
(morsure, griffure, projections sur muqueuses…) et s’assurer de l’herpès B et être néanmoins excréteurs. Par ailleurs,
que les personnels en sont correctement informés. les expositions peuvent être cutanéo-muqueuses à partir
Le suivi médical des personnels travaillant au contact des PNH de liquides biologiques, de tissus infectés ou de certaines
devra prendre en compte les spécificités décrites ci-dessus cultures cellulaires d’origine simienne. Dans un article daté
(dangerosité de ces animaux, proximité phylogénétique). Bien de 1998, le Center for Disease Control [15] rapporte le cas
que ces animaux arrivent après une quarantaine et malgré d’une chercheuse qui, entrant dans la cage d’un PNH, a reçu
la pratique de tests de dépistage dans les élevages d’origine, dans l’œil une projection d’origine indéterminée. La prise
il peut exister un risque de contamination (durant le trajet en charge initiale de la lésion oculaire en ophtalmologie
par exemple). Par ailleurs, les sérologies peuvent se positiver ayant retardé la mise en route du traitement antiviral, la
plusieurs jours après l’arrivée des animaux ou plus tard pour patiente est décédée quelques jours plus tard. Ce cas, pour
certains agents biologiques à incubation longue. lequel l’errance diagnostique a été finalement fatale, met
Trois infections sont à prendre en compte en particulier : en avant l’importance de la mise en place des protocoles à
l la tuberculose : la pratique d’un test IGRA (Interferon appliquer immédiatement en cas d’accident, en précisant
Gamma Release Assay) pourra servir de référence à l’embauche les médecins référents à contacter en urgence. En 2002,
(en particulier au contact de singes rhésus et grands Cohen et al. reprennent les mesures spécifiques à mettre
anthropoïdes) et lors du suivi en cas de risque identifié, en en place lors d’incidents ayant lieu au contact de certains
raison de la possibilité de transmission réciproque de la PNH. Ils insistent notamment sur le manque de fiabilité
tuberculose ; des sérologies effectuées chez le singe, qui rend difficile
l l’hépatite virale B : le vaccin contre le virus de l’hépatite B l’évaluation du risque, et recommandent, en cas d’incident,
(VHB) peut être recommandé en cas de contact avec des de considérer tous les singes comme potentiellement
grands singes. En effet, bien qu’il existe des variations porteurs. L’information des salariés est aussi essentielle.
antigéniques entre le virus VHB de l’Homme et celui des Les sources de contamination pouvant passer inaperçues,
grands singes (chimpanzés, bonobos), elles ne sont que les personnes travaillant au contact de PNH doivent être
partielles et le vaccin contre le VHB génèrera une réponse attentives à toute lésion vésiculaire et/ou épisodes fébriles.
immunitaire appropriée. Ils doivent dans ce cas savoir à qui s’adresser [16, 21].
l l’herpès B simien, en particulier lors du travail au contact

Risques liés à l’administration et des équipements de protection pour l’évaluation du risque en mi-
de microorganismes pathogènes individuelle (EPI), le traitement et lieu de travail.
pour l’Homme l’élimination de la litière ainsi que
Des études nécessitent parfois la conduite à tenir en cas d’accident. Risques liés à l’administration de
d’inoculer aux animaux des agents Par ailleurs, l’évaluation du risque cellules humaines
infectieux auxquels l’Homme tiendra compte des gestes effectués L’administration de cellules hu-
peut être sensible afin de créer un par le salarié (par exemple injec- maines se fait sur des animaux
modèle animal pathologique. Au tion). immunodéficients, essentiellement
moment de l’administration d’un Dans le cas particulier des parasites, des souris, pour y permettre la greffe
microorganisme pathogène pour seuls les stades du développement de cellules humaines. On parle d’ani-
l’Homme à un animal, plusieurs qui présentent un risque pour le tra- maux humanisés. La greffe de cel-
questions doivent être posées afin vailleur doivent conduire à mettre lules tumorales peut, par exemple,
d’évaluer le risque : en œuvre le niveau de confinement servir à étudier in vivo l’action anti-
l Y aura-t-il excrétion de ce patho- correspondant. Par exemple, seuls tumorale de nouvelles molécules.
gène ? certains stades de développement Afin d’évaluer les risques liés à ces
l Par quelle voie (salive, urines, du toxoplasme sont pathogènes manipulations, il faut tout d’abord
fèces…) ? pour l’Homme et seules les étapes considérer l’origine des cellules
l Pendant combien de temps ? de la manipulation mettant en jeu (organe, tissu…) qui détermine la
Les réponses à ces questions guident les formes potentiellement conta- présence potentielle de certains mi-
le choix du confinement de l’animal minantes seront prises en compte croorganismes (par exemple virus

MARS 2017 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 149 49


GRAND ANGLE
Risques biologiques
en animalerie de recherche

de l’hépatite B dans les cellules de microorganisme génétiquement donnée, amphotropes lorsque leur
foie). Le danger est lié à la présence modifié (MGM) ou encore d’ani- spectre d’hôte a été élargi à d’autres
potentielle de microorganismes pa- maux recevant des cellules généti- espèces, notamment humaine.
thogènes dans les cellules humaines quement modifiées. Ainsi, un vecteur murin écotrope,
greffées, surtout lorsqu’il s’agit de pouvant infecter uniquement des
cellules issues de patients. Dans de Animaux transgéniques cellules murines, ne comporte pas
nombreux cas, l’expérimentateur Il s’agit d’animaux dont le génome a de danger pour le personnel, à la dif-
n’aura pas ou très peu d’information été modifié de manière stable et qui férence du même vecteur ampho-
sur le statut sanitaire du donneur. vont transmettre cette modification trope [23].
Le risque est de voir se multiplier de à leur descendance. La transgénèse
manière incontrôlée dans l’animal consiste, dans certains cas, à expri- Animaux recevant un MGM
un microorganisme présent dans les mer un gène étranger ou surexpri- Il s’agit d’animaux non modifiés
cellules humaines. mer un gène, dans d’autres cas, à génétiquement (dits de souche sau-
Il faudra ici répondre à différentes réprimer l’expression d’un gène. vage) qui reçoivent un MGM. L’ana-
questions : On parlera d’animaux Knock in ou lyse de risque tiendra compte à la
l L’expérimentateur peut-il être Knock out. La plupart des animaux fois du vecteur viral et de l’insert en
au contact d’un microorganisme transgéniques ne présente pas de particulier s’il est de type B.
pathogène présent dans les cellules risque car le transgène n’est pas Dans la littérature, quelques cas
humaines ? « mobilisable », c’est-à-dire qu’il ne d’incidents avec des MGM ont été
l Cet agent biologique peut-il être peut pas sortir du génome où il a été retrouvés, notamment avec des vi-
excrété ? inséré. rus de vaccine atténués [24]. Des ac-
l Par quel biais peut-il y avoir une cidents se sont produits au moment
transmission à l’expérimentateur Animaux recevant des vecteurs d’injections de ces virus recombinés
(c’est-à-dire quels sont les modes viraux et utilisés comme vecteur. Dans
d’exposition possibles lors des mani- L’utilisation de vecteurs viraux a deux cas, l’insert s’exprime chez les
pulations : voie aérienne, contact…) ? pris un essor considérable. On uti- manipulateurs accidentés : produc-
l En cas d’accident, que sait-on du lise la propriété naturelle qu’ont les tion d’antigènes liés à l’insert chez
statut du donneur ? virus de pénétrer dans une cellule l’un et probable augmentation de
l Les cellules, souvent immortali- vivante pour transférer du matériel la virulence du vecteur par un insert
sées, pourront-elles se reproduire in génétique dans un animal, en y per- immuno-régulateur chez l’autre [25
situ chez le manipulateur ? mettant son expression. Le transfert à 27].
Le potentiel cancérogène de ces de gènes à l’animal peut se faire par
cellules en cas d’accident est mal administration du vecteur recombi- Animaux recevant des cellules
connu. Il a été rapporté un cas de nant, c’est-à-dire un vecteur auquel génétiquement modifiées
cancer méningé positif au virus un gène d’intérêt a été inséré. Les cellules sont génétiquement
SV40 chez une chercheuse ayant Certains vecteurs sont réplicatifs, modifiées par l’introduction d’un
été exposée à des cellules immor- c’est-à-dire qu’ils peuvent se multi- gène au moyen soit d’un vecteur
talisées par ce virus. Même si les plier dans l’animal. D’autres, défec- plasmidique, soit d’un vecteur viral.
souches de virus SV40 étaient iden- tifs pour la réplication, vont pouvoir Les risques seront évalués en fonc-
tiques, l’auteur précise qu’il existe infecter une cellule mais sans possi- tion de l’animal qui a reçu ces cel-
d’autres sources de contamination bilité de produire de nouvelles par- lules, du type de cellules (humaines,
mal connues par SV40 et que l’ori- ticules virales. Les plus utilisés sont simiennes…), du vecteur (plasmi-
gine professionnelle ne peut être des vecteurs défectifs issus soit de dique ou viral) et de l’insert présent
prouvée [22]. rétrovirus murins (Murine Leukemia dans les cellules génétiquement
Virus), soit de virus humains, tels modifiées.
RISQUES LIÉS AUX ANIMAUX que les lentivirus (virus de l’immu- Comme dans le cas des animaux
ABRITANT DES GÈNES ÉTRANGERS nodéficience humaine – VIH), adé- recevant des vecteurs viraux, si le
Différentes situations de travail novirus ou Adeno-associated Virus vecteur est défectif, les cellules ne
peuvent se rencontrer : la manipu- (AAV). peuvent pas produire de particules
lation d’animaux transgéniques, Les vecteurs sont qualifiés d’éco- virales.
d’animaux recevant des vecteurs tropes lorsqu’ils ne peuvent infec- Dans toutes ces situations liées aux
viraux, d’animaux recevant un ter que les cellules d’une espèce animaux abritant des gènes étran-

50 N° 149 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — MARS 2017


gers, pour évaluer le risque, notam- désinfectants (ammoniums qua- gestes chirurgicaux ou d’autopsie
ment en cas d’accident, il faudra se ternaires…), les produits de fixation ou lorsque les animaux sont déli-
poser les questions suivantes : (formaldéhyde…), les gants en latex bérément infectés avec des agents
l Le vecteur a-t-il un tropisme hu- (qui sont à prohiber), les poussières biologiques des groupes 2, 3 ou 4.
main ? de bois des litières, les aliments L’arrêté comporte des prescrip-
l Si non, a-t-il été modifié pour in- (granules alimentaires…), les objets tions pour la conception, l’aména-
fecter l’Homme (amphotrope) ? d’enrichissement du milieu (fibres gement des locaux mais aussi les
l Peut-il y avoir réplication du vec- de coton) [28]. pratiques opératoires. Le respect de
teur chez le manipulateur ? Les endotoxines présentes dans les l’ensemble de ces prescriptions doit
l Peut-il y avoir propagation de l’in- litières peuvent également, en cas assurer la protection des person-
fection ? d’empoussièrement important, être nels mais aussi de l’environnement
l Les gestes effectués par le salarié à l’origine de manifestations oculo- extérieur. L’accent est mis sur la né-
sont-ils de nature à le mettre en naso-bronchiques. Il ne s’agit pas cessité d'évaluer les risques afin de
contact avec ce vecteur viral ? cependant de processus allergiques déterminer les mesures techniques
l Peut-il y avoir intégration du gé- [29 à 31]. de prévention et de confinement
nome viral dans le génome cellu- à mettre en œuvre. L’évaluation
laire du manipulateur ? doit tenir compte, notamment, du
l Peut-il y avoir expression de l’in- classement des agents biologiques
sert dans les cellules infectées du PRÉVENTION pathogènes (tableau I), des mani-
manipulateur ? pulations réalisées mais aussi des
Le Code du travail édicte les princi- conditions d’exposition des travail-
RISQUE ALLERGIQUE pales règles d’évaluation des risques leurs [32].
La prévalence moyenne des phéno- pour les travailleurs ainsi que les À noter que l’arrêté du 4 novembre
mènes allergiques concernant les grands principes de prévention et, 2002 [33], concernant la protection
personnels travaillant dans les ani- notamment, la hiérarchisation des des travailleurs susceptibles d’être
maleries est comprise entre 20 et mesures de protection collective, en contact avec des agents biolo-
30 %. Il concerne surtout les rats et prioritaires sur les mesures de pré- giques pouvant être présents chez
les souris, mais également d’autres vention individuelle (art. L. 4121-2 du des animaux vivants ou morts, ne
espèces comme le lapin, le cobaye, le Code du travail). s’applique pas aux « laboratoires de
hamster [ 28]. Certains articles du Code du travail recherche et d’enseignement desti-
Certains élevages d’insectes, comme concernent plus spécifiquement nés aux animaux de laboratoire dé-
les drosophiles, peuvent également les activités mettant au contact libérément contaminés ou suscep-
être à l’origine de manifestations des animaux contaminés par des tibles de l’être par un ou plusieurs
allergiques chez 20 à 59 % du per- agents biologiques pathogènes (art. agents biologiques pathogènes ».
sonnel selon le type d’insectes [28]. R. 4424-7 et R. 4424-8) ou impliquant
Selon l’espèce animale considérée, l’utilisation délibérée d’agents bio- MOYENS TECHNIQUES
les sources principales d’allergies logiques (art. R. 4424-9). La configuration des locaux (zones
sont les urines, les phanères, le L’arrêté du 16 juillet 2007 [32] fixe d’élevage vs zones d’expérimenta-
sérum et/ou la salive. Si la sensi- les mesures techniques de préven- tion, circuit propre/circuit sale), la
bilisation se fait essentiellement tion, notamment de confinement qualité des matériaux utilisés, la
par inhalation, la voie oculaire et le à mettre en œuvre dans les labo- présence de sas, entre autres, jouent
contact cutané sont également en ratoires de recherche, d’enseigne- un rôle important dans la protec-
cause, et la sensibilisation à une es- ment, d’analyses, d’anatomie et tion des personnels.
pèce peut être un facteur de risque cytologie pathologiques, les salles
important de sensibilisation secon- d’autopsie et les établissements CONFINEMENT
daire (par exemple, certains rats et industriels et agricoles où les tra- Les installations sont classées en
souris présentent une albumine vailleurs sont susceptibles d’être différentes catégories :
allergénique commune) [28]. exposés à des agents biologiques l animalerie conventionnelle hé-
Il ne faut pas négliger d’autres fac- pathogènes. Il s’applique égale- bergeant des animaux dont la flore
teurs possibles d’allergies ou d’irri- ment aux locaux d’expérimenta- microbienne est susceptible de ren-
tations en animaleries qui ne seront tion animale (animaleries) dans fermer des organismes pathogènes
pas détaillés ici : les détergents et la mesure où y sont effectués des pour l’espèce ;

MARS 2017 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 149 51


GRAND ANGLE
Risques biologiques
en animalerie de recherche

l animalerie protégée hébergeant certaines grandes structures se réduire les mauvaises odeurs, de
par exemple des animaux EOPS [7] ; sont équipées de robots pour vider diminuer la concentration de gaz
l animalerie confinée dont les la litière des cages sales et remplir toxiques (ammoniac), de poussières
niveaux sont définis pour les OGM les cages propres avec le grammage (copeaux de sciure et endotoxines
dans le Code de l’environnement programmé, les machines à laver provenant des litières) et d’agents
(art. D. 532-2 et D. 532-3). En l’absence les cages des animaux ont pris une pathogènes, limitant ainsi l’exposi-
de règlementation spécifique aux dimension supérieure avec les tun- tion des techniciens. Cette ventila-
animaleries hébergeant des ani- nels de lavage. Le système d’abreu- tion contribue aussi à l'élimination
maux non OGM, le confinement des vement automatique des cages pro- de la chaleur et de l'humidité exces-
animaux infectés par des agents posé maintenant avec les portoirs sives tout en évitant les courants
biologiques pathogènes doit se ventilés réduit également le travail d'air, améliorant ainsi le confort des
rapprocher des niveaux de confi- du change puisqu’il supprime les salariés.
nements requis pour ces agents biberons. Le fonctionnement et la La filtration de l’air vient compléter
biologiques. De plus, certaines maintenance de ces matériels récla- ce dispositif. Celle de l’air entrant
activités (gestes chirurgicaux ou ment cependant une bonne techni- limite l’introduction de pathogènes
d’autopsie d’animaux, laboratoires cité des zootechniciens qui doivent issus de l’environnement et pro-
de recherche où sont utilisés déli- assurer l’entretien des animaux et tège ainsi les animaux. La filtration
bérément des agents des groupes des machines (photo 1). de l’air extrait au moyen de filtres à
2, 3 ou 4) imposent des mesures de haute efficacité particulaire (HEPA)
confinement [32]. GESTION DES FLUIDES évite une potentielle contamina-
La gestion des fluides, réfléchie lors tion de l’environnement.
ÉVOLUTION DES LOCAUX de la conception même des locaux, Les pressions différentielles entre
L’amélioration de la qualité sani- joue un rôle important dans la les locaux permettent de protéger
taire des animaux a entraîné une maîtrise des contaminations aéro- soit les animaux, soit l’environne-
évolution dans la conception des portées. ment mais pas systématiquement
animaleries actuelles. L’agrandisse- Les locaux d'hébergement doivent les travailleurs manipulant les ani-
ment des structures en surface et disposer d'un système de ventila- maux. Ainsi, la mise en surpression
en effectifs d'animaux s’est accom- tion approprié aux exigences des des locaux protège les animaux fra-
pagné d’une robotisation de cer- espèces hébergées, l'objectif étant giles (EOPS ou immunodéficients
taines tâches diminuant de ce fait d’assurer un air de bonne qualité. par exemple) des contaminants de
l’exposition des personnels. Ainsi, Le renouvellement d’air permet de l’environnement extérieur. À l’in-
verse, la mise en dépression protège
,Photo 1 l’environnement d’une contami-
Système de lavage des cages nation éventuelle à partir des ani-
maux.
© Serge Morillon/INRS

MODES D’HÉBERGEMENT
Les modes d’hébergement des ani-
maux ont évolué afin de répondre
aux contraintes de qualité sanitaire
des animaux mais aussi de rationa-
lisation de l’espace.
Il existe plusieurs modes d’héber-
gement assurant des niveaux dif-
férents de protection des animaux
mais également des personnels.
Lorsqu’il existe un risque biolo-
gique avéré, il est nécessaire d’éta-
blir un confinement primaire des
animaux, qui peut être obtenu par
l’utilisation de différents équipe-
ments en fonction du but recher-

52 N° 149 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — MARS 2017


,Photo 2
Cage classique avec mangeoire et biberon

travailler avec des animaux expéri-


mentalement infectés.

© Serge Morillon/INRS
Dans tous ces cas, le risque reste
néanmoins présent lors de la mani-
pulation de l’animal, qui nécessite
l’ouverture de la cage, exposant ain-
si l’expérimentateur.
Le mode d’hébergement assurant le
meilleur confinement de l’animal
reste l’isolateur : les animaux sont
hébergés dans des cages entrepo-
sées dans une enceinte isolée et
ventilée. La manipulation des ani-
maux se fait au moyen de gants
intégrés à l’enceinte. Les isolateurs
peuvent être mis en dépression, afin
d’éviter tout risque de fuite acciden-
ché (par exemple une cage ou un tilés IVC (Individually Ventilated telle de fluides vers l’extérieur de
isolateur spécifique). Cage) s’est largement développé l’enceinte, ou en surpression pour
Les rongeurs peuvent être hébergés (photo 3) : chaque cage à couvercle protéger au contraire l’intérieur
dans des cages classiques consti- filtrant est raccordée à un système de l’enceinte. Un autre système de
tuées d’un bac plastique recouvert de ventilation générale qui fournit protection de l’expérimentateur
d’une grille en acier inoxydable et extrait en permanence de l'air consiste non plus à confiner l’ani-
comprenant une mangeoire et un filtré (filtre HEPA). Chaque cage est mal mais l’expérimentateur qui
emplacement pour le biberon (pho- ainsi ventilée individuellement. revêt alors une combinaison venti-
to 2). Ces cages dites « ouvertes » Les portoirs ventilés sont devenus lée en surpression (scaphandre). Ce
autorisent des échanges entre l’air un mode d’hébergement classique système est utilisé dans les anima-
de la pièce et celui de la cage. Elles des animaleries protégées ou leries de confinement niveau 4 et
peuvent être complétées par un confinées puisqu’ils permettent de reste donc exceptionnel.
couvercle muni d’un filtre qui assure
alors une barrière supplémentaire
entre la cage et l'extérieur, réduisant
ainsi les risques de contamination ,Photo 3
des animaux, de l'environnement Portoir ventilé
et donc des salariés. Ce type de cage
permet de réduire également la
diffusion d'allergènes à l’extérieur
des cages. Si la cage n’est pas « ven-
tilée », le renouvellement d’air au
sein de la cage reste minime. La fré-
quence des changes de litière sera
de ce fait augmentée pour le confort
des rongeurs. À l’inverse, les portoirs
ventilés permettent de limiter cette
fréquence de change en assurant
un renouvellement d’air indépen-
dant pour chaque cage.
© Serge Morillon/INRS

Pour assurer un renouvellement


plus important de l’air à l’inté-
rieur de la cage tout en limitant
les échanges avec l’air ambiant, le
système de cages ou portoirs ven-

MARS 2017 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 149 53


GRAND ANGLE
Risques biologiques
en animalerie de recherche

La décontamination du matériel D’une manière générale, il est né- est soumise à différents textes ré-
après utilisation ou avant son intro- cessaire de ne pas « surprendre » glementaires.
duction dans l’animalerie est égale- un animal, de s’assurer qu’il a pris En fonction des catégories de dé-
ment un point clé pour maîtriser le conscience de la présence de l’ex- chets, différentes filières (DASRI –
statut sanitaire des animaux et pro- périmentateur avant d’établir un Déchets d’activité de soins à risque
téger l’expérimentateur. contact physique avec lui. La peur infectieux –, équarrissage…) doivent
ou la douleur peuvent être à l’ori- être respectées (tableaux III et IV)
HOTTES DE CHANGE, POSTES DE gine du comportement agressif [35]. En pratique et pour des raisons
SÉCURITÉ MICROBIOLOGIQUE d’un animal. C’est pourquoi il est de simplification des procédures,
La manipulation des animaux à important de connaître le compor- dans la plupart des laboratoires et
l’occasion du change ou de l’expé- tement normal d’un animal afin animaleries, la majorité des déchets,
rimentation représente un risque d’identifier ces états inconfortables y compris les pièces anatomiques et
biologique pour l’expérimentateur susceptibles de déclencher une les cadavres de petits animaux, sont
et l’animal. Afin d’assurer la pro- agression lors de la manipulation éliminés par la filière DASRI.
tection du manipulateur, de l’envi- et de mettre ainsi l’expérimenta-
ronnement et de l’animal contre teur en danger. En ce qui concerne NETTOYAGE ET DÉSINFECTION
les risques biologiques, ces gestes les rongeurs, de par leur petite Les locaux subissent un nettoyage
sont effectués sous une hotte de taille, l’expérimentateur est géné- humide de manière à éviter la mise
change (voir photo page 43). Un ralement amené à saisir l’animal en suspension de particules.
poste de sécurité microbiologique directement à la main et sa sécu- L’entretien et le nettoyage du maté-
de type II est utilisé lors de l’ino- rité (ainsi que celle de l’animal) est riel a évolué avec l’apparition de
culation et lors de prélèvements assurée par une maîtrise de la tech- cages jetables pouvant être inté-
ou d’autopsies d’animaux infectés nique de préhension/contention grées à des portoirs ventilés et sup-
lorsqu’un manipulateur peut être acquise auprès d’un tuteur. primant ainsi la zone laverie dans
exposé à des projections ou aéro- La prévention de ce risque passe l’animalerie. Cette option reste
sols [34]. avant tout par la formation des per- néanmoins encore limitée à des si-
Il existe des équipements utilisés sonnels sur les méthodes de conten- tuations particulières et restreintes
à la fois pour le change et la mani- tion adaptées à l’espèce manipulée. en effectifs d’animaux (zone confi-
pulation d’animaux infectés, per- Différents matériels permettent de née, quarantaine, animalerie de
mettant de faire varier la hauteur protéger le manipulateur lors de la proximité). Cela nécessite une aug-
du plan de travail selon la fonction contention d’un animal : mentation de la zone de stockage
choisie. l cages de contention avec une grille pour entreposer les cages.
Ces équipements de protection col- mobile permettant de réduire la sur- Qu’elle soit chimique ou thermique,
lective nécessitent des contrôles face de la cage en fonction de la taille la désinfection nécessite toujours
réguliers pour s’assurer du main- de l’animal et ainsi d’immobiliser des méthodes validées, appro-
tien dans le temps de leurs perfor- l’animal en vue d’un prélèvement priées aux microorganismes que
mances. ou d’une injection ; l’on cherche à inactiver et sera à
l lasso de contention ; prendre en compte dans l’évalua-
PRÉVENTION DES l gants renforcés avec manchettes… tion des risques au titre des risques
MORSURES ET GRIFFURES Des conduites à tenir doivent être chimiques et physiques.
Les risques de morsure ou de grif- présentes, affichées et connues par
fure restent présents et inhérents les personnels pour les mettre en LA DÉSINFECTION CHIMIQUE
à la manipulation d’un animal. œuvre en cas d’accident. La désinfection du matériel est inté-
Quel que soit le statut sanitaire de Toute griffure ou morsure par des grée dans les procédures d’entrée du
l’animal (sain ou infecté) ce risque animaux de laboratoire doit être matériel et après son utilisation.
doit être évalué. Si les dommages prise au sérieux et faire l'objet d'un L’utilisation de produits désinfec-
sont moindres dans le cas des ron- avis médicale pour une évaluation. tants peut se faire par application
geurs, ils peuvent être conséquents manuelle sur les surfaces avec des
en termes de dégâts tissulaires et ÉLIMINATION DES DÉCHETS gants adaptés ou en immergeant
risque infectieux avec des espèces À RISQUE BIOLOGIQUE le matériel dans un bain (décon-
de taille plus importante comme Comme pour les niveaux de confi- tamination de petit matériel type
les primates ou les chiens. nement, l’élimination des déchets instruments de chirurgie). L’effica-

54 N° 149 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — MARS 2017


> TABLEAU III : ÉLIMINATION DES DÉCHETS DANS DES ANIMALERIES D’ANIMAUX HÉBERGEANT DES AGENTS
BIOLOGIQUES NON GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS SELON LA RÉGLEMENTATION
Agents biologiques de groupe 1 Agents biologiques de groupe 2 Agents biologiques de groupe 3
Cadavres Animaux Équarrissage 1 Équarrissage 1 Équarrissage 1
Pièces anatomiques
Équarrissage 1 Équarrissage 1 Équarrissage 1
animales
Litières Inactivation* optionnelle avant Inactivation obligatoire avant
DIB
élimination en DASRI 2 élimination en DASRI 2
Déchets solides Inactivation optionnelle avant Inactivation obligatoire avant
DIB
élimination en DASRI 2 élimination en DASRI 2
Déchets liquides Inactivation optionnelle avant Inactivation obligatoire avant
Pas de contrainte
élimination en DASRI 2 élimination en DASRI 2
Effluents Pas de contrainte Inactivation optionnelle 2 Inactivation obligatoire 2

DIB : Déchets industriels banals ; DASRI : Déchets d’activité de soins à risque infectieux ; * thermique ou chimique
1. Articles L. 226-1 à 9 du Code rural et de la pêche maritime.
2. Arrêté du 16 juillet 2007 fixant les mesures techniques de prévention, notamment de confinement à mettre en œuvre dans les laboratoires de
recherche, d’enseignement, d’analyses, d’anatomie et cytologie pathologiques, les salles d’autopsie et les établissements industriels et agricoles où les
travailleurs sont susceptibles d’être exposés à des agents biologiques pathogènes.…

> TABLEAU IV : ÉLIMINATION DES DÉCHETS DANS DES ANIMALERIES D’ANIMAUX HÉBERGEANT DES MICRO-
ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS (MGM) SELON LA RÉGLEMENTATION
MGM de groupe I MGM de groupe II MGM de groupe III
Cadavres Animaux Équarrissage 1
Équarrissage 1
Équarrissage 1
Pièces anatomiques
Équarrissage 1 Équarrissage 1 Équarrissage 1
animales
Litières Inactivation* obligatoire avant Inactivation obligatoire avant
DIB 2
élimination en DASRI 2 élimination en DASRI 2
Déchets solides Inactivation optionnelle avant Inactivation optionnelle avant Inactivation obligatoire avant
élimination en DIB 2 élimination en DASRI élimination en DASRI
Déchets liquides Inactivation optionnelle avant Inactivation optionnelle avant Inactivation optionnelle avant
élimination en DIB 2 élimination en DASRI 2 élimination en DASRI 2
Effluents Inactivation non obligatoire 2 Inactivation non obligatoire 2 Inactivation optionnelle 2

MGM : microorganismes génétiquement modifiés ; DIB : Déchets industriels banals ; DASRI : Déchets d’activité de soins à risque infectieux ;
* thermique ou chimique
1. Articles L. 226-1 à 9 du Code rural et de la pêche maritime.
2. Article D 532-3 du Code de l’environnement renvoyant vers l’annexe IV de la Directive 2009/41/CE.

cité de cette technique repose sur maldehyde. Ils permettent de dé- BONNES PRATIQUES
le respect des concentrations et du sinfecter en surface le gros maté- D’HYGIÈNE ET EPI
temps de contact avec le matériel riel tel que les portoirs, l’ensemble Les bonnes pratiques d’hygiène
[36]. des matériels en entrée dans le cas sont la base de la prévention. Les EPI
La désinfection des locaux et des des animaleries protégées et les viennent compléter les mesures de
gros équipements se fait par DSVA matériels thermosensibles tels que prévention collective.
(désinfection de surface par voie les appareils électroniques.
aérienne) en utilisant des nébuli- CONSEILS DE BONNES PRATIQUES
sateurs générant de fines goutte- LA DÉSINFECTION THERMIQUE D’HYGIÈNE
lettes de produits désinfectants. La L’autoclavage du matériel et des dé- Une hygiène rigoureuse permet à la
DSVA se fait toujours hors présence chets permet d’inactiver les microor- fois de diminuer le risque infectieux
humaine. ganismes par la chaleur humide. Un et le risque allergique :
Les sas diffusant du peroxyde autoclave double entrée peut jouer l ne pas manger, fumer, boire ni
d’hydrogène ont maintenant pris un rôle de barrière en assurant une entreposer d’aliments dans l’ani-
le relais des sas vaporisant du for- désinfection en entrée et en sortie. malerie ;

MARS 2017 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 149 55


GRAND ANGLE
Risques biologiques
en animalerie de recherche

l se laver régulièrement les mains lier chez les agents travaillant au mesures de prévention collectives
après chaque tâche spécifique, contact des animaux tel que des af- et le port des équipements de pro-
avant de manger, boire, se frotter les fections cutanées qui favoriseraient tection individuelle (blouse, char-
yeux… ; la pénétration de microorganismes lotte, gants, masque). La formation
l porter une tenue de travail dédiée, ou s’opposeraient à une décontami- et l’information des salariés sur les
disponible à l’entrée de l’animalerie nation efficace, une grossesse ou un risques encourus au poste font éga-
et séparée des tenues de ville ; allaitement, des facteurs extra-pro- lement partie de la prévention. En
l prendre une douche en fin de fessionnels (tabagisme…), des anté- France, ces mesures sont intégrées
poste pour certains niveaux de cédents de terrain atopique, d’al- aux principes généraux de préven-
confinement [32]. lergie pré-existante aux animaux tion.
domestiques ;
PORT DES EPI l de repérer certains facteurs de RISQUE INFECTIEUX
La blouse ou la combinaison consti- risque d’allergie aux animaux de
tuent la tenue minimale, com- laboratoire liés aux conditions de RISQUE ZOONOTIQUE
plétée généralement par d’autres travail tels que le type d’activité, le Le suivi individuel dépend des es-
EPI (gants, masques, lunettes de temps d’activité au contact des ani- pèces animales manipulées et des
protection, charlottes et sur-chaus- maux, le nombre d’animaux mani- gestes effectués.
sures ou chaussures spécifiques) pulés (plus l’exposition aux aller- Comme expliqué plus haut, du
dont la catégorie sera déterminée gènes est importante, plus le risque fait du contrôle puis du maintien
en fonction du résultat de l’évalua- de sensibilisation augmente) ou la du statut sanitaire des animaux,
tion des risques [32]. Par exemple, répétition de gestes à risque. il n’y a en théorie plus de risque
le port d’un masque de protection Elle permet également d’informer zoonotique dans les animaleries
respiratoire peut être recommandé sur les risques infectieux ou aller- protégées EOPS. Ce risque peut
notamment lors de certaines mani- gique et, en particulier, sur l’intérêt éventuellement persister dans
pulations ou si une transmission de surveiller la survenue de certains les animaleries dites convention-
aérienne d’agents pathogènes est signes cliniques tels que des der- nelles. Les quelques cas de zoonose
possible. Pour garantir leur effica- matoses (allergies, mycoses…), des retrouvés dans la littérature ne pré-
cité, les EPI doivent être changés ou symptômes oculaires ou des voies cisent pas les conditions exactes
lavés régulièrement selon une fré- aériennes supérieures (larmoie- d’introduction des animaux. Ce
quence adaptée. ment, éternuements…), des signes risque doit particulièrement être
digestifs (diarrhées…), et d’en pré- pris en compte lors du travail au
ciser la rythmicité par rapport aux contact des primates non humains
activités de travail. (PNH) malgré toutes les précau-
SUIVI INDIVIDUEL DE Elle doit évaluer de plus les autres tions prises (cf. encadré 2 pp. 48-49).
L'ÉTAT DE SANTÉ risques non traités dans ce docu- Ce suivi et, en particulier, les exa-
ment (chimique, radioactif) et mens complémentaires à mettre
Le travail au contact d’animaux dans permettre d’évaluer le rapport des en place ainsi que la pratique de
les laboratoires de recherche en- salariés vis-à-vis du domaine parti- vaccinations seront adaptés au cas
traîne une exposition notamment culier de la recherche sur animaux par cas, comme par exemple l’indi-
aux risques allergique et infectieux. (éthique…) et leur niveau d’anxiété cation de vaccination contre l’hépa-
Si l’exposition aux rongeurs est une éventuel. tite B lors du travail au contact des
des causes d’allergie la plus fré- Le suivi individuel sera également grands singes.
quente chez les personnels travail- l’occasion de prescrire des examens Enfin, certains animaux sont
lant en animalerie de recherche, les complémentaires à envisager au cas réceptifs aux agents biologiques
conditions de surveillance sanitaire par cas, en fonction de l’évaluation pathogènes infectant l’Homme
des animaux assurent en général du risque. En France, de manière gé- et pourraient devenir porteurs de
une maîtrise satisfaisante du risque nérale, les sérologies systématiques certaines maladies contractées
infectieux [28]. et la constitution de sérothèques ne au contact des personnels (tuber-
Le suivi individuel permet égale- sont pas recommandées. culose, rougeole chez les jeunes
ment : Le suivi individuel permettra, en- PNH), puis contaminer d’autres
l de prendre en compte l’existence fin, de sensibiliser le salarié sur les personnes. C’est particulièrement
éventuelle d’un terrain particu- bonnes pratiques d’hygiène, les le cas des grands singes dont la

56 N° 149 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — MARS 2017


proximité phylogénétique avec rale, doit être à jour. concernent essentiellement les
l’Homme est importante. Le suivi Certaines vaccinations pourront mesures à prendre pour éviter leur
individuel est l’occasion de sensibi- être envisagées en complément des propagation dans l’environnement
liser les personnels sur cette ques- mesures de protection collectives [9, 37, 38]. Il n’a pas été retrouvé
tion, voire de prendre certaines et individuelles mises en place. Des de recommandation française ni
mesures de prévention adaptées. recommandations de vaccination étrangère sur la conduite à tenir en
contre certains pathogènes sau- cas d’accident avec un animal por-
RISQUE LIÉ À L’ADMINISTRATION vages ou modifiés qui sont admi- teur d’OGM ou un microorganisme
D’AGENTS BIOLOGIQUES PATHO- nistrés aux animaux seront à discu- génétiquement modifié .
GÈNES OU DE CELLULES HUMAINES ter au cas par cas (rage, fièvre jaune,
CHEZ DES ANIMAUX SAINS encéphalite japonaise…). RISQUE ALLERGIQUE
Le suivi individuel est condition- Le cas particulier des PNH est traité Différents types de manifestations
née par la nature des agents bio- dans l’encadré 2 pp. 48-49. allergiques peuvent se rencontrer.
logiques pathogènes administrés La période de sensibilisation, donc
aux animaux et des gestes effectués RISQUES LIÉS À sans symptôme clinique, peut être
par les personnels. Il convient alors L’ADMINISTRATION longue et durer parfois même plu-
d’être attentif au classement des D’OGM À DES ANIMAUX sieurs années.
microorganismes pathogènes pour SAINS ET AUX ANIMAUX Les manifestations les plus fré-
l’Homme (cf. tableau I p. 46). TRANSGÉNIQUES quentes sont la rhinite, la conjonc-
L’administration d’agents patho- Comme dit précédemment, il tivite, le prurit oculaire. La symp-
gènes à des animaux sains doit convient de se référer à la classifi- tomatologie oculo-nasale débute
donner lieu à une évaluation des cation des animaux pouvant être en général dans les minutes qui
risques rigoureuse. Le risque dépen- infectés par des agents pathogènes suivent le contact avec l’allergène et
dra du microorganisme, de sa voie génétiquement modifiés ou relar- persiste pendant plusieurs heures.
d’excrétion par l’animal, des voies guant des particules infectieuses L’évolution vers un asthme aller-
de transmission à l’Homme et des potentiellement dangereuses pour gique, stade le plus grave de l’aller-
gestes effectués sur l’animal. L’éva- l’Homme. L’administration de cel- gie, survient dans près d’un tiers des
luation des risques permettra de dé- lules transduites avec des vecteurs cas quelques mois à années après la
finir les examens complémentaires possiblement réplicatifs est égale- rhinite.
qui paraissent indispensables (par ment à prendre en compte. Les manifestations cutanées
exemple pour la tuberculose) et de Une attention particulière doit être peuvent être d’apparition immé-
discuter de l’indication de certaines portée aux souris humanisées im- diate comme l’urticaire de contact.
vaccinations quand elles existent munodéficientes de type SCID (Se- Les dermatites de contact aux pro-
(par exemple fièvre jaune, rage…) en vere combined immunodeficiency) téines des animaux répondent à un
fonction des manipulations suscep- pouvant être porteuses de microor- mécanisme de sensibilité immé-
tibles d’exposer à ce type d’agent. ganismes potentiellement patho- diate. Les réactions à type d'eczéma
Par ailleurs, les conduites à tenir gènes pour l’Homme et pouvant de contact sont provoquées le plus
en cas d’accident devront être anti- excréter des agents biologiques souvent par des agents de vulcani-
cipées et rédigées en fonction du pathogènes de manière chronique. sation des gants, des ammoniums
risque. Le suivi de l'état de santé, notam- quaternaires présents dans des pro-
La manipulation de cellules hu- ment grâce au suivi par des exa- duits détergents et désinfectants,
maines dont le statut est parfois mal mens complémentaires et la ou le formaldéhyde.
connu doit donner lieu à la même conduite à tenir en cas d’accident, La survenue d’une réaction œdéma-
évaluation (voies de transmission seront à envisager au cas par cas. teuse et prurigineuse autour d’une
notamment) et les accidents doivent Dans tous les cas, la collaboration morsure ou griffure « banale » est
être traités comme tout accident avec le responsable de l’animalerie couramment observée.
exposant au sang (AES). permet de s’assurer de l’état sani- Lors de l’évaluation du risque, il est
taire des animaux, des contrôles ef- important pour le médecin de se
VACCINATIONS fectués et d’éventuelles pathologies renseigner sur la proximité phylo-
La vaccination contre la diphtérie, qui ont pu être dépistées. génique de certains animaux et de
le tétanos et la poliomyélite (dTP), En France comme à l’étranger, les s’interroger sur la possibilité d’al-
recommandée en population géné- recommandations sur les OGM lergies croisées entre différentes

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GRAND ANGLE
Risques biologiques
en animalerie de recherche

sortes de rongeurs par exemple. cutanés (indisponibles depuis sition à des microorganismes ayant
L’atopie semble constituer un fac- quelques années pour le rat et la un impact sur l’enfant à naître. L’ar-
teur favorisant, en particulier s’il souris mais encore possibles pour ticle D. 4152-3 du Code du travail in-
existe une sensibilisation anté- le lapin, le cobaye, le hamster…), terdit d’exposer au risque de rubéole
rieure aux allergènes d’animaux épreuves fonctionnelles respira- ou de toxoplasmose les femmes en-
domestiques [28]. Cependant, les toires (EFR), tests de provocation ceintes qui ne sont pas immunisées.
facteurs de risque sont essentiel- bronchique non spécifique, voire Seule une étude de poste peut per-
lement liés au niveau d’exposition des tests de provocation nasale ou mettre de répondre à la question
à l’allergène, au nombre d’espèces bronchique spécifique dont la réa- du maintien au poste de travail.
manipulées et à la durée de l’ex- lisation n’est possible que dans cer- Si les risques pour la grossesse ne
position (en moyenne > 5h/j) [28]. tains hôpitaux [29]. peuvent être contrôlés par une pré-
L’atopie n’est pas une contre-indi- Une fois le diagnostic établi, les dé- vention collective renforcée et/ou
cation au poste. cisions de maintien au poste avec par une prévention individuelle, un
Dans tous les cas, l’interrogatoire aménagement des conditions de changement de poste temporaire
a ici une place particulièrement travail seront à discuter au cas par doit être envisagé (art. L. 1225-7 du
importante dans la recherche d’une cas. Pour être protégé du risque de Code du travail).
étiologie. Au-delà, le diagnostic sensibilisation aux allergènes des La maîtrise du risque infectieux
positif d’une allergie respiratoire animaux de laboratoire, seuls les dans les animaleries de recherche
repose sur la recherche de signes masques de protection respiratoire par les moyens de prévention mis
évocateurs tels que dyspnée, toux de type FFP 2 ou FFP 3 sont efficaces. en place devrait généralement
pouvant survenir par quintes, sif- Un terrain atopique ou un asthme permettre à une femme enceinte
flements, oppression thoracique, pré-existant ne permettent pas, de conserver son poste de travail
réveils nocturnes, surtout s’ils sont à eux seuls, d’écarter le salarié du eu égard cependant à d’autres
rythmés par le travail. Des examens travail avec les animaux de labora- contraintes. En effet, il est égale-
complémentaires pourront être toire ; cependant cela entraînera une ment nécessaire de rechercher les
proposés en fonction de l’impor- attention particulière lors du suivi. risques d’exposition à des subs-
tance des signes cliniques et de Il conviendra, enfin, d’expliquer au tances cancérogènes, mutagènes
l’orientation diagnostique, même salarié l’intérêt d’informer le méde- ou surtout toxiques pour la repro-
s’il n’existe pas de test prédictif pour cin du travail en cas d’apparition des duction, à des radioéléments, ou
le développement d’une allergie premiers symptômes. encore le port de charges lourdes.
aux animaux de laboratoire qui soit À noter, les tableaux de maladies L’idéal est d’intégrer les projets de
fiable. professionnelles n° 66 du régime grossesse à l’évaluation des risques
Certains examens d’orientation général et n° 45 du régime agricole en informant les salariées de l’in-
diagnostique sont facilement réa- reconnaissent l’origine profession- térêt de signaler précocement au
lisables, comme la numération for- nelle de l’asthme au contact des médecin du travail tout projet de
mule sanguine (NFS) (comptage animaux. grossesse.
des éosinophiles peu spécifique) ou
la spirométrie. En cas de suspicion CAS PARTICULIER DES CONDUITE À TENIR EN CAS
d’asthme lié au travail, la mesure FEMMES ENCEINTES D'ACCIDENT : MORSURE,
régulière du débit expiratoire de Le médecin du travail est seul juge GRIFFURE PAR UN ANIMAL…
pointe (DEP) ou peak flow 3 fois par de la nature et de la fréquence L’affichage de conduites à tenir en
jour, au travail et pendant les pé- des examens médicaux que com- cas d’exposition accidentelle au
riodes de repos sur une durée de 3 porte la surveillance médicale des risque infectieux est impératif, de
à 4 semaines (feuille de suivi) peut femmes enceintes. Il peut proposer même qu’il est particulièrement
être intéressante mais ne permet- des aménagements de poste ou un important de s’assurer que chaque
tra pas de statuer sur le mécanisme changement temporaire d’affecta- salarié a bien compris les consignes
allergique des manifestations. tion en cas de nécessité. qu’il doit être en mesure d’appliquer
D’autres examens plus spécifiques L’évaluation des risques au poste de efficacement. En effet, la rapidité et
pourront être envisagés en milieu travail est ainsi fondamentale. En la pertinence des premiers soins
spécialisé : recherche d’immuno- cas de grossesse, il est nécessaire de constituent dans ce cas des moyens
globulines E (IgE) spécifiques, tests chercher s’il existe un risque d’expo- de limiter le risque infectieux.

58 N° 149 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — MARS 2017


En plus des mesures générales pré- des animaux, à l’inverse des risques
conisées, des conduites à tenir spé- liés à l’administration à l’animal de
cifiques seront mises en place en microorganismes pathogènes pour
fonction de la nature des agents l’Homme, qu’ils soient génétique-
biologiques pathogènes concernés. ment modifiés ou non. Par ailleurs,
Un examen sérologique, en fonc- les phénomènes allergiques liés aux
tion des microorganismes inoculés animaux et à leur environnement
à l’animal (arbovirus par exemple), sont également très présents.
peut ainsi s’avérer nécessaire (séro- Le suivi médical est établi au cas par
logies ou PCR). cas en fonction de l’évaluation des
Il convient, dans un premier temps, risques. Une attention particulière
de vérifier la validité des vaccina- doit être portée aux protocoles à
tions préconisées suite à l’évalua- mettre en place lors de tout incident
tion des risques. ou accident susceptible de survenir
Vérifier le statut sanitaire de l’ani- lors de la manipulation d’OGM ou
mal permet de mettre en place des d’agents biologiques, ainsi qu’en
mesures adaptées. Une orientation cas de morsure ou de contact direct
vers un service spécialisé peut s’avé- avec des liquides biologiques.
rer nécessaire (exploration chirurgi-
cale, mise en place d’un traitement
antibiotique, avis ophtalmologique
ou d’un infectiologue…).
Par ailleurs, lorsque des cellules hu- Remerciements
maines sont en jeu, l’accident pour- Les auteurs remercient I. Balty
ra être pris en charge au même titre et C. David du département
qu’un accident exposant au sang Expertise et conseil technique de
(AES) (annexe 1). l'INRS, ainsi que M.C. Bayeux-
Dans le cas de l’utilisation de vec- Dunglas du département Études
teurs viraux réplicatifs, il est essen- et assistance médicales de l'INRS,
tiel d’avoir au préalable intégré dans pour leur relecture attentive.
la démarche le médecin référent de
l’hôpital le plus proche.

POINTS À RETENIR
CONCLUSION
Le risque biologique en expérimentation animale a évolué avec
L’expérimentation animale a récem- l’organisation des animaleries et l’évolution des techniques.
ment évolué à la fois du fait de nou- Le risque zoonotique est moins présent du fait de la maîtrise
velles techniques liées à la recherche du statut sanitaire des animaux.
et de la réglementation sur le bien- Les risques liés à l’administration d’organismes
être animal. La mutualisation des génétiquement modifiés doivent être pris en compte.
animaleries, l’évolution des métiers
et des compétences des personnels, Le travail auprès des primates est devenu rare mais reste une
la standardisation de la qualité sani-
préoccupation pour les préventeurs et les services de santé au
travail.
taire des animaux ont accompagné
cette évolution. Parallèlement, la Le suivi médical est à adapter au cas par cas en fonction d’une
caractérisation du risque biologique évaluation des risques rigoureuse.
a également changé. Le risque zoo- Il est essentiel de prévoir à l’avance des protocoles de
notique est moins présent du fait conduites à tenir précises en cas d’accident.
de la maîtrise du statut sanitaire BIBLIOGRAPHIE
ET ANNEXE

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GRAND ANGLE
Risques biologiques
en animalerie de recherche

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nnn

MARS 2017 — RÉFÉRENCES EN SANTÉ AU TRAVAIL — N° 149 61


GRAND ANGLE
Risques biologiques
en animalerie de recherche

ANNEXE 1 CONDUITE À TENIR EN CAS


D’ACCIDENT AVEC EXPOSITION AU SANG
L'affiche est disponible sur le site de l'INRS sous la référence A775 (www.inrs.fr)

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