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Nous – FM – avons la Solidarité comme étendard : comment

promouvoir ce principe ?

La crise sanitaire à laquelle l’humanité a fait face nécessitait une solidarité mondiale sans précédent et exigeait
une réponse d’urgence. C’était le moment de jeter les bases d’un monde plus solidaire et résilient face à ce défi
(et face à ceux à venir). Cependant, les pays sont entrés en compétition, vu que les ressources étaient en
quantité limitée : je parle des masques, des tests, des respirateurs ou, potentiellement, des traitements. Alors,
nous avons vu la mise en place d’un véritable « coronabusiness » … Si nous avons vécu de réelles actions
solidaires au niveau de la population, nous ne pouvons pas en dire autant au niveau des nations.

1. Qu’est-ce donc que la solidarité ?

La solidarité est sans cesse invoquée aujourd’hui. Elle a acquis le statut d’un principe de droit et apparaît
dans les traités européens. Mais de quoi s’agit-il au juste ? D’un sentiment de sympathie qui nous porte
à l’entraide ? De la réalité d’une interdépendance entre tous les humains ? Peut-être d’une valeur
morale ? Voire d’une obligation morale ?

Léon Bourgeois1 définissait la solidarité au « centre de la liberté personnelle et la responsabilité de


tous ». De nos jours, la solidarité serait plus individualiste, axée sur la garantie des droits de tout un
chacun. De responsabilité réciproque, nous passons à l’affirmation des droits individuels ; sans oublier
qu’elle a tendance à se réduire à une politique d’assistance aux plus démunis.

Sur le plan mondial, nous faisons face à des menaces sanitaires et environnementales, nous prenons
conscience que nous formons une seule humanité et que, si nous sommes solidaires de nos
contemporains, nous le sommes aussi des générations futures.

Alors, nous vivons une situation difficile depuis quelques mois, et la question se pose de comment
pratiquer la solidarité. En l’intégrant dans un projet commun ? Comment concilier le déploiement des
entreprises et les garanties d’équité ? Car, nous voyons que les médias émeuvent le citoyen sur les
situations de détresse en privilégiant l’empathie et le compassionnel, mais font passer au second plan
les raisons de ces situations.

2. Quand est-il de la solidarité en ces temps de crise ?

Qu’avons-nous vécus durant cette épidémie au niveau de la solidarité ? Si nous parlons des
populations, des solidarités se sont mises en œuvre entre membre de la famille ou entre voisins, même
entre entreprise et organismes d’entre aide. Je peux citer certains restaurants qui, pour éviter le
gaspillage alimentaire, ont distribué leur stock alimentaire à des organisations telles le Secours

1
Homme politique français, Président du Sénat de 1895 à 1896, puis Ministre de l’intérieur. Il fut membre fondateur de
la Société des Nations dont il a été président. Prix Nobel de la Paix en 1920 et auteur de Solidarité ; Paris ; Armand
Colin et Cie, 1896. Il fut membre du GODF.
Populaire, les hôpitaux ou Restos du Cœurs. Des associations de service à la personne sont restées
en première lignes en s’organisant pour assurer la continuité de leurs services auprès des personnes
dépendantes. Certaines enseignes de distribution ont réservé des plages horaires pour les personnes
à risque ou le personnel soignant, d’autres ont mis en place des numéros verts pour commander des
paniers de première nécessité qui étaient livrés gratuitement… Des solidarités se sont aussi mises en
place pour alléger le quotidien durant la période de confinement… Des chaînes payantes ont proposés
des contenus gratuitement, des sites ludiques ou éducatifs ont aussi ouvert leurs accès afin d’occuper
les enfants ou d’assurer la continuité pédagogique.

Maintenant, que s’est-il passé au niveau des états ? Le bilan est bien moins reluisant. Par exemple,
nous avons vécu une véritable compétition pour l’achat des masques. Chacun accusant l’autre de
renchérir pour les obtenir. Prenons l’exemple des États-Unis, accusés par la France de régler en
espèce, directement sur le tarmac chinois, les masques achetés par la France, afin d’obtenir les cartons
« tant convoités »… Bien entendu, les États-Unis ont démentis ; ils ont même été accusés de faire du
business sur la détresse des gens2… Pourtant, l’État Français s’est comporté de la même façon
quelques jours plus tard, en réquisitionnant sur le tarmac de l’aéroport de Mulhouse, deux millions de
masques destinés à la région Bourgogne-Franche-Comté…

Je disais, un peu plus haut, que la solidarité était inscrite dans les traités européens… Voici trois
exemple de « solidarité »…
- Les masques réservés par la République Slovaque ont été livrés à l’Allemagne, un intermédiaire
ayant surenchéri3…
- D’autres masques, destinés à l’Italie, ne sont jamais arrivés, tout simplement volés par la République
Tchèque ; les autorités locales ont récupéré les masques pour les donner aux autorités4…
- La France n’est pas la dernière à mettre en avant ce comportement. Notre pays ayant réquisitionné
des masques d’une société suédoise, destinés à l’Espagne et à l’Italie… Justifiant même cet acte
sur la base d’un décret de réquisition, permettant, en temps de guerre, de saisir tous les stocks de
produits se trouvant sur le territoire français…

Nous voyons que la compétition pour l’achat des masques a été sans pitié et que la solidarité entre les pays
n’y a pas trouvé pas sa place. Cet épisode en dit long sur les pratiques agressives de certains états.

3. Pour nous, Francs-Maçons, qu’est-ce que la solidarité et comment devons-nous la


vivre et la transmettre ?

Dans l’article premier de nos statuts, il est écrit que la Franc-Maçonnerie est une institution
essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, qu’elle a pour objet la recherche de la
vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité. Dans le rite français, tout nouvel initié promet

2 Dixit la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse


; in « Le Parisien » du 2 avril 2020
3 Journal « Sud-Ouest » du 3 avril 2020
4 France Info du 22 mars 2020
de mettre en pratique et en toute circonstance la grande loi de la solidarité humaine. L’importance de
cette valeur se mesure actuellement, dans notre monde en tourmente.

Tout Franc-Maçon fait de la pratique de la solidarité une règle incontournable, cette pratique, débutée
en loge, continue à l’extérieur de celle-ci, traduisant matériellement notre croyance en la tolérance
mutuelle, tout autant que notre respect des autres et le respect de la liberté de conscience.

Un exercice, tout autant périlleux que redoutable, est de faire prendre conscience à tout un chacun de
l’obligation solidaire qu’il a vis-à-vis de son autre (personne, pays ou entreprise). Comment faire prendre
conscience ? Déjà en pratiquant nous-même la solidarité de par notre comportement, démontrer que
philosopher sur la solidarité ne suffit pas, que celle-ci doit être mise en action, et ce, à tous les niveaux.
Être solidaire, c’est penser l’avenir, prévoir, protéger, instruire et donner les outils nécessaires à chacun
lui permettant de devenir autonome. La pratique de la bienveillance, de l’empathie et de la compassion
est très certainement une aide. Ce sont des vertus que nous pratiquons en Loge, à nous de continuer
à l’extérieur « le travail débuté en Loge », chacun à son niveau et avec ses moyens, les petits ruisseaux
faisant les grandes rivières.

La période que nous venons de vivre – elle n’est certainement pas terminée – a mis à rude épreuve les
belles résolutions de solidarités. Elle nous a même démontré, surtout au niveau des états, qu’en période de
crise, il n’y en a pas et que « c’est chacun pour soi ». Or, le « chacun pour soi » laisse toujours des victimes.
Apprenons à élever notre conscience, montrons que nous ne sommes pas une civilisation primitive… Car,
si nous voulons que notre monde change, il devra y avoir du neuf ! Commençons déjà par considérer les
intérêts des autres comme nos propres intérêts, et ce sera un pas de géant… La Franc Maçonnerie nous y
aide et nous permettra de franchir la porte que représente ce pas.

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