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DE MEYER, Bernard, « "Écriture préemptive" et "littérature-monde" : la jeune littérature africaine d’expression française », French Studies in Southern Africa, no 40. 2010, pp. 19-36.
DE MEYER, Bernard, « "Écriture préemptive" et "littérature-monde" : la jeune littérature africaine d’expression française », French Studies in Southern Africa, no 40. 2010, pp. 19-36.
DE MEYER, Bernard, « "Écriture préemptive" et "littérature-monde" : la jeune littérature africaine d’expression française », French Studies in Southern Africa, no 40. 2010, pp. 19-36.
« Écriture préemptive » et « littérature-monde » :
la jeune littérature africaine d’expression française
Bernard De Meyer (University of KwaZulu-Natal)
Abstract
Two important manifestos on literature were published almost
simultaneously in 2007 : “Pour une ‘littérature-monde’ en français” in the French newspaper Le Monde by Michel Le Bris and numerous other French-speaking writers, and a three- hundred page essay Manifeste d’une nouvelle littérature africaine by the Cameroonian writer and critic Patrice Nganang. While the first manifesto has had a lot of repercussions in the “francophone” world, the second one went almost unnoticed. By comparing the manifestos, the aim of this article is to contribute towards paradigms through which novels by the young generation of African authors writing in French could be classified and analyzed. After a brief description of the Le Bris manifesto, Nganang’s critical essay on “preemptive writing” in post-genocide (1994) fictional works will be studied in some detail. The three key concepts of memory, (literary) field and francophonie will be used to define the literary works in French produced on the African continent in the twenty-first century. The conclusion will propose that the notion of postcolonial francophone studies be revisited.
Keywords: manifesto; Nganang; Le Bris; African literature in
French; political commitment; memory; francophone literary field Mots clés: manifeste ; Nganang ; Le Bris ; littérature africaine d’expression française ; engagement ; mémoire ; champ littéraire francophone
French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36 19
« Écriture préemptive » et « littérature-monde » Deux manifestes
Alors que quarante-quatre écrivains ont signé le manifeste « Pour
une ‘littérature-monde’ en français » paru dans Le Monde du 16 mars 2007, l’écrivain et théoricien de littérature camerounais Patrice Nganang a publié pendant la même période un Manifeste d’une nouvelle littérature africaine (Nganang 2007) dans lequel il défend le concept de « l’écriture préemptive », qui devrait rendre impossible toute récurrence sur le continent africain d’un désastre de l’ampleur du génocide au Rwanda en 1994. La comparaison entre ces deux textes, tant au niveau de la forme que du contenu, permettrait d’approfondir la réflexion sur la jeune littérature africaine en langue française, celle des « enfants de la postcolonie », selon l’expression heureuse d’Abdourahman Waberi (1998), et de préciser la place de celle-ci à l’intérieur d’une entité littéraire sensiblement plus large, au niveau mondial. Situés aux deux extrêmes du concept même de « manifeste » – l’un étant un pamphlet cosigné et publié dans un journal d’opinion et de grande diffusion, et l’autre un essai de plus de trois cent pages diffusé par un éditeur parisien peu connu, Homnisphères1 – les deux documents, malgré leurs différences, soulignent le retour de la littérature vers « le monde, le sujet, le sens, l’histoire, le ‘référent’ » (Le Bris 2007), notions qu’il s’agira cependant de nuancer.
Il semble que Nganang n’avait pas connaissance du Manifeste
des quarante-quatre en rédigeant son texte théorique, et il n’en est certainement pas un signataire (il remercie cependant l’un de ceux-ci, Alain Mabanckou, dans la dédicace de son ouvrage). Les deux productions sont toutefois complémentaires à plus d’un égard. Comme indiqué, ils se trouvent aux deux extrémités de la notion de manifeste, bien qu’il faille signaler que celui paru dans Le Monde se situe dans une évolution, étant précédé du festival Étonnants Voyageurs, rencontre annuelle d’écrivains organisée 20 French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36 « Écriture préemptive » et « littérature-monde » depuis 1990 par Michel Le Bris, et de la collection d’essais sur la littérature du voyage, Pour une littérature voyageuse, publiée chez l’éditeur Complexe à Bruxelles en 1992, et dans laquelle Le Bris dénonce une certaine littérature française trop préoccupée par le moi et un formalisme fouillé, auquel il oppose, de façon encore mal structurée, les écrits d’écrivains « bourlingueurs ». De plus, le manifeste de 2007 est suivi d’un volume publié chez Gallimard, Pour une littérature-monde (Le Bris & Rouaud 2007), auquel un nombre assez important de signataires du manifeste, et quelques autres écrivains, ont collaboré. Or, et cela se complique un peu, c’est grâce à l’entreprise éminemment médiatique, un article dans Le Monde des livres, que tout ce qui touche d’un point de vue théorique à la nouvelle littérature en français et son lien à la francophonie est sorti de l’indifférence et de l’anonymat. Le volume de Nganang est par contre un ouvrage isolé – dont les prolégomènes ont paru sous forme d’article, également dans Le Monde (en 2003) – et c’est le Manifeste publié et signé par des écrivains renommés venant d’horizons différents qui a permis la diffusion du concept et de la notion de « littérature-monde ». Répondant à cet engouement, deux colloques, l’un à Tallahassee, organisé par le Winthrop-King Institute for Contemporary French and Francophone Studies, et l’autre à Alger, ont eu lieu presque simultanément en février 20092, moins de deux ans à peine après la parution du Manifeste, et des commentaires se font régulièrement dans le monde universitaire et au-delà3. Cependant, le rapprochement entre les deux manifestes n’a pas encore été fait jusqu’à présent, et c’est l’un des objectifs de cet article.
Les positions du manifeste sur la littérature-monde sont assez
connues et extensivement analysées ; je ne ferai que les brosser rapidement4. Elles répondent au mot d’ordre de Michel Le Bris depuis plus de deux décennies : « ouvrir la littérature française à tous les vents du monde ». L’année 2006 semble confirmer pour lui, par l’attribution de la majorité des prix littéraires de
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » l’automne à des écrivains originaires d’outre-Hexagone, que les écritures « de la périphérie »5 s’affirment et que « le centre est partout ». Ce phénomène est simultanément le signal que « le monde revient », suite à un évènement historique, « l’effondrement des grandes idéologies » avec la chute du mur de Berlin. Dans la littérature en langue française, c’est la « vision d’une francophonie sur laquelle une France mère des arts, des armes et des lois continuait de dispenser ses lumières, en bienfaitrice universelle » qui disparaît. Le manifeste est une nécrologie, annonçant « l’acte de décès de la francophonie ». Il semble par ces déclarations que cette notion de francophonie, telle que définie par Le Bris, se trouve à l’exact opposé de celle de « littérature-monde ». Tout ceci est déclaré dans un ton nécessairement pamphlétaire, avec des phrases percutantes, mais l’idée est claire : cette « révolution copernicienne » distingue nettement la nouvelle littérature en langue française qui remet en cause une position nombriliste, intellectualisant à souhait, qui aurait existé parmi les auteurs français, en particulier depuis l’avènement du nouveau roman.
Écriture post-génocidaire
Le Manifeste d’une nouvelle littérature africaine mérite de par
les dimensions mêmes de l’ouvrage et par sa complexité une introduction un peu plus longue. Essayiste, poète, romancier et conteur camerounais, Patrice Nganang est professeur de théorie littéraire à la State University of New York, Stony Brook. Il a accédé à la célébrité grâce à son roman Temps de chien (2001), qui a obtenu le prix Marguerite Yourcenar et le Grand Prix de la Littérature d’Afrique Noire. Ce roman, par la voix de Mboudjak, chien du propriétaire du bar le Client-est-Roi, offre une image acerbe d’une métropole africaine, camerounaise pour être plus précis, à la dérive. Les procédés narratologiques de ce roman, en particulier l’utilisation du narrateur philosophe mais isolé car les 22 French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36 « Écriture préemptive » et « littérature-monde » personnages humains comprennent en général de travers ses aboiements et mouvements de la queue, en font aussi un ouvrage qui donne une nouvelle dimension à la littérature africaine.
Le point de départ de son manifeste, sorti donc six ans après
Temps de chien, ressemble à celui de Le Bris : pour Nganang, la critique utilise des paramètres démodés, « pris dans les marécages de ses propres présuppositions » (MNLA, 106) qui, dans la littérature africaine ont pour nom « engagement », « postmodernité », ou encore, et voire même, en analysant le rire ou l’aspect carnavalesque, le « rococo »… De plus, et c’est une nuance importante, Nganang regarde d’un œil suspect l’incorporation de cette littérature dans la littérature mondiale par des critiques « trop pressés qu’ils sont de retrouver [leurs évidences] dans les flux mondialisants dont leur littérature participe sans nul doute, mais de sa manière bien singulière » (MNLA, 10-11). La question fondamentale que se pose Nganang est la suivante : « est-il possible de lire la littérature africaine, moins à partir de son inscription mimétique dans les réalités du continent, les géographies nationales, ou la conscience de ses lecteurs vrais ou potentiels, qu’à partir de son enracinement dans la vérité ? » (MNLA, 11). Il existerait donc selon lui une ontologie qui dépasse les différences nationales ou ethniques, ainsi que les aléas de la vie quotidienne. Analysant les œuvres contemporaines, le penseur camerounais affirme qu’« il est difficile de [les] penser […] sans en remonter la généalogie idéale, c’est-à-dire sans tracer leur enracinement dans l’idée » (MNLA, 14). Ceci dans un contexte, essentiel pour Nganang, où la majorité des écrivains africains ne vivent plus dans leur pays, et un nombre important a acquis une nouvelle nationalité. Comment en effet parler d’une littérature africaine dans ce cas, qui plus est, quand le lectorat, la critique, le mode de production et la reconnaissance sont principalement occidentales ? La réponse est simple et complexe à la fois ; la spécificité de cette
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » jeune littérature africaine, malgré son aspect bigarré, serait, toujours selon Nganang, le fait qu’elle réponde aux questions posées par la rue africaine. Son essai, tant par la structure – la division en chapitres – que par les prémisses épistémologiques, s’efforce de répondre aux « dictons des rues de Yaoundé » : parmi ceux introduits dans l’essai, on trouve « Tu vas aller où ? », « On va faire comment ? », et ainsi de suite. Questions apparemment simples, mais questions essentielles et éternelles qui transcendent l’évènement spécifique qu’elles interrogent.
Tout comme la Shoah a marqué l’écriture européenne, pas
seulement juive – selon Philippe Gasparini (2008), c’est une source importante du genre de l’autofiction – c’est le génocide du Rwanda en 1994, « l’extermination de masse perpétrée par des Africains sur des Africains » (MNLA, 24. L’auteur souligne.), qui marque une nouvelle prise de conscience, d’une part quelque peu institutionnalisée – un festival a réuni à Kigali plusieurs écrivains en 1998, et les œuvres issues de ce moment fort ont depuis lors été publiées –, mais qui d’autre part aurait influencé toute l’écriture africaine, continentale aussi bien que diasporique. Un nouveau rapport à l’évènement, mais aussi un nouveau rapport au langage deviennent des caractéristiques de la génération post- génocidaire. S’inspirant de la pensée de son compatriote Achille Mbembe, qui fut un des premiers africains à s’interroger sur le silence du continent avant, pendant et après le génocide, Nganang montre que le survivant, aussi bien l’individu des rues de Kigali que l’intellectuel ou l’écrivain qui est exposé à son propre silence, a besoin de penser ; « ce besoin de raison » est pour lui « paradoxalement en même temps, inscription de son identité » (MNLA, 52). Cette identité se situe dans une construction mentale qui a incorporé la tragédie rwandaise, devenue un bien commun. Ainsi donc, même si les jeunes auteurs africains ne parlent guère directement du Rwanda, même si les genres se diversifient et les sujets sont multiples, même si le style est varié 24 French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36 « Écriture préemptive » et « littérature-monde » et le ton souvent ironique, cette nouvelle écriture s’inscrit dans une logique post-génocidaire.
C’est à partir de la description des trois sous-genres romanesques
tels que définis par Nganang dans son essai – les romans de la dictature, de l’émigration et des détritus – qu’on peut dans cet article tâcher de démontrer la spécificité de la littérature africaine d’expression française, dans le contexte plus large de la « littérature-monde » en français. Les enfants de la postcolonie sont nés moins sous le signe de l’euphorie des indépendances, de courte durée, que des vicissitudes liées aux régimes totalitaires qui ont dominé le continent africain pendant au moins un quart de siècle. Ceci marque clairement l’écrivain et le conduit à l’action : soit le cri, une réponse imprégnée de violence à la violence du dictateur, soit, paradoxalement, la fuite, l’exil, l’émigration, ce que Nganang nomme « l’exit option » (MNLA, 235). Ces dislocations sont thématisées et représente « ‘l’embarquement’ de la littérature africaine dans l’histoire » (MNLA, 13), qui s’éloigne d’un portrait nostalgique, cher au mouvement de la Négritude, d’une Afrique ancrée dans des traditions et d’une vision d’un monde immuable, qui englobe le temps et l’espace. Le roman des détritus, comme troisième sous-genre, marque le retour au continent, où la majorité des africains continue à résider, dans un milieu de plus en plus urbain. On remarque dans ce contexte que les écrivains établis à l’étranger, à l’instar d’un Pius Ngandu Nkashama, ponctuent leur travail de recherche par des œuvres de fiction traitant des réalités des métropoles africaines. Il est important de souligner ici que ces trois sous-genres, dont la thématique est fortement liée à la réalité sociale, ne sont pas une simple (ré-)écriture de cette réalité ; la thématique devient le cadre de l’écriture, un cadre imbibé par les mythes personnels de chaque écrivain, un cadre formé d’images et de mots ; la spécificité de chaque romancier y trouve son origine. Celle-ci est caractérisée par un rapport au langage fluctuant, l’émergence de
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » nouveaux sous-thèmes et de nouvelles formes romanesques, mais aussi, et peut-être contrairement à ce qu’affirme le manifeste des quarante-quatre, l’ancrage sur une certaine ascendance littéraire qui donne sa spécificité à la littérature africaine d’expression française. En effet, l’historicité de l’écriture africaine intègre chaque nouvelle parution dans un ensemble, qui par extension devient sa propre histoire.
Engagement et invention
Il s’ensuit, et c’est une évidence selon Nganang, que la littérature
africaine n’a rien créé, le talent des écrivains africains « se situe au niveau de leur appropriation, de leur adaptation, de leur application, de leur extension, de leur revendication, mais pas au niveau de leur invention » (MNLA, 58-59) – cette affirmation vaut d’ailleurs pour presque toute la création littéraire, pas seulement originaire du continent africain, et ce qui est considéré comme création, invention, est souvent sujet à une critique parfois virulente. Une petite digression s’impose ici : le surréalisme et le nouveau roman ont, par leur positions théoriques, provoqué des réticences chez les « littérateurs » et à l’intérieur de l’institution littéraire. Le point de départ, relatif, de ces deux mouvements fut un manifeste, et montre quelque peu l’artificialité de ces tentatives ; toutefois, ils seront progressivement intégrés dans et altérés par l’ensemble de la production littéraire. Ainsi, on ne peut plus parler de nouveau roman aujourd’hui (il s’agit d’un phénomène historique, passé), mais certains romans contemporains ne peuvent se concevoir sans l’existence des romans et des idées d’un Alain Robbe-Grillet ou d’un Claude Simon. Pour revenir à la littérature africaine, la « faute » (si l’on veut) de l’intégration de cette littérature dans une réalité intellectuelle et littéraire, d’origine occidentale, en revient principalement à Jean-Paul Sartre, qui a très vite repris à son propre compte les mouvements artistiques et idéologiques du 26 French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36 « Écriture préemptive » et « littérature-monde » continent africain, ayant préfacé aussi bien l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française (1948) de Léopold Sédar Senghor – l’essai intitulée Orphée Noir – et Les Damnés de la terre (1961) de Frantz Fanon, deux ouvrages foncièrement différents7. La notion d’engagement en littérature africaine y trouve, c’est une évidence, son origine ; elle a par la suite dominé le discours critique sur le continent pendant un demi-siècle.
La littérature post-génocidaire ne se situe pas – et cela peut
sembler un paradoxe, car elle a comme point de départ un événement historique d’envergure considérable – dans la notion somme toute limitée d’engagement, sous sa forme sartrienne, mais telle qu’appliquée à cette littérature. Alors que le continent était obligé de faire face à sa propre réalité, d’une façon beaucoup plus accrue que lors des déchéances post-indépendances autour de 1970, les ouvrages littéraires semblent se distancier de l’évènement – qui, par son intensité et amplitude devient inénarrable – et affichent la primauté de l’auteur. Ainsi, les invités du festival de Kigali8, quatre ans après les tueries, ont tous produit des œuvres d’une haute qualité littéraire et qui mettent en valeur l’aspect humain. Dans un de ces romans, L’Aîné des orphelins (2000), son auteur Tierno Monénembo suit le parcours d’un jeune garçon, témoin oculaire de certains excès durant les mois infernaux après l’attentat contre l’avion présidentiel, mais surtout un individu tâchant de (sur)vivre dans un contexte qui le dépasse. Il représente la quête de sens, d’identité, d’appartenance de son auteur, en tant qu’individu, en tant qu’africain, bien sûr, mais aussi, et surtout, en tant qu’écrivain. L’enfant, victime des circonstances qui lui ont ôté son innocence et lui ont fait perpétrer de menus larcins, est ainsi le double de l’écrivain qui tâche de recouvrer une nouvelle identité, post-génocidaire. Cet ouvrage conçu dans un contexte bien particulier est cependant caractéristique de la production littéraire africaine récente : il
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » s’agit d’une réinvention par la narration, une affirmation de son identité par l’histoire de l’Autre. Cette identité n’est plus celle, à l’instar des romanciers des générations précédentes, pré- et post- indépendances, de l’ « écrivain engagé », mais d’un artiste qui, utilisant une langue et un style personnel, se situe parmi ses confrères et consœurs, en quête de reconnaissance. En fin de compte, malgré le commentaire fait plus haut que l’écrivain africain n’a rien créé, on peut affirmer, dans cette logique post- moderne, qu’il y a création, et que c’est une langue qu’il invente, ce qui semble souligner Alain Mabanckou dans l’ouvrage collectif Pour une littérature-monde (Mabanckou 2007 : 59-60)9. Comme l’énonce par ailleurs Waberi dans le même volume, ces créateurs « savent avec la langue transformer l’exil en habitation, l’étrangeté en familiarité et l’inconnu en visage humain » (Waberi 2007 : 74). On revient ainsi au sens rhétorique de l’inventio : l’art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre.
Mémoire, champ et francophonie
Il s’agit maintenant de tenter de définir la jeune littérature
africaine d’expression française et sa critique. Certaines notions seront développées et quelques romans récents seront analysés dans ce contexte. Trois remarques découlent des commentaires émis plus haut sur la littérature post-génocidaire : la première a trait à la mémoire, la deuxième à la notion de champ et la troisième à l’idée même de la « francophonie », notion provisoirement mise entre guillemets.
En premier lieu, la réinvention est toujours basée sur la mémoire,
aussi bien mémoire personnelle que mémoire d’une communauté – souvent déracinée –, d’une nation, d’une région, voire de tout un continent. Grâce à elle, l’histoire est médiatisée, et l’engagement ne peut être qu’une notion secondaire. La 28 French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36 « Écriture préemptive » et « littérature-monde » transformation artistique de la mémoire personnelle favorise le développement de l’autofiction, de la biographie fictive, chez une Calixthe Beyala par exemple. Cette mémoire est quelquefois polyglotte, ce qui permet, selon Tahar Ben Jelloun, « une errance dans l’écriture » (Ben Jelloun 2007 : 113) ; elle s’impose sur la création. Elle est ainsi foncièrement anamnēsis, selon la typologie de Paul Ricœur : moins une réminiscence qu’une quête herméneutique du passé (Ricœur 2000 : 32). Il ne s’agit pas uniquement du vécu, cette souvenance est de surcroît mémoire de lectures, le bagage littéraire, mais aussi la culture populaire, les lieux communs et les stéréotypes, voire les messages publicitaires. Cette intertextualité est un habile moyen d’assumer la réalité, en passant par les transcriptions antérieures. Et en effet, il existe une constante référence, à l’intérieur du roman africain francophone, à sa propre historicité. Les clins d’œil, évidents ou sournois, aux œuvres littéraires africaines et mondiales se retrouvent dans un grand nombre de romans. Prenons comme exemple la romancière gabonaise Bessora, dont les romans s’ancrent sur la réalité quotidienne, celles des gros titres mais aussi celle des frivolités. Dans Taches d’encre, les média font part d’un tueur en série entre deux spots publicitaires, et ce n’est que dans le dénouement que le lecteur apprend que le criminel est un des personnages principaux, dont l’activité dominante semblait être des séances de masturbation dans sa salle de bains. Un autre exemple serait Verre cassé (2005) d’Alain Mabanckou ; il n’y a presque aucune page sans références ludiques et indiscrètes à des œuvres, aussi bien africaines que mondiales : que ce soit l’amour du père du narrateur pour « le jazz et le vin de palme », qui renvoie au titre d’un recueil de nouvelles d’Emmanuel Dongala ou celui du patron du bar Le Crédit a voyagé pour un poème de Vigny, tout y passe. Plus qu’un simple jeu, ces références ne sont pas fortuites et s’intègrent dans la trame narrative, et cette manière de procéder inscrit l’ouvrage de Mabanckou dans une ascendance littéraire. De plus, par les
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » renvois dans ce roman à la figure historique d’Angoualima, qui était déjà devenu personnage fictif et plus spécifiquement point de référence pour le tueur en série manqué Grégoire Nakobomayo, narrateur de son roman précédent African Psycho (2003), l’auteur congolais situe ses propres romans par rapports aux autres. Il le confirme dans une interview accordée à Congopage : « j’ai l’impression d’avoir réuni la plupart des mes romans dans Verre Cassé parce qu’on y trouve les éléments qui composent les quatre précédents livres de fiction » (Songo 2005). Bessora, toujours elle, utilise le même procédé dans Cueillez-moi jolis Messieurs… (2007), qui reprend soit un nom, une expression, soit une image de tous ses propres romans qui l’ont précédé. Les auteurs affirment ainsi leur propre inclusion dans l’histoire littéraire du continent.
Le roman africain d’expression française, et c’est la deuxième
remarque qui découle de la première, forme un champ particulier. Malgré la mobilité des écrivains, la diversité des sujets et du style, cette écriture a toutes les caractéristiques d’un champ littéraire : les rayons séparés dans les librairies, l’infrastructure critique spécialisée, les éditeurs et les collections spécifiques, ou encore les disciplines universitaires. Ainsi, quand la maison Gallimard s’ouvre finalement sur la jeune littérature africaine, elle le fait par une collection « spécialisée », intitulée « Continents Noirs ». Les écrivains qui sortent de ce champ, telle Marie NDiaye, ne sont plus considérés comme africains, malgré les efforts de les intégrer dans la famille africaine par certains critiques comme Bernard Mouralis (Mouralis 2007)10. Ceci dit, la consécration passe toujours par Paris, ce qui permet à certains de ces auteurs de décrocher des prix littéraires. Rapports pour le moins complexes, ce qui a fait dire à Abdourahman Waberi, dans une entrevue récente accordée à RFI, qu’ils sont « marqués à la fois par une véritable curiosité pour l’originalité des apports des Africains, et en même temps par une tendance à marginaliser les 30 French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36 « Écriture préemptive » et « littérature-monde » francophones » (Waberi 2008). Mabanckou parle, dans ce contexte, de l’« hégémonie parisienne » (Mabanckou 2007 : 57), mais qui permet, c’est un paradoxe, la rencontre, l’ouverture, la reconnaissance, ce que le manifeste sur la littérature-monde souligne amplement.
Ceci nous mène au troisième commentaire qui a trait à un aspect
qui domine la jeune littérature africaine d’expression française, et qui trouve son origine dans sa propre histoire : les rapports qu’entretient l’Afrique (francophone) avec l’ancien pouvoir colonial. Ces rapports ne sont jamais simples – le tôlé qu’a provoqué le premier discours africain de Sarkozy à Dakar en 2007 n’est qu’un des avatars les plus récents – et ils ont été rendus plus complexes dans la période postcoloniale. L’identité, concept clé de la littérature mondiale, semblait se construire pour l’écrivain africain francophone, généralement par rapport à l’autre privilégié, le colonisateur d’antan, qui lui donne aujourd’hui qui un asile, qui une carte de séjour, qui une nationalité, voire même une éducation, mais toujours une langue. Comme le note Nganang, « l’Afrique assume son aliénation, et, avec elle, les Africains d’aujourd’hui » (MNLA, 80. Je souligne.), aux premiers rangs de ceux-ci, les écrivains. Cette affirmation identitaire dans l’altérité, défaite de tout complexe d’infériorité, sous-tend la majeure partie de la production littéraire africaine. Ainsi, alors que Verre cassé, mentionné plus haut, se situe entièrement en Afrique et les personnages sont tous des Africains, le double de ce roman serait Black Bazar, le dernier roman du même auteur. Comme le narrateur éponyme dans Verre cassé, Fessologue, le narrateur du dernier roman est congolais, habitué d’un bar, et disposé à narrer son histoire et celles des personnages, pour la plupart immigrés comme le héros, autour de lui. La différence est géographique, car on passe d’une gargote africaine à un bar du 1er arrondissement de Paris. Les deux romans se font miroir, réunissant ce que Mabanckou nomme dans
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » une entrevue accordée à L’Express « la terre de son nombril » et « la terre d’adoption » de l’auteur (Dufay 2009 : 72), et s’intègrent mutuellement dans l’historicité de l’écriture. Ce va-et- vient se retrouve fréquemment à l’intérieur d’un seul roman, selon une multiplicité de procédés, tel le monologue intérieur à narrateurs multiples sur les deux continents, comme dans Un rêve utile de Monénembo, ou le redoublement du protagoniste des deux côtés de l’Atlantique, les deux personnages étant reliés par une ligne téléphonique et la vision des mêmes programmes sur le petit écran, comme dans Le Ventre de l’Atlantique de Fatou Diome (2003). La francophonie, par cette mise en abyme constante, se défait de son bagage politique : il n’y a aucune hiérarchie, il existe un dialogue d’égal à égal. On est bien loin de la dichotomie entre les deux cultures, telle qu’elle avait été exprimée par Cheikh Hamidou Kane dans L’Aventure ambiguë (1961).
Etudes postcoloniales francophones
Entre l’individualité de chaque écrivain et la participation à une
possible littérature-monde en langue française, l’écriture africaine contemporaine est reconnaissable. Il ne s’agit pas d’une simple question de champ, l’exemple de Marie Ndiaye le prouve, bien que l’intégration dans un champ circonscrive la nouvelle production. Il ne s’agit non plus d’un « référent », d’un réel, d’un monde, pour reprendre les termes du manifeste « Pour une ‘littérature-monde’ en français ». Nganang termine son essai en montrant la spécificité de la littérature africaine, consciente de sa propre histoire, avec la courte phrase suivante : « L’imagination est notre seul espoir » (MNLA, 297. Je souligne.). Le Manifeste des quarante-quatre aboutit avec une réflexion qui mène dans la même direction, mais dans un contexte mondial : « la langue libérée de son pacte exclusif avec la nation, libre désormais de tout pouvoir autre que ceux de la poésie et de l’imaginaire, n’aura 32 French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36 « Écriture préemptive » et « littérature-monde » pour frontières que celles de l’esprit » (Je souligne). L’imaginaire, absent du corps même des deux manifestes, semble devenir roi. Une approche théorique neuve s’avère nécessaire : celle-ci doit prendre en compte la spécificité de chaque écrivain, de son imaginaire, qui ne peut s’exprimer que dans une descendance, locale et régionale, mais aussi francophone. Les textes de Le Bris et des collaborateurs au volume qui a suivi la sortie du manifeste, arrivent à point nommé pour décloisonner la littérature africaine d’expression française et sa critique, pour créer une distance avec la notion d’engagement – même si ce n’était pas son intention – et pour les inclure dans une théorie postcoloniale francophone qui ne soit pas veine, car elle laisse place à l’imaginaire de chaque auteur, tout en montrant la spécificité du champ. Cette théorie postcoloniale francophone doit être prise dans l’acception élargie que proposent Hargreaves et Moura, quand ils exposent dans l’introduction d’un numéro spécial de la revue International Journal of Francophone Studies les liens qui existent entre études postcoloniales et francophones : Readers will find not only new ideas and forms of understanding pertaining to the relationship between francophone cultures and postcolonialism but also stimulation to undertake further research going beyond the customary limits of francophonie. It is thus our hope that in extending the boundaries of francophone postcolonial studies, in place of the tense stand-off which has sometimes characterized relations between proponents of francophone and postcolonial studies respectively, the relationship between these two fields may be seen to be synergetic rather than oppositional in nature. (Hargreaves & Moura 2007: 310)
Les deux manifestes analysés proposent la direction dans laquelle
une littérature postcoloniale en français peut s’épanouir. Les études postcoloniales francophones, telles que développées au sein de la critique anglo-saxonne, offrent le cadre. Les écrits théoriques, en particulier celui de Nganang, peu analysé, permet
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » une lecture plus dirigée et nuancée des romans africains, selon les trois axes mentionnés plus haut, la mémoire, le champ et la francophonie. En effet, contrairement aux écrits doctrinaires du vingtième siècle auxquels il a été fait référence, et dont le résultat était, parfois à l’encontre des idées et de la volonté de leurs créateurs, de délimiter un courant littéraire, de former une école avec des règles, d’exclure des dissidents, la « littérature-monde » et la « nouvelle littérature africaine » se veulent, du moins on l’espère, inclusifs, car elles offrent un cadre non-normatif dans lequel les écrivains opèrent et les lecteurs peuvent apprécier et comprendre. Ceci n’est pas le moindre des avantages de ces textes fondateurs.
Notes
1. Maison de publication « pour libres penseurs et non conformistes », les
éditions Homnispères, dont la politique éditoriale est non-alignée, possède une collection spécifique qui traite des aspects de la pensée et des littératures africaines, intitulée « Latitudes noires ». 2. La conférence de Tallahassee, qui s’est déroulée du 12 au 14 février 2009, avait pour thème « Littérature-monde : New Wave or New Hype ? » et celle d’Alger, du 23 au 25 février 2009, « Littérature monde : enjeux et perspectives ». Ces colloques ont été précédés par celui d’Aarhus (Danemark), les 27 et 28 novembre 2008. Michel Le Bris a assisté aux trois évènements, qui réunissaient tous des chercheurs et des écrivains. 3. Ainsi la littérature-monde a fait son entrée sur Wikipédia. 4. Des revues y ont consacré des numéros entiers. On peut citer ici Contemporary French and Francophone Studies, 14.1 (2010) et International Journal of Francophone Studies, 12, 2-3 (2009). 5. Toutes les citations de ce paragraphe renvoient au manifeste « Pour une ‘littérature-monde’ en français » (Le Monde, 16 mars 2007). 6. MNLA renvoie dorénavant au Manifeste d’une nouvelle littérature africaine (Nganang 2007). 7. « L’expérience vécue du Noir » de Frantz Fanon, publié dans la revue Esprit de mai 1951 et repris dans Peau Noire, masques blancs, était une réponse virulente à la conception sartrienne de la race dans Orphée Noire. Dix ans plus tard, les deux penseurs avaient une vision plus commune. Jean-Paul Sartre a
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » également préfacé Portrait du colonisé/Portrait du colonisateur d’Albert Memmi (1957). 8. Voici la liste des productions issues de cette rencontre : Boubacar Boris Diop (Sénégal, 2000). Murambi, le livre des ossements. Paris : Stock ; Nocky Djedanoum (Tchad, 2000). Nyamirambo!. Bamako : Le Figuier/Lille : Fest'Africa Editions ; Monique Ilboudo (Burkina Faso, 2000), Murekatete. Bamako : Le Figuier/Lille : Fest'Africa Editions ; Vénuste Kayimahe (Rwanda, 2001). France-Rwanda, les coulisses du génocide. Paris : L'Esprit frappeur/Dagorno ; Koulsy Lamko (Tchad, 2002). La Phalène des collines,. Kigali : Kuljaama, 2000/Paris : Le Serpent à plumes ; Tierno Monénembo (Guinée, 2000). L'Aîné des orphelins. Paris : Seuil ; Meja Mwangi (Kenya), Great Sadness, non publié ; Jean-Marie Vianney Rurangwa (Rwanda, 2000), Le Génocide des Tutsi expliqué à un étranger. Bamako : Le Figuier/Lille : Fest'Africa Editions ; Véronique Tadjo (Côte d’Ivoire, 2000), L'Ombre d'Imana. Voyage jusqu'au bout du Rwanda. Paris : Actes Sud ; et Abdourahman Waberi (Djibouti, 2000), Moisson de crânes. Textes pour le Rwanda. Paris : Le Serpent à plumes. 9. « La vérité est là, indubitable : aucune littérature ne peut se contenter d’un rôle d’officier d’ordonnance. On n’écrit pas pour sauver une langue, mais justement pour en créer une… » (Mabanckou 2007 : 59-60. En italiques dans le texte). 10. Il faut cependant noter que par son dernier roman, Trois femmes puissantes, qui a obtenu le prix Goncourt en 2009, et ses déclarations récentes, en particulier sa polémique avec Marie Darrieussecq à propos du plagiat, Marie NDiaye semble réintégrer ce champ.
Ouvrages cités
Ben Jelloun, Tahar. 2007. « La Cave de ma mémoire, le toit de ma maison sont
des mots français » In : Pour une littérature-monde, sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud. Paris : Gallimard : 113-124. Bessora. 2000. Les Taches d’encre. Paris : Le Serpent à Plumes. —— Cueillez-moi jolis Messieurs…2007. Paris : Gallimard (Continents noirs). Diome, Fatou. 2003. Le Ventre de l’Atlantique. Paris : Anne Carrière. Dufay, François. 2009. « Africain sans frontières. » L’Express, 3005 (5 février): 72. Gasparini, Philippe 2008. Autofiction : une aventure du langage. Paris : Seuil (Poétique).
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » Hargreaves, Alec & Jean-Marc Moura. 2007. « Editorial Introduction: Extending the boundaries of francophone postcolonial studies » International Journal of Francophone Studies, 10.3 : 307-311. Le Bris, Michel et al. 2007. « Pour une ‘littérature-monde’ en français. » Le Monde des livres, 16 mars. Le Bris, Michel & Jean Rouaud (dir.). 2007. Pour une littérature-monde. Paris : Gallimard. Mabanckou, Alain. 2003. African Psycho. Paris : Le Serpent à Plumes. —— 2005. Verre cassé. Paris : Seuil. —— 2007. « Le Chant de l’oiseau migrateur. » In : Pour une littérature- monde, sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud. Paris : Gallimard: 55-66. —— 2009. Black bazar. Paris : Seuil. Monénembo, Tierno 1991. Un rêve utile. Paris : Seuil. —— 2000. L’Aîné des orphelins. Paris : Seuil. Mouralis, Bernard. 2007. « La Parole des femmes. D’Aoua Keita à Marie Ndiaye. » L’Illusion de la réalité. Études de littérature africaine. Paris : Honoré Champion : 3129-332. Nganang, Patrice. 2007. Manifeste d’une nouvelle littérature africaine. Paris : Homnisphères. Ricœur, Paul. 2000. La Mémoire, l’histoire et l’oubli. Paris : Seuil. Songo, Richard. 2005 « Rencontre : Alain Mabanckou nous parle de lui. » Congopage. (15 août 2005) <http://www.congopage.com/ article.php3?id_article=2709> (accédé le 22 janvier 2009). Waberi, Abdurahman. 1998. « Les Enfants de la postcolonie. Esquisse d’une nouvelle génération d’écrivains francophones d’Afrique noire. » Notre Librairie, 135 : 8-15. —— 2007. « Écrivains en position d’entraver. » In : Pour une littérature- monde, sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud. Paris : Gallimard : 67-75. —— 2008. « Les rapports entre auteurs africains et institutions littéraires françaises sont complexes. » (8 novembre). <http://www. ordispace. com/fr/chronique-mfi-08-11-18-abdourahman-waberi-les-rapports-entre auteurs-africains-et-institutions-litteraires-francaises-sont-complexes.php? id_page=2060> (accédé le 22 janvier 2009).
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Les DEPOSSESSIONS ROMANESQUES - LECTURE DE LA NEGATIVITE CHEZ ANNE HEBERT, GABRIELLE ROY ET REJEAN DUCHARME: Lecture de la négativité chez Anne Hébert, Gabrielle Roy et Réjean Ducharme