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« Écriture préemptive » et « littérature-monde » :

la jeune littérature africaine d’expression française

Bernard De Meyer (University of KwaZulu-Natal)

Abstract

Two important manifestos on literature were published almost


simultaneously in 2007 : “Pour une ‘littérature-monde’ en
français” in the French newspaper Le Monde by Michel Le Bris
and numerous other French-speaking writers, and a three-
hundred page essay Manifeste d’une nouvelle littérature africaine
by the Cameroonian writer and critic Patrice Nganang. While the
first manifesto has had a lot of repercussions in the
“francophone” world, the second one went almost unnoticed. By
comparing the manifestos, the aim of this article is to contribute
towards paradigms through which novels by the young
generation of African authors writing in French could be
classified and analyzed. After a brief description of the Le Bris
manifesto, Nganang’s critical essay on “preemptive writing” in
post-genocide (1994) fictional works will be studied in some
detail. The three key concepts of memory, (literary) field and
francophonie will be used to define the literary works in French
produced on the African continent in the twenty-first century. The
conclusion will propose that the notion of postcolonial
francophone studies be revisited.

Keywords: manifesto; Nganang; Le Bris; African literature in


French; political commitment; memory; francophone literary
field
Mots clés: manifeste ; Nganang ; Le Bris ; littérature africaine
d’expression française ; engagement ; mémoire ; champ littéraire
francophone

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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
Deux manifestes

Alors que quarante-quatre écrivains ont signé le manifeste « Pour


une ‘littérature-monde’ en français » paru dans Le Monde du 16
mars 2007, l’écrivain et théoricien de littérature camerounais
Patrice Nganang a publié pendant la même période un Manifeste
d’une nouvelle littérature africaine (Nganang 2007) dans lequel il
défend le concept de « l’écriture préemptive », qui devrait rendre
impossible toute récurrence sur le continent africain d’un désastre
de l’ampleur du génocide au Rwanda en 1994. La comparaison
entre ces deux textes, tant au niveau de la forme que du contenu,
permettrait d’approfondir la réflexion sur la jeune littérature
africaine en langue française, celle des « enfants de la
postcolonie », selon l’expression heureuse d’Abdourahman
Waberi (1998), et de préciser la place de celle-ci à l’intérieur
d’une entité littéraire sensiblement plus large, au niveau mondial.
Situés aux deux extrêmes du concept même de « manifeste » –
l’un étant un pamphlet cosigné et publié dans un journal
d’opinion et de grande diffusion, et l’autre un essai de plus de
trois cent pages diffusé par un éditeur parisien peu connu,
Homnisphères1 – les deux documents, malgré leurs différences,
soulignent le retour de la littérature vers « le monde, le sujet, le
sens, l’histoire, le ‘référent’ » (Le Bris 2007), notions qu’il
s’agira cependant de nuancer.

Il semble que Nganang n’avait pas connaissance du Manifeste


des quarante-quatre en rédigeant son texte théorique, et il n’en est
certainement pas un signataire (il remercie cependant l’un de
ceux-ci, Alain Mabanckou, dans la dédicace de son ouvrage). Les
deux productions sont toutefois complémentaires à plus d’un
égard. Comme indiqué, ils se trouvent aux deux extrémités de la
notion de manifeste, bien qu’il faille signaler que celui paru dans
Le Monde se situe dans une évolution, étant précédé du festival
Étonnants Voyageurs, rencontre annuelle d’écrivains organisée
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
depuis 1990 par Michel Le Bris, et de la collection d’essais sur la
littérature du voyage, Pour une littérature voyageuse, publiée
chez l’éditeur Complexe à Bruxelles en 1992, et dans laquelle Le
Bris dénonce une certaine littérature française trop préoccupée
par le moi et un formalisme fouillé, auquel il oppose, de façon
encore mal structurée, les écrits d’écrivains « bourlingueurs ». De
plus, le manifeste de 2007 est suivi d’un volume publié chez
Gallimard, Pour une littérature-monde (Le Bris & Rouaud 2007),
auquel un nombre assez important de signataires du manifeste, et
quelques autres écrivains, ont collaboré. Or, et cela se complique
un peu, c’est grâce à l’entreprise éminemment médiatique, un
article dans Le Monde des livres, que tout ce qui touche d’un
point de vue théorique à la nouvelle littérature en français et son
lien à la francophonie est sorti de l’indifférence et de l’anonymat.
Le volume de Nganang est par contre un ouvrage isolé – dont les
prolégomènes ont paru sous forme d’article, également dans Le
Monde (en 2003) – et c’est le Manifeste publié et signé par des
écrivains renommés venant d’horizons différents qui a permis la
diffusion du concept et de la notion de « littérature-monde ».
Répondant à cet engouement, deux colloques, l’un à Tallahassee,
organisé par le Winthrop-King Institute for Contemporary French
and Francophone Studies, et l’autre à Alger, ont eu lieu presque
simultanément en février 20092, moins de deux ans à peine après
la parution du Manifeste, et des commentaires se font
régulièrement dans le monde universitaire et au-delà3. Cependant,
le rapprochement entre les deux manifestes n’a pas encore été fait
jusqu’à présent, et c’est l’un des objectifs de cet article.

Les positions du manifeste sur la littérature-monde sont assez


connues et extensivement analysées ; je ne ferai que les brosser
rapidement4. Elles répondent au mot d’ordre de Michel Le Bris
depuis plus de deux décennies : « ouvrir la littérature française à
tous les vents du monde ». L’année 2006 semble confirmer pour
lui, par l’attribution de la majorité des prix littéraires de

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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
l’automne à des écrivains originaires d’outre-Hexagone, que les
écritures « de la périphérie »5 s’affirment et que « le centre est
partout ». Ce phénomène est simultanément le signal que « le
monde revient », suite à un évènement historique,
« l’effondrement des grandes idéologies » avec la chute du mur
de Berlin. Dans la littérature en langue française, c’est la « vision
d’une francophonie sur laquelle une France mère des arts, des
armes et des lois continuait de dispenser ses lumières, en
bienfaitrice universelle » qui disparaît. Le manifeste est une
nécrologie, annonçant « l’acte de décès de la francophonie ». Il
semble par ces déclarations que cette notion de francophonie,
telle que définie par Le Bris, se trouve à l’exact opposé de celle
de « littérature-monde ». Tout ceci est déclaré dans un ton
nécessairement pamphlétaire, avec des phrases percutantes, mais
l’idée est claire : cette « révolution copernicienne » distingue
nettement la nouvelle littérature en langue française qui remet en
cause une position nombriliste, intellectualisant à souhait, qui
aurait existé parmi les auteurs français, en particulier depuis
l’avènement du nouveau roman.

Écriture post-génocidaire

Le Manifeste d’une nouvelle littérature africaine mérite de par


les dimensions mêmes de l’ouvrage et par sa complexité une
introduction un peu plus longue. Essayiste, poète, romancier et
conteur camerounais, Patrice Nganang est professeur de théorie
littéraire à la State University of New York, Stony Brook. Il a
accédé à la célébrité grâce à son roman Temps de chien (2001),
qui a obtenu le prix Marguerite Yourcenar et le Grand Prix de la
Littérature d’Afrique Noire. Ce roman, par la voix de Mboudjak,
chien du propriétaire du bar le Client-est-Roi, offre une image
acerbe d’une métropole africaine, camerounaise pour être plus
précis, à la dérive. Les procédés narratologiques de ce roman, en
particulier l’utilisation du narrateur philosophe mais isolé car les
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
personnages humains comprennent en général de travers ses
aboiements et mouvements de la queue, en font aussi un ouvrage
qui donne une nouvelle dimension à la littérature africaine.

Le point de départ de son manifeste, sorti donc six ans après


Temps de chien, ressemble à celui de Le Bris : pour Nganang, la
critique utilise des paramètres démodés, « pris dans les marécages
de ses propres présuppositions » (MNLA, 106) qui, dans la
littérature africaine ont pour nom « engagement »,
« postmodernité », ou encore, et voire même, en analysant le rire
ou l’aspect carnavalesque, le « rococo »… De plus, et c’est une
nuance importante, Nganang regarde d’un œil suspect
l’incorporation de cette littérature dans la littérature mondiale par
des critiques « trop pressés qu’ils sont de retrouver [leurs
évidences] dans les flux mondialisants dont leur littérature
participe sans nul doute, mais de sa manière bien singulière »
(MNLA, 10-11). La question fondamentale que se pose Nganang
est la suivante : « est-il possible de lire la littérature africaine,
moins à partir de son inscription mimétique dans les réalités du
continent, les géographies nationales, ou la conscience de ses
lecteurs vrais ou potentiels, qu’à partir de son enracinement dans
la vérité ? » (MNLA, 11). Il existerait donc selon lui une
ontologie qui dépasse les différences nationales ou ethniques,
ainsi que les aléas de la vie quotidienne. Analysant les œuvres
contemporaines, le penseur camerounais affirme qu’« il est
difficile de [les] penser […] sans en remonter la généalogie
idéale, c’est-à-dire sans tracer leur enracinement dans l’idée »
(MNLA, 14). Ceci dans un contexte, essentiel pour Nganang, où
la majorité des écrivains africains ne vivent plus dans leur pays,
et un nombre important a acquis une nouvelle nationalité.
Comment en effet parler d’une littérature africaine dans ce cas,
qui plus est, quand le lectorat, la critique, le mode de production
et la reconnaissance sont principalement occidentales ? La
réponse est simple et complexe à la fois ; la spécificité de cette

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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
jeune littérature africaine, malgré son aspect bigarré, serait,
toujours selon Nganang, le fait qu’elle réponde aux questions
posées par la rue africaine. Son essai, tant par la structure – la
division en chapitres – que par les prémisses épistémologiques,
s’efforce de répondre aux « dictons des rues de Yaoundé » :
parmi ceux introduits dans l’essai, on trouve « Tu vas aller où ? »,
« On va faire comment ? », et ainsi de suite. Questions
apparemment simples, mais questions essentielles et éternelles
qui transcendent l’évènement spécifique qu’elles interrogent.

Tout comme la Shoah a marqué l’écriture européenne, pas


seulement juive – selon Philippe Gasparini (2008), c’est une
source importante du genre de l’autofiction – c’est le génocide du
Rwanda en 1994, « l’extermination de masse perpétrée par des
Africains sur des Africains » (MNLA, 24. L’auteur souligne.), qui
marque une nouvelle prise de conscience, d’une part quelque peu
institutionnalisée – un festival a réuni à Kigali plusieurs écrivains
en 1998, et les œuvres issues de ce moment fort ont depuis lors
été publiées –, mais qui d’autre part aurait influencé toute
l’écriture africaine, continentale aussi bien que diasporique. Un
nouveau rapport à l’évènement, mais aussi un nouveau rapport au
langage deviennent des caractéristiques de la génération post-
génocidaire. S’inspirant de la pensée de son compatriote Achille
Mbembe, qui fut un des premiers africains à s’interroger sur le
silence du continent avant, pendant et après le génocide, Nganang
montre que le survivant, aussi bien l’individu des rues de Kigali
que l’intellectuel ou l’écrivain qui est exposé à son propre
silence, a besoin de penser ; « ce besoin de raison » est pour lui
« paradoxalement en même temps, inscription de son identité »
(MNLA, 52). Cette identité se situe dans une construction
mentale qui a incorporé la tragédie rwandaise, devenue un bien
commun. Ainsi donc, même si les jeunes auteurs africains ne
parlent guère directement du Rwanda, même si les genres se
diversifient et les sujets sont multiples, même si le style est varié
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
et le ton souvent ironique, cette nouvelle écriture s’inscrit dans
une logique post-génocidaire.

C’est à partir de la description des trois sous-genres romanesques


tels que définis par Nganang dans son essai – les romans de la
dictature, de l’émigration et des détritus – qu’on peut dans cet
article tâcher de démontrer la spécificité de la littérature africaine
d’expression française, dans le contexte plus large de la
« littérature-monde » en français. Les enfants de la postcolonie
sont nés moins sous le signe de l’euphorie des indépendances, de
courte durée, que des vicissitudes liées aux régimes totalitaires
qui ont dominé le continent africain pendant au moins un quart de
siècle. Ceci marque clairement l’écrivain et le conduit à l’action :
soit le cri, une réponse imprégnée de violence à la violence du
dictateur, soit, paradoxalement, la fuite, l’exil, l’émigration, ce
que Nganang nomme « l’exit option » (MNLA, 235). Ces
dislocations sont thématisées et représente « ‘l’embarquement’ de
la littérature africaine dans l’histoire » (MNLA, 13), qui s’éloigne
d’un portrait nostalgique, cher au mouvement de la Négritude,
d’une Afrique ancrée dans des traditions et d’une vision d’un
monde immuable, qui englobe le temps et l’espace. Le roman des
détritus, comme troisième sous-genre, marque le retour au
continent, où la majorité des africains continue à résider, dans un
milieu de plus en plus urbain. On remarque dans ce contexte que
les écrivains établis à l’étranger, à l’instar d’un Pius Ngandu
Nkashama, ponctuent leur travail de recherche par des œuvres de
fiction traitant des réalités des métropoles africaines. Il est
important de souligner ici que ces trois sous-genres, dont la
thématique est fortement liée à la réalité sociale, ne sont pas une
simple (ré-)écriture de cette réalité ; la thématique devient le
cadre de l’écriture, un cadre imbibé par les mythes personnels de
chaque écrivain, un cadre formé d’images et de mots ; la
spécificité de chaque romancier y trouve son origine. Celle-ci est
caractérisée par un rapport au langage fluctuant, l’émergence de

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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
nouveaux sous-thèmes et de nouvelles formes romanesques, mais
aussi, et peut-être contrairement à ce qu’affirme le manifeste des
quarante-quatre, l’ancrage sur une certaine ascendance littéraire
qui donne sa spécificité à la littérature africaine d’expression
française. En effet, l’historicité de l’écriture africaine intègre
chaque nouvelle parution dans un ensemble, qui par extension
devient sa propre histoire.

Engagement et invention

Il s’ensuit, et c’est une évidence selon Nganang, que la littérature


africaine n’a rien créé, le talent des écrivains africains « se situe
au niveau de leur appropriation, de leur adaptation, de leur
application, de leur extension, de leur revendication, mais pas au
niveau de leur invention » (MNLA, 58-59) – cette affirmation
vaut d’ailleurs pour presque toute la création littéraire, pas
seulement originaire du continent africain, et ce qui est considéré
comme création, invention, est souvent sujet à une critique
parfois virulente. Une petite digression s’impose ici : le
surréalisme et le nouveau roman ont, par leur positions
théoriques, provoqué des réticences chez les « littérateurs » et à
l’intérieur de l’institution littéraire. Le point de départ, relatif, de
ces deux mouvements fut un manifeste, et montre quelque peu
l’artificialité de ces tentatives ; toutefois, ils seront
progressivement intégrés dans et altérés par l’ensemble de la
production littéraire. Ainsi, on ne peut plus parler de nouveau
roman aujourd’hui (il s’agit d’un phénomène historique, passé),
mais certains romans contemporains ne peuvent se concevoir sans
l’existence des romans et des idées d’un Alain Robbe-Grillet ou
d’un Claude Simon. Pour revenir à la littérature africaine, la
« faute » (si l’on veut) de l’intégration de cette littérature dans
une réalité intellectuelle et littéraire, d’origine occidentale, en
revient principalement à Jean-Paul Sartre, qui a très vite repris à
son propre compte les mouvements artistiques et idéologiques du
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
continent africain, ayant préfacé aussi bien l’Anthologie de la
nouvelle poésie nègre et malgache de langue française (1948) de
Léopold Sédar Senghor – l’essai intitulée Orphée Noir – et Les
Damnés de la terre (1961) de Frantz Fanon, deux ouvrages
foncièrement différents7. La notion d’engagement en littérature
africaine y trouve, c’est une évidence, son origine ; elle a par la
suite dominé le discours critique sur le continent pendant un
demi-siècle.

La littérature post-génocidaire ne se situe pas – et cela peut


sembler un paradoxe, car elle a comme point de départ un
événement historique d’envergure considérable – dans la notion
somme toute limitée d’engagement, sous sa forme sartrienne,
mais telle qu’appliquée à cette littérature. Alors que le continent
était obligé de faire face à sa propre réalité, d’une façon beaucoup
plus accrue que lors des déchéances post-indépendances autour
de 1970, les ouvrages littéraires semblent se distancier de
l’évènement – qui, par son intensité et amplitude devient
inénarrable – et affichent la primauté de l’auteur. Ainsi, les
invités du festival de Kigali8, quatre ans après les tueries, ont tous
produit des œuvres d’une haute qualité littéraire et qui mettent en
valeur l’aspect humain. Dans un de ces romans, L’Aîné des
orphelins (2000), son auteur Tierno Monénembo suit le parcours
d’un jeune garçon, témoin oculaire de certains excès durant les
mois infernaux après l’attentat contre l’avion présidentiel, mais
surtout un individu tâchant de (sur)vivre dans un contexte qui le
dépasse. Il représente la quête de sens, d’identité, d’appartenance
de son auteur, en tant qu’individu, en tant qu’africain, bien sûr,
mais aussi, et surtout, en tant qu’écrivain. L’enfant, victime des
circonstances qui lui ont ôté son innocence et lui ont fait perpétrer
de menus larcins, est ainsi le double de l’écrivain qui tâche de
recouvrer une nouvelle identité, post-génocidaire. Cet ouvrage
conçu dans un contexte bien particulier est cependant
caractéristique de la production littéraire africaine récente : il

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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
s’agit d’une réinvention par la narration, une affirmation de son
identité par l’histoire de l’Autre. Cette identité n’est plus celle, à
l’instar des romanciers des générations précédentes, pré- et post-
indépendances, de l’ « écrivain engagé », mais d’un artiste qui,
utilisant une langue et un style personnel, se situe parmi ses
confrères et consœurs, en quête de reconnaissance. En fin de
compte, malgré le commentaire fait plus haut que l’écrivain
africain n’a rien créé, on peut affirmer, dans cette logique post-
moderne, qu’il y a création, et que c’est une langue qu’il invente,
ce qui semble souligner Alain Mabanckou dans l’ouvrage
collectif Pour une littérature-monde (Mabanckou 2007 : 59-60)9.
Comme l’énonce par ailleurs Waberi dans le même volume, ces
créateurs « savent avec la langue transformer l’exil en habitation,
l’étrangeté en familiarité et l’inconnu en visage humain »
(Waberi 2007 : 74). On revient ainsi au sens rhétorique de
l’inventio : l’art de trouver des arguments et des procédés pour
convaincre.

Mémoire, champ et francophonie

Il s’agit maintenant de tenter de définir la jeune littérature


africaine d’expression française et sa critique. Certaines notions
seront développées et quelques romans récents seront analysés
dans ce contexte. Trois remarques découlent des commentaires
émis plus haut sur la littérature post-génocidaire : la première a
trait à la mémoire, la deuxième à la notion de champ et la
troisième à l’idée même de la « francophonie », notion
provisoirement mise entre guillemets.

En premier lieu, la réinvention est toujours basée sur la mémoire,


aussi bien mémoire personnelle que mémoire d’une communauté
– souvent déracinée –, d’une nation, d’une région, voire de tout
un continent. Grâce à elle, l’histoire est médiatisée, et
l’engagement ne peut être qu’une notion secondaire. La
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
transformation artistique de la mémoire personnelle favorise le
développement de l’autofiction, de la biographie fictive, chez une
Calixthe Beyala par exemple. Cette mémoire est quelquefois
polyglotte, ce qui permet, selon Tahar Ben Jelloun, « une errance
dans l’écriture » (Ben Jelloun 2007 : 113) ; elle s’impose sur la
création. Elle est ainsi foncièrement anamnēsis, selon la typologie
de Paul Ricœur : moins une réminiscence qu’une quête
herméneutique du passé (Ricœur 2000 : 32). Il ne s’agit pas
uniquement du vécu, cette souvenance est de surcroît mémoire de
lectures, le bagage littéraire, mais aussi la culture populaire, les
lieux communs et les stéréotypes, voire les messages
publicitaires. Cette intertextualité est un habile moyen d’assumer
la réalité, en passant par les transcriptions antérieures. Et en effet,
il existe une constante référence, à l’intérieur du roman africain
francophone, à sa propre historicité. Les clins d’œil, évidents ou
sournois, aux œuvres littéraires africaines et mondiales se
retrouvent dans un grand nombre de romans. Prenons comme
exemple la romancière gabonaise Bessora, dont les romans
s’ancrent sur la réalité quotidienne, celles des gros titres mais
aussi celle des frivolités. Dans Taches d’encre, les média font
part d’un tueur en série entre deux spots publicitaires, et ce n’est
que dans le dénouement que le lecteur apprend que le criminel est
un des personnages principaux, dont l’activité dominante
semblait être des séances de masturbation dans sa salle de bains.
Un autre exemple serait Verre cassé (2005) d’Alain Mabanckou ;
il n’y a presque aucune page sans références ludiques et
indiscrètes à des œuvres, aussi bien africaines que mondiales :
que ce soit l’amour du père du narrateur pour « le jazz et le vin de
palme », qui renvoie au titre d’un recueil de nouvelles
d’Emmanuel Dongala ou celui du patron du bar Le Crédit a
voyagé pour un poème de Vigny, tout y passe. Plus qu’un simple
jeu, ces références ne sont pas fortuites et s’intègrent dans la
trame narrative, et cette manière de procéder inscrit l’ouvrage de
Mabanckou dans une ascendance littéraire. De plus, par les

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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
renvois dans ce roman à la figure historique d’Angoualima, qui
était déjà devenu personnage fictif et plus spécifiquement point
de référence pour le tueur en série manqué Grégoire
Nakobomayo, narrateur de son roman précédent African Psycho
(2003), l’auteur congolais situe ses propres romans par rapports
aux autres. Il le confirme dans une interview accordée à
Congopage : « j’ai l’impression d’avoir réuni la plupart des mes
romans dans Verre Cassé parce qu’on y trouve les éléments qui
composent les quatre précédents livres de fiction » (Songo 2005).
Bessora, toujours elle, utilise le même procédé dans Cueillez-moi
jolis Messieurs… (2007), qui reprend soit un nom, une
expression, soit une image de tous ses propres romans qui l’ont
précédé. Les auteurs affirment ainsi leur propre inclusion dans
l’histoire littéraire du continent.

Le roman africain d’expression française, et c’est la deuxième


remarque qui découle de la première, forme un champ particulier.
Malgré la mobilité des écrivains, la diversité des sujets et du
style, cette écriture a toutes les caractéristiques d’un champ
littéraire : les rayons séparés dans les librairies, l’infrastructure
critique spécialisée, les éditeurs et les collections spécifiques, ou
encore les disciplines universitaires. Ainsi, quand la maison
Gallimard s’ouvre finalement sur la jeune littérature africaine,
elle le fait par une collection « spécialisée », intitulée
« Continents Noirs ». Les écrivains qui sortent de ce champ, telle
Marie NDiaye, ne sont plus considérés comme africains, malgré
les efforts de les intégrer dans la famille africaine par certains
critiques comme Bernard Mouralis (Mouralis 2007)10. Ceci dit, la
consécration passe toujours par Paris, ce qui permet à certains de
ces auteurs de décrocher des prix littéraires. Rapports pour le
moins complexes, ce qui a fait dire à Abdourahman Waberi, dans
une entrevue récente accordée à RFI, qu’ils sont « marqués à la
fois par une véritable curiosité pour l’originalité des apports des
Africains, et en même temps par une tendance à marginaliser les
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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
francophones » (Waberi 2008). Mabanckou parle, dans ce
contexte, de l’« hégémonie parisienne » (Mabanckou 2007 : 57),
mais qui permet, c’est un paradoxe, la rencontre, l’ouverture, la
reconnaissance, ce que le manifeste sur la littérature-monde
souligne amplement.

Ceci nous mène au troisième commentaire qui a trait à un aspect


qui domine la jeune littérature africaine d’expression française, et
qui trouve son origine dans sa propre histoire : les rapports
qu’entretient l’Afrique (francophone) avec l’ancien pouvoir
colonial. Ces rapports ne sont jamais simples – le tôlé qu’a
provoqué le premier discours africain de Sarkozy à Dakar en
2007 n’est qu’un des avatars les plus récents – et ils ont été
rendus plus complexes dans la période postcoloniale. L’identité,
concept clé de la littérature mondiale, semblait se construire pour
l’écrivain africain francophone, généralement par rapport à
l’autre privilégié, le colonisateur d’antan, qui lui donne
aujourd’hui qui un asile, qui une carte de séjour, qui une
nationalité, voire même une éducation, mais toujours une langue.
Comme le note Nganang, « l’Afrique assume son aliénation, et,
avec elle, les Africains d’aujourd’hui » (MNLA, 80. Je souligne.),
aux premiers rangs de ceux-ci, les écrivains. Cette affirmation
identitaire dans l’altérité, défaite de tout complexe d’infériorité,
sous-tend la majeure partie de la production littéraire africaine.
Ainsi, alors que Verre cassé, mentionné plus haut, se situe
entièrement en Afrique et les personnages sont tous des Africains,
le double de ce roman serait Black Bazar, le dernier roman du
même auteur. Comme le narrateur éponyme dans Verre cassé,
Fessologue, le narrateur du dernier roman est congolais, habitué
d’un bar, et disposé à narrer son histoire et celles des
personnages, pour la plupart immigrés comme le héros, autour de
lui. La différence est géographique, car on passe d’une gargote
africaine à un bar du 1er arrondissement de Paris. Les deux
romans se font miroir, réunissant ce que Mabanckou nomme dans

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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
une entrevue accordée à L’Express « la terre de son nombril » et
« la terre d’adoption » de l’auteur (Dufay 2009 : 72), et
s’intègrent mutuellement dans l’historicité de l’écriture. Ce va-et-
vient se retrouve fréquemment à l’intérieur d’un seul roman,
selon une multiplicité de procédés, tel le monologue intérieur à
narrateurs multiples sur les deux continents, comme dans Un rêve
utile de Monénembo, ou le redoublement du protagoniste des
deux côtés de l’Atlantique, les deux personnages étant reliés par
une ligne téléphonique et la vision des mêmes programmes sur le
petit écran, comme dans Le Ventre de l’Atlantique de Fatou
Diome (2003). La francophonie, par cette mise en abyme
constante, se défait de son bagage politique : il n’y a aucune
hiérarchie, il existe un dialogue d’égal à égal. On est bien loin de
la dichotomie entre les deux cultures, telle qu’elle avait été
exprimée par Cheikh Hamidou Kane dans L’Aventure ambiguë
(1961).

Etudes postcoloniales francophones

Entre l’individualité de chaque écrivain et la participation à une


possible littérature-monde en langue française, l’écriture africaine
contemporaine est reconnaissable. Il ne s’agit pas d’une simple
question de champ, l’exemple de Marie Ndiaye le prouve, bien
que l’intégration dans un champ circonscrive la nouvelle
production. Il ne s’agit non plus d’un « référent », d’un réel, d’un
monde, pour reprendre les termes du manifeste « Pour une
‘littérature-monde’ en français ». Nganang termine son essai en
montrant la spécificité de la littérature africaine, consciente de sa
propre histoire, avec la courte phrase suivante : « L’imagination
est notre seul espoir » (MNLA, 297. Je souligne.). Le Manifeste
des quarante-quatre aboutit avec une réflexion qui mène dans la
même direction, mais dans un contexte mondial : « la langue
libérée de son pacte exclusif avec la nation, libre désormais de
tout pouvoir autre que ceux de la poésie et de l’imaginaire, n’aura
32 French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36
« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
pour frontières que celles de l’esprit » (Je souligne).
L’imaginaire, absent du corps même des deux manifestes, semble
devenir roi. Une approche théorique neuve s’avère nécessaire :
celle-ci doit prendre en compte la spécificité de chaque écrivain,
de son imaginaire, qui ne peut s’exprimer que dans une
descendance, locale et régionale, mais aussi francophone. Les
textes de Le Bris et des collaborateurs au volume qui a suivi la
sortie du manifeste, arrivent à point nommé pour décloisonner la
littérature africaine d’expression française et sa critique, pour
créer une distance avec la notion d’engagement – même si ce
n’était pas son intention – et pour les inclure dans une théorie
postcoloniale francophone qui ne soit pas veine, car elle laisse
place à l’imaginaire de chaque auteur, tout en montrant la
spécificité du champ. Cette théorie postcoloniale francophone
doit être prise dans l’acception élargie que proposent Hargreaves
et Moura, quand ils exposent dans l’introduction d’un numéro
spécial de la revue International Journal of Francophone Studies
les liens qui existent entre études postcoloniales et francophones :
Readers will find not only new ideas and forms of
understanding pertaining to the relationship between
francophone cultures and postcolonialism but also stimulation
to undertake further research going beyond the customary
limits of francophonie. It is thus our hope that in extending the
boundaries of francophone postcolonial studies, in place of the
tense stand-off which has sometimes characterized relations
between proponents of francophone and postcolonial studies
respectively, the relationship between these two fields may be
seen to be synergetic rather than oppositional in nature.
(Hargreaves & Moura 2007: 310)

Les deux manifestes analysés proposent la direction dans laquelle


une littérature postcoloniale en français peut s’épanouir. Les
études postcoloniales francophones, telles que développées au
sein de la critique anglo-saxonne, offrent le cadre. Les écrits
théoriques, en particulier celui de Nganang, peu analysé, permet

French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36 33


« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
une lecture plus dirigée et nuancée des romans africains, selon les
trois axes mentionnés plus haut, la mémoire, le champ et la
francophonie. En effet, contrairement aux écrits doctrinaires du
vingtième siècle auxquels il a été fait référence, et dont le résultat
était, parfois à l’encontre des idées et de la volonté de leurs
créateurs, de délimiter un courant littéraire, de former une école
avec des règles, d’exclure des dissidents, la « littérature-monde »
et la « nouvelle littérature africaine » se veulent, du moins on
l’espère, inclusifs, car elles offrent un cadre non-normatif dans
lequel les écrivains opèrent et les lecteurs peuvent apprécier et
comprendre. Ceci n’est pas le moindre des avantages de ces
textes fondateurs.

Notes

1. Maison de publication « pour libres penseurs et non conformistes », les


éditions Homnispères, dont la politique éditoriale est non-alignée, possède une
collection spécifique qui traite des aspects de la pensée et des littératures
africaines, intitulée « Latitudes noires ».
2. La conférence de Tallahassee, qui s’est déroulée du 12 au 14 février 2009,
avait pour thème « Littérature-monde : New Wave or New Hype ? » et celle
d’Alger, du 23 au 25 février 2009, « Littérature monde : enjeux et
perspectives ». Ces colloques ont été précédés par celui d’Aarhus (Danemark),
les 27 et 28 novembre 2008. Michel Le Bris a assisté aux trois évènements, qui
réunissaient tous des chercheurs et des écrivains.
3. Ainsi la littérature-monde a fait son entrée sur Wikipédia.
4. Des revues y ont consacré des numéros entiers. On peut citer ici
Contemporary French and Francophone Studies, 14.1 (2010) et International
Journal of Francophone Studies, 12, 2-3 (2009).
5. Toutes les citations de ce paragraphe renvoient au manifeste « Pour une
‘littérature-monde’ en français » (Le Monde, 16 mars 2007).
6. MNLA renvoie dorénavant au Manifeste d’une nouvelle littérature africaine
(Nganang 2007).
7. « L’expérience vécue du Noir » de Frantz Fanon, publié dans la revue Esprit
de mai 1951 et repris dans Peau Noire, masques blancs, était une réponse
virulente à la conception sartrienne de la race dans Orphée Noire. Dix ans plus
tard, les deux penseurs avaient une vision plus commune. Jean-Paul Sartre a

34 French Studies in Southern Africa No. 40 (2010): 19-36


« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
également préfacé Portrait du colonisé/Portrait du colonisateur d’Albert
Memmi (1957).
8. Voici la liste des productions issues de cette rencontre : Boubacar Boris
Diop (Sénégal, 2000). Murambi, le livre des ossements. Paris : Stock ; Nocky
Djedanoum (Tchad, 2000). Nyamirambo!. Bamako : Le Figuier/Lille :
Fest'Africa Editions ; Monique Ilboudo (Burkina Faso, 2000), Murekatete.
Bamako : Le Figuier/Lille : Fest'Africa Editions ; Vénuste Kayimahe
(Rwanda, 2001). France-Rwanda, les coulisses du génocide. Paris : L'Esprit
frappeur/Dagorno ; Koulsy Lamko (Tchad, 2002). La Phalène des collines,.
Kigali : Kuljaama, 2000/Paris : Le Serpent à plumes ; Tierno Monénembo
(Guinée, 2000). L'Aîné des orphelins. Paris : Seuil ; Meja Mwangi (Kenya),
Great Sadness, non publié ; Jean-Marie Vianney Rurangwa (Rwanda, 2000),
Le Génocide des Tutsi expliqué à un étranger. Bamako : Le Figuier/Lille :
Fest'Africa Editions ; Véronique Tadjo (Côte d’Ivoire, 2000), L'Ombre
d'Imana. Voyage jusqu'au bout du Rwanda. Paris : Actes Sud ; et
Abdourahman Waberi (Djibouti, 2000), Moisson de crânes. Textes pour le
Rwanda. Paris : Le Serpent à plumes.
9. « La vérité est là, indubitable : aucune littérature ne peut se contenter d’un
rôle d’officier d’ordonnance. On n’écrit pas pour sauver une langue, mais
justement pour en créer une… » (Mabanckou 2007 : 59-60. En italiques dans
le texte).
10. Il faut cependant noter que par son dernier roman, Trois femmes
puissantes, qui a obtenu le prix Goncourt en 2009, et ses déclarations récentes,
en particulier sa polémique avec Marie Darrieussecq à propos du plagiat,
Marie NDiaye semble réintégrer ce champ.

Ouvrages cités

Ben Jelloun, Tahar. 2007. « La Cave de ma mémoire, le toit de ma maison sont


des mots français » In : Pour une littérature-monde, sous la direction de
Michel Le Bris et Jean Rouaud. Paris : Gallimard : 113-124.
Bessora. 2000. Les Taches d’encre. Paris : Le Serpent à Plumes.
—— Cueillez-moi jolis Messieurs…2007. Paris : Gallimard (Continents noirs).
Diome, Fatou. 2003. Le Ventre de l’Atlantique. Paris : Anne Carrière.
Dufay, François. 2009. « Africain sans frontières. » L’Express, 3005 (5
février): 72.
Gasparini, Philippe 2008. Autofiction : une aventure du langage. Paris : Seuil
(Poétique).

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« Écriture préemptive » et « littérature-monde »
Hargreaves, Alec & Jean-Marc Moura. 2007. « Editorial Introduction:
Extending the boundaries of francophone postcolonial studies »
International Journal of Francophone Studies, 10.3 : 307-311.
Le Bris, Michel et al. 2007. « Pour une ‘littérature-monde’ en français. » Le
Monde des livres, 16 mars.
Le Bris, Michel & Jean Rouaud (dir.). 2007. Pour une littérature-monde.
Paris : Gallimard.
Mabanckou, Alain. 2003. African Psycho. Paris : Le Serpent à Plumes.
—— 2005. Verre cassé. Paris : Seuil.
—— 2007. « Le Chant de l’oiseau migrateur. » In : Pour une littérature-
monde, sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud. Paris :
Gallimard: 55-66.
—— 2009. Black bazar. Paris : Seuil.
Monénembo, Tierno 1991. Un rêve utile. Paris : Seuil.
—— 2000. L’Aîné des orphelins. Paris : Seuil.
Mouralis, Bernard. 2007. « La Parole des femmes. D’Aoua Keita à Marie
Ndiaye. » L’Illusion de la réalité. Études de littérature africaine. Paris :
Honoré Champion : 3129-332.
Nganang, Patrice. 2007. Manifeste d’une nouvelle littérature africaine. Paris :
Homnisphères.
Ricœur, Paul. 2000. La Mémoire, l’histoire et l’oubli. Paris : Seuil.
Songo, Richard. 2005 « Rencontre : Alain Mabanckou nous parle de lui. »
Congopage. (15 août 2005) <http://www.congopage.com/
article.php3?id_article=2709> (accédé le 22 janvier 2009).
Waberi, Abdurahman. 1998. « Les Enfants de la postcolonie. Esquisse d’une
nouvelle génération d’écrivains francophones d’Afrique noire. » Notre
Librairie, 135 : 8-15.
—— 2007. « Écrivains en position d’entraver. » In : Pour une littérature-
monde, sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud. Paris :
Gallimard : 67-75.
—— 2008. « Les rapports entre auteurs africains et institutions littéraires
françaises sont complexes. » (8 novembre). <http://www. ordispace.
com/fr/chronique-mfi-08-11-18-abdourahman-waberi-les-rapports-entre
auteurs-africains-et-institutions-litteraires-francaises-sont-complexes.php?
id_page=2060> (accédé le 22 janvier 2009).

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