Vous êtes sur la page 1sur 24

Chapitre III Les engrenages

III. 1. GENERALITES – DEFINITION – BUT


Les engrenages ont pour fonction de transmettre une puissance d’un arbre en rotation à un autre arbre
tournant à une vitesse généralement différente, les deux vitesses restant dans un rapport constant.
Les solutions concurrentes :
· transmission par accouplement, les arbres devant être dans le prolongement l’un de l’autre,
· transmission par friction : roues de friction, courroies plates ou courroies trapézoïdales sur poulies,
· transmission par courroie crantée sur poulies ou par chaîne sur roues.
Pour un prix de revient modéré, les engrenages ont pour avantages un excellent rendement et un
encombrement plutôt faible.
L’engrènement est un phénomène connu depuis plusieurs siècles, les moulins à vent utilisaient des engrenages
en bois assez perfectionnés, et les mécanismes d’horlogerie ont utilisé très tôt les roues dentées. Le
développement des moteurs thermiques et électriques a provoqué un fort développement de ce type de
transmission.
Un engrenage est un ensemble de deux roues dentées complémentaires, chacune en liaison (pivot ou
glissière) par rapport à un support (souvent le bâti).
La petite roue se nomme le pignon, la grande roue extérieure s’appelle la roue, la grande roue intérieure
s’appelle la couronne. L’une des roues peut avoir un rayon infini, elle s’appelle alors une crémaillère.
Le rapport de transmission i est par définition :

On appelle surfaces primitives, les surfaces fictives des roues de friction associées donnant la même
cinématique que l’engrenage.
On distingue les différents types d’engrenages suivant :
· Les engrenages à axes parallèles à denture droite ou hélicoïdale,
· Les engrenages à axes concourants à denture droite ou hélicoïdale,
· Les engrenages à axes non concourants ou gauches (roue-vis, hypoïde, etc.)

III. 2. ETUDE SUCCINCTE DE L’ENGRENEMENT DANS LE CAS D’UN


ENGRENAGE CYLINDRIQUE DROIT
III. 2. 1. Les surfaces conjuguées et les profils conjugués (figures 1 & 2)
Soient deux cylindres de révolution primitifs (surfaces axoïdes) d’axes respectifs X1 et X2 parallèles et tangents
suivant la génératrice D, une surface P tangente aux deux cylindres en D et une surface Q invariablement liée à
P.

Figure 1 Figure 2

Si P roule sans glisser sur les deux cylindres, la surface Q a pour enveloppe par rapport au cylindre 1 une
certaine surface S1 et pour enveloppe par rapport au cylindre 2 une certaine surface S2. Ces deux surfaces sont
conjuguées, c’est-à-dire qu’elles restent constamment tangentes.
Si on regarde ce qui se passe dans un plan perpendiculaire aux axes des cylindres (les courbes p et q
étant les traces de P et Q dans ce plan), on démontre que la normale commune aux courbes G1 et G2 traces
respectives de S1 et S2 passe toujours par le point de contact des cercles primitifs, point I qui est le centre

Page 1
Chapitre III Les engrenages

instantané de rotation du mouvement de roulement sans glissement de p sur le cercle 1, du mouvement de


roulement sans glissement de q sur le cercle 2, du mouvement de roulement sans glissement des deux cercles
l’un sur l’autre (voir figure). L’intersection des surfaces conjuguées avec le plan perpendiculaire aux axes des
engrenages s’appellent les profils conjugués.

III. 2. 2. Le profil en développante de cercle


Soit un cylindre de révolution C1 d’axe X1. On prend comme surface P, un plan P tangent selon la
génératrice D à C1, et comme surface Q, un plan Q parallèle à X1 et incliné d’un angle q sur le plan P (voir figure
3, représentée dans le plan normal à X1).
On démontre que la courbe s1 enveloppée par Q quand P roule sans glisser sur le cylindre est une
développante de cercle ; en effet, à Q on peut lier un plan confondu Q' perpendiculaire au plan P' et passant
toujours par le point I. On voit que le plan Q' roule sans glisser sur le cylindre dit de base C'1 de centre O1 et de
rayon rb1= r1cos.
Tout se passe comme si la trace de P' dans le plan perpendiculaire à X1 roulait sans glisser sur un cercle
de base de rayon rb1= r1cos et entraînait Q'. La courbe enveloppe de Q' est un arc de développante de cercle de
rayon rb1 (cercle de base).

Figure 3

Figure 4

Sur la figure 4, on note H1 et H2, les points de contact de la droite tangente aux cercles de base de rayons
respectifs rb1 et rb2. Le point de contact des deux profils est le point M (ou le point N). En effet, la droite IM est
la normale commune en M à Q, P1 et P2. La droite (M, u) r lieu dans le repère fixe des points de contact des deux
profils, s’appelle la ligne d’action de l’engrenage. La vitesse du point H1 est égale à la vitesse du point H1 ; on a
donc : r1cos = r2cos ,

On met ainsi en évidence par cette formule, une propriété fondamentale des engrenages en développante
de cercle : le rapport des vitesses angulaires des deux roues dentées de l’engrenage ne dépend que des rayons rb 1
et rb2 des cercles de base ; il est indépendant de l’entraxe de fonctionnement à condition que celui-ci permette le
fonctionnement).

Page 2
Chapitre III Les engrenages

Equation de la développante de cercle (figure 3)


En utilisant le roulement sans glissement en T du plan P¢ sur le cercle de base, on peut écrire :

Propriétés géométriques de la développante de cercle (figure 4) :


• une développante de cercle est caractérisée par le rayon du cercle de base,
• toutes les développantes d’un même cercle sont des courbes parallèles,
• pour un fonctionnement sans frottement l’action de 1 sur 2 est un glisseur de module fixe si le couple
transmis est constant et d’axe central fixe (I, u)
Pour assurer la continuité de l’engrènement il est nécessaire d’avoir une succession de profils conjugués,
la distance entre deux profils consécutifs doit être constante et égale pour les deux roues dentées ; cette distance,
caractéristique de l’engrènement, est appelé le pas de base Pb

La condition de roulement sans glissement des cercles primitifs donne la relation suivante :

Le paramètre p est une caractéristique du fonctionnement de l’engrenage, il est appelé pas de


fonctionnement ; nous pouvons définir le module m de fonctionnement :

Propriétés cinématiques
Au point de contact M du segment [H1H2], nous pouvons calculer la vitesse relative des deux profils en contact
en utilisant le roulement sans glissement de 2 par rapport à 1 au point I :

Le module de la vitesse de glissement au point de contact M augmente lorsque le point M s’éloigne du


point I. De plus cette vitesse de glissement change de signe lorsque M passe par I. Ainsi en prenant en compte le
frottement au contact des dentures, la composante tangentielle (portée par v) de l’action de la roue 1 sur la roue
2, change de signe au point I. Ceci peut être générateur de vibrations et entraîner la rupture du film d’huile. Pour
limiter la durée de vie de l’engrenage, il est nécessaire d’utiliser une lubrification adaptée et de limiter cette
vitesse de glissement.

III. 3. FABRICATION DES ENGRENAGES


• Par moulage : au sable, pour solides en fonte ou en acier, sous pression pour roues en alliages légers,
ou matières plastiques. Les dentures sont très souvent achevées sur une machine à tailler.
• Par forgeage : il donne également des dentures brutes.
• Par taillage : 1- taillage successif : les dents sont usinées complètement et successivement soit par une
fraise de forme (fraise module) (figure 5) ou par génération avec outil crémaillère (figure 6), ou encore par
génération avec outil-pignon.
2- taillage progressif : à chaque instant toutes les dents à tailler sont à peu près dans le
même état dans la génération par vis mère.
Page 3
Chapitre III Les engrenages

Fraise disque

Outille crémaillère

Figure 5

Fraise mère

Figure 6 Figure 7

III. 4. CARACTERISATION DES ENGRENAGES CYLINDRIQUES A DENTURE


DROITE.
Définitions :
Cylindre primitif de fonctionnement ; diamètre primitif d : cylindre décrit par l’axe instantané de
rotation du mouvement relatif de la roue conjuguée par rapport à la roue considérée. La section droite du
cylindre primitif donne le cercle primitif de diamètre d.
Cylindre de tête ; diamètre de tête da : cylindre enveloppe du sommet des dents. La section droite du
cylindre de tête donne le cercle de tête de diamètre da.
Cylindre de pied ; diamètre de pied df : cylindre enveloppe du fond des dents. La section droite du
cylindre de pied donne le cercle de pied de diamètre df.

Saillie ha : distance radiale entre le cylindre de tête et le cylindre primitif.


Creux hf : distance radiale entre le cylindre de pied et le cylindre primitif.
Hauteur de dent h : distance radiale entre le cylindre de tête et le cylindre de pied.
Flanc : portion de surface d’une dent comprise entre le cylindre de tête et le cylindre de pied.
Profil : section d’un flanc par un plan normal à l’axe.
Page 4
Chapitre III Les engrenages

Pas : longueur d’un arc de cercle primitif compris entre deux profils consécutifs.
Largeur de denture b : largeur de la partie dentée d’une roue mesurée suivant une génératrice du
cylindre primitif.
Entraxe entre deux roues a : plus courte distance entre les axes des deux roues.
Cercle de base : cercle permettant d’obtenir le profil en développante de cercle des dents.
Ligne d’action : normale commune à deux profils de dents conjuguées, en leur point de contact. Cette
ligne est fixe pour les engrenages à développante de cercle.
Angle de pression a : angle de la ligne d’action avec la tangente aux cercles primitifs (a = 20° pour une
denture normalisée).
Module m : valeur permettant de définir les caractéristiques dimensionnelles de la roue dentée. C’est le
rapport entre le diamètre primitif et le nombre de dents.

Figure 10

Les roues extérieures tournent en sens contraires alors que pour un engrenage intérieur, les deux roues
tournent dans le même sens. Le taillage des dentures est plus délicat dans ce dernier cas et le plus souvent, la
roue est en deux parties : une couronne dentée rapportée sur un plateau à moyeu. L’assemblage de ces deux
pièces peut prendre des formes variables, mais doit comporter un centrage précis.

5- CARACTERISATION DES ENGRENAGES CYLINDRIQUES A DENTURE


HELICOÏDALE.
Les engrenages à denture hélicoïdale permettent un fonctionnement plus silencieux que celui des
engrenages à denture droite ; ils présentent également un meilleur rendement. Ils sont notamment utilisés dans
les boîtes de vitesses d’automobiles, les réducteurs et les multiplicateurs de vitesses.
Remarquons que l’étude faite au début sur le profil en développante de cercle pour un engrenage à
denture droite, se réalise de la même manière pour un engrenage à denture hélicoïdale. Il suffit de prendre un
plan Q faisant un angle  avec la génératrice D de contact des cylindres primitifs.

Figure 11

Page 5
Chapitre III Les engrenages

Définitions :
Hélice primitive : intersection d’un flanc avec le cylindre primitif d’une roue hélicoïdale.
Angle d’hélice  : angle entre la tangente à l’hélice primitive et une génératrice du cylindre primitif.
Pas apparent pt : longueur de l’arc de cercle primitif compris entre deux profils homologues
consécutifs.
Pas réel pn : pas mesuré sur une hélice normale à l’hélice primitive.
Module apparent mt : rapport entre le pas apparent et le nombre de dents.
Module réel mn : rapport entre le pas réel et le nombre de dents.

Figure 12 Figure 13

Quel que soit le diamètre, les roues dentées à denture hélicoïdale de même module et de même angle
d’hélice engrènent entre elles, à condition que les hélices soient de sens contraire (figure 11). Les dentures
hélicoïdales provoquent une poussée axiale, d’où la nécessité de l’emploi de butées. La poussée axiale est
proportionnelle à l’angle d’hélice . On peut donc réduire la poussée axiale en diminuant l’angle d’hélice, mais
on peut également la supprimer, en utilisant des roues jumelées dont les dentures sont inclinées en sens opposé
(figure 12) ou encore par l’utilisation d’une denture en chevrons (figure 13).

III. 6. CARACTERISATION DES ENGRENAGES CONIQUES.


Les engrenages coniques sont des engrenages à axes concourants. Ils permettent de transmettre le
mouvement entre deux arbres concourants, avec un rapport de vitesse rigoureux. Les conditions d’engrènement
imposent que les deux roues doivent avoir même module et que les sommets des deux cônes soient confondus.
Ce dernier impératif oblige le concepteur à un centrage très précis des deux roues pour assurer un
fonctionnement correct. Il faut donc prévoir au montage un réglage axial des deux roues. On peut utiliser par
exemple des boîtiers et des cales de réglage.
Définitions
Cône primitif, angle primitif  : cône décrit par l’axe instantané de rotation du mouvement relatif de la
roue conjuguée par rapport à la roue considérée. Le demi-angle au sommet de ce cône est l’angle primitif .
Cône de tête, angle de tête a : cône enveloppe des sommets des dents. Le demi-angle au sommet de ce
cône est l’angle de tête a.
Cône de pied, angle de pied f : cône enveloppe des bases des dents. Le demi-angle au sommet de ce
cône est l’angle de pied f.

Cône complémentaire : cône dont les génératrices sont perpendiculaires à celles du cône primitif, à l’extrémité
externe de la largeur de la denture.
Diamètre primitif d : diamètre du cercle intersection du cône primitif et du cône complémentaire
(cercle primitif).
Diamètre de tête da : diamètre du cercle intersection du cône de tête et du cône complémentaire (cercle
de tête).
Diamètre de tête df : diamètre du cercle intersection du cône de pied et du cône complémentaire (cercle
de pied).

Page 6
Chapitre III Les engrenages

Largeur de denture b : largeur de la partie dentée de la roue mesurée suivant une génératrice du cône
primitif.
Saillie ha : distance entre le cercle primitif et le cercle de tête mesurée suivant une génératrice du cône
complémentaire.
Creux hf : distance entre le cercle primitif et le cercle de pied mesurée suivant une génératrice du cône
complémentaire.
Angle de saillie a : différence entre l’angle de tête et l’angle primitif.
Angle de pied f: différence entre l’angle de pied et l’angle primitif.
Pas : longueur de l’arc de cercle primitif compris entre deux profils homologues consécutifs.
Hauteur de dent : distance entre le cercle de tête et le cercle de pied, mesurée suivant une génératrice
du cône complémentaire.

III. 7. CARACTERISATION D’UN ENGRENAGE GAUCHE : LE SYSTEME ROUE-


VIS SANS FIN
C’est un engrenage hélicoïdal dont les axes sont orthogonaux et non concourants. La transmission par ce
type d’engrenage donne une solution simple pour les grands rapports de réduction, avec un fonctionnement peu
bruyant.
Page 7
Chapitre III Les engrenages

La poussée de la vis est forte surtout si la démultiplication est grande. On utilise alors une butée à billes
ou à rouleaux ou encore des roulements à contact oblique pour réaliser la liaison pivot avec le support. Lorsque
l’inclinaison des filets est faible (vis à un filet), la transmission est irréversible, ce qui est souvent utile, car le
réducteur s’oppose à toute rotation commandée par la machine réceptrice (exemple : appareils de levage).
Toutefois le rendement est alors faible, et de plus le couple de démarrage est beaucoup plus fort que le
couple à vitesse de régime.
Le rendement est meilleur avec les fortes inclinaisons, à condition que les métaux en présence soient
bien choisis et l’exécution des dentures très précises, avec des états de surface très soignés.
Le frottement est important et donne un rendement médiocre, mais suffisant dans le cas de faibles puissances

Figure 16

Définitions
- Pour la vis,
Filet : une des dents de la vis. Les vis peuvent avoir un ou plusieurs filets.
Cylindre de référence : surface primitive de référence de la vis.
Hélice de référence : hélice d’intersection d’un flanc avec le cylindre de référence de la vis.
Pas hélicoïdal p z : distance axiale entre deux profils homologues consécutifs d’un filet.
Pas axial pz : rapport entre le pas hélicoïdal et le nombre de filets (le pas axial est égal au pas hélicoïdal
si le nombre de filets est égal à 1).
Module axial mx : rapport entre le pas et le nombre .

- Pour la roue,
Le profil de la roue est le profil conjugué de celui de la vis. L’engrènement d’une vis avec une roue n’est
possible que si elles ont même module axial et même angle d’hélice. Les caractéristiques dimensionnelles de la
roue sont identiques à celles d’une roue à denture hélicoïdale. La roue est généralement cylindrique pour
transmettre des efforts relativement faibles, mais pour transmettre des efforts importants, une roue creuse est
préférable.

Figure 17 Figure 18

Page 8
Chapitre III Les engrenages

III. 7. DETERMINATION DES CHARGES SUR LES DENTURES ET CALCULS DE


RESISTANCE
Dans une première partie, nous allons donner les relations permettant de calculer les charges sur les
dentures et leurs composantes pour les différents types d’engrenages : parallèles, concourants, à vis sans fin.
La seconde partie, calculs de résistance des engrenages, concerne surtout les engrenages parallèles. Un
grand nombre de normes ISO sont actuellement publiées concernant ces calculs. Nous donnerons les calculs
relatifs aux détériorations superficielles et aux détériorations par rupture. Après un rappel des bases de calcul
des normes ISO, nous indiquerons une méthode simplifiée, valable pour tous les engrenages industriels, ayant
une très bonne correspondance avec les normes générales souvent complexes.

III. 7. 1. Détermination des charges sur les dentures


1) Engrenage parallèle à denture droite (figures 19 et 20)
Le pignon est supposé menant. Son action sur la roue menée se traduit par une force Fn que nous
supposerons concentrée au milieu de la largeur de denture et dirigée suivant la normale commune aux dentures,
c’est-à-dire suivant la ligne d’action tangente aux cercles de base (figure 19).

Figure 19 : Engrenage parallèle à denture droite

Page 9
Chapitre III Les engrenages

Soit C1 le couple moteur sur le pignon.


Fn s’exerce tangentiellement au cercle de base de diamètre db1 ; nous avons :

ce qui indique tout d’abord que l’effort normal (aux dentures) Fn est constant durant tout l’engrènement.
Plaçons-nous au point de contact primitif I. Les deux composantes de Fn sont :
- l’effort tangentiel (aux cercles primitifs) :

- l’effort radial : Fr = Fttan α


- L’effort normal est égal à :

L’action du pignon sur la roue se traduit par un couple C 2 sur l’arbre de cette roue :

La figure 2 indique la répartition (théorique) de la charge durant l’engrènement : entre V et W, un seul


couple en contact, partout ailleurs ; deux couples. Pour la détermination des arbres et des paliers, indiquons que
l’effort normal Fn se retrouve aux centres O1 et O2.

Figure 20 : Répartition de la charge

b) Engrenage parallèle à denture hélicoïdale (figure 21)


Le pignon est supposé menant. L’action du pignon sur la roue se traduit par l’effort normal F n supposé
appliqué au milieu de la largeur de denture et au point de tangence des cercles primitifs. F n subit l’influence de
deux inclinaisons : l’une égale à β et l’autre égale à αn.
Les trois composantes de Fn sont :
- l’effort tangentiel :

- l’effort radial :

- l’effort axial

- L’effort normal est égal à :

Page 10
Chapitre III Les engrenages

et ses composantes se transportent sur les arbres du pignon et de la roue.

Figure 21 : Engrenage parallèle à denture hélicoïdale

c) Engrenage concourant à denture droite (figure 22)


Le pignon est supposé menant. Son action sur la roue se traduit par un effort normal Fn que nous
supposerons concentré au milieu de la largeur de denture où nous considérerons le diamètre primitif moyen m1.
L’effort Fn normal aux dentures, subit l’effet de deux inclinaisons : l’une due à l’angle de pression α, et l’autre à
l’angle primitif δ1. Les trois composantes de Fn sont :
- l’effort tangentiel :

- la composante Fr perpendiculaire à l’axe du pignon (axiale pour la roue) parallèle à l’axe de la roue :
Fr = Ft tan cos1

- la composante Fx parallèle à l’axe du pignon (radiale pour la roue) :


Fx = Ft tan sin1

- L’effort normal est égal à :

Nous pouvons transporter Fn et ses composantes sur les arbres du pignon et de la roue.

Figure 22 : Engrenage concourant à denture droite

d) Engrenage concourant à denture spirale (figure 23)


L’organe menant exerce sur l’organe mené un effort Fn normal aux dentures, supposé concentré au
milieu de la largeur de denture où nous considérerons le diamètre primitif moyen dm. Cet effort normal subit
l’effet de trois inclinaisons : l’une due à l’inclinaison moyenne βm, l’autre à l’angle de pression réel αn, et la
troisième à l’angle primitif δ1.
Page 11
Chapitre III Les engrenages

Les trois composantes de Fn sont :


- l’effort tangentiel :

- la composante Fr : perpendiculaire à l’axe de l’organe menant, parallèle à l’axe de l’organe mené


(axiale ) ;
- la composante Fx parallèle à l’axe de l’organe menant, perpendiculaire à l’axe de l’organe mené
(radiale).
Pour la détermination de ces composantes, selon le sens des dentures et le sens de rotation, il est
préférable d’avoir des poussées axiales positives (dirigées à l’opposé du sommet) de telle sorte que le jeu entre
flancs tende plutôt à augmenter qu’à diminuer.

Figure 23 : Engrenage concourant à denture spirale

e) Engrenage à vis sans fin (figure 24)


La vis est supposée menante ce qui est pratiquement toujours le cas. Son action sur la roue se traduit par
l’effort Fn normal aux dentures, que nous supposerons concentré au milieu de la largeur de denture de la roue.
Cet effort subit l’effet de deux inclinaisons :
L’une due à l’angle d’hélice de la vis β, et l’autre à l’angle de pression réel αn.
Les trois composantes de Fn sont :
- effort axial sur la roue :

- composante Fr, perpendiculaire aux axes de la vis et de la roue :

- composante Fx parallèle à l’axe de la vis, et tangentielle à la roue :


Fx = Ft tan
- L’effort normal est égal à :

Page 12
Chapitre III Les engrenages

Figure 24 : Engrenage à vis sans fin

III. 7. 2. Calculs de résistance des engrenages parallèles


1. Normalisation
Le Comité ISO TC 60 a défini des méthodes de calcul de résistance des dentures. Les documents
originaux sont les suivants.
A. Méthodes générales – Engrenages parallèles :
ISO/DIS 6336. Calcul de la capacité de charge des engrenages parallèles à denture droite ou hélicoïdale.
Partie 1 : Principes de base, introduction et facteurs d’influence généraux ;
Partie 2 : Calcul de la résistance superficielle (pitting) ;
Partie 3 : Calcul de la résistance des pieds de dents à la flexion ;
Partie 4 : Calcul de la résistance des dentures au grippage ;
Partie 5 : Résistance et qualités des matériaux.
B. Méthodes spécifiques d’application pour engrenages industriels.
ISO/CD 9085. Standard d’application pour engrenages industriels.
Partie 1 : Méthode détaillée ;
Partie 2 : Méthode simplifiée.
Nous nous occupons dans cet article plus spécialement des engrenages industriels, en appliquant une méthode
simplifiée avec laquelle nous obtenons des résultats suffisamment proches de ceux obtenus avec la méthode
générale, et dans le sens de la sécurité.

2. Résistance superficielle
➢ Détériorations superficielles
Dans tout engrenage, on admet une certaine usure (figure 25a). Quand on indique que l’engrenage est
calculé par exemple pour une durée de 10 000 heures, cela signifie que l’usure au bout de 10 000 heures
commencera à être à la limite de l’acceptable, entraînant une augmentation non négligeable du bruit et des
vibrations.
Une usure "anormale" sera par exemple observée dans le cas d’un engrenage fortement chargé à faible
vitesse (ce qui revient à dire avec un film d’huile insuffisant), avec une rugosité de surface importante, ou
simplement du fait de l’introduction de poussière ou de matière abrasive dans l’huile (figure 25b).
Une détérioration observée surtout dans le cas d’aciers à trempe totale dans la masse (jusqu’à environ
360 Brinell avant taillage) est le pitting (piqûres). La figure 25c représente cette détérioration à un stade déjà
avancé. Elle est liée, comme nous le verrons plus loin, à une pression de Hertz trop élevée. Elle n’apparaît que
dans la partie des dentures au-dessous du cylindre primitif.
Dans le cas d’une denture durcie superficiellement par cémentation ou nitruration, on peut observer un
"écaillage" comme le montre la figure 25d. Cette détérioration provient surtout d’une profondeur de traitement
insuffisante.

Page 13
Chapitre III Les engrenages

Une troisième détérioration rencontrée surtout dans un engrenage à grande vitesse est le "grippage"
figures 25e et f). La cause est beaucoup plus complexe.
La pression de Hertz n’est pas la cause prédominante. Cependant, certains phénomènes liés aux
questions de vitesse de glissement et de formation de film d’huile rendent l’étude plus complexe.

Figure 25 : Détériorations superficielles

➢ Pression de Hertz nominale de l’engrenage


Deux galets de rayons ρ1et ρ2 sont pressés l’un contre l’autre avec un effort normal unitaire Fnu (N/mm)
(figure 26).
Ils subissent un aplatissement :

ρr = rayon de courbure relatif :

La variation de la pression superficielle indique un maximum σH au point géométrique de contact O


(formule de Hertz) :

Page 14
Chapitre III Les engrenages

Figure 26 : Pression de Hertz

Engrenage extérieur à denture droite


En un point quelconque M, on peut remplacer les deux dentures conjuguées par deux galets cylindriques,
de rayons ρ1 et ρ2 (rayons de courbure des développantes) (figure 27).
En T1 (ou T2) :

En P, milieu de T1T2:

Figure 27 : Engrenage parallèle extérieur à denture droite

Page 15
Chapitre III Les engrenages

Reportons-nous à la figure 27.


Entre V et W :
(courbe 1 de la figure 27)

Entre BV et AW :
(courbe 2 de la figure 27)

La pression de Hertz au point primitif est :

Avec

Denture extérieure à denture hélicoïdale


La formule ISO introduit le rapport de conduite εα :

Avec βb angle d’inclinaison de base, angle de pression apparent de fonctionnement.


Dans la formule, on a :
ZE facteur d’élasticité :
ZE = 193 pour les aciers
Zε facteur de conduite :

Z H facteur géométrique :

Remarque : pour la denture droite, la pression de Hertz maximale est voisine de celle donnée par avec un seul
couple en contact. Cependant, pour faire intervenir l’effet bienfaisant du rapport de conduite, il est introduit
également un "facteur de conduite" de valeur empirique :

Engrenage intérieur
Du fait des courbures des profils de même sens, la pression de Hertz est plus faible que dans l’engrenage
extérieur. Les formules et restent valables, mais avec :

Pression de Hertz de base


Des équations précédentes, nous pouvons déduire la formule générale suivante :

Dans cette équation apparaît un nouveau facteur :

Page 16
Chapitre III Les engrenages

➢ Pression de Hertz effective durant l’engrènement sH


σHO n’est qu’une valeur statique. Il faut donc la corriger pour obtenir la pression de Hertz de
fonctionnement. L’effort tangentiel Ft est multiplié par des facteurs plus grands que 1 :
• KV facteur dynamique indiquant l’introduction de surcharges dynamiques sous l’effet de diverses
influences :
- vitesse ;
- erreurs de denture ;
- inertie des organes.
• K A facteur d’application, faisant intervenir la fluctuation de la charge suivant la nature de l’organe
moteur et de l’organe mené (voir tableaux 1 et 2).
• K Hβ facteur de répartition longitudinale indiquant une répartition non uniforme de la charge sur la
largeur de denture sous l’effet d’un grand nombre de facteurs :
- distorsion des dentures ;
- défaut de parallélisme ;
- déformation du carter, etc.
• K Hα facteur de répartition transversale indiquant que la répartition de l’effort normal de la figure 2
peut être modifiée par l’erreur relative de pas de base entre pignon et roue.
Nous en déduisons la pression de Hertz effective :

➢ Pression de Hertz limite sHP

Dans cette équation, nous avons :


• σHlim limite d’endurance de base du matériau, pour une durée infinie, et une probabilité de
détérioration de 1%.
• S H min facteur de sécurité minimal sur σHlim.
• ZN facteur de durée fonction du nombre de cycles de mise en charge NL.
Soit : H = nombre d’heures de fonctionnement
n = nombre de tours par minute de l’organe considéré.
On a :
- pour un engrènement simple : NL = 60 n H
- pour un engrènement double : NL = 2 . 60 n H
- pour une roue intermédiaire : NL = 60 n H
• ZV facteur de film d’huile indiquant une augmentation de la capacité de l’engrenage lorsque la vitesse
augmente : film d’huile plus épais.
• ZL facteur de viscosité d’huile indiquant une augmentation de la capacité de l’engrenage lorsque la
viscosité augmente : film d’huile plus épais.
• ZR facteur de rugosité.
• ZW facteur de rapport de duretés : lorsqu’une roue en acier simplement trempé dans la masse
engrène avec un pignon à denture durcie et rectifiée, le facteur σHlim de la roue augmente par effet d’écrouissage
superficiel.
Tous ces facteurs sont donnés dans le document ISO général sous une forme souvent complexe.

➢ Facteur de service pour la résistance superficielle CSH


Nous allons indiquer une méthode personnelle simplifiée, donnant de très bons résultats, et faisant
intervenir le facteur de service CSH . Ce facteur fait en quelque sorte une synthèse du facteur d’application, du
facteur de durée et du facteur de sécurité.

Page 17
Chapitre III Les engrenages

Pour la résistance superficielle, on a :

Dans cette équation nous avons :


• KA facteur d’application : les valeurs du facteur d’application en fonction des fluctuations de la
charge au cours de l’engrènement (classes de choc U, L, M, H) sont données dans le tableau 1.
Des exemples de machines menantes et menées correspondant à ces classes de choc sont donnés dans le
tableau 2.
• Z N facteur de durée (figure 28) : pour les grandes durées de fonctionnement, par exemple 24 heures
par jour, on adopte Z N ≅ 1.

Figure 28 : Facteur de durée

Page 18
Chapitre III Les engrenages

• SH facteur de sécurité : pour une sécurité normale, admettant, comme l’indique l’ISO, moins de 1 %
de risque de détérioration, on adopte SH = 1.
Pour une plus grande sécurité, on peut adopter jusqu’à SH = 1,25.
La valeur pratique du facteur de service CSH est donnée sur la figure 11 en fonction de la durée de
fonctionnement, de la classe de choc et de la fiabilité désirée.
Les valeurs nominales, de puissance et de couple, doivent être multipliées par le facteur de service pour obtenir
les valeurs effectives de calcul. En particulier, le facteur de pression de Hertz K de la formule (30).

Figure 11 – Facteur de service

Page 19
Chapitre III Les engrenages

➢ Classification des engrenages


Les matériaux utilisés pour le pignon et la roue sont des aciers forgés ou laminés.
I Pignon et roue : aciers de cémentation 58 à 60 HRC
Dentures rectifiées : ISO 5 à 6
Dentures hélicoïdales : αn = 20°, β ≈ 10°
II Pignon : acier de cémentation 58 à 60 HRC
Roue : acier à nitruration gazeuse profonde : 55 à 58 HRC
Dentures rectifiées : ISO 5 à 6
Dentures hélicoïdales : αn = 20° , β ≈ 10°
III Pignon : acier de cémentation 58 à 60 HRC
Roue : acier à nitruration au bain ou gazeuse de faible durée : 52 à 55 HRC
Dentures rectifiées : ISO 5 à 6
Dentures hélicoïdales : αn = 20°, β ≈ 10°
IV Pignon : acier de cémentation 58 à 60 HRC
Roue : acier allié trempé superficiellement à la flamme ou par induction
Dentures rectifiées : ISO 5 à 6 (pour roue également)
Dentures hélicoïdales : αn = 20°, β ≈ 10°
V Pignon : acier de cémentation : 58 à 60 HRC
Dentures rectifiées ISO 5 à 6
Roue : acier allié trempé dans la masse pour 350 à 360 HB
Dentures taillées de précision : ISO ≈ 6
Dentures hélicoïdales : αn= 20°, β ≈ 10°
VI Pignon : acier allié trempé dans la masse pour 350 à 360 HB (genre 30 CND 8)
Roue : acier allié trempé dans la masse pour 280 HB (genre 35 ou 42 CD 4)
Dentures taillées : ISO ≈ 7
Dentures en chevron : αn = 20°, β ≈ 30°
Pas de rodage ultérieur des dentures
VI' Mêmes caractéristiques que précédemment (VI ), mais avec rodage des dentures après taillage
VII Pignon : acier allié trempé dans la masse pour 280 HB (genre 35 ou 42 CD 4)
Roue : acier faiblement allié trempé dans la masse pour 250 HB
Dentures en chevron : αn = 20°, β ≈ 30°
Dentures taillées qualité ISO ≈ 7 à 8
Pas de rodage ultérieur des dentures
VII′ Mêmes caractéristiques que précédemment (VII), mais avec rodage des dentures après taillage.

➢ Facteur K admissible, pour un facteur de service CSH = 1


Les valeurs admissibles du facteur K, pour les différentes catégories d’engrenages, I à VII, et pour un
facteur de service égal à 1, en fonction de la vitesse tangentielle v (m/s) peuvent se lire sur la figure 29.

Page 20
Chapitre III Les engrenages

Figure 29 : Facteur K admissible

3. Résistance à la rupture (Détermination du module)


➢ Détériorations
- Rupture brutale : cette rupture peut survenir lorsqu’une denture est insuffisamment dimensionnée, ou
lors d’une surcharge accidentelle inadmissible. La zone de rupture est en général à grains grossiers.
- Rupture de fatigue : tout matériau possède une courbe de Wohler indiquant par exemple le nombre de
cycles de mise en charge avant rupture pour une contrainte donnée (figure 30).
σFE est la limite de fatigue.
Toute contrainte supérieure entraînera une rupture pour un certain nombre de cycles. Il se produira des
amorces d’où partiront des zones de fissuration progressive, manifestant de petites vagues à chaque cycle de
charge (figure 31).
- Localisation de portée à une extrémité : valeur accentuée de KHβ .
- Rupture due à l’écaillage de la couche cémentée
➢ Contrainte nominale
Dans le cas d’une denture droite de bonne précision, le pignon (1) étant supposé menant, l’instant où la
dent du pignon est la plus chargée se produit lorsque le contact a lieu au point V, avec l’effort normal Fn total,
dont les deux composantes sont W1 de flexion, et V1 de compression (figure 32).
Hypothèse ISO (figure 32) : la section à contrainte maximale CD est déterminée par les deux tangentes
à 30o.
La contrainte maximale en considérant Fn en V est sensiblement la même que celle que l’on obtiendrait
avec un effort au sommet égal à FnYε.

Page 21
Chapitre III Les engrenages

Figure 30 : Courbe de Wohler

Figure 31 : Rupture de fatigue

Figure 32 : Hypothèse ISO

Page 22
Chapitre III Les engrenages

Pour une denture intérieure, on peut assimiler la dent avec une dent de crémaillère. La contrainte
nominale est :

• Yβ facteur d’inclinaison.
•YSa facteur de concentration de contrainte : d’autant plus grand que le rapport est grand.

➢ Contrainte effective de rupture


σF = σFO (KA KV KFβ KFα)
avec KFβ ≅ KHβ, KFα ≅ KHα
Les facteurs KA, KV, KHβ, KHα ont été définis auparavant.

➢ Contrainte limite de rupture FP

• FE lim limite d’endurance de base des matériaux, pour durée infinie, et probabilité de détérioration 1
%. Pour la trempe superficielle par induction, il faut éviter un traitement localisé sur les flancs uniquement, sans
les fonds des entredents.
• YN facteur de durée, fonction du nombre de cycles de mise en charge NL
•Yx facteur de dimension, dépendant principalement du module.

➢ Facteur de service pour la résistance à la rupture CSF

En pratique, il faut prendre :


CSF≅CSH

➢ Facteur Ft/bmn admissible


Le diagramme de la figure 33 donne la valeur admissible, en fonction de la catégorie de l’engrenage,
pour le facteur de service 1.

Page 23
Chapitre III Les engrenages

Figure 33 : Facteur Ft/b mn admissible

Page 24

Vous aimerez peut-être aussi