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Observatoire national de
la protection de l'enfance
SENS ET REPÈRES MÉTHODOLOGIQUES
Les corrections et la mise en pages ont été effectuées par Alexandra Fisch, rédactrice.
Sommaire
Introduction............................................................................................... 6
Repères juridiques 15
Le droit des enfants d'être entendu :
un droit fondamental consacré par l'article 12 de la CIDE............................... 16
Les liens entre le droit d’être entendu et le respect plus général
des droits de l’enfant........................................................................................ 17
9 prescriptions pour une participation efficace et éthique.............................. 18
Retour rapide sur le droit en vigueur en France.............................................. 20
Conclusion................................................................................................. 64
Bibliographie sélective.............................................................................. 66
1. Les références bibliographiques entre parenthèses sont à retrouver dans la bibliographie sélective.
2. Article L147-13 du Code de l’action sociale et des familles (CASF).
Les textes précités conduisent à retenir une définition large de la participation. Elle
implique d’établir des dispositifs adaptés pour les enfants à titre individuel comme
pour des groupes d’enfants définis. Sur ce dernier point, la manière de définir la
participation collective ne semble pas faire l’objet d’un consensus au sein de la
recherche. Certains auteurs soulignent « le flou conceptuel » (Lacroix, 2016) entou-
rant le terme « collectif ». Le critère du nombre de participants ne fait pas non plus
consensus, aussi, Seim et Slettebø (2011) considèrent que le critère à prendre en
compte est celui de la finalité de la démarche, à savoir une participation qui traduit
la volonté d’œuvrer pour le bien commun et d’améliorer le service pour toutes les
personnes dans la même situation.
La participation doit concerner l’ensemble des domaines intéressant les enfants.
Appliquée à la protection de l’enfance, cette exigence s’inscrit aussi bien au niveau
de la vie quotidienne et de l’accompagnement des enfants qu’aux niveaux insti-
tutionnel (participation au fonctionnement des services et des établissements) et
politique (participation à la politique publique de protection de l’enfance) [Mijntje,
ten Brummelaar et al., 2018]. Si en pratique la participation collective est souvent
associée à une dimension institutionnelle ou politique, certains auteurs comme
Calmo et al. (2013) insistent sur l’importance de retenir une conception plus large
appelant aussi à considérer la participation collective informelle qui se joue dans le
quotidien des établissements. Ces différents niveaux s’articulent entre eux et sont
susceptibles de se nourrir mutuellement, aussi participation individuelle et partici-
pation collective sont étroitement liées.
Les organisations internationales et les acteurs de la recherche insistent enfin
sur le fait que pour être significative la participation doit être comprise comme un
processus et non comme un fait ponctuel. Pour que la participation « soit effective,
durable et ait un sens […] elle nécessite un engagement continu en termes de temps
et de ressources » (Conseil de l’Europe, 2012). Par ailleurs, il importe de créer un
environnement favorable (aux plans juridiques et politiques notamment), et encou-
rageant pour les enfants. Il s’agit en particulier de leur offrir le soutien nécessaire pour
exprimer librement leurs opinions et contribuer aux décisions qui les concernent.
Comme le souligne également le Défenseur des droits dans son rapport Prendre en
compte la parole de l’enfant : un droit pour l’enfant, un devoir pour l’adulte (2020),
pour que la participation ne soit pas « décorative », elle doit permettre aux enfants
d’agir sur le processus décisionnel et s’inscrire non pas en parallèle à ce dernier mais
au sein de celui-ci3.
Sous l’influence de la Convention internationale des droits de l’enfant, la participa-
tion des enfants constitue désormais une norme d’action publique. Celle-ci s’inscrit
aussi dans un mouvement de fond qui traverse l’ensemble des politiques publiques,
et plus particulièrement le champ des solidarités et de l’enfance : il s’agit de consi-
dérer les usagers comme « acteurs » et non plus bénéficiaires passifs des prestations.
De manière générale, il est relevé que ce changement de paradigme n’est pas
abouti et que le droit des enfants d’être entendus n’est pas pleinement mis en œuvre
à l’échelle internationale. La stratégie du Conseil de l’Europe pour les droits de
3. Notons que plusieurs travaux de recherche proposent de modéliser différents degrés de participation
traduisant une influence croissante des personnes dans les processus de décision. Des auteurs comme
Claisse, Laviolette, Reuchamps et Ruyters (2013) distinguent quatre niveaux : l’information, la consultation,
la concertation et la codécision ; et soutiennent que le niveau à promouvoir dépend du contexte, du public
cible, des objectifs fixés et de l’expérience capitalisée dans les démarches participatives.
l’enfant (2022-2027)4 pose notamment le constat que la participation des enfants est
encore souvent négligée et fragmentée au niveau national, justifiant d’y consacrer
l’un de ses six objectifs stratégiques. Pour promouvoir et soutenir ces démarches, il
a d’ailleurs publié en 2020 Écouter – Agir – Changer. Manuel du Conseil de l’Europe
sur la participation des enfants à l’usage des professionnels travaillant pour et avec
les enfants. Construit par des groupes d’experts internationaux, celui-ci propose des
repères théoriques et pratiques pour la mise en œuvre d’espaces participatifs. Sans
être ciblé sur la participation dans le champ de la protection de l’enfance, il offre des
repères éclairants sur la manière dont les professionnels peuvent aider les enfants
auprès desquels ils travaillent, tant individuellement que collectivement, à prendre
part aux décisions qui les concernent.
En France, si le législateur renforce depuis plusieurs décennies la participation des
enfants, le Défenseur des droits estime que ce droit demeure peu effectif, notam-
ment dans le champ de la protection de l’enfance, qu’il s’agisse de la prise en compte
de la parole de l’enfant dans le cadre de son accompagnement individuel ou de parti-
cipation collective (Défenseur des droits, 2020)5.
À un niveau politique, la participation des enfants protégés a fait l’objet de
développements spécifiques au sein de la stratégie nationale de prévention et de
protection de l’enfance 2020-20226 avec pour objectif de « faire en sorte que les
enfants et anciens enfants accompagnés participent à l’ensemble des temps et des
instances d’élaboration et de décision ». La thématique a par ailleurs été retenue
comme un des objectifs de la contractualisation entre l’État et les départements7.
Outre le développement de la participation au sein des ODPE, évoqué ci-après, la
stratégie propose de renforcer la pair-aidance en soutenant les associations départe-
mentales d’entraide des personnes accueillies en protection de l’enfance (Adepape)
et les associations des jeunes tout en faisant évoluer leur statut. Il a été également
prévu de réaliser « une cartographie des bonnes expériences conduites dans les
conseils de la vie sociale afin de les redynamiser », ce qui a donné lieu à la publica-
tion d’un guide réalisé par la direction générale de la cohésion sociale en partenariat
avec l’Agence nouvelle des solidarités actives (ANSA et DGCS, 2021). Il est à noter
que l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services
sociaux et médico-sociaux (devenue la Haute Autorité de santé) avait également
publié en 2014 des recommandations de bonnes pratiques relatives à l’expression
et la participation du mineur, de ses parents et du jeune majeur dans le champ de la
protection de l’enfance (ANESM, 2014).
La stratégie de prévention et de protection de l’enfance précitée indique égale-
ment que la participation des enfants protégés a vocation à se décliner à tous les
4. https://rm.coe.int/strategie-du-conseil-de-l-europe-pour-les-droits-de-l-enfant-2022-
2027/1680a60572
5. Dans le cadre de ce rapport, le Défenseur des droits a mené une enquête montrant que parmi 32
départements répondants, 66 % ont indiqué ne pas avoir mis en place de modalités de consultation ou de
participation des enfants protégés, il est également relevé que l’animation des conseils de la vie sociale est
parfois négligée, ces instances n’étant pas perçues comme prioritaires ou réellement utiles à l’expression
des enfants.
6. https://solidaritessante.gouv.fr/IMG/pdf/dossier_de_presse_strategie_nationale_de_prevention_et_
protection_de_l_enfance_vf.pdf
7. Circulaire n° DGCS/SD2B/DGS/SP1/2020/34 du 20 février 2020 relative à la contractualisation préfet/
ARS/département pour la prévention et la protection de l’enfance ; instruction n° DGCS/SD2B/DGS/
SP1/2022/61 du 18 février 2022 relative à la contractualisation préfet/ARS/département en prévention et
protection de l’enfance pour l’exercice 2022.
8. http://www.urlz.fr/kxMX
9. Décret n° 2016-1285 du 29 septembre 2016 pris en application de l'article L226-3-1 du CASF [en ligne].
Le droit énoncé est interprété de manière large par le comité des droits de l’enfant
des Nations unies13. Bien que le terme de « participation » n’apparaisse pas dans
l’article, le comité des droits de l’enfant le relie directement à la notion générale
de participation qui désigne les multiples formes d’implication des enfants dans les
décisions qui les concernent.
L’adoption de cette disposition a marqué un tournant important dans l’avène-
ment des droits de l’enfant. La reconnaissance d’un tel droit s’inscrit en rupture avec
une conception de l’enfant héritée du droit romain (l’infans, être muet et dénué de
capacité juridique) et une logique exclusive de protection qui imprégnait les précé-
dents textes internationaux centrés sur la vulnérabilité des enfants et les obliga-
tions des adultes à leur égard. L’article 12 de la CIDE reconnaît l’enfant comme sujet
de droits, capable de se forger sa propre opinion et de l’exprimer pour contribuer
aux décisions qui le concernent. Les droits définis par la Convention sont d’ailleurs
souvent désignés par les trois « P »14 : prestations, protection, participation, cette
dernière notion étant appréhendée comme un pilier à part entière des droits de
l’enfant et conçue comme une condition de sa protection et de son émancipation.
Le comité des droits de l’enfant reconnaît d’ailleurs au droit consacré à l’article
12 une portée majeure en l’érigeant comme l’un des quatre principes généraux de
la CIDE, au côté du droit à la non-discrimination (article 2), du droit à la vie et au
13. Observation générale n° 12 relative au droit de l’enfant d’être entendu par le comité des droits de
l’enfant (2009).
14. Verhellen, E. (1999). La Convention relative aux droits de l’enfant : contexte, motifs, stratégies, grandes
lignes. Belgique : Garant. Un quatrième « P » pour « prévention » est parfois ajouté.
Art. 3
Intérêt supérieur
Art. 5
de l’enfant
Art. 2 Orientation
Principe de non- de l’enfant et
discrimination évolution de ses
capacités
Art. 12
Droit d’être
entendu
Art. 6
Art. 17 Droit à la
Accès à vie et au
l’information développement
Art. 13
Liberté
d’expression
Source • CIDE, traitement ONPE (2023).
groupes marginalisés afin de leur permettre d’exercer leur droit. Concernant les
jeunes enfants, le comité se réfère aux travaux de recherche montrant que l’enfant
est capable de se forger une opinion dès le plus jeune âge, même s’il ne peut encore
l’exprimer verbalement (Lansdown, 2005). Par conséquent, la mise en œuvre de
l’article 12 exige la reconnaissance et le respect des formes non verbales de commu-
nication, comme le jeu, le langage corporel, les mimiques, le dessin et la peinture,
au travers desquelles les enfants très jeunes montrent leur compréhension, leurs
choix et leurs préférences. Ce principe de non-discrimination implique par ailleurs
de développer des moyens particuliers, notamment en termes de communication,
adaptés aux besoins spécifiques des enfants en situation de handicap et de ceux qui
ne parlent pas la langue de la majorité.
Par ailleurs, la participation des enfants est considérée comme un moyen de
stimuler le plein épanouissement de l’enfant, le développement de sa personnalité
et de ses capacités (article 6). Le droit à la liberté d’expression (article 13) et le droit
à l’information (article 17) constituent quant à eux des conditions préalables essen-
tielles à l’exercice effectif du droit d’être entendu.
Enfin, le comité des droits de l’enfant lie l’article 12 et l’article 5 de la convention.
Cette disposition rappelle que l’État doit respecter les droits et responsabilités des
familles ou de la communauté de donner à l’enfant, « d’une manière qui corresponde
au développement de ses capacités, l’orientation et les conseils appropriés à l’exer-
cice des droits qui lui sont reconnus par la présente convention ». La synergie entre
ces articles vient signifier qu’au fur et à mesure du développement des capacités des
enfants, ces derniers doivent se voir octroyer un niveau croissant de responsabilité
dans le règlement des questions qui les concernent. La combinaison de ces disposi-
tions encourage la construction d’espaces de participation évolutifs qui concourt au
devoir d’orientation et de conseil des adultes à l’égard de l’enfant.
16. Les paragraphes qui suivent proposent une synthèse des prescriptions du comité des droits de l’enfant
et du Conseil de l’Europe adaptées au champ de la protection de l’enfance.
différents acteurs impliqués, l’utilisation qui sera faite des informations reçues, les
questions de confidentialité et dans quelle mesure ils pourront influer sur la prise
de décision. Les enfants doivent être informés de manière continue tout au long du
processus.
Volontaires
La participation est un droit et non une obligation. Les enfants ont le droit de
décider s’ils souhaitent participer ou non. Ils ne doivent jamais être contraints de
le faire ni subir de pression en ce sens. Ils doivent être informés de ce que cet acte
implique, bénéficier d’un temps de réflexion pour être en mesure de donner un
consentement éclairé. Ils doivent pouvoir mettre un terme à leur participation à tout
moment et en être informés. Les autres engagements des enfants (activités, école,
relations avec la famille…) doivent être respectés et pris en compte.
Respectueux
Les enfants et les opinions qu’ils formulent doivent être considérés avec respect.
Ils doivent pouvoir exprimer librement leurs points de vue et avancer leurs idées.
Cela implique aussi pour les professionnels de s’efforcer de comprendre l’environne-
ment dans lequel les enfants évoluent. Il s’agit en outre de proposer des méthodes
de travail à même de développer l’estime de soi et la confiance en soi. Les approches
mobilisées doivent conforter les enfants dans l’idée que leurs points de vue peuvent
utilement contribuer au processus.
Pertinents
Les questions au sujet desquelles les enfants sont invités à exprimer leur opinion
doivent être en rapport avec leur vie et leur environnement et doivent leur permettre
de tirer parti de leurs connaissances. Un espace doit être créé pour permettre aux
enfants de cerner et de traiter les problèmes qu’ils jugent eux-mêmes pertinents et
importants.
Adaptés aux enfants
Les environnements et méthodes de travail doivent être adaptés aux enfants en
tenant compte de leur âge, de leurs aptitudes et de leurs centres d’intérêt (modalités
et rythme de participation, accès à l’information, lieux, etc.). À cette fin, la mise au
point des méthodes de participation présente un intérêt à s’effectuer en lien avec les
enfants. Cela suppose aussi de mettre à disposition des ressources et un temps suffi-
sant pour préparer correctement les enfants, leur donner la confiance et le soutien
nécessaires pour exposer leur opinion.
Inclusifs
Le droit à la participation doit s’exercer sans discrimination fondée sur quelque
motif que ce soit. Les processus doivent permettre aux enfants en situation de vulné-
rabilité et marginalisés de participer et remettre en question les mécanismes de
discrimination existants. Cela suppose de veiller à ce que l’offre de participation
soit adaptée et suffisamment modulable pour répondre aux besoins, attentes et
situations des différents enfants, en prenant notamment en compte leur âge, leur
culture, leur langue ainsi que leurs aptitudes. Aucune supposition ne doit être faite
sur ce que des groupes spécifiques d’enfants sont en mesure de faire ou non.
17. Cela implique que les risques associés au processus soient évalués en amont et la définition d’une
stratégie claire de protection de l’enfance. Celle-ci doit être communiquée et comprise par l’ensemble des
professionnels impliqués.
18. Article L223-4 du CASF.
19. Réforme opérée par le décret n° 2022-688 du 25 avril 2022 portant modification du conseil de la vie
sociale et autres formes de participation. Le décret vise à renforcer les droits fondamentaux des personnes
accompagnées.
20. Article L1112-23 du Code général des collectivités territoriales.
21. Article L147-13 du CASF.
22. Tucci, I. (coord.), Recotillet, I., Berthet, T., Bausson, S. (2021). Conseils de jeunes et participation :
étude auprès des collectivités et de jeunes engagés. INJEP Notes & rapports/Rapport d’étude ; Lardeux,
L. (2015). Dispositifs de participation des jeunes au niveau des conseils régionaux. INJEP, rapport d’étude.
23. Appel à projets thématique 2022 de l’ONPE relatif à la participation des enfants en protection de
l’enfance [en ligne].
24. Il s’agit de la recherche intitulée « Frontières, obstacles et leviers à la participation des enfants en
protection de l’enfance » dirigée par Frédéric Mougeot et porté par l’École nationale de solidarités de
l’encadrement et de l’intervention sociale (ENSEIS).
25. Rapport final (2013). Analyse compréhensive de la participation et non-participation des usagers
de la MECS du Chaudan aux groupes d’expression. Appel d’offres 2011 de l’Observatoire national de la
protection de l’enfance. Convention n° 199/2011.
de porter une parole collective, appuyée sur leur propre expérience, les enfants
peuvent contribuer par leurs observations à une amélioration des pratiques profes-
sionnelles, lorsqu’il leur est permis de venir interroger la planification et la mise en
œuvre des politiques publiques de protection de l’enfance (Lacroix, 2016).
Ces démarches participatives viennent par ailleurs réinterroger les rapports,
souvent asymétriques, entre les enfants et les professionnels de la protection de
l’enfance, notamment parce qu’elles leur offrent un autre espace de rencontre. Bien
que ces temps d’échanges ne soient pas toujours suffisants en termes de pouvoir
d’agir pour ces enfants, ils leur permettent de porter à la connaissance des politiques
et des professionnels des éléments d’analyse sur leur parcours de prise en charge.
Ces rencontres permettent aussi aux enfants de comprendre les systèmes d’accom-
pagnement mis en place au titre de la protection de l’enfance et les contraintes
institutionnelles susceptibles de peser sur eux (Robin, 2012). D’autre part, lorsque
ces enfants sont associés à des recherches, en tant que co-chercheurs, les résultats
révèlent que leur expertise contribue à améliorer la qualité de la prise en charge
mais aussi le dialogue entre les professionnels et les jeunes (Seim et Slettebø, 2011).
Cela suppose néanmoins de la part des adultes qu’ils soient prêts à interroger leurs
propres pratiques et que certaines conditions soient réunies afin que les objectifs
soient intelligibles pour les enfants et que leur parole ne soit pas instrumentalisée :
« la participation des enfants dépendra de notre capacité d’adulte à entendre leur
voix, à rendre compte de cette sensibilité singulière de l’enfant » (Sellenet, 2012).
À ce propos, si les démarches en faveur de la participation collective des enfants
sont susceptibles de présenter des bénéfices divers, tant sur le plan des politiques
publiques que sur l’amélioration des pratiques professionnelles, les différentes
études recensées mettent en évidence que les enfants impliqués ont peu d’influence
sur les processus décisionnels concernant leur parcours de prise en charge. Ces diffi-
cultés s’expliquent, entre autres, par la nature même de cette politique publique
mais aussi par des obstacles organisationnels, institutionnels et par un manque de
formation des professionnels. Le regard de l’adulte porté sur l’enfant en protection
de l’enfance mérite également d’être interrogé pour mieux saisir cette discordance
entre ce droit fondamental et sa mise en œuvre effective.
Certains travaux soulignent enfin des bénéfices significatifs des actions de parti-
cipation pour les enfants eux-mêmes. Ces démarches peuvent en effet contribuer à
leur fournir des outils de socialisation, susceptibles de renforcer leur pouvoir d’agir,
leur capacité à s’exprimer, à négocier et plus largement leur confiance et leur estime
d’eux-mêmes (Join-Lambert Milova, 2006). La participation collective offre aux
enfants la possibilité de développer certaines compétences (écouter et respecter la
parole de l’autre, formuler des demandes, tenir une position, prendre la parole, etc.)
qui sont autant de clés pour leur transition à la vie adulte, qui apparaît plus difficile
que pour les jeunes en population générale (Frechon et Lacroix, 2020 ; ONPE, 2015).
L’implication des enfants dans ces démarches renforce, en outre, leur capacité à
construire des liens sociaux avec les autres et semble avoir un effet protecteur quant
au risque de décrochage scolaire (Lacroix, 2016).
Une étude menée par Thomas et Percy-Smith (2012) souligne des bénéfices
personnels à long terme signifiants pour les enfants mobilisés dans ces espaces
participatifs, notamment parce qu’ils constituent des leviers essentiels vers l’indé-
pendance et l’autonomie. Par ailleurs, le fait de réunir des enfants qui partagent des
expériences de vie similaires développe des sentiments d’empathie, de solidarité
Introduction
La participation des enfants constitue à la fois un principe issu de traités inter-
nationaux et, dans notre législation, un ensemble de droits qui leur sont accordés
en qualité « d’usager » des institutions qui les accueillent ou les accompagnent.
Pourtant, de récents rapports publics, recherches et prises de parole des associa-
tions d’anciens jeunes placés28 continuent de faire état d’un décalage entre le cadre
législatif et l’effectivité de cette participation, dans le cadre de la politique de protec-
tion de l’enfance. Ce constat concerne autant la participation à un niveau individuel
de la prise en charge, c’est-à-dire la participation de l’enfant au projet socio-éducatif
et aux décisions qui le concernent (projet pour l’enfant, document individuel de
prise en charge, contrat jeune majeur etc.) qu’à un niveau plus collectif d’expression,
à savoir une participation au nom d’un groupe de jeunes29 qui élabore des propo-
sitions visant des changements dans le fonctionnement de l’établissement ou dans
la politique publique (conseil de vie sociale [CVS], instances de type « comité » ou
« conseil » des jeunes, etc.).
30. La notion de « participation significative », en anglais meaningful participation, fait référence aux
expériences vécues par les enfants d’être entendus et pris en compte.
comme un être passif, influencé uniquement par les réponses provenant des adultes
(James, Prout, 1990). Néanmoins, des changements de regard apparaissent. Séverine
Euillet et Carl Lacharité (2021 : 129) montrent que le passage d’une vision de l’enfant
objet passif des pratiques éducatives à un enfant capable de s’approprier le monde
s’opère à la fois par l’évolution des connaissances en psychologie et en sociologie.
Ces évolutions permettent de soutenir les « réflexions, sur le statut de l’enfant, sur
les compétences, les zones d’action qui lui sont conférées ». Comme l’indique très
récemment une chercheuse norvégienne, « d’un point de vue conceptuel, nous
parlons souvent des “enfants” comme s’il s’agissait d’un groupe homogène, carac-
térisé simplement par une phase de développement appelée “enfance” ou par l’âge
biologique (principalement en droit) » (Krutzinna, 2022 : 122). Selon elle, les distinc-
tions basées sur l’âge et le stade de développement constituent des approches
réductrices de la complexité, lesquelles conduisent à ignorer l’individualité et le
caractère unique de chaque enfant. Dès lors, cela provoquerait une exclusion de
certains enfants qui peuvent sembler ne pas disposer des compétences attendues
et définies par les adultes pour exprimer leur point de vue.
L’image socioculturelle des enfants imprègne les croyances des professionnels
quant à la capacité des enfants de communiquer et participer, à la nécessité ou
aux risques de le faire (Vis, Holtan, Thomas, 2012). Certaines des objections à la
participation découleraient principalement des représentations socioculturelles
envisageant l’enfant sous l’angle de sa vulnérabilité et sa dépendance à la protection
des adultes (Van Bijleveld, Dedding, Bunders-Aelen, 2015). Des auteurs proposent
alors de (re)penser la notion de vulnérabilité en lien avec celle de la participation.
À partir de leurs réflexions, les auteures invitent à considérer « la vulnérabilité de
l’enfant non pas comme un obstacle aux droits, mais telle une raison justifiant les
droits des enfants » (Paré, Bé, 2020 : 232). La participation peut alors devenir une
voie permettant de dépasser cette « vulnérabilité problématique » en ce qu’elle
constitue, selon Marie Garrau, un « moyen permettant aux citoyens les plus vulné-
rables de développer et de renforcer leurs capacités à faire entendre leur voix dans
l’espace public et politique » (Boutanquoi, Lacharité, 2020 : 16).
Ce changement de paradigme est une condition sine qua non de l’effectivité de
la participation des enfants. Ce sont ces changements qui irrigueront in fine les
politiques et les pratiques afin qu’elles se fondent sur des valeurs de justice sociale
et des droits de l’homme, en tenant compte des contextes sociaux, économiques,
politiques et de pouvoir qui empiètent sur les individus, tout en mettant l’accent,
dans la pratique, sur l’autonomisation et des relations favorisant l’émancipation des
jeunes. La construction d’instances de participation impliquant des jeunes néces-
site alors que les acteurs politiques, administratifs et professionnels engagent une
réflexion permettant de se concentrer sur les représentations et conceptions de
chacun sur l’enfance/l’enfant et la participation.
La participation : un processus qui s’inscrit dans le temps
de « chaque » enfant
De récents travaux permettent de compléter ces approches. En effet, Virginie
Vinel et Francesca Zaltron, s’intéressant au concept d’agency, considèrent qu’il
a permis la « reconnaissance des enfants en tant qu’acteurs sociaux, c’est-à-dire
en tant que sujets actifs et compétents capables de comprendre et de participer
aux mondes sociaux dans lesquels ils vivent » (Vinel, Zaltron, 2020 : 17). Pour les
filles, les enfants handicapés, les enfants issus de groupes ethniques autochtones ou
minoritaires, les enfants en déplacement, les enfants qui travaillent ou les enfants
LGBTQI » (Crowley, Larkins, Pinto, 2021 : 14).
Il est en effet important de réfléchir à la diversité des profils des jeunes impli-
qués dans les dispositifs de participation collective. Dans le cadre de démarches
participatives collectives, le recrutement devrait favoriser une représentation de la
démographie de l’ensemble des jeunes accompagnés en protection de l’enfance en
termes de culture, de genre, de zones géographiques (urbaines ou rurales), et de
types de mesures (Crowe, 2007) et tenter d’atteindre ceux les plus éloignés de la
participation. S’il peut être complexe de tendre vers un échantillon représentatif,
notamment dans le cadre de démarches impliquant un petit nombre d’enfants ou
de jeunes, il apparaît nécessaire de veiller à la possibilité d’accéder à la diversité
du public accueilli. Cette diversité (ou ce type de recrutement) est cruciale, car elle
permet d’éviter la concentration de ces projets participatifs dans les mains d’un
groupe restreint excluant les autres enfants (Larkins, Kiili, Palsanen, 2014). Comme
le soulignent Élodie Bellarbre et Laëtitia Drean (2017 : 3), qui ont étudié la mobili-
sation de jeunes en retrait de toute forme d’engagement (emploi, formation, etc.),
« plus il y a de diversité de profils, plus des profils diversifiés seront intéressés ». La
littérature scientifique a montré à ce titre combien les travailleurs sociaux pouvaient
constituer un filtre dans la participation des enfants. Bien souvent, les problèmes
de santé mentale des jeunes peuvent conduire les professionnels à ne pas solliciter
ces jeunes. Le danger est que les jeunes soient cooptés dans les instances partici-
patives. Différents auteurs ont montré une nomination et une sélection par favori-
tisme (Crowe, 2007). Sont choisis ceux qui vont bien dans le placement et qui ont
un parcours de réussite, les jeunes les plus en difficultés n’y sont pas représentés
(Kaplan, Skolnik, Turnbull, 2009). La tendance peut alors être d’engager seulement
ceux qui sont les plus âgés, accommodants, ou qui ont des moyens de locomotion
pour assister aux activités (Seim, Slettebø, 2011). L’âge est souvent relevé comme
facteur d’exclusion des dispositifs de participation collective, les plus jeunes étant
considérés comme plus vulnérables et immatures pour s’investir dans ce type de
prise de parole collective.
Certains freins à la participation peuvent également venir du jeune lui-même.
En effet, le vécu du placement, autant du côté des parents que des enfants, peut
dissuader ces derniers de s’engager auprès d’un établissement qui symbolise
le placement et matérialise la situation de crise (Rémond, 2017). Par ailleurs, on
observe également une sélection qui se réalise au niveau des compétences scolaires.
Ce n’est pas propre à la protection de l’enfance. Des auteurs comme Laurent Lardeux
(2016), spécialiste de l’engagement de la jeunesse, montrent que ce sont souvent les
plus diplômés qui s’investissent dans le monde associatif. Dans le cadre de la protec-
tion de l’enfance, Pierrine Robin et son équipe (2017) constatent également que si
aucune sélection n’a été faite parmi les chercheurs pairs lors de la construction de la
recherche, le groupe constitué apparaît plus socialement et scolairement doté que la
moyenne en protection de l’enfance. Il en est de même de notre recherche portant
sur les associations d’anciens placés, les jeunes leaders sont le plus souvent dotés
de forts capitaux scolaires (Lacroix, Vargas Diaz, Leclair-Mallette, et al., 2020). Ce qui
amène à réfléchir également à l’offre de participation proposée dans les dispositifs
de participation.
Comme le constatent Élodie Bellarbre et Laëtitia Drean (2017 : 2), « la complexité
des actions à certains moments clés de l’engagement, tels la prise de parole, le choix
du vocabulaire des discours, le recours à l’expression de soi, exigent des disposi-
tions sociales plus facilement accessibles à des jeunes issus de milieux favorisés et
à compétences scolaires élevées ». Il s’agit donc de diversifier les types de partici-
pation proposés pour ne pas exclure les moins dotés scolairement. Pour cela il faut
retenir des choix d’animation adaptés et réaliser des activités qui n’engagent pas que
des compétences scolaires. Ce point nous semble essentiel pour favoriser la partici-
pation et l’inclusion de tous dans ces démarches.
Pour autant, la formation des jeunes et les offres de participation ne suffisent pas
à elles seules à susciter leur participation et leur engagement. Comme le soulignent
Valérie Becquet et Martin Goyette (2014 : § 5) « l’engagement repose également
sur des dynamiques relationnelles et des procédures techniques qui concourent à
l’entrée dans les collectifs d’engagement et dans les dispositifs publics et à la mobili-
sation des participants ». En effet, il faut créer les conditions préalables qui sécurise-
ront ensuite le bon déroulement de leur participation et sa pérennisation.
La participation comme un processus interactionnel
qui engage différents acteurs, temporalités et espaces
La participation peut être présentée comme un processus interactionnel et, à ce
titre, les études utilisant des modèles de participation peuvent être inspirantes pour la
mise en œuvre effective de la participation des enfants. Divers modèles de participa-
tion ont été mis au point au cours des dernières décennies. Les échelles de participa-
tion de Sherry Arnstein (1969), Roger Hart (1992) ou le modèle de Harry Shier (2001)
sont largement mobilisés dans la littérature et éclairent les niveaux de participation.
Hart a classé 8 niveaux31 de participation en deux degrés. Les trois premiers niveaux :
manipulation, décoration et participation symbolique ne constituent pas de la partici-
pation. Ce qu’il considère comme un premier niveau de participation intervient lorsque
les enfants et les jeunes comprennent et ont un rôle à jouer dans le processus en
cours. Pourtant il est important de souligner que pour Roger Hart, la participation des
enfants n’est pas subordonnée à une participation au plus haut niveau. Chaque enfant
devrait avoir la possibilité de choisir le niveau le plus élevé et les adultes devraient
soutenir une augmentation progressive de la participation. Le modèle de Harry Shier
apparaît tout aussi intéressant. S’appuyant sur 5 niveaux de participation32 proches de
ceux proposés par Roger Hart, l’auteur semble être le premier à illustrer le caractère
dynamique et processuel de la participation. Selon Shier, pour se déployer, la partici-
pation nécessite que les adultes soient prêts à s’engager (ouvertures)33, qu’il existe
ESPACE VOIX
AUDIENCE INFLUENCE
Source • Extrait de Department of Children and Youth Affairs (2015). National strategy on children and young people’s participation in
decision-making 2015-2020. Dublin: Government publication. Traduction libre.
34. Le modèle pose les questions suivantes : travaillez-vous d’une manière qui vous permet d’écouter
les enfants ? Disposez-vous d’un éventail d’idées et d’activités pour aider les enfants à exprimer leurs
opinions ? Votre processus de prise de décision vous permet-il de tenir compte de l’opinion des enfants ?
35. « Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer
librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en
considération eu égard à son âge et à son degré de maturité. »
(les enfants doivent être aidés à exprimer leurs opinions), l’audience (l’opinion doit
être écoutée), et l’influence (l’opinion doit être prise en compte).
À partir de ce modèle et des travaux s’intéressant aux espaces de participation
individuelle autant qu’aux espaces de participation collective des enfants, trois
dimensions peuvent être envisagées comme des conditions de la participation.
L’information adaptée, accessible et compréhensible :
un premier niveau et une condition de la participation
Il est d’abord important de rappeler que la participation est un processus non
statique. Le modèle de Lundy reconnaît que, dès que l’enfant est informé de l’étendue
de son influence, le processus peut commencer. En effet, la participation a toujours
lieu dans un contexte particulier et les enfants ont besoin de comprendre ce qu’il se
passe et les défis auxquels ils sont ou seront confrontés. Cela nécessite des pratiques
permettant de fournir à l’enfant les informations nécessaires à la construction de
son point de vue. Des chercheurs ont fait valoir qu’« avant de pouvoir participer aux
processus administratifs, les enfants ont besoin d’informations sur les contextes et
les procédures pour décider s’ils trouvent la situation sûre, significative et digne d’y
participer » (Pölkki, Vornanen, Pursiainen, et al., 2012 : 109). Le niveau et la qualité
des informations transmises aux enfants constituent alors des conditions détermi-
nantes de la participation. De nombreux travaux scientifiques impliquant des obser-
vations et entretiens avec des enfants révèlent que les enfants ont une compré-
hension limitée des processus d’intervention et de prise de décision. Ce constat
peut concerner les différentes formes de participation (quotidienne, institution-
nelle, politique). Les informations nécessaires doivent alors porter sur le processus
(acteurs, contenus, moments, lieux), les enjeux et les options qui entourent la prise
de décision, ainsi que la manière dont les enfants peuvent exprimer leurs désaccords
à l’égard des décisions prises (Cashmore, 2002).
L’information constitue dès lors à la fois un premier niveau de participation (si l’on
se réfère aux échelles de participation), mais également une condition de la partici-
pation, ainsi qu’un résultat de telles démarches. Les enfants qui ont pu faire l’expé-
rience de formes de participation significative détiennent de nouvelles informations
(sur les processus, les acteurs, les enjeux) qu’ils pourront remobiliser à d’autres
moments et/ou dans d’autres contextes.
L’information doit être disponible en amont des processus de participation et
doit être adaptée aux enfants qu’elle cible (adapter le vocabulaire, les supports,
les médiateurs de l’information). Cela vaut également pendant le processus (conti-
nuer à adapter le vocabulaire, envisager d’autres modalités de communication,
s’appuyer sur les personnes de confiance pour l’enfant) et en aval (restitution, effets
de leur participation, prise en compte de leur point de vue). Le déficit d’information
impacte autant les processus que les enfants eux-mêmes. Dans l’un de nos terrains
de recherches, les enfants rencontrés disent se sentir manipulés ou intimidés,
effrayés lorsqu’on leur demande de s’exprimer sans qu’ils aient reçu les informa-
tions adaptées (sur les lieux, les personnes présentes, le déroulement des réunions,
leur durée…).
Les ODPE souhaitant mettre en œuvre des espaces de participation pourraient
réfléchir à développer des outils, démarches et/ou supports visant à informer
l’ensemble des jeunes sans discrimination à propos de : leurs droits, la manière dont
les décisions relatives à leur parcours se construisent, l’organisation administrative
choses » (pour reprendre l’un des éléments du modèle de Lundy). Cette dernière
dimension dépasse le droit d’être entendu et considère que les opinions de l’enfant
doivent être prises au sérieux. Il s’agit alors de réfléchir à ce qui est fait du point de
vue de l’enfant. Qui le relaie ? À quels endroits ? En présence de quels acteurs ? Sous
quelles formes ?
Comme l’indiquent Séverine Euillet et Élodie Faisca (2019), la nécessité d’atten-
tion à la dimension institutionnelle et au risque de « captation institutionnelle »
apparaît indispensable36. Dès lors ce n’est plus seulement l’expression d’une parole
qui importe, mais son utilisation à l’intérieur des espaces institutionnels construits
historiquement et socialement, qui plus est, sans les intéressés.
S’agissant de la prise en compte de l’avis de l’enfant au cours des processus
décisionnels, les chercheurs proposent que les professionnels s’interrogent sur
plusieurs aspects de leur pratique favorisant la participation des enfants et des
jeunes : le point de vue de l’enfant est-il inclus, dès le début, dans toutes les étapes du
processus ? Les enfants sont-ils conviés dans les espaces (réunions, synthèses) dans
lesquels les autres parties prenantes mobilisent leurs points de vue ? Qu’est-ce qui
est transmis et de quelles manières les points de vue des enfants sont-ils pondérés
par les adultes ?
Dans les travaux internationaux interrogeant des enfants sur leur présence aux
instances collectives formelles (réunions, synthèses) il est clairement établi le lien
entre le niveau de participation de l’enfant et les opportunités dont il dispose de
pouvoir prendre part à toutes les étapes et être présent physiquement en ces lieux.
Pour autant, les enfants expriment leur inconfort et le stress ressentis lorsqu’ils sont
invités dans des instances collectives pensées et organisées par les adultes.
Une participation significative des enfants suppose alors de réfléchir à l’implica-
tion des enfants dans toutes les étapes des processus décisionnels, quels que soient
les niveaux de décisions (quotidiennes, relatives au parcours, institutionnels). Cette
implication peut prendre des formes différentes en fonction des groupes qu’ils
impliquent, mais elle ne peut se limiter à l’utilisation, la reprise de leurs paroles à
l’intérieur des instances créées par les adultes et les professionnels. Dès lors, il est
nécessaire de réfléchir à la manière dont les organisations peuvent repenser, avec
les enfants et les jeunes, les lieux dans lesquels les décisions s’élaborent. Plutôt que
d’exclure les enfants des instances jugées trop formelles par les adultes, les ODPE qui
souhaitent déployer de telles démarches peuvent réfléchir à la manière d’adapter
ces espaces à la présence des enfants (les horaires, le nombre d’adultes présents, les
supports de présentation, le vocabulaire utilisé).
Ces éléments illustrent le caractère dynamique et complexe de la participation.
Qu’il s’agisse de processus individuels ou collectifs, les ODPE peuvent s’interroger
sur la possibilité d’impliquer l’ensemble des acteurs et des organisations (les élus,
les responsables administratifs ou associatifs, les professionnels, les bénévoles…) et
ce, tout au long des processus. La disponibilité et le caractère adapté de l’informa-
tion doivent être envisagés en amont, pendant et après les processus décisionnels.
Ces éléments peuvent inviter les organisations à veiller à ce que les professionnels
(à chaque niveau institutionnel) soient (in)formés sur ce que la participation signifie,
implique et génère.
L’importance du portage politique et institutionnel
dans les démarches de participation individuelle et collective
En 2006, Hélène Join-Lambert suggérait l’existence d’un lien entre « la mise en
œuvre du principe de participation dans la vie quotidienne des jeunes en foyer, et
les modes d’application de ce principe dans le contexte législatif et institutionnel
du dispositif de la protection de l’enfance » (Join-Lambert, 2006) précisant dès lors
que la participation devrait s’appliquer à tous les niveaux de décision afin de rendre
effectifs les principes et règles énoncés. Il faut souligner l’importance du portage
politique de cette participation tant au niveau de l’État qu’à celui des conseils dépar-
tementaux, et ce, afin de pérenniser ces démarches de participation individuelle et
collective. L’une des premières conditions de la réussite de la participation que l’on
peut relever dans la littérature scientifique est de former les intervenants sur les
questions d’empowerment, du pouvoir d’agir des jeunes, et que du personnel soit
dédié sur les postes d’animation de la participation collective. Souvent les profes-
sionnels mettent en avant qu’ils sont soumis à des cadences de travail telles qu’ils ne
sont pas en mesure de s’occuper des espaces de participation collective. Au Québec,
les animateurs des comités des résidents ont une partie de leur fiche de poste qui est
consacrée à ces temps de participation des jeunes. Ceux qui s’occupent des comités
des usagers rassemblant les représentants de chaque comité de résidents sont, de
leur côté, à temps plein sur ce poste, permettant une continuité et une permanence
de la participation des jeunes, sur plusieurs années. Cela a pu se faire par l’impulsion
forte d’un directeur de la protection de la jeunesse sensible à cette question. Pour ce
qui est de la participation individuelle des enfants et des jeunes dans la mesure de
protection de l’enfance, celle-ci est inscrite dans certains outils d’accompagnement
comme le Projet pour l’enfant (PPE), qui a été institué par la loi 2007 et précisé dans
la loi 2016, mais des départements sont en retard sur son application.
En effet, l’instauration de la participation des jeunes dépend aussi, au niveau
plus institutionnel, de l’engagement des gestionnaires et des chefs de service qui
occupent une place centrale dans toute stratégie de changement. Ainsi, comme le
constate Marc Noël (2008) dans le cadre des CVS, les chefs de service « estiment que
pour que les jeunes soient acteurs, il faut que les adultes le soient aussi. L’émanci-
pation des jeunes passe par leur propre émancipation. Ils sont toutefois conscients
que les outils de participation peuvent devenir des armes dont, faute de soutien de
la direction générale, ils deviendraient les victimes. Ces craintes se manifestent dans
le cadre hésitant et peu formel de ce conseil : périodicité irrégulière des séances,
approximation des horaires, imprécision des prérogatives des représentants ou
manque de compte rendu et de traces écrites ».
La littérature montre qu’il faut aussi que les intervenants soient associés au
fonctionnement institutionnel et que leur soit donnée plus d’autonomie dans leur
travail pour que la participation des enfants et des jeunes puisse réellement se
réaliser. L’ensemble du système de protection de l’enfance repose sur une logique de
contrôle des risques pour les jeunes pris en charge et les intervenants sont fortement
contraints dans le cadre de leurs pratiques. Des travaux, notamment ceux d’Hélène
Join-Lambert, soulignent que l’autonomie et la participation des jeunes sont liées
37. On entend par expériences habilitantes « des évènements, des occasions, des circonstances qui
permettent aux personnes d’accroître » leur développement du pouvoir d’agir, « à travers l’utilisation de
leurs capacités et de leurs compétences » (Girard, K., Miron, J.-M. & Couture, G. [2014]. Le développement
du pouvoir d’agir au sein des relations parents-professionnels en contexte d’intervention précoce.
Phronesis, 3[3], 55).
2019, les enfants et jeunes interrogés ont mentionné à plusieurs reprises le senti-
ment de pouvoir contribuer à des activités et de provoquer un changement. Il s’agit
pour eux de considérer que leur participation peut « faire la différence ». Ils expri-
ment l’effet que ces activités (participer à la conception, à l’inspection ou l’évalua-
tion des services, créer des groupes de soutien, agir sur les pouvoirs publics) ont
pu avoir sur eux : compenser les épreuves antérieures, augmenter leurs capacités
individuelles et se sentir impliqués dans les transformations sociales.
En effet, la participation peut tout à la fois être vectrice d’émancipation, de justice
sociale, de démocratie. Toutefois, elle peut aussi, dans une approche plus libérale,
être comprise comme une nouvelle injonction visant à responsabiliser les individus,
déconnectant ainsi leurs expériences des facteurs économiques, sociaux et environ-
nementaux et pouvant rendre également plus vulnérables les jeunes à qui on n’a pas
proposé de formations et ressources suffisantes pour pouvoir participer.
Néanmoins, la diffusion d’une culture de la participation dans le système de
la protection de l’enfance a toute son importance et contribue aussi à ce que
les enfants pris en charge développent lors de leur entrée dans l’âge adulte tout
autant leur citoyenneté politique que leur capacité à s’insérer socialement et
professionnellement.
L’ONPE a mené un travail collaboratif avec huit départements ayant mis en place
ou préfiguré des démarches de participation collective avec des enfants. Ces huit
départements (l’Allier, la Gironde, l’Ille-et-Vilaine, l’Isère, le Nord, Paris, le Puy-de-
Dôme et les Pyrénées-Orientales) ont été identifiés à partir d’une part, de l’enquête
nationale menée par l’ONPE auprès des ODPE en France38, et d’autre part, d’une
veille documentaire et de remontées d’informations de professionnels de terrain.
Les démarches observées au sein de ces territoires n’ont pas toutes le même
format ni le même niveau d’avancement. Les départements des Pyrénées-Orien-
tales, de la Gironde et du Puy-de-Dôme ont installé des instances pérennes de parti-
cipation collective des enfants protégés, toutes trois rattachées à l’ODPE depuis
respectivement 2017, 2019 et 2022. Dans les départements de l’Isère et de l’Allier,
des instances participatives avec les enfants ont été initiées respectivement en 2019
et en janvier 2021. Cependant, pour ces deux départements, les espaces partici-
patifs n’étaient pas, à la date de réalisation de l’enquête, formellement rattachés à
l’ODPE. L’Observatoire parisien de la protection de l’enfance a, quant à lui, réalisé en
2020 une étude sur le vécu de la crise sanitaire par les enfants et les professionnels
de l’ASE (Capelier et al., 2022). Le volet de l’étude relatif aux enfants a retenu une
méthode participative associant un groupe de 13 enfants à chacune de ses étapes.
Enfin, les départements du Nord et de l’Ille-et-Vilaine n’ont pas encore mis en place
d’espaces participatifs à destination des enfants accompagnés mais ont souhaité se
donner le temps de réaliser un diagnostic préalable.
L’ONPE a mené des entretiens avec des référents ODPE mais aussi avec certains
professionnels impliqués dans l’accompagnement de ces démarches (directeurs
enfance famille, chercheurs, psychologues, éducateurs spécialisés, animateurs
spécialisés dans l’animation de conseil des jeunes, etc.). Par ailleurs, en complément
de ce travail d’observation et d’analyse des pratiques, l’ONPE a organisé en octobre
2022 un focus group auquel ont pris part 6 des 8 départements participants. Il s’agis-
sait de permettre un échange collectif visant à partager le savoir expérientiel de ces
acteurs, ainsi que les réflexions et besoins soulevés par ce type de démarches au
niveau local.
Le matériau recueilli a permis de mieux cerner les étapes dans la construction
d’une démarche de participation collective, de mettre en évidence des enjeux
communs soulevés par la mise en place de telles démarches au sein des dépar-
tements, mais aussi d’identifier les principaux leviers et les difficultés qui peuvent
survenir dans leur mise en œuvre. Le travail d’analyse et de synthèse réalisé dans
cette publication s’attache à mettre en perspective des pratiques émergentes en
matière de participation collective repérées sur ces territoires.
Plusieurs documents ressources à destination des départements ont par ailleurs
été développés. Il s’agit de la description de trois démarches de participation
collective mises en place au sein des ODPE de Gironde, du Puy-de-Dôme et des
Pyrénées-Orientales. Les démarches engagées sur ces territoires n’ont pas encore
fait l’objet d’évaluations soutenues. Pour autant, elles présentent des actions collec-
tives consolidées, étayées sur une méthode de travail rigoureuse, et ancrées au sein
de l’ODPE. Ces documents ressources, préalablement amendés et validés par chacun
des départements concernés, donnent à voir les étapes concrètes de la construction
de ces démarches, mais aussi les enjeux qu’elles soulèvent en fonction des contextes
38. https://onpe.gouv.fr/system/files/publication/note_odpe_2020.pdf
locaux, ainsi que la diversité des modalités d’action. Des documents supports utilisés
dans ces démarches de participation collective sont également mis à disposition
(téléchargeables en ligne), tels qu’un règlement de fonctionnement, des flyers de
présentation et des courriers à destination des enfants.
Dans les développements suivants, le matériel recueilli dans les échanges avec
les huit départements est présenté en reprenant la démarche dans son ensemble,
de la définition des premiers objectifs à la mise en place de l’espace participatif.
Des données ont également été recueillies sur la phase de suivi et d’évaluation. Il
s’agit notamment d’identifier et d’apporter des éléments de réponses aux questions
que les professionnels notamment ceux des ODPE et des directions enfance famille
peuvent être amenés à se poser dans la conception et la mise en œuvre de ces
démarches. Quel sont les objectifs assignés à ces démarches ? Comment répondent-
elles aux droits et aux besoins des enfants protégés ? Quelle est la place des diffé-
rents acteurs dans le pilotage de la démarche ? Comment concevoir un espace
inclusif et non discriminant ? Comment penser l’organisation des rencontres afin
de favoriser l’accessibilité et la pérennité de la démarche ? Comment garantir le
cadre et la sécurité de la démarche pour les enfants ? Quelles modalités d’anima-
tion privilégier pour favoriser la liberté de parole ? Comment penser le public cible
et les modalités de la restitution des travaux des enfants ? Enfin, quels sont les effets
de ces démarches sur les pratiques professionnelles et les politiques publiques, et
sur les enfants eux-mêmes ? Pour répondre à ces questions, huit étapes ont été
identifiées.
Figure 3 Les étapes structurantes d’une démarche de participation collective des enfants
Pilotage institutionnel
Objectifs de la démarche et portage politique
et élaboration d’un premier diagnostic
Construction de l’espace
participatif
Suivi et évaluation
Cadre spatial et
Restitution des travaux des temporel des
enfants et suites données rencontres
des enfants et des jeunes telles que celles déployées par les Adepape ou au sein
des CVS. Certains départements envisagent une articulation entre ces différentes
formes de participation. Ainsi, dans le département des Pyrénées-Orientales, un des
objectifs de la démarche était d’impulser un processus de participation en chaîne,
intégrant non seulement les apports des participants mais aussi les témoignages
d’autres enfants présents sur le lieu d’accueil, notamment des témoignages issus
des échanges en CVS44.
Démarche diagnostique
Pour identifier plus précisément les besoins des enfants sur le territoire dépar-
temental, les leviers et les obstacles à leur participation, il apparaît approprié de
s’appuyer sur une démarche de diagnostic. Ces démarches semblent d’autant plus
pertinentes qu’elles associent étroitement les enfants et les professionnels. La réali-
sation de tels diagnostics demande donc du temps. Dans certains départements, le
souhait de l’ODPE de réaliser un diagnostic ou une étude préalable au stade de la
construction du projet s’est heurté aux contraintes de temps dictées par le calen-
drier politique et institutionnel. D’autres départements ont fait le choix de différer le
lancement du projet afin de mener à bien un diagnostic partagé.
Plusieurs départements se sont appuyés sur des universités partenaires pour
construire leurs réflexions. À titre d’illustration, l’ODPE d’Ille-et-Vilaine s’est engagé
dans un projet de diagnostic en lien avec une université afin de préciser le cadre
dans lequel cette démarche pourrait s’insérer et les éventuels points de vigilance au
regard des spécificités départementales. Pour ce faire, le département a mobilisé un
partenariat avec une UFR de sociologie de l’université de Rennes 2. Les étudiants du
master intervention et développement social ont ainsi réalisé un premier diagnostic
sur la base d’un état des connaissances sur le sujet et d’un recueil de témoignages
auprès de cinq ODPE engagés dans des démarches de participation collective des
enfants protégés. Ils ont ainsi élaboré trois scenarii en vue de recueillir la parole des
enfants protégés sur le territoire45. Le document final a été restitué aux profession-
nels à l’occasion d’un comité technique réunissant les membres du groupe de travail
« participation » mis en place par l’ODPE46.
Dans le département du Nord, la direction enfance famille a lancé en amont de la
construction d’une démarche participative deux enquêtes sur le thème de la parti-
cipation collective à destination des enfants confiés en structures d’accueil collectif
et en accueil familial et des professionnels qui les accompagnent. L’objectif du
questionnaire auprès des enfants était d’associer ces derniers au stade des réflexions
préalables à la constitution d’un espace participatif afin d’identifier en amont de la
44. Voir le document ressource comité des jeunes de l’ODPE 66 et Baron, N. & Greiveldinger, N. (2019).
Prendre en compte la parole des jeunes suivis en protection de l’enfance. Forum, 156, 7-15 [en ligne].
45. Le premier scénario, la « radio jeune », envisage la création d’une radio qui permettrait à l’ODPE de
recueillir la parole de jeunes au sein de cinq foyers avec l’objectif de mieux cibler leurs problématiques
et permettre un partage d’expériences autour de leurs questionnements et intérêts. Le second scénario,
le « labo des engagés » repose sur la mise en place d’ateliers d’échanges sur la base de thématiques
définies par l’ODPE puis validées par les jeunes, qui seront ensuite mis en œuvre au sein de huit unités
territoriales. Le troisième et dernier scénario, le « parlement des jeunes » consiste à créer des conseils
d’élus représentatifs de la parole des jeunes au sein des unités territoriales en vue de favoriser une
participation démocratique.
46. Ce groupe de travail était composé de différents professionnels de la protection de l’enfance : chef de
service vie sociale, conseillère en travail social, chargée mission direction enfance famille, élue en charge
de la protection de l’enfance, etc.
mise en place du projet les thèmes sur lesquels ils souhaitaient s’exprimer et ainsi
d’être au plus près de leurs attentes. Pour élaborer les questionnaires, les profession-
nels de l’ODPE du Nord ont bénéficié du soutien de la conseillère scientifique auprès
de la directrice générale adjointe, doctorante en sciences de l’éducation et ancien-
nement bénéficiaire d’une convention Cifre47.
À Paris, où le projet a pris la forme d’une étude sur le thème du vécu du confi-
nement48, le recrutement à l’Observatoire parisien de la protection de l’enfance
(OPPE) d’une doctorante, également en contrat Cifre, dont les travaux sont directe-
ment axés sur la participation des enfants en protection de l’enfance, a contribué à
renforcer l’expertise scientifique de l’observatoire sur le sujet et à nourrir la réflexion
sur la démarche des apports de la littérature nationale et internationale. Les enfants
ont été associés à plusieurs étapes du processus, de la définition de la méthodologie
au recueil et à l’analyse des données et à la diffusion des résultats. La présence d’une
doctorante a permis en outre de disposer d’une personne particulièrement quali-
fiée, dédiée au projet et à son animation.
47. Pour rappel, ces conventions sont le fruit d’un partenariat entre le département, une université et
l’ANRT et permettent aux départements d’accueillir des chercheurs en protection de l’enfance notamment
https://www.anrt.asso.fr/fr/le-dispositif-cifre-7844 ; voir également la note sur l’état des lieux des ODPE
comportant un focus sur l’accueil de jeunes chercheurs en contrat Cifre [en ligne].
48. https://onpe.gouv.fr/ressources/rapport-ville-paris-lexperience-confinement
49. Les Francas sont également impliqués dans l’animation du conseil des jeunes de la protection de
l’enfance du département de la Gironde.
50. Voir les trois documents ressources sur les démarches participatives, comportant chacun un encart
« Rôle et implication de l’ODPE dans la démarche ».
51. Larkins, C., Kiili, J., & Palsanen, K. (2014). A lattice of participation: reflecting on examples of children’s
and young people’s collective engagement in influencing social welfare policies and practices. European
Journal of Social Work, 17(5), 718-736.
52. Observation générale du comité des droits de l’enfant n°12(2009) relative au droit de l’enfant d’être
entendu ; Écouter – Agir – Changer : Manuel du Conseil de l’Europe sur la participation des enfants à
l’usage des professionnels travaillant pour et avec les enfants, 2020.
53. Voir par exemple le courrier d'inscription au conseil des jeunes de la protection de l'enfance en
Gironde.
54. Voir par exemple le courrier pour candidature non retenue au conseil des jeunes de la protection de
l'enfance en Gironde.
deux temporalités ne coïncident pas, ce qui nécessite des efforts de la part des profes-
sionnels pour s’adapter au rythme des enfants et à leurs contraintes quotidiennes.
Le plus souvent, les rencontres sont programmées sur des mercredis après-midi
afin de préserver les temps scolaires et les week-ends. Cependant, ce choix d’orga-
nisation ne règle pas toutes les difficultés, puisque les enfants pratiquent fréquem-
ment des activités de loisirs ou ont des rencontres en famille sur ce créneau horaire.
Un département ayant fait le choix initial du mercredi envisage ainsi d’organiser les
rencontres le samedi. Dans un autre département, les rencontres sont programmées
sur les temps des petites vacances scolaires pendant lesquels les jeunes seraient
davantage disponibles.
Le fait d’arrêter un calendrier prévisionnel très en amont semble également
favoriser la participation avec une organisation anticipée pour les jeunes au regard
de leurs différents rendez-vous (scolaires, familiaux, médicaux, et professionnels
pour les jeunes en stage ou contrat d’apprentissage) ainsi que pour les profession-
nels qui les accompagnent (généralement les professionnels des lieux d’accueil,
plus rarement les référents ASE, les personnes impliquées dans le projet ou des
services de taxi). L’organisation des rencontres doit toutefois conserver une certaine
souplesse pour laisser la possibilité d’opérer les ajustements nécessaires pour
s’adapter aux besoins des enfants et leur offrir un cadre approprié. Il est à noter
que ces démarches requièrent une grande disponibilité des professionnels impliqués
dans la démarche pour maintenir le lien avec les enfants et avec les professionnels
des lieux d’accueil, sans quoi il est difficile de mobiliser les enfants dans la durée.
55. www.puy-de-dome.fr/social/enfance-jeunesse/conseil-des-jeunes-en-protection-de-lenfance.html
56. Voir les flyers de présentation du Puy-de-Dôme et de la Gironde.
57. Vidéos produites par le Puy-de-Dôme : www.youtube.com/watch?v=pQhablAoYG8 ; www.youtube.
com/shorts/K1V4SgXvYag ; www.youtube.com/shorts/VvrH0jUMFjk
il orientera les jeunes vers les professionnels du lieu d’accueil ou du service ASE. Par
exemple, dans le département des Pyrénées-Orientales, le cahier des charges de la
démarche prévoit qu’en cas de difficultés repérées les animateurs et les référents
institutionnels (référents ASE) se mettent en lien pour envisager une prise en charge
adaptée. La gestionnaire administrative de l’ODPE recueille et centralise à cette fin
les coordonnées des référents des enfants concernés.
60. www.atd-quartmonde.org/wp-content/uploads/2015/07/Charte-du-Croisement-des-savoirs-ATD-
Quart-Monde.pdf
61. Voir le doc ressource sur la démarche participative du comité des jeunes de l’ODPE 66.
62. Ces professionnels assurent l’animation en binôme avec un animateur rattaché à la direction enfance
éducation jeunesse.
63. Voir les docs ressources sur la démarche participative du conseil des jeunes en protection de l’enfance
du Puy-de-Dôme, et sur le conseil des jeunes de la protection de l’enfance de la Gironde.
64. //educadroit.fr/parcours-pedagogique ; www.defenseurdesdroits.fr/fr/outils/jeu-des-7-familles-
droits-de-lenfant
la fois des formats en présentiel et en distanciel, étant observé que certains enfants
prenaient davantage la parole en distanciel qu’en présentiel.
Définition des thématiques
Le degré de participation des enfants à la définition des thèmes travaillés est
inégal. Dans certains départements, les enfants opèrent un choix parmi des théma-
tiques prédéfinies par les adultes. Dans d’autres, les adultes amènent des propo-
sitions de thématiques auxquelles les enfants sont libres d’adhérer ou non. Dans
certains cas, les enfants avaient la possibilité de proposer des thèmes autres que
ceux envisagés par les adultes. Dans un département, ce sont les jeunes eux-mêmes
qui déterminent les thématiques avec l’appui de techniques d’animation spécifiques
visant à faire émerger leurs centres d’intérêt et à assurer une parole libre. Un dépar-
tement, tout en soulignant la nécessité de créer des espaces qui soient suffisam-
ment ouverts pour que les enfants puissent contribuer met en garde contre un degré
d’ouverture qui serait excessif. Il est important en effet de maintenir un cadre clair
pour éviter que les enfants ne se dispersent en dehors de l’objet des rencontres.
Construction d’une parole collective
Le passage d’une addition de récits individuels à une parole collective est un
processus complexe qui nécessite un accompagnement de la part des animateurs.
Pour donner un exemple concret, le département des Pyrénées-Orientales a mis
en place une démarche originale adossée à des fondements théoriques issus de la
démarche de croisement des savoirs et des pratiques65 (notamment le principe de la
construction de savoirs autonomes). Lors des séances de travail, l’animatrice encou-
rage la réflexion individuelle des enfants à partir de question ouvertes et simples. Ce
n’est que dans un second temps que le groupe s’oriente vers une réflexion collec-
tive. D’après l’animatrice, ce fonctionnement permet de favoriser la participation de
tous, y compris des jeunes qui se sentent moins à l’aise à l’oral. L’animatrice souligne
combien il est essentiel de prendre le temps de l’analyse collective et du débat afin
de construire des connaissances collectives avant que les jeunes ne soient amenés
à intervenir dans les instances de l’ODPE66.
Importance des temps et espaces informels
Plusieurs départements ont souligné l’importance de temps et d’espaces infor-
mels pour que les enfants prennent du plaisir dans la démarche et maintiennent
leur engagement dans la durée. Les professionnels ont rapporté avoir mis en place
des moments de jeux, des moments conviviaux (goûters, repas partagés) et des
sorties (sorties culturelles, déplacements à Paris pour visiter l’Assemblée nationale
ou le Sénat). Enfin, un département a fait le choix d’intercaler entre les séances de
travail un temps consacré à des activités culturelles ou de loisirs. Ces temps visent
65. « La démarche de croisement des savoirs et des pratiques avec les personnes en situation de
pauvreté est une philosophie, une manière d’être et d’agir, qui se concrétisent dans des projets et actions
de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. C’est une recherche continue des conditions à établir
pour permettre à des personnes en situation de pauvreté d’être réellement partenaires et actrices avec
d’autres, de la construction d’une société plus juste ». Livret ATD Quart Monde, août 2016, document
interne. Voir la charte de croisement des savoirs et des pratiques : www.atd-quartmonde.org/wp-content/
uploads/2015/07/Charte-du-Croisement-des-savoirs-ATD-Quart-Monde.pdf
66. Voir le doc ressource sur la démarche participative du comité des jeunes de l’ODPE 66.
⚙ Suivi et évaluation
⚙
Si ces démarches n’ont pas encore fait l’objet d’évaluations, les données issues des
échanges avec les départements indiquent qu’elles ont produit certains effets sur les
pratiques et les politiques mais aussi sur les enfants eux-mêmes.
Des modalités de suivi et d’évaluation à leurs prémices
Dans l’ensemble des départements rencontrés, les modalités de suivi de la
démarche comme l’évaluation de ces effets sont impensées ou peu structurées.
Ainsi, aucune des démarches étudiées n’a fait à ce jour l’objet d’une évaluation.
68. Observation générale du comité des droits de l’enfant n° 12 (2009) relative au droit de l’enfant d’être
entendu.
69. Voir le doc ressource sur la démarche participative du conseil des jeunes de la protection de l’enfance
en Gironde.
Plusieurs départements ont en revanche réalisé des bilans et certains envisagent des
réajustements. Il peut s’agir par exemple d’ouvrir le recrutement aux jeunes suivis en
milieu ouvert et/ou accueillis chez un assistant familial quand cela n’était pas déjà
le cas, de mettre en place des cahiers de bord pour améliorer la continuité entre les
séances, de renforcer la sensibilisation des professionnels, ou encore de renforcer
l’articulation avec les conseils de vie sociale. L’absence d’évaluations plus soutenues
peut s’expliquer par le caractère récent d’un certain nombre de ces démarches. Il
serait intéressant que des évaluations puissent être développées en y associant les
enfants. On peut également penser que des chercheurs pourraient être intéressés
pour participer à de telles démarches.
Premier aperçu des éléments apportés par les enfants
Les éléments remontés par les départements sur le contenu de ces démarches
conduisent à montrer que les propos collectifs des enfants s’apparentent autant à
des constats ou difficultés rencontrées dans leur quotidien qu’à des propositions
d’actions ou d’évolution des modalités d’accompagnement. Dans la mesure où la
méthodologie mobilisée et la composition des groupes sont susceptibles d’impacter
le contenu des échanges, une grande prudence est de mise quant à l’analyse de ces
constats. Une première analyse des éléments apportés par les enfants (tels que les
départements les ont restitués à l’ONPE) permet cependant d’identifier quelques
thèmes communs. Par exemple, dans plusieurs départements, il est apparu que la
question de la référence éducative occupait une position centrale dans les propos
des enfants. Ces derniers ont souligné le manque de disponibilité des référents ASE
et ont exprimé le besoin d’être rencontrés régulièrement. Ces éléments rejoignent
le constat du manque d’individualisation de l’accompagnement mis en évidence
dans une enquête menée par la Haute Autorité de santé70. Le manque de disponibi-
lité des professionnels et le besoin d’être rencontrés régulièrement sont également
au cœur des revendications des jeunes engagés dans des démarches participatives
dans d’autres pays européens, par exemple en Finlande71.
Effets sur les politiques publiques et les pratiques professionnelles
Les données permettant d’identifier précisément les effets de ces démarches sur
les politiques publiques et les pratiques professionnelles sont aujourd’hui lacunaires.
Ces démarches sont récentes et les processus de changement s’inscrivent dans un
temps long. À l’échelle internationale, les effets démontrés sur les pratiques et les
politiques publiques apparaissent relativement modestes et des chercheurs ont
suggéré que les effets les plus significatifs étaient probablement ceux sur les jeunes
(Jackson et al., 2020 ; Thomas et Percy‐Smith, 2012).
Malgré tout, certains propos des professionnels interrogés indiquent que ces
démarches ont produit certains effets sur les pratiques. Par exemple, dans le dépar-
tement de l’Allier, les référents enfants confiés participant au projet ont indiqué que
la démarche les avait conduits à renforcer le lien avec les enfants et notamment à
organiser davantage de sorties avec les enfants dont ils sont référents. Dans le dépar-
70. Haute Autorité de santé (2019). Résultats de l’enquête sur les pratiques professionnelles contribuant à
la bientraitance des enfants et des adolescents accueillis dans les établissements d’accueil de la protection
de l’enfance et de la protection judiciaire de la jeunesse.
71. Pösö, T. (2018). Experts by experience infusing professional practices in child protection. In Human
rights in child protection, 111-128. Palgrave Macmillan, Cham.
tement des Pyrénées-Orientales, les jeunes avaient souligné que les professionnels
rédigeaient des écrits les concernant sans qu’ils aient connaissance du contenu72. Les
éducateurs de certains établissements font désormais lire les rapports aux jeunes
avant envoi afin qu’ils puissent donner leur avis. Le projet a également permis à
certains juges des enfants de prendre la mesure des incompréhensions qui pouvaient
entourer les décisions et des efforts de pédagogie nécessaires auprès de chacun.
Enfin, dans ce même département, des liens sont apparus entre les démarches
de participation collective mises en place au sein de l’ODPE et le développement
d’autres formes de participation de jeunes concernés dans le cadre de commissions
d’appel à projets ou encore dans des commissions ad hoc (par exemple celle dont
l’objectif est de prévenir les ruptures de parcours de certains enfants dans des situa-
tions dites complexes).
Effets sur les enfants
Au-delà des évolutions des pratiques professionnelles et des politiques publiques,
ces démarches sont également susceptibles de produire des effets à un niveau indivi-
duel. Plusieurs départements observent que la démarche a eu des effets positifs sur
la confiance et l’estime de soi de certains enfants, sur leur aisance à l’oral, sur leur
souhait d’être entendus dans le cadre de leur prise en charge et sur leur compréhen-
sion du dispositif de protection de l’enfance. Il est à noter qu’un département s’inter-
roge sur l’opportunité de mettre au point un passeport de compétences afin de
valoriser les compétences développées par les jeunes. La décision du département
des Pyrénées-Orientales de délivrer des attestations nominatives visant à valoriser
la participation des intéressés au comité des jeunes répond à cette préoccupation.
Certains jeunes utilisent ces attestations dans les démarches relatives à leur projet
professionnel, par exemple dans le cadre de leurs demandes de stage.
72. Ce constat est également observé dans une recherche récente : Auger, M. (2023). L’impact de la
communication professionnelle dans l’accompagnement des jeunes accueillis. ONPE Synthèses, Échos de
la recherche en protection de l’enfance, 11.
En croisant les regards entre le droit, la recherche et les pratiques, cette publi-
cation permet de mettre en lumière certaines précautions éthiques et méthodo-
logiques essentielles dans le cadre des démarches de participation collective des
enfants dans le champ de la protection de l’enfance.
L’importance de l’information des participants à toutes les étapes de la démarche,
des garanties en matière de confidentialité des données et du consentement avant
toute diffusion des propos des jeunes ont été notamment soulignées. Il convient
de veiller à offrir aux enfants une écoute appropriée, un cadre sécurisant et un
accompagnement adapté. La transcription de leurs propos se doit d’être fidèle.
Il convient également de s’assurer de la prise en compte de leur parole dans les
processus décisionnels. Enfin, une attention particulière doit être portée à la forma-
tion préalable des animateurs de ces démarches.
Le présent travail témoigne par ailleurs des moyens alloués à ce type de démarche
dans un certain nombre de départements qui se sont lancés dans ces initiatives ainsi
que du soutien politique dont elles bénéficient souvent. Cependant, la participation
ne peut se limiter à des actions ponctuelles, il s’agit d’un processus qui doit s’ins-
crire dans la durée et à tous les niveaux. Elle ne doit pas non plus se limiter à des
espaces et à des temps formels, aménagés et contrôlés par les adultes. La partici-
pation collective n’est véritablement possible que dans la mesure où elle s’accom-
pagne d’une culture de la participation, non seulement au sein de l’ODPE et plus
largement du département, mais aussi et surtout dans le quotidien des enfants et
dans l’ensemble des actes et décisions qui les concernent.
Il apparaît par ailleurs nécessaire de réfléchir aux espaces de participation collec-
tive proposés aux enfants, en assurant des fonctionnements souples et adaptables.
La participation est à mettre en œuvre pour les enfants et autant que possible avec
eux, de la conception à l’évaluation. Comme le montre le modèle du treillis mis au
point par Larkins et al. (2014), des opportunités pour les enfants d’influer sur le
processus participatif existent à toutes les étapes du projet, de la définition des
objectifs et du choix des thèmes à la restitution et à la définition des pistes d’action.
Même s’il n’est pas toujours possible de concevoir d’emblée un projet qui soit piloté
par les enfants de A à Z, le degré d’implication et d’association des enfants aux prises
de décision peut varier en fonction des étapes, et être augmenté progressivement
au fil du déploiement du projet et de son évaluation (Conseil de l’Europe, 2020).
Ce travail permet aussi de mettre en avant les synergies qui existent entre ces
formes de participation collective et la participation individuelle des enfants au sein
de leur accompagnement. Si la participation collective ne remplace évidemment pas
la participation individuelle, ces deux formes de participation sont susceptibles de
s’alimenter mutuellement. Le manque de connaissance et d’expérience des profes-
sionnels en matière de participation individuelle représente un obstacle au dévelop-
pement de la participation collective (Tunestveit, 2022). De plus, quand les enfants
participent dans le cadre de l’accompagnement individuel, et qu’ils se rendent
compte que leur point de vue est pris en compte, cela peut favoriser leur engage-
ment dans des espaces de participation collective. Réciproquement, les expériences
de participation collective telles que celles examinées dans cette publication sont
susceptibles de susciter la mise en place d’accompagnements individuels plus parti-
cipatifs et ainsi contribuer au développement de la participation individuelle dans
les pratiques professionnelles.
Des documents ressources permettent de revenir sur trois démarches départe-
mentales de participation collective pour renseigner plus précisément les départe-
ments qui souhaiteraient se lancer et capitaliser sur les expériences existantes. Ils
peuvent inspirer, être repris ou adaptés en fonction des besoins.
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CADRE MÉTHODOLOGIQUE DE LA
DÉMARCHE D’OBSERVATION LOCALE
Le choix des démarches présentées dans cette publication prend en considération leur lien
avec l’ODPE et la rigueur de la méthodologie employée, au regard des recherches menées sur
le sujet et des indications du comité des droits de l’enfant des Nations unies et du Conseil de
l’Europe.
Les entretiens réalisés auprès des professionnels des départements ont permis l’élaboration
de trois documents ressources décrivant les démarches de participation collective menées
dans les Pyrénées-Orientales, la Gironde et le Puy-de-Dôme. Ces documents ont pour but
de permettre aux acteurs de la protection de l’enfance de s’approprier une connaissance des
fonctionnements et des pratiques de démarches jugées inspirantes et ce qui les sous-tend.
L’ONPE a utilisé, pour leur réalisation, une grille qui a servi de trame au recueil du matériau
d’analyse, lors des entretiens (menés en vidéoconférence) et appels téléphoniques réalisés
avec les acteurs concernés. Des documents institutionnels et des outils de travail communiqués
par l’ODPE ont également été utilisés.
Les échanges avec les professionnels ont été intégralement retranscrits et certains verbatims
ont été utilisés pour enrichir ces documents ressources. Ce travail n’aurait pas été possible
sans la collaboration des trois départements concernés : l’ODPE a en effet été préalablement
informé du travail de valorisation de l’ONPE et a donné son accord de principe ainsi que son
engagement à relire, amender et valider la version finale.
Ces documents sont construits de la manière suivante :
– les étapes du projet et les moyens déployés pour sa mise en œuvre : les objectifs de la
démarche, le portage politique associé, les modalités de pilotage sont notamment évoquées ;
– l’espace participatif et ses modalités d’animation : sont abordés à la fois les critères de
sélection des participants, l’organisation qui sous-tend la démarche mais aussi la manière dont
les professionnels permettent la participation des enfants, les modalités de prise de contacts
avec eux, d’animation des séances et de recueil de leur parole ;
– la restitution de la parole des enfants, en termes d’objectifs, de forme et d’audience ;
– le bilan de la démarche participative, si elle a fait l’objet d’une évaluation et plus largement
le point de vue rétrospectif des professionnels sur le projet.
Enfin il est à noter qu’un encart spécifique résume le rôle et l’implication de l’ODPE et de son
référent dans la création et l’animation de la démarche.
Personnes ressources
Nathalie Audouard Directrice enfance-famille du département des Pyrénées-Orientales et
responsable de l’ODPE (pôle des solidarités)
Camille Isabal Gestionnaire administrative de l’ODPE 66
Noëllie Greiveldinger Chargée des démarches participatives au sein de la mission innovations
sociales du département des Pyrénées-Orientales (pôle des solidarités), animatrice du comité
des jeunes
Sources mobilisées
Ce document ressource a été réalisé par l’ONPE le 14 novembre 2022 sur la base d’un entretien
avec Isabelle Lemoine (anciennement directrice enfance-famille du département) et Noëllie
Greiveldinger. La rédaction s’est également appuyée sur les documents transmis par le
département des Pyrénées-Orientales relatifs au comité des jeunes de l’ODPE.
Document relu et validé par Mme Greiveldinger et Mme Audouard.
Dès 2013, le département avait également expérimenté une action de participation (toujours
à l’œuvre actuellement) visant à proposer à chaque enfant accompagné d’élaborer un écrit
permettant de retracer et de relayer son point de vue, lorsque sa situation était évoquée en
« commission enfance » (l’instance d’évaluation du projet et du parcours de l’enfant en présence
de l’inspecteur ASE).
Enfin, le département avait organisé en fin d’année 2016 une journée relative aux droits de l’enfant
consacrée au point de vue de l’enfant en protection de l’enfance. Une co-intervention avec un
💬💬 sociologue et quatre jeunes faisant retour de leur expérience est venue marquer la journée. La
présidente du conseil départemental, qui avait assuré l’ouverture de la journée, a montré un fort
intérêt vis-à-vis de ces témoignages et a demandé à la direction enfance-famille d’installer un
comité des jeunes au niveau du département.
dpt Ces expériences positives et les volontés conjointes de la direction et des élus de promouvoir
66 la participation des enfants ont été déterminantes pour l’installation du comité des jeunes.
📝📝 📝📝 La préexistence d’un ODPE structuré et actif ainsi que d’un réseau partenarial efficient sur le
département sont également évoqués comme constituant un contexte favorable à la construction
du projet.
76
↘ Objectifs poursuivis
Le comité des jeunes créé dans le département a pour objectif de prendre en considération
l’expertise d’usage des jeunes concernés en créant un collectif leur permettant de donner leur avis
sur la protection de l’enfance et de faire des propositions afin de faire évoluer la politique publique
ainsi que les pratiques professionnelles.
Le comité vise également à instaurer un processus de participation directe (au-delà des associations
représentant les personnes concernées) au sein de l’ODPE et donc à un niveau stratégique. Le projet
entend en outre impulser un processus de participation en chaîne dans la mesure où la parole qui
émerge au sein du comité peut se construire à partir des expériences ou témoignages d’autres
enfants connus des jeunes participant au comité (par exemple parce qu’ils partagent le même lieu
de vie), voire à partir de réflexions menées au sein des conseils de vie sociale des établissements.
La démarche est aussi pensée comme un moyen de valoriser les jeunes.
Lors des premières séances de travail du comité, les objectifs ont été par la suite réfléchis et
formalisés par les jeunes participants avec l’aide des animatrices. Ils sont retranscrits dans le
document de présentation du comité des jeunes de l’ODPE rédigé par ses membres.
Doc ressource
des membres volontaires de l’ODPE. De fait, la démarche s’est appuyée sur les réseaux existants,
notamment celui des établissements et services, ainsi que sur les cadres pédagogiques de
l’institut régional de travail social (IRTS) particulièrement impliqués dans les travaux de l’ODPE. La
préexistence d’habitudes de travail et l’interconnaissance de ces acteurs sont soulignées comme
facilitatrices de la démarche projet. Le groupe de travail était ainsi composé de professionnels de
l’ODPE, de représentants du département, de directeurs de MECS et notamment de représentants
des Apprentis d’Auteuil, de l’association départementale des pupilles de l'enseignement public
(ADPEP 66), de l’association laïque pour l'éducation, la formation, la prévention et l'autonomie
(ALEFPA 66), du service d’action éducative en milieu ouvert (l’Enfance catalane), du foyer de
l’enfance du département (l’institut départemental de l’enfance et de l’adolescence [IDEA]) ainsi
que du pôle ressources et développement social de l’IRTS (menant déjà des actions d’amélioration
des pratiques associant les personnes concernées). Par ailleurs, le département disposait en
interne de compétences spécifiques en matière de participation. Une professionnelle de la
mission innovations sociales du pôle des solidarités du département est formée aux démarches
participatives, tout comme la coordinatrice du pôle ressource en développement social de l’IRTS.
L’expertise de ces professionnelles (en charge de l’animation du comité des jeunes), dès le stade de
la construction du projet, est considérée comme essentielle. La démarche projet n’a en revanche pu
associer l’Adepape 66, celle-ci n’ayant été constituée qu’après l’installation du comité des jeunes. 💬💬
En 2016, l’ODPE et le groupe de travail ont établi un projet de cahier des charges du comité des
jeunes définissant ses objectifs, sa composition, les acteurs impliqués, ses modalités d’animation, 📋📋
les points de vigilance et la planification des différentes étapes de mise en œuvre de la démarche.
1. « La démarche de croisement des savoirs et des pratiques avec les personnes en situation de pauvreté est une
philosophie, une manière d’être et d’agir, qui se concrétisent dans des projets et actions de lutte contre la pauvreté
et l’exclusion sociale. C’est une recherche continue des conditions à établir pour permettre à des personnes en
situation de pauvreté d’être réellement partenaires et actrices avec d’autres, de la construction d’une société plus
juste ». Livret ATD Quart Monde, août 2016, document interne. Voir la Charte de croisement des savoirs et des
pratiques [en ligne]
2. Le réseau Wresinski Participation et croisement des savoirs [en ligne]
↘ Règles de fonctionnement
Les règles de fonctionnement du comité des jeunes ont été établies par les enfants avec les
animatrices à partir de ce qu’ils ont considéré comme important pour eux. La question suivante
leur a été posée par les animatrices : « pour vous, quelles sont les conditions pour que le groupe
💬💬 fonctionne bien, que vous vous sentiez libre de parler et donner votre avis ? ». Après un temps
de réflexion individuelle en silence, les jeunes ont été invités à exprimer des propositions ensuite
débattues, précisées et validées par l’ensemble du groupe.
Il s’agit de règles imposant le respect entre les différents membres et vis-à-vis de la parole que
chacun peut défendre ainsi que de règles de politesse et d’investissement. Une attention particulière
dpt est aussi accordée à la confidentialité des échanges au sein du groupe qui doit s’accorder pour
66 déterminer ce qui peut être rapporté à l’extérieur, cette règle a été ajoutée par les animatrices afin
📝📝 📝📝 de sécuriser les échanges.
Ces règles sont retranscrites avec les mots choisis par les enfants dans le « document de présentation
78 du comité des jeunes de l’ODPE rédigé par ses membres », elles sont régulièrement répétées par
les animatrices lors des réunions de travail et le document est communiqué à chaque nouveau
participant.
Doc ressource
Les établissements recueillent par ailleurs leurs autorisations en matière de droit à l’image et de
déplacements (des séjours à Paris et à Toulouse ont notamment été organisés avec les membres du
comité, voir infra Accompagnement des enfants au cours de la démarche).
souligne que « l’idée c'est de faire participer un maximum de jeunes, y compris ceux qui ne sont pas
très à l'aise avec l'écrit, avec l’école, aller chercher aussi ceux qui d'habitude ne sont pas trop dans la
parole et sont plutôt dans l'acte ». Elle relève à ce sujet des dynamiques de groupes intéressantes,
et souligne le caractère essentiel des propos partagés par les enfants les plus en difficulté dans
le cadre des réunions de travail dont les idées sont ensuite reprises et soutenues lors du comité
de pilotage ou comité technique de l’ODPE par d’autres jeunes plus à l’aise à l’oral (les travaux du
comité des jeunes sont restitués par les enfants participants devant les instances de l’ODPE voir
infra Restitution et portée des travaux).
↘ Modalités organisationnelles
Le cadre initialement pensé a finalement évolué au cours de l’expérimentation dans le sens d’un
assouplissement.
Doc ressource
Dans l’idée d’assurer une continuité au sein du comité des jeunes, le cahier des charges prévoyait à
l’origine une durée de mandat pour les enfants participants de deux années scolaires renouvelables.
Il était précisé que cet engagement pouvait à tout moment être rompu par le jeune « par simple
courrier ou courriel adressé à l’ODPE ». Afin de s’adapter aux enfants et faciliter le plus largement
possible leur participation, ce formalisme en termes de mandat a été abandonné au profit d’un
groupe « mouvant » fonctionnant à partir d’un thème travaillé à l’année. La directrice enfance-
famille précise qu’ « il y en a qui viennent un peu puis qui s'en vont. Il y en a qui restent quelques
💬💬 mois voire plusieurs années. On a un jeune particulièrement emblématique, arrivé à 16 ans, il est
reparti à 21 ans. […] On fonctionne de manière très souple en fait ». Le fil conducteur du thème
annuel et les méthodes de travail assurent la continuité, les nouveaux arrivants s’approprient les
travaux qui les ont précédés. Par ailleurs, la fin de la mesure ou le changement de lieu d’accueil
n’interrompt pas le mandat.
dpt
66 Les membres du comité des jeunes participent chaque année aux deux ou trois comités techniques
📝📝 📝📝 et au comité de pilotage de l’ODPE devant lesquels ils restituent leurs travaux. Entre les comités de
l’ODPE, ils sont réunis en groupes de travail tous les 2 ou 3 mois (soit 4 ou 5 réunions de travail par
an). À l’origine, avaient été privilégiés des lieux de rencontre « neutres » pour les groupes de travail,
80 dans des locaux mis à disposition par le département, hors établissement. Le département a par
la suite expérimenté des rencontres itinérantes sur les sites des différents lieux d’accueil répartis
sur le territoire vaste des Pyrénées-Orientales afin de favoriser la participation des enfants « en
allant vers eux ». Les directeurs des structures organisent cet accueil et mettent à disposition une
salle de réunion habituellement réservée aux professionnels. L’animatrice dresse un bilan positif
de cette organisation qui permet aussi d’informer et sensibiliser les jeunes et les professionnels
des structures directement. Ainsi, des jeunes qui ne sont pas inscrits dans la démarche peuvent
participer et mieux en saisir le sens et le fonctionnement. Par exemple, à la demande d’un lieu de
placement, un temps de réunion a pu être organisé avec les jeunes et les éducateurs en amont du
groupe de travail afin de présenter le comité et susciter un échange, les jeunes intéressés pouvant
ensuite rester pour le temps de travail collectif.
Les déplacements des enfants sont en principe assurés par les lieux d’accueil et parfois par les
animatrices.
Les temps de réunion sont organisés les mercredis après-midi en général, la conférence annuelle
de l’ODPE à laquelle le comité des jeunes participe a aussi été disjointe du comité de pilotage pour
se tenir sur ce même créneau au sein de l’hémicycle départemental.
Cela étant, certains comités de pilotage ou comités techniques de l’ODPE peuvent être programmés
en semaine. Selon la directrice enfance-famille, cela peut permettre d’alterner et faire participer
certains enfants qui ont des activités ou des temps en famille le mercredi après-midi.
« nous on sait faire avec les enfants de la protection de l’enfance mais on n’est pas forcément
des spécialistes de la participation des usagers […] donc on a profité de l’expertise de Noëllie
Doc ressource
et d’Elsa de l’IRTS3 pour être en lien avec nous, mais aussi en décalage avec nous puisqu’elles
n’interviennent pas dans les parcours des jeunes. Elles sont pourtant aussi en mesure de faire le
lien puisque Noëllie est dans la même institution ». La chargée des démarches participatives au
sein de la mission innovations sociales du département consacre un mi-temps à cette mission, elle
est par ailleurs psychologue auprès d’adultes mais a exercé par le passé en protection de l’enfance,
cette expérience lui confère des bases utiles dans l’animation du comité des jeunes. Elle considère
que le fait d’être aujourd’hui sur d’autres fonctions lui permet d’avoir une distanciation vis-à-vis
des propos des enfants et probablement une écoute différente de professionnels en poste. Celle-ci
insiste sur la nécessité d’être formé à l’animation « parce qu’il faut pouvoir les stimuler, faire le lien
entre un enfant de 10 ans et un de 17 ans, quand ils sont un peu énervés ou pas d'accord, il faut
pouvoir juguler un peu et dire que chacun prend le temps de s’expliquer ».
Références théoriques
Le fonctionnement du comité des jeunes est inspiré des principes de la démarche de croisement
des savoirs et des pratiques d’ATD Quart Monde. L’animatrice précise qu’il ne s’agit pas d’une
méthode au sens strict mais plutôt d’une démarche offrant des lignes de conduite, des points de
repère et d’éthique qu’elle s’est réappropriés dans le cadre de l’animation du comité des jeunes.
En premier lieu, la démarche de croisement des savoirs et des pratiques implique de s’assurer d’une 💬💬
prise de parole la plus libre possible. Des conditions doivent être créées afin que les jeunes puissent
construire un savoir issu de leur expérience en toute indépendance. Notamment, les animateurs
📋📋
ne doivent pas avoir de lien d’autorité ou de dépendance avec eux. Ce que disent les jeunes n’est
par ailleurs pas « trié » : leurs propos ne sont ainsi pas sélectionnés. Les animatrices se présentent
comme des « secrétaires » de séance et s’attachent à prendre des notes les plus fidèles possible à
dpt
ce que les jeunes disent en partant du principe que ces derniers disposent de connaissances que
66
les professionnels n’ont pas. 📝📝 📝📝
Ensuite il s’agit, au travers du travail de groupe, de soutenir les jeunes pour qu’ils puissent passer
d’une parole individuelle à une parole collective. Cela suppose dans le cadre du comité des jeunes de 81
prendre le temps de l’analyse collective et du débat afin de construire des connaissances collectives
avant que les jeunes n’interviennent dans les instances des ODPE, conformément au principe de la
construction de savoirs autonomes issu de la démarche du croisement des savoirs et des pratiques.
Ainsi, la restitution ne s’appuie-t-elle pas sur des témoignages ou des positions individuelles mais
sur une parole collective vis-à-vis de laquelle l’ensemble du groupe s’est accordé. Pour autant, lors
des séances de travail, la réflexion individuelle est en premier lieu encouragée et sollicitée à partir
de questions ouvertes, simples, et ce n’est que dans un second temps que le groupe s’oriente vers
une réflexion collective. Ce fonctionnement permet aussi de favoriser la participation de tous et
notamment des jeunes qui peuvent se sentir moins à l’aise à l’oral.
La démarche de croisement des savoirs et des pratiques invite enfin à instaurer une solidarité, à
soutenir une dynamique au sein du groupe. La prise de parole au moment de la restitution est
collective et ils sont encouragés à se soutenir pour défendre leur point de vue.
3. La coordinatrice du pôle ressources en développement social de l’IRTS a depuis quitté ses fonctions. Elle a été
remplacée pour ce qui est de la coanimation du comité des jeunes de l’ODPE par une éducatrice exerçant dans un
service transversal.
Au démarrage, une question large leur est posée comme « Qu’est-ce que c’est pour vous la protection
de l’enfance ? » afin de faire émerger leurs principales préoccupations. La question fait l’objet d’un
temps de réflexion individuelle accompagné par les animatrices qui peuvent les aider à construire ce
qu’ils ont envie de partager. Chacun s’exprime ensuite de manière individuelle lors d’un tour de table
et les animatrices recueillent avec précision sur un tableau les idées de ce qui constitue une sorte de
premier diagnostic, permettant par ailleurs de dégager des premiers thèmes rejoignant leurs centres
d’intérêt. Les jeunes sont invités à poser des questions et les discussions s’amorcent entre eux. Une
trace de chaque contribution individuelle est conservée par les animatrices qui s’assurent auprès des
enfants de la fidélité de leurs notes par rapport aux idées évoquées au travers d’une relecture (ces
notes ne sont pas partagées en dehors des réunions du comité).
Un thème est approfondi chaque année et les animatrices s’efforcent d’approfondir un sujet parmi les
considérations des jeunes sur lequel « il n’y a pas des grosses distorsions, entre un enfant de 10 ans
Doc ressource
et celui de 17 ans par exemple où il se dit "C'est n'importe quoi", "Bon je comprends rien" on essaie
de trouver quelque chose qui les relie déjà dans les échanges qui arrivent, c’est ça qu'on va creuser
un peu plus ».
À titre d’illustration, les grandes thématiques qui ont été travaillées dans le cadre du comité des
jeunes sont les décisions de placement, la confiance ou encore la liberté, ce dernier thème ayant
fortement émergé des préoccupations des enfants pendant le confinement. Les enfants ont aussi, en
💬💬 parallèle du thème annuel, participé à la consultation nationale du défenseur des droits et travaillé
sur la question de la santé.
Le thème défini est ensuite analysé dans les séances qui suivent avec l’aide de différentes techniques
d’animation qui leur permettent d’être actifs.
dpt Les animatrices ont par exemple eu recours au débat mouvant pour travailler le thème de la confiance
66 en leur posant la question suivante : « est-ce facile d’avoir confiance envers les éducateurs ou le juge ?
📝📝 📝📝 ». Les jeunes devaient physiquement se positionner comme étant d’accord ou pas d’accord en allant
d’un côté ou de l’autre de la salle. Leur position physique indique leur positionnement intellectuel.
Le débat mouvant permet à chacun de donner son avis, même de façon non verbale. Il invite aussi à
82 justifier sa position en donnant des arguments tout en permettant un mouvement d’un camp à l’autre
qui les autorise à réviser leur position après réflexion, en écoutant les autres participants.
Les séances peuvent encore aussi s’appuyer sur l’utilisation de carte réseau, par exemple sur le thème
de la santé, les animatrices ont interrogé les enfants : « quand vous allez vraiment très mal, vers
qui vous tournez-vous ? ». Il s’agissait pour les participants d’identifier sur un tableau les ressources
sur lesquelles ils peuvent s’appuyer au sens large et matérialiser d’un trait coloré la nature de la
relation : conflictuelle/difficile, neutre, soutenante. Les enfants ont identifié des proches, certains
professionnels mais aussi les animaux, internet etc.
Chaque séance s’appuie sur les notes des séances qui précèdent, mises en ordre et relues aux enfants
par l’animatrice. Les constats et les propositions sont retravaillés et affinés : « Il faut reprendre des
phrases qu'ils ont dites, ils vont les approfondir, ils vont dire, là je ne suis pas d'accord finalement, avec
ce que l'autre a dit, pourquoi vous n’êtes pas d'accord ? Puis on recommence à retravailler toute cette
matière-là ». Les notes servent de point de repère fixe d’une rencontre à l’autre afin de maintenir
et consolider la réflexion, elles permettent aussi d’assurer la continuité des travaux du groupe en
permettant aux nouveaux arrivants de s’y greffer. Les travaux aboutissent à un texte définitif, en cas
de désaccord, le débat est ouvert mais si le désaccord se maintient, l’idée est retirée pour aboutir à un
travail collectif approfondi et susceptible d’être partagé ensuite devant les instances de l’ODPE (voir
par exemple la production du comité des jeunes de l’ODPE 66 sur la confiance).
Le département s’attache par ailleurs à proposer aux enfants des temps informels et conviviaux
couplés aux temps de travail afin qu’ils soient à l’aise dans la démarche et y prennent du plaisir. Cela
Doc ressource
peut prendre la forme de temps de repas partagés avec les professionnels de la protection de l’enfance
à la suite des comités de l’ODPE. Les animatrices ont aussi organisé des visites et temps de jeux sur
certains sites naturels du territoire. Par ailleurs, un partenariat a été noué avec la direction culture
et patrimoine du département afin de faire participer les enfants à des événements culturels en fin
d’année et qu’ils puissent « partager autre chose » avec les animatrices (par exemple une rencontre
avec un artiste et la participation à des créations musicales par ordinateur). Les enfants inscrits dans
la démarche sur la durée sont en outre partis en séjour à Paris à la rencontre du Défenseur des
enfants ainsi qu’à Toulouse à l’occasion d’une conférence pour présenter le comité des jeunes.
Concernant les liens avec les enfants, l’animatrice attire l’attention sur le fait « qu’autant il est
important que l'animateur ait la confiance des membres du groupe qu'il anime […], autant il n'est
pas là pour remplacer un éducateur ou tout autre adulte proche du jeune dans le quotidien et donc
ressource pour lui si quelque chose allait mal. […] L'animateur du groupe ne saurait occuper toutes
les places, et il est important qu'il s'en garde bien. Si je voulais caricaturer, je dirais qu'il est avant
tout disponible pour le groupe et l'émergence d'éléments de connaissance collective. Il y a une
question éthique derrière cette question de la “proximité” qui n'est pas simple... Ainsi je dirais que
si l'animateur peut être proche des jeunes, il doit pouvoir orienter au plus vite vers des personnes
du quotidien. L'animateur ne “fait que passer”, cette humilité (au sens d'absence de pouvoir ou de
relation de dépendance) est à préserver autant que possible. »
💬💬
Dès l’origine, le groupe projet avait aussi introduit dans le cahier des charges du comité un point de 📋📋
vigilance concernant l’accompagnement des enfants : « la participation des jeunes aux différentes
instances de travail peut éventuellement susciter des questionnements ou des moments de
fragilité, pouvant être repérés soit par les institutions, soit par les animatrices. C’est pourquoi, en dpt
cas de besoin, les animatrices et les référents institutionnels pourront se mettre en relation pour 66
envisager une prise en charge adaptée. » Dans ce sens, la gestionnaire administrative de l’ODPE se
📝📝 📝📝
charge de recueillir et centraliser les coordonnées des référents des enfants concernés afin qu’en
cas de nécessité un échange puisse s’organiser.
83
La démarche a été impulsée par la direction enfance-famille qui est par ailleurs responsable
de l’ODPE. Le projet a été défini au sein d’un groupe de travail piloté par l’ODPE et composé
de certains de ses membres volontaires. La gestionnaire de l’ODPE recueille et centralise les
coordonnées des référents institutionnels des enfants participants.
Le comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales est membre constitutif de l’ODPE, un
avenant à la charte constitutive de l’observatoire a été voté en ce sens.
Les membres volontaires du comité des jeunes participent à une partie des temps de réunion
des comités de pilotage et comités techniques de l’ODPE. Ils y restituent leurs travaux, ceux-ci
étant en outre intégrés aux axes de travail de l’ODPE.
L’ancien adjoint directeur enfance-famille et l’animatrice résument dans ces termes la philosophie
de la démarche dans un article : « Les jeunes prennent conscience dans ce travail collectif d’un
savoir commun : à partir d’expériences individuelles, très différentes et uniques, ils élaborent
des éléments de compréhension commune en lien avec la protection de l’enfance. Ils peuvent
ensuite […] partager des éléments de connaissance et des propositions à valeur égale avec les
connaissances des professionnels de la protection de l’enfance. Dans cette étape, ils n’ont alors pas
une parole de type « témoignage » sur leur situation personnelle, mais bien une analyse commune
à partager qui est comme détachée de leur vécu même si elle y est profondément ancrée : ainsi, un
jeune peut expliquer une idée, qui aura été apportée en groupe de pairs par un autre jeune à partir
d’un vécu propre, et que le groupe des jeunes se sera approprié comme élément de connaissance.
Nous nous trouvons là au cœur du processus d’intelligence collective. »4
Les jeunes participants restituent leurs travaux lors des comités techniques de l’ODPE (en juin,
octobre et parfois mars) et lors de son comité de pilotage de fin d’année. L’ensemble des membres
volontaires du comité des jeunes est présent.
En pratique, pour susciter l’intérêt des enfants et maintenir leur attention, les membres du comité
des jeunes n’interviennent que sur une partie des temps de réunion des instances de l’ODPE dont
les contenus peuvent être techniques.
💬💬
Les comités techniques et de pilotage de l’ODPE se réunissent donc d’abord entre professionnels
pendant 1 h 30, et dans le même temps les jeunes travaillent dans une salle à part. À partir des
travaux précédemment menés par les jeunes et de leurs productions écrites, ils construisent
ensemble ce qu’ils souhaitent dire ou non, partager à l’extérieur du groupe et la façon dont ils vont
dpt le dire. Ils se répartissent ensuite la parole et « en général, ils veulent tous parler, même les plus
66 timides » précise l’animatrice. La directrice enfance-famille souligne que la place est ensuite faite à
📝📝 📝📝 tous ceux qui le souhaitent « ils sont aussi importants que le procureur, que le DASEN… » et chacun
s’exprime à tour de rôle. La directrice rappelle également aux professionnels lors des instances de
l’ODPE l’importance de ne pas interpeller les jeunes sur leur parcours personnel.
84
À titre d’illustration, les jeunes ont abouti à un écrit pour l’un des comités de pilotage déclinant
ce que recouvre pour eux la confiance avec les autres, le juge, l’éducateur, entre jeunes et la
confiance en soi. À propos de la confiance avec l’éducateur ils y expriment notamment que : « On
ne peut pas avoir confiance en tout le monde : par exemple si on peut dire quelque chose d’intime
a un éducateur et qu’il ne le répète pas alors on sait qu’on peut avoir confiance. Il faut qu’il nous
demande avant de le dire à d’autres éducateurs, et qu’on soit d’accord. Nous avons confiance en
l’éducateur :
– quand nous le connaissons depuis longtemps ;
– quand l’éducateur nous demande notre avis avant d’écrire, nous fait lire les rapports avant
de les transmettre ;
– quand il nous aide à faire nos démarches, s’il se bouge avec nous (il ne fait pas que parler) ;
– quand il nous aide à avoir confiance en nous. »
Si au démarrage de la démarche les échanges peinaient à s’enclencher, il est relevé que les débats
s’installent progressivement, notamment au sein des comités techniques. Les professionnels peu
habitués et ne sachant pas nécessairement comment se positionner avec les jeunes sont de plus
en plus à l’aise. Un échange s’est par exemple engagé entre jeunes et professionnels autour du
secret professionnel, permettant de saisir ce qu’il recouvre pour chacun et ses limites. Cet échange
a permis d’éclairer d’une part la nécessité pour les professionnels de pouvoir partager certaines
informations dans l’intérêt des enfants et d’autre part l’importance pour les jeunes de savoir qu’ils
peuvent avoir confiance quant à ce qu’ils livrent aux professionnels. Il est aussi observé que la
présence des jeunes vient modifier la dynamique des échanges au sein des comités de pilotage :
4. Baron, N., et Greiveldinger, N. (2019). Prendre en compte la parole des jeunes suivis en protection de l’enfance.
Forum, 156 (1), 7-15.
« les “adultes” réalisent un effort pédagogique en intégrant les jeunes en qualité d’interlocuteurs
potentiels, ce qui les amène à être plus précis dans les échanges. Parler de la protection de l’enfance,
Doc ressource
de ses enjeux et de ses faiblesses devant et avec ceux qui sont les plus concernés, devrait participer
à son amélioration »5.
Enfin, le comité des jeunes intervient également à la conférence annuelle de l’ODPE qui porte
sur la thématique de travail retenue par les jeunes participants, en présence de la Présidente du
département et de l’élu chargé de l’enfance.
Afin de valoriser leur contribution, le département délivre aux jeunes des attestations nominatives
de participation au comité des jeunes de l’ODPE. Il est par ailleurs précisé que certains jeunes
l’utilisent dans leurs démarches relatives à leur projet professionnel, pour des demandes de stage
par exemple.
Il n’y a pas de restitution plus large à l’ensemble des jeunes au-delà des membres du comité mais
certains jeunes participants qui le souhaitent peuvent partager au sein de leur établissement ce
qu’ils produisent dans le cadre de la démarche, notamment les jeunes qui sont membres des
conseils de la vie sociale. S’il n’y a pas d’articulation formelle avec le comité, ces derniers peuvent
parfois y évoquer les travaux du comité des jeunes de l’ODPE. Néanmoins, l’animatrice rapporte
que les jeunes lui renvoient que « c'est un peu dur des fois de présenter ce que fait le comité
des jeunes. Parce que justement on est plus sur une dimension : comment modifier la politique
publique de la protection de l'enfance ? Les conseils de la vie sociale sont beaucoup plus dans le 💬💬
concret du quotidien. Du coup, pour les jeunes, ils me disent souvent que c'est difficile pour eux
de défendre ce qu'ils font au comité des jeunes ou des fois on leur dit “vous bossez trop”, “c’est 📋📋
compliqué” ».
5. Ibid.
travaillé collectivement lors des séances de travail, ils y mentionnaient par exemple : « Nous ne
comprenons pas ce que dit le juge pendant l’audience, et même nos parents, ils ne comprennent
pas tout. Quand l’éducateur dit “tu as compris ?”, on répond “oui oui” mais ce n’est pas vrai ». Il
semblerait que certains juges des enfants aient pu prendre la mesure des incompréhensions qui
pouvaient entourer les décisions et des efforts de pédagogie qui se révèlent nécessaires auprès des
enfants et de leur famille.
Autant que possible, il est fait retour aux enfants des suites données aux propositions lors des
comités techniques.
Selon la directrice enfance-famille, l’expérience du comité des jeunes peut aussi contribuer au
niveau du département à développer plus largement des pratiques en faveur de la participation
des enfants. Elle évoque l’exemple d’une commission ad hoc dont l’objectif est de prévenir les
ruptures de parcours pour les situations complexes. La participation à la réunion de la commission
Doc ressource
📝📝 📝📝 Le département insiste par ailleurs sur l’intérêt de pouvoir s’appuyer sur l’expertise de professionnels
formés en matière de participation. La souplesse d’un comité « mouvant », soutenu par des
méthodes d’animation spécifiques, permet aussi de mieux s’adapter au fonctionnement des jeunes
86 et ainsi favoriser leur participation tout en assurant la continuité des travaux. Il importe de ne pas
nourrir d’attentes inadaptées vis-à-vis des enfants et de pas appliquer un cadre organisationnel qui
relèverait de l’adultomorphisme.
Selon la directrice enfance-famille, le projet exige en outre un investissement conséquent ainsi
qu’un « portage et une volonté farouche, à la fois technique et politique ».
Les modalités d’accompagnement de la démarche auprès des professionnels sont également à
penser avec soin. Il est nécessaire d’associer chaque niveau organisationnel et décisionnel dans une
articulation souple au fur et à mesure des étapes du projet, mais aussi de convaincre du sens et de
l’intérêt de la démarche pour les jeunes et les institutions de la protection de l’enfance. L’effectivité
du comité exige aussi de faire participer les professionnels de terrain à la démarche, tant sur le
plan de l’organisation que du travail de réflexion et des pistes de changement susceptibles d’être
identifiées.
La démarche suppose ensuite des exercices de conciliation, il s’agit de « trouver un équilibre
entre les attentes des uns et des autres, négocier les contraintes de temporalité (un élu n’a pas le
même calendrier ni les mêmes échéances qu’un lycéen, par exemple, ni qu’un éducateur gérant
un groupe), etc. »6. La temporalité des institutions est très scandée par les dates des comités
techniques et de pilotage mais il faut également pouvoir prendre en compte le temps d’élaboration
des jeunes ainsi que leurs propres contraintes quotidiennes.
Enfin, les acteurs du projet soulignent l’intérêt de retenir une approche humble dans la construction
de la démarche et son envergure. Ils considèrent essentiel de l’inscrire en premier lieu dans une
6. Ibid.
Doc ressource
sort, quelle bêtise on a fait, comment rectifier etc. », et la directrice enfance-famille conclut « on
a avancé en marchant [...]. Le comité des jeunes nous a façonné, et on a façonné le comité des
jeunes, on a été dans les deux sens. »
💬💬
📋📋
dpt
66
📝📝 📝📝
87
Personnes ressources
Adeline Gouttenoire Présidente de l’observatoire départemental de la protection de l’enfance
(ODPE) de la Gironde. Professeure à la faculté de droit et sciences politiques, directrice du
Centre européen de recherches en droit des familles, des assurances, des personnes et de la
santé (CERFAPS, EA4600), et de l'Institut des mineurs (IDM), université de Bordeaux.
Élodie Duroux Chargée de mission de l’ODPE de la Gironde.
Sources mobilisées
Ce document ressource a été réalisé le 29 septembre 2022 à partir du rapport ODPE de la
Gironde (novembre 2020), de l’ensemble des documents envoyés par le département relatifs
au conseil des jeunes de la protection de l’enfance, d’une intervention de Mme Julie Lafaye lors
du 9e Séminaire technique des ODPE en décembre 2022 et d’entretiens avec Mme Duroux et
Mme Gouttenoire.
Document relu et validé par Mme Duroux et Mme Gouttenoire.
décisions qui les concernent. En parallèle, il est énoncé une importante méconnaissance du rôle
de l’Association départementale d’entraide des personnes accueillies à la protection de l’enfance
(Adepape), présente sur la Gironde.
Dans le cadre de l’élaboration du schéma départemental de la protection de l’enfance et de la
famille 2018-2022, un groupe de travail pluri partenarial est alors mis en place : une fiche action
« Créer un conseil des jeunes de la protection de l’enfance de Gironde » est rédigée et vient
💬💬 s’inscrire dans l’axe 2 du schéma, relatif à la nécessité « d’adapter la protection de l’enfance aux
évolutions juridiques et sociétales ».
↘ Objectifs poursuivis
Il s’agit de créer un espace de parole dédié aux jeunes confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) afin
de leur permettre de s’exprimer sur le fonctionnement du dispositif de protection de l’enfance, de
recueillir leurs propositions d’amélioration avec la possibilité de formuler des recommandations.
Ce conseil des jeunes doit aussi permettre de connaitre et faire connaitre le fonctionnement du
dispositif de protection de l’enfance dans le département tout en valorisant l’intervention de
l’Adepape 33. L’ODPE affiche également la volonté que ce conseil s’inscrive dans un « engagement
citoyen » : il s’agit alors de créer, voire de renforcer chez les jeunes, un sentiment d’appartenance
à la « communauté des enfants confiés à la protection de l’enfance », et de leur permettre de
s’inscrire dans une démarche de participation collective et engagée, expérience pensée comme
fondatrice pour leur future vie d’adulte.
Doc ressource
un réel investissement du projet et plus largement sa pérennisation. La responsable ODPE souligne à
ce titre une dynamique politique notable qui lui apparaît essentielle et fondatrice, notamment pour
convaincre et mobiliser les professionnels dont certains pouvaient rester « un peu perplexes quant à
la mise en œuvre » effective de ce conseil, d’autant que cette manière de travailler avec les enfants
peut parfois paraitre un peu « éloignée des fonctionnements de travail habituel ».
ODPE précise à ce titre : « Ce sont les enfants qui nous l’ont dit, le jour où ils étaient assis dans les
gros fauteuils avec les micros, c’était un peu impressionnant mais en même temps c’était valorisant
pour eux […] ils se sentaient estimés, bien reçus donc le lieu était très important ».
Une subvention d’un montant de 8 000 euros est allouée pour le fonctionnement et l’animation
du conseil des jeunes de la protection de l’enfance pour une durée de 18 mois, comprenant,
entre autres, le financement des animateurs professionnels salariés de l’association d’éducation
💬💬 populaire Francas. À cela s’ajoute un montant de 4 000 euros permettant d’assurer le transport des
enfants, la restauration et le financement des outils de communication relatifs à ce conseil.
↘ Règles de fonctionnement
Il n’existe pas actuellement de charte de fonctionnement propre au conseil des jeunes : la chargée
de mission ODPE précise à ce titre que les professionnels investis dans ce projet, ainsi que le groupe
d’animateurs « se connaissent depuis un moment et forment un groupe constitué qui perdure sur la
session suivante », ne nécessitant pas d’instituer un cadre de fonctionnement formalisé. Néanmoins
ce constat est nuancé puisqu’il est précisé que ce document constitutif pourrait permettre que ce
conseil « s’inscrive dans la durée, que certaines choses soient scellées, qu’on puisse s’y référer »,
et également clarifier le rôle et les attendus de chacun des animateurs, dont les postures et les
Doc ressource
un investissement qui s’inscrit dans la durée : « Si on (les professionnels) ne voit pas les enfants au
quotidien, c’est important qu’on leur offre une image de stabilité, d'être les mêmes personnes à
chaque fois, à chaque session […] d’être un repère pour eux. C’est vrai qu’on ne l’a pas écrit, mais
c'est très inscrit en chacun de nous. Alors je pense qu’on pourrait rajouter ça dans la charte ».
Du côté des enfants, bien qu’il ne soit pas encore formalisé, un règlement du conseil des jeunes de
la protection de l’enfance est actuellement en réflexion. Certaines règles, énoncées dès le début
du lancement du conseil, notamment en lien avec la prise de parole des enfants, apparaissent
importantes à formaliser : « Pour que leurs paroles soient libres, qu’il se sentent autorisés à parler,
il faut qu’ils se sentent en confiance avec nous. On leur dit qu’ils peuvent parler, dire des choses,
qu’on n’attend pas une réponse en particulier. On se met tous à la portée des enfants. La question
du cadre et de la qualité d'accueil sont importantes […] Pour que les enfants puissent prendre la
parole de façon sereine, il faut vraiment qu'on puisse leur expliquer et formaliser ce qu’on va faire
de leur parole ».
La responsable de l’ODPE souligne la nécessité que les directions fassent le relais et mobilisent
les équipes des structures d’accueil, les assistants familiaux présents dans le quotidien auprès de
l’enfant pour porter le projet et lui donner du sens. Quel que soit l’âge des enfants, celle-ci précise
que « s’il n’y a pas un adulte derrière l’enfant qui en parle avec lui, l’incite, lui dit que c’est possible
etc., l’enfant ne le fera pas de lui-même. Si ce n’est pas porté par son adulte de proximité, alors
ça ne prendra pas […] il faut vraiment que les structures puissent relayer cette parole auprès des
enfants ».
S’appuyant sur le CASF et la CIDE (art. 12), elle précise à ce titre que l’enfant peut participer aux
décisions qui le concernent et qu’il a le droit d’exprimer son opinion.
Le département a veillé à ce qu'aucune photo d'enfants participants à ce conseil et susceptible de
les identifier ne soit prise, ainsi il n’a pas été nécessaire de recueillir les autorisations parentales en
matière de droit à l'image.
Enfin, plusieurs articles de presse écrite et des podcast radio ont permis de mettre en lumière ce
💬💬 conseil des jeunes de la protection de l’enfance sur la Gironde1.
>>>
1. http://www.aqui.fr/societes/gironde-un-nouveau-conseil-des-jeunes-pour-la-protection-de-l-enfance,19355.
html
Doc ressource
Âge des enfants Nombre d’enfants Âges des enfants Nombre d’enfants
8 ans 6 15 ans 5
9 ans 4 16 ans 12
10 ans 4 17 ans 20
11 ans 3 18 ans 16
12 ans 6 19 ans 9
13 ans 7 20 ans 3
14 ans 6 21 ans+ 2
Total 36 67
Il est à noter une surreprésentation au sein des jeunes candidats de sexe masculin au sein de 💬💬
la tranche d’âge 16-19 ans, s’expliquant notamment par la part de candidatures importante de
mineurs non accompagnés (MNA), désireux de pouvoir bénéficier de ce lieu d’expression. Dès lors,
📋📋
pour garantir la représentativité des catégories d’âges mais aussi de sexe, le comité de pilotage a
fait le choix de garder tous les candidats de moins de 14 ans ainsi que l’ensemble des filles. Les 103
jeunes membres du conseil des jeunes ont été informés par courrier de leur participation, avec un dpt
bulletin d’inscription pour les thématiques prédéfinies par le comité de pilotage. Une invitation 33
officielle à la séance inaugurale de ce conseil, prévue le 30 novembre 2019, était également 📝📝 📝📝
associée au courrier.
95
↘ Modalités organisationnelles
Le comité de pilotage a défini huit thématiques de travail pour la première session du conseil des
jeunes. Il a ainsi été demandé aux enfants de se positionner sur deux d’entre elles, par retour
courrier au moment de leur inscription (tableau 2). Sept thématiques ont finalement été retenues,
« La santé » ayant été exclue, à défaut d’inscription des enfants (la présidente de l’ODPE fait
l’hypothèse que les enfants confiés ne se sentent pas toujours concernés par les problématiques
de santé, cette thématique restant selon eux assez éloignée de leurs préoccupations du quotidien).
Tableau 2 Les thématiques proposées par le comité de pilotage aux jeunes pour la première
session du comité des jeunes de la protection de l’enfance de Gironde, 2019
Le comité de pilotage a également souhaité que le conseil des jeunes se réunisse quatre fois
par an, le mercredi après-midi de 13 h 30 à 16 h 30. La mandature des enfants dure une année,
exception faite des cinq jeunes participants au comité de suivi, et composant le groupe dit des
« ambassadeurs », qui poursuivent sur une année supplémentaire le travail engagé lors de cette
première session.
Une organisation logistique importante sous-tend ces temps de travail, notamment du côté des
assistants familiaux mais aussi des professionnels des structures d’accueil, chargés d’accompagner
les enfants sur le site du conseil départemental, et ce au regard d’un territoire étendu. Certains
enfants pouvaient par ailleurs arriver directement après l’école, ceci impliquant qu’ils n’aient pas
déjeuné le midi. Le département a alors dû prévoir des paniers repas pour les accueillir et souligne
l’importance d’anticiper ces questions.
Il est également évoqué une présence soutenue de nombreux professionnels pour accueillir les
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enfants et les jeunes, assurer l’animation du conseil et organiser les modalités de retour des enfants
au sein de leurs lieux d’accueil. Une attention particulière est accordée au temps d’accueil des
enfants, qui peut être long pour certains d’entre eux, notamment pour ceux arrivant parfois très
en avance : il est alors souligné la nécessaire présence de plusieurs professionnels pour entourer
l’enfant et le rassurer lorsqu’il reste seul après le départ de son accompagnant.
Pour que la participation des enfants soit optimale, il a été choisi d’organiser le conseil en
💬💬 7 commissions thématiques de 15 enfants, animées chacune par des animateurs distincts.
que ce soit les éducateurs des structures d’accueil ou les assistants familiaux, ne participent pas à
l’animation du conseil des jeunes, elle ajoute qu’il est aussi important que ces derniers ne soient
pas non plus présents au sein des commissions ni même tout au long de l’après-midi avec les
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enfants : l’objectif étant que la parole des enfants soit facilitée, à distance de son lieu d’accueil, de
son placement et des professionnels associés. Cette distanciation n'a pas toujours été comprise
par certains professionnels, qui pouvaient parfois avoir le sentiment « d’être tenus à l’écart de
cette démarche ». La présidente de l’ODPE a joué un rôle notable pour maintenir ce prérequis
auprès des professionnels, leur offrant néanmoins la possibilité de participer au comité technique
du conseil des jeunes, pouvant ainsi prendre part « à la dynamique de ce conseil, et impulser sa
mise en place ».
Total 68
📝📝 📝📝
Durant la période de la crise sanitaire liée à la Covid-19, des liens par téléphone, des messages
98 vidéo, et des mails d’information ont été maintenus, dont certains envoyés par la vice-présidente
en charge de la protection de l’enfance et la présidente de l’ODPE, auprès des 103 enfants, des
familles d’accueil et des structures d’hébergements. L’objectif étant que les enfants continuent de
se sentir « partie prenante de ce collectif » et que la dynamique de groupe perdure. Les animateurs
Francas ont par ailleurs fait un travail de synthèse des échanges et de travaux déjà effectués au sein
des commissions : une série de constats partagés ont alors été mis en évidence.
• La séance du 31 avril 2021 a été organisée en visioconférence et en présentiel au sein de
l’hémicycle du département. Cette dernière séance, qui signe la fin de la mandature, a permis aux
jeunes présents de voter pour les 14 points/constats tels que formalisés par l’équipe des Francas.
Ce vote a permis aux enfants de dire ce qu’ils souhaitaient faire ressortir dans un document support
final : 18 enfants ont participé à cette séance conclusive.
Par ailleurs, il est précisé que les enfants ne sont pas en lien les uns avec les autres, en dehors de
ces temps d’animation, exception faite de ceux qui partagent le même lieu de vie.
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Un point d’attention est rapporté par la chargée de mission ODPE concernant les enfants qui
changent de structures de placement, durant leur mandature au sein du conseil des jeunes. Le
maintien du lien ainsi que la continuité de la participation de l’enfant au sein du conseil apparaissent
alors difficiles : « En fait quand ils ne sont pas là, on va faire les relances téléphoniques et c’est à ce
moment-là qu’on s’est aperçu qu'ils n’étaient plus dans la même structure et on ne sait pas où ils
sont. Et là pour le coup, il faut qu'on progresse par rapport à ça, parce qu’on se rend compte qu'il y
a des enfants qui nous échappent, avec des ruptures de placement ».
L’indépendance du conseil des jeunes était conçue comme l’une des conditions importantes
de cette démarche participative notamment pour assurer une liberté de parole aux enfants
et pouvoir construire des recommandations à partir de leurs constats. Ainsi, le département
de la Gironde a souhaité que ce conseil des jeunes soit rattaché à l’ODPE qui en assure la
gestion administrative : l’ODPE est en charge de l’élaboration des outils de communication 💬💬
relatifs à ce conseil, de la prise de contact avec les professionnels et les structures accueillant
les enfants, de l’envoi des courriers aux enfants et du traitement relatif à leurs retours, des 📋📋
échanges avec les professionnels et les enfants concernant ce conseil, de la réservation des
salles et des repas proposés aux enfants, de l’accueil des jeunes lors des travaux en plénière et
en commissions, de la gestion de leur retour au sein de leur lieux de vie et plus généralement dpt
du bon déroulement des séances, etc. 33
La présidente et la chargée de mission de l’ODPE animent et participent pleinement aux 📝📝 📝📝
trois comités qui structurent le pilotage du conseil des jeunes, à savoir le comité stratégique,
technique et de suivi. La présidente de l’ODPE coanime par ailleurs la séance inaugurale. 99
Les 14 points proposés par le conseil des jeunes de la protection de l’enfance sont les suivants :
1. L’ensemble des membres du conseil des jeunes de la protection de l’enfance (CJPE) sont frustrés
du manque de liberté lié à leur placement, de plus ils constatent qu’il est différent selon les
structures d’accueil.
2. L’ensemble des membres du CJPE regrettent devoir raconter leur parcours de manière trop
fréquente, à chaque nouvel intervenant.
3. L’ensemble des membres du CJPE évoquent, des inégalités dans le suivi éducatif en fonction des
structures et le besoin d’être rencontrés plus régulièrement.
4. La majorité des membres du CJPE ont le sentiment que leur avis n’est pas assez pris en compte
par ceux qui les accompagnent et par ceux qui décident pour eux.
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5. La majorité des membres du CJPE ne comprennent pas toujours les décisions qui sont prises les
concernant et particulièrement la mesure de placement.
6. La majorité des membres du CJPE du CJPE dénoncent une forme de préjugés face aux enfants de
l’ASE.
7. La majorité des membres du CJPE ont insisté sur l’importance d’être particulièrement
accompagnés lors de l’arrivée sur un nouveau lieu de vie.
💬💬 8. La majorité des jeunes placés en MECS signalent un manque de cadre familial, vécu dans les
foyers, et de repères à une personne référente. Ils sont en demande de lien social et affectif.
9. Selon la majorité des membres du CJPE, la question de la contribution financière demandée aux
jeunes qui ont des revenus ou de l’argent de poche est problématique. Ils constatent des différences
de traitement selon la modalité d’accueil.
dpt
33 10. La majorité des membres du CJPE mettent en avant les difficultés qu’ils rencontrent pour suivre
📝📝 📝📝 des études longues.
11. La majorité des membres du CJPE regrettent que les fins de prise en charge ne soient pas assez
bien préparées et questionnent la durée des contrats jeunes majeurs.
100
12. La majorité des membres du CJPE ont noté que les lieux de rencontre avec leur famille en cas
de visites médiatisées n’étaient pas toujours chaleureux ou adaptés à ces rencontres.
13. La majorité des membres du CJPE regrettent de ne pas pouvoir maintenir des liens avec les
membres de leur fratrie et leur famille élargie ainsi qu’avec des personnes appartenant à leurs
réseaux de proximité.
14. La majorité des membres du CJPE vivent difficilement les changements multiples qu’ils subissent
tout au long de leurs parcours personnels.
Ces constats sont aussi restitués et discutés dans le cadre du comité de pilotage de l’ODPE à
destination des membres qui le constituent. Les enfants ne les présentent pas et n’y participent
pas. Il s’agit de nouveau de permettre à l’ODPE d’accompagner la mise en œuvre de ce conseil et
d’échanger avec les professionnels présents autour des constats énoncés par les enfants.
La démarche de participation collective des enfants mise en place en Gironde ainsi que les 14 constats
énoncés par les enfants ont par ailleurs été présentés par le groupe des « ambassadeurs » à
l’occasion des Rencontres médico-juridico-sociales autour de l'enfant, organisées par la faculté de
droit de Bordeaux, qui se sont déroulées le 25 juin 2021, et dont la thématique portait sur « La
parole de l'enfant en protection de l'enfance ».
Par ailleurs, il est souligné la volonté pour certains membres du groupe des ambassadeurs d’aller
à la rencontre des structures d’accueil du département pour présenter le conseil des jeunes de la
protection de l'enfance avec l’objectif de les y associer.
Au moment de l’élaboration de ce document, les 14 constats n’ont pas été restitués aux enfants en
dehors du conseil des jeunes de la protection de l’enfance, ni aux équipes éducatives travaillant sur
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« C’est bien d’entendre les enfants mais il faut en faire quelque chose de ce qu’ils nous disent » :
l’instauration d’un comité de suivi se fonde sur ce point d’attention. Il s’agissait pour l’ODPE de penser
un espace d’expression pour ces enfants, d’où la volonté d’y associer les jeunes « ambassadeurs »,
afin qu’ils puissent venir « discuter avec les décideurs du département, les yeux dans les yeux, en
petit groupe, autour d’une table. C’est un moment très rare, qui n’existe pas […] avec comme idée
centrale : comment on peut faire pour répondre à ce que vous dites ? ». Ces constats ont vocation
à alimenter le travail réflexif du département à l’occasion de temps de travail, comme autour du
projet pour l’enfant (PPE). Sur ce point, les enfants ont pu témoigner de ruptures successives qui
jalonnent leur parcours de prise en charge, caractérisé par des changements fréquents de référents
ASE et/ou de structures d’accueil. Ils ne s’estiment par ailleurs pas informés des changements à
venir et qui les concernent directement. À ce titre, la référente ODPE souligne que « le PPE pourrait
certainement répondre et apporter un peu… fluidifier ces échanges et éviter le nombre de ruptures
dans le parcours des enfants. Ça revient beaucoup dans ce qu’ils ont pu nous dire ». D’autre part, le
département a engagé une réorganisation de la protection de l’enfance avec une territorialisation
à venir des services et de nouveaux recrutements afin d’améliorer la qualité du service pour les
enfants.
Le comité de suivi doit par conséquent être le lieu pour « mettre en place des actions pragmatiques
💬💬
et opérationnelles, très concrètes pour eux ». Ainsi, l’un des constats énoncés par les enfants
mettait en lumière des difficultés pour suivre leurs études, notamment en raison d’un accès limité
📋📋
voire nul aux outils numériques : le président du conseil départemental a pris des mesures face
à ce constat et a décidé que tout jeune en situation de placement en Gironde serait doté d'un dpt
ordinateur portable à partir de ses 12 ans. Dotation assortie d'un accompagnement au bon usage 33
de l'outil informatique (démarrage de cette dotation en novembre 2022).
📝📝 📝📝
Éléments de bilan concernant la démarche participative 101
Le conseil des jeunes de la protection de l’enfance de la Gironde n’a pas encore fait l’objet d’une
évaluation.
équipes professionnelles au sein des structures d’accueil et des assistants familiaux : « Là on n’a pas
assez associé les équipes […] on n’est pas allé voir les équipes. Du coup, on rame un peu pour avoir
les enfants […] Il faut vraiment qu’on puisse jouer collectif et que les structures puissent relayer
cette parole auprès des enfants ». Si le contexte du Covid a également freiné plus généralement la
poursuite des travaux, la nécessaire constance dans la communication et le portage de la démarche
auprès des professionnels est soulignée.
Personnes ressources
Anthony Courtalhac Chargé de suivi et de pilotage auprès de la direction de la prévention et
protection de l’enfance, référent de l’observatoire départemental en protection de l'enfance,
conseil départemental du Puy-de-Dôme.
Sarah Klisnick Directrice prévention et protection de l’enfance, conseil départemental du Puy-
de-Dôme.
Sources mobilisées
Le présent document a été réalisé par l’ONPE le 28 octobre 2022 sur la base d’un entretien
avec M. Courtalhac et Mme Klisnick, et des documents transmis par le département du Puy-
de-Dôme relatifs au conseil des jeunes en protection de l’enfance du Puy-De-Dôme (règlement
intérieur du conseil des jeunes, plaquette de présentation du conseil des jeunes, diaporama de
présentation du conseil des jeunes).
Document relu et validé par Mme Klisnick et M. Courtalhac.
de consulter leur dossier et formuler des demandes ». L’expérience du conseil des jeunes de la
protection de l’enfance du département de la Gironde a inspiré la démarche mise en place dans
ce département. Par ailleurs, un conseil des jeunes du département du Puy de Dôme destiné aux
jeunes en population générale va également être mis en place.
↘ Objectifs poursuivis
Selon le préambule du règlement intérieur du conseil des jeunes en protection de l’enfance, il s’agit
💬💬 tout d’abord de « constituer un lieu d’expression libre et confidentiel des jeunes confiés à l’ASE
pour faire éventuellement évoluer la politique départementale de prévention et de protection de
l’enfance par le biais de propositions concrètes directement formulées par les jeunes membres
du conseil »2 . Un des objectifs est de favoriser « une participation citoyenne en stimulant des
sentiments d’appartenance à la communauté des enfants confiés en protection de l’enfance ». Le
dpt projet vise ainsi à favoriser le développement d’un sentiment d’appartenance des jeunes à une
63 communauté d’expérience (créer une « communauté au sein des enfants confiés du 63 »). En
📝📝 📝📝 effet, les jeunes confiés se connaissent peu entre eux, en particulier les jeunes en accueil familial :
comme le note la directrice prévention et protection de l’enfance, « on se rend compte que
104 malheureusement peu se connaissent, peu connaissent leur différence ou leur parcours, ceux qui
sont en famille d’accueil sont parfois plus isolés. L’idée est de créer cette communauté au sein des
enfants confiés du 63 ».
une alternance, des projets peuvent disparaître ou être mis en sommeil pendant un certain temps,
là il y a eu vraiment ce portage, le premier dossier qu’elle a porté c’était celui-là, donc on n’a pas
pris trop de retard non plus, parce qu’il y avait vraiment, si j’ose dire, cet alignement des planètes ».
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↘ Élaboration du projet et modalités de pilotage
La création du conseil des jeunes en protection de l’enfance a fait l’objet d’une coconstruction dans
le cadre d’un groupe de travail initié par l’ODPE en décembre 2020 et animé par le référent ODPE
et la Directrice de la prévention et de la protection de l’enfance. Ce groupe de travail réunissait
une dizaine de membres volontaires pour travailler sur la création du conseil des jeunes. Parmi les
membres du groupe de travail figuraient, outre l’élue mentionnée plus haut, une ancienne juge des
enfants, un directeur de MECS, la présidente de l’ADEPAPE 63, et plusieurs travailleurs sociaux du
conseil départemental. Ce groupe de travail qui s’est réuni à trois reprises a contribué à la définition
de la composition du groupe d’enfants du conseil des jeunes, des critères d’éligibilité, des modalités
de sélection des candidatures, de l’organisation du conseil et à la rédaction du règlement intérieur.
À la suite des travaux de ce groupe de travail, l’assemblée départementale a validé les propositions
de ce dernier à travers le vote à l’automne 2021 d’une délibération relative au conseil des jeunes
en protection de l’enfance. Cette délibération spécifique axée sur les conclusions des travaux
des membres de l’ODPE a permis de formaliser « l’organisation du conseil des jeunes, ses grands
principes, et le rattachement à l’ODPE ». En effet, afin de garantir l’indépendance du conseil des
jeunes en protection de l’enfance, la décision a été prise de rattacher la gestion administrative 💬💬
de ce dernier à l’ODPE. Comme le note la directrice prévention et protection de l’enfance, « bien
que l’ODPE fasse partie de la direction prévention protection de l’enfance, ce conseil n’est pas
📋📋
directement rattaché à la direction protection de l’enfance et pour nous c’était important puisque
l’ODPE a cette garantie d’indépendance ».
dpt
↘ Moyens humains, matériels et financiers 63
Les porteurs du projet sont le référent ODPE et de la directrice de la prévention et de protection 📝📝 📝📝
de l’enfance. Cette dernière avait davantage un rôle d’animation et de représentation tandis que
le référent ODPE avait la charge de l’organisation technique. L’animation du conseil des jeunes 105
en protection de l’enfance est confiée à des intervenants bénévoles (anciens professionnels de la
protection de l’enfance et étudiants en droit). Le référent ODPE assure la gestion administrative du
conseil des jeunes (gestion des candidatures, organisation de la première séance, réservation des
salles, envoi des invitations). Les actions de participation proposées aux jeunes ont lieu dans les
locaux du conseil départemental. Les sessions plénières ont lieu dans l’hémicycle et les travaux en
commission se tiendront dans des salles de réunion. Le budget prévisionnel, prévu dans le cadre de
la stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance, est de l’ordre de 50 000 euros par
an. Les supports de communication (vidéo, flyer) ont bénéficié d’un financement dans le cadre du
contrat « Enfance ». Cependant, certaines dépenses de communication ont été prises sur le budget
« communication » du département.
à tous les jeunes confiés à l’ASE répondant à ces critères d’âge sur l’ensemble du territoire du
Puy-de-Dôme, soit 1 200 jeunes. Le département a reçu plus de 60 candidatures parmi lesquelles
les garçons de 16 à 21 ans (notamment des mineurs non accompagnés) étaient surreprésentés.
L’Adepape 63 a également été sollicitée afin d’envisager le recrutement d’anciens jeunes confiés à
l’ASE mais aucun jeune sollicité par ce canal de recrutement ne s’est manifesté.
Afin de garantir une certaine représentativité des enfants confiés au sein du département, une
diversité a été recherchée dans la composition du conseil des jeunes en protection de l’enfance,
en termes de sexe (parité fille-garçon), de tranches d’âge, et de types de structures d’accueil
(représentation de l’accueil familial et de l’accueil en établissement collectif). Une représentation
des différents territoires a également été recherchée. Comme l’explique la directrice de la
prévention et protection de l’enfance, « pour nous, c’était vraiment important que l’ensemble des
jeunes confiés soit représenté dans leur diversité entre les différentes structures d’accueil et au
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niveau territorial puisqu’aujourd’hui nous avons une organisation territorialisée comme la plupart
des départements et nous avons cinq territoires sur le Puy-de-Dôme. L’idée c’était qu’on ait une
représentation aussi bien de ces territoires, des zones urbaines et rurales et bien évidemment des
structures d’accueil type placement familial ou établissement ».
30 jeunes sur les 40 retenus étaient présents lors de la session d’installation. La majorité des
jeunes dont la candidature a été retenue et qui ne se sont pas présentés sont des mineurs non
accompagnés. Le référent ODPE indique ne pas avoir eu de retour des jeunes sur les raisons de
💬💬 leur absence. Il fait l’hypothèse qu’un travail de sensibilisation supplémentaire est nécessaire pour
leur permettre de mieux comprendre le sens du conseil des jeunes : « peut-être qu’ils n’avaient pas
aussi pris la mesure de ce qu’était le conseil des jeunes, donc ça va être à revoir un petit peu avec
eux ».
dpt
63 ↘ Règles de fonctionnement
📝📝 📝📝 Un règlement intérieur du conseil des jeunes a été élaboré par le groupe de travail précédemment
constitué au sein de l’ODPE. Les membres du groupe de travail ont porté une attention particulière
à la clarté et à l’intelligibilité des règles pour les jeunes. Selon le référent ODPE, l’élaboration du
106 « règlement intérieur a pris du temps […] parce qu’on voulait quelque chose qui cadre mais qui
derrière soit aussi très compréhensible pour l’ensemble des jeunes. Ça c’était vraiment l’objectif de
nos travaux, c’était que les jeunes se sentent bien, puissent s’exprimer et n’aient pas l’impression
d’être dans quelque chose de trop technocratique qui soit loin d’eux, difficile ».
Le règlement intérieur définit les droits et les devoirs des participants au conseil des jeunes en
protection de l’enfance. Les droits auxquels le règlement fait référence incluent par exemple la
liberté de parole, le droit à l’information des membres sur les « sujets intéressants la thématique de
sa commission afin de favoriser une réflexion et des choix éclairés » et au « soutien de l’animateur et
des experts et en cas de besoin des services de la direction prévention et protection de l’enfance »,
le droit à un compte rendu soumis aux membres « pour rectification éventuelle », l’anonymisation
des comptes rendus. Les devoirs incluent par exemple le respect des règles relatives à l’assiduité,
l’adoption d’un comportement correct et adapté (tenue vestimentaire, langage respectueux,
politesse et respect) ainsi que le respect des règles relatives à la confidentialité des débats et des
prises de parole des jeunes (pas de vidéos et photos, obligation d’éteindre son téléphone portable).
Ainsi, le règlement intérieur pose-t-il des règles très claires en termes de confidentialité des
débats et de prise de parole des jeunes ce qui permet de sécuriser les échanges. Selon la directrice
prévention et protection de l’enfance, les jeunes présents lors de la plénière ont exprimé leur
attachement à la préservation de l’anonymat : « s’ils veulent s’exprimer, ils veulent aussi la garantie
que leurs propos ne soient pas repris en tout cas nominativement, donc on aura vraiment cette
vigilance là avec l’idée de ne pas avoir de vidéos ou de photos des jeunes du conseil ».
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particulière à la communication, interne et externe, et le conseil départemental a engagé des
moyens importants sur ce volet.
projet aux assistants familiaux quelques semaines seulement avant l’envoi des courriers, ce qui
a vraiment permis d’accompagner cette réception d’information, c’était indispensable parce que
c’est pas nous tout seuls en centrale qui allons porter le projet ». Il s’agissait ainsi de faire en
sorte que l’enfant dispose d’un interlocuteur à même de répondre à ses questions au moment de
la réception du courrier. Par ailleurs, la démarche a également été présentée aux référents ASE.
L’accent a été mis dans cette présentation sur l’importance de l’engagement des jeunes.
↘ Modalités organisationnelles
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La démarche a été structurée en quatre commissions thématiques (10 jeunes par commission).
Les rencontres ont lieu le mercredi après-midi de 14 h à 17 h. Selon la directrice prévention et
protection de l’enfance, le choix du mercredi après-midi répond à différents impératifs : celui de
« ne pas leur faire rater l’école », et celui de « préserver les week-ends », aussi bien pour les enfants
que pour les bénévoles et professionnels impliqués.
La mise en œuvre retardée du conseil des jeunes a conduit à allonger la durée du mandat initialement
💬💬 fixée à une année scolaire à un an et demi renouvelable une fois. En cas d’interruption du placement
au cours de la mandature, le jeune reste membre. La fréquence des rencontres est de quatre par an
(une réunion plénière et 3 réunions en commissions thématiques). Un calendrier prévisionnel a été
arrêté très longtemps à l’avance. Cela permet une organisation anticipée pour les jeunes, notamment
au regard de leurs différents rendez-vous (scolaires, médicaux, professionnels etc.), mais aussi pour
dpt les professionnels et assistants familiaux qui les accompagnent aux séances du conseil des jeunes en
63 protection de l’enfance. En cas de besoin, le département a également la possibilité de recourir à des
📝📝 📝📝 taxis. Des réunions supplémentaires (plénière ou commission thématique) peuvent être organisées
« à la demande de la majorité des conseillers jeunes » (règlement intérieur).
108 Les sessions plénières se tiennent dans l’hémicycle départemental (règlement intérieur). Selon la
Directrice de la prévention et de la protection de l’enfance, « La valeur symbolique de la première
session est importante pour nous, dans la salle d’assemblée. D’ailleurs ils ont posé plein de
questions très légitimes à ce sujet-là, ça a permis de faire un petit peu de pédagogie, la citoyenneté,
la démocratie, les élus ». Les ateliers ont lieu dans les salles de réunion du département.
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« étaient bien présents à l’heure […] très contents de venir […]. Déjà sans commencer les débats
on voyait qu’il y avait une attente ». Les enfants ont reçu un sac à dos comprenant du matériel
(stylo, carnet, ardoise, clé USB avec les documents du Défenseur des droits4). La demi-journée (un
mercredi après-midi) s’est déroulée de la façon suivante : une allocution de la vice-présidente en
charge de l’enfance et de la jeunesse (accueil et présentation du conseil), suivie d’une présentation
du programme de l’après-midi par la directrice de la prévention et protection de l’enfance. Après
plusieurs activités ludiques, une présentation succincte de l’aide sociale à l’enfance et du conseil
des jeunes en protection de l’enfance et de son fonctionnement par la directrice prévention et
protection de l’enfance a été proposée aux enfants, puis le règlement intérieur du conseil des
jeunes en protection de l’enfance et les thèmes des commissions proposés par le groupe de travail
de l’ODPE ont été soumis au vote des enfants, et le calendrier prévisionnel leur a été communiqué.
Différentes activités ludiques ont été proposées aux enfants. Un jeu à l’aide d’ardoises leur a permis
d’apprendre à mieux se connaître. Comme le note le référent ODPE, « C’était par exemple qui
est au collège, donc écrivez qui est au collège, qui est au lycée, pour vraiment être sur du jeu un
petit peu pédagogique pour briser la glace, le type de placement, pour qu’ils puissent regarder
[…] tisser des liens visuels en voyant qu’ils ne sont pas tout seuls dans leur type de placement ».
Les professionnels du département ont également proposé aux enfants un jeu sur les droits de
l’enfant à partir des ressources du Défenseur des droits5. Un travail a été réalisé avec des images
💬💬
représentant les droits des enfants pour voir ce que les jeunes en pensaient. 📋📋
Lors de la présentation de l’ASE par la directrice prévention et protection de l’enfance et le référent
ODPE, les compétences du département ont été expliquées aux jeunes. Selon le référent ODPE, le
fait que les jeunes identifient et comprennent les compétences du département est essentiel pour dpt
éviter qu’ils aient le sentiment que leur avis n’est pas réellement pris en compte. Une remontée des 63
propositions qui ne relèvent pas des compétences du département est prévue auprès des autorités
📝📝 📝📝
compétentes. Le référent ODPE précise : « On leur a bien expliqué aussi que […] si les remarques
ou recommandations qu’ils allaient faire n’étaient pas de la compétence du département, ce
serait remonté aux autorités compétentes : type si ça dépend de la loi ce serait remonté aux
109
parlementaires […] on sait que la problématique de ces conseils, c’est avoir l’impression qu’on a
fait quelque chose mais qui ne sert à rien, qui n’est pas écouté, qui n’est pas suivi, donc dès le début
on a souhaité rappeler ce qui était possible, ce qui n’était pas possible, de notre point de vue, mais
si ce n’était pas possible à notre niveau, on le ferait remonter au niveau supérieur. C’est vraiment
l’objectif que les membres du groupe de travail se sont fixés, c’est que le jeune en sortant de là ne
se dise pas ma parole n’a servi à rien ».
Les professionnels ont également fait le lien entre le vote sur le règlement intérieur du conseil des
jeunes en protection de l’enfance et le fonctionnement du conseil départemental. Le référent ODPE
explique : « Au sein de chaque conseil départemental, les élus votent à l’installation d’une session,
les nouveaux élus votent le règlement intérieur donc on leur a fait faire pareil ». Les jeunes avaient
la possibilité de proposer des amendements mais ne s’en sont pas saisis : « le règlement intérieur
a été voté sans souci, là où il y a eu plus d’interaction, c’est sur les commissions thématiques ».
Les professionnels du groupe de travail avaient initialement proposé 4 thèmes de commissions
inspirés des thèmes du conseil des jeunes de la Gironde. Lors de la session d’installation les
jeunes ont voté sur les thématiques. Les professionnels ont demandé aux jeunes s’ils voyaient des
thématiques plus intéressantes pour eux, et les jeunes avaient la possibilité de proposer des thèmes
autres que ceux envisagés par les professionnels, ce qui a été fait pour l’une des commissions. Le
parti pris de laisser la possibilité aux jeunes de proposer d’autres thématiques que celles identifiées
4. https://educadroit.fr/parcours-pedagogique
5. https://educadroit.fr/parcours-pedagogique ; https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/outils/jeu-des-7-familles-
droits-de-lenfant
par les professionnels constitue l’une des originalités de la démarche. Les thématiques proposées
par les professionnels étaient : les relations avec les autres (familles, amis) ; les relations avec les
institutions (magistrats, familles d’accueil, institutions) ; la formation, les études et l’avenir des
enfants lors de sa sortie de l’ASE : la culture, le sport, les loisirs. Tous les thèmes prédéfinis ont
recueilli l’assentiment des enfants, à l’exception du thème de la culture, du sport et des loisirs,
écarté par les jeunes. Le thème proposé par les jeunes est le suivant : le droit à la sécurité de
l’enfant dans sa globalité.
Les enfants ont ensuite complété un formulaire où ils ont classé les commissions thématiques
par ordre de préférence. La répartition des membres dans les commissions thématiques tiendra
compte des préférences exprimées par les jeunes ainsi que de critères de taille et de mixité de la
composition des groupes (en termes d’âge, de sexe et de lieux d’accueil).
L’après-midi s’est terminé par un goûter en présence d’une partie des animateurs (les anciens
Doc ressource
professionnels car les étudiants en droit n’ont pas encore été sélectionnés). La présence des
animateurs lors de ces temps informels a permis aux enfants de les identifier et ainsi de les rassurer.
D’après la directrice prévention et protection de l’enfance, « les jeunes étaient hyper souriants,
hyper contents d’avoir participé à cet après-midi, on en avait certains qui nous disaient « je
m’endors à l’école mais là je ne me suis pas endormi ».
Les ateliers en commission thématique se tiendront d’octobre 2022 à janvier 2023 à raison d’une
💬💬 séance tous les deux mois environ et la séance d’avril sera une séance plénière de restitution des
travaux des commissions thématiques à l’ensemble des participants.
dpt
63 Rôle et implication de l’ODPE dans la démarche
📝📝 📝📝
Le conseil des jeunes est rattaché à l’observatoire départemental de la protection de l’enfance
110 (ODPE). La mise en place du conseil des jeunes est venue accompagner la relance de l’ODPE.
Comme le note la directrice prévention et protection de l’enfance : « Chez nous, l’ODPE était
un petit peu en stand-by plutôt sur un aspect très théorique, présentation des statistiques,
rapports d’activité, projets divers et variés, mais plutôt sous un format descendant. J’ai souhaité
profiter de ce contrat enfance pour créer une nouvelle dynamique et que l’ODPE soit aussi
un espace de travail au-delà d’un simple observatoire de données et de rapport d’activités
diverses. Les membres de l’ODPE nous ont particulièrement remerciés de pouvoir participer à
la protection de l’enfance de manière très concrète ». Le conseil des jeunes dépend de l’ODPE,
il est envisagé comme une « émanation » de ce dernier (article 1 du règlement intérieur) et il
contribue à alimenter ses travaux. La directrice prévention et protection de l’enfance explique :
« On a choisi que le conseil des jeunes soit comme une entité à part entière de l’observatoire.
C’est l’expérience du conseil qui va nourrir l’observatoire, les propositions qu’on pourra faire et
les évolutions qu’on pourra proposer à notre assemblée départementale ».
La démarche implique une gestion administrative exigeante alors que les moyens de l’ODPE
sont limités. Le chargé de suivi et de pilotage auprès de la direction de la prévention et de la
protection de l’enfance, référent de l’observatoire départemental en protection de l’enfance a
eu la charge de l’organisation et de la mise en place de la démarche de participation collective,
et notamment la gestion des candidatures, l’organisation de la première séance, la réservation
des salles et l’envoi des invitations aux jeunes. Il a également participé à l’élaboration des outils
de communication et au travail de sensibilisation des professionnels à la démarche. Outre
le référent de l’ODPE, l’action a mobilisé plus largement les différents professionnels de la
direction prévention et protection de l’enfance notamment à l’occasion de la mise sous pli des
courriers nominatifs.
Doc ressource
↘ Modalités et support de la restitution
Outre la restitution des travaux des commissions thématiques auprès du conseil des jeunes en
protection de l’enfance, plusieurs formes de restitution ont été envisagées par la directrice
prévention et protection de l’enfance et le référent ODPE :
– une restitution via le comité de pilotage de l’ODPE des propositions du conseil des jeunes de
protection de l’enfance, prévue en mai 2023 ;
– une restitution à l’ensemble des jeunes confiés des travaux du conseil des jeunes de protection
de l’enfance, dont le format reste à définir.
Le format de ces restitutions est encore en réflexion et reste ouvert afin de laisser aux enfants
le choix des modalités. La directrice prévention et protection de l’enfance indique : « On les
accompagnera dans le projet qu’ils ont envie de mener ». Pour la restitution au sein du comité
de pilotage de l’ODPE, le format envisagé serait la présentation d’une liste de recommandations.
Plusieurs options sont réfléchies dans ce cadre : une présentation directe par l’ensemble des jeunes
participants, une présentation par des jeunes désignés au sein du groupe, ou une présentation
par le référent ODPE. Pour la restitution à l’ensemble des jeunes confiés, la directrice prévention
et protection de l’enfance et le référent ODPE ont envisagé de recourir à un format journal ou
éventuellement à une communication visuelle de type vidéo. Selon la directrice prévention et 💬💬
protection de l’enfance, ce format est « à travailler avec les jeunes […]. C’est une communication
un peu comme une newsletter du conseil des jeunes ».
📋📋
↘ Suites données aux constats et aux propositions des enfants
dpt
Les propositions qui appellent des changements dans la politique publique seront portées à
63
l’assemblée départementale par l’intermédiaire de la vice-présidente enfance afin que des réponses
adaptées puissent être apportées. Selon la directrice prévention et protection de l’enfance : « Si 📝📝 📝📝
c’est la compétence du département, ces propositions ne resteront pas sans réponse ». Si ces
propositions relèvent de la loi, elles seront transmises au législateur. 111
doc ressource
Dans le comité des jeunes nous discutons entre jeunes d'abord, puis nous
décidons ensemble de ce que nous allons dire aux directeurs et professionnels
du comité technique ODPE, ou d'autres lieux.
doc ressource
doc ressource
La confiance 1
Les jeunes du comité des jeunes de l'ODPE 66 (jeunes de 13 à 19 ans) ont travaillé de
manière collective sur la notion de confiance pendant un an. Il s'agit d'un thème choisi par
eux à partir de leurs préoccupations. Ils ont écrit ce texte à l'occasion du comité de pilotage
de l'ODPE de décembre 2018, auquel ils étaient invités. Ils écrivent dans le but de faire
partager leurs réflexions et leurs idées, afin que les choses changent en protection de
l'enfance. Ils acceptent de partager leurs écrits à chaque fois que cela peut servir ce but.
Quand la personne nous écoute dans les bons et les mauvais moments et qu’elle ne
répète pas aux autres ce qu’on lui dit, nous avons confiance.1
Nous savons quand on peut avoir confiance en un adulte, car cela se voit à son attitude : sa
sincérite quand il nous parle, le fait qu’il ne nous juge pas. A la façon dont il nous regarde :
comme des êtres humains ou comme des "cas soc' ".
Nous voyons quand un adulte nous considère comme si "on n’était pas comme les autres ".
Nous le voyons par les mots qu’il utilise aussi quand il est seul avec nous (par exemple,
quand il nous appelle "mongol"). Ou alors, quand il est différent face à nous et quand il y a
d’autres personnes.
Si un adulte vient vers nous quand il voit que ça ne va pas, et qu’il prend le temps de
discuter avec nous. Si nous demandons quelque chose et que nous sommes écoutés. Nous
avons confiance.
Nous pouvons avoir confiance en Protection de l’enfance, parce que les choix des
professionnels doivent être faits pour protéger les enfants. Mais en réalité nous ne sommes
pas toujours protégés dans les foyers.
1 Les phrases en gras sont soulignées par les jeunes :"ça, c'est vraiment important pour nous tous".
Comite des jeunes, Observatoire Départemental Protection de l'Enfance 66. Décembre 2018
doc ressource
On n’a pas confiance dans le juge, parce que nous sommes habitués à voir des juges pour
des "choses pas bien".
Le juge nous demande de le regarder dans les yeux pour voir si on dit vrai. Il ne nous croit
pas. Il pense que comme il s’est passé ça, forcément ensuite il y a eu ça. Il ne croit pas au
changement.
Des fois on a l’impression qu’il nous croit et des fois non, ça se voit à sa tête.
On n’a pas confiance dans le juge parce que c’est lui qui décide. Savoir qu’on a notre avenir
entre les mains d’une personne qu’on ne connait pas, c’est dur à accepter.
On a peur de dire des choses parce qu’on dépend de lui et de ses décisions.
On ne peut pas avoir confiance dans le juge, c’est impossible.
Pour l’audience, on aimerait pouvoir être accompagné par une personne de confiance que
nous choisissons. Seul face au juge, on ne trouve pas les mots. Tout reste dans la tête.
On ne veut pas avoir de probléme avec lui, alors on lui dit d’accord pour tout. Quand il nous
dit qu’il voudrait nous voir tout seul, on dit oui pour ne pas le contredire.
La personne qui vient avec toi, tu lui as dit avant ce que tu voulais dire. Tu peux parler
normalement pendant l’audience et sinon elle t’aide.
Des fois nous avons pu être accompagné et nous avons réussi à parler. Des fois on préfère y
aller seul.
Il faudrait que le juge propose toujours si on veut que quelqu’un nous accompagne ou pas.
Comite des jeunes, Observatoire Départemental Protection de l'Enfance 66. Décembre 2018
doc ressource
3
→La confiance dans l’éducateur
On ne peut pas avoir confiance en tout le monde : par exemple si on peut dire quelque chose
d’intime à un éducateur et qu’il ne le répéte pas alors on sait qu’on peut avoir confiance. Il
faut qu’il nous demande avant de le dire à d’autres éducateurs, et qu’on soit d’accord.
Dans les foyers, souvent lorsqu’on se fait mal, on n’est pas pris au sérieux : autant par les
éducateurs que par le médecin qui vient dans les foyers. On ne nous soigne pas, on ne
cherche pas ce qui ne va pas. Ça ne donne pas envie d’avoir confiance.
Souvent aussi, quand on est en confiance avec un adulte (éducateur, veilleur, etc.) cela
provoque de la méfiance forte chez les autres adultes. Il faut faire attention.
– on peut s’aider,
– on peut se confier,
– on peut aller voir l’autre quand on voit qu’il ne va pas bien
– on peut se soutenir face aux adultes
Comite des jeunes, Observatoire Départemental Protection de l'Enfance 66. Décembre 2018
doc ressource
4
→La confiance en soi
Le manque de confiance en soi, c’est ce qui bloque pour réussir.
Quand un adulte nous fait confiance, nous donne une responsabilité, cela nous donne
confiance en nous. À condition de savoir qu’on peut lui dire quand on n’est pas
d’accord, ou qu’on peut échouer, et que l’adulte ne nous lâchera pas.
– quand nous sommes encouragés, qu’une personne met en avant nos qualités
– quand on peut compter sur des personnes et savoir qu’ils sont là pour nous.
Pouvoir compter sur des personnes qui croient en nous / sur la famille.
– quand nous arrivons à faire quelque chose jusqu’au bout
– quand nous arrivons à prendre une décision pour nous-même, quand on peut
décider de ce qu’on veut faire
– quand on nous montre de l’affection
(par exemple que quelqu’un, petit ou grand, nous aime et nous le montre)
Comite des jeunes, Observatoire Départemental Protection de l'Enfance 66. Décembre 2018
doc ressource
Bonjour,
*Le Conseil des Jeunes de la Protection de l’Enfance est une instance représentative des différents types d’accueil (famille d’accueil,
Foyer, lieu de vie), des âges de 8 à 21 ans et des territoires de la Gironde. Si le nombre d’inscriptions est supérieur au seuil de 100 jeunes,
les critères de représentativité seront activés. Chaque candidat sera informé personnellement du résultat. **ODPE : Ensemble de
professionnels qui observe le fonctionnement de la protection de l’enfance, montre ses points positifs et négatifs et propose des conseils.
Bulletin d’inscription
À retourner avant le 4 octobre à Observatoire départemental de la protection de l’enfance,
Esplanade Charles de Gaulle, Immeuble Solidarité 33074 Bordeaux
Courriel ...............................................................................................................................
Lieu d’accueil :
doc ressource
Bonjour,
Nous vous informons que vous serez membre du Conseil pour l’année 2019/2020.
Vous pourrez rencontrer d’autres jeunes confiés, vous exprimer sur les thématiques
de votre choix et donner votre avis sur la protection de l’enfance.
Les réunions auront lieu à l’Hôtel du Département à Bordeaux.
Les dates retenues sont les mercredis 20 novembre, 8 janvier, 25 mars et 27 mai,
de 13h30 à 16h30
Vous recevrez prochainement des informations complémentaires sur l’organisation
et les transports.
Pour faciliter le travail de réflexion, nous nous proposons de constituer des groupes
qui réfléchiront sur des thématiques différentes.
Pour organiser ces groupes, il est important de choisir deux thématiques.
Cette inscription ne peut se faire que sur internet via le lien gironde.fr/cjpe.
Merci de vous inscrire avant le 8 novembre.
doc ressource
Bonjour,
Nous vous remercions chaleureusement pour votre candidature au Conseil des jeunes
de la protection de l’enfance de Gironde. Toutefois, plus de 160 jeunes ont souhaité
participer à la création du Conseil des jeunes de la protection de l’enfance de Gironde
alors que ce conseil ne peut accueillir que 100 membres. Nous avons donc été
contraintes de faire un choix parmi les candidatures.
Pour ce faire nous avons mis en application les critères fixés au préalable à savoir la parité
filles/garçons, la représentativité de l’âge des membres, des modes de placement
et des secteurs géographiques
Nous vous remercions de votre intérêt pour le conseil des jeunes de la protection
de l’enfance, mais le nombre de jeunes âgés de plus de 16 ans était trop important,
votre candidature n’a pas été retenue.
Vous serez aussi destinataire des suggestions et recommandations qui seront proposées
à l’issue des travaux du Conseil des jeunes.
doc ressource
COMMENT S’INSCRIRE ?
DEUX POSSIBILITÉS :
CONTACT
04 73 42 23 85 CJPE@PUY-DE-DOME.FR
Je paRLe de meS
Je RenCOnTRe lOISIRS eT de meS
eT j’éChange aveC paSSIOnS.
Je dOnNe mOn avIS
d’auTReS jeuneS.
SUR la pROTeCTIOn
deS enfanTS.
ET mOI de
ma FORmaTIOn eT
de meS éTUdeS.
L’anNée
pROChaIne,
je me RepRéSenTe
au COnSeIl deS
jeuneS.
ISBN 978-2-494425-04-0
www.onpe.gouv.fr
la protection de l'enfance
Observatoire national de
ONPE