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ONPE

Observatoire national de
la protection de l'enfance
SENS ET REPÈRES MÉTHODOLOGIQUES

Écouter pour agir


La participation collective
des enfants protégés
Par Marion Cerisuela,
Louise Genest
et Aurélie Picot
Écouter pour agir
La participation collective des enfants protégés
ISBN 978-2-494425-04-0 / Dépôt légal : juin 2023
Sous la direction de Flore Capelier, la réalisation de cette publication a été coordonnée par
Marion Cerisuela, chargée de mission, Louise Genest, chargée d’étude, et Aurélie Picot,
chargée de mission.
Isabelle Lacroix, maîtresse de conférences en sociologie à l’université Versailles Saint-
Quentin/Paris-Saclay, et Élodie Faisca, doctorante en sciences de l’éducation à l’université Pa-
ris Nanterre, ont apporté leur expertise scientifique en matière de participation individuelle
et collective des enfants protégés au travers d’une contribution écrite intégrée dans le corps
de cette publication.
Ce travail est aussi le fruit d’une collaboration avec huit départements : l’Allier, la Gironde,
l’Ille-et-Vilaine, l’Isère, le Nord, Paris, le Puy-de-Dôme et les Pyrénées-Orientales. L’ONPE a pu
s’entretenir avec différents professionnels impliqués dans l’accompagnement des démarches
participatives au sein de ces territoires (directeurs enfance famille, référents ODPE, psycholo-
gues, éducateurs spécialisés, animateurs etc.). Leurs retours d’expérience et les divers docu-
ments qu’ils ont bien voulu partager sont venus nourrir le travail d’observation des pratiques
dont la synthèse est présentée dans la publication.
L’ONPE remercie chaleureusement les chercheuses et l’ensemble des professionnels des dé-
partements qui ont activement contribué à ces travaux.
Cette publication a de surcroît bénéficié de la relecture attentive de Violaine Blain, directrice
générale adjointe, d’Anne Oui, chargée de mission, et de la contribution de Patrick Poupart,
assistant administratif en charge du recensement des schémas départementaux de la protec-
tion de l’enfance.

Les corrections et la mise en pages ont été effectuées par Alexandra Fisch, rédactrice.
Sommaire
Introduction............................................................................................... 6

Repères juridiques 15
Le droit des enfants d'être entendu :
un droit fondamental consacré par l'article 12 de la CIDE............................... 16
Les liens entre le droit d’être entendu et le respect plus général
des droits de l’enfant........................................................................................ 17
9 prescriptions pour une participation efficace et éthique.............................. 18
Retour rapide sur le droit en vigueur en France.............................................. 20

Repères issus de la recherche 23


État des recherches sur la participation collective
des enfants protégés et ses bénéfices ............................................................ 24
Les conditions de réussite de la participation individuelle et collective
des enfants protégés : quels enseignements pour les départements ?
par Élodie Faisca et Isabelle Lacroix.............................................................. 27

Observation des pratiques départementales :


les étapes clés 43
Objectifs de la démarche et élaboration d’un premier diagnostic .................... 46
Pilotage institutionnel et portage politique..................................................... 48
Construction de l’espace participatif................................................................ 50
Cadre spatial et temporel des rencontres........................................................ 53
Cadre et garanties entourant la démarche...................................................... 54
Animation des séances . .................................................................................. 56
Restitution des travaux des enfants et suites données.................................... 59
Suivi et évaluation............................................................................................ 61

Conclusion................................................................................................. 64
Bibliographie sélective.............................................................................. 66

Annexes disponibles en ligne


Doc ressource • Production du comité des jeunes de
Doc ressource • Cadre méthodologique de la démarche l'ODPE 66 sur la confiance
d’observation locale Doc ressource • Courrier d'inscription au conseil des
Doc ressource • Démarche participative du comité des jeunes de la protection de l’enfance en Gironde
jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales Doc ressource • Courrier de participation au conseil des
Doc ressource • Démarche participative du conseil des jeunes de la protection de l’enfance en Gironde
jeunes de la protection de l’enfance en Gironde Doc ressource • Courrier pour candidature non retenue au
Doc ressource • Démarche participative du conseil des conseil des jeunes de la protection de l’enfance en Gironde
jeunes en protection de l’enfance du Puy-de-Dôme Doc ressource • Plaquette de présentation du conseil des
Doc ressource • Présentation du comité des jeunes de jeunes en protection de l’enfance du Puy-de-Dôme
l'ODPE 66 rédigée par ses membres Doc ressource • Vidéos du conseil des jeunes en protec-
Doc ressource • Flyer de présentation du comité des tion de l’enfance du Puy-de-Dôme : Hugo#CJPE Le conseil,
jeunes de la protection de l’enfance en Gironde Salomé#CJPE La candidature, Emma#CJPE Le conseil
Introduction On entend par […] “participation”,
le fait, pour des particuliers et groupes
de particuliers, d’avoir le droit, les moyens,
la place, la possibilité et, si nécessaire, le soutien
d’exprimer librement leurs opinions, d’être
entendus et de contribuer aux prises de décision
sur les affaires les concernant, leurs opinions
étant dûment prises en considération eu égard
à leur âge et à leur degré de maturité.
Conseil de l’Europe, 2012

La participation des enfants protégés :


de quoi parle-t-on et pourquoi s’y intéresser ?
La recherche a démontré tout l’intérêt de favoriser la participation des enfants
dans le champ de la protection de l’enfance. Lorsque celle-ci s’entoure de certaines
garanties, notamment sur les plans méthodologique et éthique, elle contribue non
seulement à l’amélioration de la qualité de l’accompagnement mais elle génère aussi
des effets positifs pour les enfants, sur le plan individuel et dans les rapports qu’ils
entretiennent avec les professionnels (Lacroix, 2016)1. Le récent état des lieux sur
les observatoires départementaux de la protection de l’enfance réalisé par l’ONPE a
mis en évidence que fin 2022 une trentaine de départements s’étaient lancés dans
des démarches de participation collective (ONPE, 2023). Au niveau national, après
la mise en place d’un collège des enfants par le Haut Conseil de l’enfance et de la
famille, le Conseil national de la protection de l’enfance travaille aujourd’hui à la
constitution « d’un collège des enfants et des jeunes protégés ou sortant des dispo-
sitifs de la protection de l’enfance »2. Si les initiatives se multiplient, la participation
collective des enfants pose encore de nombreuses questions, sur son contenu,
ses effets et la manière de la mettre en œuvre dans les meilleures conditions.
Aussi, l’Observatoire national de la protection de l’enfance travaille depuis bientôt
dix-huit mois en lien avec plusieurs départements et le milieu de la recherche sur
ce sujet.
Dans sa recommandation sur la participation des enfants et des jeunes, le Conseil
de l’Europe propose une définition qui fait référence : « on entend par […] “partici-
pation”, le fait, pour des particuliers et groupes de particuliers, d’avoir le droit, les
moyens, la place, la possibilité et, si nécessaire, le soutien d’exprimer librement leurs
opinions, d’être entendus et de contribuer aux prises de décision sur les affaires les
concernant, leurs opinions étant dûment prises en considération eu égard à leur âge
et à leur degré de maturité. » (Conseil de l’Europe, 2012)
Cette définition fait écho à l’article 12 de la Convention internationale des droits
de l’enfant (CIDE) qui consacre le droit de l’enfant d’exprimer librement son opinion
et d’être entendu sur toutes les questions l’intéressant et notamment dans les procé-
dures judiciaires ou administratives qui le concernent.

1. Les références bibliographiques entre parenthèses sont à retrouver dans la bibliographie sélective.
2. Article L147-13 du Code de l’action sociale et des familles (CASF).

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│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Les textes précités conduisent à retenir une définition large de la participation. Elle
implique d’établir des dispositifs adaptés pour les enfants à titre individuel comme
pour des groupes d’enfants définis. Sur ce dernier point, la manière de définir la
participation collective ne semble pas faire l’objet d’un consensus au sein de la
recherche. Certains auteurs soulignent « le flou conceptuel » (Lacroix, 2016) entou-
rant le terme « collectif ». Le critère du nombre de participants ne fait pas non plus
consensus, aussi, Seim et Slettebø (2011) considèrent que le critère à prendre en
compte est celui de la finalité de la démarche, à savoir une participation qui traduit
la volonté d’œuvrer pour le bien commun et d’améliorer le service pour toutes les
personnes dans la même situation.
La participation doit concerner l’ensemble des domaines intéressant les enfants.
Appliquée à la protection de l’enfance, cette exigence s’inscrit aussi bien au niveau
de la vie quotidienne et de l’accompagnement des enfants qu’aux niveaux insti-
tutionnel (participation au fonctionnement des services et des établissements) et
politique (participation à la politique publique de protection de l’enfance) [Mijntje,
ten Brummelaar et al., 2018]. Si en pratique la participation collective est souvent
associée à une dimension institutionnelle ou politique, certains auteurs comme
Calmo et al. (2013) insistent sur l’importance de retenir une conception plus large
appelant aussi à considérer la participation collective informelle qui se joue dans le
quotidien des établissements. Ces différents niveaux s’articulent entre eux et sont
susceptibles de se nourrir mutuellement, aussi participation individuelle et partici-
pation collective sont étroitement liées.
Les organisations internationales et les acteurs de la recherche insistent enfin
sur le fait que pour être significative la participation doit être comprise comme un
processus et non comme un fait ponctuel. Pour que la participation « soit effective,
durable et ait un sens […] elle nécessite un engagement continu en termes de temps
et de ressources » (Conseil de l’Europe, 2012). Par ailleurs, il importe de créer un
environnement favorable (aux plans juridiques et politiques notamment), et encou-
rageant pour les enfants. Il s’agit en particulier de leur offrir le soutien nécessaire pour
exprimer librement leurs opinions et contribuer aux décisions qui les concernent.
Comme le souligne également le Défenseur des droits dans son rapport Prendre en
compte la parole de l’enfant : un droit pour l’enfant, un devoir pour l’adulte (2020),
pour que la participation ne soit pas « décorative », elle doit permettre aux enfants
d’agir sur le processus décisionnel et s’inscrire non pas en parallèle à ce dernier mais
au sein de celui-ci3.
Sous l’influence de la Convention internationale des droits de l’enfant, la participa-
tion des enfants constitue désormais une norme d’action publique. Celle-ci s’inscrit
aussi dans un mouvement de fond qui traverse l’ensemble des politiques publiques,
et plus particulièrement le champ des solidarités et de l’enfance : il s’agit de consi-
dérer les usagers comme « acteurs » et non plus bénéficiaires passifs des prestations.
De manière générale, il est relevé que ce changement de paradigme n’est pas
abouti et que le droit des enfants d’être entendus n’est pas pleinement mis en œuvre
à l’échelle internationale. La stratégie du Conseil de l’Europe pour les droits de

3. Notons que plusieurs travaux de recherche proposent de modéliser différents degrés de participation
traduisant une influence croissante des personnes dans les processus de décision. Des auteurs comme
Claisse, Laviolette, Reuchamps et Ruyters (2013) distinguent quatre niveaux : l’information, la consultation,
la concertation et la codécision ; et soutiennent que le niveau à promouvoir dépend du contexte, du public
cible, des objectifs fixés et de l’expérience capitalisée dans les démarches participatives.

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│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

l’enfant (2022-2027)4 pose notamment le constat que la participation des enfants est
encore souvent négligée et fragmentée au niveau national, justifiant d’y consacrer
l’un de ses six objectifs stratégiques. Pour promouvoir et soutenir ces démarches, il
a d’ailleurs publié en 2020 Écouter – Agir – Changer. Manuel du Conseil de l’Europe
sur la participation des enfants à l’usage des professionnels travaillant pour et avec
les enfants. Construit par des groupes d’experts internationaux, celui-ci propose des
repères théoriques et pratiques pour la mise en œuvre d’espaces participatifs. Sans
être ciblé sur la participation dans le champ de la protection de l’enfance, il offre des
repères éclairants sur la manière dont les professionnels peuvent aider les enfants
auprès desquels ils travaillent, tant individuellement que collectivement, à prendre
part aux décisions qui les concernent.
En France, si le législateur renforce depuis plusieurs décennies la participation des
enfants, le Défenseur des droits estime que ce droit demeure peu effectif, notam-
ment dans le champ de la protection de l’enfance, qu’il s’agisse de la prise en compte
de la parole de l’enfant dans le cadre de son accompagnement individuel ou de parti-
cipation collective (Défenseur des droits, 2020)5.
À un niveau politique, la participation des enfants protégés a fait l’objet de
développements spécifiques au sein de la stratégie nationale de prévention et de
protection de l’enfance 2020-20226 avec pour objectif de « faire en sorte que les
enfants et anciens enfants accompagnés participent à l’ensemble des temps et des
instances d’élaboration et de décision ». La thématique a par ailleurs été retenue
comme un des objectifs de la contractualisation entre l’État et les départements7.
Outre le développement de la participation au sein des ODPE, évoqué ci-après, la
stratégie propose de renforcer la pair-aidance en soutenant les associations départe-
mentales d’entraide des personnes accueillies en protection de l’enfance (Adepape)
et les associations des jeunes tout en faisant évoluer leur statut. Il a été également
prévu de réaliser « une cartographie des bonnes expériences conduites dans les
conseils de la vie sociale afin de les redynamiser », ce qui a donné lieu à la publica-
tion d’un guide réalisé par la direction générale de la cohésion sociale en partenariat
avec l’Agence nouvelle des solidarités actives (ANSA et DGCS, 2021). Il est à noter
que l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services
sociaux et médico-sociaux (devenue la Haute Autorité de santé) avait également
publié en 2014 des recommandations de bonnes pratiques relatives à l’expression
et la participation du mineur, de ses parents et du jeune majeur dans le champ de la
protection de l’enfance (ANESM, 2014).
La stratégie de prévention et de protection de l’enfance précitée indique égale-
ment que la participation des enfants protégés a vocation à se décliner à tous les

4. https://rm.coe.int/strategie-du-conseil-de-l-europe-pour-les-droits-de-l-enfant-2022-
2027/1680a60572
5. Dans le cadre de ce rapport, le Défenseur des droits a mené une enquête montrant que parmi 32
départements répondants, 66 % ont indiqué ne pas avoir mis en place de modalités de consultation ou de
participation des enfants protégés, il est également relevé que l’animation des conseils de la vie sociale est
parfois négligée, ces instances n’étant pas perçues comme prioritaires ou réellement utiles à l’expression
des enfants.
6. https://solidaritessante.gouv.fr/IMG/pdf/dossier_de_presse_strategie_nationale_de_prevention_et_
protection_de_l_enfance_vf.pdf
7. Circulaire n° DGCS/SD2B/DGS/SP1/2020/34 du 20 février 2020 relative à la contractualisation préfet/
ARS/département pour la prévention et la protection de l’enfance  ; instruction n° DGCS/SD2B/DGS/
SP1/2022/61 du 18 février 2022 relative à la contractualisation préfet/ARS/département en prévention et
protection de l’enfance pour l’exercice 2022.

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│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

niveaux en incluant celui de la gouvernance de la politique publique sur les plans


territorial et national. À cet égard, la mission « La parole aux enfants », installée
par le gouvernement en 2021, a recueilli au sein de plusieurs départements la
parole directe des enfants protégés par l’aide sociale à l’enfance (ASE) sur leur vécu,
aboutissant au rapport assorti de recommandations À (h)auteur d’enfants (Arnaud-
Melchiorre, 2022). Plus récemment, la loi du 7 février 2022 relative à la protection
des enfants (ONPE, 2022) a introduit une nouvelle obligation légale en précisant que
le Conseil national de la protection de l’enfance « comprend un collège des enfants
et des jeunes protégés ou sortant des dispositifs de la protection de l’enfance ».
Au niveau national comme local, il est à noter que les initiatives en faveur de la
participation collective des enfants ont des sources multiples. Elles se développent
également via le réseau des Adepape et les InterRepairs, ou encore par l’intermé-
diaire du secteur associatif autorisé. Pour ne donner que quelques exemples, les
associations Parlons d’eux et Speak ont lancé une enquête nationale anonyme8 à
destination des jeunes accueillis à l’ASE et la PJJ ainsi que des professionnels, dont
les résultats seront notamment présentés devant le Conseil national de la refonda-
tion jeunesse. Par ailleurs, l’association SOS Villages d’enfants, activement impliquée
sur cette thématique, a dernièrement coordonné le projet « Participez ! » visant à
approfondir la réflexion autour de l’effectivité de la participation avec les enfants et
les jeunes accueillis, les professionnels et des experts. La synthèse de ces échanges
a pris la forme d’un Cahier SOS Villages d’enfants co-rédigé avec les enfants et les
jeunes (SOS Villages d’enfants France, 2022).
L’étude des schémas de protection de l’enfance donne aussi à voir le développe-
ment d’initiatives de nature départementale, qui précédent pour certaines d’entre
elles la démarche de contractualisation. L’ONPE a analysé une trentaine de schémas
en vigueur fin 2022, 17 mentionnent des actions en lien avec la participation des
enfants protégés dont 11 visent des démarches de participation collective conduites
ou à mener à l’échelon départemental. Les objectifs poursuivis par les départe-
ments concernent par exemple la création d’une instance de type « comité » ou
« conseil » des enfants ou des usagers (avec une mixité enfants/famille) ou encore
de « conseil de vie sociale départemental » (rencontres semestrielles à destination
des enfants bénéficiant d’une mesure ASE avec les services éducatifs, administratifs
et techniques du conseil départemental). Un des schémas étudiés pointe la néces-
sité d’assurer la représentation des jeunes de l’ASE au sein du conseil départemental
des jeunes du territoire. Dans les schémas sont également mentionnées des actions
visant l’association des enfants à l’évaluation du dispositif de protection de l’enfance
par le développement d’enquêtes annuelles ou de groupes d’expression. Les ODPE
sont régulièrement cités comme des acteurs majeurs dans le pilotage de ces actions.
La participation des enfants et anciens enfants accompagnés
au sein des ODPE
Pour rappel, la loi du 14 mars 2016, réformant la protection de l’enfant, a enrichi
les dispositions relatives aux ODPE : le législateur renforce la composition pluri-
institutionnelle des ODPE, définie par décret9, et réaffirme ainsi la place des ODPE
comme acteurs majeurs dans le champ de la protection de l’enfance. À ce titre,

8. http://www.urlz.fr/kxMX
9. Décret n° 2016-1285 du 29 septembre 2016 pris en application de l'article L226-3-1 du CASF [en ligne].

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│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

le décret précise qu’il est attendu la présence de représentants de l’union dépar-


tementale des associations familiales (UDAF)10, d’associations départementales
d’entraide11 et, le cas échéant, d’autres associations représentant des enfants et des
jeunes bénéficiant ou ayant bénéficié d’interventions au titre de la protection de
l’enfance.
L’ODPE a par ailleurs été désigné par la Stratégie nationale de prévention et de
protection de l’enfance 2020-2022 comme l’un des principaux acteurs pour donner
aux enfants protégés « les moyens d’agir et de garantir leurs droits ». Cet objectif,
présenté comme fondamental par ce plan d’actions, invite à systématiser la partici-
pation des enfants et des jeunes protégés aux travaux des ODPE.
Si le décret mentionné précédemment et ce plan d’actions appellent à renforcer
la représentation des enfants et des jeunes au sein des observatoires départemen-
taux, les données permettant d’évaluer leur portée sur le territoire demeurent peu
nombreuses. L’enquête nationale menée par l’ONPE auprès des conseils départe-
mentaux (ONPE, 2023), dont l’objectif est la réalisation d’un état des lieux de la
mise en place des ODPE, apporte des premiers éléments de réponse : il apparaît
que les Adepape siègent dans 70 % des ODPE en France en 2022 (contre 40 % en
2016) et leur présence est en constante augmentation ces dernières années. Par
ailleurs, elle révèle un nombre important d’initiatives en matière de participation
collective des enfants protégés au sein des ODPE : en 2022, celles-ci concernaient
30 départements (alors qu’ils n’étaient que 17 en 2020). Sur ces 30 initiatives, 28
étaient portées par l’ODPE. La majorité de ces démarches participatives a été initiée
récemment, en 2020-2021, et leur essor révèle l’intérêt porté à la thématique par
les départements. Ces manifestations d’intérêt peuvent prendre des formes variées :
groupes de travail, commissions, temps de restitution, journée départementale, etc.
Dans le cadre des échanges préparatoires menés avec les départements pour l’éla-
boration de cette publication, il est apparu que la participation de jeunes aux travaux
de l’ODPE et/ou à ses instances restait encore peu répandue. Néanmoins, différentes
formes de participation ont pu être observées sur les territoires : les enfants peuvent
être associés à des travaux ponctuels (dans le cadre du schéma départemental ou de
la réalisation d’une enquête par exemple) ou à la mise en place d’espaces participa-
tifs pérennes de type « conseil des jeunes » de la protection de l’enfance du départe-
ment. Par ailleurs, le groupe d’enfants peut également être désigné comme membre
constitutif de l’observatoire départemental, ce qui est le cas du comité des jeunes de
l’ODPE des Pyrénées-Orientales. Enfin, en Indre-et-Loire, un jeune en contrat jeune
majeur siège au sein de l’ODPE comme membre permanent, au titre de « personne
qualifiée »12. 

10. Prévue à l’article L211-2 du CASF.


11. Prévue à article L224-11 du CASF.
12. La direction enfance famille a alors soumis sa candidature aux membres constitutifs de l’ODPE, qui
ont accepté sa mobilisation au sein des instances de l’observatoire en tant qu’expert et représentant des
enfants de la protection de l’enfance, en s’appuyant sur le décret n° 2016-1285 du 29 septembre 2016.
En parallèle, ce jeune a également été recruté en contrat d’apprentissage au sein de la direction enfance
famille pour participer à la mise en œuvre de trois missions : la mise en place d’un conseil des jeunes de
la protection de l’enfance, la relance de l’Adepape sur le territoire, et enfin la mise en œuvre de l’une des
missions confiées à l’ODPE relative à la formation des professionnels de la protection de l’enfance.

10 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Une publication sur la participation collective des enfants


au niveau départemental : périmètre et objectifs
L’équipe de l’ONPE a été sollicitée à plusieurs reprises au cours de l’année 2021
par les acteurs de la protection de l’enfance (départements et associations) pour
penser la participation collective des enfants protégés, notamment au sein des
observatoires départementaux. Un besoin de repérage mais aussi de mutualisation
des différentes initiatives départementales a été exprimé par un nombre consé-
quent de référents ODPE.
Au regard des constats énoncés précédemment, la décision a ainsi été prise d’étu-
dier principalement les démarches de participation collective mises en place au sein
ou en lien avec les ODPE. La finalité de ces démarches est avant tout d’offrir aux
enfants accompagnés en protection de l’enfance la possibilité de s’exprimer sur leur
vécu et/ou de formuler des avis ou recommandations sur le fonctionnement du
dispositif de protection de l’enfance. Ces démarches visent également à impulser
des changements dans les pratiques des professionnels, et plus largement dans la
mise en œuvre de la politique publique du département en matière de protection
de l’enfance. Concernant les types de démarches participatives auxquelles cette
publication s’est intéressée, il a été décidé de se centrer sur des démarches desti-
nées à des enfants et/ou des jeunes majeurs bénéficiant ou ayant bénéficié d’une
mesure ou d’une prestation d’accueil ou de milieu ouvert, quelle que soit la nature
de la décision. L’ONPE a enfin veillé à la diversité des expériences départementales
présentées (en termes de démarches et de particularités départementales).
Cette publication, destinée à proposer un appui aux acteurs de la protection de
l’enfance qui souhaiteraient investir cette question, a été élaborée dans le cadre
d’un travail collaboratif avec 8 départements : l’Allier, la Gironde, l’Ille-et-Vilaine,
l’Isère, le Nord, Paris, le Puy-de-Dôme et les Pyrénées-Orientales. Des entretiens ont
été réalisés auprès des référents ODPE et d’autres professionnels impliqués dans
l’accompagnement de ces espaces participatifs. À partir de ces matériaux, un travail
d’observation et d’analyse des pratiques repérées sur ces territoires a permis de
donner à voir les étapes clés à la mise en place de ce type de démarche. En complé-
ment de ce travail, un focus group avec ces mêmes départements a été mené : il
s’agissait de permettre un échange collectif visant à partager les savoirs expérientiels
des professionnels investis, comme les réflexions et besoins soulevés par ce type de
démarches au niveau local. 
Par ailleurs, ces entretiens ont également donné lieu à l’élaboration de trois
documents ressources qui présentent les démarches de participation collective
mises en œuvre dans les départements de la Gironde, des Pyrénées-Orientales et
du Puy-de-Dôme. Bien que les démarches engagées sur ces territoires n’aient pas
encore été évaluées, elles résultent d’actions collectives consolidées et étayées
d’une méthode de travail rigoureuse, et suffisamment ancrées dans l’ODPE.
En sus de ce travail, une collaboration inédite avec les chercheuses Élodie Faisca,
doctorante en sciences de l’éducation, et Isabelle Lacroix, maîtresse de conférences
en sociologie, spécialisées sur ces questions, donne à voir l’état des connaissances
en la matière et notamment les leviers et les freins à la participation collective des
enfants identifiés par la recherche. Cette contribution permet de souligner l’intérêt
d’une approche systémique de la participation des enfants, maillant une approche
individuelle et collective. Elles insistent également sur l’importance de favoriser des

Observatoire national de la protection de l’enfance 11


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

expériences positives de participation en s’adaptant à chaque enfant, et ce, dès leur


plus jeune âge.
Une importante documentation a par ailleurs été consultée : outre la littéra-
ture scientifique rassemblée sur le sujet, cette publication se réfère à des rapports
publics, des textes règlementaires et législatifs, et à l’ensemble de la documentation
transmise par les 8 départements relative aux démarches de participation qu’ils ont
engagées. Certains de ces documents, tels que des outils de communication en direc-
tion des enfants ou un règlement de fonctionnement coconstruit avec les jeunes,
ont été sélectionnés et rassemblés, au regard de ce qui est apparu le plus susceptible
d’inspirer les professionnels sur le sujet (documents disponibles en ligne). Les ensei-
gnements issus de l’ensemble de ce travail transversal, visant à articuler recherche
et pratique, ont permis l’élaboration de cette publication.
Ce dossier s’inscrit dans les missions de l’ONPE, qu’il s’agisse du transfert de
connaissances, du soutien des acteurs de la protection de l’enfance, tout comme
du recensement et de l’analyse des pratiques de prise en charge des enfants en
danger, et de leur diffusion sur le territoire national. Il a pour objectif de proposer
des repères juridiques, scientifiques et issus de l’observation des pratiques dévelop-
pées au niveau départemental en matière de participation collective des enfants
accompagnés par les services de l’ASE. Ces repères constituent autant de balises
éthiques et méthodologiques pour les départements souhaitant développer ce type
de démarches. Il s’agit également de rendre visibles certaines pratiques inspirantes
en matière de participation collective des enfants à destination des ODPE, des direc-
tions enfance famille, des élus, des institutions et professionnels concernés par la
protection de l’enfance qui souhaiteraient développer ou pérenniser ce type de
projet.
Ainsi, après une présentation de repères juridiques articulés autour de l’article 12
de la CIDE et de son interprétation, l’ONPE propose un état des lieux de la recherche
centré notamment sur les bénéfices de ces démarches pour les enfants. La contri-
bution des chercheuses Élodie Faisca et Isabelle Lacroix apporte un éclairage sur les
conditions de réussite de la participation individuelle et collective des enfants en
protection de l’enfance identifiées par la recherche. À partir des expériences dépar-
tementales étudiées, l’ONPE met en perspective le processus de mise en œuvre de
ces démarches et les enjeux que celles-ci soulèvent.
Il est à noter que ces formes de participation collective des enfants protégés
constituent un enjeu émergeant dans le champ de la protection de l’enfance, ce
qui suppose qu’elles soient observées sur un temps long. Il ne peut, en aucun cas,
être délivré un modèle ou une méthodologie unique qui s’imposeraient. Les dépar-
tements peuvent se saisir de cette publication en partie ou dans son intégralité, en
fonction de leurs orientations politiques, de leurs propres besoins et de leurs spéci-
ficités territoriales.

12 Observatoire national de la protection de l’enfance


⚖Repères juridiques
📃
│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Le droit des enfants d’être entendu :


un droit fondamental consacré par l’article 12 de la CIDE
Au niveau international, la participation des enfants, qu’elle soit « individuelle »
ou « collective », est consacrée comme un droit fondamental qui trouve pour fonde-
ment juridique l’article 12 de la CIDE. Cet article stipule que :

« 1. Les États parties garantissent à l’enfant capable de discernement


Cette mention ne doit pas être comprise comme
qui est capable de discernement le droit une condition restrictive : les États parties doivent
d’exprimer librement son opinion sur toute présumer que les enfants ont la capacité de
se forger une opinion propre et évaluer cette
question l’intéressant, les opinions de l’en- capacité. Ils sont fortement invités à ne pas fixer,
en droit ou pratique, de seuil limite d’âge.
fant étant dûment prises en considération eu librement
égard à son âge et à son degré de maturité. Sans pression, manipulation ou influence, les
enfants ont aussi le choix d’exercer ce droit ou
2. À cette fin, on donnera notamment à non.
toute question l’intéressant
l’enfant la possibilité d’être entendu dans Cette condition doit être entendue largement.
toute procédure judiciaire ou administra- dûment prises en considération
C’est-à-dire examinées sérieusement, il ne s’agit
tive l’intéressant, soit directement, soit par pas simplement d’écouter l’enfant, la participation
l’intermédiaire d’un représentant ou d’une doit permettre aux enfants d’agir sur le processus
décisionnel.
organisation appropriée, de façon compa- eu égard à son âge et à son degré de maturité
tible avec les règles de procédure de la légis- Cette clause fait référence à la capacité de l’enfant
qu’il s’agit d’évaluer, au cas par cas et en fonction
lation nationale » de la question posée.

Le droit énoncé est interprété de manière large par le comité des droits de l’enfant
des Nations unies13. Bien que le terme de « participation » n’apparaisse pas dans
l’article, le comité des droits de l’enfant le relie directement à la notion générale
de participation qui désigne les multiples formes d’implication des enfants dans les
décisions qui les concernent.
L’adoption de cette disposition a marqué un tournant important dans l’avène-
ment des droits de l’enfant. La reconnaissance d’un tel droit s’inscrit en rupture avec
une conception de l’enfant héritée du droit romain (l’infans, être muet et dénué de
capacité juridique) et une logique exclusive de protection qui imprégnait les précé-
dents textes internationaux centrés sur la vulnérabilité des enfants et les obliga-
tions des adultes à leur égard. L’article 12 de la CIDE reconnaît l’enfant comme sujet
de droits, capable de se forger sa propre opinion et de l’exprimer pour contribuer
aux décisions qui le concernent. Les droits définis par la Convention sont d’ailleurs
souvent désignés par les trois « P »14 : prestations, protection, participation, cette
dernière notion étant appréhendée comme un pilier à part entière des droits de
l’enfant et conçue comme une condition de sa protection et de son émancipation.
Le comité des droits de l’enfant reconnaît d’ailleurs au droit consacré à l’article
12 une portée majeure en l’érigeant comme l’un des quatre principes généraux de
la CIDE, au côté du droit à la non-discrimination (article 2), du droit à la vie et au

13. Observation générale n° 12 relative au droit de l’enfant d’être entendu par le comité des droits de
l’enfant (2009).
14. Verhellen, E. (1999). La Convention relative aux droits de l’enfant : contexte, motifs, stratégies, grandes
lignes. Belgique : Garant. Un quatrième « P » pour « prévention » est parfois ajouté.

16 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

développement (article 6) et de la priorité accordée à l’intérêt supérieur de l’enfant


(article 3). En d’autres termes, cet article établit un droit en soi mais alimente aussi
l’interprétation et l’application de l’ensemble des autres droits de la convention « qui
ne peuvent être pleinement mis en œuvre si l’enfant n’est pas respecté en tant que
sujet avec ses propres opinions sur les droits consacrés par les différents articles et
leur application »15.

Les liens entre le droit d’être entendu


et le respect plus général des droits de l’enfant
Le comité des droits de l’enfant souligne plus spécifiquement la nature des liens
qui unissent l’article 12 avec certaines autres dispositions de la convention (figure 1).
Cette analyse éclaire le sens et les conditions des processus participatifs.

Figure 1 L’article 12 et ses liens avec d'autres dispositions de la CIDE

Art. 3
Intérêt supérieur
Art. 5
de l’enfant
Art. 2 Orientation
Principe de non- de l’enfant et
discrimination évolution de ses
capacités

Art. 12
Droit d’être
entendu
Art. 6
Art. 17 Droit à la
Accès à vie et au
l’information développement

Art. 13
Liberté
d’expression
Source • CIDE, traitement ONPE (2023).

En premier lieu, l’article 12 entretient un lien complémentaire et particulièrement


étroit avec l’article 3 de la convention. En effet, l’intérêt supérieur de l’enfant ne
saurait être respecté si les composantes de l’article 12 ne sont pas appliquées. À
ce titre, le comité des droits de l’enfant considère que « l’article 3 fixe l’objectif de
réaliser l’intérêt supérieur de l’enfant et l’article 12 définit la méthode ». En d’autres
termes, la prise en compte des opinions des enfants sur les questions les intéres-
sant en éclaire la compréhension et favorise le respect de leur intérêt supérieur. Si
l’article 3 vise les cas individuels, il est également précisé par le comité des droits de
l’enfant que les États parties sont tenus d’examiner les intérêts des enfants en tant
que groupe dans toutes les mesures et tous les champs qui les concernent.
Le droit énoncé à l’article 12 est ensuite lié à l’article 2 de la convention car il
doit s’exercer sans discrimination fondée sur la race, le sexe, la langue, la religion,
l’origine, le handicap ou tout autre statut. Il est universel et ne doit donc exclure
aucun enfant. Le comité des droits de l’enfant appelle à une attention renforcée
en direction des plus jeunes enfants, des enfants vulnérables ou appartenant à des

15. Ibid., observation générale du comité des droits de l’enfant.

Observatoire national de la protection de l’enfance 17


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

groupes marginalisés afin de leur permettre d’exercer leur droit. Concernant les
jeunes enfants, le comité se réfère aux travaux de recherche montrant que l’enfant
est capable de se forger une opinion dès le plus jeune âge, même s’il ne peut encore
l’exprimer verbalement (Lansdown, 2005). Par conséquent, la mise en œuvre de
l’article 12 exige la reconnaissance et le respect des formes non verbales de commu-
nication, comme le jeu, le langage corporel, les mimiques, le dessin et la peinture,
au travers desquelles les enfants très jeunes montrent leur compréhension, leurs
choix et leurs préférences. Ce principe de non-discrimination implique par ailleurs
de développer des moyens particuliers, notamment en termes de communication,
adaptés aux besoins spécifiques des enfants en situation de handicap et de ceux qui
ne parlent pas la langue de la majorité.
Par ailleurs, la participation des enfants est considérée comme un moyen de
stimuler le plein épanouissement de l’enfant, le développement de sa personnalité
et de ses capacités (article 6). Le droit à la liberté d’expression (article 13) et le droit
à l’information (article 17) constituent quant à eux des conditions préalables essen-
tielles à l’exercice effectif du droit d’être entendu.
Enfin, le comité des droits de l’enfant lie l’article 12 et l’article 5 de la convention.
Cette disposition rappelle que l’État doit respecter les droits et responsabilités des
familles ou de la communauté de donner à l’enfant, « d’une manière qui corresponde
au développement de ses capacités, l’orientation et les conseils appropriés à l’exer-
cice des droits qui lui sont reconnus par la présente convention ». La synergie entre
ces articles vient signifier qu’au fur et à mesure du développement des capacités des
enfants, ces derniers doivent se voir octroyer un niveau croissant de responsabilité
dans le règlement des questions qui les concernent. La combinaison de ces disposi-
tions encourage la construction d’espaces de participation évolutifs qui concourt au
devoir d’orientation et de conseil des adultes à l’égard de l’enfant.

9 prescriptions pour une participation efficace et éthique


Sur cette base et à partir des données d’expériences et de recherches, le comité
des droits de l’enfant a construit 9 prescriptions pour une participation efficace et
éthique (comité des droits de l’enfant, 2009). Ces dernières sont reprises et prolon-
gées par le manuel du Conseil de l’Europe (Recommandation CM/Rec(2012)2 du
Comité des ministres, 2012 ; Conseil de l’Europe, 2020) regroupant des apports
théoriques et pratiques en matière de participation des enfants. Bien que non spéci-
fiques au champ de la protection de l’enfance, ces prescriptions constituent des
balises utiles à la conception des démarches de participation collective des enfants
protégés.
De manière synthétique16, il faut retenir de ces prescriptions que l’ensemble des
processus dans le cadre desquels la participation des enfants est sollicitée doivent
être :
 Transparents et instructifs
Les enfants doivent disposer d’informations exhaustives et accessibles, tenant
compte de leur diversité et adaptées à leur âge, sur leurs droits et les modalités
de leur participation : son périmètre, son contexte, son objectif précis, le rôle des

16. Les paragraphes qui suivent proposent une synthèse des prescriptions du comité des droits de l’enfant
et du Conseil de l’Europe adaptées au champ de la protection de l’enfance.

18 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

différents acteurs impliqués, l’utilisation qui sera faite des informations reçues, les
questions de confidentialité et dans quelle mesure ils pourront influer sur la prise
de décision. Les enfants doivent être informés de manière continue tout au long du
processus.
 Volontaires
La participation est un droit et non une obligation. Les enfants ont le droit de
décider s’ils souhaitent participer ou non. Ils ne doivent jamais être contraints de
le faire ni subir de pression en ce sens. Ils doivent être informés de ce que cet acte
implique, bénéficier d’un temps de réflexion pour être en mesure de donner un
consentement éclairé. Ils doivent pouvoir mettre un terme à leur participation à tout
moment et en être informés. Les autres engagements des enfants (activités, école,
relations avec la famille…) doivent être respectés et pris en compte.
 Respectueux
Les enfants et les opinions qu’ils formulent doivent être considérés avec respect.
Ils doivent pouvoir exprimer librement leurs points de vue et avancer leurs idées.
Cela implique aussi pour les professionnels de s’efforcer de comprendre l’environne-
ment dans lequel les enfants évoluent. Il s’agit en outre de proposer des méthodes
de travail à même de développer l’estime de soi et la confiance en soi. Les approches
mobilisées doivent conforter les enfants dans l’idée que leurs points de vue peuvent
utilement contribuer au processus.
 Pertinents
Les questions au sujet desquelles les enfants sont invités à exprimer leur opinion
doivent être en rapport avec leur vie et leur environnement et doivent leur permettre
de tirer parti de leurs connaissances. Un espace doit être créé pour permettre aux
enfants de cerner et de traiter les problèmes qu’ils jugent eux-mêmes pertinents et
importants.
 Adaptés aux enfants
Les environnements et méthodes de travail doivent être adaptés aux enfants en
tenant compte de leur âge, de leurs aptitudes et de leurs centres d’intérêt (modalités
et rythme de participation, accès à l’information, lieux, etc.). À cette fin, la mise au
point des méthodes de participation présente un intérêt à s’effectuer en lien avec les
enfants. Cela suppose aussi de mettre à disposition des ressources et un temps suffi-
sant pour préparer correctement les enfants, leur donner la confiance et le soutien
nécessaires pour exposer leur opinion.
 Inclusifs
Le droit à la participation doit s’exercer sans discrimination fondée sur quelque
motif que ce soit. Les processus doivent permettre aux enfants en situation de vulné-
rabilité et marginalisés de participer et remettre en question les mécanismes de
discrimination existants. Cela suppose de veiller à ce que l’offre de participation
soit adaptée et suffisamment modulable pour répondre aux besoins, attentes et
situations des différents enfants, en prenant notamment en compte leur âge, leur
culture, leur langue ainsi que leurs aptitudes. Aucune supposition ne doit être faite
sur ce que des groupes spécifiques d’enfants sont en mesure de faire ou non.

Observatoire national de la protection de l’enfance 19


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

 Appuyés par la formation


Ces processus requièrent des connaissances et des compétences spécifiques pour
les professionnels impliqués qui doivent être formés à la participation des enfants.
De manière générale, l’ensemble des professionnels intervenant auprès des enfants
devraient être sensibilisés. Les enfants ont également besoin d’être accompa-
gnés dans le renforcement de leur capacité à participer par le biais par exemple
de connaissances sur leurs droits et l’environnement institutionnel, de formation à
l’expression orale en public.
 Sûrs et tenant compte des risques
La protection des enfants et de leurs droits doit être pensée et assurée tout au
long du processus. Les professionnels doivent prendre toutes les garanties néces-
saires pour réduire au minimum le risque pour les enfants d’être, du fait de leur
participation, exposés à la violence, à des abus, à l’exploitation ou à toute autre
conséquence négative17. Une procédure de plainte contre toute forme de préjudice
doit être mise en place. Il est nécessaire de préciser aux enfants qui sont les référents
auxquels ils peuvent s’adresser s’ils sont confrontés à ces éventuels problèmes.
L’utilisation des informations communiquées par les enfants doit être soumise
au consentement de ces derniers et les données identifiées comme confidentielles
doivent le rester. Les professionnels doivent informer les enfants des cas où le
principe de confidentialité peut être enfreint dans leur intérêt et définir les procé-
dures à suivre dans ces circonstances (préciser les rôles des différents professionnels
et leurs articulations pour traiter la situation et soutenir l’enfant).
Enfin, les obligations en matière de responsabilité civile et de sécurité doivent
être remplies.
 Responsables
Il est essentiel d’assurer le suivi, l’évaluation et l’ajustement des processus de parti-
cipation des enfants. Les enfants sont informés de la façon dont leur opinion a été
interprétée et utilisée et doivent avoir la possibilité de contester et d’infléchir l’ana-
lyse des résultats. Les enfants doivent aussi obtenir des informations précises sur la
manière dont leur participation a été prise en considération, et il doit leur être rendu
compte des engagements pris par les adultes. Il importe également de surveiller
et d’évaluer la participation en faisant appel aux enfants eux-mêmes. Ces derniers
doivent être invités à donner leur avis sur les processus et sur ce qui pourrait être
amélioré.

Retour rapide sur le droit en vigueur en France


En France, plusieurs textes juridiques soutiennent le principe de la participation
des enfants accompagnés en protection de l’enfance. La loi relative aux droits des
familles dans leurs rapports avec les services chargés de la protection de la famille
et de l’enfance du 6 juin 1984 dispose que toute décision doit être examinée avec
le mineur et que son avis doit être recueilli18. Depuis le début des années 2000,

17. Cela implique que les risques associés au processus soient évalués en amont et la définition d’une
stratégie claire de protection de l’enfance. Celle-ci doit être communiquée et comprise par l’ensemble des
professionnels impliqués.
18. Article L223-4 du CASF.

20 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

le législateur a renforcé la place donnée à l’enfant comme usager des services de


l’aide sociale à l’enfance mais également comme sujet de droit. La loi du 2 janvier
2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale constitue une évolution majeure en
consacrant notamment un droit des usagers à participer à la vie et au fonctionne-
ment de l’établissement ou service dans lequel ils sont accueillis ou accompagnés.
À cette fin, l’article L311-6 du CASF énonce qu’« est institué soit un conseil de la
vie sociale, soit d’autres formes de participation ». Il est à noter que les conditions
d’application de cette disposition ont été récemment modifiées19. Le décret prévoit
l’élargissement de la composition des conseils de la vie sociale (CVS) en ouvrant la
participation à de nouveaux acteurs : « représentant de groupement des personnes
accompagnées de la catégorie du service concerné » ou « représentant des repré-
sentants légaux des personnes accompagnées dans les établissements recevant
des mineurs ». D’autres acteurs pourront également demander à participer aux
débats du CVS comme par exemple un représentant du conseil départemental ou
du défenseur des droits, l’éventail des attribution du CVS est en outre substantiel-
lement élargi. Par ailleurs, la loi Égalité et citoyenneté du 2 janvier 2017 encourage
aussi la participation des jeunes en population générale à la vie des collectivités au
travers de la création de conseils municipaux, départementaux ou régionaux qui
leur sont dédiés20. Enfin, comme indiqué en introduction, la loi du 7 février 2022
relative à la protection des enfants (ONPE, 2022) précise que le Conseil national de
la protection de l’enfance « comprend un collège des enfants et des jeunes protégés
ou sortant des dispositifs de la protection de l’enfance »21. Cette disposition fait écho
au conseil des enfants mis en place au sein du Haut Conseil de la famille, de l’enfance
et de l’âge, ce dernier ne faisant pas l’objet d’une consécration par la loi.

Encadré 1 Quid du consentement des représentants légaux des enfants protégés ?


En soi, l’implication de l’enfant dans une action de participation peut être considérée comme un
acte usuel au regard des critères définis par la jurisprudence* dès lors que celle-ci n’engage pas
l’avenir de l’enfant. Par conséquent, lorsque l’enfant est confié, les titulaires de l’autorité paren-
tale des enfants sont informés de la démarche sans que leur accord express n’ait à être recueilli.
Concernant les enfants accompagnés au domicile, il convient d’obtenir l’adhésion d’au moins un
des parents au projet. Néanmoins, ces activités sont peu encadrées par les textes et il n’existe pas
de jurisprudence spécifique dans ce domaine. Il convient donc d’être attentif aux spécificités de
chaque démarche de participation et particulièrement aux actes « satellites » entourant l’action de
participation, notamment lorsque ces actions induisent des activités ou touchent au droit à l’image.
Rappelons que quelle que soit la mesure dont bénéficie l’enfant, aucune photographie ou vidéo ne
peut être captée ou publiée sans le consentement explicite de l’enfant et des titulaires de l’autorité
parentale.
* La cour d’appel d’Aix-en-Provence, dans un arrêt du 28 octobre 2011, donne la définition suivante : « les actes usuels
peuvent être définis comme des actes de la vie quotidienne, sans gravité, qui n’engagent pas l’avenir de l’enfant, qui ne
donnent pas lieu à une appréciation de principe essentielle et ne présentent aucun risque grave apparent pour l’enfant, ou
encore, même s’ils revêtent un caractère important, des actes s’inscrivant dans une pratique antérieure non contestée. »
Sur la distinction entre actes usuels et non usuels, voir également : Direction générale de la cohésion sociale (2018).
L’exercice des actes relevant de l’autorité parentale pour les enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance.

19. Réforme opérée par le décret n° 2022-688 du 25 avril 2022 portant modification du conseil de la vie
sociale et autres formes de participation. Le décret vise à renforcer les droits fondamentaux des personnes
accompagnées.
20. Article L1112-23 du Code général des collectivités territoriales.
21. Article L147-13 du CASF.

Observatoire national de la protection de l’enfance 21


📖 Repères issus
📚 de la recherche
│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

État des recherches sur la participation collective


des enfants protégés et ses bénéfices
Si une importante littérature scientifique relative à l’engagement et la participa-
tion des jeunes en population générale est apparue ces dernières années22, dans
le champ de la protection de l’enfance les recherches sont plus récentes et encore
limitées. Un certain nombre d’entre elles portent sur la participation individuelle
des enfants aux processus décisionnels concernant leur parcours de prise en charge
(Euillet et Faisca, 2019 ; Faisca, 2021) mais aussi sur la participation des jeunes
majeurs à leur accompagnement (ONPE, 2015) ou encore sur le projet pour l’enfant
(Chapon, 2019 ; ONPE, 2016).
Les travaux centrés sur la question de la participation collective des enfants
protégés et sur le développement d’actions collectives pour favoriser leur agir
ensemble sont plus rares, mais particulièrement intéressants à mobiliser. Ces
recherches constituent des ressources pour accompagner le travail réflexif des
professionnels autour de ces démarches collectives. En France, on peut citer la revue
de la littérature internationale d’Isabelle Lacroix sur la participation des jeunes en
protection de l’enfance (Lacroix, 2016) ou encore le rapport de l’Observatoire des
non-recours aux droits et services, qui apporte une analyse compréhensive de la
(non) participation des usagers d’une maison d’enfant à caractère social (MECS) à
des groupes d’expression (Daran et al., 2013). La recherche par les pairs de Robin
(2018) s’intéresse, quant à elle, à la prise en compte du point de vue de l’enfant à
différents temps de son parcours : cette recherche présente la particularité d’avoir
associé des « chercheurs pairs », sortis des dispositifs de protection de l’enfance, à
une équipe de chercheurs universitaires. Cette approche croisée permet un recueil
novateur de la parole des enfants et de mieux saisir les spécificités des parcours des
enfants confiés. À l’international, les travaux de Seim et Slettebø (2011), mais aussi
de Thomas et Percy-Smith (2012), éclairent la manière dont la participation collec-
tive des enfants protégés peut amener des changements dans les pratiques profes-
sionnelles et au sein des services de protection de l’enfance. Enfin, en réponse au
besoin de développer encore davantage les connaissances sur ce sujet, le conseil
scientifique de l’ONPE a lancé en 2022 un appel à projet thématique sur la participa-
tion des enfants23 et soutient actuellement une recherche24 sur le sujet.
L’étude de la littérature identifie de nombreux bénéfices potentiels liés à l’impli-
cation des enfants et des jeunes concernés par la protection de l’enfance dans des
démarches de participation collective. En effet, la recherche s’accorde à démon-
trer que l’implication, librement consentie, des enfants protégés dans des processus
participatifs est susceptible de contribuer à des améliorations des services et de
l’ensemble du système de protection de l’enfance25. En leur donnant la possibilité

22. Tucci, I. (coord.), Recotillet, I., Berthet, T., Bausson, S. (2021). Conseils de jeunes et participation :
étude auprès des collectivités et de jeunes engagés. INJEP Notes & rapports/Rapport d’étude ; Lardeux,
L. (2015). Dispositifs de participation des jeunes au niveau des conseils régionaux. INJEP, rapport d’étude.
23. Appel à projets thématique 2022 de l’ONPE relatif à la participation des enfants en protection de
l’enfance [en ligne].
24. Il s’agit de la recherche intitulée « Frontières, obstacles et leviers à la participation des enfants en
protection de l’enfance » dirigée par Frédéric Mougeot et porté par l’École nationale de solidarités de
l’encadrement et de l’intervention sociale (ENSEIS).
25. Rapport final (2013). Analyse compréhensive de la participation et non-participation des usagers
de la MECS du Chaudan aux groupes d’expression. Appel d’offres 2011 de l’Observatoire national de la
protection de l’enfance. Convention n° 199/2011.

24 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

de porter une parole collective, appuyée sur leur propre expérience, les enfants
peuvent contribuer par leurs observations à une amélioration des pratiques profes-
sionnelles, lorsqu’il leur est permis de venir interroger la planification et la mise en
œuvre des politiques publiques de protection de l’enfance (Lacroix, 2016).
Ces démarches participatives viennent par ailleurs réinterroger les rapports,
souvent asymétriques, entre les enfants et les professionnels de la protection de
l’enfance, notamment parce qu’elles leur offrent un autre espace de rencontre. Bien
que ces temps d’échanges ne soient pas toujours suffisants en termes de pouvoir
d’agir pour ces enfants, ils leur permettent de porter à la connaissance des politiques
et des professionnels des éléments d’analyse sur leur parcours de prise en charge.
Ces rencontres permettent aussi aux enfants de comprendre les systèmes d’accom-
pagnement mis en place au titre de la protection de l’enfance et les contraintes
institutionnelles susceptibles de peser sur eux (Robin, 2012). D’autre part, lorsque
ces enfants sont associés à des recherches, en tant que co-chercheurs, les résultats
révèlent que leur expertise contribue à améliorer la qualité de la prise en charge
mais aussi le dialogue entre les professionnels et les jeunes (Seim et Slettebø, 2011).
Cela suppose néanmoins de la part des adultes qu’ils soient prêts à interroger leurs
propres pratiques et que certaines conditions soient réunies afin que les objectifs
soient intelligibles pour les enfants et que leur parole ne soit pas instrumentalisée :
« la participation des enfants dépendra de notre capacité d’adulte à entendre leur
voix, à rendre compte de cette sensibilité singulière de l’enfant » (Sellenet, 2012).
À ce propos, si les démarches en faveur de la participation collective des enfants
sont susceptibles de présenter des bénéfices divers, tant sur le plan des politiques
publiques que sur l’amélioration des pratiques professionnelles, les différentes
études recensées mettent en évidence que les enfants impliqués ont peu d’influence
sur les processus décisionnels concernant leur parcours de prise en charge. Ces diffi-
cultés s’expliquent, entre autres, par la nature même de cette politique publique
mais aussi par des obstacles organisationnels, institutionnels et par un manque de
formation des professionnels. Le regard de l’adulte porté sur l’enfant en protection
de l’enfance mérite également d’être interrogé pour mieux saisir cette discordance
entre ce droit fondamental et sa mise en œuvre effective.
Certains travaux soulignent enfin des bénéfices significatifs des actions de parti-
cipation pour les enfants eux-mêmes. Ces démarches peuvent en effet contribuer à
leur fournir des outils de socialisation, susceptibles de renforcer leur pouvoir d’agir,
leur capacité à s’exprimer, à négocier et plus largement leur confiance et leur estime
d’eux-mêmes (Join-Lambert Milova, 2006). La participation collective offre aux
enfants la possibilité de développer certaines compétences (écouter et respecter la
parole de l’autre, formuler des demandes, tenir une position, prendre la parole, etc.)
qui sont autant de clés pour leur transition à la vie adulte, qui apparaît plus difficile
que pour les jeunes en population générale (Frechon et Lacroix, 2020 ; ONPE, 2015).
L’implication des enfants dans ces démarches renforce, en outre, leur capacité à
construire des liens sociaux avec les autres et semble avoir un effet protecteur quant
au risque de décrochage scolaire (Lacroix, 2016).
Une étude menée par Thomas et Percy-Smith (2012) souligne des bénéfices
personnels à long terme signifiants pour les enfants mobilisés dans ces espaces
participatifs, notamment parce qu’ils constituent des leviers essentiels vers l’indé-
pendance et l’autonomie. Par ailleurs, le fait de réunir des enfants qui partagent des
expériences de vie similaires développe des sentiments d’empathie, de solidarité

Observatoire national de la protection de l’enfance 25


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

et plus largement soutient la formation d’une identité collective. Le travail de Diaz


corrobore ce dernier constat et souligne que les jeunes impliqués dans ces commu-
nautés d’expériences, où il leur est donné la possibilité d’interagir avec d’autres
enfants protégés, ne sont pas uniquement motivés par un intérêt personnel mais
souhaitent, au contraire, se soutenir, s’aider les uns les autres, ces espaces devenant
alors un lieu de soutien affectif et émotionnel entre pairs (Diaz, 2021).
Début 2022, l’Observatoire national de protection de l’enfance a sollicité deux
chercheuses spécialistes du sujet afin qu’elles puissent participer, sous la forme d’une
contribution scientifique, à cette publication. Il s’agissait, à partir de leurs travaux
respectifs et d’une analyse de la littérature nationale et internationale, d’éclairer les
conditions essentielles à la mise en œuvre de ces démarches de participation auprès
des enfants et des jeunes pris en charge en protection de l’enfance.

26 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Les conditions de réussite de la participation individuelle


et collective des enfants protégés :
quels enseignements pour les départements ?

par Élodie Faisca et Isabelle Lacroix

Assistante sociale de formation initiale, Élodie Faisca réalise actuellement une


thèse de doctorat en sciences de l’éducation au sein de l’université Paris Nanterre.
Sous la direction de Gilles Séraphin et le co-encadrement d’Anna Rurka, sa recherche
porte sur la participation des parents et des enfants aux processus décisionnels dans
le cadre d’interventions de suppléance familiale26.
Isabelle Lacroix est maîtresse de conférences en sociologie à l’université Versailles-
Saint-Quentin/Paris-Saclay au laboratoire Printemps-CNRS. Elle a réalisé deux
recherches portant sur la participation collective des jeunes en protection de l’enfance
en France et au Québec, au sein des conseils de la vie sociale ou comités des résidents
et usagers et dans les associations d’anciens enfants de l’aide sociale à l’enfance27.

Introduction
La participation des enfants constitue à la fois un principe issu de traités inter-
nationaux et, dans notre législation, un ensemble de droits qui leur sont accordés
en qualité « d’usager » des institutions qui les accueillent ou les accompagnent.
Pourtant, de récents rapports publics, recherches et prises de parole des associa-
tions d’anciens jeunes placés28 continuent de faire état d’un décalage entre le cadre
législatif et l’effectivité de cette participation, dans le cadre de la politique de protec-
tion de l’enfance. Ce constat concerne autant la participation à un niveau individuel
de la prise en charge, c’est-à-dire la participation de l’enfant au projet socio-éducatif
et aux décisions qui le concernent (projet pour l’enfant, document individuel de
prise en charge, contrat jeune majeur etc.) qu’à un niveau plus collectif d’expression,
à savoir une participation au nom d’un groupe de jeunes29 qui élabore des propo-
sitions visant des changements dans le fonctionnement de l’établissement ou dans
la politique publique (conseil de vie sociale [CVS], instances de type « comité » ou
« conseil » des jeunes, etc.).

26. Faisca, E. (2021). La participation de l’enfant en protection de l’enfance : Enjeux, conditions et obstacles.


Enfances, Familles, Générations, (37), [en ligne] ; Faisca, E. (2019). La participation : De l’énonciation « du »
droit à l’application « des droits » en protection de l’enfance. Forum, 158(3), 13-22.
27. Greissler, E., Lacroix, I., Morissette, I. (2020). Penser l’engagement des jeunes « en difficulté » leurs
expériences à partir des milieux de vie. Québec : Presses de l’université du Québec ; Lacroix, I., Vargas
Diaz, R., Leclair-Mallette, I.-A., Goyette, M., Frechon, I. (2020). Jeunes sortant du système de protection
de l’enfance en France et au Québec. Faire face aux difficultés de transition vers la vie adulte via une
association d’entraide. INJEP Notes & Rapports/Rapport d’étude  ; Lacroix, I. (2016). La participation
collective des jeunes en protection de l’enfance. Une revue de littérature internationale. Les Cahiers de la
CRÉVAJ, [en ligne] ; Lacroix, I. (2016). Les associations d’anciens placés : des intermédiaires dans l’accès
aux droits sociaux des jeunes sortant de la protection de l’enfance ? Agora Débats/Jeunesses, 4, 89-100.
28. Le terme « placé » qui signifie être retiré de son milieu familial, sous décision judiciaire, ne fait
pas consensus chez les jeunes ayant été pris en charge par les services de protection de l’enfance, et
rencontrés dans le cadre de plusieurs recherches menées par les auteurs de cette contribution. Certains
trouvent que le terme « placé » est connoté négativement préférant le terme d’« accueilli » en protection
de l’enfance, tandis que d’autres trouvent le terme « accueilli » comme euphémisant le sentiment ressenti
lors de leur entrée en protection de l’enfance. Dans le cadre de cet article, nous emploierons tout autant
le terme « placé » que celui d’« accueilli ».
29. Dans le cadre de la participation collective, ce n’est pas le nombre qui fait collectif mais le fait que ces
enfants portent des demandes pour l’ensemble des enfants qu’ils représentent.

Observatoire national de la protection de l’enfance 27


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Cette préoccupation croissante pour la participation et l’engagement des enfants


apparaît dans d’autres politiques publiques. En effet, depuis plusieurs décennies,
la participation et l’engagement des enfants dans des instances collectives au sein
de l’espace scolaire (Caillé, Didier, 2021) ou de conseils municipaux d’enfants ou de
jeunes (Tucci, 2021) ont fait l’objet de nombreux travaux scientifiques, mais certains
groupes demeurent invisibles (Greissler, Lacroix, Morissette, 2020). Quelques
chercheurs se sont intéressés à ces dynamiques collectives durant le placement, en
étudiant des dispositifs participatifs qui prennent en compte les points de vue des
jeunes sur les conditions de leur prise en charge, au sein d’instances officielles telles
que les conseils de la vie sociale en France (Noël, 2008), les conseils de planification
des services en Angleterre et aux États-Unis (Thomas, Percy-Smith, 2012) ou au sein
de groupes d’expressions dans des foyers-socioéducatifs (Ossipow, Berthod, Aeby,
2014). D’autres réalisent des recherches participatives qui impliquent les jeunes
placés, soit dans le processus de recherche nommé «  recherche par les pairs »
(Robin, Mackiewicz, Ackermann, 2017), soit par des focus group qui font parler les
jeunes sur leur placement (Seim, Slettebø, 2010). Certaines recherches se sont,
quant à elles, concentrées sur la participation individuelle des jeunes pris en charge
par la protection de l’enfance dans les processus de décision qui concernent leur
propre vie (Vis, Strandbu, Holtan, Thomas, 2011) [changement de lieux de place-
ment, retour au domicile familial, etc.].
La littérature montre les effets bénéfiques de la participation sur les jeunes
(Skauge, Storhaug, Marthinsen, 2021) sur l’intervention et les prises de décisions
au cours de l’intervention (Alfandari, Taylor, 2022), mais aussi sur les établissements
de protection de l’enfance (Greissler, Lacroix, Morissette, 2020), notamment sur
le climat entre jeunes et adultes et entre pairs. Les recherches permettent égale-
ment d’accéder aux nombreux défis auxquels l’ensemble des parties prenantes (qu’il
s’agisse des acteurs institutionnels, professionnels ou familiaux) sont confrontées
lorsqu’elles tentent de traduire les principes et les règles en pratique.
À partir de nos deux revues de littérature et de recherches menées sur la partici-
pation des enfants et des parents aux processus décisionnels ainsi que sur la parti-
cipation collective et l’engagement des jeunes, il sera proposé ici de rendre compte
de ce que la littérature francophone et anglophone pose comme obstacles et leviers
à la participation et l’engagement des jeunes en protection de l’enfance.
Il s’agira de répondre à la question suivante  : quelles sont les conditions qui
permettent une participation significative30 des enfants et des jeunes aux processus
de décision qui les concernent, que celles-ci soient relatives à leur vie quotidienne,
à leur parcours au sein de l’institution ou aux politiques publiques ?
Dans cette contribution, la participation est envisagée comme un processus qui
se déploie à l’intérieur des pratiques et engage l’ensemble des parties prenantes de
l’institution (l’enfant et son entourage familial et social, les professionnels de terrain,
les acteurs institutionnels et politiques). Dès lors, nous avons souhaité combiner les
connaissances issues des recherches portant sur la participation dite individuelle et
la participation collective, considérant que les deux sont étroitement liées et nous
semblent interdépendantes alors même que ces deux formes ont majoritairement
été étudiées séparément. Cela va des questions relatives à leur vie quotidienne,

30. La notion de «  participation significative  », en anglais meaningful participation, fait référence aux
expériences vécues par les enfants d’être entendus et pris en compte.

28 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

l’organisation et le déroulement de l’intervention, son évaluation, à des dimen-


sions plus institutionnelles et politiques (Mijntje, ten Brummelaar, et al., 2018). Il
s’agit donc de réfléchir à l’ensemble des dimensions qui contribuent ou altèrent son
déploiement à l’intérieur des interventions individuelles ou collectives.
Considérant que la participation significative implique de pouvoir développer une
culture de la participation, les développements suivants cherchent, dans un premier
temps, à fournir des éléments permettant de reconsidérer la manière dont l’enfant
est pensé et parlé à l’intérieur de l’institution et d’aller vers d’autres paradigmes.
En second lieu, il s’agira de montrer comment la participation des enfants et des
jeunes constitue un processus s’inscrivant dans une socialisation depuis le plus jeune
âge ; puis, dans un troisième temps, dans des interactions qui engagent l’ensemble
des acteurs de la protection de l’enfance et ce, à toutes les étapes du processus.
Enfin, nous étudierons l’importance du portage politique et institutionnel dans les
démarches de participation. Cette impulsion doit se réaliser à tous les niveaux du
système de la protection de l’enfance.
Une nécessaire reconsidération de « l’enfant », de « l’enfance »
et de la « protection »
Rendre réelle la participation des jeunes nécessiterait selon plusieurs chercheurs
un changement de regard sur le statut de l’enfant (Larkins, Satchwell, Davidge, et al.,
2021). Pour Jennifer Dupuis et Varda Mann-Feder (2013), l’empowerment significatif
des jeunes sera possible quand ils seront perçus comme des agents actifs du change-
ment dans leur propre vie, et non comme des bénéficiaires passifs des services de
protection de l’enfance. Si ces constats dépassent la situation des enfants protégés,
dans le champ de cette politique publique, s’ajoute une tension entre participation
et protection de l’enfance. En effet, de nombreux travaux soulignent que les profes-
sionnels ont tendance à adopter une position surprotectrice en ce qui concerne
la participation des enfants, considérant que les enfants ne sont pas suffisamment
compétents ou que les effets de la participation pourraient être délétères (Vis,
Strandbu, Holtan, Thomas, 2011).
Cette contradiction s’explique, en partie, par la philosophie juridique sur laquelle
repose la protection de l’enfance qui s’est construite sur un modèle sanitaire et social
où l’enfant est essentiellement vu comme un être vulnérable (et non sur une logique
des droits de l’homme [Youf, 1999]). Si ce modèle médico-social « a permis une
protection efficace de l’enfant dans ses droits à la santé, à la sécurité, à la moralité,
et à l’éducation, il a dans la plupart des pays européens, donné des pouvoirs consi-
dérables aux travailleurs sociaux et aux juges des enfants », au risque de négliger la
« subjectivité juridique de l’enfant » (Youf, 1999 : 74). La Convention internationale
des droits de l’enfant, qui présente l’enfant d’abord comme un sujet de droits (et
non plus seulement objet d’une protection), remet en question la philosophie sur
laquelle reposaient jusque-là de nombreux systèmes de la protection de l’enfance
des pays occidentaux (Connolly, Katz, 2019). Ce sous-bassement idéologique sur
lequel s’est construite cette politique publique a un fort impact sur la participation
des jeunes en protection de l’enfance. Bien que les scientifiques aient montré que les
enfants sont des acteurs sociaux compétents, la pratique en protection de l’enfance
est « à la traîne » (Van Bijleveld, Dedding, Bunders-Aelen, 2014).
En 1990, Allison James et Alan Prout considèrent que dans la politique publique
de protection de l’enfance, quel que soit le pays, l’enfant est majoritairement perçu

Observatoire national de la protection de l’enfance 29


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

comme un être passif, influencé uniquement par les réponses provenant des adultes
(James, Prout, 1990). Néanmoins, des changements de regard apparaissent. Séverine
Euillet et Carl Lacharité (2021 : 129) montrent que le passage d’une vision de l’enfant
objet passif des pratiques éducatives à un enfant capable de s’approprier le monde
s’opère à la fois par l’évolution des connaissances en psychologie et en sociologie.
Ces évolutions permettent de soutenir les « réflexions, sur le statut de l’enfant, sur
les compétences, les zones d’action qui lui sont conférées ». Comme l’indique très
récemment une chercheuse norvégienne, « d’un point de vue conceptuel, nous
parlons souvent des “enfants” comme s’il s’agissait d’un groupe homogène, carac-
térisé simplement par une phase de développement appelée “enfance” ou par l’âge
biologique (principalement en droit) » (Krutzinna, 2022 : 122). Selon elle, les distinc-
tions basées sur l’âge et le stade de développement constituent des approches
réductrices de la complexité, lesquelles conduisent à ignorer l’individualité et le
caractère unique de chaque enfant. Dès lors, cela provoquerait une exclusion de
certains enfants qui peuvent sembler ne pas disposer des compétences attendues
et définies par les adultes pour exprimer leur point de vue.
L’image socioculturelle des enfants imprègne les croyances des professionnels
quant à la capacité des enfants de communiquer et participer, à la nécessité ou
aux risques de le faire (Vis, Holtan, Thomas, 2012). Certaines des objections à la
participation découleraient principalement des représentations socioculturelles
envisageant l’enfant sous l’angle de sa vulnérabilité et sa dépendance à la protection
des adultes (Van Bijleveld, Dedding, Bunders-Aelen, 2015). Des auteurs proposent
alors de (re)penser la notion de vulnérabilité en lien avec celle de la participation.
À partir de leurs réflexions, les auteures invitent à considérer « la vulnérabilité de
l’enfant non pas comme un obstacle aux droits, mais telle une raison justifiant les
droits des enfants » (Paré, Bé, 2020 : 232). La participation peut alors devenir une
voie permettant de dépasser cette « vulnérabilité problématique » en ce qu’elle
constitue, selon Marie Garrau, un « moyen permettant aux citoyens les plus vulné-
rables de développer et de renforcer leurs capacités à faire entendre leur voix dans
l’espace public et politique » (Boutanquoi, Lacharité, 2020 : 16).
Ce changement de paradigme est une condition sine qua non de l’effectivité de
la participation des enfants. Ce sont ces changements qui irrigueront in fine les
politiques et les pratiques afin qu’elles se fondent sur des valeurs de justice sociale
et des droits de l’homme, en tenant compte des contextes sociaux, économiques,
politiques et de pouvoir qui empiètent sur les individus, tout en mettant l’accent,
dans la pratique, sur l’autonomisation et des relations favorisant l’émancipation des
jeunes. La construction d’instances de participation impliquant des jeunes néces-
site alors que les acteurs politiques, administratifs et professionnels engagent une
réflexion permettant de se concentrer sur les représentations et conceptions de
chacun sur l’enfance/l’enfant et la participation.
La participation : un processus qui s’inscrit dans le temps
de « chaque » enfant
De récents travaux permettent de compléter ces approches. En effet, Virginie
Vinel et Francesca Zaltron, s’intéressant au concept d’agency, considèrent qu’il
a permis la « reconnaissance des enfants en tant qu’acteurs sociaux, c’est-à-dire
en tant que sujets actifs et compétents capables de comprendre et de participer
aux mondes sociaux dans lesquels ils vivent » (Vinel, Zaltron, 2020 : 17). Pour les

30 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

auteures, « l’agency n’est pas synonyme de choix, de liberté, d’autonomie, mais il


s’agit de reconnaitre que les enfants ont une capacité d’agir, de réfléchir, de s’appro-
prier des normes, de les répéter, mais aussi de les transformer » (Ibid., p. 21). Les
auteures tentent d’expliquer le caractère fluide, nuancé et contextuel de cette notion
qui ne constitue pas une qualité ontologique dont l’enfant disposerait ou non, mais
un processus qui se construit dans l’interdépendance des acteurs et des structures
qui entourent l’enfant. Le lien avec la participation apparaît dès lors particulièrement
intéressant.
Si les arguments en faveur du développement de dispositifs de participation,
individuels ou collectifs, se fondent sur une approche fondée sur les droits, sur une
approche philosophique ou sociologique, il est essentiel de considérer la participa-
tion comme un processus dynamique, multidimensionnel et contextuel. La création
ou l’existence d’espaces pour entendre la « voix » des jeunes ne semblent pas suffire.
ll est alors nécessaire de créer les conditions qui activent leur participation.
Une trajectoire de socialisation
qui développe l’appétence à la participation
Avant de pouvoir décrire les conditions qui permettent le bon déroulement du
processus de participation, il faut d’abord créer les dispositions sociales à s’engager
chez ces enfants et jeunes pris en charge par la protection de l’enfance. La littérature
scientifique a montré combien les dispositions à s’engager se construisent dès le plus
jeune âge, au travers de discussions politiques au sein de la cellule familiale, et par
une implication en tant que délégué de classe ou dans différents espaces de parti-
cipation collective à l’école ou dans le secteur associatif (Lacroix, Lardeux, 2022). La
participation et l’engagement s’apprennent au fil du temps. Pour les jeunes de l’aide
sociale à l’enfance, cette socialisation familiale précoce à s’investir dans l’espace
public est le plus souvent absente. Le sentiment de compétence politique dépend
le plus souvent du milieu social d’origine (Gaxie, 1978). Comme le constate Laurent
Willemez (2013 : 58), « la prise de parole renvoie d’abord à une autorisation sociale à
s’exprimer en groupe, qui se constitue elle-même dans le dépassement d’une forme
de “timidité”, qui est souvent le produit de la position sociale (en termes de capital
culturel comme en termes de genre) ».
Il est important que les enfants et les jeunes de l’ASE puissent suivre une forma-
tion à la participation. Cela peut se réaliser par le biais de stages et par l’impli-
cation dans les groupes d’expression ou conseils de la vie sociale. Il est à noter
que dans le cadre de notre terrain de recherche, des jeunes Québécois placés en
centre jeunesse (Greissler, Lacroix, Morissette, 2020), investis dans les comités des
résidents et des usagers de leurs établissements, se sont ensuite engagés dans une
des associations d’entraide de jeunes anciens placés étudiées. Les ODPE en France
qui souhaitent organiser une démarche de participation collective pourraient
recruter des jeunes fortement investis dans ces instances de participation collec-
tive sur leur lieu de placement. Pour autant, il ne faudrait pas que ce soit les seuls
profils de jeunes choisis.
La participation, un droit pour tous les enfants
La participation, en tant que droit, doit s’appliquer à tous les enfants sans discri-
mination. Comme l’indiquent les rédacteurs du rapport Écouter-Agir-Changer, « des
efforts doivent être faits pour inclure les enfants plus marginalisés, notamment les

Observatoire national de la protection de l’enfance 31


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

filles, les enfants handicapés, les enfants issus de groupes ethniques autochtones ou
minoritaires, les enfants en déplacement, les enfants qui travaillent ou les enfants
LGBTQI » (Crowley, Larkins, Pinto, 2021 : 14).
Il est en effet important de réfléchir à la diversité des profils des jeunes impli-
qués dans les dispositifs de participation collective. Dans le cadre de démarches
participatives collectives, le recrutement devrait favoriser une représentation de la
démographie de l’ensemble des jeunes accompagnés en protection de l’enfance en
termes de culture, de genre, de zones géographiques (urbaines ou rurales), et de
types de mesures (Crowe, 2007) et tenter d’atteindre ceux les plus éloignés de la
participation. S’il peut être complexe de tendre vers un échantillon représentatif,
notamment dans le cadre de démarches impliquant un petit nombre d’enfants ou
de jeunes, il apparaît nécessaire de veiller à la possibilité d’accéder à la diversité
du public accueilli. Cette diversité (ou ce type de recrutement) est cruciale, car elle
permet d’éviter la concentration de ces projets participatifs dans les mains d’un
groupe restreint excluant les autres enfants (Larkins, Kiili, Palsanen, 2014). Comme
le soulignent Élodie Bellarbre et Laëtitia Drean (2017 : 3), qui ont étudié la mobili-
sation de jeunes en retrait de toute forme d’engagement (emploi, formation, etc.),
« plus il y a de diversité de profils, plus des profils diversifiés seront intéressés ». La
littérature scientifique a montré à ce titre combien les travailleurs sociaux pouvaient
constituer un filtre dans la participation des enfants. Bien souvent, les problèmes
de santé mentale des jeunes peuvent conduire les professionnels à ne pas solliciter
ces jeunes. Le danger est que les jeunes soient cooptés dans les instances partici-
patives. Différents auteurs ont montré une nomination et une sélection par favori-
tisme (Crowe, 2007). Sont choisis ceux qui vont bien dans le placement et qui ont
un parcours de réussite, les jeunes les plus en difficultés n’y sont pas représentés
(Kaplan, Skolnik, Turnbull, 2009). La tendance peut alors être d’engager seulement
ceux qui sont les plus âgés, accommodants, ou qui ont des moyens de locomotion
pour assister aux activités (Seim, Slettebø, 2011). L’âge est souvent relevé comme
facteur d’exclusion des dispositifs de participation collective, les plus jeunes étant
considérés comme plus vulnérables et immatures pour s’investir dans ce type de
prise de parole collective.
Certains freins à la participation peuvent également venir du jeune lui-même.
En effet, le vécu du placement, autant du côté des parents que des enfants, peut
dissuader ces derniers de s’engager auprès d’un établissement qui symbolise
le placement et matérialise la situation de crise (Rémond, 2017). Par ailleurs, on
observe également une sélection qui se réalise au niveau des compétences scolaires.
Ce n’est pas propre à la protection de l’enfance. Des auteurs comme Laurent Lardeux
(2016), spécialiste de l’engagement de la jeunesse, montrent que ce sont souvent les
plus diplômés qui s’investissent dans le monde associatif. Dans le cadre de la protec-
tion de l’enfance, Pierrine Robin et son équipe (2017) constatent également que si
aucune sélection n’a été faite parmi les chercheurs pairs lors de la construction de la
recherche, le groupe constitué apparaît plus socialement et scolairement doté que la
moyenne en protection de l’enfance. Il en est de même de notre recherche portant
sur les associations d’anciens placés, les jeunes leaders sont le plus souvent dotés
de forts capitaux scolaires (Lacroix, Vargas Diaz, Leclair-Mallette, et al., 2020). Ce qui
amène à réfléchir également à l’offre de participation proposée dans les dispositifs
de participation.

32 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Comme le constatent Élodie Bellarbre et Laëtitia Drean (2017 : 2), « la complexité
des actions à certains moments clés de l’engagement, tels la prise de parole, le choix
du vocabulaire des discours, le recours à l’expression de soi, exigent des disposi-
tions sociales plus facilement accessibles à des jeunes issus de milieux favorisés et
à compétences scolaires élevées ». Il s’agit donc de diversifier les types de partici-
pation proposés pour ne pas exclure les moins dotés scolairement. Pour cela il faut
retenir des choix d’animation adaptés et réaliser des activités qui n’engagent pas que
des compétences scolaires. Ce point nous semble essentiel pour favoriser la partici-
pation et l’inclusion de tous dans ces démarches.
Pour autant, la formation des jeunes et les offres de participation ne suffisent pas
à elles seules à susciter leur participation et leur engagement. Comme le soulignent
Valérie Becquet et Martin Goyette (2014 : § 5) « l’engagement repose également
sur des dynamiques relationnelles et des procédures techniques qui concourent à
l’entrée dans les collectifs d’engagement et dans les dispositifs publics et à la mobili-
sation des participants ». En effet, il faut créer les conditions préalables qui sécurise-
ront ensuite le bon déroulement de leur participation et sa pérennisation.
La participation comme un processus interactionnel
qui engage différents acteurs, temporalités et espaces
La participation peut être présentée comme un processus interactionnel et, à ce
titre, les études utilisant des modèles de participation peuvent être inspirantes pour la
mise en œuvre effective de la participation des enfants. Divers modèles de participa-
tion ont été mis au point au cours des dernières décennies. Les échelles de participa-
tion de Sherry Arnstein (1969), Roger Hart (1992) ou le modèle de Harry Shier (2001)
sont largement mobilisés dans la littérature et éclairent les niveaux de participation.
Hart a classé 8 niveaux31 de participation en deux degrés. Les trois premiers niveaux :
manipulation, décoration et participation symbolique ne constituent pas de la partici-
pation. Ce qu’il considère comme un premier niveau de participation intervient lorsque
les enfants et les jeunes comprennent et ont un rôle à jouer dans le processus en
cours. Pourtant il est important de souligner que pour Roger Hart, la participation des
enfants n’est pas subordonnée à une participation au plus haut niveau. Chaque enfant
devrait avoir la possibilité de choisir le niveau le plus élevé et les adultes devraient
soutenir une augmentation progressive de la participation. Le modèle de Harry Shier
apparaît tout aussi intéressant. S’appuyant sur 5 niveaux de participation32 proches de
ceux proposés par Roger Hart, l’auteur semble être le premier à illustrer le caractère
dynamique et processuel de la participation. Selon Shier, pour se déployer, la partici-
pation nécessite que les adultes soient prêts à s’engager (ouvertures)33, qu’il existe

31. Non participation : 1. Manipulation 2. Participation «  décorative  » 3. Participation symbolique.


Participation : 4. Information des enfants et délégation de certaines fonctions 5. Consultation et
information des enfants 6. Projet initié par les adultes, décisions prises avec les enfants 7. Projet initié et
dirigé par les enfants 8. Projet initié par les enfants, décisions prises en commun.
32. 1. Les enfants sont écoutés 2. Les enfants sont soutenus dans l’expression de leurs idées 3. Les idées
des enfants sont prises en considération 4. Les enfants sont impliqués dans les prises de décisions 5. Les
enfants partagent le pouvoir et la responsabilité décisionnelle.
33. Le modèle pose les questions suivantes  : êtes-vous prêt à entendre les enfants, êtes-vous prêts à
soutenir l’expression des enfants, êtes-vous prêts à prendre en compte le point de vue de l’enfant…

Observatoire national de la protection de l’enfance 33


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

des possibilités concrètes d’inclure les enfants (opportunités)34 et des obligations


formelles de le faire.
Si les échelles de participation sont beaucoup mobilisées dans la littérature et
éclairent les niveaux de participation, elles offrent peu d’informations sur les moyens
de déployer cette participation au cours des interventions.
Le modèle de participation proposé par Laura Lundy (2007) et développé pour
aider les praticiens à mettre en œuvre de manière significative le droit de l’enfant
à la participation se concentre sur les éléments distincts, mais interdépendants
de l’article 12 de la Convention internationale des droits de l’enfant35. Ce modèle
(figure 2) attire l’attention des décideurs sur quatre éléments interdépendants, que
sont l’espace (les enfants doivent avoir la possibilité d’exprimer leur opinion), la voix

Figure 2 Modèle de Lundy

ESPACE VOIX

Comment : Offrir un espace sûr et Comment : Fournir des informations


inclusif pour que les enfants puissent appropriées et faciliter l’expression de
exprimer leurs opinions. l’opinion des enfants.
• Les enfants reçoivent-ils les informations
• L’opinion des enfants est-elle activement dont ils ont besoin pour se faire une
recherchée ? opinion ?
• Y’a-t-il un espace sûr dans lequel les • Les enfants savent-ils qu’ils ne sont pas
enfants peuvent s’exprimer librement ? obligés de participer ?
• Des mesures sont-elles prises pour • Les enfants ont-ils plusieurs options quant
garantir la participation des enfants ? à la manière dont ils pourraient choisir de
s’exprimer ?

AUDIENCE INFLUENCE

Comment : S’assurer que les Comment : S’assurer que les


opinions des enfants soient opinions des enfants soient prises au
communiquées à une personne sérieux et, le cas échéant, qu’il y ait
chargée de les écouter. donné suite.
• Les opinions des enfants sont-elles prises
• Existe-t-il un processus pour transmettre en compte par les personnes ayant le pouvoir
les opinions des enfants ? d’effectuer des changements ?
• Les enfants savent-ils à qui leurs opinions • Existe-t-il des procédures garantissant que
sont communiquées ? l’opinion de l’enfant a été prise au sérieux ?
• Cette personne ou cet organe a-t-il le • Les enfants et les jeunes ont-ils reçu un
pouvoir de prendre une décision ? retour expliquant les raisons des décisions
prises ?

Source • Extrait de Department of Children and Youth Affairs (2015). National strategy on children and young people’s participation in
decision-making 2015-2020. Dublin: Government publication. Traduction libre.

34. Le modèle pose les questions suivantes  : travaillez-vous d’une manière qui vous permet d’écouter
les enfants  ? Disposez-vous d’un éventail d’idées et d’activités pour aider les enfants à exprimer leurs
opinions ? Votre processus de prise de décision vous permet-il de tenir compte de l’opinion des enfants ?
35. « Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer
librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en
considération eu égard à son âge et à son degré de maturité. »

34 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

(les enfants doivent être aidés à exprimer leurs opinions), l’audience (l’opinion doit
être écoutée), et l’influence (l’opinion doit être prise en compte).
À partir de ce modèle et des travaux s’intéressant aux espaces de participation
individuelle autant qu’aux espaces de participation collective des enfants, trois
dimensions peuvent être envisagées comme des conditions de la participation.
L’information adaptée, accessible et compréhensible :
un premier niveau et une condition de la participation
Il est d’abord important de rappeler que la participation est un processus non
statique. Le modèle de Lundy reconnaît que, dès que l’enfant est informé de l’étendue
de son influence, le processus peut commencer. En effet, la participation a toujours
lieu dans un contexte particulier et les enfants ont besoin de comprendre ce qu’il se
passe et les défis auxquels ils sont ou seront confrontés. Cela nécessite des pratiques
permettant de fournir à l’enfant les informations nécessaires à la construction de
son point de vue. Des chercheurs ont fait valoir qu’« avant de pouvoir participer aux
processus administratifs, les enfants ont besoin d’informations sur les contextes et
les procédures pour décider s’ils trouvent la situation sûre, significative et digne d’y
participer » (Pölkki, Vornanen, Pursiainen, et al., 2012 : 109). Le niveau et la qualité
des informations transmises aux enfants constituent alors des conditions détermi-
nantes de la participation. De nombreux travaux scientifiques impliquant des obser-
vations et entretiens avec des enfants révèlent que les enfants ont une compré-
hension limitée des processus d’intervention et de prise de décision. Ce constat
peut concerner les différentes formes de participation (quotidienne, institution-
nelle, politique). Les informations nécessaires doivent alors porter sur le processus
(acteurs, contenus, moments, lieux), les enjeux et les options qui entourent la prise
de décision, ainsi que la manière dont les enfants peuvent exprimer leurs désaccords
à l’égard des décisions prises (Cashmore, 2002).
L’information constitue dès lors à la fois un premier niveau de participation (si l’on
se réfère aux échelles de participation), mais également une condition de la partici-
pation, ainsi qu’un résultat de telles démarches. Les enfants qui ont pu faire l’expé-
rience de formes de participation significative détiennent de nouvelles informations
(sur les processus, les acteurs, les enjeux) qu’ils pourront remobiliser à d’autres
moments et/ou dans d’autres contextes.
L’information doit être disponible en amont des processus de participation et
doit être adaptée aux enfants qu’elle cible (adapter le vocabulaire, les supports,
les médiateurs de l’information). Cela vaut également pendant le processus (conti-
nuer à adapter le vocabulaire, envisager d’autres modalités de communication,
s’appuyer sur les personnes de confiance pour l’enfant) et en aval (restitution, effets
de leur participation, prise en compte de leur point de vue). Le déficit d’information
impacte autant les processus que les enfants eux-mêmes. Dans l’un de nos terrains
de recherches, les enfants rencontrés disent se sentir manipulés ou intimidés,
effrayés lorsqu’on leur demande de s’exprimer sans qu’ils aient reçu les informa-
tions adaptées (sur les lieux, les personnes présentes, le déroulement des réunions,
leur durée…).
Les ODPE souhaitant mettre en œuvre des espaces de participation pourraient
réfléchir à développer des outils, démarches et/ou supports visant à informer
l’ensemble des jeunes sans discrimination à propos de : leurs droits, la manière dont
les décisions relatives à leur parcours se construisent, l’organisation administrative

Observatoire national de la protection de l’enfance 35


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

et politique de la protection de l’enfance, l’existence de démarches participatives au


sein de leur territoire.
Des relations stables, une proximité avec l’enfant
et une communication adaptée
Pour que la participation soit effective, les enfants doivent comprendre ce qui est
en jeu et pouvoir s’engager dans un dialogue continu avec les acteurs qui prennent les
décisions (Dillon, Greenop, Hills, 2016). Ce dialogue suppose de pouvoir construire
des relations avec les acteurs professionnels et institutionnels impliqués dans les
interventions.
Des chercheurs et chercheurs pairs (Robin, 2018) parlent « d’écoute institution-
nelle personnalisée » pour décrire les rencontres et relations individuelles positives
vécues par les enfants, lesquelles constitueraient des supports facilitant leur expres-
sion. Les enfants attendent des professionnels qu’ils fassent preuve d’écoute, d’empa-
thie, de chaleur et d’honnêteté (Faisca, 2021). Ils souhaitent que ces derniers aient
une « approche informelle, mais professionnelle », faisant référence aux entretiens
formels souvent inadaptés. En dehors de ces qualités, la stabilité des relations et leur
continuité constituent des dimensions importantes. Ces éléments ne sont pas sans
rappeler les constats d’Émilie Potin (2012 : 19), précisant que « l’accompagnement
a du sens à partir du moment où il s’inscrit dans un parrainage, dans un lien privi-
légié avec un tuteur ». Ce sont à l’intérieur de ces relations, et à travers elles, que
les possibilités de solliciter l’avis de l’enfant et que celui-ci parvienne à s’exprimer
apparaissent. Cette dimension relationnelle dépasse la seule communication.
La cohérence et la continuité, comme la communication, prennent du temps et
nécessitent des formes d’engagements qui ne se limitent pas aux professionnels de
première ligne. Les pratiques organisationnelles doivent permettre aux travailleurs
sociaux de pouvoir répondre aux tentatives des jeunes de prendre part aux décisions
qui les concernent (Vis, Fossum, 2015). En effet, lorsque les praticiens sont en mesure
de prendre le temps d’apprendre à connaître les jeunes, lorsqu’ils sont en mesure
de maintenir la participation au fil du temps, de meilleurs résultats sont susceptibles
d’être obtenus (Sanders, Munford, Ballantyne, et al., 2017). Il est alors important de
considérer que « la voix », l’« opinion » ou le « point de vue » d’un enfant ne sont
pas quelque chose de « prêt à extraire » (Skauge, Storhaug, Marthinsen, 2021). Les
enfants ont besoin de soutien pour construire leur opinion, la formuler et l’exprimer
dans les espaces créés. À la lumière des travaux scientifiques, il apparaît nécessaire,
au sein des organisations développant des démarches participatives, de s’assurer
que les acteurs qui s’engagent dans cette démarche disposent des moyens (matériel,
temps, formation) de s’engager réellement dans les relations qu’elles supposent.
Donner la possibilité à chaque enfant d’être impliqué
dans l’ensemble du processus
La création d’un espace sûr pour que les enfants et les jeunes puissent exprimer
leur opinion est généralement considérée comme une condition préalable à l’expres-
sion de leurs opinions authentiques. Il s’agit de créer activement la possibilité pour les
enfants et les jeunes de communiquer leurs opinions dans un espace sans « crainte
de réprimande et de représailles » (Lundy, 2007 : 934). Il convient alors de réfléchir
à la manière dont une participation directe des enfants peut se maintenir dans les
différents espaces et auprès des personnes disposant du « pouvoir de changer les

36 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

choses » (pour reprendre l’un des éléments du modèle de Lundy). Cette dernière
dimension dépasse le droit d’être entendu et considère que les opinions de l’enfant
doivent être prises au sérieux. Il s’agit alors de réfléchir à ce qui est fait du point de
vue de l’enfant. Qui le relaie ? À quels endroits ? En présence de quels acteurs ? Sous
quelles formes ?
Comme l’indiquent Séverine Euillet et Élodie Faisca (2019), la nécessité d’atten-
tion à la dimension institutionnelle et au risque de « captation institutionnelle »
apparaît indispensable36. Dès lors ce n’est plus seulement l’expression d’une parole
qui importe, mais son utilisation à l’intérieur des espaces institutionnels construits
historiquement et socialement, qui plus est, sans les intéressés.
S’agissant de la prise en compte de l’avis de l’enfant au cours des processus
décisionnels, les chercheurs proposent que les professionnels s’interrogent sur
plusieurs aspects de leur pratique favorisant la participation des enfants et des
jeunes : le point de vue de l’enfant est-il inclus, dès le début, dans toutes les étapes du
processus ? Les enfants sont-ils conviés dans les espaces (réunions, synthèses) dans
lesquels les autres parties prenantes mobilisent leurs points de vue ? Qu’est-ce qui
est transmis et de quelles manières les points de vue des enfants sont-ils pondérés
par les adultes ?
Dans les travaux internationaux interrogeant des enfants sur leur présence aux
instances collectives formelles (réunions, synthèses) il est clairement établi le lien
entre le niveau de participation de l’enfant et les opportunités dont il dispose de
pouvoir prendre part à toutes les étapes et être présent physiquement en ces lieux.
Pour autant, les enfants expriment leur inconfort et le stress ressentis lorsqu’ils sont
invités dans des instances collectives pensées et organisées par les adultes.
Une participation significative des enfants suppose alors de réfléchir à l’implica-
tion des enfants dans toutes les étapes des processus décisionnels, quels que soient
les niveaux de décisions (quotidiennes, relatives au parcours, institutionnels). Cette
implication peut prendre des formes différentes en fonction des groupes qu’ils
impliquent, mais elle ne peut se limiter à l’utilisation, la reprise de leurs paroles à
l’intérieur des instances créées par les adultes et les professionnels. Dès lors, il est
nécessaire de réfléchir à la manière dont les organisations peuvent repenser, avec
les enfants et les jeunes, les lieux dans lesquels les décisions s’élaborent. Plutôt que
d’exclure les enfants des instances jugées trop formelles par les adultes, les ODPE qui
souhaitent déployer de telles démarches peuvent réfléchir à la manière d’adapter
ces espaces à la présence des enfants (les horaires, le nombre d’adultes présents, les
supports de présentation, le vocabulaire utilisé).
Ces éléments illustrent le caractère dynamique et complexe de la participation.
Qu’il s’agisse de processus individuels ou collectifs, les ODPE peuvent s’interroger
sur la possibilité d’impliquer l’ensemble des acteurs et des organisations (les élus,
les responsables administratifs ou associatifs, les professionnels, les bénévoles…) et
ce, tout au long des processus. La disponibilité et le caractère adapté de l’informa-
tion doivent être envisagés en amont, pendant et après les processus décisionnels.

36. Carl Lacharité, à l’origine de ce concept de captation institutionnelle, considère que «  la parole


des enfants et des parents, sur eux-mêmes et sur les circonstances de leur vie quotidienne, se trouve
constamment déplacée à l’intérieur d’univers sémantiques qui se révèlent souvent passablement éloignés
des espaces “ordinaires” d’où elle émerge spontanément » cité p. 42 dans Lacharité, C., Chamberland, C.
(2015). La protection de l’enfance la parole des enfants et des parents. Québec : Presses de l’université du
Québec.

Observatoire national de la protection de l’enfance 37


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Ces éléments peuvent inviter les organisations à veiller à ce que les professionnels
(à chaque niveau institutionnel) soient (in)formés sur ce que la participation signifie,
implique et génère.
L’importance du portage politique et institutionnel
dans les démarches de participation individuelle et collective
En 2006, Hélène Join-Lambert suggérait l’existence d’un lien entre « la mise en
œuvre du principe de participation dans la vie quotidienne des jeunes en foyer, et
les modes d’application de ce principe dans le contexte législatif et institutionnel
du dispositif de la protection de l’enfance » (Join-Lambert, 2006) précisant dès lors
que la participation devrait s’appliquer à tous les niveaux de décision afin de rendre
effectifs les principes et règles énoncés. Il faut souligner l’importance du portage
politique de cette participation tant au niveau de l’État qu’à celui des conseils dépar-
tementaux, et ce, afin de pérenniser ces démarches de participation individuelle et
collective. L’une des premières conditions de la réussite de la participation que l’on
peut relever dans la littérature scientifique est de former les intervenants sur les
questions d’empowerment, du pouvoir d’agir des jeunes, et que du personnel soit
dédié sur les postes d’animation de la participation collective. Souvent les profes-
sionnels mettent en avant qu’ils sont soumis à des cadences de travail telles qu’ils ne
sont pas en mesure de s’occuper des espaces de participation collective. Au Québec,
les animateurs des comités des résidents ont une partie de leur fiche de poste qui est
consacrée à ces temps de participation des jeunes. Ceux qui s’occupent des comités
des usagers rassemblant les représentants de chaque comité de résidents sont, de
leur côté, à temps plein sur ce poste, permettant une continuité et une permanence
de la participation des jeunes, sur plusieurs années. Cela a pu se faire par l’impulsion
forte d’un directeur de la protection de la jeunesse sensible à cette question. Pour ce
qui est de la participation individuelle des enfants et des jeunes dans la mesure de
protection de l’enfance, celle-ci est inscrite dans certains outils d’accompagnement
comme le Projet pour l’enfant (PPE), qui a été institué par la loi 2007 et précisé dans
la loi 2016, mais des départements sont en retard sur son application.
En effet, l’instauration de la participation des jeunes dépend aussi, au niveau
plus institutionnel, de l’engagement des gestionnaires et des chefs de service qui
occupent une place centrale dans toute stratégie de changement. Ainsi, comme le
constate Marc Noël (2008) dans le cadre des CVS, les chefs de service « estiment que
pour que les jeunes soient acteurs, il faut que les adultes le soient aussi. L’émanci-
pation des jeunes passe par leur propre émancipation. Ils sont toutefois conscients
que les outils de participation peuvent devenir des armes dont, faute de soutien de
la direction générale, ils deviendraient les victimes. Ces craintes se manifestent dans
le cadre hésitant et peu formel de ce conseil : périodicité irrégulière des séances,
approximation des horaires, imprécision des prérogatives des représentants ou
manque de compte rendu et de traces écrites ».
La littérature montre qu’il faut aussi que les intervenants soient associés au
fonctionnement institutionnel et que leur soit donnée plus d’autonomie dans leur
travail pour que la participation des enfants et des jeunes puisse réellement se
réaliser. L’ensemble du système de protection de l’enfance repose sur une logique de
contrôle des risques pour les jeunes pris en charge et les intervenants sont fortement
contraints dans le cadre de leurs pratiques. Des travaux, notamment ceux d’Hélène
Join-Lambert, soulignent que l’autonomie et la participation des jeunes sont liées

38 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

à l’autonomie concédée aux professionnels dans le cadre de leur travail (Join-


Lambert, 2006). Elle montre qu’en Allemagne, les jeunes en foyer peuvent décider
du planning du service, de leurs menus, des aspects de leur vie en groupe, les éduca-
teurs peuvent se permettre cela sans qu’ils en soient inquiétés, car le contexte légis-
latif et l’approche théorique qui sous-tendent les pratiques vont dans ce sens.
Le développement des ressources pratiques et politiques est au cœur de la péren-
nisation de ces dispositifs. Les freins proprement organisationnels de la participa-
tion collective des jeunes en protection de l’enfance sont : les freins financiers, le
manque de temps des intervenants lié à la charge de travail qui s’alourdit au fil des
années, les sous-effectifs dans les services. L’une des conditions de la réussite de la
participation collective est tout d’abord de l’inscrire à tous les niveaux de décisions
du système de la protection de l’enfance (Join-Lambert, 2006). Il s’agit de développer
un système structurel qui rende possible la participation, à la fois aux niveaux indivi-
duels, organisationnels et politiques. Pour certains auteurs, cela ne doit pas rester
une activité isolée ou ne se réaliser qu’à travers le rassemblement d’un seul groupe
ou de comités consultatifs de jeunes. Cette participation doit s’inscrire dans une
approche holistique, c’est-à-dire incorporée à chaque niveau du système de protec-
tion de l’enfance (Dupuis, Mann-Feder, 2013).
Conclusion
L’ensemble de ces développements vise à considérer l’interdépendance des
formes de participation (individuelle, collective), des niveaux de participation (à la
vie quotidienne, à l’élaboration des décisions relatives au parcours, à l’institution) et
des dimensions qui contribuent à rendre significative cette participation.
Les conditions d’une mise en œuvre effective de la participation dépendent de
changements à tous les niveaux du système de la protection de l’enfance, de la direc-
tion aux praticiens de première ligne. Si l’analyse des conditions et obstacles à la
participation des jeunes doit prendre en compte le rôle des professionnels et la
nature même de la protection de l’enfance, elle ne doit pas faire l’impasse sur l’ana-
lyse des jeunes eux-mêmes qui s’engagent dans des dispositifs, car il existe des dispo-
sitions à s’engager chez les jeunes qui sont activées selon les contextes traversés.
Ainsi, est-il possible de dégager plusieurs dimensions rendant cette participation
effective : le changement de paradigmes alimentant les pratiques des professionnels,
la socialisation à la participation et à l’engagement des jeunes pris en charge par la
protection de l’enfance, l’information qui leur est donnée, le rôle des professionnels
comme « bougie d’allumage » (Morissette, Greissler, René, 2015) de la participation
des jeunes, l’implication des jeunes à toutes les étapes du processus de participation
et enfin le rôle clé du portage politique et institutionnel dans la participation. Cette
liste n’est pas exhaustive, mais il nous a semblé que ces axes étaient parmi les plus
cruciaux pour une participation effective et pérenne.
Les opportunités de participation constituent des « expériences habilitantes37»
pour ces jeunes. Ces expériences produisent des effets sur les processus décision-
nels ainsi que sur les individus qui y sont impliqués. Dans l’étude de Cath Larkins en

37. On entend par expériences habilitantes «  des évènements, des occasions, des circonstances qui
permettent aux personnes d’accroître » leur développement du pouvoir d’agir, « à travers l’utilisation de
leurs capacités et de leurs compétences » (Girard, K., Miron, J.-M. & Couture, G. [2014]. Le développement
du pouvoir d’agir au sein des relations parents-professionnels en contexte d’intervention précoce.
Phronesis, 3[3], 55).

Observatoire national de la protection de l’enfance 39


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

2019, les enfants et jeunes interrogés ont mentionné à plusieurs reprises le senti-
ment de pouvoir contribuer à des activités et de provoquer un changement. Il s’agit
pour eux de considérer que leur participation peut « faire la différence ». Ils expri-
ment l’effet que ces activités (participer à la conception, à l’inspection ou l’évalua-
tion des services, créer des groupes de soutien, agir sur les pouvoirs publics) ont
pu avoir sur eux : compenser les épreuves antérieures, augmenter leurs capacités
individuelles et se sentir impliqués dans les transformations sociales.
En effet, la participation peut tout à la fois être vectrice d’émancipation, de justice
sociale, de démocratie. Toutefois, elle peut aussi, dans une approche plus libérale,
être comprise comme une nouvelle injonction visant à responsabiliser les individus,
déconnectant ainsi leurs expériences des facteurs économiques, sociaux et environ-
nementaux et pouvant rendre également plus vulnérables les jeunes à qui on n’a pas
proposé de formations et ressources suffisantes pour pouvoir participer.
Néanmoins, la diffusion d’une culture de la participation dans le système de
la protection de l’enfance a toute son importance et contribue aussi à ce que
les enfants pris en charge développent lors de leur entrée dans l’âge adulte tout
autant leur citoyenneté politique que leur capacité à s’insérer socialement et
professionnellement.

40 Observatoire national de la protection de l’enfance


⚙ Observation
⚙ des pratiques
départementales :
les étapes clés
│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

L’ONPE a mené un travail collaboratif avec huit départements ayant mis en place
ou préfiguré des démarches de participation collective avec des enfants. Ces huit
départements (l’Allier, la Gironde, l’Ille-et-Vilaine, l’Isère, le Nord, Paris, le Puy-de-
Dôme et les Pyrénées-Orientales) ont été identifiés à partir d’une part, de l’enquête
nationale menée par l’ONPE auprès des ODPE en France38, et d’autre part, d’une
veille documentaire et de remontées d’informations de professionnels de terrain.
Les démarches observées au sein de ces territoires n’ont pas toutes le même
format ni le même niveau d’avancement. Les départements des Pyrénées-Orien-
tales, de la Gironde et du Puy-de-Dôme ont installé des instances pérennes de parti-
cipation collective des enfants protégés, toutes trois rattachées à l’ODPE depuis
respectivement 2017, 2019 et 2022. Dans les départements de l’Isère et de l’Allier,
des instances participatives avec les enfants ont été initiées respectivement en 2019
et en janvier 2021. Cependant, pour ces deux départements, les espaces partici-
patifs n’étaient pas, à la date de réalisation de l’enquête, formellement rattachés à
l’ODPE. L’Observatoire parisien de la protection de l’enfance a, quant à lui, réalisé en
2020 une étude sur le vécu de la crise sanitaire par les enfants et les professionnels
de l’ASE (Capelier et al., 2022). Le volet de l’étude relatif aux enfants a retenu une
méthode participative associant un groupe de 13 enfants à chacune de ses étapes.
Enfin, les départements du Nord et de l’Ille-et-Vilaine n’ont pas encore mis en place
d’espaces participatifs à destination des enfants accompagnés mais ont souhaité se
donner le temps de réaliser un diagnostic préalable.
L’ONPE a mené des entretiens avec des référents ODPE mais aussi avec certains
professionnels impliqués dans l’accompagnement de ces démarches (directeurs
enfance famille, chercheurs, psychologues, éducateurs spécialisés, animateurs
spécialisés dans l’animation de conseil des jeunes, etc.). Par ailleurs, en complément
de ce travail d’observation et d’analyse des pratiques, l’ONPE a organisé en octobre
2022 un focus group auquel ont pris part 6 des 8 départements participants. Il s’agis-
sait de permettre un échange collectif visant à partager le savoir expérientiel de ces
acteurs, ainsi que les réflexions et besoins soulevés par ce type de démarches au
niveau local. 
Le matériau recueilli a permis de mieux cerner les étapes dans la construction
d’une démarche de participation collective, de mettre en évidence des enjeux
communs soulevés par la mise en place de telles démarches au sein des dépar-
tements, mais aussi d’identifier les principaux leviers et les difficultés qui peuvent
survenir dans leur mise en œuvre. Le travail d’analyse et de synthèse réalisé dans
cette publication s’attache à mettre en perspective des pratiques émergentes en
matière de participation collective repérées sur ces territoires.
Plusieurs documents ressources à destination des départements ont par ailleurs
été développés. Il s’agit de la description de trois démarches de participation
collective mises en place au sein des ODPE de Gironde, du Puy-de-Dôme et des
Pyrénées-Orientales. Les démarches engagées sur ces territoires n’ont pas encore
fait l’objet d’évaluations soutenues. Pour autant, elles présentent des actions collec-
tives consolidées, étayées sur une méthode de travail rigoureuse, et ancrées au sein
de l’ODPE. Ces documents ressources, préalablement amendés et validés par chacun
des départements concernés, donnent à voir les étapes concrètes de la construction
de ces démarches, mais aussi les enjeux qu’elles soulèvent en fonction des contextes

38. https://onpe.gouv.fr/system/files/publication/note_odpe_2020.pdf

44 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

locaux, ainsi que la diversité des modalités d’action. Des documents supports utilisés
dans ces démarches de participation collective sont également mis à disposition
(téléchargeables en ligne), tels qu’un règlement de fonctionnement, des flyers de
présentation et des courriers à destination des enfants.
Dans les développements suivants, le matériel recueilli dans les échanges avec
les huit départements est présenté en reprenant la démarche dans son ensemble,
de la définition des premiers objectifs à la mise en place de l’espace participatif.
Des données ont également été recueillies sur la phase de suivi et d’évaluation. Il
s’agit notamment d’identifier et d’apporter des éléments de réponses aux questions
que les professionnels notamment ceux des ODPE et des directions enfance famille
peuvent être amenés à se poser dans la conception et la mise en œuvre de ces
démarches. Quel sont les objectifs assignés à ces démarches ? Comment répondent-
elles aux droits et aux besoins des enfants protégés ? Quelle est la place des diffé-
rents acteurs dans le pilotage  de la démarche ? Comment concevoir un espace
inclusif et non discriminant ? Comment penser l’organisation des rencontres afin
de favoriser l’accessibilité et la pérennité de la démarche ? Comment garantir le
cadre et la sécurité de la démarche pour les enfants ? Quelles modalités d’anima-
tion privilégier pour favoriser la liberté de parole ? Comment penser le public cible
et les modalités de la restitution des travaux des enfants ? Enfin, quels sont les effets
de ces démarches sur les pratiques professionnelles et les politiques publiques, et
sur les enfants eux-mêmes ? Pour répondre à ces questions, huit étapes ont été
identifiées.

Figure 3 Les étapes structurantes d’une démarche de participation collective des enfants

Pilotage institutionnel
Objectifs de la démarche et portage politique
et élaboration d’un premier diagnostic

Construction de l’espace
participatif

Suivi et évaluation

Cadre spatial et
Restitution des travaux des temporel des
enfants et suites données rencontres

Animation des séances


Cadre et garanties entourant
la démarche

Observatoire national de la protection de l’enfance 45


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Objectifs de la démarche et élaboration d’un premier diagnostic


⚙⚙
Pour que la démarche fasse sens pour l’ensemble des acteurs, au premier rang
desquels les enfants, il est essentiel de définir précisément le périmètre et les
objectifs de la participation et que ces derniers soient compris par les enfants voire
coconstruits avec eux (Conseil de l’Europe, 2020).
Définition des objectifs
Les objectifs de ces démarches tels que les départements les envisagent sont
de nature plurielle : garantir le droit à la participation, améliorer les politiques et
les pratiques, ou encore répondre à un besoin d’interconnaissance des enfants.
Ainsi, ces démarches s’attachent d’une part, à développer la participation directe
des enfants et à renforcer leur pouvoir d’agir, d’autre part à considérer leur point de
vue et à répondre à cette expression par des actions concrètes. Il s’agit en d’autres
termes de s’appuyer sur la prise en compte de l’expertise d’usage et des propositions
des enfants et des jeunes pour alimenter la réflexion et les axes de travail des acteurs
de la protection de l’enfance autour de certains documents stratégiques (schémas
départementaux de protection de l’enfance, feuille de route départementale, etc.).
Les propositions des jeunes peuvent également venir alimenter la réflexion et les
échanges au sein des instances de l’ODPE, notamment lors des plénières.
Il est à noter que les initiatives départementales étudiées s’insèrent dans des
contextes différents, par exemple dans le cadre des travaux préparatoires sur le
schéma départemental de la protection de l’enfance39, d’un échange ouvert sur les
politiques publiques et les pratiques professionnelles40 ou d’une étude sur un thème
défini41. Quel que soit le contexte local, l’ensemble des démarches étudiées visent
in fine à garantir l’effectivité du droit des enfants à la participation tel que défini par
les normes juridiques internationales42. Aussi, il apparaît important que les objectifs
soient définis au regard des droits des enfants et plus largement de leurs besoins.
Un objectif secondaire de ces démarches mentionné par certains départements
est de répondre au besoin d’interconnaissance des enfants confiés et de favoriser
le développement chez ces derniers d’un sentiment d’appartenance à une commu-
nauté d’expérience. Les enfants accueillis chez un assistant familial sont plus parti-
culièrement ciblés. En effet, ces derniers disposent d’occasions de rencontres moins
nombreuses avec des enfants confiés en comparaison avec les enfants accueillis en
établissement. En rendant possible la rencontre et le partage d’expériences entre
jeunes dans la même situation, les espaces participatifs offrent aux enfants accueillis
chez un assistant familial l’opportunité d’interagir avec leurs pairs sans risquer d’être
exposés à la stigmatisation43, tout en contribuant plus globalement à lutter contre
l’isolement de ces derniers.
En permettant aux enfants de s’exprimer de façon directe sur leurs parcours, leurs
conditions d’accueil et leurs expériences quotidiennes, la participation collective au
sein des ODPE apparaît complémentaire d’autres formes de participation collective

39. Par exemple, dans le département de l’Isère.


40. Par exemple, dans le département de l’Allier.
41. À Paris. https://onpe.gouv.fr/ressources/rapport-ville-paris-lexperience-confinement
42. Article 12 de la Convention internationale des droits de l’enfant.
43. Rogers, J. (2017). “Different” and “Devalued”: managing the stigma of foster-care with the benefit of
peer support. British Journal of Social Work, 47(4), 1078-1093.

46 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

des enfants et des jeunes telles que celles déployées par les Adepape ou au sein
des CVS. Certains départements envisagent une articulation entre ces différentes
formes de participation. Ainsi, dans le département des Pyrénées-Orientales, un des
objectifs de la démarche était d’impulser un processus de participation en chaîne,
intégrant non seulement les apports des participants mais aussi les témoignages
d’autres enfants présents sur le lieu d’accueil, notamment des témoignages issus
des échanges en CVS44.
Démarche diagnostique
Pour identifier plus précisément les besoins des enfants sur le territoire dépar-
temental, les leviers et les obstacles à leur participation, il apparaît approprié de
s’appuyer sur une démarche de diagnostic. Ces démarches semblent d’autant plus
pertinentes qu’elles associent étroitement les enfants et les professionnels. La réali-
sation de tels diagnostics demande donc du temps. Dans certains départements, le
souhait de l’ODPE de réaliser un diagnostic ou une étude préalable au stade de la
construction du projet s’est heurté aux contraintes de temps dictées par le calen-
drier politique et institutionnel. D’autres départements ont fait le choix de différer le
lancement du projet afin de mener à bien un diagnostic partagé.
Plusieurs départements se sont appuyés sur des universités partenaires pour
construire leurs réflexions. À titre d’illustration, l’ODPE d’Ille-et-Vilaine s’est engagé
dans un projet de diagnostic en lien avec une université afin de préciser le cadre
dans lequel cette démarche pourrait s’insérer et les éventuels points de vigilance au
regard des spécificités départementales. Pour ce faire, le département a mobilisé un
partenariat avec une UFR de sociologie de l’université de Rennes 2. Les étudiants du
master intervention et développement social ont ainsi réalisé un premier diagnostic
sur la base d’un état des connaissances sur le sujet et d’un recueil de témoignages
auprès de cinq ODPE engagés dans des démarches de participation collective des
enfants protégés. Ils ont ainsi élaboré trois scenarii en vue de recueillir la parole des
enfants protégés sur le territoire45. Le document final a été restitué aux profession-
nels à l’occasion d’un comité technique réunissant les membres du groupe de travail
« participation » mis en place par l’ODPE46.
Dans le département du Nord, la direction enfance famille a lancé en amont de la
construction d’une démarche participative deux enquêtes sur le thème de la parti-
cipation collective à destination des enfants confiés en structures d’accueil collectif
et en accueil familial et des professionnels qui les accompagnent. L’objectif du
questionnaire auprès des enfants était d’associer ces derniers au stade des réflexions
préalables à la constitution d’un espace participatif afin d’identifier en amont de la

44. Voir le document ressource comité des jeunes de l’ODPE 66 et Baron, N. & Greiveldinger, N. (2019).
Prendre en compte la parole des jeunes suivis en protection de l’enfance. Forum, 156, 7-15 [en ligne].
45. Le premier scénario, la « radio jeune », envisage la création d’une radio qui permettrait à l’ODPE de
recueillir la parole de jeunes au sein de cinq foyers avec l’objectif de mieux cibler leurs problématiques
et permettre un partage d’expériences autour de leurs questionnements et intérêts. Le second scénario,
le «  labo des engagés  » repose sur  la mise en place d’ateliers d’échanges sur la base de thématiques
définies par l’ODPE puis validées par les jeunes, qui seront ensuite mis en œuvre au sein de huit unités
territoriales. Le troisième et dernier scénario, le « parlement des jeunes » consiste à créer des conseils
d’élus représentatifs de la parole des jeunes au sein des unités territoriales en vue de favoriser une
participation démocratique.
46. Ce groupe de travail était composé de différents professionnels de la protection de l’enfance : chef de
service vie sociale, conseillère en travail social, chargée mission direction enfance famille, élue en charge
de la protection de l’enfance, etc.

Observatoire national de la protection de l’enfance 47


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

mise en place du projet les thèmes sur lesquels ils souhaitaient s’exprimer et ainsi
d’être au plus près de leurs attentes. Pour élaborer les questionnaires, les profession-
nels de l’ODPE du Nord ont bénéficié du soutien de la conseillère scientifique auprès
de la directrice générale adjointe, doctorante en sciences de l’éducation et ancien-
nement bénéficiaire d’une convention Cifre47.
À Paris, où le projet a pris la forme d’une étude sur le thème du vécu du confi-
nement48, le recrutement à l’Observatoire parisien de la protection de l’enfance
(OPPE) d’une doctorante, également en contrat Cifre, dont les travaux sont directe-
ment axés sur la participation des enfants en protection de l’enfance, a contribué à
renforcer l’expertise scientifique de l’observatoire sur le sujet et à nourrir la réflexion
sur la démarche des apports de la littérature nationale et internationale. Les enfants
ont été associés à plusieurs étapes du processus, de la définition de la méthodologie
au recueil et à l’analyse des données et à la diffusion des résultats. La présence d’une
doctorante a permis en outre de disposer d’une personne particulièrement quali-
fiée, dédiée au projet et à son animation.

⚙ Pilotage institutionnel et portage politique



Si l’ODPE joue souvent un rôle central dans le pilotage de la démarche, l’asso-
ciation des professionnels et le soutien des élus apparaissent déterminants pour la
réussite de ces initiatives.
Le rôle de l’ODPE dans le portage et le pilotage de la démarche
Dans plusieurs départements enquêtés, les démarches participatives sont portées
et pilotées par l’ODPE, le plus souvent avec le soutien de la direction enfance famille.
Il n’est pas rare que l’ODPE soit à l’initiative de la démarche. Le lien entre l’espace
participatif et l’ODPE est parfois très étroit. Par exemple, il arrive que le conseil ou
comité des jeunes soit membre constitutif de ce dernier. Dans le département de
l’Allier, la démarche fait l’objet d’un portage plus transversal impliquant plusieurs
directions départementales (direction générale adjointe des solidarités, direction
enfance famille, direction éducation jeunesse). Ce choix permet non seulement de
s’appuyer sur l’expertise du département en matière de participation collective des
jeunes en population générale du fait de l’existence antérieure d’un conseil dépar-
temental des jeunes mais aussi de mobiliser l’ensemble de la collectivité autour du
projet. Le département de l’Isère a choisi quant à lui de confier le pilotage et la mise
en œuvre de la démarche à une association d’éducation populaire, les Francas. Cette
décision s’est matérialisée par la signature d’une convention avec les Francas. Le
département motive le choix des Francas par leur savoir-faire en matière de recueil
de la parole des personnes accompagnées49.
Si le rôle du référent ODPE dans le pilotage de la démarche peut varier d’un dépar-
tement à l’autre, il en assure fréquemment le pilotage et la gestion administrative
(planification des séances, envoi des courriers, gestion des aspects logistiques,

47. Pour rappel, ces conventions sont le fruit d’un partenariat entre le département, une université et
l’ANRT et permettent aux départements d’accueillir des chercheurs en protection de l’enfance notamment
https://www.anrt.asso.fr/fr/le-dispositif-cifre-7844 ; voir également la note sur l’état des lieux des ODPE
comportant un focus sur l’accueil de jeunes chercheurs en contrat Cifre [en ligne].
48. https://onpe.gouv.fr/ressources/rapport-ville-paris-lexperience-confinement
49. Les Francas sont également impliqués dans l’animation du conseil des jeunes de la protection de
l’enfance du département de la Gironde.

48 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

outils de communication, etc.)50. Outre le référent ODPE, le pilotage de la démarche


mobilise les professionnels et institutions membres de l’ODPE. Dans certains dépar-
tements, la démarche a fait l’objet d’une co-construction avec ces derniers, dans le
cadre de comités de pilotage, de comités techniques dédiés à la démarche ou de
groupes de travail constitués à cet effet au sein de l’ODPE. Ces instances de travail
peuvent rassembler des cadres du département, des directeurs d’établissement, des
travailleurs sociaux, des psychologues, des universitaires, et dans certains cas, des
représentants de l’institut régional du travail social (IRTS) et des Adepape.
Sensibilisation et implication des professionnels
D’après plusieurs professionnels interrogés, le travail d’information et de sensibi-
lisation des professionnels (professionnels des établissements, assistants familiaux,
référents ASE) est essentiel pour garantir leur implication et leur permettre de
porter et relayer le projet auprès des jeunes. Ce travail de sensibilisation s’appuie
notamment sur la diffusion des outils de communication sur le projet (plaquettes de
présentation, flyers) auprès des professionnels et sur des temps de présentation de
la démarche auprès des cadres des lieux d’accueil (chefs d’établissement et chefs de
service d’accueil familial). Dans certains cas, les porteurs de projet se déplacent sur
les territoires pour présenter la démarche aux professionnels concernés. Les témoi-
gnages recueillis montrent l’importance pour assurer la pérennité de la démarche
de maintenir ces efforts de communication dans la durée.
Certains départements ont fait le choix d’associer des professionnels au contact
des enfants dès la conception du projet. Par exemple, à Paris, un groupe ressources
de professionnels (comprenant des professionnels de lieux d’accueil parmi lesquels
une assistante familiale) a été constitué pour soutenir la démarche. L’existence de
ce groupe initialement pensé pour partager des expériences a représenté un apport
décisif dans la mobilisation les enfants.
L’Allier est le seul département des huit rencontrés à avoir décidé de privilégier
l’implication des référents d’enfants confiés (référents ASE) dans le groupe projet.
Dans les autres départements, la démarche semble moins bien appropriée par
les référents ASE que par les professionnels des lieux d’accueil. La sensibilisation
et l’implication des référents ASE apparaît pourtant un élément important pour
leur permettre de porter la démarche auprès des enfants, en particulier pour ceux
accueillis chez un assistant familial, mais aussi auprès des familles.
Un portage politique essentiel
Un soutien politique fort apparaît comme une condition fondamentale de réussite
et un levier à la mise en place de ces démarches. En effet, le soutien des élus est essen-
tiel pour donner de la visibilité à la démarche, la faire connaître, mais aussi favoriser
l’attention portée à la parole des enfants, recueillie via l’ODPE. Il s’agit aussi d’assurer
la mobilisation des moyens humains et matériels nécessaires51. Dans certains dépar-
tements, les élus sont convaincus de l’intérêt de telles démarches participatives et
en sont à l’initiative. Certains font même de la participation des enfants protégés

50. Voir les trois documents ressources sur les démarches participatives, comportant chacun un encart
« Rôle et implication de l’ODPE dans la démarche ».
51. Larkins, C., Kiili, J., & Palsanen, K. (2014). A lattice of participation: reflecting on examples of children’s
and young people’s collective engagement in influencing social welfare policies and practices. European
Journal of Social Work, 17(5), 718-736.

Observatoire national de la protection de l’enfance 49


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

une priorité politique et soutiennent son inscription dans le schéma départemental


de protection de l’enfance. Les témoignages recueillis indiquent également que
certains élus ont été impliqués dans les groupes de travail et comités de pilotage de
la démarche. La mobilisation des élus se traduit enfin par leur présence auprès des
jeunes sur les temps forts de la démarche par exemple lors des séances inaugurales
ou des temps de restitution. Dans d’autres cas, c’est l’ODPE ou la direction enfance
famille qui ont porté la démarche et développé des argumentaires pour convaincre
les élus.

⚙ Construction de l’espace participatif



Si le nombre d’enfants participant est très variable, tous les départements étudiés
ont privilégié des petits groupes pour les temps de travail afin de favoriser la qualité
des échanges. Les départements ont soulevé plusieurs enjeux en lien avec la mixité
des profils au sein des groupes.
Nombre de participants et taille des groupes
Le nombre d’enfants participant varie d’une dizaine à une centaine de membres
selon les départements. Le choix d’un petit nombre de participants, s’il présente
des avantages en matière d’organisation, présente aussi l’inconvénient de limiter la
diversité des enfants concernés – profils, besoins, ou encore parcours – et, de fait,
leur représentativité. Cependant, un grand nombre de participants nécessite davan-
tage de ressources notamment pour assurer l’animation. Quel que soit le nombre
d’enfants in fine retenu, la mise en place de petits groupes semble nécessaire pour
garantir la liberté de parole et la qualité des échanges. Une organisation en petits
groupes facilite également la gestion de la dynamique de groupe. Ainsi, dans les
départements où le nombre de participants est important, le travail s’opère dans
des commissions de travail plus restreintes, organisées par thématique ou par terri-
toire. Une telle organisation conduit à démultiplier les groupes et donc les anima-
teurs. Elle nécessite aussi la définition de procédures adaptées pour garantir que
la parole des enfants soit entendue et retranscrite dans les mêmes conditions, y
compris lorsqu’elle est synthétisée par les animateurs.
Sélection des participants
Les instances internationales rappellent l’importance, lors de la constitution de
l’espace participatif, d’adopter une approche inclusive afin de ne pas restreindre
d’emblée le droit à la participation de certains enfants52. En pratique, les ODPE
posent néanmoins certains critères objectifs de sélection des enfants participant
parmi lesquels le sexe (avec une recherche de parité), le territoire (représentation
des différents territoires à l’échelle infra-départementale), la diversité des modes de
prise en charge, mais aussi l’âge.
Sur ce dernier point, une partie des départements ont fait le choix de se centrer
sur un public mineur tandis que d’autres ont fait le choix d’inclure des jeunes
majeurs, parfois même des jeunes adultes sortis du dispositif afin de bénéficier
de leur témoignage sur leur expérience. Ainsi, la limite haute peut varier, de 18 à

52. Observation générale du comité des droits de l’enfant n°12(2009) relative au droit de l’enfant d’être
entendu  ; Écouter – Agir – Changer : Manuel du Conseil de l’Europe sur la participation des enfants à
l’usage des professionnels travaillant pour et avec les enfants, 2020.

50 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

28 ans. La limite basse se situe généralement de 8 à 10 ans. Plusieurs départements


justifient cette limite au regard des capacités des enfants à pouvoir s’exprimer dans
des groupes rassemblant des enfants d’âges divers. S’il est souhaitable que tous
les enfants y compris les plus jeunes soient invités à participer, la participation
de ces derniers nécessite d’adapter le rythme de travail, le cadre et les modalités
de la participation à leur âge et à leurs capacités langagières et de s’appuyer sur
des formes non verbales de communication (dessin, peinture, langage corporel,
activités ludiques, etc.).
Par ailleurs, plusieurs professionnels interrogés ont noté que la mixité des âges
au sein des groupes avait occasionné des difficultés, contribuant parfois à la démoti-
vation des enfants appartenant aux tranches d’âges sous-représentées au sein du
groupe. De la même façon, une recherche a précédemment montré que la présence
de « différences d’âges importantes » au sein des groupes pouvait occasionner un
« décalage » et des « conditions peu propices à la bonne et égale possibilité d’expres-
sion de tous les enfants » (Daran et al., 2013). Organiser des groupes homogènes
en termes d’âge permettrait d’adapter le cadre de la participation et les modalités
d’animation à l’âge des enfants (Daran et al., 2013).
En ce qui concerne le profil des participants, la part des enfants confiés en établis-
sement et ceux en accueil familial au sein du groupe est variable d’un département
à l’autre. Un département identifie des obstacles spécifiques au recrutement des
enfants accueillis chez un assistant familial (contraintes logistiques pour les assistants
familiaux et difficultés à sensibiliser les assistants familiaux et les référents ASE). Il
apparaît important d’anticiper ces facteurs limitants afin d’associer ces enfants qui
ont souvent moins de contacts avec leurs pairs, en comparaison de ceux accueillis
en établissement.
Seul le département de Paris a fait le choix d’inclure dès l’origine de la démarche
des enfants confiés et suivis en milieu ouvert. Les autres départements interrogés
ont fait le choix de se limiter aux enfants confiés, même si certains n’excluent pas
d’ouvrir un jour le recrutement aux enfants suivis en milieu ouvert. Deux facteurs
sont principalement avancés par les départements interrogés pour expliquer ce
choix : la perception d’un besoin plus important de tels espaces chez les enfants
confiés en raison du contexte de séparation du milieu familial, mais aussi, d’un
point de vue logistique, une plus grande facilité d’accès à ce public. En outre, le
fait de réunir des enfants bénéficiant de prises en charge différentes – accueil et
interventions en milieu ouvert – au sein des groupes fait débat, en raison de leurs
expériences de vie différentes, dont découlent des préoccupations différentes. En
outre, selon certains professionnels, la confrontation de ces expériences distinctes
pourrait s’avérer douloureuse pour certains enfants.
Le fait de réunir des enfants dans la même situation peut favoriser le développe-
ment d’une communauté d’expérience et la constitution d’une identité et de savoirs
de groupe. De manière complémentaire, l’expérience parisienne a montré que la
diversité interne au sein du groupe d’enfants a permis aux enfants de découvrir les
différentes prises en charge en protection de l’enfance et de prendre conscience de
la variété des mesures de protection de l’enfance. Par ailleurs, la mixité du groupe a
favorisé l’expression des enfants sur leurs préoccupations quotidiennes au-delà de
la prise en charge ASE.

Observatoire national de la protection de l’enfance 51


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Recrutement des participants


Les modalités de recrutement des participants sont variables. Dans certains dépar-
tements les jeunes ont été recrutés par le biais d’un appel à candidatures diffusé
par un courrier nominatif adressé sur leurs lieux d’accueil53. Dans d’autres départe-
ments, les jeunes ont été recrutés par l’intermédiaire des professionnels des lieux
d’accueil. À Paris, l’OPPE s’est appuyé sur le réseau des professionnels du groupe
ressources pour constituer le groupe d’enfants. Même quand le recrutement s’opère
par courrier, les professionnels jouent fréquemment un rôle d’accompagnement de
la démarche auprès des jeunes. Quand ces relances s’effectuent de manière ciblée à
destination des jeunes que les professionnels jugent les plus à même de participer,
il existe un risque de biais de sélection, conduisant à laisser de côté les jeunes qui
seraient les plus en difficulté comme ceux ayant des troubles du comportement
importants. Au regard des éléments présentés précédemment, issus notamment de
la recherche, il apparaît important de pouvoir penser les modalités de recrutement
et les biais éventuels pour garantir le respect des principes d’inclusion et de non-dis-
crimination et assurer une diversité des profils au sein du groupe.
Les départements rencontrés rapportent une certaine diversité des publics au sein
des espaces participatifs. Un département a souligné l’intérêt d’inclure les jeunes les
plus en difficulté à ces démarches au regard de l’effet bénéfique de la diversité des
profils sur les dynamiques de groupe et la réflexion collective. Plusieurs départe-
ments ont par ailleurs rapporté des difficultés à mobiliser les mineurs non accompa-
gnés, se traduisant par un fort absentéisme et des déperditions d’effectifs. La préca-
rité des conditions de vie de ces jeunes et l’urgence de leurs préoccupations sont
autant d’obstacles à leur engagement. Un travail de sensibilisation supplémentaire
et d’adaptation est nécessaire pour leur permettre de s’inscrire dans ces démarches.
Le besoin d’ajustements est présent également pour certains enfants en situation de
handicap. L’OPPE a indiqué avoir procédé à des aménagements pour répondre aux
besoins spécifiques d’un jeune non-voyant (avec notamment des temps de travail
en braille).
Certains départements ayant lancé des campagnes d’information large pour
permettre une sélection sur la base du volontariat des jeunes, ont été contraints
de ne pas retenir l’ensemble des candidatures. Dans cette hypothèse, il est impor-
tant d’avoir une attention particulière pour les enfants dont la candidature n’a pas
été retenue, afin de ne pas les décourager et préserver leur envie de candidater à
nouveau lors de prochaines démarches participatives. Ainsi les départements du
Puy-de-Dôme et de la Gironde adressent aux enfants un courrier afin de les remer-
cier de leur candidature, de leur expliquer le cas échéant les raisons pour lesquelles
celle-ci n’a pas été retenue54 et de leur communiquer un contact téléphonique et un
courriel au sein du département. En outre, certains départements ont mis en place
un mode de recueil de la parole des enfants, complémentaire à l’espace participatif,
ouvert à tous mais pensé plus particulièrement pour les enfants dont la candidature
n’a pas été retenue. Il peut s’agir d’une boite mail dédiée ou encore d’une plateforme
accessible sur le site internet du département pour faire remonter des avis. Lors du
focus group, les huit départements rencontrés s’interrogent sur la formule la plus

53. Voir par exemple le courrier d'inscription au conseil des jeunes de la protection de l'enfance en
Gironde.
54. Voir par exemple le courrier pour candidature non retenue au conseil des jeunes de la protection de
l'enfance en Gironde.

52 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

appropriée pour toucher l’ensemble des jeunes concernés, ou a minima un panel


aussi représentatif que possible en favorisant leur accès à des moyens leur permet-
tant de donner leur avis.

⚙ Cadre spatial et temporel des rencontres



Les lieux choisis pour les rencontres et la temporalité de ces dernières sont des
paramètres importants pour garantir l’accessibilité de l’espace participatif.
Lieux des rencontres
Selon les départements, l’organisation des rencontres peut être centralisée ou
décentralisée. Une partie des départements a fait le choix d’organiser les rencontres
au siège du département ce qui suppose des déplacements pour les enfants qui ne
résident pas sur place. D’autres départements ont fait le choix d’une organisation
décentralisée pour se rapprocher des lieux de vie des enfants et limiter les temps
de déplacement pour ces derniers et les professionnels qui les accompagnent. Par
exemple, le département des Pyrénées-Orientales a expérimenté des rencontres
itinérantes sur les sites des différents lieux d’accueil. Une telle organisation permet
d’aller vers les enfants participant mais aussi de se rapprocher des professionnels
et des enfants présents sur les lieux d’accueil qui ne participeraient pas au groupe
d’enfants afin de les sensibiliser à la démarche. Enfin, considérant que les locaux du
conseil départemental présentaient une forte connotation institutionnelle suscep-
tible d’entraver la liberté de parole, certains départements ont fait le choix de privilé-
gier le recours à des lieux considérés comme plus neutres tels que des lieux culturels
(théâtres ou musées). Ce choix permet en outre d’offrir aux enfants des opportu-
nités récréatives et de découverte culturelle, ce qui peut donner à l’espace partici-
patif un caractère attractif et favoriser l’assiduité des enfants concernés.
Durée de l’engagement
Comme souligné par les chercheurs, l’élaboration d’une parole collective prend du
temps. Elle suppose donc une continuité de l’action. Dans certains départements, la
durée de l’engagement proposé est limitée dans le temps, généralement pour une
durée d’une à deux années scolaires, éventuellement renouvelable. Dans d’autres, la
durée du mandat n’est pas limitée dans le temps, et l’engagement dure le temps de
la prise en charge. Dans certains cas, celui-ci peut même se poursuivre après la fin de
prise en charge. Cependant, la difficulté à maintenir la mobilisation des enfants dans
la durée a été soulignée, notamment à l’occasion d’une fin de prise en charge ou
d’un changement de lieu d’accueil. Ces changements, ou encore l’absence régulière
de certains jeunes aux rencontres, peuvent au fil du temps mettre en péril la péren-
nité de la démarche, conduisant les professionnels à s’interroger sur la manière de
construire ces démarches dans la durée. Anticipant ces difficultés, des départements
ont fait le choix d’une organisation souple avec possibilité d’entrée et de sortie des
enfants du groupe en fonction de leur motivation et de leurs contraintes.
Planification des rencontres
La prise en compte des besoins et des contraintes des enfants est déterminante
pour garantir l’accessibilité et la pérennité de la démarche de participation. Le temps
des enfants n’est pas celui des professionnels et des institutions. Bien souvent, les

Observatoire national de la protection de l’enfance 53


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

deux temporalités ne coïncident pas, ce qui nécessite des efforts de la part des profes-
sionnels pour s’adapter au rythme des enfants et à leurs contraintes quotidiennes.
Le plus souvent, les rencontres sont programmées sur des mercredis après-midi
afin de préserver les temps scolaires et les week-ends. Cependant, ce choix d’orga-
nisation ne règle pas toutes les difficultés, puisque les enfants pratiquent fréquem-
ment des activités de loisirs ou ont des rencontres en famille sur ce créneau horaire.
Un département ayant fait le choix initial du mercredi envisage ainsi d’organiser les
rencontres le samedi. Dans un autre département, les rencontres sont programmées
sur les temps des petites vacances scolaires pendant lesquels les jeunes seraient
davantage disponibles.
Le fait d’arrêter un calendrier prévisionnel très en amont semble également
favoriser la participation avec une organisation anticipée pour les jeunes au regard
de leurs différents rendez-vous (scolaires, familiaux, médicaux, et professionnels
pour les jeunes en stage ou contrat d’apprentissage) ainsi que pour les profession-
nels qui les accompagnent (généralement les professionnels des lieux d’accueil,
plus rarement les référents ASE, les personnes impliquées dans le projet ou des
services de taxi). L’organisation des rencontres doit toutefois conserver une certaine
souplesse pour laisser la possibilité d’opérer les ajustements nécessaires pour
s’adapter aux besoins des enfants et leur offrir un cadre approprié. Il est à noter
que ces démarches requièrent une grande disponibilité des professionnels impliqués
dans la démarche pour maintenir le lien avec les enfants et avec les professionnels
des lieux d’accueil, sans quoi il est difficile de mobiliser les enfants dans la durée.

⚙ Cadre et garanties entourant la démarche



L’information des enfants tout au long du projet, leur participation à l’élaboration
des règles de fonctionnement et une identification claire des rôles des différents
adultes contribuent à sécuriser la démarche pour les enfants.
Information des enfants sur le projet
Une information adaptée des enfants sur la démarche avant, pendant, et après
les séances (avec notamment un retour d’information sur les suites données à
leur participation) est identifiée par les recommandations internationales et par la
recherche comme une condition essentielle pour garantir une participation signifi-
cative des enfants. L’information contribue à sécuriser la démarche pour les enfants.
Elle conditionne également sa transparence et son intelligibilité. Dans les initiatives
étudiées, l’information des enfants sur le projet en amont de leur investissement
dans la démarche mobilise différents canaux et outils de communication, tels que
des courriers, des sites web55, des informations diffusées sur les réseaux sociaux,
des flyers56 ou encore des vidéos57. Associer les enfants à la conception des outils de
communication constitue un levier intéressant pour des outils bien adaptés (Conseil
de l’Europe, 2020).
Par ailleurs, lors des premières rencontres, plusieurs départements se sont
efforcés de proposer aux enfants participant des informations précises sur les droits

55. www.puy-de-dome.fr/social/enfance-jeunesse/conseil-des-jeunes-en-protection-de-lenfance.html
56. Voir les flyers de présentation du Puy-de-Dôme et de la Gironde.
57. Vidéos produites par le Puy-de-Dôme : www.youtube.com/watch?v=pQhablAoYG8 ; www.youtube.
com/shorts/K1V4SgXvYag ; www.youtube.com/shorts/VvrH0jUMFjk

54 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

de l’enfant, sur le dispositif de protection de l’enfance, les missions et compétences


du département et de ce qu’est un élu, un ODPE ou encore un schéma, les objec-
tifs et le fonctionnement de l’espace participatif, le cadre des échanges (liberté de
parole, confidentialité, non jugement), ainsi que sur le calendrier et l’organisation
des rencontres. S’il est bien sûr indispensable d’avoir un temps d’information et
de sensibilisation des jeunes sur ces questions au début du projet, cette exigence
s’applique également à l’issue de la démarche (voir Restitution des travaux des
enfants et suites données).
Définition des règles de fonctionnement
Au-delà de l’information, la définition de règles de fonctionnement lisibles et
faciles à comprendre contribue aussi à sécuriser les échanges, et à favoriser l’émer-
gence d’une parole collective. Ces règles ont trait d’une part à la politesse et au
respect entre participants et d’autre part à la confidentialité des débats et à la publi-
cité des prises de parole des jeunes : interdiction pour les jeunes de réaliser des
vidéos ou des photographies, anonymisation des comptes rendus, non diffusion
externe des témoignages filmés, publicité des prises de position des jeunes condi-
tionnée à leur accord préalable.
Ces règles de fonctionnement ont été formalisées par certains départements,
sous la forme d’une charte de fonctionnement ou d’un règlement intérieur. Dans
d’autres départements, les règles ont simplement été énoncées oralement lors de
la plénière d’ouverture et font l’objet de rappels au démarrage de chaque séance de
travail en commission.
Dans certains départements, le règlement intérieur a été soumis au vote des jeunes.
Dans d’autres, le règlement a été conçu par les enfants, avec l’appui des profession-
nelles58. Il semble intéressant pour la réussite de la démarche de coconstruire le
règlement avec les jeunes pour favoriser l’appropriation de son contenu mais aussi
pour poser les jalons d’une relation de confiance soutenant l’expression de tous.
Relation avec les animateurs et articulation
avec les professionnels du quotidien
La recherche a mis en évidence l’importance de la dimension relationnelle pour
permettre une participation effective des enfants59. Si les départements interrogés
s’accordent sur l’importance de la qualité de la relation avec les animateurs pour
favoriser l’implication des enfants dans la démarche, un point de vigilance a été
soulevé quant à la nécessité de bien identifier les places spécifiques des différents
adultes qui les entourent. Il s’agit, dans la plupart des démarches départementales,
de rappeler la place et le rôle de chacun : les animateurs sont dans l’échange et la
coconstruction ; les professionnels du lieu de vie accompagnent les enfants et restent
bien sûr les référents du quotidien. Ainsi, en cas de difficultés personnelles expri-
mées par un jeune, il est important que les animateurs reçoivent cette parole, sans
pour autant se substituer aux professionnels qui accompagnent l’enfant au quoti-
dien, et qu’ils puissent avertir rapidement les professionnels qui entourent l’enfant
(en informant ce dernier). Si l’animateur identifie par exemple un moment de fragi-
lité chez un jeune, suscité par la démarche ou qui n’aurait pas été repéré en amont,

58. Voir la présentation du comité des jeunes de l’ODPE 66 et de ses règles.


59. Gulbrandsen, L. M., Seim, S., & Ulvik, O. S. (2012). Barns rett til deltakelse i barnevernet: Samspill og
meningsarbeid. Sosiologi i dag, 42(3-4).

Observatoire national de la protection de l’enfance 55


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

il orientera les jeunes vers les professionnels du lieu d’accueil ou du service ASE. Par
exemple, dans le département des Pyrénées-Orientales, le cahier des charges de la
démarche prévoit qu’en cas de difficultés repérées les animateurs et les référents
institutionnels (référents ASE) se mettent en lien pour envisager une prise en charge
adaptée. La gestionnaire administrative de l’ODPE recueille et centralise à cette fin
les coordonnées des référents des enfants concernés.

Animation des séances


⚙⚙
Les départements ont opéré différents choix en matière d’animation. Il apparaît
pertinent d’associer les enfants et les jeunes à la définition des thématiques de
travail.
Profils des animateurs
Les choix opérés concernant l’animation sont déterminants pour favoriser
l’expression libre des enfants. Les animateurs peuvent varier en fonction des temps
de rencontre : en plénière, c’est-à-dire les temps réunissant l’ensemble des enfants
participant et les professionnels, et pendant les ateliers en commission, c’est-à-dire
les rencontres en petits groupes. Les rencontres en plénières sont le plus souvent
animées par les professionnels du conseil départemental (professionnels de l’ODPE,
de la direction enfance famille ou de la direction générale). Pour les ateliers ou
commissions spécialisées par thématiques ou par territoire, les profils des anima-
teurs sont plus variés. Il peut s’agir aussi bien de professionnels du conseil départe-
mental que de personnes extérieures au département. Dans les cas où des profes-
sionnels du conseil départemental sont impliqués dans l’animation des ateliers, il
s’agit généralement de professionnels qui n’interviennent pas dans les parcours des
enfants.
Dans un département, l’animation est entièrement extérieure au service de l’ASE
et a été confiée à une psychologue, rattachée à la mission innovations sociales du
pôle des solidarités du département et par ailleurs formée à la démarche de croise-
ment des savoirs et des pratiques d’ATD Quart Monde60, en binôme avec une profes-
sionnelle extérieure61. À Paris, l’animation du groupe d’enfants est assurée par un
binôme de professionnelles composé d’une doctorante en contrat Cifre et d’une
chargée de mission, toutes deux rattachées à l’OPPE.
Seul un département a fait le choix de retenir une animation par les référents
ASE et les psychologues des services de l’ASE62. L’implication des référents ASE dans
l’animation peut leur permettre de porter le projet auprès des jeunes, d’entendre
leur parole et de développer une réflexion sur la manière dont ils exercent leurs
fonctions. En revanche, il convient de veiller à ce que leur présence ne fasse pas
obstacle à la libre expression des jeunes. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une
majorité de départements semblent favoriser une animation des groupes par des
professionnels qui n’interviennent pas dans le parcours des enfants, avec l’idée que

60. www.atd-quartmonde.org/wp-content/uploads/2015/07/Charte-du-Croisement-des-savoirs-ATD-
Quart-Monde.pdf
61. Voir le doc ressource sur la démarche participative du comité des jeunes de l’ODPE 66.
62. Ces professionnels assurent l’animation en binôme avec un animateur rattaché à la direction enfance
éducation jeunesse.

56 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

cela favorise la liberté de parole et permet de garantir une relative indépendance


de la démarche.
D’autres départements ont fait le choix de confier l’animation à des personnes
extérieures au département. Il peut s’agir d’animateurs professionnels salariés d’une
association d’éducation populaire et/ou de bénévoles, notamment des retraités et
anciens professionnels de la protection de l’enfance et des étudiants en droit63. Le
recours à des binômes ou des trinômes d’animateurs permet une complémentarité
des compétences et des expériences. Quel que soit le profil des animateurs, qu’ils
soient professionnels ou bénévoles, il apparaît important qu’ils soient formés à l’ani-
mation de telles démarches mais aussi qu’ils soient sensibilisés à l’organisation et au
fonctionnement de la protection de l’enfance.
Il est à noter que le recours à des ressources extérieures peut nécessiter des
budgets complémentaires (notamment lorsqu’il s’agit d’un partenariat avec une
association d’éducation populaire). La mobilisation de personnes extérieures peut
toutefois être intéressante pour développer les liens entre les jeunes et la société
civile. Si elle peut aussi être perçue comme une garantie d’indépendance et de
neutralité de l’espace participatif, cette neutralité reste toute relative. En effet,
quelles que soient les modalités de mise en œuvre de la démarche participative,
que celle-ci implique un partenariat associatif ou le recours à des bénévoles, l’action
menée demeure sous la responsabilité du département concerné, qui assure un
rôle de pilotage et de coordination de l’ensemble des acteurs intervenant dans la
démarche.
Supports et activités
L’effectivité de la participation passe également par la mobilisation de supports
et d’activités adaptés aux enfants dans leur diversité. Plusieurs départements ont
indiqué accorder une attention particulière aux premiers contacts avec les enfants.
L’objectif des premières rencontres est avant tout d’apprendre à se connaître, de
mettre les enfants en confiance, et d’amorcer une dynamique collective. Certains
départements distribuent à cette occasion du matériel aux enfants (par exemple
un sac à dos, un stylo, un carnet ou un cahier, une ardoise, une clé USB avec les
documents du Défenseur des droits64). Les départements rencontrés indiquent
que les animateurs mobilisent différents supports et activités tels que des activités
ludiques, des activités créatives, ou encore des témoignages enregistrés sous forme
de vidéo.
Dans plusieurs départements, la crise sanitaire a bousculé l’installation ou la
reprise des échanges en présentiel des enfants, conduisant certains départements
à recourir à des solutions de repli faisant appel aux outils numériques. Le recours à
la visioconférence a révélé la difficulté d’accès au numérique des enfants accompa-
gnés au titre de la protection de l’enfance (notamment au sein des lieux d’accueil).
En effet, les enfants n’avaient pas tous accès à un équipement numérique de qualité
satisfaisante et à une connexion internet permettant les échanges en visioconférence
à partir de leur lieu d’accueil. Toutefois, un département souligne l’intérêt d’utiliser à

63. Voir les docs ressources sur la démarche participative du conseil des jeunes en protection de l’enfance
du Puy-de-Dôme, et sur le conseil des jeunes de la protection de l’enfance de la Gironde.
64. //educadroit.fr/parcours-pedagogique ; www.defenseurdesdroits.fr/fr/outils/jeu-des-7-familles-
droits-de-lenfant

Observatoire national de la protection de l’enfance 57


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la fois des formats en présentiel et en distanciel, étant observé que certains enfants
prenaient davantage la parole en distanciel qu’en présentiel.
Définition des thématiques
Le degré de participation des enfants à la définition des thèmes travaillés est
inégal. Dans certains départements, les enfants opèrent un choix parmi des théma-
tiques prédéfinies par les adultes. Dans d’autres, les adultes amènent des propo-
sitions de thématiques auxquelles les enfants sont libres d’adhérer ou non. Dans
certains cas, les enfants avaient la possibilité de proposer des thèmes autres que
ceux envisagés par les adultes. Dans un département, ce sont les jeunes eux-mêmes
qui déterminent les thématiques avec l’appui de techniques d’animation spécifiques
visant à faire émerger leurs centres d’intérêt et à assurer une parole libre. Un dépar-
tement, tout en soulignant la nécessité de créer des espaces qui soient suffisam-
ment ouverts pour que les enfants puissent contribuer met en garde contre un degré
d’ouverture qui serait excessif. Il est important en effet de maintenir un cadre clair
pour éviter que les enfants ne se dispersent en dehors de l’objet des rencontres.
Construction d’une parole collective
Le passage d’une addition de récits individuels à une parole collective est un
processus complexe qui nécessite un accompagnement de la part des animateurs.
Pour donner un exemple concret, le département des Pyrénées-Orientales a mis
en place une démarche originale adossée à des fondements théoriques issus de la
démarche de croisement des savoirs et des pratiques65 (notamment le principe de la
construction de savoirs autonomes). Lors des séances de travail, l’animatrice encou-
rage la réflexion individuelle des enfants à partir de question ouvertes et simples. Ce
n’est que dans un second temps que le groupe s’oriente vers une réflexion collec-
tive. D’après l’animatrice, ce fonctionnement permet de favoriser la participation de
tous, y compris des jeunes qui se sentent moins à l’aise à l’oral. L’animatrice souligne
combien il est essentiel de prendre le temps de l’analyse collective et du débat afin
de construire des connaissances collectives avant que les jeunes ne soient amenés
à intervenir dans les instances de l’ODPE66.
Importance des temps et espaces informels
Plusieurs départements ont souligné l’importance de temps et d’espaces infor-
mels pour que les enfants prennent du plaisir dans la démarche et maintiennent
leur engagement dans la durée. Les professionnels ont rapporté avoir mis en place
des moments de jeux, des moments conviviaux (goûters, repas partagés) et des
sorties (sorties culturelles, déplacements à Paris pour visiter l’Assemblée nationale
ou le Sénat). Enfin, un département a fait le choix d’intercaler entre les séances de
travail un temps consacré à des activités culturelles ou de loisirs. Ces temps visent

65. « La démarche de croisement des savoirs et des pratiques avec les personnes en situation de
pauvreté est une philosophie, une manière d’être et d’agir, qui se concrétisent dans des projets et actions
de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. C’est une recherche continue des conditions à établir
pour permettre à des personnes en situation de pauvreté d’être réellement partenaires et actrices avec
d’autres, de la construction d’une société plus juste ». Livret ATD Quart Monde, août 2016, document
interne. Voir la charte de croisement des savoirs et des pratiques : www.atd-quartmonde.org/wp-content/
uploads/2015/07/Charte-du-Croisement-des-savoirs-ATD-Quart-Monde.pdf
66. Voir le doc ressource sur la démarche participative du comité des jeunes de l’ODPE 66.

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notamment à favoriser la mise en confiance des jeunes participants ainsi qu’une


dynamique de groupe positive.

⚙ Restitution des travaux des enfants et suites données



La restitution des travaux des enfants peut s’opérer de manière directe ou
indirecte. Par ailleurs, il est essentiel d’informer les enfants des suites données à la
démarche.
Cibles de la restitution
Dans les départements interrogés, les restitutions s’adressent avant tout aux
professionnels notamment les membres de l’ODPE qui siègent au comité de pilotage
de ce dernier. Ces restitutions concernent donc principalement les cadres, plus
rarement les professionnels en contact direct avec les enfants. Or les acteurs de
terrain sont des leviers importants du changement. Si les directeurs peuvent commu-
niquer les informations à leurs équipes, cette forme de restitution très indirecte a
toutefois ses limites. Pour que la parole des enfants ait un effet sur les pratiques, il
apparaît essentiel que les professionnels soient sensibilisés à ces démarches et soient
associés à la définition de pistes de changement. Ainsi, la restitution de la démarche
aux équipes éducatives des établissements et aux référents ASE, en contribuant à
la sensibilisation de ces professionnels, peut favoriser une évolution des pratiques
professionnelles.
Dans plusieurs départements, des restitutions à l’ensemble des jeunes impliqués
dans la démarche sont organisées lors des séances plénières pour rendre compte
auprès des jeunes participants des travaux menés dans le cadre des commissions
thématiques ou territoriales, parfois en présence des élus. Cependant, à ce stade,
aucun département enquêté n’a organisé de restitution à l’ensemble des jeunes
accompagnés par les services de l’aide sociale à l’enfance au sein du département.
Dans certains départements, il peut arriver que les jeunes qui sont membres de
l’espace participatif soient invités à échanger avec les autres jeunes présents au sein
de leurs lieux d’accueil. Ainsi, même si dans les départements enquêtés, il n’existe pas
d’articulation formelle et pensée avec les conseils de vie sociale, il peut y avoir des
restitutions qui s’effectuent de façon spontanée pour les enfants dans ces espaces.
Cependant, comme le note un département, il n’est pas toujours évident pour les
jeunes de donner à voir à leurs pairs l’intérêt de cette participation dont l’objet peut
leur sembler abstrait et éloigné de leurs préoccupations quotidiennes. Une meilleure
compréhension du sens de la démarche demande des temps d’accompagnement et
d’appropriation collective au sein même des lieux d’accueil.
Modalités de la restitution
La restitution des travaux des jeunes aux membres de l’ODPE, aux professionnels
et aux élus, peut s’opérer de manière directe ou indirecte. Dans certains dépar-
tements, les travaux des jeunes sont restitués par ces derniers à l’ODPE lors des
plénières ou lors des comités techniques et de pilotage. Ce format de restitution
permet aux jeunes de s’exprimer directement en présence des différents parte-
naires : représentants du réseau associatif, directeurs d’établissement, représen-
tants de l’institution judiciaire, ou encore de l’Éducation nationale.

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La recherche a montré que la socialisation à la participation est un processus qui


s’inscrit dans le temps long et que les enfants protégés ne sont pas toujours familiers
de cet exercice67. Dans certains départements, un accompagnement à la prise de
parole à travers des exercices de théâtre et de respiration a été proposé aux enfants
en amont des temps de restitution. Outre le fait de préparer les enfants à la prise
de parole, il est important de veiller à ce que les professionnels eux-mêmes soient
disposés à entendre la parole des enfants et à y répondre de manière constructive et
bienveillante. Un département a souligné l’importance de rappeler aux profession-
nels avant ces temps de restitution de ne pas interpeller les enfants sur leur parcours
mais de rester sur leurs travaux et la parole collective.
Dans certains cas, les enfants prennent place au sein de l’hémicycle et on leur
donne la parole, par exemple à l’occasion d’une assemblée départementale. Si ce
choix présente un intérêt pour sensibiliser les enfants à la citoyenneté et à la vie
démocratique, la mise en scène interroge. En effet, elle peut donner l’illusion que les
enfants sont détenteurs du pouvoir exécutif local alors que leurs recommandations
ne sont que des perspectives données, qui n’engagent en rien la collectivité.
La restitution peut également prendre des formes plus indirectes. Elle peut tout
d’abord s’opérer par le biais des professionnels. En cas de restitution à l’ODPE ou
aux élus par l’intermédiaire des professionnels, il convient d’être particulièrement
attentif à une traduction opérationnelle fidèle aux propos et attentes des enfants et
des jeunes. Un département a souligné la difficulté à transcrire les paroles et constats
des enfants en recommandations sans les dénaturer. Le fait d’associer les jeunes à
la restitution (à la fois de la définition du public cible, de la forme et du contenu
des supports) peut permettre de limiter les risques de distorsion de leur parole.
Dans le département des Pyrénées-Orientales, les règles du comité élaborées par
les jeunes prévoient que les enfants donnent leur accord avant que leurs travaux
ne soient rendus publics et la démarche restituée. L’animatrice prend des notes
mot à mot, fait relire les notes aux enfants à l’issue de chaque temps d’échanges et
demande l’accord du groupe avant de partager les comptes rendus. Il s’agit d’une
pratique intéressante pour se prémunir contre une instrumentalisation de la parole
des enfants. La restitution des travaux peut enfin s’appuyer sur la conception de
supports (écrits ou vidéo) par les enfants. Par exemple, le groupe d’enfants de l’OPPE
a développé des écrits sur le thème de l’étude ainsi qu’une vidéo.
Si les choix opérés en matière de restitution différent selon les départements,
l’ensemble des départements rencontrés soulignent le besoin de poursuivre les
efforts sur cette phase de la démarche.
Suites données à la démarche
Les suites données à ces démarches prennent des formes variées selon les dépar-
tements : inscription des propositions des jeunes comme axe de travail de l’ODPE
ou au sein du schéma départemental de protection de l’enfance, ou encore mise
en place d’un comité de suivi ou d’un comité technique pour travailler concrète-
ment sur les constats et propositions des enfants. Un département a par ailleurs
fait le choix d’organiser la conférence annuelle de l’ODPE sur le thème choisi par les
enfants.

67. Voir le chapitre « Les conditions de réussite de la participation individuelle et collective


des enfants protégés : quels enseignements pour les départements ? » par Élodie Faisca et Isabelle Lacroix.

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Au vu de la multiplicité des acteurs impliqués dans la conception et la mise en


œuvre des politiques de protection de l’enfance, les constats des enfants peuvent
concerner des acteurs publics locaux ou nationaux autres que le conseil départe-
mental. À ce titre, un département a prévu de faire remonter aux autorités compé-
tentes (notamment aux parlementaires) les propositions qui ne relèvent pas des
compétences du département. Un autre département a organisé une réunion avec
les magistrats à partir des constats des enfants relatifs aux décisions de placement
et aux audiences. Un troisième a déclaré avoir mis en place des groupes de travail
afin de sensibiliser les directeurs d’établissement aux problématiques identifiées par
les enfants.
Le département de la Gironde a mis en place un comité de suivi visant, comme
son nom l’indique, à suivre les suites données à la démarche participative menée
avec les enfants. Ce comité, animé par la vice-présidente en charge de la protec-
tion de l’enfance et la présidente de l’ODPE, est composé de cinq enfants issus du
conseil des jeunes, dits ambassadeurs, d’un représentant des assistants familiaux
et des MECS, de la directrice du pôle solidarité développement social, de la direc-
trice départementale de la protection de l’enfance et de la famille et de la coordina-
trice de l’Adepape 33. Le comité de suivi propose des temps d’échanges autour des
constats formulés par les jeunes et s’efforce d’apporter des réponses aux enfants ou
d’identifier des pistes d’évolutions du dispositif de protection de l’enfance dans le
département. Ce comité entend permettre un retour d’information aux enfants sur
les suites données à leurs propositions conformément aux recommandations inter-
nationales68. Il offre également aux professionnels un espace de réflexion sur leurs
pratiques69.
L’observation des pratiques met en évidence la diversité des formes de restitu-
tion mais aussi des suites données aux démarches participatives mises en place à
un niveau local. Les actions de participation des enfants étant relativement récentes
au sein des ODPE, il se peut que cette étape de la démarche soit progressivement
enrichie au niveau local. Elle pourrait notamment conduire à combiner des éléments
des différentes démarches exposées ci-dessus. L’investissement des ODPE comme
des directions enfance familles sur ce volet nécessitera d’ouvrir des espaces de
travail appropriés mais aussi de disposer d’un temps consacré au suivi des constats
ou des propositions formulés par les enfants.

⚙ Suivi et évaluation

Si ces démarches n’ont pas encore fait l’objet d’évaluations, les données issues des
échanges avec les départements indiquent qu’elles ont produit certains effets sur les
pratiques et les politiques mais aussi sur les enfants eux-mêmes.
Des modalités de suivi et d’évaluation à leurs prémices
Dans l’ensemble des départements rencontrés, les modalités de suivi de la
démarche comme l’évaluation de ces effets sont impensées ou peu structurées.
Ainsi, aucune des démarches étudiées n’a fait à ce jour l’objet d’une évaluation.

68. Observation générale du comité des droits de l’enfant n° 12 (2009) relative au droit de l’enfant d’être
entendu.
69. Voir le doc ressource sur la démarche participative du conseil des jeunes de la protection de l’enfance
en Gironde.

Observatoire national de la protection de l’enfance 61


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Plusieurs départements ont en revanche réalisé des bilans et certains envisagent des
réajustements. Il peut s’agir par exemple d’ouvrir le recrutement aux jeunes suivis en
milieu ouvert et/ou accueillis chez un assistant familial quand cela n’était pas déjà
le cas, de mettre en place des cahiers de bord pour améliorer la continuité entre les
séances, de renforcer la sensibilisation des professionnels, ou encore de renforcer
l’articulation avec les conseils de vie sociale. L’absence d’évaluations plus soutenues
peut s’expliquer par le caractère récent d’un certain nombre de ces démarches. Il
serait intéressant que des évaluations puissent être développées en y associant les
enfants. On peut également penser que des chercheurs pourraient être intéressés
pour participer à de telles démarches.
Premier aperçu des éléments apportés par les enfants
Les éléments remontés par les départements sur le contenu de ces démarches
conduisent à montrer que les propos collectifs des enfants s’apparentent autant à
des constats ou difficultés rencontrées dans leur quotidien qu’à des propositions
d’actions ou d’évolution des modalités d’accompagnement. Dans la mesure où la
méthodologie mobilisée et la composition des groupes sont susceptibles d’impacter
le contenu des échanges, une grande prudence est de mise quant à l’analyse de ces
constats. Une première analyse des éléments apportés par les enfants (tels que les
départements les ont restitués à l’ONPE) permet cependant d’identifier quelques
thèmes communs. Par exemple, dans plusieurs départements, il est apparu que la
question de la référence éducative occupait une position centrale dans les propos
des enfants. Ces derniers ont souligné le manque de disponibilité des référents ASE
et ont exprimé le besoin d’être rencontrés régulièrement. Ces éléments rejoignent
le constat du manque d’individualisation de l’accompagnement mis en évidence
dans une enquête menée par la Haute Autorité de santé70. Le manque de disponibi-
lité des professionnels et le besoin d’être rencontrés régulièrement sont également
au cœur des revendications des jeunes engagés dans des démarches participatives
dans d’autres pays européens, par exemple en Finlande71.
Effets sur les politiques publiques et les pratiques professionnelles
Les données permettant d’identifier précisément les effets de ces démarches sur
les politiques publiques et les pratiques professionnelles sont aujourd’hui lacunaires.
Ces démarches sont récentes et les processus de changement s’inscrivent dans un
temps long. À l’échelle internationale, les effets démontrés sur les pratiques et les
politiques publiques apparaissent relativement modestes et des chercheurs ont
suggéré que les effets les plus significatifs étaient probablement ceux sur les jeunes
(Jackson et al., 2020 ; Thomas et Percy‐Smith, 2012).
Malgré tout, certains propos des professionnels interrogés indiquent que ces
démarches ont produit certains effets sur les pratiques. Par exemple, dans le dépar-
tement de l’Allier, les référents enfants confiés participant au projet ont indiqué que
la démarche les avait conduits à renforcer le lien avec les enfants et notamment à
organiser davantage de sorties avec les enfants dont ils sont référents. Dans le dépar-

70. Haute Autorité de santé (2019). Résultats de l’enquête sur les pratiques professionnelles contribuant à
la bientraitance des enfants et des adolescents accueillis dans les établissements d’accueil de la protection
de l’enfance et de la protection judiciaire de la jeunesse.
71. Pösö, T. (2018). Experts by experience infusing professional practices in child protection. In Human
rights in child protection, 111-128. Palgrave Macmillan, Cham.

62 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

tement des Pyrénées-Orientales, les jeunes avaient souligné que les professionnels
rédigeaient des écrits les concernant sans qu’ils aient connaissance du contenu72. Les
éducateurs de certains établissements font désormais lire les rapports aux jeunes
avant envoi afin qu’ils puissent donner leur avis. Le projet a également permis à
certains juges des enfants de prendre la mesure des incompréhensions qui pouvaient
entourer les décisions et des efforts de pédagogie nécessaires auprès de chacun.
Enfin, dans ce même département, des liens sont apparus entre les démarches
de participation collective mises en place au sein de l’ODPE et le développement
d’autres formes de participation de jeunes concernés dans le cadre de commissions
d’appel à projets ou encore dans des commissions ad hoc (par exemple celle dont
l’objectif est de prévenir les ruptures de parcours de certains enfants dans des situa-
tions dites complexes).
Effets sur les enfants
Au-delà des évolutions des pratiques professionnelles et des politiques publiques,
ces démarches sont également susceptibles de produire des effets à un niveau indivi-
duel. Plusieurs départements observent que la démarche a eu des effets positifs sur
la confiance et l’estime de soi de certains enfants, sur leur aisance à l’oral, sur leur
souhait d’être entendus dans le cadre de leur prise en charge et sur leur compréhen-
sion du dispositif de protection de l’enfance. Il est à noter qu’un département s’inter-
roge sur l’opportunité de mettre au point un passeport de compétences afin de
valoriser les compétences développées par les jeunes. La décision du département
des Pyrénées-Orientales de délivrer des attestations nominatives visant à valoriser
la participation des intéressés au comité des jeunes répond à cette préoccupation.
Certains jeunes utilisent ces attestations dans les démarches relatives à leur projet
professionnel, par exemple dans le cadre de leurs demandes de stage.

72. Ce constat est également observé dans une recherche récente : Auger, M. (2023). L’impact de la
communication professionnelle dans l’accompagnement des jeunes accueillis. ONPE Synthèses, Échos de
la recherche en protection de l’enfance, 11.

Observatoire national de la protection de l’enfance 63


Conclusion

En croisant les regards entre le droit, la recherche et les pratiques, cette publi-
cation permet de mettre en lumière certaines précautions éthiques et méthodo-
logiques essentielles dans le cadre des démarches de participation collective des
enfants dans le champ de la protection de l’enfance.
L’importance de l’information des participants à toutes les étapes de la démarche,
des garanties en matière de confidentialité des données et du consentement avant
toute diffusion des propos des jeunes ont été notamment soulignées. Il convient
de veiller à offrir aux enfants une écoute appropriée, un cadre sécurisant et un
accompagnement adapté. La transcription de leurs propos se doit d’être fidèle.
Il convient également de s’assurer de la prise en compte de leur parole dans les
processus décisionnels. Enfin, une attention particulière doit être portée à la forma-
tion préalable des animateurs de ces démarches.
Le présent travail témoigne par ailleurs des moyens alloués à ce type de démarche
dans un certain nombre de départements qui se sont lancés dans ces initiatives ainsi
que du soutien politique dont elles bénéficient souvent. Cependant, la participation
ne peut se limiter à des actions ponctuelles, il s’agit d’un processus qui doit s’ins-
crire dans la durée et à tous les niveaux. Elle ne doit pas non plus se limiter à des
espaces et à des temps formels, aménagés et contrôlés par les adultes. La partici-
pation collective n’est véritablement possible que dans la mesure où elle s’accom-
pagne d’une culture de la participation, non seulement au sein de l’ODPE et plus
largement du département, mais aussi et surtout dans le quotidien des enfants et
dans l’ensemble des actes et décisions qui les concernent.
Il apparaît par ailleurs nécessaire de réfléchir aux espaces de participation collec-
tive proposés aux enfants, en assurant des fonctionnements souples et adaptables.
La participation est à mettre en œuvre pour les enfants et autant que possible avec
eux, de la conception à l’évaluation. Comme le montre le modèle du treillis mis au
point par Larkins et al. (2014), des opportunités pour les enfants d’influer sur le
processus participatif existent à toutes les étapes du projet, de la définition des
objectifs et du choix des thèmes à la restitution et à la définition des pistes d’action.
Même s’il n’est pas toujours possible de concevoir d’emblée un projet qui soit piloté
par les enfants de A à Z, le degré d’implication et d’association des enfants aux prises
de décision peut varier en fonction des étapes, et être augmenté progressivement
au fil du déploiement du projet et de son évaluation (Conseil de l’Europe, 2020).

64 Observatoire national de la protection de l’enfance


│ Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés │

Ce travail permet aussi de mettre en avant les synergies qui existent entre ces
formes de participation collective et la participation individuelle des enfants au sein
de leur accompagnement. Si la participation collective ne remplace évidemment pas
la participation individuelle, ces deux formes de participation sont susceptibles de
s’alimenter mutuellement. Le manque de connaissance et d’expérience des profes-
sionnels en matière de participation individuelle représente un obstacle au dévelop-
pement de la participation collective (Tunestveit, 2022). De plus, quand les enfants
participent dans le cadre de l’accompagnement individuel, et qu’ils se rendent
compte que leur point de vue est pris en compte, cela peut favoriser leur engage-
ment dans des espaces de participation collective. Réciproquement, les expériences
de participation collective telles que celles examinées dans cette publication sont
susceptibles de susciter la mise en place d’accompagnements individuels plus parti-
cipatifs et ainsi contribuer au développement de la participation individuelle dans
les pratiques professionnelles.
Des documents ressources permettent de revenir sur trois démarches départe-
mentales de participation collective pour renseigner plus précisément les départe-
ments qui souhaiteraient se lancer et capitaliser sur les expériences existantes. Ils
peuvent inspirer, être repris ou adaptés en fonction des besoins.

Observatoire national de la protection de l’enfance 65


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70 Observatoire national de la protection de l’enfance


Annexes
Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
Doc ressource Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance
des enfants protégés

CADRE MÉTHODOLOGIQUE DE LA
DÉMARCHE D’OBSERVATION LOCALE

Le choix des démarches présentées dans cette publication prend en considération leur lien
avec l’ODPE et la rigueur de la méthodologie employée, au regard des recherches menées sur
le sujet et des indications du comité des droits de l’enfant des Nations unies et du Conseil de
l’Europe.
Les entretiens réalisés auprès des professionnels des départements ont permis l’élaboration
de trois documents ressources décrivant les démarches de participation collective menées
dans les Pyrénées-Orientales, la Gironde et le Puy-de-Dôme. Ces documents ont pour but
de permettre aux acteurs de la protection de l’enfance de s’approprier une connaissance des
fonctionnements et des pratiques de démarches jugées inspirantes et ce qui les sous-tend.
L’ONPE a utilisé, pour leur réalisation, une grille qui a servi de trame au recueil du matériau
d’analyse, lors des entretiens (menés en vidéoconférence) et appels téléphoniques réalisés
avec les acteurs concernés. Des documents institutionnels et des outils de travail communiqués
par l’ODPE ont également été utilisés.
Les échanges avec les professionnels ont été intégralement retranscrits et certains verbatims
ont été utilisés pour enrichir ces documents ressources. Ce travail n’aurait pas été possible
sans la collaboration des trois départements concernés : l’ODPE a en effet été préalablement
informé du travail de valorisation de l’ONPE et a donné son accord de principe ainsi que son
engagement à relire, amender et valider la version finale.
Ces documents sont construits de la manière suivante :
– les étapes du projet et les moyens déployés pour sa mise en œuvre : les objectifs de la
démarche, le portage politique associé, les modalités de pilotage sont notamment évoquées ;
– l’espace participatif et ses modalités d’animation : sont abordés à la fois les critères de
sélection des participants, l’organisation qui sous-tend la démarche mais aussi la manière dont
les professionnels permettent la participation des enfants, les modalités de prise de contacts
avec eux, d’animation des séances et de recueil de leur parole ;
– la restitution de la parole des enfants, en termes d’objectifs, de forme et d’audience ;
– le bilan de la démarche participative, si elle a fait l’objet d’une évaluation et plus largement
le point de vue rétrospectif des professionnels sur le projet.
Enfin il est à noter qu’un encart spécifique résume le rôle et l’implication de l’ODPE et de son
référent dans la création et l’animation de la démarche.

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ONPE
Observatoire national de
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La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

COMITÉ DES JEUNES DE L’ODPE


DES PYRÉNÉES-ORIENTALES

La démarche et son lieu d’implantation


Le comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales, installé en décembre 2017, est
considéré comme partie intégrante de l’ODPE. Il est composé d’une dizaine de jeunes de 10
à 21 ans confiés ou ayant été confiés à l’ASE du département. Les rencontres du comité des
jeunes se tiennent dans des lieux divers (au sein de locaux mis à disposition par le département
ou dans les différents lieux d’accueil des enfants).

Personnes ressources
Nathalie Audouard Directrice enfance-famille du département des Pyrénées-Orientales et
responsable de l’ODPE (pôle des solidarités)
Camille Isabal Gestionnaire administrative de l’ODPE 66
Noëllie Greiveldinger Chargée des démarches participatives au sein de la mission innovations
sociales du département des Pyrénées-Orientales (pôle des solidarités), animatrice du comité
des jeunes

Sources mobilisées
Ce document ressource a été réalisé par l’ONPE le 14 novembre 2022 sur la base d’un entretien
avec Isabelle Lemoine (anciennement directrice enfance-famille du département) et Noëllie
Greiveldinger. La rédaction s’est également appuyée sur les documents transmis par le
département des Pyrénées-Orientales relatifs au comité des jeunes de l’ODPE.
Document relu et validé par Mme Greiveldinger et Mme Audouard.

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

Étapes du projet et moyens déployés


↘ Contexte d’émergence du projet
La direction enfance-famille des Pyrénées-Orientales avait préalablement expérimenté trois séries
de démarches en faveur de la participation des enfants protégés.
D’abord, dans le cadre de deux appels à projet pour la création de lieux de vie, deux jeunes,
identifiés sur proposition des établissements d’accueil, avaient chaque fois contribué aux instances
stratégiques et techniques, consulté les dossiers et participé à la sélection des projets. Cela avait
permis aux jeunes de s’exprimer et aux professionnels de connaître leur avis et leur choix. Cette
expérience a été considérée comme positive par les jeunes comme par les professionnels qui ont
relevé l’intérêt de leurs apports et le « relief » apporté aux débats.
Doc ressource

Dès 2013, le département avait également expérimenté une action de participation (toujours
à l’œuvre actuellement) visant à proposer à chaque enfant accompagné d’élaborer un écrit
permettant de retracer et de relayer son point de vue, lorsque sa situation était évoquée en
« commission enfance » (l’instance d’évaluation du projet et du parcours de l’enfant en présence
de l’inspecteur ASE).
Enfin, le département avait organisé en fin d’année 2016 une journée relative aux droits de l’enfant
consacrée au point de vue de l’enfant en protection de l’enfance. Une co-intervention avec un
💬💬 sociologue et quatre jeunes faisant retour de leur expérience est venue marquer la journée. La
présidente du conseil départemental, qui avait assuré l’ouverture de la journée, a montré un fort
intérêt vis-à-vis de ces témoignages et a demandé à la direction enfance-famille d’installer un
comité des jeunes au niveau du département.
dpt Ces expériences positives et les volontés conjointes de la direction et des élus de promouvoir
66 la participation des enfants ont été déterminantes pour l’installation du comité des jeunes.
📝📝 📝📝 La préexistence d’un ODPE structuré et actif ainsi que d’un réseau partenarial efficient sur le
département sont également évoqués comme constituant un contexte favorable à la construction
du projet.
76
↘ Objectifs poursuivis
Le comité des jeunes créé dans le département a pour objectif de prendre en considération
l’expertise d’usage des jeunes concernés en créant un collectif leur permettant de donner leur avis
sur la protection de l’enfance et de faire des propositions afin de faire évoluer la politique publique
ainsi que les pratiques professionnelles.
Le comité vise également à instaurer un processus de participation directe (au-delà des associations
représentant les personnes concernées) au sein de l’ODPE et donc à un niveau stratégique. Le projet
entend en outre impulser un processus de participation en chaîne dans la mesure où la parole qui
émerge au sein du comité peut se construire à partir des expériences ou témoignages d’autres
enfants connus des jeunes participant au comité (par exemple parce qu’ils partagent le même lieu
de vie), voire à partir de réflexions menées au sein des conseils de vie sociale des établissements.
La démarche est aussi pensée comme un moyen de valoriser les jeunes.
Lors des premières séances de travail du comité, les objectifs ont été par la suite réfléchis et
formalisés par les jeunes participants avec l’aide des animatrices. Ils sont retranscrits dans le
document de présentation du comité des jeunes de l’ODPE rédigé par ses membres.

↘ Initiative et portage politique de la démarche


À l’initiative de la présidente du conseil départemental et de la direction enfance-famille, la
participation des enfants aux instances de l’ODPE a été actée par le comité de pilotage de
l’observatoire départemental en décembre 2016 et s’est traduit par la mise en place d’un comité
des jeunes. Le projet a fait l’objet d’un portage politique soutenu et d’attentes fortes de la part de
la présidente du conseil départemental.

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

↘ Élaboration du projet et modalités de pilotage


Un groupe de travail piloté par l’ODPE et le directeur adjoint enfance-famille a été constitué avec

Doc ressource
des membres volontaires de l’ODPE. De fait, la démarche s’est appuyée sur les réseaux existants,
notamment celui des établissements et services, ainsi que sur les cadres pédagogiques de
l’institut régional de travail social (IRTS) particulièrement impliqués dans les travaux de l’ODPE. La
préexistence d’habitudes de travail et l’interconnaissance de ces acteurs sont soulignées comme
facilitatrices de la démarche projet. Le groupe de travail était ainsi composé de professionnels de
l’ODPE, de représentants du département, de directeurs de MECS et notamment de représentants
des Apprentis d’Auteuil, de l’association départementale des pupilles de l'enseignement public
(ADPEP 66), de l’association laïque pour l'éducation, la formation, la prévention et l'autonomie
(ALEFPA 66), du service d’action éducative en milieu ouvert (l’Enfance catalane), du foyer de
l’enfance du département (l’institut départemental de l’enfance et de l’adolescence [IDEA]) ainsi
que du pôle ressources et développement social de l’IRTS (menant déjà des actions d’amélioration
des pratiques associant les personnes concernées). Par ailleurs, le département disposait en
interne de compétences spécifiques en matière de participation. Une professionnelle de la
mission innovations sociales du pôle des solidarités du département est formée aux démarches
participatives, tout comme la coordinatrice du pôle ressource en développement social de l’IRTS.
L’expertise de ces professionnelles (en charge de l’animation du comité des jeunes), dès le stade de
la construction du projet, est considérée comme essentielle. La démarche projet n’a en revanche pu
associer l’Adepape 66, celle-ci n’ayant été constituée qu’après l’installation du comité des jeunes. 💬💬
En 2016, l’ODPE et le groupe de travail ont établi un projet de cahier des charges du comité des
jeunes définissant ses objectifs, sa composition, les acteurs impliqués, ses modalités d’animation, 📋📋
les points de vigilance et la planification des différentes étapes de mise en œuvre de la démarche.

↘ Moyens humains, matériels et financiers mobilisés dans la démarche dpt


Les moyens humains mobilisés dans la construction du projet et sa mise en œuvre relèvent
66
essentiellement de ressources internes au département avec l’appui de membres de l’IRTS et du 📝📝 📝📝
réseau des services et des établissements.
L’animation est confiée à la psychologue chargée des démarches participatives au sein de la mission 77
innovations sociales du pôle des solidarités du département, à mi-temps sur ce poste. Elle est
formée aux techniques de médiation ainsi qu’à la démarche de croisement des savoirs et des
pratiques d’ATD Quart Monde1 dont elle est membre du réseau national2. Celle-ci était assistée
dans l’animation du comité par la coordinatrice du pôle ressource et développement social de
l’IRTS remplacée par la suite par une éducatrice exerçant dans le service d’accueil de jour insertion
relevant de l’IDEA (elle consacre en moyenne une journée de travail par mois au comité des jeunes).
Les moyens financiers mobilisés relèvent d’une ligne budgétaire dédiée à la conférence annuelle de
l’ODPE et les lieux d’accueil prennent en charge les frais de déplacement des jeunes.

Espace de participation et animation du comité des jeunes


↘ Critères de sélection des enfants participant
Le cahier des charges prévoyait la constitution d’un groupe de 8 jeunes, composé de filles et
de garçons, âgés de 10 ans jusqu’à 21 ans. Le seuil d’une dizaine d’années est considéré par
l’animatrice comme permettant en principe à l’enfant de pouvoir prendre un certain recul face à
sa situation et d’avoir des capacités langagières suffisantes, notamment pour communiquer avec

1. « La démarche de croisement des savoirs et des pratiques avec les personnes en situation de pauvreté est une
philosophie, une manière d’être et d’agir, qui se concrétisent dans des projets et actions de lutte contre la pauvreté
et l’exclusion sociale. C’est une recherche continue des conditions à établir pour permettre à des personnes en
situation de pauvreté d’être réellement partenaires et actrices avec d’autres, de la construction d’une société plus
juste ». Livret ATD Quart Monde, août 2016, document interne. Voir la Charte de croisement des savoirs et des
pratiques [en ligne]
2. Le réseau Wresinski Participation et croisement des savoirs [en ligne]

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

des participants plus âgés.


À l’origine du projet, la mixité du groupe était souhaitée ainsi que la diversité des modes de prise
en charge (action éducative en milieu ouvert [AEMO]/action éducative à domicile [AED], enfants
confiés en établissement et auprès d’assistants familiaux). Ainsi, était-il envisagé de recruter un
jeune au sein de chaque établissement du territoire (soit 5 jeunes), 1 jeune majeur ayant déjà
une expérience dans la participation aux instances institutionnelles, 1 jeune pris en charge par un
assistant familial et 1 jeune pris en charge au titre d’une mesure de milieu ouvert. Dans les faits,
le comité sera finalement exclusivement constitué d’enfants confiés (voir infra composition finale
du comité).
La taille du groupe a été pensée comme contribuant à la qualité des échanges, l’animatrice précise
que « l'idée c'est qu’ils s’expriment vraiment sur des sujets qui leur tiennent à cœur et pas que l’on
soit sur une grosse machine ». Ce choix a aussi été dicté par les moyens disponibles pour assurer
Doc ressource

l’animation du comité et la gestion du collectif.

↘ Règles de fonctionnement
Les règles de fonctionnement du comité des jeunes ont été établies par les enfants avec les
animatrices à partir de ce qu’ils ont considéré comme important pour eux. La question suivante
leur a été posée par les animatrices : « pour vous, quelles sont les conditions pour que le groupe
💬💬 fonctionne bien, que vous vous sentiez libre de parler et donner votre avis ? ». Après un temps
de réflexion individuelle en silence, les jeunes ont été invités à exprimer des propositions ensuite
débattues, précisées et validées par l’ensemble du groupe.
Il s’agit de règles imposant le respect entre les différents membres et vis-à-vis de la parole que
chacun peut défendre ainsi que de règles de politesse et d’investissement. Une attention particulière
dpt est aussi accordée à la confidentialité des échanges au sein du groupe qui doit s’accorder pour
66 déterminer ce qui peut être rapporté à l’extérieur, cette règle a été ajoutée par les animatrices afin
📝📝 📝📝 de sécuriser les échanges.
Ces règles sont retranscrites avec les mots choisis par les enfants dans le « document de présentation
78 du comité des jeunes de l’ODPE rédigé par ses membres », elles sont régulièrement répétées par
les animatrices lors des réunions de travail et le document est communiqué à chaque nouveau
participant.

↘ Modalités d’information et de communication sur le comité des jeunes


Une plaquette de présentation de l’ODPE et du comité des jeunes a été élaborée par la gestionnaire
administrative de l’ODPE comme support d’information à destination des professionnels de la
protection de l’enfance et des jeunes.

Auprès des enfants


Les enfants sont informés de l’existence du comité des jeunes et de la possibilité de candidater par
les professionnels des structures et services d’accueil, ils sont identifiés sur la base du volontariat
et ensuite mis en relation avec l’animatrice.

Auprès des professionnels


Une démarche de sensibilisation a été conduite auprès des professionnels des établissements en
charge de relayer les objectifs et intérêts de la démarche auprès des enfants et de les accompagner
aux réunions. Des présentations de l’ODPE et du comité des jeunes ont notamment été effectuées
lors des réunions de service des établissements. Les travaux du comité des jeunes font aussi l’objet
d’actions de valorisation. La directrice enfance-famille précise qu’il s’agit d’un travail « qu’il faut faire
et refaire pour faire venir les jeunes au groupe de travail […], cela exige beaucoup de coordination
et de ténacité […] il faut vraiment que ce soit porté aussi au niveau des établissements ». Le projet
est mieux approprié par les professionnels des établissements que par les référents ASE vis-à-vis
desquels le département souhaite renforcer sa communication.

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

Auprès des parents


Les parents sont informés de la participation de leur enfant par les professionnels des établissements.

Doc ressource
Les établissements recueillent par ailleurs leurs autorisations en matière de droit à l’image et de
déplacements (des séjours à Paris et à Toulouse ont notamment été organisés avec les membres du
comité, voir infra Accompagnement des enfants au cours de la démarche).

↘ Composition finale du comité des jeunes


Au terme de 5 années d’ancienneté du comité, le département a finalement toujours pu retenir
toutes les candidatures, la composition du groupe est très mouvante et oscille en pratique autour
d’une dizaine de jeunes. La directrice enfance-famille précise qu’il importe de « sensibiliser pour
qu'il y ait toujours un minimum qui participent, que la démarche soit crédible, qu’elle ait du sens et
qu'elle ne soit pas trop individuelle […] ».
La parité s’est installée spontanément au sein des différents groupes de volontaires depuis la
création du comité.
En revanche, le comité des jeunes a toujours été exclusivement composé d’enfants confiés. Si les
volontaires sont très majoritairement issus des établissements, quelques participations ponctuelles
d’enfants confiés auprès d’assistants familiaux sont également à relever. Les porteurs du projet
émettent plusieurs hypothèses. Selon la directrice enfance-famille, cette configuration pourrait
s’expliquer par le fait que les jeunes des établissements « ont cette culture du collectif qu’on n’a 💬💬
pas en famille d'accueil. Ils ont déjà des conseils de la vie sociale, ils ont des manières de travailler
en groupe ». L’animatrice ajoute qu’elle voit deux avantages à la participation des enfants confiés 📋📋
au sein des établissements : d’une part la possibilité pour eux d’ajouter au travail collectif en
rapportant les paroles d’autres jeunes partageant leur lieu de vie ; d’autre part, ces enfants peuvent
aussi « débriefer » ce qui s’est dit lors des réunions du comité avec d’autres jeunes et les éducateurs
dpt
sensibilisés au projet. Sauf à être accompagnés dans leur vécu de l’instance, « s'ils sont tout seul
66
dans une famille d'accueil ou tout seul à la maison, c'est compliqué après parce que parfois ça peut 📝📝 📝📝
être un peu secouant ».
Le département souhaiterait cependant pouvoir davantage inclure au sein du comité des enfants 79
confiés auprès des assistants familiaux. La directrice enfance-famille indique que ces jeunes
pourraient être volontaires et reprend les propos d’un jeune participant confié auprès d’une
assistante familiale « qui disait qu'il se sentait isolé, qu'il avait besoin d'être avec les autres ». Selon
elle, la difficulté se joue également au niveau d’une organisation logistique plus complexe à assurer
pour les assistants familiaux et d’un portage par les référents ASE à soutenir. La direction prévoit
à cet égard d’organiser « la tournée des maisons sociales » pour présenter à nouveau le rôle et
l’intérêt de la démarche auprès des professionnels référents ASE.
Par ailleurs, l’inclusion au sein du comité de jeunes suivis en milieu ouvert n’a pas fonctionné. Si
le département n’exclut pas de travailler cette piste, l’animatrice appelle à la prudence concernant
l’appréhension de cette forme de mixité au sein des groupes. En lien avec les apports de la démarche
de croisement des savoirs et des pratiques, elle souligne l’intérêt de réunir les participants par
communauté d’expérience : « ils n’ont pas tout à fait les mêmes préoccupations et ça peut parfois
même être douloureux […] La mixité, c'est bien, on se dit il ne faut pas être dans la discrimination,
mais il faut pouvoir aussi défendre une identité de groupe, des savoirs de groupe, c'est très
important. Cela permet d’approfondir des questions importantes et de dire voilà d'où on parle.
On vient avec cette place d’où on parle ». Sans nécessairement exclure cette modalité de travail, la
mixité doit se réfléchir et impliquer des choix d’animation spécifiques. L’animatrice préconise à ce
sujet de constituer au préalable des sous-groupes de travail selon les types d’accompagnements
dont les enfants bénéficient, puis de réunir ensuite les jeunes en grand groupe, pour permettre
notamment une prise de distance avec le thème travaillé, au-delà des situations individuelles. Il
faut également pouvoir assurer que la parole d’un groupe ne soit pas disqualifiée.
Enfin le département veille à inclure au sein du comité, les jeunes les plus en difficulté, l’animatrice

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est disponible dans son intégralité sur le site de l’ONPE.
comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

souligne que « l’idée c'est de faire participer un maximum de jeunes, y compris ceux qui ne sont pas
très à l'aise avec l'écrit, avec l’école, aller chercher aussi ceux qui d'habitude ne sont pas trop dans la
parole et sont plutôt dans l'acte ». Elle relève à ce sujet des dynamiques de groupes intéressantes,
et souligne le caractère essentiel des propos partagés par les enfants les plus en difficulté dans
le cadre des réunions de travail dont les idées sont ensuite reprises et soutenues lors du comité
de pilotage ou comité technique de l’ODPE par d’autres jeunes plus à l’aise à l’oral (les travaux du
comité des jeunes sont restitués par les enfants participants devant les instances de l’ODPE voir
infra Restitution et portée des travaux).

↘ Modalités organisationnelles
Le cadre initialement pensé a finalement évolué au cours de l’expérimentation dans le sens d’un
assouplissement.
Doc ressource

Dans l’idée d’assurer une continuité au sein du comité des jeunes, le cahier des charges prévoyait à
l’origine une durée de mandat pour les enfants participants de deux années scolaires renouvelables.
Il était précisé que cet engagement pouvait à tout moment être rompu par le jeune « par simple
courrier ou courriel adressé à l’ODPE ». Afin de s’adapter aux enfants et faciliter le plus largement
possible leur participation, ce formalisme en termes de mandat a été abandonné au profit d’un
groupe « mouvant » fonctionnant à partir d’un thème travaillé à l’année. La directrice enfance-
famille précise qu’ « il y en a qui viennent un peu puis qui s'en vont. Il y en a qui restent quelques
💬💬 mois voire plusieurs années. On a un jeune particulièrement emblématique, arrivé à 16 ans, il est
reparti à 21 ans. […] On fonctionne de manière très souple en fait ». Le fil conducteur du thème
annuel et les méthodes de travail assurent la continuité, les nouveaux arrivants s’approprient les
travaux qui les ont précédés. Par ailleurs, la fin de la mesure ou le changement de lieu d’accueil
n’interrompt pas le mandat.
dpt
66 Les membres du comité des jeunes participent chaque année aux deux ou trois comités techniques

📝📝 📝📝 et au comité de pilotage de l’ODPE devant lesquels ils restituent leurs travaux. Entre les comités de
l’ODPE, ils sont réunis en groupes de travail tous les 2 ou 3 mois (soit 4 ou 5 réunions de travail par
an). À l’origine, avaient été privilégiés des lieux de rencontre « neutres » pour les groupes de travail,
80 dans des locaux mis à disposition par le département, hors établissement. Le département a par
la suite expérimenté des rencontres itinérantes sur les sites des différents lieux d’accueil répartis
sur le territoire vaste des Pyrénées-Orientales afin de favoriser la participation des enfants « en
allant vers eux ». Les directeurs des structures organisent cet accueil et mettent à disposition une
salle de réunion habituellement réservée aux professionnels. L’animatrice dresse un bilan positif
de cette organisation qui permet aussi d’informer et sensibiliser les jeunes et les professionnels
des structures directement. Ainsi, des jeunes qui ne sont pas inscrits dans la démarche peuvent
participer et mieux en saisir le sens et le fonctionnement. Par exemple, à la demande d’un lieu de
placement, un temps de réunion a pu être organisé avec les jeunes et les éducateurs en amont du
groupe de travail afin de présenter le comité et susciter un échange, les jeunes intéressés pouvant
ensuite rester pour le temps de travail collectif.
Les déplacements des enfants sont en principe assurés par les lieux d’accueil et parfois par les
animatrices.
Les temps de réunion sont organisés les mercredis après-midi en général, la conférence annuelle
de l’ODPE à laquelle le comité des jeunes participe a aussi été disjointe du comité de pilotage pour
se tenir sur ce même créneau au sein de l’hémicycle départemental.
Cela étant, certains comités de pilotage ou comités techniques de l’ODPE peuvent être programmés
en semaine. Selon la directrice enfance-famille, cela peut permettre d’alterner et faire participer
certains enfants qui ont des activités ou des temps en famille le mercredi après-midi.

↘ Animation du comité des jeunes


La direction enfance-famille a tenu dès l’origine à ce que l’animation soit confiée à des professionnels
ne faisant pas partie du dispositif de protection de l’enfance et dotés d’une expertise spécifique :

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est disponible dans son intégralité sur le site de l’ONPE.
comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

« nous on sait faire avec les enfants de la protection de l’enfance mais on n’est pas forcément
des spécialistes de la participation des usagers […] donc on a profité de l’expertise de Noëllie

Doc ressource
et d’Elsa de l’IRTS3 pour être en lien avec nous, mais aussi en décalage avec nous puisqu’elles
n’interviennent pas dans les parcours des jeunes. Elles sont pourtant aussi en mesure de faire le
lien puisque Noëllie est dans la même institution ». La chargée des démarches participatives au
sein de la mission innovations sociales du département consacre un mi-temps à cette mission, elle
est par ailleurs psychologue auprès d’adultes mais a exercé par le passé en protection de l’enfance,
cette expérience lui confère des bases utiles dans l’animation du comité des jeunes. Elle considère
que le fait d’être aujourd’hui sur d’autres fonctions lui permet d’avoir une distanciation vis-à-vis
des propos des enfants et probablement une écoute différente de professionnels en poste. Celle-ci
insiste sur la nécessité d’être formé à l’animation « parce qu’il faut pouvoir les stimuler, faire le lien
entre un enfant de 10 ans et un de 17 ans, quand ils sont un peu énervés ou pas d'accord, il faut
pouvoir juguler un peu et dire que chacun prend le temps de s’expliquer ».

Références théoriques
Le fonctionnement du comité des jeunes est inspiré des principes de la démarche de croisement
des savoirs et des pratiques d’ATD Quart Monde. L’animatrice précise qu’il ne s’agit pas d’une
méthode au sens strict mais plutôt d’une démarche offrant des lignes de conduite, des points de
repère et d’éthique qu’elle s’est réappropriés dans le cadre de l’animation du comité des jeunes.
En premier lieu, la démarche de croisement des savoirs et des pratiques implique de s’assurer d’une 💬💬
prise de parole la plus libre possible. Des conditions doivent être créées afin que les jeunes puissent
construire un savoir issu de leur expérience en toute indépendance. Notamment, les animateurs
📋📋
ne doivent pas avoir de lien d’autorité ou de dépendance avec eux. Ce que disent les jeunes n’est
par ailleurs pas « trié » : leurs propos ne sont ainsi pas sélectionnés. Les animatrices se présentent
comme des « secrétaires » de séance et s’attachent à prendre des notes les plus fidèles possible à
dpt
ce que les jeunes disent en partant du principe que ces derniers disposent de connaissances que
66
les professionnels n’ont pas. 📝📝 📝📝
Ensuite il s’agit, au travers du travail de groupe, de soutenir les jeunes pour qu’ils puissent passer
d’une parole individuelle à une parole collective. Cela suppose dans le cadre du comité des jeunes de 81
prendre le temps de l’analyse collective et du débat afin de construire des connaissances collectives
avant que les jeunes n’interviennent dans les instances des ODPE, conformément au principe de la
construction de savoirs autonomes issu de la démarche du croisement des savoirs et des pratiques.
Ainsi, la restitution ne s’appuie-t-elle pas sur des témoignages ou des positions individuelles mais
sur une parole collective vis-à-vis de laquelle l’ensemble du groupe s’est accordé. Pour autant, lors
des séances de travail, la réflexion individuelle est en premier lieu encouragée et sollicitée à partir
de questions ouvertes, simples, et ce n’est que dans un second temps que le groupe s’oriente vers
une réflexion collective. Ce fonctionnement permet aussi de favoriser la participation de tous et
notamment des jeunes qui peuvent se sentir moins à l’aise à l’oral.
La démarche de croisement des savoirs et des pratiques invite enfin à instaurer une solidarité, à
soutenir une dynamique au sein du groupe. La prise de parole au moment de la restitution est
collective et ils sont encouragés à se soutenir pour défendre leur point de vue.

↘ Déroulement des séances


Les jeunes définissent lors des séances les thématiques sur lesquelles ils souhaitent travailler et
sont accompagnés, à l’aide de techniques d’animation spécifiques, pour parvenir à s’exprimer sur
ce qui les intéresse. L’animatrice souligne l’importance d’avoir de l’ambition pour ces jeunes dans
la définition des thématiques travaillées : « y aller, et avec quelque chose d'un peu grand, pas juste
le menu cantine ».

3. La coordinatrice du pôle ressources en développement social de l’IRTS a depuis quitté ses fonctions. Elle a été
remplacée pour ce qui est de la coanimation du comité des jeunes de l’ODPE par une éducatrice exerçant dans un
service transversal.

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

Au démarrage, une question large leur est posée comme « Qu’est-ce que c’est pour vous la protection
de l’enfance ? » afin de faire émerger leurs principales préoccupations. La question fait l’objet d’un
temps de réflexion individuelle accompagné par les animatrices qui peuvent les aider à construire ce
qu’ils ont envie de partager. Chacun s’exprime ensuite de manière individuelle lors d’un tour de table
et les animatrices recueillent avec précision sur un tableau les idées de ce qui constitue une sorte de
premier diagnostic, permettant par ailleurs de dégager des premiers thèmes rejoignant leurs centres
d’intérêt. Les jeunes sont invités à poser des questions et les discussions s’amorcent entre eux. Une
trace de chaque contribution individuelle est conservée par les animatrices qui s’assurent auprès des
enfants de la fidélité de leurs notes par rapport aux idées évoquées au travers d’une relecture (ces
notes ne sont pas partagées en dehors des réunions du comité).
Un thème est approfondi chaque année et les animatrices s’efforcent d’approfondir un sujet parmi les
considérations des jeunes sur lequel « il n’y a pas des grosses distorsions, entre un enfant de 10 ans
Doc ressource

et celui de 17 ans par exemple où il se dit "C'est n'importe quoi", "Bon je comprends rien" on essaie
de trouver quelque chose qui les relie déjà dans les échanges qui arrivent, c’est ça qu'on va creuser
un peu plus ».
À titre d’illustration, les grandes thématiques qui ont été travaillées dans le cadre du comité des
jeunes sont les décisions de placement, la confiance ou encore la liberté, ce dernier thème ayant
fortement émergé des préoccupations des enfants pendant le confinement. Les enfants ont aussi, en
💬💬 parallèle du thème annuel, participé à la consultation nationale du défenseur des droits et travaillé
sur la question de la santé.
Le thème défini est ensuite analysé dans les séances qui suivent avec l’aide de différentes techniques
d’animation qui leur permettent d’être actifs.
dpt Les animatrices ont par exemple eu recours au débat mouvant pour travailler le thème de la confiance
66 en leur posant la question suivante : « est-ce facile d’avoir confiance envers les éducateurs ou le juge ?

📝📝 📝📝 ». Les jeunes devaient physiquement se positionner comme étant d’accord ou pas d’accord en allant
d’un côté ou de l’autre de la salle. Leur position physique indique leur positionnement intellectuel.
Le débat mouvant permet à chacun de donner son avis, même de façon non verbale. Il invite aussi à
82 justifier sa position en donnant des arguments tout en permettant un mouvement d’un camp à l’autre
qui les autorise à réviser leur position après réflexion, en écoutant les autres participants.
Les séances peuvent encore aussi s’appuyer sur l’utilisation de carte réseau, par exemple sur le thème
de la santé, les animatrices ont interrogé les enfants : « quand vous allez vraiment très mal, vers
qui vous tournez-vous ? ». Il s’agissait pour les participants d’identifier sur un tableau les ressources
sur lesquelles ils peuvent s’appuyer au sens large et matérialiser d’un trait coloré la nature de la
relation : conflictuelle/difficile, neutre, soutenante. Les enfants ont identifié des proches, certains
professionnels mais aussi les animaux, internet etc.
Chaque séance s’appuie sur les notes des séances qui précèdent, mises en ordre et relues aux enfants
par l’animatrice. Les constats et les propositions sont retravaillés et affinés : « Il faut reprendre des
phrases qu'ils ont dites, ils vont les approfondir, ils vont dire, là je ne suis pas d'accord finalement, avec
ce que l'autre a dit, pourquoi vous n’êtes pas d'accord ? Puis on recommence à retravailler toute cette
matière-là ». Les notes servent de point de repère fixe d’une rencontre à l’autre afin de maintenir
et consolider la réflexion, elles permettent aussi d’assurer la continuité des travaux du groupe en
permettant aux nouveaux arrivants de s’y greffer. Les travaux aboutissent à un texte définitif, en cas
de désaccord, le débat est ouvert mais si le désaccord se maintient, l’idée est retirée pour aboutir à un
travail collectif approfondi et susceptible d’être partagé ensuite devant les instances de l’ODPE (voir
par exemple la production du comité des jeunes de l’ODPE 66 sur la confiance).

↘ Accompagnement des enfants au cours de la démarche


Les enfants sont plus particulièrement accompagnés à la prise de parole devant les instances de
l’ODPE au travers d’exercices de théâtre et de respiration proposés par l’animatrice lors des séances
de travail précédant l’événement.

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

Le département s’attache par ailleurs à proposer aux enfants des temps informels et conviviaux
couplés aux temps de travail afin qu’ils soient à l’aise dans la démarche et y prennent du plaisir. Cela

Doc ressource
peut prendre la forme de temps de repas partagés avec les professionnels de la protection de l’enfance
à la suite des comités de l’ODPE. Les animatrices ont aussi organisé des visites et temps de jeux sur
certains sites naturels du territoire. Par ailleurs, un partenariat a été noué avec la direction culture
et patrimoine du département afin de faire participer les enfants à des événements culturels en fin
d’année et qu’ils puissent « partager autre chose » avec les animatrices (par exemple une rencontre
avec un artiste et la participation à des créations musicales par ordinateur). Les enfants inscrits dans
la démarche sur la durée sont en outre partis en séjour à Paris à la rencontre du Défenseur des
enfants ainsi qu’à Toulouse à l’occasion d’une conférence pour présenter le comité des jeunes.
Concernant les liens avec les enfants, l’animatrice attire l’attention sur le fait « qu’autant il est
important que l'animateur ait la confiance des membres du groupe qu'il anime […], autant il n'est
pas là pour remplacer un éducateur ou tout autre adulte proche du jeune dans le quotidien et donc
ressource pour lui si quelque chose allait mal. […] L'animateur du groupe ne saurait occuper toutes
les places, et il est important qu'il s'en garde bien. Si je voulais caricaturer, je dirais qu'il est avant
tout disponible pour le groupe et l'émergence d'éléments de connaissance collective. Il y a une
question éthique derrière cette question de la “proximité” qui n'est pas simple... Ainsi je dirais que
si l'animateur peut être proche des jeunes, il doit pouvoir orienter au plus vite vers des personnes
du quotidien. L'animateur ne “fait que passer”, cette humilité (au sens d'absence de pouvoir ou de
relation de dépendance) est à préserver autant que possible. »
💬💬
Dès l’origine, le groupe projet avait aussi introduit dans le cahier des charges du comité un point de 📋📋
vigilance concernant l’accompagnement des enfants : « la participation des jeunes aux différentes
instances de travail peut éventuellement susciter des questionnements ou des moments de
fragilité, pouvant être repérés soit par les institutions, soit par les animatrices. C’est pourquoi, en dpt
cas de besoin, les animatrices et les référents institutionnels pourront se mettre en relation pour 66
envisager une prise en charge adaptée. » Dans ce sens, la gestionnaire administrative de l’ODPE se
📝📝 📝📝
charge de recueillir et centraliser les coordonnées des référents des enfants concernés afin qu’en
cas de nécessité un échange puisse s’organiser.
83

Rôle et implication de l’ODPE dans la démarche

La démarche a été impulsée par la direction enfance-famille qui est par ailleurs responsable
de l’ODPE. Le projet a été défini au sein d’un groupe de travail piloté par l’ODPE et composé
de certains de ses membres volontaires. La gestionnaire de l’ODPE recueille et centralise les
coordonnées des référents institutionnels des enfants participants.
Le comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales est membre constitutif de l’ODPE, un
avenant à la charte constitutive de l’observatoire a été voté en ce sens.
Les membres volontaires du comité des jeunes participent à une partie des temps de réunion
des comités de pilotage et comités techniques de l’ODPE. Ils y restituent leurs travaux, ceux-ci
étant en outre intégrés aux axes de travail de l’ODPE.

Restitution et portée des travaux


↘ Objectifs de la restitution
Les travaux du comité des jeunes sont restitués dans le cadre des instances de l’ODPE afin de les
partager avec les professionnels décideurs et les institutions concernées du champ de la protection
de l’enfance en mesure de porter des améliorations de la politique publique et des pratiques
professionnelles.

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

L’ancien adjoint directeur enfance-famille et l’animatrice résument dans ces termes la philosophie
de la démarche dans un article : « Les jeunes prennent conscience dans ce travail collectif d’un
savoir commun : à partir d’expériences individuelles, très différentes et uniques, ils élaborent
des éléments de compréhension commune en lien avec la protection de l’enfance. Ils peuvent
ensuite […] partager des éléments de connaissance et des propositions à valeur égale avec les
connaissances des professionnels de la protection de l’enfance. Dans cette étape, ils n’ont alors pas
une parole de type « témoignage » sur leur situation personnelle, mais bien une analyse commune
à partager qui est comme détachée de leur vécu même si elle y est profondément ancrée : ainsi, un
jeune peut expliquer une idée, qui aura été apportée en groupe de pairs par un autre jeune à partir
d’un vécu propre, et que le groupe des jeunes se sera approprié comme élément de connaissance.
Nous nous trouvons là au cœur du processus d’intelligence collective. »4

↘ Modalités et support de la restitution


Doc ressource

Les jeunes participants restituent leurs travaux lors des comités techniques de l’ODPE (en juin,
octobre et parfois mars) et lors de son comité de pilotage de fin d’année. L’ensemble des membres
volontaires du comité des jeunes est présent.
En pratique, pour susciter l’intérêt des enfants et maintenir leur attention, les membres du comité
des jeunes n’interviennent que sur une partie des temps de réunion des instances de l’ODPE dont
les contenus peuvent être techniques.
💬💬
Les comités techniques et de pilotage de l’ODPE se réunissent donc d’abord entre professionnels
pendant 1 h 30, et dans le même temps les jeunes travaillent dans une salle à part. À partir des
travaux précédemment menés par les jeunes et de leurs productions écrites, ils construisent
ensemble ce qu’ils souhaitent dire ou non, partager à l’extérieur du groupe et la façon dont ils vont
dpt le dire. Ils se répartissent ensuite la parole et « en général, ils veulent tous parler, même les plus
66 timides » précise l’animatrice. La directrice enfance-famille souligne que la place est ensuite faite à

📝📝 📝📝 tous ceux qui le souhaitent « ils sont aussi importants que le procureur, que le DASEN… » et chacun
s’exprime à tour de rôle. La directrice rappelle également aux professionnels lors des instances de
l’ODPE l’importance de ne pas interpeller les jeunes sur leur parcours personnel.
84
À titre d’illustration, les jeunes ont abouti à un écrit pour l’un des comités de pilotage déclinant
ce que recouvre pour eux la confiance avec les autres, le juge, l’éducateur, entre jeunes et la
confiance en soi. À propos de la confiance avec l’éducateur ils y expriment notamment que : « On
ne peut pas avoir confiance en tout le monde : par exemple si on peut dire quelque chose d’intime
a un éducateur et qu’il ne le répète pas alors on sait qu’on peut avoir confiance. Il faut qu’il nous
demande avant de le dire à d’autres éducateurs, et qu’on soit d’accord. Nous avons confiance en
l’éducateur :
– quand nous le connaissons depuis longtemps ;
– quand l’éducateur nous demande notre avis avant d’écrire, nous fait lire les rapports avant
de les transmettre ;
– quand il nous aide à faire nos démarches, s’il se bouge avec nous (il ne fait pas que parler) ;
– quand il nous aide à avoir confiance en nous. »
Si au démarrage de la démarche les échanges peinaient à s’enclencher, il est relevé que les débats
s’installent progressivement, notamment au sein des comités techniques. Les professionnels peu
habitués et ne sachant pas nécessairement comment se positionner avec les jeunes sont de plus
en plus à l’aise. Un échange s’est par exemple engagé entre jeunes et professionnels autour du
secret professionnel, permettant de saisir ce qu’il recouvre pour chacun et ses limites. Cet échange
a permis d’éclairer d’une part la nécessité pour les professionnels de pouvoir partager certaines
informations dans l’intérêt des enfants et d’autre part l’importance pour les jeunes de savoir qu’ils
peuvent avoir confiance quant à ce qu’ils livrent aux professionnels. Il est aussi observé que la
présence des jeunes vient modifier la dynamique des échanges au sein des comités de pilotage :

4. Baron, N., et Greiveldinger, N. (2019). Prendre en compte la parole des jeunes suivis en protection de l’enfance.
Forum, 156 (1), 7-15.

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

« les “adultes” réalisent un effort pédagogique en intégrant les jeunes en qualité d’interlocuteurs
potentiels, ce qui les amène à être plus précis dans les échanges. Parler de la protection de l’enfance,

Doc ressource
de ses enjeux et de ses faiblesses devant et avec ceux qui sont les plus concernés, devrait participer
à son amélioration »5.
Enfin, le comité des jeunes intervient également à la conférence annuelle de l’ODPE qui porte
sur la thématique de travail retenue par les jeunes participants, en présence de la Présidente du
département et de l’élu chargé de l’enfance.
Afin de valoriser leur contribution, le département délivre aux jeunes des attestations nominatives
de participation au comité des jeunes de l’ODPE. Il est par ailleurs précisé que certains jeunes
l’utilisent dans leurs démarches relatives à leur projet professionnel, pour des demandes de stage
par exemple.
Il n’y a pas de restitution plus large à l’ensemble des jeunes au-delà des membres du comité mais
certains jeunes participants qui le souhaitent peuvent partager au sein de leur établissement ce
qu’ils produisent dans le cadre de la démarche, notamment les jeunes qui sont membres des
conseils de la vie sociale. S’il n’y a pas d’articulation formelle avec le comité, ces derniers peuvent
parfois y évoquer les travaux du comité des jeunes de l’ODPE. Néanmoins, l’animatrice rapporte
que les jeunes lui renvoient que « c'est un peu dur des fois de présenter ce que fait le comité
des jeunes. Parce que justement on est plus sur une dimension : comment modifier la politique
publique de la protection de l'enfance ? Les conseils de la vie sociale sont beaucoup plus dans le 💬💬
concret du quotidien. Du coup, pour les jeunes, ils me disent souvent que c'est difficile pour eux
de défendre ce qu'ils font au comité des jeunes ou des fois on leur dit “vous bossez trop”, “c’est 📋📋
compliqué” ».

↘ Suites données aux propositions et aux constats des enfants dpt


Les jeunes insistent régulièrement sur le fait que leur participation s’effectue avec l’espoir que les 66
choses changent et que leurs propositions puissent trouver un écho concret. 📝📝 📝📝
En premier lieu, il est prévu que les réflexions menées dans le cadre du comité des jeunes soient
inscrites comme axe de travail de l’ODPE et figurent dans le rapport annuel validé par le comité de 85
pilotage. Les travaux des jeunes peuvent être également insérés dans le schéma départemental
des solidarités.
Au sein du comité technique de l’ODPE, un document commun a été rédigé recensant les constats
et suggestions d’amélioration des enfants d’une part et les pistes de réflexion et propositions
concrètes des institutions et professionnels de l’ODPE d’autre part.
À titre d’exemple, concernant les décisions de placement, le comité des jeunes avait proposé que «
quand la situation s’arrange dans la famille, que ce soit dit par tout le monde (éducateur, juge, etc.),
qu’on voit ce qui va bien aussi dans le présent. » Le comité technique de l’ODPE a notamment retenu
en conclusion de : « Veiller à rédiger dans chaque écrit qui concerne les jeunes, un paragraphe
relatif aux qualités, aux compétences et aux potentialités des enfants et de leurs familles ». Le
comité des jeunes a également soulevé le fait que les professionnels rédigeaient des écrits les
concernant sans que le contenu ne leur soit communiqué. Si les pratiques professionnelles n’ont pas
encore pleinement évolué, la directrice enfance-famille indique que dans certains établissements,
les éducateurs font désormais lire aux jeunes les rapports avant de les envoyer afin qu’ils puissent
donner leur avis. Ces changements de pratiques viennent également modifier la manière dont sont
rédigés ces rapports, et peuvent davantage valoriser le positif, mettre en évidence les perspectives
plutôt que de se centrer sur le passé de l’enfant.
Sur ce thème, il a également été décidé en comité technique, d’organiser un temps de rencontre
entre les membres du comité des jeunes et les juges des enfants, afin que les enfants puissent
faire part de leurs préoccupations et de leurs réflexions. Les jeunes se sont appuyés sur un texte

5. Ibid.

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

travaillé collectivement lors des séances de travail, ils y mentionnaient par exemple : « Nous ne
comprenons pas ce que dit le juge pendant l’audience, et même nos parents, ils ne comprennent
pas tout. Quand l’éducateur dit “tu as compris ?”, on répond “oui oui” mais ce n’est pas vrai ». Il
semblerait que certains juges des enfants aient pu prendre la mesure des incompréhensions qui
pouvaient entourer les décisions et des efforts de pédagogie qui se révèlent nécessaires auprès des
enfants et de leur famille.
Autant que possible, il est fait retour aux enfants des suites données aux propositions lors des
comités techniques.
Selon la directrice enfance-famille, l’expérience du comité des jeunes peut aussi contribuer au
niveau du département à développer plus largement des pratiques en faveur de la participation
des enfants. Elle évoque l’exemple d’une commission ad hoc dont l’objectif est de prévenir les
ruptures de parcours pour les situations complexes. La participation à la réunion de la commission
Doc ressource

d’un jeune concerné a pu être expérimentée et a montré son intérêt.

Éléments de bilan concernant la démarche participative


↘ Regard rétrospectif porté sur le projet
Après cinq années de fonctionnement, le département envisage de réaliser une étude d’impact sur
💬💬 les pratiques du comité des jeunes avec l’appui de l’IRTS et de ses étudiants.
La démarche est considérée comme positive et riche par le département qui souligne le relief
apporté aux réflexions partagées au sein des instances de l’ODPE et le fait que les travaux du comité
donnent lieu à des engagements de la part des professionnels. La directrice enfance-famille appelle
dpt à être particulièrement attentif à renvoyer aux jeunes que ce qu’ils vont produire va servir et s’en
66 assurer même si « les effets ne se voient pas tout de suite, il faut vraiment porter cette idée ».

📝📝 📝📝 Le département insiste par ailleurs sur l’intérêt de pouvoir s’appuyer sur l’expertise de professionnels
formés en matière de participation. La souplesse d’un comité « mouvant », soutenu par des
méthodes d’animation spécifiques, permet aussi de mieux s’adapter au fonctionnement des jeunes
86 et ainsi favoriser leur participation tout en assurant la continuité des travaux. Il importe de ne pas
nourrir d’attentes inadaptées vis-à-vis des enfants et de pas appliquer un cadre organisationnel qui
relèverait de l’adultomorphisme.
Selon la directrice enfance-famille, le projet exige en outre un investissement conséquent ainsi
qu’un « portage et une volonté farouche, à la fois technique et politique ».
Les modalités d’accompagnement de la démarche auprès des professionnels sont également à
penser avec soin. Il est nécessaire d’associer chaque niveau organisationnel et décisionnel dans une
articulation souple au fur et à mesure des étapes du projet, mais aussi de convaincre du sens et de
l’intérêt de la démarche pour les jeunes et les institutions de la protection de l’enfance. L’effectivité
du comité exige aussi de faire participer les professionnels de terrain à la démarche, tant sur le
plan de l’organisation que du travail de réflexion et des pistes de changement susceptibles d’être
identifiées.
La démarche suppose ensuite des exercices de conciliation, il s’agit de « trouver un équilibre
entre les attentes des uns et des autres, négocier les contraintes de temporalité (un élu n’a pas le
même calendrier ni les mêmes échéances qu’un lycéen, par exemple, ni qu’un éducateur gérant
un groupe), etc. »6. La temporalité des institutions est très scandée par les dates des comités
techniques et de pilotage mais il faut également pouvoir prendre en compte le temps d’élaboration
des jeunes ainsi que leurs propres contraintes quotidiennes.
Enfin, les acteurs du projet soulignent l’intérêt de retenir une approche humble dans la construction
de la démarche et son envergure. Ils considèrent essentiel de l’inscrire en premier lieu dans une

6. Ibid.

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comité des jeunes de l’ODPE des Pyrénées-Orientales

forme d’expérimentation à réajuster progressivement : l’animatrice indique qu’ « il vaut mieux


commencer petit et puis voir après au fur à mesure, des forces dont on dispose, comment on s'en

Doc ressource
sort, quelle bêtise on a fait, comment rectifier etc. », et la directrice enfance-famille conclut « on
a avancé en marchant [...]. Le comité des jeunes nous a façonné, et on a façonné le comité des
jeunes, on a été dans les deux sens. »

↘ Réaménagement ou évolution du projet


Le département entend renouveler la communication entourant le comité des jeunes afin
de mobiliser de nouveaux enfants. La direction cherche également à renforcer la dimension
opérationnelle dans le suivi des préconisations des enfants. Un temps d’échange entre la direction
enfance-famille et les jeunes a été récemment initié pour faire un retour de l’avancée des actions
qui ont été présentées par le comité des jeunes, il est aussi prévu d’inclure le comité des jeunes
dans le suivi du schéma départemental des solidarités. Le renforcement de la participation est aussi
envisagé plus largement, au travers de la participation d’un jeune à l’action de formation organisée
par l’ODPE et la création éventuelle d’un site d’information à l’attention de l’ensemble des enfants
accompagnés.

💬💬
📋📋
dpt
66
📝📝 📝📝
87

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Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
Doc ressource Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance
des enfants protégés

CONSEIL DES JEUNES DE LA


PROTECTION DE L’ENFANCE
EN GIRONDE

La démarche et son lieu d’implantation


Le conseil des jeunes de la protection de l’enfance (CJPE) en Gironde se réunit à Bordeaux.
Composé d’une centaine d’enfants, ce conseil a été créé le 20 novembre 2019, à l’occasion des
trente ans de la Convention internationale des droits de l’enfant. Tous les enfants et jeunes
majeurs bénéficiant ou ayant bénéficié d’une mesure de placement et résidant actuellement
sur le territoire girondin, âgés entre 8 et 28 ans, quelle que soit la nature de la décision, peuvent
participer à ce conseil.

Personnes ressources
Adeline Gouttenoire Présidente de l’observatoire départemental de la protection de l’enfance
(ODPE) de la Gironde. Professeure à la faculté de droit et sciences politiques, directrice du
Centre européen de recherches en droit des familles, des assurances, des personnes et de la
santé (CERFAPS, EA4600), et de l'Institut des mineurs (IDM), université de Bordeaux.
Élodie Duroux Chargée de mission de l’ODPE de la Gironde.

Sources mobilisées
Ce document ressource a été réalisé le 29 septembre 2022 à partir du rapport ODPE de la
Gironde (novembre 2020), de l’ensemble des documents envoyés par le département relatifs
au conseil des jeunes de la protection de l’enfance, d’une intervention de Mme Julie Lafaye lors
du 9e Séminaire technique des ODPE en décembre 2022 et d’entretiens avec Mme Duroux et
Mme Gouttenoire.
Document relu et validé par Mme Duroux et Mme Gouttenoire.

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conseil des jeunes de la protection de l’enfance de la Gironde

Étapes du projet et moyens déployés


↘ Contexte d’émergence du projet
Les États généraux de la protection de l’enfance de la Gironde se sont déroulés à Bordeaux en
novembre 2016 : ils ont été l’occasion d’échanges autour de thématiques de travail en protection
de l’enfance avec un certain nombre de professionnels du département. En conclusion de ces temps
de travail, et sous l’impulsion de la vice-présidente du département en charge de la protection de
l’enfance, il est évoqué pour la première fois la nécessité de mettre en place une démarche de
participation collective par laquelle les jeunes de la protection de l’enfance pourraient s’exprimer.
Des premiers constats mettent en lumière une absence de représentation des jeunes de la
protection de l’enfance au sein d’une instance départementale, avec une possibilité relativement
faible pour ces enfants de pouvoir agir, être acteurs de leur prise en charge et d’être associés aux
Doc ressource

décisions qui les concernent. En parallèle, il est énoncé une importante méconnaissance du rôle
de l’Association départementale d’entraide des personnes accueillies à la protection de l’enfance
(Adepape), présente sur la Gironde.
Dans le cadre de l’élaboration du schéma départemental de la protection de l’enfance et de la
famille 2018-2022, un groupe de travail pluri partenarial est alors mis en place : une fiche action
« Créer un conseil des jeunes de la protection de l’enfance de Gironde » est rédigée et vient
💬💬 s’inscrire dans l’axe 2 du schéma, relatif à la nécessité « d’adapter la protection de l’enfance aux
évolutions juridiques et sociétales ».

↘ Références à un projet du même type


Le département de la Gironde souligne l’existence depuis 1989 d’un conseil départemental des
dpt jeunes, composé d’élus collégiens. L’expérience de ce conseil départemental a constitué un point
33 d’appui et inspiré la démarche de participation collective des enfants protégés, les deux conseils
📝📝 📝📝 partageant par ailleurs comme objectif de proposer un « lieu de réflexion, de discussion […]
d'apprentissage de la citoyenneté et de la démocratie locale ». De même, la mise en place de
90 conseils de vie sociale, instaurée par la loi 2002-2 du 2 janvier 2002 au sein des structures d’accueil
de protection de l’enfance, est présentée comme une référence, notamment parce qu’ils offrent
aux enfants confiés la possibilité de bénéficier d’un lieu d'expression relatif au fonctionnement des
lieux dans lesquels ils sont accompagnés.

↘ Objectifs poursuivis
Il s’agit de créer un espace de parole dédié aux jeunes confiés à l’aide sociale à l’enfance (ASE) afin
de leur permettre de s’exprimer sur le fonctionnement du dispositif de protection de l’enfance, de
recueillir leurs propositions d’amélioration avec la possibilité de formuler des recommandations.
Ce conseil des jeunes doit aussi permettre de connaitre et faire connaitre le fonctionnement du
dispositif de protection de l’enfance dans le département tout en valorisant l’intervention de
l’Adepape 33. L’ODPE affiche également la volonté que ce conseil s’inscrive dans un « engagement
citoyen » : il s’agit alors de créer, voire de renforcer chez les jeunes, un sentiment d’appartenance
à la « communauté des enfants confiés à la protection de l’enfance », et de leur permettre de
s’inscrire dans une démarche de participation collective et engagée, expérience pensée comme
fondatrice pour leur future vie d’adulte.

↘ Initiative et portage politique de la démarche


Il est observé un portage politique fort relatif à la création de ce conseil des jeunes : la vice-présidente
en charge de la protection de l’enfance et la présidente de l’ODPE en font une priorité et l’inscrivent
au sein du schéma départemental de protection de l’enfance, support politique important pour acter
cette démarche et accompagner son élaboration. Une première réunion de réflexion sur ce conseil
des jeunes a été rapidement organisée et a bénéficié des apports de Lyes Louffok, militant et ancien
enfant confié à l’ASE. L’implication des professionnels dès le début de la démarche et l’engagement

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de la présidente de l’ODPE et la vice-présidente en charge de la protection de l’enfance ont permis

Doc ressource
un réel investissement du projet et plus largement sa pérennisation. La responsable ODPE souligne à
ce titre une dynamique politique notable qui lui apparaît essentielle et fondatrice, notamment pour
convaincre et mobiliser les professionnels dont certains pouvaient rester « un peu perplexes quant à
la mise en œuvre » effective de ce conseil, d’autant que cette manière de travailler avec les enfants
peut parfois paraitre un peu « éloignée des fonctionnements de travail habituel ».

↘ Élaboration du projet et modalités de pilotage


La démarche projet du conseil des jeunes de la Gironde est organisée en trois comités : un comité
de pilotage et un comité technique, tous deux constitués début 2019 dans le cadre du schéma
départemental, ainsi qu’un comité de suivi.
Le comité de pilotage, présidé par la vice-présidente en charge de la protection de l’enfance et la
présidente de l’ODPE, est composé du directeur général des Affaires sociales (DGAS), de la directrice
du pôle Solidarité développement social (PSDS), de la direction protection de l’enfance et de la
famille, d’élus de la collectivité et de représentant de leurs cabinets, de membres de l’Adepape 33,
de la chargée de communication à la DGAS et enfin de la chargée de mission ODPE. Il est articulé
avec le comité technique pour valider les propositions formulées par ce dernier et impulser la
dynamique du projet.
Le comité technique est quant à lui composé de la présidente de l’ODPE, d’une responsable de 💬💬
maison du département des solidarités (MDS), d’une responsable d’équipe d’accueil familial,
de travailleurs sociaux, de directeurs d’établissements et/ou de services, de représentants des 📋📋
assistants familiaux et des lieux de vie, de la chargée de communication à la DGAS et de la chargée
de mission ODPE. Ce comité multi-partenarial et pluridisciplinaire a permis d’élaborer ce projet. Il
a également défini les thématiques de travail qui ont ensuite été proposées aux enfants lors de la dpt
première séance inaugurale. 33
Le comité de suivi est composé de 5 enfants dits ambassadeurs : ces jeunes ont participé à la 📝📝 📝📝
première session du conseil des jeunes et représentent les différentes commissions thématiques,
constitutives de ce dernier. Ces enfants s’engagent à venir présenter les constats conclusifs proposés 91
par les enfants lors d’une assemblée départementale et à participer régulièrement au comité de
suivi. « Ce sont des jeunes qui veulent être un peu le porte-voix du groupe, ils se sont proposés
spontanément et il n’y a de limite d’âges […] Le plus jeune a d’ailleurs 9 ans » précise la chargée de
mission ODPE. Un représentant des assistants familiaux et des MECS, la directrice du pôle Solidarité
développement social, la directrice départementale de protection de l’enfance et de la famille et
la coordonnatrice de l’Adepape 33 composent également ce comité de suivi. Ce dernier est animé
par la vice-présidente en charge de la protection de l’enfance et la présidente de l’ODPE : il a pour
objectif de reprendre et de proposer des temps d’échanges autour des différents points et constats
formulés par les jeunes du conseil à l’issue des commissions, et d’apporter, autant que possible
« des réponses aux enfants ou de formuler des possibilités d’évolutions » relatives au dispositif de
protection de l’enfance en Gironde. En ce qui concerne les professionnels, ce comité de suivi se
présente comme un lieu de réflexion autour de leurs pratiques et plus largement autour de la mise
en œuvre de la politique publique du département en matière de protection de l’enfance.
Les enfants et les jeunes n’ont pas participé aux réflexions préparatoires à la mise en place du conseil
des jeunes et à la création des supports informatifs l’accompagnant. En revanche, des anciens
enfants confiés, membres de l’Adedape 33, participent au comité de pilotage et au comité de suivi
de ce conseil. Ces derniers ont notamment participé à l’élaboration des outils de communication
et aux supports informatifs proposés aux enfants et aux professionnels, et ont également été
attentifs aux termes retenus quant au choix de l’appellation de ce conseil. En effet, initialement
l’instance devait s’appeler « conseil départemental des jeunes de la protection de l’enfance » mais
afin d’éviter toute stigmatisation, les termes ont été repensés à la suite des retours de certains
membres de l’Adepape 33 qui considéraient que « conseil départemental » avait une connotation
trop chargée vis-à-vis de leur propre histoire d’enfants placés.

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↘ Moyens humains, matériels et financiers


L’accompagnement de ce projet au sein du schéma départemental, son élaboration et sa
structuration au travers des comités stratégiques, techniques et de suivi, mettent en lumière un
ensemble de professionnels engagés.
L’animation de ce comité des jeunes se voulait neutre pour les enfants afin que la parole « puisse
se libérer ». Il a ainsi été choisi de ne pas faire appel à des professionnels de la protection de
l’enfance qui travaillent au quotidien avec les jeunes mais de privilégier l’intervention d’animateurs
extérieurs. Par ailleurs, le département a mis à disposition de ce conseil des jeunes les locaux du
conseil départemental, à savoir la salle de l’hémicycle ainsi que les salles attenantes pour organiser
les commissions en groupe avec les enfants. Le choix du lieu, et notamment l’hémicycle, pour la
séance inaugurale apparaît importante puisqu’il s’agissait d’offrir aux enfants un cadre officiel afin
de leur rappeler l’importance de cette démarche et de leur implication. La chargée de mission
Doc ressource

ODPE précise à ce titre : « Ce sont les enfants qui nous l’ont dit, le jour où ils étaient assis dans les
gros fauteuils avec les micros, c’était un peu impressionnant mais en même temps c’était valorisant
pour eux […] ils se sentaient estimés, bien reçus donc le lieu était très important ».
Une subvention d’un montant de 8 000 euros est allouée pour le fonctionnement et l’animation
du conseil des jeunes de la protection de l’enfance pour une durée de 18 mois, comprenant,
entre autres, le financement des animateurs professionnels salariés de l’association d’éducation
💬💬 populaire Francas. À cela s’ajoute un montant de 4 000 euros permettant d’assurer le transport des
enfants, la restauration et le financement des outils de communication relatifs à ce conseil.

Espace de participation et animation du conseil des jeunes


dpt ↘ Critères de sélection des enfants participant
33
📝📝 📝📝 Le comité de pilotage a souhaité veiller dans la constitution du conseil à la parité fille/garçon, à la
représentativité des catégories d’âges, des différents modes d’accueil et des secteurs géographiques.
Aussi, tous les enfants et jeunes majeurs bénéficiant ou ayant bénéficié d’une mesure de
92 placement, âgés entre 8 et 28 ans, peuvent participer à ce conseil. L’âge minimal de 8 ans a été
retenu comme permettant pour un enfant d’avoir la capacité de « dire des choses ». La présidente
de l’ODPE précise que cet âge seuil assure à l’enfant des capacités cognitives, langagières et de
lecture suffisantes pour participer aux échanges, aux votes, aux jeux proposés lors des séances et à
la prise de parole en public. Elle précise par ailleurs qu’en deçà de cet âge « c’est compliqué (pour
les enfants) de comprendre qu'ils sont censés exprimer une parole collective ».
L’âge maximal de 28 ans s’explique par la volonté d’intégrer d’anciens enfants confiés qui ne «
soient pas trop éloignés de leur vécu de prise en charge », un autre critère accompagnant ce
point d’attention étant « qu’ils ne soient pas non plus eux même en situation de parentalité, ni en
situation de parents d’enfants placés ».
Le comité de pilotage a par ailleurs décidé, dans un premier temps, que ce conseil des jeunes
s’adresse en priorité aux enfants confiés à l’ASE, excluant de fait les enfants suivis en milieu ouvert.
Ce choix se justifiant par le fait que « les enfants placés parlent de la même chose, ils ont un vécu
[…] C’est un collectif, ils ont un point commun, c’était un parti pris évident dès le départ ».

↘ Règles de fonctionnement
Il n’existe pas actuellement de charte de fonctionnement propre au conseil des jeunes : la chargée
de mission ODPE précise à ce titre que les professionnels investis dans ce projet, ainsi que le groupe
d’animateurs « se connaissent depuis un moment et forment un groupe constitué qui perdure sur la
session suivante », ne nécessitant pas d’instituer un cadre de fonctionnement formalisé. Néanmoins
ce constat est nuancé puisqu’il est précisé que ce document constitutif pourrait permettre que ce
conseil « s’inscrive dans la durée, que certaines choses soient scellées, qu’on puisse s’y référer »,
et également clarifier le rôle et les attendus de chacun des animateurs, dont les postures et les

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formations professionnelles différentes peuvent parfois être source de malentendus. Il apparaît


également important de rappeler que l’inscription des professionnels au sein de ce conseil suppose

Doc ressource
un investissement qui s’inscrit dans la durée : « Si on (les professionnels) ne voit pas les enfants au
quotidien, c’est important qu’on leur offre une image de stabilité, d'être les mêmes personnes à
chaque fois, à chaque session […] d’être un repère pour eux. C’est vrai qu’on ne l’a pas écrit, mais
c'est très inscrit en chacun de nous. Alors je pense qu’on pourrait rajouter ça dans la charte ».
Du côté des enfants, bien qu’il ne soit pas encore formalisé, un règlement du conseil des jeunes de
la protection de l’enfance est actuellement en réflexion. Certaines règles, énoncées dès le début
du lancement du conseil, notamment en lien avec la prise de parole des enfants, apparaissent
importantes à formaliser : « Pour que leurs paroles soient libres, qu’il se sentent autorisés à parler,
il faut qu’ils se sentent en confiance avec nous. On leur dit qu’ils peuvent parler, dire des choses,
qu’on n’attend pas une réponse en particulier. On se met tous à la portée des enfants. La question
du cadre et de la qualité d'accueil sont importantes […] Pour que les enfants puissent prendre la
parole de façon sereine, il faut vraiment qu'on puisse leur expliquer et formaliser ce qu’on va faire
de leur parole ».

↘ Modalités d’information et de communication sur le conseil des jeunes


Auprès des enfants
Des outils de communication ont été élaborés au sein du comité de pilotage, et notamment un
💬💬
flyer, une affiche et un courrier dans l’objectif d’informer les jeunes et de les inviter à participer
à la démarche. Un logo représentant un amphithéâtre et un slogan « prendre la parole pour
📋📋
être entendu » accompagné d’un symbole de porte-voix, ont été pensés avec l’objectif que « ces
jeunes se sentent partie prenante d’une assemblée officielle ». Ces outils de communication ont dpt
été diffusés dans les différents lieux d’accueil des enfants. En parallèle une campagne d’affichage 33
dans des lieux spécifiques, telles que les Adepape, le centre régional des œuvres universitaires
📝📝 📝📝
et scolaires (Crous), les missions locales ou les centres d’hébergements et de réinsertion sociale
(CHRS) a été lancée pour mobiliser les anciens jeunes confiés à l’ASE.
93
Le lancement du projet auprès des enfants a impliqué le recueil des adresses des lieux de vie des
quelques 3 000 enfants confiés à l’ASE sur l’ensemble du département de la Gironde, et âgés de 8 à
21 ans. L’envoi d’un courrier nominatif invitant les jeunes à s’inscrire à ce conseil pour y participer,
accompagné d’une « enveloppe T » pour un retour simplifié, a ensuite été organisé. L’envoi d’un
courrier individuel et nominatif, signé par la vice-présidente en charge de la protection de l’enfance
et la présidente de l’ODPE a été très apprécié : « Les enfants nous ont dit ne jamais recevoir de
courrier à leur nom, même lorsque cela concerne les procédures de placement […] L’enfant n’est pas
informé officiellement par écrit de tout ce qui le concerne en termes de protection de l’enfance ».
Ce mode de communication a été jugé par la chargée de mission ODPE comme « le plus efficace
pour sensibiliser les enfants à la démarche ».

Auprès des professionnels


La présidente et la chargée de mission de l’ODPE sont allées à la rencontre des professionnels de
la protection de l’enfance, notamment en participant à des réunions avec les chefs de services et
les directeurs des lieux d’accueil mais aussi les responsables des équipes d’accueil familial afin de
leur présenter la démarche, leur remettre les outils de communication (affiches, flyers, etc.), et
leur proposer de participer au comité technique de ce conseil. L’objectif était que ce projet puisse
être ensuite présenté à leurs équipes : « Passer par les pairs est important, notamment le fait qu’ils
puissent eux même faire descendre l’information, remettre les plaquettes et les accompagner […].
Créer un support n’est pas suffisant, il faut vraiment que ce soit accompagné par une prise de
parole ». Ce temps d’information et de sensibilisation à la démarche en amont doit par ailleurs
permettre aux professionnels des lieux d’accueil d’accompagner la lecture du courrier adressé aux
enfants et leur expliquer les enjeux de la démarche.

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La responsable de l’ODPE souligne la nécessité que les directions fassent le relais et mobilisent
les équipes des structures d’accueil, les assistants familiaux présents dans le quotidien auprès de
l’enfant pour porter le projet et lui donner du sens. Quel que soit l’âge des enfants, celle-ci précise
que « s’il n’y a pas un adulte derrière l’enfant qui en parle avec lui, l’incite, lui dit que c’est possible
etc., l’enfant ne le fera pas de lui-même. Si ce n’est pas porté par son adulte de proximité, alors
ça ne prendra pas […] il faut vraiment que les structures puissent relayer cette parole auprès des
enfants ».

Auprès des parents


Un courrier d’information relatif à la participation de leur enfant au conseil des jeunes a été
envoyé à chaque parent. La présidente de l’ODPE a indiqué ne pas avoir demandé le consentement
parental, étant considéré que la participation du jeune à ce conseil fait partie des actes usuels.
Doc ressource

S’appuyant sur le CASF et la CIDE (art. 12), elle précise à ce titre que l’enfant peut participer aux
décisions qui le concernent et qu’il a le droit d’exprimer son opinion.
Le département a veillé à ce qu'aucune photo d'enfants participants à ce conseil et susceptible de
les identifier ne soit prise, ainsi il n’a pas été nécessaire de recueillir les autorisations parentales en
matière de droit à l'image.
Enfin, plusieurs articles de presse écrite et des podcast radio ont permis de mettre en lumière ce
💬💬 conseil des jeunes de la protection de l’enfance sur la Gironde1.

↘ Composition du conseil des jeunes


168 candidatures ont été reçues par l’ODPE, les critères fixés par le comité de pilotage lors de
la création du projet et relatifs à la composition du conseil des jeunes ont été respectés autant
dpt que possible. Il a ainsi été choisi une représentativité par modes d’accueil et structure : soit 2
33 enfants par foyers, 3 enfants par territoires pour l’accueil familial, 10 enfants pour le centre
📝📝 📝📝 départemental de l’enfance et de la famille, 2 enfants pour les lieux de vie et enfin 10 places pour
les anciens enfants confiés à l’ASE. Ainsi, 103 enfants composent ce premier conseil des jeunes de
la protection de l’enfance. La parité a été respectée puisque 51 filles et 52 garçons composent ce
94 groupe (tableau 1). Il est à noter que le département n’avait pas initialement envisagé un nombre
« cible » de participants pour ce conseil, mais s’est adapté aux nombreuses candidatures reçues,
ne souhaitant pas néanmoins dépasser le nombre de 100 enfants participants afin de préserver la
qualité des échanges.

Tableau 1 Composition du conseil des jeunes de la protection de l’enfance de la Gironde,


au moment de sa création, 2019

Structures d’accueil Nombre d’enfants


Accueil familial 29
Mecs ou foyer 57
CDEF 10
Lieu de vie 3
Anciens enfants confiés 4
Total 103

>>>

1. http://www.aqui.fr/societes/gironde-un-nouveau-conseil-des-jeunes-pour-la-protection-de-l-enfance,19355.
html

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>>> suite Tableau 1

Doc ressource
Âge des enfants Nombre d’enfants Âges des enfants Nombre d’enfants
8 ans 6 15 ans 5
9 ans 4 16 ans 12
10 ans 4 17 ans 20
11 ans 3 18 ans 16
12 ans 6 19 ans 9
13 ans 7 20 ans 3
14 ans 6 21 ans+ 2
Total 36 67

Source • Conseil départemental de la Gironde – Observatoire départemental de la protection de l’en-


fance. Rapport - Novembre 2020.

Il est à noter une surreprésentation au sein des jeunes candidats de sexe masculin au sein de 💬💬
la tranche d’âge 16-19 ans, s’expliquant notamment par la part de candidatures importante de
mineurs non accompagnés (MNA), désireux de pouvoir bénéficier de ce lieu d’expression. Dès lors,
📋📋
pour garantir la représentativité des catégories d’âges mais aussi de sexe, le comité de pilotage a
fait le choix de garder tous les candidats de moins de 14 ans ainsi que l’ensemble des filles. Les 103
jeunes membres du conseil des jeunes ont été informés par courrier de leur participation, avec un dpt
bulletin d’inscription pour les thématiques prédéfinies par le comité de pilotage. Une invitation 33
officielle à la séance inaugurale de ce conseil, prévue le 30 novembre 2019, était également 📝📝 📝📝
associée au courrier.
95
↘ Modalités organisationnelles
Le comité de pilotage a défini huit thématiques de travail pour la première session du conseil des
jeunes. Il a ainsi été demandé aux enfants de se positionner sur deux d’entre elles, par retour
courrier au moment de leur inscription (tableau 2). Sept thématiques ont finalement été retenues,
« La santé » ayant été exclue, à défaut d’inscription des enfants (la présidente de l’ODPE fait
l’hypothèse que les enfants confiés ne se sentent pas toujours concernés par les problématiques
de santé, cette thématique restant selon eux assez éloignée de leurs préoccupations du quotidien).

Tableau 2 Les thématiques proposées par le comité de pilotage aux jeunes pour la première
session du comité des jeunes de la protection de l’enfance de Gironde, 2019

1. La relation avec les autres 2. Les relations avec la famille


3. Le quotidien dans mon lieu de vie 4. Les loisirs et les passions
5. La formation ou les études 6. L’avenir
7. Les relations avec les institutions 8. La santé

Source • Conseil départemental de la Gironde – Observatoire départemental de la protection de l’en-


fance. Rapport - Novembre 2020.

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Le comité de pilotage a également souhaité que le conseil des jeunes se réunisse quatre fois
par an, le mercredi après-midi de 13 h 30 à 16 h 30. La mandature des enfants dure une année,
exception faite des cinq jeunes participants au comité de suivi, et composant le groupe dit des
« ambassadeurs », qui poursuivent sur une année supplémentaire le travail engagé lors de cette
première session.
Une organisation logistique importante sous-tend ces temps de travail, notamment du côté des
assistants familiaux mais aussi des professionnels des structures d’accueil, chargés d’accompagner
les enfants sur le site du conseil départemental, et ce au regard d’un territoire étendu. Certains
enfants pouvaient par ailleurs arriver directement après l’école, ceci impliquant qu’ils n’aient pas
déjeuné le midi. Le département a alors dû prévoir des paniers repas pour les accueillir et souligne
l’importance d’anticiper ces questions.
Il est également évoqué une présence soutenue de nombreux professionnels pour accueillir les
Doc ressource

enfants et les jeunes, assurer l’animation du conseil et organiser les modalités de retour des enfants
au sein de leurs lieux d’accueil. Une attention particulière est accordée au temps d’accueil des
enfants, qui peut être long pour certains d’entre eux, notamment pour ceux arrivant parfois très
en avance : il est alors souligné la nécessaire présence de plusieurs professionnels pour entourer
l’enfant et le rassurer lorsqu’il reste seul après le départ de son accompagnant.
Pour que la participation des enfants soit optimale, il a été choisi d’organiser le conseil en
💬💬 7 commissions thématiques de 15 enfants, animées chacune par des animateurs distincts.

↘ Animation du conseil des jeunes


Dans l’objectif d’éviter que les enfants ne se retrouvent avec leurs référents ASE ou les éducateurs
de leurs structures d’accueil comme animateur de groupe, il a été décidé de favoriser l’animation du
dpt conseil par des animateurs externes. Trois profils d’animateurs, avec des parcours et des formations
33 professionnelles volontairement différents, ont ainsi été retenus :
📝📝 📝📝 – des animateurs professionnels salariés de l’association d’éducation populaire Francas, spécialistes
de l’animation d’autres conseils des jeunes (conseils municipaux des jeunes) ;
96 – des étudiants en droit de la famille, et effectuant le diplôme universitaire de protection de
l’enfance (DU-PE) de l’université de Bordeaux, sous la direction d’Adeline Gouttenoire, présidente
de l’ODPE ;
– des « experts » de la protection de l’enfance. Il s’agit de retraités et d’anciens professionnels de la
protection de l’enfance qui ne sont plus en activité.
Les étudiants en droit de la famille ainsi que les « experts » viennent animer bénévolement le
conseil des jeunes.
Ces trois groupes d’animateurs forment ainsi un trinôme qui assure l’animation de chacune
des 7 commissions d’enfants. Ils assurent également l’accueil des enfants à leur arrivée, leur
accompagnement tout au long de l’après-midi. Les Francas ont, en outre, la charge de réaliser le
compte rendu des échanges qui ont eu lieu au sein des commissions thématiques. Des temps de
travail réunissant les Francas et les responsables de l’ODPE sont organisés entre chaque séance
pour coordonner l’animation des commissions et discuter des propos échangés avec les enfants.
L’intérêt de ce trinôme est de permettre que ce conseil soit encadré par des professionnels aux
expertises complémentaires : en matière d’animation, de droit, et de protection de l’enfance.
Bien que ces approches aient été pensées comme complémentaires, ces postures « sachant/non-
sachant » du champ de la protection de l’enfance ont pu être à l’origine de « certaines crispations
[…] et d’un choc des cultures » qui ont néanmoins pu être surmontés.
Concernant la méthodologie d’animation mobilisée par les animateurs, il s’agit de laisser les enfants
s’exprimer librement, en table ronde, autour des thématiques prédéfinies sur lesquelles ils se sont
inscrits : des supports créatifs tels que des feutres pour dessiner, des Post-it, des paperboard ont
été utilisés pour accompagner leur prise de parole.
Si la chargée de mission de l’ODPE insiste sur la nécessité que les professionnels entourant l’enfant,

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que ce soit les éducateurs des structures d’accueil ou les assistants familiaux, ne participent pas à
l’animation du conseil des jeunes, elle ajoute qu’il est aussi important que ces derniers ne soient
pas non plus présents au sein des commissions ni même tout au long de l’après-midi avec les

Doc ressource
enfants : l’objectif étant que la parole des enfants soit facilitée, à distance de son lieu d’accueil, de
son placement et des professionnels associés. Cette distanciation n'a pas toujours été comprise
par certains professionnels, qui pouvaient parfois avoir le sentiment « d’être tenus à l’écart de
cette démarche ». La présidente de l’ODPE a joué un rôle notable pour maintenir ce prérequis
auprès des professionnels, leur offrant néanmoins la possibilité de participer au comité technique
du conseil des jeunes, pouvant ainsi prendre part « à la dynamique de ce conseil, et impulser sa
mise en place ».

↘ Déroulement des séances


Une séance inaugurale
La séance inaugurale du conseil des jeunes de la protection de l’enfance a eu lieu le 20 novembre 2019,
pour les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant, au sein de l’hémicycle du
département.
L’accueil des enfants s’est fait à l’entrée du bâtiment où un professionnel du département, de la
protection de l’enfance et/ou un animateur les attendait afin de les accompagner dans la salle, leur
remettre un badge nominatif ainsi qu’un sac contenant le matériel pour participer aux échanges 💬💬
(jeux, stylo, carnet, etc.). Les modalités de retours des enfants sont également organisées avec les
référents des lieux de vie des enfants, puisqu’il est à rappeler que ces derniers ne restent pas lors 📋📋
de ces temps de travail.
Animée par la vice-présidente en charge de la protection de l’enfance et la présidente de l’ODPE,
dpt
cette séance inaugurale s’est ouverte en donnant d’abord la parole aux jeunes pour leur permettre
33
de questionner le fonctionnement de l’instance. Un film de Jhon Rachid, humoriste et ancien enfant
📝📝
confié à l’ASE, intitulé J’ai grandi en foyer a été diffusé. Un jeu interactif de questions/ réponses sur
📝📝
les droits de l’enfant a été proposé (avec le logiciel Beekast) : pour y répondre, les enfants devaient
utiliser un téléphone portable via une application prévue à cet effet (le département a fourni un 97
téléphone portable à ceux qui n’en avait pas pour le temps de la séance) et les réponses étaient
ensuite argumentées par la présidente de l’ODPE.
Un nouveau temps d’échange a permis aux enfants d’exprimer leurs avis concernant le conseil
des jeunes : la chargée de mission ODPE observe que les prises de parole ont été nombreuses,
notamment de la part des plus jeunes membres de l’assemblée. Les thématiques de travail
ont ensuite été présentées aux enfants. Les jeunes ont quitté l’hémicycle pour se regrouper en
commissions afin de faire connaissance et de se projeter sur la séance de travail du mois de janvier.
Enfin cette séance inaugurale s’est clôturée sur un temps de goûter pour les enfants.

Des séances consacrées aux travaux en commission


• La séance du 8 janvier 2020 a été consacrée aux travaux en commissions en présentiel. Les
sept commissions se sont réunies pour travailler autour des thématiques choisies : 68 jeunes ont
participé à cette séance, avec une égale répartition entre les genres et une représentativité par
structure (tableau 3).
• La séance en commission du mercredi 25 mars 2020 a dû être annulée en raison du confinement
lié à la crise sanitaire de la Covid-19.
• La séance du 3 juin 2020 a été organisée en visioconférence mais moins d’un quart des enfants
s’est connecté. Des difficultés techniques et l’absence d’outils informatiques ont rendu difficile
voire impossible la connexion de certains enfants, les empêchant de pouvoir communiquer
correctement : 22 enfants se sont connectés lors de cette séance. L’absence de nombreux enfants a
incité les professionnels à privilégier des temps de rencontre en présentiel avec eux. De ce fait, les
séances des mercredi 14 octobre et du 18 novembre 2020 ont été annulées.

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conseil des jeunes de la protection de l’enfance de la Gironde

Tableau 3 Composition du conseil des jeunes de la protection de l’enfance, au moment de


la première séance de travail en commission, janvier 2020

Structures d’accueil Nombre d’enfants


Accueil familial 20
Mecs ou foyer 43
Lieu de vie 2
Anciens enfants confiés 3
CDEF -
Doc ressource

Total 68

Âge des enfants Nombre d’enfants


8-10 ans 9
11-14 ans 20
💬💬 14-17 ans 20
18-21 ans 19
Total 68

dpt Source • Conseil départemental de la Gironde – Observatoire départemental de la protection de l’en-


33 fance. Rapport - Novembre 2020.

📝📝 📝📝
Durant la période de la crise sanitaire liée à la Covid-19, des liens par téléphone, des messages
98 vidéo, et des mails d’information ont été maintenus, dont certains envoyés par la vice-présidente
en charge de la protection de l’enfance et la présidente de l’ODPE, auprès des 103 enfants, des
familles d’accueil et des structures d’hébergements. L’objectif étant que les enfants continuent de
se sentir « partie prenante de ce collectif » et que la dynamique de groupe perdure. Les animateurs
Francas ont par ailleurs fait un travail de synthèse des échanges et de travaux déjà effectués au sein
des commissions : une série de constats partagés ont alors été mis en évidence.
• La séance du 31 avril 2021 a été organisée en visioconférence et en présentiel au sein de
l’hémicycle du département. Cette dernière séance, qui signe la fin de la mandature, a permis aux
jeunes présents de voter pour les 14 points/constats tels que formalisés par l’équipe des Francas.
Ce vote a permis aux enfants de dire ce qu’ils souhaitaient faire ressortir dans un document support
final : 18 enfants ont participé à cette séance conclusive.

↘ Accompagnement des enfants au cours de la démarche


Comme souligné précédemment, un lien a été maintenus avec les jeunes au moment du
confinement. Il est aussi évoqué des contacts plus soutenus avec les enfants constituant le groupe
des « ambassadeurs », notamment au moment de la finalisation des travaux rendus par le conseil et
avec l’objectif de préparer leur prise de parole. La chargée de mission ODPE souligne une certaine
appréhension de leur part quant à l’exposé, en assemblée départementale, des 14 constats arrêtés
par les enfants : « On [la présidente et chargée de mission ODPE] a fait des temps de travail en
dehors du conseil avec eux autour de la prise de parole […] ça s'est fait de façon tout à fait officieuse.
C'était en visio parce qu'il y avait des restrictions (sanitaires), on a pris des temps pour pouvoir
écrire (leur intervention), pour leur permettre de ne pas oublier de dire des choses qu’ils avaient
prévu de dire. Ils ont pu ensuite un peu plus se détacher de cet écrit ».

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conseil des jeunes de la protection de l’enfance de la Gironde

Par ailleurs, il est précisé que les enfants ne sont pas en lien les uns avec les autres, en dehors de
ces temps d’animation, exception faite de ceux qui partagent le même lieu de vie.

Doc ressource
Un point d’attention est rapporté par la chargée de mission ODPE concernant les enfants qui
changent de structures de placement, durant leur mandature au sein du conseil des jeunes. Le
maintien du lien ainsi que la continuité de la participation de l’enfant au sein du conseil apparaissent
alors difficiles : « En fait quand ils ne sont pas là, on va faire les relances téléphoniques et c’est à ce
moment-là qu’on s’est aperçu qu'ils n’étaient plus dans la même structure et on ne sait pas où ils
sont. Et là pour le coup, il faut qu'on progresse par rapport à ça, parce qu’on se rend compte qu'il y
a des enfants qui nous échappent, avec des ruptures de placement ».

Rôle et implication de l’ODPE dans la démarche

L’indépendance du conseil des jeunes était conçue comme l’une des conditions importantes
de cette démarche participative notamment pour assurer une liberté de parole aux enfants
et pouvoir construire des recommandations à partir de leurs constats. Ainsi, le département
de la Gironde a souhaité que ce conseil des jeunes soit rattaché à l’ODPE qui en assure la
gestion administrative : l’ODPE est en charge de l’élaboration des outils de communication 💬💬
relatifs à ce conseil, de la prise de contact avec les professionnels et les structures accueillant
les enfants, de l’envoi des courriers aux enfants et du traitement relatif à leurs retours, des 📋📋
échanges avec les professionnels et les enfants concernant ce conseil, de la réservation des
salles et des repas proposés aux enfants, de l’accueil des jeunes lors des travaux en plénière et
en commissions, de la gestion de leur retour au sein de leur lieux de vie et plus généralement dpt
du bon déroulement des séances, etc. 33
La présidente et la chargée de mission de l’ODPE animent et participent pleinement aux 📝📝 📝📝
trois comités qui structurent le pilotage du conseil des jeunes, à savoir le comité stratégique,
technique et de suivi. La présidente de l’ODPE coanime par ailleurs la séance inaugurale. 99

Restitution et portée des travaux


↘ Objectifs de la restitution
Les constats évoqués par les enfants lors de la dernière séance du conseil des jeunes de la
protection de l’enfance ont été rassemblés par les animateurs Francas au sein d’un document final
qui a vocation à être présenté lors d’une assemblée départementale. La chargée de mission de
l’ODPE précise que ces 14 constats ne s’accompagnent pas toujours de solutions mais donnent à
voir « ce que vivent les enfants et ce qui est important pour eux » et constituent « un fil rouge dans
les instances de travail des professionnels du département ». Ces constats doivent alors permettre
d’ouvrir des espaces de réflexion sur la mise en œuvre de la politique publique du département en
matière de protection de l’enfance.

↘ Modalités et support de la restitution


Le groupe des « ambassadeurs », constitué de 5 enfants, est venu présenter les 14 constats lors
d’une assemblée du Conseil départemental au moment de la présentation des travaux de l’ODPE.
Les enfants ont pris les places du président du conseil départemental, de la première vice-présidente
et du directeur général des services du département au moment de cette restitution : « chacun
d’eux a laissé sa place aux ambassadeurs du conseil des jeunes de la protection de l’enfance, ça a
été un moment très fort ».

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Les 14 points proposés par le conseil des jeunes de la protection de l’enfance sont les suivants :
1. L’ensemble des membres du conseil des jeunes de la protection de l’enfance (CJPE) sont frustrés
du manque de liberté lié à leur placement, de plus ils constatent qu’il est différent selon les
structures d’accueil.
2. L’ensemble des membres du CJPE regrettent devoir raconter leur parcours de manière trop
fréquente, à chaque nouvel intervenant.
3. L’ensemble des membres du CJPE évoquent, des inégalités dans le suivi éducatif en fonction des
structures et le besoin d’être rencontrés plus régulièrement.
4. La majorité des membres du CJPE ont le sentiment que leur avis n’est pas assez pris en compte
par ceux qui les accompagnent et par ceux qui décident pour eux.
Doc ressource

5. La majorité des membres du CJPE ne comprennent pas toujours les décisions qui sont prises les
concernant et particulièrement la mesure de placement.
6. La majorité des membres du CJPE du CJPE dénoncent une forme de préjugés face aux enfants de
l’ASE.
7. La majorité des membres du CJPE ont insisté sur l’importance d’être particulièrement
accompagnés lors de l’arrivée sur un nouveau lieu de vie.
💬💬 8. La majorité des jeunes placés en MECS signalent un manque de cadre familial, vécu dans les
foyers, et de repères à une personne référente. Ils sont en demande de lien social et affectif.
9. Selon la majorité des membres du CJPE, la question de la contribution financière demandée aux
jeunes qui ont des revenus ou de l’argent de poche est problématique. Ils constatent des différences
de traitement selon la modalité d’accueil.
dpt
33 10. La majorité des membres du CJPE mettent en avant les difficultés qu’ils rencontrent pour suivre
📝📝 📝📝 des études longues.
11. La majorité des membres du CJPE regrettent que les fins de prise en charge ne soient pas assez
bien préparées et questionnent la durée des contrats jeunes majeurs.
100
12. La majorité des membres du CJPE ont noté que les lieux de rencontre avec leur famille en cas
de visites médiatisées n’étaient pas toujours chaleureux ou adaptés à ces rencontres.
13. La majorité des membres du CJPE regrettent de ne pas pouvoir maintenir des liens avec les
membres de leur fratrie et leur famille élargie ainsi qu’avec des personnes appartenant à leurs
réseaux de proximité.
14. La majorité des membres du CJPE vivent difficilement les changements multiples qu’ils subissent
tout au long de leurs parcours personnels.
Ces constats sont aussi restitués et discutés dans le cadre du comité de pilotage de l’ODPE à
destination des membres qui le constituent. Les enfants ne les présentent pas et n’y participent
pas. Il s’agit de nouveau de permettre à l’ODPE d’accompagner la mise en œuvre de ce conseil et
d’échanger avec les professionnels présents autour des constats énoncés par les enfants.
La démarche de participation collective des enfants mise en place en Gironde ainsi que les 14 constats
énoncés par les enfants ont par ailleurs été présentés par le groupe des « ambassadeurs » à
l’occasion des Rencontres médico-juridico-sociales autour de l'enfant, organisées par la faculté de
droit de Bordeaux, qui se sont déroulées le 25 juin 2021, et dont la thématique portait sur « La
parole de l'enfant en protection de l'enfance ».
Par ailleurs, il est souligné la volonté pour certains membres du groupe des ambassadeurs d’aller
à la rencontre des structures d’accueil du département pour présenter le conseil des jeunes de la
protection de l'enfance avec l’objectif de les y associer.
Au moment de l’élaboration de ce document, les 14 constats n’ont pas été restitués aux enfants en
dehors du conseil des jeunes de la protection de l’enfance, ni aux équipes éducatives travaillant sur

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le territoire de la Gironde. Cette question est néanmoins en discussion au sein de l’ODPE.

↘ Suites données aux constats et aux propositions des enfants

Doc ressource
« C’est bien d’entendre les enfants mais il faut en faire quelque chose de ce qu’ils nous disent » :
l’instauration d’un comité de suivi se fonde sur ce point d’attention. Il s’agissait pour l’ODPE de penser
un espace d’expression pour ces enfants, d’où la volonté d’y associer les jeunes « ambassadeurs »,
afin qu’ils puissent venir « discuter avec les décideurs du département, les yeux dans les yeux, en
petit groupe, autour d’une table. C’est un moment très rare, qui n’existe pas […] avec comme idée
centrale : comment on peut faire pour répondre à ce que vous dites ? ». Ces constats ont vocation
à alimenter le travail réflexif du département à l’occasion de temps de travail, comme autour du
projet pour l’enfant (PPE). Sur ce point, les enfants ont pu témoigner de ruptures successives qui
jalonnent leur parcours de prise en charge, caractérisé par des changements fréquents de référents
ASE et/ou de structures d’accueil. Ils ne s’estiment par ailleurs pas informés des changements à
venir et qui les concernent directement. À ce titre, la référente ODPE souligne que « le PPE pourrait
certainement répondre et apporter un peu… fluidifier ces échanges et éviter le nombre de ruptures
dans le parcours des enfants. Ça revient beaucoup dans ce qu’ils ont pu nous dire ». D’autre part, le
département a engagé une réorganisation de la protection de l’enfance avec une territorialisation
à venir des services et de nouveaux recrutements afin d’améliorer la qualité du service pour les
enfants.
Le comité de suivi doit par conséquent être le lieu pour « mettre en place des actions pragmatiques
💬💬
et opérationnelles, très concrètes pour eux ». Ainsi, l’un des constats énoncés par les enfants
mettait en lumière des difficultés pour suivre leurs études, notamment en raison d’un accès limité
📋📋
voire nul aux outils numériques : le président du conseil départemental a pris des mesures face
à ce constat et a décidé que tout jeune en situation de placement en Gironde serait doté d'un dpt
ordinateur portable à partir de ses 12 ans. Dotation assortie d'un accompagnement au bon usage 33
de l'outil informatique (démarrage de cette dotation en novembre 2022).
📝📝 📝📝
Éléments de bilan concernant la démarche participative 101
Le conseil des jeunes de la protection de l’enfance de la Gironde n’a pas encore fait l’objet d’une
évaluation.

↘ Regard rétrospectif porté sur le projet


Il est souligné une mobilisation notable des enfants, y compris des plus jeunes, même si la tranche
d’âge des plus de 16 ans reste la plus importante du groupe constitué. La qualité relationnelle entre
les adultes impliqués dans la démarche et les enfants est considérée comme un facteur décisif
de leur mobilisation. Il est rappelé la nécessité d’un temps suffisant de préparation en amont de
l’accueil des enfants, et la volonté affirmée de leur offrir un cadre sécurisant pour qu’ils puissent
s’exprimer : « Le temps de préparation est très important. Il s’agit de les sécuriser, sécuriser l'endroit,
sécuriser le moment », ce qui suppose, pour la référente ODPE, que l’équipe de professionnels
soit suffisante et « bien présente » autour de l’enfant, dès lors qu’il se retrouve seul « sans (son)
adulte de référence et face à d’autres adultes qu’il ne connaît pas ». Au-delà de ce travail de
préparation, le cadre de la démarche a été longuement pensé de telle sorte qu’il puisse donner des
repères à l’enfant dès son arrivée, notamment ceux relatifs à ses possibilités d’engagement dans
la démarche : « Ils n'ont pas de place à l’explosion ou à sortir du cadre. Le cadre est très précis,
très posé et du coup très rassurant. Je pense que c'est en effet ici une condition indispensable ».
Enfin, il est rappelé l’importance d’un portage politique conséquent, qui apparaît moteur dans la
mise en œuvre effective de cette démarche, permettant notamment que cette dernière s’inscrive
à plusieurs niveaux du système de protection de l’enfance et que les professionnels puissent s’en
saisir. À ce propos, la deuxième session du conseil des jeunes a été relancée il y a peu. Il semblerait
que cette dernière doive faire face à une déperdition du nombre de candidatures et d’enfants
participants. La chargée de mission ODPE explique ce constat par une moindre mobilisation des

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conseil des jeunes de la protection de l’enfance de la Gironde

équipes professionnelles au sein des structures d’accueil et des assistants familiaux : « Là on n’a pas
assez associé les équipes […] on n’est pas allé voir les équipes. Du coup, on rame un peu pour avoir
les enfants […] Il faut vraiment qu’on puisse jouer collectif et que les structures puissent relayer
cette parole auprès des enfants ». Si le contexte du Covid a également freiné plus généralement la
poursuite des travaux, la nécessaire constance dans la communication et le portage de la démarche
auprès des professionnels est soulignée.

↘ Réaménagement ou évolution du projet


Pour la deuxième session, Il a été choisi de laisser une liberté plus importante aux enfants quant
aux choix des thématiques travaillées en commissions, qui n’ont pas été décidées au préalable
au sein du comité technique. Les porteurs du projet craignaient à l’origine que travailler à partir
de thématiques choisies par les enfants, potentiellement très personnelles, fassent émerger des
Doc ressource

éléments douloureux ou traumatiques, délicat à gérer dans un cadre collectif. La préparation et le


cadre sécure dont les enfants ont bénéficié ont permis de lever cette crainte.
Il est aussi envisagé de constituer un groupe allant à la rencontre des équipes éducatives et des
jeunes afin de les sensibiliser à la démarche et soutenir une dynamique, celui-ci pourrait être
composé d’un membre de l’ODPE, d’un jeune ambassadeur et éventuellement de la présidente de
l’ODPE.
💬💬 Par ailleurs, le jour initialement choisi pour réunir les enfants, le mercredi après-midi, est
actuellement en discussion notamment parce qu’il s’agit du jour de la semaine où les rendez-vous
médicaux et/ou les activités sportives pour les enfants peuvent être nombreux. De même, certains
jeunes peuvent être en contrat d’apprentissage, en formation ou en stage, limitant de fait leur
participation : le samedi pourrait être un jour désormais envisagé pour réunir les enfants. Enfin,
dpt la responsable ODPE s’interroge sur les possibilités de garder des liens avec les enfants, en dehors
33 des commissions propres au conseil. Ainsi, ces liens permettraient de « garder une dynamique
📝📝 📝📝 ou l'entretenir en dehors des temps de rencontre ». Une réflexion est en cours sur l’usage du
téléphone portable et des réseaux sociaux ainsi que des nécessaires régulations qu’il exige afin de
garantir la sécurité du cadre.
102

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Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
Doc ressource Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance
des enfants protégés

CONSEIL DES JEUNES


EN PROTECTION DE L’ENFANCE
DU PUY-DE-DÔME

La démarche et son lieu d’implantation


Le conseil des jeunes en protection de l’enfance du Puy-de-Dôme réunit 40 jeunes confiés à
l’ASE âgés de 8 à 21 ans. Les rencontres ont lieu dans les locaux du conseil départemental à
Clermont-Ferrand. La session d’installation du conseil des jeunes en protection de l’enfance
s’est tenue le 16 mars 2022. Le travail en commission thématique débutera à l’automne 2022.

Personnes ressources
Anthony Courtalhac Chargé de suivi et de pilotage auprès de la direction de la prévention et
protection de l’enfance, référent de l’observatoire départemental en protection de l'enfance,
conseil départemental du Puy-de-Dôme.
Sarah Klisnick Directrice prévention et protection de l’enfance, conseil départemental du Puy-
de-Dôme.

Sources mobilisées
Le présent document a été réalisé par l’ONPE le 28 octobre 2022 sur la base d’un entretien
avec M. Courtalhac et Mme Klisnick, et des documents transmis par le département du Puy-
de-Dôme relatifs au conseil des jeunes en protection de l’enfance du Puy-De-Dôme (règlement
intérieur du conseil des jeunes, plaquette de présentation du conseil des jeunes, diaporama de
présentation du conseil des jeunes).
Document relu et validé par Mme Klisnick et M. Courtalhac.

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conseil des jeunes en protection de l’enfance du Puy-de-Dôme

Étapes du projet et moyens déployés


↘ Contexte d’émergence du projet
Le projet a émergé à l’automne 2020 dans un contexte de contractualisation entre le département
et l’État découlant de la Stratégie nationale en prévention et protection de l’enfance 2020-2022. Un
des objectifs de cette contractualisation, faisant l’objet de plusieurs instructions1, est de systématiser
la participation des enfants et des jeunes aux observatoires départementaux de la protection de
l’enfance (ODPE). Le département du Puy-de-Dôme a fait partie en 2020 de la première vague
des départements qui ont contractualisé avec l’État. Le projet est formalisé dans la fiche action
n° 24 (« Encourager une participation active des jeunes à l’ODPE 63 ») du contrat enfance voté
par l’assemblée départementale en septembre 2020. Cette fiche action comprend également la
« mise en œuvre d’un portail usager pour permettre aux enfants et à leurs représentants légaux
Doc ressource

de consulter leur dossier et formuler des demandes  ». L’expérience du conseil des jeunes de la
protection de l’enfance du département de la Gironde a inspiré la démarche mise en place dans
ce département. Par ailleurs, un conseil des jeunes du département du Puy de Dôme destiné aux
jeunes en population générale va également être mis en place.

↘ Objectifs poursuivis
Selon le préambule du règlement intérieur du conseil des jeunes en protection de l’enfance, il s’agit
💬💬 tout d’abord de « constituer un lieu d’expression libre et confidentiel des jeunes confiés à l’ASE
pour faire éventuellement évoluer la politique départementale de prévention et de protection de
l’enfance par le biais de propositions concrètes directement formulées par les jeunes membres
du conseil  »2 . Un des objectifs est de favoriser «  une participation citoyenne en stimulant des
sentiments d’appartenance à la communauté des enfants confiés en protection de l’enfance ». Le
dpt projet vise ainsi à favoriser le développement d’un sentiment d’appartenance des jeunes à une
63 communauté d’expérience (créer une «  communauté au sein des enfants confiés du 63 »). En
📝📝 📝📝 effet, les jeunes confiés se connaissent peu entre eux, en particulier les jeunes en accueil familial :
comme le note la directrice prévention et protection de l’enfance, «  on se rend compte que
104 malheureusement peu se connaissent, peu connaissent leur différence ou leur parcours, ceux qui
sont en famille d’accueil sont parfois plus isolés. L’idée est de créer cette communauté au sein des
enfants confiés du 63 ».

↘ Initiative et portage politique de la démarche


La démarche a bénéficié d’un fort portage politique de la part de la vice-présidente du conseil
départemental en charge de l’enfance. D’après la directrice prévention et protection de l’enfance,
cette dernière avait été associée aux travaux préparatoires à la démarche au premier semestre
2021 en tant que conseillère départementale élue de l’opposition, du fait d’un « intérêt personnel »
pour la thématique enfance. Une alternance politique est intervenue à l’été 2021. Cette élue a
alors été désignée en tant que vice-présidente en charge de l’enfance et de la jeunesse. Selon
la directrice prévention et protection de l’enfance, cette élue a continué son implication dans la
démarche : « Naturellement, elle a poursuivi les travaux avec nous sur ce projet là avec sa nouvelle
casquette de vice-présidente enfance ». La continuité du soutien politique apporté par cette élue
a constitué un atout considérable pour le projet, celle-ci étant d’emblée convaincue du bien-fondé
de la démarche. Comme l’indique le référent ODPE, « On n’avait pas besoin de la convaincre de
l’intérêt, on n’avait pas besoin de lui expliquer les tenants et aboutissants, le fonctionnement,
parce qu’elle avait tout clés en main vu qu’elle avait travaillé à cette mise en place. Donc c’est
quand même un sacré gain de temps. Et aussi pour qu’elle puisse derrière porter politiquement ce
projet, l’appuyer, même si ça avait été voté par les élus antérieurement. On sait que des fois avec

1. Instruction n° DGCS/SD2B/DGS/SP1/2022/61 du 18 février 2022 relative à la contractualisation préfet/ARS/


département en prévention et protection de l’enfance pour l’exercice 2022 [en ligne].
2. Préambule du règlement intérieur du conseil des jeunes en protection de l’enfance.

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conseil des jeunes en protection de l’enfance du Puy-de-Dôme

une alternance, des projets peuvent disparaître ou être mis en sommeil pendant un certain temps,
là il y a eu vraiment ce portage, le premier dossier qu’elle a porté c’était celui-là, donc on n’a pas
pris trop de retard non plus, parce qu’il y avait vraiment, si j’ose dire, cet alignement des planètes ».

Doc ressource
↘ Élaboration du projet et modalités de pilotage
La création du conseil des jeunes en protection de l’enfance a fait l’objet d’une coconstruction dans
le cadre d’un groupe de travail initié par l’ODPE en décembre 2020 et animé par le référent ODPE
et la Directrice de la prévention et de la protection de l’enfance. Ce groupe de travail réunissait
une dizaine de membres volontaires pour travailler sur la création du conseil des jeunes. Parmi les
membres du groupe de travail figuraient, outre l’élue mentionnée plus haut, une ancienne juge des
enfants, un directeur de MECS, la présidente de l’ADEPAPE 63, et plusieurs travailleurs sociaux du
conseil départemental. Ce groupe de travail qui s’est réuni à trois reprises a contribué à la définition
de la composition du groupe d’enfants du conseil des jeunes, des critères d’éligibilité, des modalités
de sélection des candidatures, de l’organisation du conseil et à la rédaction du règlement intérieur.
À la suite des travaux de ce groupe de travail, l’assemblée départementale a validé les propositions
de ce dernier à travers le vote à l’automne 2021 d’une délibération relative au conseil des jeunes
en protection de l’enfance. Cette délibération spécifique axée sur les conclusions des travaux
des membres de l’ODPE a permis de formaliser « l’organisation du conseil des jeunes, ses grands
principes, et le rattachement à l’ODPE ». En effet, afin de garantir l’indépendance du conseil des
jeunes en protection de l’enfance, la décision a été prise de rattacher la gestion administrative 💬💬
de ce dernier à l’ODPE. Comme le note la directrice prévention et protection de l’enfance, « bien
que l’ODPE fasse partie de la direction prévention protection de l’enfance, ce conseil n’est pas
📋📋
directement rattaché à la direction protection de l’enfance et pour nous c’était important puisque
l’ODPE a cette garantie d’indépendance ».
dpt
↘ Moyens humains, matériels et financiers 63
Les porteurs du projet sont le référent ODPE et de la directrice de la prévention et de protection 📝📝 📝📝
de l’enfance. Cette dernière avait davantage un rôle d’animation et de représentation tandis que
le référent ODPE avait la charge de l’organisation technique. L’animation du conseil des jeunes 105
en protection de l’enfance est confiée à des intervenants bénévoles (anciens professionnels de la
protection de l’enfance et étudiants en droit). Le référent ODPE assure la gestion administrative du
conseil des jeunes (gestion des candidatures, organisation de la première séance, réservation des
salles, envoi des invitations). Les actions de participation proposées aux jeunes ont lieu dans les
locaux du conseil départemental. Les sessions plénières ont lieu dans l’hémicycle et les travaux en
commission se tiendront dans des salles de réunion. Le budget prévisionnel, prévu dans le cadre de
la stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance, est de l’ordre de 50 000 euros par
an. Les supports de communication (vidéo, flyer) ont bénéficié d’un financement dans le cadre du
contrat « Enfance ». Cependant, certaines dépenses de communication ont été prises sur le budget
« communication » du département.

Espace de participation et animation du conseil des jeunes


↘ Critères de sélection des enfants participant
Le public initialement visé pour le conseil des jeunes en protection de l’enfance était 40 jeunes
confiés de 8 à 21 ans. La directrice prévention et protection de l’enfance justifie ce choix de la
façon suivante : « 8 ans parce que malheureusement en deçà c’est difficile de participer à ce type
d’instance. Il nous fallait quand même des jeunes qui soient en capacité de tenir toute une après-
midi et de développer un certain nombre de sujets. 21 ans parce que l’objectif c’était vraiment de
pouvoir travailler la question de la sortie de l’ASE et d’avoir peut-être des jeunes déjà sortis, en voie
d’insertion, en apprentissage ou à la faculté, et de partager aussi ces expériences-là ».
Les jeunes ont été sélectionnés via un appel à candidature. Un courrier nominatif a été envoyé

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conseil des jeunes en protection de l’enfance du Puy-de-Dôme

à tous les jeunes confiés à l’ASE répondant à ces critères d’âge sur l’ensemble du territoire du
Puy-de-Dôme, soit 1 200 jeunes. Le département a reçu plus de 60 candidatures parmi lesquelles
les garçons de 16 à 21 ans (notamment des mineurs non accompagnés) étaient surreprésentés.
L’Adepape 63 a également été sollicitée afin d’envisager le recrutement d’anciens jeunes confiés à
l’ASE mais aucun jeune sollicité par ce canal de recrutement ne s’est manifesté.
Afin de garantir une certaine représentativité des enfants confiés au sein du département, une
diversité a été recherchée dans la composition du conseil des jeunes en protection de l’enfance,
en termes de sexe (parité fille-garçon), de tranches d’âge, et de types de structures d’accueil
(représentation de l’accueil familial et de l’accueil en établissement collectif). Une représentation
des différents territoires a également été recherchée. Comme l’explique la directrice de la
prévention et protection de l’enfance, « pour nous, c’était vraiment important que l’ensemble des
jeunes confiés soit représenté dans leur diversité entre les différentes structures d’accueil et au
Doc ressource

niveau territorial puisqu’aujourd’hui nous avons une organisation territorialisée comme la plupart
des départements et nous avons cinq territoires sur le Puy-de-Dôme. L’idée c’était qu’on ait une
représentation aussi bien de ces territoires, des zones urbaines et rurales et bien évidemment des
structures d’accueil type placement familial ou établissement ».
30 jeunes sur les 40 retenus étaient présents lors de la session d’installation. La majorité des
jeunes dont la candidature a été retenue et qui ne se sont pas présentés sont des mineurs non
accompagnés. Le référent ODPE indique ne pas avoir eu de retour des jeunes sur les raisons de
💬💬 leur absence. Il fait l’hypothèse qu’un travail de sensibilisation supplémentaire est nécessaire pour
leur permettre de mieux comprendre le sens du conseil des jeunes : « peut-être qu’ils n’avaient pas
aussi pris la mesure de ce qu’était le conseil des jeunes, donc ça va être à revoir un petit peu avec
eux ».
dpt
63 ↘ Règles de fonctionnement

📝📝 📝📝 Un règlement intérieur du conseil des jeunes a été élaboré par le groupe de travail précédemment
constitué au sein de l’ODPE. Les membres du groupe de travail ont porté une attention particulière
à la clarté et à l’intelligibilité des règles pour les jeunes. Selon le référent ODPE, l’élaboration du
106 « règlement intérieur a pris du temps […] parce qu’on voulait quelque chose qui cadre mais qui
derrière soit aussi très compréhensible pour l’ensemble des jeunes. Ça c’était vraiment l’objectif de
nos travaux, c’était que les jeunes se sentent bien, puissent s’exprimer et n’aient pas l’impression
d’être dans quelque chose de trop technocratique qui soit loin d’eux, difficile ».
Le règlement intérieur définit les droits et les devoirs des participants au conseil des jeunes en
protection de l’enfance. Les droits auxquels le règlement fait référence incluent par exemple la
liberté de parole, le droit à l’information des membres sur les « sujets intéressants la thématique de
sa commission afin de favoriser une réflexion et des choix éclairés » et au « soutien de l’animateur et
des experts et en cas de besoin des services de la direction prévention et protection de l’enfance »,
le droit à un compte rendu soumis aux membres « pour rectification éventuelle », l’anonymisation
des comptes rendus. Les devoirs incluent par exemple le respect des règles relatives à l’assiduité,
l’adoption d’un comportement correct et adapté (tenue vestimentaire, langage respectueux,
politesse et respect) ainsi que le respect des règles relatives à la confidentialité des débats et des
prises de parole des jeunes (pas de vidéos et photos, obligation d’éteindre son téléphone portable).
Ainsi, le règlement intérieur pose-t-il des règles très claires en termes de confidentialité des
débats et de prise de parole des jeunes ce qui permet de sécuriser les échanges. Selon la directrice
prévention et protection de l’enfance, les jeunes présents lors de la plénière ont exprimé leur
attachement à la préservation de l’anonymat : « s’ils veulent s’exprimer, ils veulent aussi la garantie
que leurs propos ne soient pas repris en tout cas nominativement, donc on aura vraiment cette
vigilance là avec l’idée de ne pas avoir de vidéos ou de photos des jeunes du conseil ».

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conseil des jeunes en protection de l’enfance du Puy-de-Dôme

↘ Modalités d’information et de communication sur le conseil des jeunes


La directrice prévention et protection de l’enfance et le référent ODPE ont porté une attention

Doc ressource
particulière à la communication, interne et externe, et le conseil départemental a engagé des
moyens importants sur ce volet.

Auprès des enfants


Dans le cadre de l’appel à candidatures lancé à l’automne 2021, un courrier nominatif de
présentation du conseil des jeunes a été adressé à chaque jeune confié remplissant les critères d’âge
soit environ 1 200 jeunes. D’après la directrice prévention et protection de l’enfance, l’objectif de
ce courrier était que « chaque jeune se sente personnellement concerné […] puisse répondre s’il le
souhaite et proposer sa candidature ». Le département a également communiqué sur la démarche
sur son site internet à travers une page web dédiée et sur les réseaux sociaux. Plusieurs outils de
communication ont été élaborés en lien avec le service de communication de la collectivité : un
flyer de présentation de la démarche et des vidéos3. Le service communication a sous-traité la
réalisation du flyer à un graphiste extérieur. Ce flyer a été distribué à l’ensemble des jeunes dans le
cadre de l’appel à candidature et a servi par la suite de support de communication du conseil des
jeunes en protection de l’enfance. Le style du flyer est inspiré des mangas et le format des vidéos
s’apparente à un « dessin animé » ou un film d’animation. Les vidéos se basent sur l’extraction des
dessins du flyer afin d’assurer une cohérence entre les différents supports. D’après la directrice
prévention et protection de l’enfance ce format a été jugé « plus parlant qu’un simple courrier et 💬💬
notamment quand on s’adresse à des jeunes entre 8 et 15 ans ». Le service communication a choisi
de déléguer la réalisation de la vidéo à une société extérieure. Les services départementaux ont 📋📋
pris soin de ne pas faire figurer de date sur les outils de communication afin d’avoir des supports
qui puissent « vivre dans le temps ». Comme le note le référent ODPE, « tant les vidéos que le flyer,
il n’y a pas de date. Ce qui permet aussi de l’utiliser dans le temps, de réutiliser, et espérons-le le
dpt
plus longtemps possible. Quand on a un outil qui fonctionne bien, c’est mieux de pas le changer ».
63
Les 40 jeunes retenus pour participer au conseil ont reçu un courrier les informant de la décision. 📝📝 📝📝
Les jeunes non retenus ont reçu un courrier leur indiquant d’autres modalités de participation
(contact téléphonique, courriel, formulaire sur le site internet du département). Une boite mail 107
dédiée a été créée ainsi qu’un formulaire pour faire remonter des idées, remarques ou critiques.
Le suivi proposé aux jeunes qui ont candidaté mais qui n’ont pas été retenus constitue l’une des
originalités de la démarche de participation mise en place par le département du Puy-de-Dôme.
Le référent ODPE souligne que « c’était aussi une volonté dans le groupe de travail de dire que
ceux qui veulent participer, on ne les laisse pas en leur disant tout simplement « on avait besoin
de 40 jeunes, on a fait le tri merci au revoir, à dans un ou deux ans pour la prochaine session du
conseil des jeunes ».

Auprès des professionnels


La directrice de la prévention et de la protection de l’enfance et le référent ODPE ont présenté
la démarche aux assistants familiaux et aux directeurs d’établissement afin de permettre à ces
derniers d’accompagner les jeunes dans la réception du courrier. Selon la directrice prévention et
protection de l’enfance, il est essentiel « que les professionnels qui l’accompagnent au quotidien
soient en capacité de lui expliquer en quoi consiste ce conseil des jeunes, pourquoi il aurait
intérêt à candidater ou non, qu’est-ce qu’il va faire dedans  ». Deux séances de présentation en
visioconférence ont été organisées à l’attention de l’ensemble des établissements d’accueil
collectif, des partenaires associatifs et des assistants familiaux. Par ailleurs, la directrice prévention
et protection de l’enfance a présenté la démarche aux assistants familiaux lors de son tour des
territoires avec la chef de service du placement familial. La directrice prévention et protection de
l’enfance explique : « on en a profité pour remettre une petite couche et représenter encore le

3. www.youtube.com/watch?v=pQhablAoYG8 / www.youtube.com/shorts/K1V4SgXvYag / www.youtube.com/


shorts/VvrH0jUMFjk

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projet aux assistants familiaux quelques semaines seulement avant l’envoi des courriers, ce qui
a vraiment permis d’accompagner cette réception d’information, c’était indispensable parce que
c’est pas nous tout seuls en centrale qui allons porter le projet ». Il s’agissait ainsi de faire en
sorte que l’enfant dispose d’un interlocuteur à même de répondre à ses questions au moment de
la réception du courrier. Par ailleurs, la démarche a également été présentée aux référents ASE.
L’accent a été mis dans cette présentation sur l’importance de l’engagement des jeunes.

Auprès des parents


Un courrier a été adressé aux parents des jeunes participants pour les informer de la participation
de leur enfant au conseil.

↘ Modalités organisationnelles
Doc ressource

La démarche a été structurée en quatre commissions thématiques (10 jeunes par commission).
Les rencontres ont lieu le mercredi après-midi de 14  h à 17  h. Selon la directrice prévention et
protection de l’enfance, le choix du mercredi après-midi répond à différents impératifs : celui de
« ne pas leur faire rater l’école », et celui de « préserver les week-ends », aussi bien pour les enfants
que pour les bénévoles et professionnels impliqués.
La mise en œuvre retardée du conseil des jeunes a conduit à allonger la durée du mandat initialement
💬💬 fixée à une année scolaire à un an et demi renouvelable une fois. En cas d’interruption du placement
au cours de la mandature, le jeune reste membre. La fréquence des rencontres est de quatre par an
(une réunion plénière et 3 réunions en commissions thématiques). Un calendrier prévisionnel a été
arrêté très longtemps à l’avance. Cela permet une organisation anticipée pour les jeunes, notamment
au regard de leurs différents rendez-vous (scolaires, médicaux, professionnels etc.), mais aussi pour
dpt les professionnels et assistants familiaux qui les accompagnent aux séances du conseil des jeunes en
63 protection de l’enfance. En cas de besoin, le département a également la possibilité de recourir à des
📝📝 📝📝 taxis. Des réunions supplémentaires (plénière ou commission thématique) peuvent être organisées
« à la demande de la majorité des conseillers jeunes » (règlement intérieur).
108 Les sessions plénières se tiennent dans l’hémicycle départemental (règlement intérieur). Selon la
Directrice de la prévention et de la protection de l’enfance, « La valeur symbolique de la première
session est importante pour nous, dans la salle d’assemblée. D’ailleurs ils ont posé plein de
questions très légitimes à ce sujet-là, ça a permis de faire un petit peu de pédagogie, la citoyenneté,
la démocratie, les élus ». Les ateliers ont lieu dans les salles de réunion du département.

↘ Animation du conseil des jeunes en protection de l’enfance


À la date de rédaction de ce document (septembre 2022), seule la session d’installation s’est tenue
(en plénière). L’animation de la session d’installation a été assurée par les professionnels du conseil
départemental (responsable ODPE, directrice prévention et protection de l’enfance) et la vice-
présidente en charge de l’enfance et de la jeunesse. Il a été décidé que l’animation des commissions
thématiques serait confiée à des personnes extérieures, afin de garantir l’indépendance du conseil
des jeunes en protection de l’enfance et, comme indiqué par la directrice prévention et protection
de l’enfance, permettre « une liberté de parole la plus large et la plus facile possible ». Les animateurs
(en cours de recrutement) sont d’anciens professionnels de la protection de l’enfance du territoire
(ancienne juge des enfants, mandataires judiciaires…) et des étudiants en droit (master en droit des
affaires sociales, étudiants se destinant aux concours de la magistrature ou au barreau) volontaires
pour s’impliquer dans l’animation. Le recours à un binôme vise à assurer la fonction animation et
la fonction compte rendu. Une convention de partenariat avec la faculté de droit de l’université
de Clermont-Ferrand est en cours d’élaboration. L’ODPE avait envisagé également de faire appel
à des jeunes anciennement confiés à l’ASE âgés de plus de 21 ans pour l’animation de ce conseil
mais aucun jeune ne s’est manifesté. L’animation vise à favoriser l’expression des enfants et à faire
émerger des propositions d’amélioration et des recommandations. Les animateurs assurent le
secrétariat des commissions (rédaction des comptes rendus des séances).

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↘ Déroulement de la séance inaugurale


D’après le référent ODPE, lors de la session d’installation, les professionnels ont noté que les enfants

Doc ressource
« étaient bien présents à l’heure […] très contents de venir […]. Déjà sans commencer les débats
on voyait qu’il y avait une attente ». Les enfants ont reçu un sac à dos comprenant du matériel
(stylo, carnet, ardoise, clé USB avec les documents du Défenseur des droits4). La demi-journée (un
mercredi après-midi) s’est déroulée de la façon suivante : une allocution de la vice-présidente en
charge de l’enfance et de la jeunesse (accueil et présentation du conseil), suivie d’une présentation
du programme de l’après-midi par la directrice de la prévention et protection de l’enfance. Après
plusieurs activités ludiques, une présentation succincte de l’aide sociale à l’enfance et du conseil
des jeunes en protection de l’enfance et de son fonctionnement par la directrice prévention et
protection de l’enfance a été proposée aux enfants, puis le règlement intérieur du conseil des
jeunes en protection de l’enfance et les thèmes des commissions proposés par le groupe de travail
de l’ODPE ont été soumis au vote des enfants, et le calendrier prévisionnel leur a été communiqué.
Différentes activités ludiques ont été proposées aux enfants. Un jeu à l’aide d’ardoises leur a permis
d’apprendre à mieux se connaître. Comme le note le référent ODPE, «  C’était par exemple qui
est au collège, donc écrivez qui est au collège, qui est au lycée, pour vraiment être sur du jeu un
petit peu pédagogique pour briser la glace, le type de placement, pour qu’ils puissent regarder
[…] tisser des liens visuels en voyant qu’ils ne sont pas tout seuls dans leur type de placement ».
Les professionnels du département ont également proposé aux enfants un jeu sur les droits de
l’enfant à partir des ressources du Défenseur des droits5. Un travail a été réalisé avec des images
💬💬
représentant les droits des enfants pour voir ce que les jeunes en pensaient. 📋📋
Lors de la présentation de l’ASE par la directrice prévention et protection de l’enfance et le référent
ODPE, les compétences du département ont été expliquées aux jeunes. Selon le référent ODPE, le
fait que les jeunes identifient et comprennent les compétences du département est essentiel pour dpt
éviter qu’ils aient le sentiment que leur avis n’est pas réellement pris en compte. Une remontée des 63
propositions qui ne relèvent pas des compétences du département est prévue auprès des autorités
📝📝 📝📝
compétentes. Le référent ODPE précise : « On leur a bien expliqué aussi que […] si les remarques
ou recommandations qu’ils allaient faire n’étaient pas de la compétence du département, ce
serait remonté aux autorités compétentes  : type si ça dépend de la loi ce serait remonté aux
109
parlementaires […] on sait que la problématique de ces conseils, c’est avoir l’impression qu’on a
fait quelque chose mais qui ne sert à rien, qui n’est pas écouté, qui n’est pas suivi, donc dès le début
on a souhaité rappeler ce qui était possible, ce qui n’était pas possible, de notre point de vue, mais
si ce n’était pas possible à notre niveau, on le ferait remonter au niveau supérieur. C’est vraiment
l’objectif que les membres du groupe de travail se sont fixés, c’est que le jeune en sortant de là ne
se dise pas ma parole n’a servi à rien ».
Les professionnels ont également fait le lien entre le vote sur le règlement intérieur du conseil des
jeunes en protection de l’enfance et le fonctionnement du conseil départemental. Le référent ODPE
explique : « Au sein de chaque conseil départemental, les élus votent à l’installation d’une session,
les nouveaux élus votent le règlement intérieur donc on leur a fait faire pareil ». Les jeunes avaient
la possibilité de proposer des amendements mais ne s’en sont pas saisis : « le règlement intérieur
a été voté sans souci, là où il y a eu plus d’interaction, c’est sur les commissions thématiques ».
Les professionnels du groupe de travail avaient initialement proposé 4 thèmes de commissions
inspirés des thèmes du conseil des jeunes de la Gironde. Lors de la session d’installation les
jeunes ont voté sur les thématiques. Les professionnels ont demandé aux jeunes s’ils voyaient des
thématiques plus intéressantes pour eux, et les jeunes avaient la possibilité de proposer des thèmes
autres que ceux envisagés par les professionnels, ce qui a été fait pour l’une des commissions. Le
parti pris de laisser la possibilité aux jeunes de proposer d’autres thématiques que celles identifiées

4. https://educadroit.fr/parcours-pedagogique
5. https://educadroit.fr/parcours-pedagogique  ; https://www.defenseurdesdroits.fr/fr/outils/jeu-des-7-familles-
droits-de-lenfant

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par les professionnels constitue l’une des originalités de la démarche. Les thématiques proposées
par les professionnels étaient : les relations avec les autres (familles, amis) ; les relations avec les
institutions (magistrats, familles d’accueil, institutions)  ; la formation, les études et l’avenir des
enfants lors de sa sortie de l’ASE : la culture, le sport, les loisirs. Tous les thèmes prédéfinis ont
recueilli l’assentiment des enfants, à l’exception du thème de la culture, du sport et des loisirs,
écarté par les jeunes. Le thème proposé par les jeunes est le suivant  : le droit à la sécurité de
l’enfant dans sa globalité.
Les enfants ont ensuite complété un formulaire où ils ont classé les commissions thématiques
par ordre de préférence. La répartition des membres dans les commissions thématiques tiendra
compte des préférences exprimées par les jeunes ainsi que de critères de taille et de mixité de la
composition des groupes (en termes d’âge, de sexe et de lieux d’accueil).
L’après-midi s’est terminé par un goûter en présence d’une partie des animateurs (les anciens
Doc ressource

professionnels car les étudiants en droit n’ont pas encore été sélectionnés). La présence des
animateurs lors de ces temps informels a permis aux enfants de les identifier et ainsi de les rassurer.
D’après la directrice prévention et protection de l’enfance, « les jeunes étaient hyper souriants,
hyper contents d’avoir participé à cet après-midi, on en avait certains qui nous disaient  «  je
m’endors à l’école mais là je ne me suis pas endormi ».
Les ateliers en commission thématique se tiendront d’octobre 2022 à janvier 2023 à raison d’une
💬💬 séance tous les deux mois environ et la séance d’avril sera une séance plénière de restitution des
travaux des commissions thématiques à l’ensemble des participants.

dpt
63 Rôle et implication de l’ODPE dans la démarche
📝📝 📝📝
Le conseil des jeunes est rattaché à l’observatoire départemental de la protection de l’enfance
110 (ODPE). La mise en place du conseil des jeunes est venue accompagner la relance de l’ODPE.
Comme le note la directrice prévention et protection de l’enfance : « Chez nous, l’ODPE était
un petit peu en stand-by plutôt sur un aspect très théorique, présentation des statistiques,
rapports d’activité, projets divers et variés, mais plutôt sous un format descendant. J’ai souhaité
profiter de ce contrat enfance pour créer une nouvelle dynamique et que l’ODPE soit aussi
un espace de travail au-delà d’un simple observatoire de données et de rapport d’activités
diverses. Les membres de l’ODPE nous ont particulièrement remerciés de pouvoir participer à
la protection de l’enfance de manière très concrète ». Le conseil des jeunes dépend de l’ODPE,
il est envisagé comme une « émanation » de ce dernier (article 1 du règlement intérieur) et il
contribue à alimenter ses travaux. La directrice prévention et protection de l’enfance explique :
« On a choisi que le conseil des jeunes soit comme une entité à part entière de l’observatoire.
C’est l’expérience du conseil qui va nourrir l’observatoire, les propositions qu’on pourra faire et
les évolutions qu’on pourra proposer à notre assemblée départementale ».
La démarche implique une gestion administrative exigeante alors que les moyens de l’ODPE
sont limités. Le chargé de suivi et de pilotage auprès de la direction de la prévention et de la
protection de l’enfance, référent de l’observatoire départemental en protection de l’enfance a
eu la charge de l’organisation et de la mise en place de la démarche de participation collective,
et notamment la gestion des candidatures, l’organisation de la première séance, la réservation
des salles et l’envoi des invitations aux jeunes. Il a également participé à l’élaboration des outils
de communication et au travail de sensibilisation des professionnels à la démarche. Outre
le référent de l’ODPE, l’action a mobilisé plus largement les différents professionnels de la
direction prévention et protection de l’enfance notamment à l’occasion de la mise sous pli des
courriers nominatifs.

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conseil des jeunes en protection de l’enfance du Puy-de-Dôme

Restitution et portée des travaux

Doc ressource
↘ Modalités et support de la restitution
Outre la restitution des travaux des commissions thématiques auprès du conseil des jeunes en
protection de l’enfance, plusieurs formes de restitution ont été envisagées  par la directrice
prévention et protection de l’enfance et le référent ODPE :
– une restitution via le comité de pilotage de l’ODPE des propositions du conseil des jeunes de
protection de l’enfance, prévue en mai 2023 ;
– une restitution à l’ensemble des jeunes confiés des travaux du conseil des jeunes de protection
de l’enfance, dont le format reste à définir.
Le format de ces restitutions est encore en réflexion et reste ouvert afin de laisser aux enfants
le choix des modalités. La directrice prévention et protection de l’enfance indique  : «  On les
accompagnera dans le projet qu’ils ont envie de mener ». Pour la restitution au sein du comité
de pilotage de l’ODPE, le format envisagé serait la présentation d’une liste de recommandations.
Plusieurs options sont réfléchies dans ce cadre : une présentation directe par l’ensemble des jeunes
participants, une présentation par des jeunes désignés au sein du groupe, ou une présentation
par le référent ODPE. Pour la restitution à l’ensemble des jeunes confiés, la directrice prévention
et protection de l’enfance et le référent ODPE ont envisagé de recourir à un format journal ou
éventuellement à une communication visuelle de type vidéo. Selon la directrice prévention et 💬💬
protection de l’enfance, ce format est « à travailler avec les jeunes […]. C’est une communication
un peu comme une newsletter du conseil des jeunes ».
📋📋
↘ Suites données aux constats et aux propositions des enfants
dpt
Les propositions qui appellent des changements dans la politique publique seront portées à
63
l’assemblée départementale par l’intermédiaire de la vice-présidente enfance afin que des réponses
adaptées puissent être apportées. Selon la directrice prévention et protection de l’enfance : « Si 📝📝 📝📝
c’est la compétence du département, ces propositions ne resteront pas sans réponse ». Si ces
propositions relèvent de la loi, elles seront transmises au législateur. 111

Éléments de bilan concernant la démarche participative


Les porteurs de projet dressent un bilan très positif du déroulement de la première session. D’après
la directrice prévention et protection de l’enfance,  « c’était assez interactif, dans une première
session d’installation qui peut être assez solennelle et institutionnelle, d’avoir quelque chose de
très vivant ». Le conseil départemental identifie plusieurs conditions de réussite de la démarche.
Tout d’abord, il est nécessaire pour se lancer dans ce type de projet de disposer d’une équipe projet
solide et investie ou de la renforcer. Ensuite, il est important de mobiliser les différents acteurs
(professionnels en charge de la protection de l’enfance au sein du conseil départemental, élus,
partenaires sur le territoire) autour d’un « projet partagé ». Comme le note la directrice prévention
et protection de l’enfance, « si on est sur quelque chose de subi, d’imposé ou non compris, c’est le
risque d’un mauvais démarrage sur ce type d’instance. Si déjà les professionnels qui accompagnent
les jeunes ne sont pas convaincus de l’intérêt de ce type d’instance, on va avoir du mal à porter
également les jeunes dans ce type de conseil ». Enfin, une communication développée et adaptée
sur le projet en interne et en externe constitue selon les porteurs de projet une autre condition de
réussite de ce type de démarche.
Le cadre qui a été défini est flexible et susceptible d’aménagements dans la durée pour permettre
une adaptation aux besoins des enfants. Le référent ODPE explique : « C’est une première session,
si on voit qu’en fait un an (de mandat) ça ne suffit pas, qu’il faut travailler sur deux ans, on le
fera. Tout est aménageable. L’objectif, c’est vraiment d’avoir l’outil le plus efficace. C’est l’outil qui
s’adapte aux jeunes et pas les jeunes qui s’adaptent à l’outil ». Une ouverture aux jeunes suivis en
milieu ouvert fait partie des pistes de réflexion.

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Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
Présentation du comité des jeunes
de l’ODPE 66 rédigée par ses membres
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

Comité des jeunes ODPE 66


Texte de présentation du Comité, écrit par les jeunes.
(version 2022, à améliorer avec les jeunes dès qu'ils le souhaitent)

Dans le cadre de la Protection de l'enfance, nous pouvons donner notre avis


parce que nous sommes les seuls à pouvoir dire ce qui se passe du côté des
jeunes: nous sommes les mieux placés pour cela.

Le comité des jeunes nous permet de :


- nous exprimer et donner notre avis
- proposer des idées
- représenter d'autres jeunes

Pour changer les choses pour nous et les autres jeunes.

Quelques règles de fonctionnement du comité des jeunes:


- être engagé
- être poli: se parler bien, ne pas s'insulter
- en cas de désaccord, se parler sans s'énerver (arriver à dire: "je ne suis pas
d'accord")
- respect: chacun son tour de parler (on ne se coupe pas la parole)
- quand on ne comprend pas ce que veut dire l'autre, on ne lui dit pas "tu es
bête". On peut dire : "je ne comprend pas".
Quand quelqu'un ne nous comprend pas, on lui explique autrement ce qu'on
voulait dire jusqu'à ce qu'il ait compris. On ne lui dit pas "tu es bête".
- nous ne répétons pas à l'extérieur tout ce qui se dit dans le groupe: à chaque
fois on se met d'accord ensemble sur ce qui sort du groupe

Dans le comité des jeunes nous discutons entre jeunes d'abord, puis nous
décidons ensemble de ce que nous allons dire aux directeurs et professionnels
du comité technique ODPE, ou d'autres lieux.

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Flyer de présentation du conseil Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de


des jeunes de la protection
de l'enfance en Gironde
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

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Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
Production du comité des jeunes
de l'ODPE 66 sur la confiance
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

La confiance 1

Les jeunes du comité des jeunes de l'ODPE 66 (jeunes de 13 à 19 ans) ont travaillé de
manière collective sur la notion de confiance pendant un an. Il s'agit d'un thème choisi par
eux à partir de leurs préoccupations. Ils ont écrit ce texte à l'occasion du comité de pilotage
de l'ODPE de décembre 2018, auquel ils étaient invités. Ils écrivent dans le but de faire
partager leurs réflexions et leurs idées, afin que les choses changent en protection de
l'enfance. Ils acceptent de partager leurs écrits à chaque fois que cela peut servir ce but.

→La confiance dans les autres

Il faut pouvoir avoir confiance pour avancer, c’est trés important.

Mais ce n’est pas facile d’avoir confiance.

Quand la personne nous écoute dans les bons et les mauvais moments et qu’elle ne
répète pas aux autres ce qu’on lui dit, nous avons confiance.1

Nous savons quand on peut avoir confiance en un adulte, car cela se voit à son attitude : sa
sincérite quand il nous parle, le fait qu’il ne nous juge pas. A la façon dont il nous regarde :
comme des êtres humains ou comme des "cas soc' ".

Nous voyons quand un adulte nous considère comme si "on n’était pas comme les autres ".
Nous le voyons par les mots qu’il utilise aussi quand il est seul avec nous (par exemple,
quand il nous appelle "mongol"). Ou alors, quand il est différent face à nous et quand il y a
d’autres personnes.

Si un adulte vient vers nous quand il voit que ça ne va pas, et qu’il prend le temps de
discuter avec nous. Si nous demandons quelque chose et que nous sommes écoutés. Nous
avons confiance.

Nous pouvons avoir confiance en Protection de l’enfance, parce que les choix des
professionnels doivent être faits pour protéger les enfants. Mais en réalité nous ne sommes
pas toujours protégés dans les foyers.

1 Les phrases en gras sont soulignées par les jeunes :"ça, c'est vraiment important pour nous tous".

Comite des jeunes, Observatoire Départemental Protection de l'Enfance 66. Décembre 2018

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Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
Production du comité des jeunes
de l'ODPE 66 sur la confiance
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

→La confiance dans le juge 2

C’est trop dur de parler face au juge.

On n’a pas confiance dans le juge, parce que nous sommes habitués à voir des juges pour
des "choses pas bien".

Le juge nous demande de le regarder dans les yeux pour voir si on dit vrai. Il ne nous croit
pas. Il pense que comme il s’est passé ça, forcément ensuite il y a eu ça. Il ne croit pas au
changement.

Des fois on a l’impression qu’il nous croit et des fois non, ça se voit à sa tête.

On n’a pas confiance dans le juge parce que c’est lui qui décide. Savoir qu’on a notre avenir
entre les mains d’une personne qu’on ne connait pas, c’est dur à accepter.

On a peur de dire des choses parce qu’on dépend de lui et de ses décisions.
On ne peut pas avoir confiance dans le juge, c’est impossible.

Pour l’audience, on aimerait pouvoir être accompagné par une personne de confiance que
nous choisissons. Seul face au juge, on ne trouve pas les mots. Tout reste dans la tête.

On ne veut pas avoir de probléme avec lui, alors on lui dit d’accord pour tout. Quand il nous
dit qu’il voudrait nous voir tout seul, on dit oui pour ne pas le contredire.

La personne qui vient avec toi, tu lui as dit avant ce que tu voulais dire. Tu peux parler
normalement pendant l’audience et sinon elle t’aide.

Des fois nous avons pu être accompagné et nous avons réussi à parler. Des fois on préfère y
aller seul.

Il faudrait que le juge propose toujours si on veut que quelqu’un nous accompagne ou pas.

Comite des jeunes, Observatoire Départemental Protection de l'Enfance 66. Décembre 2018

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Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
Production du comité des jeunes
de l'ODPE 66 sur la confiance
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

3
→La confiance dans l’éducateur
On ne peut pas avoir confiance en tout le monde : par exemple si on peut dire quelque chose
d’intime à un éducateur et qu’il ne le répéte pas alors on sait qu’on peut avoir confiance. Il
faut qu’il nous demande avant de le dire à d’autres éducateurs, et qu’on soit d’accord.

Nous avons confiance en l’éducateur :

– quand nous le connaissons depuis longtemps


– quand l’éducateur nous demande notre avis avant d’écrire, nous fait lire les rapports avant
de les transmettre
– quand il nous aide à faire nos démarches, s’il se bouge avec nous (il ne fait pas que parler)
– quand il nous aide à avoir confiance en nous

Nous n’avons pas confiance en l’éducateur :

– quand il parle derrière notre dos


– quand il se comporte mal avec d’autres jeunes. Par exemple, quand il raconte à d’autres
éducateurs ce qu’un jeune lui a dit, sans que le jeune ne le sache. Du coup, nous n’avons pas
confiance pour nous.
– quand les éducateurs ne font pas attention à nous, nous oublient, ne font pas ce qu’ils ont
dit qu’ils feraient

Dans les foyers, souvent lorsqu’on se fait mal, on n’est pas pris au sérieux : autant par les
éducateurs que par le médecin qui vient dans les foyers. On ne nous soigne pas, on ne
cherche pas ce qui ne va pas. Ça ne donne pas envie d’avoir confiance.

Souvent aussi, quand on est en confiance avec un adulte (éducateur, veilleur, etc.) cela
provoque de la méfiance forte chez les autres adultes. Il faut faire attention.

→La confiance entre jeunes


Nous n’avons pas souvent confiance entre jeunes, c’est rare. C’est dur de faire confiance
quand un jeune fait comme s’il était ton ami et qu’il te fait du mal par derrière (par exemple,
qu’il te vole).

Nous avons confiance entre jeunes quand :

– on peut s’aider,
– on peut se confier,
– on peut aller voir l’autre quand on voit qu’il ne va pas bien
– on peut se soutenir face aux adultes

Comite des jeunes, Observatoire Départemental Protection de l'Enfance 66. Décembre 2018

La publication Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés


est disponible dans son intégralité sur le site de l’ONPE.
Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
Production du comité des jeunes
de l'ODPE 66 sur la confiance
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

4
→La confiance en soi
Le manque de confiance en soi, c’est ce qui bloque pour réussir.

Quand un adulte nous fait confiance, nous donne une responsabilité, cela nous donne
confiance en nous. À condition de savoir qu’on peut lui dire quand on n’est pas
d’accord, ou qu’on peut échouer, et que l’adulte ne nous lâchera pas.

Nous avons confiance en nous-même :

– quand nous sommes encouragés, qu’une personne met en avant nos qualités
– quand on peut compter sur des personnes et savoir qu’ils sont là pour nous.
Pouvoir compter sur des personnes qui croient en nous / sur la famille.
– quand nous arrivons à faire quelque chose jusqu’au bout
– quand nous arrivons à prendre une décision pour nous-même, quand on peut
décider de ce qu’on veut faire
– quand on nous montre de l’affection
(par exemple que quelqu’un, petit ou grand, nous aime et nous le montre)

Nous perdons confiance en nous :

– quand on a peur de décevoir l’autre


– quand on est rabaissé par nos proches (famille, amis)
– quand d’autres personnes rabaissent nos proches devant nous. Cela nous met trés en colère

Nous avons confiance en nous-même: quand on a beaucoup de responsabilités, on est


obligés d’avoir confiance en soi. On apprend à se débrouiller. On est obligé d’être
grand trop vite. C’est difficile. Mais ça peut nous aider plus tard, peut-être.

Comite des jeunes, Observatoire Départemental Protection de l'Enfance 66. Décembre 2018

La publication Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés


est disponible dans son intégralité sur le site de l’ONPE.
Courrier d'inscription au conseil Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de


des jeunes de la protection
de l'enfance en Gironde
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

Le Conseil des Jeunes


de la Protection
de l’Enfance en Gironde

Bonjour,

Le Conseil départemental a décidé de créer un Conseil des Jeunes* pour rendre acteurs


les enfants placés dans le cadre d’une mesure de protection de l’enfance.
Nous avons souhaité nous adresser à vous personnellement pour vous exposer
ce projet citoyen et participatif décrit dans la plaquette ci-jointe.
L’objectif est de recueillir votre parole pour faire évoluer le dispositif de protection
de l’enfance en Gironde.
Cette assemblée sera rattachée à l’Observatoire Départemental de la Protection
de l’Enfance (ODPE**) et animé par des personnes extérieures à l’Aide Sociale à l’Enfance,
pour garantir son indépendance.
Ce Conseil ne peut exister sans vous. Rejoignez la première assemblée qui se réunira
le 20 novembre 2019, date du 30ème anniversaire de la Convention internationale
des droits de l’enfant.

Avec nos amicales salutations.

Emmanuelle AJON Adeline GOUTTENOIRE


Vice-présidente du Département Présidente de l’Observatoire
chargée de la protection de l’enfance de la protection de l’enfance

*Le Conseil des Jeunes de la Protection de l’Enfance est une instance représentative des différents types d’accueil (famille d’accueil,
Foyer, lieu de vie), des âges de 8 à 21 ans et des territoires de la Gironde. Si le nombre d’inscriptions est supérieur au seuil de 100 jeunes,
les critères de représentativité seront activés. Chaque candidat sera informé personnellement du résultat. **ODPE : Ensemble de
professionnels qui observe le fonctionnement de la protection de l’enfance, montre ses points positifs et négatifs et propose des conseils.

Inscrivez-vous avant le 4 octobre, sur gironde.fr/cjpe ou en nous faisant parvenir le bulletin


d’inscription ci-dessous.

Bulletin d’inscription
À retourner avant le 4 octobre à Observatoire départemental de la protection de l’enfance,
Esplanade Charles de Gaulle, Immeuble Solidarité 33074 Bordeaux

Prénom Nom ........................................................................................................................

Date de naissance .................................................... Sexe .................................................

Courriel ...............................................................................................................................

Lieu d’accueil :

Famille d’accueil Lieu de vie Foyer Autres

Adresse du lieu d’accueil :

Code postal / Ville ................................................................................................................

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est disponible dans son intégralité sur le site de l’ONPE.
Courrier de participation au conseil Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de


des jeunes de la protection
de l'enfance en Gironde
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

Le Conseil des Jeunes


de la Protection
de l’Enfance en Gironde

Bordeaux, le 22 octobre 2019

Bonjour,

Le conseil des jeunes de la protection de l’enfance de Gironde va devenir, le 20


novembre 2019, la première instance départementale à donner la parole aux enfants
confiés.
Vous avez souhaité participer à la création de ce Conseil en vous inscrivant sur gironde.fr
ou en retournant le bulletin d’inscription.

Nous vous informons que vous serez membre du Conseil pour l’année 2019/2020.

Vous pourrez rencontrer d’autres jeunes confiés, vous exprimer sur les thématiques
de votre choix et donner votre avis sur la protection de l’enfance.
Les réunions auront lieu à l’Hôtel du Département à Bordeaux.
Les dates retenues sont les mercredis 20 novembre, 8 janvier, 25 mars et 27 mai,
de 13h30 à 16h30
Vous recevrez prochainement des informations complémentaires sur l’organisation
et les transports.

Avec nos amicales salutations.

Emmanuelle AJON Adeline GOUTTENOIRE


Vice-présidente du Département Présidente de l’Observatoire
chargée de la protection de l’enfance de la protection de l’enfance

Pour faciliter le travail de réflexion, nous nous proposons de constituer des groupes
qui réfléchiront sur des thématiques différentes.
Pour organiser ces groupes, il est important de choisir deux thématiques.
Cette inscription ne peut se faire que sur internet via le lien gironde.fr/cjpe.
Merci de vous inscrire avant le 8 novembre.

Contact : Bertrand LE MORVAN - b.lemorvan@gironde.fr

Thématiques proposées pour cette première session :

1. La relation avec les autres 6. L’avenir


2. Les relations avec la famille 7. La santé et le bien être
3. Le quotidien dans mon lieu de vie 8. Les relations avec les institutions
4. Les loisirs et les passions 9. Autres
5. La formation ou les études Préciser......................................

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est disponible dans son intégralité sur le site de l’ONPE.
Courrier de candidature non retenue Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
au conseil des jeunes de la protection
de l'enfance en Gironde
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

Le Conseil des Jeunes


de la Protection
de l’Enfance en Gironde

Bordeaux, le 15 octobre 2019

Bonjour,

Nous vous remercions chaleureusement pour votre candidature au Conseil des jeunes
de la protection de l’enfance de Gironde. Toutefois, plus de 160 jeunes ont souhaité
participer à la création du Conseil des jeunes de la protection de l’enfance de Gironde
alors que ce conseil ne peut accueillir que 100 membres. Nous avons donc été
contraintes de faire un choix parmi les candidatures.

Pour ce faire nous avons mis en application les critères fixés au préalable à savoir la parité
filles/garçons, la représentativité de l’âge des membres, des modes de placement
et des secteurs géographiques

Nous vous remercions de votre intérêt pour le conseil des jeunes de la protection
de l’enfance, mais le nombre de jeunes âgés de plus de 16 ans était trop important,
votre candidature n’a pas été retenue.

Nous vous proposons cependant de participer au débat, en envoyant vos idées


ou réflexions sur une boite mail dédiée cjpe@gironde.fr, qui seront transmises
aux groupes de réflexions suivant les thématiques.

Vous serez aussi destinataire des suggestions et recommandations qui seront proposées
à l’issue des travaux du Conseil des jeunes.

Avec nos amicales salutations.

Emmanuelle AJON Adeline GOUTTENOIRE


Vice-présidente du Département Présidente de l’Observatoire
chargée de la protection de l’enfance de la protection de l’enfance

La publication Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés


est disponible dans son intégralité sur le site de l’ONPE.
Plaquette de présentation Annexe 🗃
ONPE
Observatoire national de
du conseil des jeunes en protection
de l'enfance du Puy-de-Dôme
Écouter pour agir
La participation collective
la protection de l'enfance des enfants protégés

doc ressource

TU AS ENTRE 8 ET 21 ANS ET TU VEUX PRENDRE LA PAROLE ? REJOINS LE


LE CONSEIL DES JEUNES
CONSEIL DES JEUNES EN PROTECTION DE L’ENFANCE
EN PROTECTION DE L’ENFANCE
Parles-en autour de toi
et dépose ta candidature !

COMMENT S’INSCRIRE ?
DEUX POSSIBILITÉS :

PAR INTERNET SUR LE SITE


D U C O N S E I L D É PA R T E M E N TA L D U P U Y- D E - D Ô M E   :

CONSEIL JEUNES PROTECTION ENFANCE

PAR COURRIER EN RETOURNANT LE QUESTIONNAIRE


C I - J O I N T V I A L’ E N V E LO P P E P R É - A F F R A N C H I E F O U R N I E

Pour plus d’informations, n’hésite pas à


consulter la page dédiée sur le site Internet
du Conseil départemental : PUY-DE-DOME.FR

CONTACT
04 73 42 23 85 CJPE@PUY-DE-DOME.FR

ACCOMPAGNER . PROTÉGER . INNOVER

JE PARTICIPE AU On Se RéUnIT Je m’exPRIme SUR Je FaIS deS


CONSEIL DES JEUNES qUATRe FOIS paR an, leS RelaTIOnS pROpOSITIOnS pOuR
EN PROTECTION DE le meRCRedI apRèS-mIdI, aveC leS auTReS aIdeR leS jeuneS qUI
L’ENFANCE. danS la SalLe d’aSSemblée eT aveC la FamIlLe. SOnT COnfiéS à l’aIde
dU COnSeIl dépaRTemenTal SOCIAle.
dU PUy-de-Dôme.

Je paRLe de meS
Je RenCOnTRe lOISIRS eT de meS
eT j’éChange aveC paSSIOnS.
Je dOnNe mOn avIS
d’auTReS jeuneS.
SUR la pROTeCTIOn
deS enfanTS.

ET mOI de
ma FORmaTIOn eT
de meS éTUdeS.

L’anNée
pROChaIne,
je me RepRéSenTe
au COnSeIl deS
jeuneS.

La publication Écouter pour agir – La participation collective des enfants protégés


est disponible dans son intégralité sur le site de l’ONPE.
C
ette publication est conçue comme un dossier
pratique à l’attention des professionnels
de la protection de l’enfance. Elle regroupe
des repères juridiques, une synthèse de l’état des
connaissances scientifiques disponibles et une
observation fine des pratiques mises en œuvre à
l’échelle départementale en matière de participation
collective des enfants protégés. Ce dossier a été
élaboré avec le concours de deux chercheuses et de
8 départements. Il offre une vue précise des étapes

BP 30302 - 75823 Paris Cedex 17 - Tél : + 33(0)1 53 06 68 68 - Fax : +33 (0)1 45 41 38 01


clés pour élaborer une démarche de participation

Observatoire national de la protection de l’enfance - GIP France Enfance Protégée


à un niveau local, en s’appuyant sur l’observation
des pratiques développées par les observatoires
départementaux de protections de l’enfance et
les directions enfance-famille. L’ensemble de ces
repères constituent autant de balises éthiques
et méthodologiques pour les acteurs souhaitant
développer ce type de démarche.

ISBN 978-2-494425-04-0
www.onpe.gouv.fr
la protection de l'enfance
Observatoire national de
ONPE

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