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Librinova La Maitresse Du Ministre
Librinova La Maitresse Du Ministre
La Maîtresse Du Ministre
© Zazi, 2018
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Je l’ai tout de suite reconnu. Un jumeau, une âme sœur, un alter ego.
Nous avions le même humour, nous partagions les mêmes valeurs et les
mêmes intérêts. Pendant quelques années, notre relation a été très platonique
mais à un moment donné, j’ai fini par sentir qu’il s’éprenait de moi, qu’il
devenait sensible à mon charme tout en se gardant de l’exprimer. J’étais
aussi très attachée à lui mais je ne voulais pas d’une relation avec un homme
marié, encore moins avec un homme de son rang social, par respect pour
moi et pour l’autre femme.
Puis un jour, portés par l’ivresse du classique verre de vin, dans une
ambiance propice au rapprochement, nous avons laissé nos bonnes
intentions de côté. Mon attirance pour lui a eu raison de mes principes et
nous avons cédé: C’était le début d’une liaison dangereuse.
Nous avons vécu une folle passion: les rendez-vous dans l’ombre, le cœur
qui bat la chamade, les courriels enflammés, les coups de fil nocturnes.
Nous volions très haut. Nous étions en phase sur tous les plans: affectif,
sexuel, spirituel et même philosophique. Je l'admirais beaucoup. J’étais fière
qu’un homme d’une telle envergure, d’un tel charisme et d’une telle
influence s’intéresse à moi. Il correspondait en tout point au compagnon tel
que je me le représentais: vif d’esprit, cultivé, intellectuel, tendre, drôle et
attentionné.
Au bout de deux mois, j’ai néanmoins voulu rompre car je souffrais déjà
d’être reléguée au second plan. Son épouse s’interposait entre nous tel un
fantôme, même comme parfois je ressentais aussi de la culpabilité envers
cette femme que je ne connaissais pas. Cependant, à mes yeux notre amour
méritait d’être connu de tous. Quand je lui ai annoncé ma décision de faire
une pause, il m’a répété à maintes reprises, les yeux plantés dans les miens
et le ton solennel: «je t’aime profondément, tu es la femme de ma vie, je ne
te laisserai pas tomber. Attends-moi». Alors j’ai attendu et ce pendant
longtemps, mais les années qui ont suivi m’ont marqué au fer rouge.
Je n’ai pas douté une seconde de sa sincérité. J’étais certaine qu’il allait
honorer son engagement, après tout je le connaissais depuis longtemps. Je
décidai donc de continuer ma relation avec Rémi-X alias «Monsieur Pilou»,
comme j’aime l’appeler. Je l’appelle ainsi parce qu’il a un pilon efficace. Du
haut de ses cinquante-trois ans, il me fait vibrer au lit. Mon Pilou Pilou me
"pile" bien. Il ne voulait pas me considérer comme sa maîtresse, j’étais son
«grand amour». Étais-je naïve ? Non, je ne le pense pas. Je continue de
croire encore aujourd’hui qu’il était sérieusement épris de moi. Il n’était pas
le genre à cumuler les aventures ni à se jouer des femmes.
J’ai fini par le confronter car je sentais qu’il ne passerait pas aussi
facilement à l’acte. Alors, à l’occasion de l’une de ses missions au Maroc à
laquelle je l’ai accompagné, il m’a finalement avoué qu’il ne quittera pas sa
femme. Il n’existait pas de mots assez forts pour décrire ma douleur. J’ai
senti le sol se dérober sous mes pieds pendant quelques secondes. Après ce
week-end là, le diagnostic de l’hôpital était sans nuance; j’ai dû passer deux
semaines à la maison sans aller au travail. Cette rupture amoureuse me
plongea dans une profonde dépression nerveuse, affectant ainsi gravement
mon état psychologique.
Nous avons coupé les ponts pendant un bon bout de temps, avant de
renouer le contact. Il a fini par me faire les mêmes promesses avec la même
ardeur. «Les choses ont évolué, donne-moi encore un peu de temps» disait-
il. Je pense qu’il voulait y croire. Moi en tout cas j’y ai cru pour une
deuxième fois. Il a d’ailleurs annoncé à sa femme et à ses enfants son
intention de quitter le toit familial. Ses hommes de main avaient déjà requis
les services d’agents immobiliers afin de vendre sa grande propriété. Notre
projet de vie commune prenait forme: je me voyais déjà aussi apparaître à la
télé comme l’épouse de MONSIEUR LE MINISTRE, nous allions vivre
dans une jolie maison, j’avais hâte de le présenter à ma famille dont bon
nombre de membres ignorait notre idylle. Il n’y a aucune fierté à faire valoir
qu’on fréquente un homme qui n’est pas libre. Et puis je n’avais pas envie
d’entendre: «Regardez-moi la djomba ci !» (Maîtresse).
Dans la mouvance de mon amour pour mon mari, j’ai mis ma carrière en
«stand-by» pour lui qui gagnait plutôt bien sa vie et qui avait demandé à ce
que je ne travaille plus. Après le divorce, bien évidemment, j’avais décidé
de reprendre mes études en me présentant au concours d’entrée à la FASA
(Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles) à l’université de Dschang,
dans la région de l’Ouest du Cameroun. Je passai le concours avec brio et
mention à l’appui. Je fis donc mon entrée à la FASA à l’âge de vingt-cinq
ans en tant que jeune étudiante, divorcée, et sans enfants.
Je noyais mes soucis dans les cahiers et les examens. Le temps passa très
vite et trois ans plus tard, je décrochais mon diplôme d’ingénieur agronome.
Je repris donc la route de la cité capitale où je me suis lancée dans le monde
professionnel. J’ai également fait six mois de cours d’anglais au centre
pilote de Yaoundé dans le but de booster mon CV et être plus compétitive
dans le marché de l’emploi. Étant donné que le Cameroun est un Pays
bilingue, maîtriser les deux langues officielles représente un atout majeur.
Après quelques mois au chômage, j’ai été recrutée comme chef de projet à
l’IRAD (Institut de Recherche Agricole pour le Développement) de
Yaoundé sis au quartier Nkolbisson. J’y travaille depuis près de sept ans.
Nous arrivons donc à la mairie et nous sommes installés, mon futur époux
et moi. Le maire commence le rituel. Il prêche les leçons sur le mariage, les
conduites à tenir et tout ce qui va avec et enfin, vint la phrase que tout le
monde attendait depuis:
La salle: Iyeééééééééé.
Patrice (avec un air relaxe): Oooh chérie, ne fais pas l’intéressante, s’il te
plait !
Moi (le visage encore plus ferme): Non ! Je ne veux pas l’épouser.
Moi (le regardant droit dans les yeux): Oh que si, Patrice. Je ne veux pas
t’épouser !
Sa mère se lève de son siège derrière nous et vient nous retrouver devant.
Elle (claquant les mains en regardant son fils): Je t’avais bien dit de ne
pas m’amener cette villageoise. Je savais que ce n’était qu’une petite
sorcière, des mangeurs de savon et des sorciers. Voilà maintenant.
Elle raconte quoi là ? L’amour n’est pas forcé à ce que je sache. Cette
femme m’énerve. I swear to God, I hate her.
Je n’avais pas articulé ma phrase pour répondre au maire que cette vieille
chipie d’Hélène Mbah posait ce qui lui sert de mains sur moi.
Paf ! Paf !
L’une des choses que j’aime chez maman, c’est que même si elle n’est pas
d’accord avec tes décisions, elle te protège tout d’abord en public. Mais
sache qu’après, tu devras lui donner des explications valables pour justifier
ta conduite.
**********************************************************
Papa: Tu peux me dire ce qui t’a pris de dire non ? Je te préviens que nous
n’avons pas d’argent à rembourser à la famille Mbah. Où va-t-on prendre
cinq porcs, deux bœufs, vingt-cinq tissus Wax, un sac de kolas, dix cartons
de vin rouge, un réfrigérateur, et une somme de deux millions cinq cent
mille francs CFA ? Alors Yoyo ? J’espère que lorsque tu poses tes actes, tu
pourras les assumer. Car, tout le village a déjà mangé.
Bien évidemment, chez les Eton, la femme coûte assez cher. Pour doter
une fille Eton, il faut bien se préparer; je dirai même des années à l'avance,
parce que ce n’est pas du chocolat.
Moi: Papa s’il te plait, ce n’est pas le moment de parler de tout cela. Je ne
veux pas faire ma vie avec Patrice.
Maman: Mais tu t’es vue Yoyo ? Tu as déjà trente-cinq ans. Quand est-ce
que tu comptes te marier ? Dis-moi, ma fille. Regarde ta petite sœur, elle a
déjà deux enfants.
Chapitre II: Je l’ai dans la peau
Plongée dans l’étude d’un dossier qui me remuait les méninges depuis
deux bonnes semaines, je cherchais à trouver une stratégie. Les agriculteurs
de ce pays ont de grands projets, mais ils ne veulent pas mettre des moyens
en jeu. Ils se disent que les ingénieurs vont créer une formule magique pour
les aider à arriver à leur modeste fin. C’est vraiment dommage, pourtant ils
ont un potentiel assez louable. C’est alors que l’interphone de mon bureau
signale le rouge, un appel venant du secrétariat.
Me dit-il, le regard figé sur moi, ou devrais-je plutôt dire dans le creux
que laissait entrevoir mon décolleté blanc.
Je m’assieds sur le fauteuil donnant face à lui, le regardant droit dans les
yeux.
Lui: Mes parents demandent que les tiens remboursent la dot versée, il y a
trois mois.
Lui: Tu m’as bien entendu Yolande. Vous devez rembourser tout ce que
j’ai versé à tes parents en guise de dot, il y a trois mois.
Me dit-il d’un ton narquois en posant ses deux pieds croisés sur la table
de son bureau.
Il me tend un dossier.
Moi: J’ai cru que c’était ta fameuse plainte dont tu parlais tout à l’heure.
Moi: Après l’amour ce n’est pas la guerre, Patrice. On peut très bien
rester de bons amis.
Je lui coupe directement la parole. Car je sais qu’il voulait faire allusion à
mon Rémi. Je ne supporte pas qu’on parle de ma relation avec lui.
Moi: Mon vieux quoi Patrice ? Ce vieux dont tu parles là, c’est lui qui
m’a recueillie quand ta sorcière de mère et toi m’aviez jetée dehors comme
une malpropre. C’est lui qui paye mon loyer, chose que tu as été incapable
de faire en me demandant après trois mois de relation d’aménager avec toi
pour éviter de payer deux loyers. La voiture dans laquelle je roule, c’est de
lui; chose que je t’ai demandée pendant deux ans sans réponse concrète,
sinon que des promesses non réalisées. Le carburant de mon véhicule, c’est
toujours lui, ainsi que ma ration alimentaire. Dis-moi, depuis que je te
connais, qu’as-tu fait pour moi si ce n’est ta dot de merde que tu utilises
comme chantage aujourd’hui ? Toi et moi savons que, si la dot n’était pas un
passage obligé pour m’épouser, tu ne l’aurais jamais fait. Une fois que tu as
su que je suis enceinte, tu as rapidement demandé ma main. J’ai toujours
détesté cette facette de toi, un homme peu sûr de lui qui refuse
catégoriquement de couper son cordon ombilical avec ses parents. Patrice à
ton âge c’est ta mère qui décide de la couleur de tes draps et tes caleçons
alors que tu as une copine ? C’est elle qui choisit les différentes écoles de
tes filles, c’est aussi elle qui repasse tes sous-vêtements. Alors s’il te plaît,
épargne-moi tes «non-sens». Je t’ai donné ta chance à plusieurs reprises,
mais tu n’as jamais daigné me prouver que tu étais un homme, un vrai et
non un fils à maman.
Lui: Moi je suis juste un petit directeur général. Que puis-je bien
t’apporter Yoyo ? Eh bien rien, pas plus que ce que te donne déjà ton altesse.
Mais je ne peux choisir entre ma mère et toi, c’est impossible. Le dossier
que je viens de te donner, c’est un marché dans la ville de Mfou, examine le
bien. C’est tout ce que j’avais à te dire. Tu peux disposer.
Moi: Ok merci.
Je sors de son bureau avec le dossier qu’il m’a remis. Cet homme cherche
vraiment à faire rejaillir mes vieux démons.
J’avais décidé de garder mes enfants. «Mes choux», car ils sont de faux
jumeaux (un garçon et une fille), selon l’échographie faite par ma tendre et
chère amie, Magalie Raymonde, qui est médecin.
Rémi quant à lui, je ne l’ai pas vu depuis bientôt deux mois. Mais la
surprise de taille est que ses virements dans mon compte passent chaque
mois: Il me verse une somme de trois cent cinquante mille francs CFA
mensuellement, sans omettre le fait qu’il a déjà réglé mon loyer pour une
durée de trois ans. Je suis aux petits soins avec lui. Mon salaire à moi, je le
garde pour finaliser mes projets. Il faut dire que je suis pleinement engagée
dans les travaux de construction de ma propre maison du côté de Mbalmayo
(ville du Cameroun située après l’aéroport de Yaoundé) et j’ai pour projet
d’offrir un voyage à mes parents l’été prochain à Mykonos, une île grecque.
Pendant que je suis plongée dans mes dossiers de la journée, mon
interphone de malheur me fait sursauter par sa vilaine sonnerie. Je n’aime
pas cet appareil «made in China».
Elle: Ok madame.
J’enfile mon pull en cachemire et je prends mon sac à main. Je vais saisir
l’opportunité de cette visite pour prendre ma pause-déjeuner. Je descends et
je le vois assis dans le hall de l’institut. Je vais à sa rencontre et je lui fais un
gros câlin.
Moi: Viens, sortons d’ici. Allons manger quelque part où nous pourrons
parler dans le calme.
Moi: Ok papa.
J’ouvre grand mes yeux en accrochant mon sac Hermès sur ma chaise. Je
dois avouer que je suis une maniaque des grandes marques; je fais très
attention à tout ce que je mets sur moi c’est-à-dire sacs, vêtements, bijoux.
Moi: Comment ça ?
On nous apporte enfin nos boissons et nos plats. Papa et moi mangeons
avec appétit dans la bonne humeur. À la fin, je lui remets deux billets de dix
mille francs CFA, un pour lui et un pour maman, même si je suis consciente
qu’il ne lui donnera rien. Ça c’est monsieur Abessolo, un amoureux de
l’argent.
Moi: Bonjour Jeanine, c’est Yolande à l’appareil. S’il vous plait pourrais-
je...
Elle transfère mon appel et quelques minutes plus tard, Rémi décroche.
Je fonds toujours au son de sa voix. Ça peut paraître fou, mais cet homme
a un charme irrésistible.
Et oui, il sait toujours tout, on aurait dit qu’il lisait dans mes pensées.
Moi: …….
Lui: Voilà. Viens-en au fait s’il te plait. Dis-moi ce qui ne va pas poupée,
je vais m’occuper de toi comme il se doit.
Je lui raconte l’histoire avec Patrice et la plainte que ses parents ont
déposée contre les miens.
Lui: Ok j’ai compris. Mes hommes s’en chargent. Que fais-tu ce week-
end ?
Armand c’est son chauffeur. Il connait bien la route de chez moi, celui-là.
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La semaine s’était écoulée très vite. J’étais submergée par boulot, entre
contrat et entrepreneur, sans oublier les chantiers. J’étais fatiguée et j’avais
hâte d’être enfin à vendredi et me pouponner pour mon amant, R-X. Je
sentais que le week-end allait être chaud donc, les tenues sexy devaient être
au programme.
Règle 1: Ignorer le fait qu’il est marié. Dites-vous que vous êtes la seule,
l’unique femme de sa vie et que ce n’est que vous qu’il aime. Ça fait un bien
fou.
Règle 2: On ne doit pas se plaindre car justement, c’est pour fuir «une
casse-pied» qu’il se retrouve dans vos bras. Tout est beau, tout est rose, vous
vivez dans un monde parfait. Donc, s’il n’honore pas un rendez-vous alors
que vous vous y êtes préparée un mois à l’avance et même plus, fermez
juste votre clapet et dites-lui juste: «C’est rien bébé, je comprends. On remet
ça à la prochaine fois». Ça fait mal, mais c’est le prix à payer pour survivre
en tant que second plan.
Règle 7: Ne lui mettez pas la corde au cou. N’oubliez pas qu’il est pris.
Donc, pas d’ultimatum sinon il partira. Vous êtes juste une option pour lui. Il
pourrait en avoir une centaine s’il le voulait, d’autant plus que vous n’êtes
même pas sûre d’être sa seule coqueluche.
Moi Yoyo, j’ai compris tout ça. Donc, je n’ai plus aucun problème. Rémi
ne m’épousera jamais alors je ne me prends plus la tête. Je vis au jour le jour
et d’ailleurs, il y a un adage qui dit qu’on «baise» mieux la femme de dehors
que celle de dedans. Je ne me plains pas de ma relation avec lui.
Une fois dans le jet, je fais bien évidemment un baiser à Rémi qui durera
plus de deux minutes. Je suis malheureusement surprise par la présence
d’une autre femme à bord. Sans tarder, je fais un pas en arrière en me
tournant vers Rémi.
Moi: Que devrais-je comprendre par là ? Ce n’est déjà pas facile pour moi
de te partager avec ta femme et je devrais encore le subir avec une autre, et
de surcroît une gamine ?
Moi: Hey, tu ne me parles pas sur ce ton, petite profiteuse de ton état.
Rémi: Calmez-vous les filles.
Rémi: Juste un fantasme poupée, fais plaisir à ton Pilou. Toi, Nadia et moi
pour une partie à trois. Tu connais ?
Moi: Hum !
Assise dans cet avion en direction de Dakar, avec mes deux compagnons:
la poufiasse dévergondée d’un côté, et le baron de l’autre, je ne cesse de
cogiter. Ces mots revenaient sans cesse dans ma tête: «un fantasme»; «une
partie à trois»; et je me posais des questions. Que ferons-nous ? Pourquoi R-
X m’infligeait-il une telle peine ? Méritais-je d’être traitée de la sorte après
presque quatre années passées ensemble ? Pourquoi devrais-je souffrir
autant pour un homme qui ne m’épouserait jamais ? Étais-je obligée ? Je
commençais à croire que j’aurais dû dire oui à Patrice quelques semaines
plus tôt.
Le vol ne fut pas long car quelques heures plus tard, le petit jet se posa
finalement sur le tarmac de l’aéroport de Dakar, communément appelée le
Paris d’Afrique de l’Ouest. C’était parti pour une autre aventure parmi tant
d’autres. Avec Rémi, j’avais tellement voyagé et beaucoup appris en
seulement quatre ans. Parfois, je me demandais comment réagissait sa
femme face à tous ces déplacements que faisait son mari. Me connaissait-
elle ? Savait-elle qu’elle avait de potentielles rivales dehors ? Pour quelle(s)
raison(s) acceptait-elle d’être autant cocufiée ? Etait-ce de l’amour ou tout
simplement la peur de perdre tout ce qu’elle avait construit jusqu’ici ?
Nous étions logés à l’hôtel «LE TERRE OU BI», situé en plein centre de
Dakar; une vraie merveille, véritable havre de paix. Tout était mis en place
pour que votre séjour soit inoubliable: restaurant, casino, piscine chauffée,
plage privée, solarium. Le luxe était à portée de main.
C’est avec dextérité que le service bagages de l’hôtel s’empressa de
prendre nos valises pour les porter dans l’immense suite qui était la nôtre.
R-X avait décidé d’aller se relaxer dans la grande piscine. Pendant ce temps,
ma supposée rivale s’agitait dans tous les sens, essayant tout ce qu’elle avait
apporté comme vêtements. Quant à moi, je n’avais qu’une seule envie; celle
de me régaler. Je devais nourrir ces petits êtres qui grandissaient en moi. Et
à ce propos, je ne comptais pas en toucher un mot à Rémi, car s’il apprenait
que j’étais enceinte, il tiendrait à prendre les choses en main et ça ne
m’arrangerait pas évidemment.
Moi: Écoute moi bien je ne discute pas avec des gamines de ton genre.
Alors contente-toi de profiter de ton week-end, s’il te plait.
Moi: Fais gaffe à ton langage ordurier, petite effrontée. Je ne suis pas du
même acabit et encore moins du même rang social que toi.
Je ne voulais plus discuter avec cette petite. Alors j’ai enfilé une robe
Maxi et je suis descendue au restaurant de l’hôtel pour commander quelque
chose à manger. Je savais à quoi ressemblait la vie de ce genre de filles et
j’osais espérer pour elle qu’elle aurait une fin heureuse. En réalité, R-X et
moi avions commencé à nous fréquenter lors de mes trente et un ans et non
à vingt-quatre.
Lui: Mamadou.
Moi: Voilà. Alors, tu vas enlever tes mains de ma valise, parce que figure-
toi que si tu ne le fais pas, je dirai au grand patron que tu as essayé de me
violer, ok ?
Elle: Hum ! Vraiment ! Tu crois que je suis aussi naïve ? La situation est
certes bizarre mais je compte bien arriver à mes fins. Pendant des années tu
manges ses sous et tu viens me dire de me tirer quand je suis si proche du
but ? Tu me prends pour qui ?
Elle: Que peux-tu bien me donner ? Toi-même tu grattes les miettes chez
lui et tu veux me donner quoi ? Le plan c’est de rentrer d’ici avec au moins
deux briques (millions) pour que mon gars et moi fassions nos papiers pour
la France. Tu me fais rire toi ! Se faire lécher par un serpent, ça fait quoi ? Je
ferme juste les yeux et c’est parti !
Moi: Ma petite chérie, je t’en prie, partons d’ici. Je côtoie cet homme
depuis des années et c’est la première fois que je vois ce genre de choses,
comme pour te dire que c’est toi la cible et non moi.
Elle: Mon copain est celui qui m’a encouragée à le faire et c’est lui qui
m’a également branchée sur ce réseau. C’est donc sérieux entre nous.
Elle: Quels parents ? Ils vivent au village et attendent que je les sorte de la
pauvreté, raison de plus pour vouloir cet argent.
Elle: Un frère qui est en prison. Écoute, ma sœur, arrête de me poser des
questions et laisse-moi avancer s’il te plait.
J’avais mal pour elle. Je pressentais quelque chose de mauvais. Mais que
pouvais-je bien faire face à une jeune fille déterminée à s’en sortir par de
grands moyens, selon elle ? Je me tuais à lui faire comprendre certaines
réalités de la vie par expérience, mais elle s’obstinait à rester. En revanche,
moi je tenais à mes bébés. Alors, je lui ai remis sa valise et j’ai pris la
direction de la sortie. Nos chemins se séparèrent là dans ce couloir.
Une autre fois, lors des vacances d’été à Saint-Tropez en France, pendant
notre week-end pour fêter ses cinquante ans, dans la matinée sur le volet de
la fenêtre de notre chambre d’hôtel, j’avais aperçu des oiseaux. Je m’étais
tout de suite rappelée ce que disait ma grand-mère: «Les oiseaux suivent
toujours les serpents». Maintenant, toutes ces choses me reviennent à
l’esprit. Seigneur, étais-je en relation avec un homme-serpent depuis tout ce
temps ? Comment faisait-il pour être un homme et un animal en même
temps ? Etait-ce le diable en personne ?
Moi: Tenez !
**********************************************************
Elle: Tu peux bien l’imaginer ? Le truc là m’a léché les bêtises et ça avait
un vieux goût.
Une fois à l’arrivée, j’ai tiré ma valise et j’ai emprunté un taxi pour la
Montée Zoé. Quelques minutes après, j’étais chez moi, mon petit nid
m’avait manqué.
Elle: Ils vont bien, j’ai eu Audrey hier. Elle voulait aller faire un tour du
côté de Kribi pour un week-end avec nous. Je laisserai les enfants chez la
mère de Brice.
Elle: Bisous.
Moi: Non, je suis rentrée tout à l’heure. Ne m’en parle pas, c’est une
longue histoire.
Elle: Wow ! Ok je vois. Magalie t’a dit j’espère, je vous invite pour un
week-end à Kribi.
Moi: Je suis partante, si ça peut m’aider à chasser tout ce que j’ai dans ma
tête, that will be great.
Audrey est avocate. Depuis toute petite, elle a toujours rêvé exercer cette
profession. Alors après le bac, elle s’est inscrite à la faculté de droit à
l'université de Soa où elle a obtenu sa maîtrise en droit avant d’aller faire
deux ans de Master à l’université de la Sorbonne à Paris. Elle en sortira
diplômée en droit des affaires. Elle reviendra rapidement au pays afin de
passer l’examen du barreau, et à l’aide de ses économies elle ouvrira son
propre cabinet. C’est avec beaucoup d’efforts, d’abnégation, de travail, de
persévérance et au prix de sacrifices énormes qu’elle se fera connaître sur la
plateforme juridique camerounaise. Ainsi, à trente-quatre ans seulement,
elle est directrice de son propre cabinet avec à son actif trois juristes qui
travaillent pour elle. Sa conception de la vie est simple: elle ne compte pas
se marier et déteste les enfants. «Madame je sais tout», elle est petite de
taille et très mignonne, mais avec un bagage intellectuel impressionnant.
Ces deux personnes de la gent féminine sont mes perles. Des amies je
n’en ai pas beaucoup, je suis de celles qui pensent que moins tu connais de
personnes, plus tu as la paix du cœur et ressens la joie de vivre.
Chapitre IV: Un weekend à Kribi entre filles
Mon intention n’est pas de continuer la relation avec cet homme, mais
plutôt de prendre ces deux millions dont j’ai urgemment besoin et me tirer
de ce pays.
Il me faut entrer dans cette pièce et faire ce qu’il m’a demandé. Mais
avant tout, j’aurai besoin d’un petit remontant parce que de toute évidence,
je ne supporte pas cet animal, c’est un reptile qui incarne le diable. Alors, je
tire un «joint» de mon sac et je fume un bon coup; ensuite j’entre dans la
chambre. Le boa se tortille dans tous les sens sur le lit, pendant que son
maître a perdu toutes ses forces. Je verse rapidement de l’eau froide sur mon
visage et quelques minutes plus tard, je suis allongée sur le lit. D’un geste
rapide, le serpent boa se glisse plus bas entre mes jambes on dirait un
homme; puis il déploie sa langue fourchue. Je dois dire qu’à un moment
donné, j’ai cru qu’il allait m’avaler alors que non, c’est pour mieux absorber
mes sécrétions. Il me lèche ainsi pendant une bonne heure et je mentirais si
je disais ne pas avoir ressenti un soupçon de plaisir. Mon corps frissonnait,
on aurait dit les doux baisers de mon cher Roland. Quand il a enfin achevé
sa besogne, il s’est glissé hors du lit et s’est dirigé vers les toilettes. C’était
la dernière fois que je le voyais de tout notre séjour.
Je me suis lavée et j’ai mis une jolie robe à la demande de Rémi qui, bien
évidemment, avait tout d’un coup repris des couleurs. Nous sommes
descendus dans le hall de l’hôtel pour un dîner en tête à tête. Personne n’a
évoqué ce qui venait de se passer et c’était nettement mieux ainsi.
Crie Roland en dansant sur le lit et versant les billets sur lui.
Lui: Chérie, c’est plus de trois briques (trois millions), nous sommes en
haut. Rien à voir avec les minables petits billets qu’on me donne après un
match. Voici le vrai argent ma belle.
Moi: Mais oui ! Cet argent, c’est pour que ton frère nous aide à monter les
dossiers pour la France ou bien ?
Lui: Oui oui, je sais. Mais on va d’abord profiter de la vie chérie; on lui
donne la moitié et l’autre moitié c’est pour nous.
Moi: Mais on doit d’abord lui demander combien il faut pour nous. Moi
je veux partir de ce bled, en plus je dois aussi envoyer un peu d’argent à mes
parents et aider Philippe à sortir de prison.
Audrey: Alors Yoyo, tu vas enfin nous donner la raison pour laquelle tu as
quitté brusquement Dakar ?
Audrey: Hahaha Magalie s’il te plait, on t’a déjà dit de laisser tomber ton
connard de mari. Il ne te mérite pas.
Moi: C’est vrai en plus Brice te bat, il veut que tu arrêtes de travailler
alors que tu as fait onze ans d’études. Il compte s’occuper de vous avec son
minable salaire ?
Moi: Rendez-vous compte que Pilou s’est ramené avec une autre petite.
Audrey: Quoi ! ! !
Moi: Yes mes co’o, comme je vous dis là. Une petite qui n’a même pas
l’âge de Soraya.
Moi: Beh rien, j’ai accusé le coup jusqu'à Dakar. Il y avait quand même
une Range Rover pour atténuer ma douleur.
Audrey: Hahaha, t’es drôle Yoyo. En tout cas, Pilou sait toujours se
racheter.
Moi: Non justement. La dernière carte c’est que non seulement monsieur
avait prévu une partouze à trois, mais en plus il y avait un quatrième invité
qui n’était autre qu’un serpent.
Magalie: Massah ! ! !
Magalie: Attends; si c’est une blague elle est de mauvais goût ma grande.
Magalie: Seigneur Jésus ! Mais cette fille n’a pas peur ? Tu as même eu le
courage de prendre ta valise. Moi j’aurais pris la poudre d’escampette tout
de suite et tout laissé derrière moi.
C’est un petit hôtel pas très luxueux situé non loin de la plage. Nous nous
installons rapidement et descendons manger du bon poisson frais.
Le lendemain en matinée, c’est journée balade, plage, déjeuner dans les
tourne-dos animés, dégustant des crevettes braisées sur les terrasses
recouvertes de rafias.
Le soir, il est prévu qu’on aille en boite de nuit, mais je ne peux plus
cacher ma grossesse aux filles. Alors pendant qu’on s’apprête pour sortir, je
leur dévoile enfin mon ventre. Je peux lire un mélange d’émotions dans leur
regard.
Magalie: Je suis très heureuse pour toi, tu vas enfin découvrir les joies de
la maternité.
Magalie est très émue, mais mon avocate Audrey pas du tout.
Moi: Oui je sais. Je dois garder le secret, j’irai accoucher aux Etats-Unis.
Nous allons donc danser. Je porte une mini robe rouge avec des sandales.
Une fois en discothèque, nous prenons place à notre table et commandons
nos boissons. Les filles peuvent se permettre de boire de l’alcool,
contrairement à moi. Après quelques gorgées, nous nous dirigeons sur la
piste de danse, portées par la chanson «Tchokolo» du groupe X-Maleya.
Magalie: Eh ben dis donc ! À l’angle droit là, il y a un sacré beau gosse
qui te dévore du regard Yoyo.
Je m’arrête de danser.
Moi: Qui ça ?
Audrey s’arrête de danser aussi.
Je réplique fermement.
Moi: Non mais attendez, vous avez quel âge déjà ? vingt-cinq ans ?
Désolée je ne m’occupe pas des enfants.
Lui: Vous me plaisez encore plus, mais ne tirez pas des conclusions
hâtives sans me connaître. Accepteriez-vous au moins de partager un verre
avec moi ?
Mais elle se prend pour qui celle-là ? Elle me verse un verre de vin sur le
visage alors que son compagnon est en train de me draguer ? Vraiment de
Dieu ! Je crois que je deviens folle. En plus de partager mon amant avec des
gamines insolentes, en voici une autre qui veut m’humilier en pleine boite de
nuit ? Toujours moi Yolande ? Ce n’est pas possible ça !
Elle voulait encore riposter mais son chéri l’a attrapée pour la remettre à
sa place.
Lui: Ça ne va pas dans ta tête Leila ? C’est quoi cette façon d’agir ?
Moi: Un plan «Q» qui me verse un verre de vodka sur le visage sous
prétexte que je draguais son copain ?
Magalie: Les filles, du calme, le petit don juan vient vers nous,
certainement pour s’excuser.
Moi: Pour en faire quoi ? Je n’en reviens pas ! Vous êtes accompagné et
vous vous permettez de draguer impunément ?
Moi: Yolande.
Moi: Enchantée.
Finalement, vers cinq heures du matin, les filles et moi regagnons notre
suite. Il nous reste juste une journée pour profiter du doux climat de Kribi;
et nous sommes bien décidées à en profiter au maximum avant de rentrer sur
Yaoundé.
**********************************************************
Moi: Allô !
X: C’est Ro-ro-land.
Lui: Nadia vient de décéder et elle a laissé un mot sur le chevet du lit avec
votre numéro et votre nom, me demandant de vous appeler. Vous pourriez
peut-être me guider. Je reviens à l’instant de la morgue, s’il vous plait aidez-
moi, je vous en prie.
Je suis tétanisée, je n’arrive pas à articuler le moindre son, j’ai les mains
toutes moites. Qu’est-ce qu’il vient de dire là ? Quoi ? Nadia décédée ?
Lui: Je n’en sais rien. J’avais un match ce matin; alors je suis sorti et je
l’ai laissée dans la chambre. Déjà vendredi elle ne se sentait pas très bien;
elle avait de violents maux de tête et se plaignait également d’avoir froid.
Moi: Ok. Je suis en train de rentrer à Yaoundé je vous appelle dès que j’y
suis. C’est votre numéro de téléphone là ?
Lui: Oui.
Moi: Ok.
Vers vingt-deux heures, j’arrive enfin chez moi tirant ma petite valise. Les
souvenirs de ma dernière conversation avec Nadia dans cet immense couloir
à Dakar me hantent l’esprit; si au moins elle m’avait écouté.
Une fois chez moi, je suis étonnée de voir dans la cour une grande bâche
recouvrant quelque chose, on dirait une voiture. Je soulève d’un geste
brusque la bâche et je découvre une grosse Range Rover grise sur laquelle
était collé un format avec ces quelques mots:
C’était écrit en gros caractère: J-E T’-A-I-M-E. Une phrase que j’ai
attendu depuis quatre ans et c’est seulement aujourd’hui qu’il me le dit, en
insistant sur chaque lettre. Mais pourquoi donc ? Pour se faire pardonner ?
De quoi ? D’avoir tué une innocente ? C’est fini entre toi et moi, Rémi. Je
ne veux plus de cette relation. I’m done !
Chapitre V: Les Coépouses
S’écrie-t-elle.
Moi: Que se passe-t-il ? Pourquoi cries-tu ainsi mon nom si tôt le matin ?
Elle: C’est que euh... madame le ministre est dans votre bureau, j’ai voulu
l’en empêcher mais elle est passée comme une flèche. Je n’ai pas pu la
retenir...
J’entre dans mon bureau et lui lance avec désinvolture un «bonjour», tout
en m’asseyant sur ma chaise. Je croise fermement les bras pour me donner
une belle contenance et de la sérénité, comme si je contrôlais parfaitement la
situation alors qu’à l’intérieur de moi, c’est l’émoi total. Je ne sais pas ce
que me réserve cet entretien et je ne veux surtout pas de scandale en ce lieu
un lundi matin.
Moi: Oui madame, que puis-je faire pour vous ?
Elle: J’ai appris ton existence il y’a deux ans, quand mon mari m’a fait
part de son intention de quitter le nid familial; je dois t’avouer que j’ai piqué
une crise. Je suis mariée depuis bientôt trente ans et Rémi et moi avons deux
charmantes filles qui sont toutes les deux à l’étranger, mais je ne suis pas
venue ici pour cela.
Elle: Je sais que Rémi n’arrêtera pas d’aller voir ailleurs. Donc même si
ce n’est pas toi ce sera forcément une autre; alors je voudrais que l’on trouve
un terrain d’entente.
Elle: Étant donné que Rémi aime bien sortir les week-ends, alors je
préfère que tu sois avec lui les week-ends et que tu me le laisses pour le
reste de la semaine.
Moi: Écoute Mélanie entre ton mari et moi, ce n’est plus trop ça depuis
quelques mois; et cela fait deux semaines que je n’ai pas de ses nouvelles.
Et pas plus tard qu’hier, j’ai pris la décision de tout arrêter. Je ne veux plus
rien de lui et donc je préfère mettre un terme à cette relation sans issue.
Elle: Fais bien attention ma petite, tu t’es engagée sur un terrain très
glissant et tu devras assumer les conséquences qui en découleront.
Non mais, je rêve ou quoi ? Cette femme est en train d’empiéter sur mes
minutes de boulot pour discuter de son mari et en plus, elle me fait des
petites menaces à peine voilées ?
Elle: Fais gaffe à toi Yolande, je t’aurais avertie. Je réitère tout de même
ma proposition: Tu as Rémi pour le week-end et moi en semaine.
Moi: Ah bon ?
Je demande ironiquement.
Moi: S’il te plait Patrice, j’ai du travail et je ne veux pas de maux de tête
lundi matin.
Lui: Á plus !
Moi : Yolande !
Moi: Oui ce prénom, il ne faut surtout pas le prononcer dans cette maison
n’est-ce pas ? Pourtant cette femme a détruit mon mariage, mais on m’a
toujours interdit de parler d’elle.
Rémi: Qui t’a demandé d’aller la voir, Mélanie ?
Moi: Je pense qu’il est temps qu’elle me connaisse Rémi. Tu penses que
je vais supporter d’être traitée de la sorte jusqu'à quand ?
Moi: Trente ans de mariage Rémi; en trente ans je t’ai toujours partagé
avec une autre, dis-je en criant.
Lui: Tout d’abord tu baisses le ton; les femmes n’élèvent pas la voix dans
cette maison et je ne vais pas me répéter.
Lui: Voilà, tu as la vie que tu voulais, tes deux filles sont à l’étranger, ta
famille est pleine aux as. Ce n’est pas ce que tu voulais il y a quinze ans ?
Aujourd’hui de quoi te plains-tu ? Je ne te touche plus depuis bientôt six ans
certes, mais je ne t’ai jamais demandé avec qui tu satisfais tes pulsions
sexuelles. Alors, je t’interdis de te mêler de mes affaires privées. Me suis-je
bien fait comprendre ?
Moi: Sache que ta jeune protégée ne veut plus de toi et de plus, elle est
enceinte. Je sais ce que j’ai vu.
Lui: Cette conversation est close femme ! Retourne donc à tes casseroles !
Lui: J’essaie de tenir le coup, mais c’est pénible. Et toi ? Comment vas-
tu ?
Moi: Ça pourrait aller. Je dois avouer tout de même que j’ai moi aussi été
perturbée récemment, surtout avec la disparition de Nadia.
Lui: Justement, elle m’a laissé ton nom et ton numéro de téléphone sur ce
bout de papier.
Moi: Petit frère, ta copine m’a dit que c’était toi qui l’as encouragée à
aller à Dakar ?
Moi: Mon frère, enterre d’abord ta copine et pour être honnête avec toi, je
ne pense pas que tu puisses faire quoi que ce soit contre ces gens. Attends tu
t’es vu ? Tu es footballeur de deuxième division et ton club n’est même pas
connu. Tu es un pauvre anonyme et tu veux déclarer la guerre à qui ? Un
baobab ? Crois-moi, le mieux serait d’enterrer Nadia et de faire ses
dernières volontés. Mais laisse la vengeance de côté, tu risques d’y laisser ta
vie. Franchement, la rétribution appartient à Dieu de toutes les façons.
Nous avons continué ainsi à discuter et nous avons convenu que nous
irions ensemble au deuil. Je tiens absolument à l’accompagner et le soutenir;
ce sont deux jeunes qui se sont égarés. Nous nous sommes donc donné
rendez-vous le vendredi à la morgue pour la levée du corps. Je lui ai
demandé de donner de l’argent à la famille de Nadia pour qu’on sorte son
frère de prison, et garder aussi une partie à ses parents. Enfin le reste, il
pourra l’utiliser pour ses fameux papiers afin d’obtenir le visa pour la
France et se tirer du pays parce que déjà, lui-même n’y est plus en sécurité.
**********************************************************
Homme 1: C’est eux. Je les ai entendus discuter dans le car. Ils ont vendu
Nadia et sont en possession de l’argent.
Roland se met à raconter toute l’histoire pendant que je lui fais signe de la
main d’arrêter et de ne rien dire, mais c’était trop tard.
Moi: Bonsoir.
Moi: Ah bon !
Lui: Jeannine a essayé de t’appeler à ton bureau, mais tu n’as pas daigné
répondre.
Moi: Il se trouve que je n’étais pas là. Figure-toi que je sors de Monatélé,
j’étais à l’enterrement de Nadia, tu te souviens d’elle ? La jeune fille avec
qui nous sommes allés à Dakar.
Lui: Écoute-moi bien ma chère Yolande, parce que je ne veux pas avoir à
réitérer mes propos ou encore être obligé d’arriver chez toi puisque madame
fait les siennes et ne répond pas à mes appels. Ce petit jeu que tu veux
commencer, tu ne pourras pas le gagner.
Moi: Qui veut jouer Rémi ? Pourquoi m’as-tu emmenée à Dakar ? Tu dis
vouloir m’expliquer quoi ? Rémi, qu’est-ce que tu m’as caché pendant ces
quatre dernières années ? Après tout ce que toi et moi avons partagé ?
Moi: Ouais c’est ça ! C’est fini Rémi, je ne veux plus de cette relation. Je
veux qu’on arrête, je ne veux plus être ta maîtresse.
Il se rapproche tout près de moi. Il n’y a presque plus d’espace entre nous;
il me susurre nerveusement dans le creux de l’oreille gauche:
Lui: Pas avec mon enfant dans le ventre, jamais Yolande ! Je t’ai créée
pièce par pièce; j’ai fait de toi ce que tu es; je t’ai faite et je peux te défaire.
Tu es à moi, tu m’entends ? Tu es ma muse et aucun homme, je dis bien
aucun homme n’élèvera mon enfant de mon vivant, dans ce pays ou ailleurs.
Mets bien ceci dans ton petit crâne, parce que je sais que tu es très
intelligente: AUCUNE FEMME NE ME DIT QUE C’EST FINI ! J’ai
toujours le dernier mot dans une relation, et tiens-toi tranquille, tu ne peux
rien faire dans ce pays sans que je ne sois au courant. Alors, tu vas être
amnésique à propos de tout ce que tu as vu à Dakar. C’est une partie de moi
et tu te feras le plaisir de vivre avec et on va avancer tout doucement, et
mettre cette histoire aux oubliettes. Me suis-je bien fait comprendre ?
Je pleure à chaudes larmes parce que oui, malgré tout ce que je sais,
quand je le regarde, je me rends compte à quel point je l’aime encore. Mais
je ne peux plus continuer avec cette relation. Je crois qu’il est temps que je
parle de cette histoire à mes parents avant qu’elle ne prenne une tournure
qui échappera complètement à mon contrôle. Il est vrai que je suis
ÉPERDUMENT AMOUREUSE de cet homme qui a sans aucun doute une
facette très opaque.
Je suis éprise d’un homme qui a la capacité de prendre une forme animale
ou alors un homme qui possède un totem, et en plus je porte ses enfants. Je
me demande comment l’a-t-il su ? Probablement par sa femme qui n’a pas
arrêté de me scruter du regard la dernière fois dans mon bureau. Que dois-je
faire ? Me rebeller, envoyer brutalement Rémi balader et perdre ma vie, ou
commencer par remettre cette histoire entre les mains de Dieu et me confier
à mes parents ? J’ai trente-cinq ans et mes enfants sont ma seule raison de
vivre. J’aime tellement Rémi, mais lui et moi ne pourrons jamais construire
une union solide et paisible.
Chapitre VI: Un lundi pas comme les autres
Je suis dans le noir toute pensive, j’ai éteint toutes les lumières et même la
télé; j’ai envie d’arrêter le temps. À cet instant précis, j’aimerais que mon
séjour terrestre prenne fin, j’aimerais être à nouveau la petite fille innocente
et insouciante que sa mère prenait dans ses bras, lui chantait une de ses
berceuses apaisantes, en l’assurant que tout ira bien. Le «monstre» après
qu’il ait fini de me faire ses menaces, est sorti de chez moi, me laissant
plantée au milieu de mon salon. Le visage perdu, le regard dans le vide, j’ai
l’impression que la terre s’est arrêtée de tourner et que ma vie ne tient plus
qu’à un bout de fil. Franchement, il a dit quoi ? Je devrais me contenter de
vivre sereinement avec ce que j’ai vu à Dakar ? Quelle femme normale le
ferait ? Quelle femme vivrait avec un homme sachant pertinemment qu’il a
une double existence ? Qu’il a une facette aussi lugubre ? Et si pendant que
vous faites l’amour ou lors de votre passe-temps quotidien, il lui arrivait de
vouloir prendre sa seconde forme ? NON ! NON ! Je ne peux pas. Je vais
aller voir mes parents ce week-end et tout leur raconter sur cette relation que
j’ai toujours gardée secrète de peur que le monde extérieur ne le sache.
J’avais peur d’être jugée et de renvoyer l’image d’une vulgaire voleuse de
mari puisqu’on n’encense jamais les amantes, les «deuxièmes bureaux»
comme on dit dans notre jargon. Elles sont hautement stigmatisées, car elles
brisent les ménages, les unions que d’autres se sont attelés à construire.
Qu’à cela ne tienne, je vais passer outre ces considérations et me mettre à
nue; de toutes les façons, je suis déjà la risée de la famille surtout qu’après
le mariage raté avec Patrice, on m’a traité de maudite. Alors, pourquoi avoir
peur qu’on m’attribue un nouveau qualificatif ? Je préfère être fustigée que
de me tourmenter, garder ce fardeau en moi et mourir à petit feu.
J’ai beau me retourner dans tous les sens dans mon lit, je ne trouve pas le
sommeil. Je repense à tout ce que j’ai vécu avec Rémi: les voyages, les
cadeaux, les moments passionnés, d’infinie tendresse et d’attention à mon
égard. Pourquoi a-t-il fallu que je découvre que c’est un homme-serpent ? Je
m’étais résolue à demeurer sa maîtresse. J’ai mon boulot, j’aurai bientôt mes
enfants, mon compte bancaire est bien fourni. Je finis bientôt la construction
de ma maison. En somme, je suis déjà suffisamment épanouie comme ça et
je n’ai pas forcément besoin d’un mari pour me sentir comblée. Le rôle de
maîtresse, je l’endosse aisément. Enfin, tout ça c’était avant. Parce que
maintenant, je ne peux plus être sa maîtresse.
Elle: Ouvre-moi Yoyo, s’il te plait, c’est Magalie. Ouvre je t’en prie.
Pfff ! ! Celle-là, je suis sûre que c’est encore une scène avec son
psychopathe de mari, un vrai con, ce gars qu’on appelle Brice. Un homme
qui n’a rien compris à la vie du vingt et unième siècle.
Elle ne cesse de pleurer; je les fais entrer, je prends les petits et les
conduis dans la chambre. Ils sont épuisés, on dirait qu’ils ont été
brutalement réveillés, les pauvres. Je les installe confortablement dans mon
lit et je reviens au salon avec ma boite à pharmacie.
Moi: Magalie tu es trop têtue, on t’a déjà dit de quitter cet homme.
Pourquoi tu te complais à rester mariée avec un homme qui te bat tout le
temps ? Regarde-toi. Tu as le visage parsemé de blessures.
Elle: Attend, regarde-moi Yoyo. J’ai trente six ans, mère de deux enfants,
tu penses que quel homme voudrait d’une vieille femme divorcée avec deux
enfants ? Je vais abandonner mon foyer pour retourner dans le célibat ? Et
devenir comme toi ?
Je n’en crois pas mes oreilles ! Pendant que je nettoie ses grosses plaies
faites par son barbare de mari, Madame martèle qu’elle veut arrêter le
boulot pour se dévouer exclusivement à son foyer. C’est incroyable ! A-t-elle
si peu d’amour pour elle-même, pour accepter d’être chosifiée de la sorte et
s’accrocher imperturbablement à son triste sort ? Ah ! Ces femmes battues
se comportent souvent comme si elles étaient envoûtées. Nombreuses sont
celles qui s’entêtent à rester accrochées à leur bourreau jusqu’à ce que
mort s’en suive. C’est fou ça !
Moi: En tout cas, tu fais comme tu veux Magalie, mais la prochaine fois
ne viens pas cogner chez moi. Vas dans ta belle-famille, c’est ce que font les
femmes mariées.
J’ai fini de la secourir, je me suis lavée les mains avant d’aller me coucher
dans la chambre d’amis. Je lui ai laissé ma chambre avec ses enfants.
Magalie a toujours été ainsi depuis la fac, toujours prête à se sacrifier pour
ce connard de Brice; elle préférait prendre son argent de pension pour lui
acheter des paires de tennis de marques. Aujourd’hui, il demande qu’elle
arrête de bosser, c’est pour qu’ils vivent de son modeste salaire de
professeur peut-être ? Et comme d’habitude, madame se plie docilement aux
exigences de monsieur. Je n’ai même plus envie d’y penser avec ma
panoplie de problèmes. En plus, demain c’est lundi, un jour de stress car
avec Patrice, je dois me rendre dans la ville de Mfou pour rencontrer un
client. Alors je me couche tranquillement, j’ai besoin de sommeil.
J’ai dormi d’un coup jusqu’au matin, ce sont les coups à la porte d'entrée
qui m’ont réveillé.
Moi: Méfie-toi Brice, tu m’entends ? Je suis ici chez moi et ne viens pas
faire ton bordel ici.
Moi: Ici c’est chez moi Magalie, qu’il aille faire sa sauvagerie ailleurs.
Non mais attends ! Tu es certaine que tu vas bien ? Un homme qui te traite
de la sorte et tu oses t’indigner que je lui inflige une petite correction ?
Regarde-toi dans un miroir tu ressembles à quoi ?
Moi: Ok, sortez donc de chez moi et ne reviens plus toquer à ma porte
même s’il veut te tuer, tu m’entends ?
Elle tire son mari et ils sortent avec les enfants. Je me dépêche de prendre
ma douche et m’habiller pour le boulot, vu que je dois rencontrer un gros
client. J’enfile une robe droite aux rayures blanches et noires, je réajuste
mon brushing et m’enduis de quelques gouttes de parfum, puis je prends la
clé de ma voiture et je démarre à toute vitesse. Je suis déjà en retard à cause
de Magalie et de son mari.
Vers dix heures, j’arrive à Mfou devant les locaux du supposé gros client.
Je sors de ma voiture et me dirige vers l’entrée principale.
Pendant que je suis assise, révisant son dossier, il sort de son bureau. Je
manque de m’évanouir littéralement: C’est le jeune étalon que j’ai rencontré
dans la boite de nuit à Kribi ! Oh là !
Je m’exécute aussitôt.
Lui: Je vois bien que vous êtes surprise de me voir. La dernière fois je ne
me suis pas complètement présenté: Je suis Jefferson Willis Ekobena.
Moi: Tu peux déjà me tutoyer, vu qu’on va passer les six prochains mois
ensemble.
Moi: Ah bon !
Lui: Je vis à Yaoundé, mais je bosse ici. J’ai préféré installer mes bureaux
ici pour mieux m’organiser.
Lui: Oui, mais j’ai un chauffeur donc, ce n’est pas trop fatigant.
Moi: Ah, je vois ! Dis-moi, tu as quel âge pour t’engager à investir autant
dans un tel projet ?
Lui: Non, pas du tout. C’est juste que j’ai terminé précocement mes
études et j’ai épargné pendant cinq ans. C’est mon rêve depuis ma tendre
enfance.
Pendant qu’on mange, il essaye tant bien que mal de me sonder sur ma
vie amoureuse. Je souris, parce qu’au fond de moi je me dis: «S’il savait».
Lui: Alors, c’est quoi le problème ? Je ne vois aucune alliance sur ton
annulaire gauche.
Moi: Hum !
Je ne sais même pas pourquoi je lui dis tout ça. Il ne m’arrive jamais de
raconter ma vie à quelqu’un au premier rendez-vous, encore que ceci n’est
pas un rendez-vous en tant que tel. Ressaisis-toi madame ! Me dit une petite
voix intérieure.
Lui: Ok. Mais cette fois, je peux tout de même avoir ton numéro de
téléphone ?
Lui: D’accord !
Vers dix sept heures, je suis de retour à la maison où je trouve maman qui
cuisine pendant que papa regarde je ne sais trop quoi à la télé. Je me sens
fatiguée, alors je décide de prendre une douche avant d’aborder le sujet avec
eux.
Après ma douche, nous mangeons et nous saisissons l’opportunité de
l’ambiance familiale pour appeler Soraya qui se plaint de ses enfants.
Vers vingt heures, je m’assois donc avec papa et maman comme un
prisonnier sur le banc des accusés.
Moi: Si je vous ai fait venir ici aujourd’hui, c’est pour vous parler de vive
voix d’un problème personnel qui me tient à cœur.
Maman: Enfin ! Je savais que c’est pour cela que tu as refusé d’épouser
Patrice. Merci ma fille. Mama Philomène m’a déjà humiliée au village à
cause de toi.
Moi: Laisse-moi finir mon propos avant de tirer des conclusions hâtives
maman !
Papa: Vas-y !
Maman: Il est marié et puis quoi ? Ces hommes ont toujours plus d’une
femme. Et puis de toutes les façons, tu n’es plus toute jeune tu sais ! S’il te
prend comme deuxième femme où est le problème ?
Papa: Je pense que tu dois être liée d’une certaine manière ou d’une autre
à lui parce que ton comportement au mariage de Patrice était inhumain,
dénué de toute empathie. Je n’ai pas reconnu ma fille dans cette posture. À
ton avis, tu n’as pas d’homme dans ta vie pourquoi ? Parce que tu dois être
probablement mariée avec lui dans un monde parallèle. Quelle femme
accepterait la dot d’un homme et préparerait le mariage pendant trois mois,
pour aller le rembarrer et dire non devant monsieur le maire ? Tu es
manipulée et téléguidée par un esprit démoniaque, cet homme exerce un
pouvoir sur toi, tu es sous son emprise, ma fille en gros tu agis comme il le
désire.
Papa: Yoyo, Yoyo Yoyo, tu m’écoutes ? Mince Liliane, cherche les clefs
de la voiture, elle est en train de s’évanouir.
Ma mère fouille mon sac et sort les clefs de la voiture et tous les deux me
portent. Ils me mettent sur le siège arrière et m’emmènent à l’hôpital. Je sais
juste que je me suis retrouvée dans un autre monde où j’ai entendu Nadia
qui criait:
Elle: Sauve-moi Yolande, s’il te plait. Yolande, viens me sauver, je n’en
peux plus. Tout le monde me viole par l’anus, Yolande ! Yolande !
Elle criait et hurlait sans cesse. Mais je ne la voyais pas. J’entendais juste
sa voix.
Je me suis réveillée dans une chambre d’hôpital. Et quand j’ai ouvert mes
yeux, papa et maman étaient à mon chevet, et lui aussi. Il était là, discutant
avec le médecin. Que faisait-il là ? Qui avait appelé Rémi ?
Moi: Où suis-je ?
Maman: Ton assurance maladie porte son nom; alors l’hôpital a informé
son cabinet de ta présence. Apparemment, il connait le médecin. C’est lui
qui t’a inscrite dans cette clinique ?
Moi: Oui
Oh, merde !
Papa: Ma fille, tu es dans de sales draps parce que cet homme a une
influence sur tout ce qui te concerne et tout le monde le connait. Ça ne sera
pas facile, on doit réfléchir sur un bon plan d’attaque. Mais en attendant, tu
dois jouer les filles amoureuses. Ok ?
Il finit avec le médecin et vient vers nous. Il salue papa et maman et leur
demande de nous laisser seuls.
Moi: Ok.
Ah oui, j’avais oublié qu’il possède cette personnalité opaque, il peut très
bien être extra lucide. Il a quatre yeux, comme on le dit communément.
Chapitre VII: On s’aime
Jason et moi sommes ensemble depuis fort longtemps. Nous avons fait
connaissance il y a bientôt sept ans, et après deux années d’amitié
platonique, nous avons commencé à nous côtoyer intimement. Après mon
diplôme, j’ai tenu à m’installer à mon propre compte et Dieu merci, j’ai
réussi à relever le défi avec brio. Jason est un homme de quarante ans,
divorcé et a fait une fille avec une française; lui-même gabonais et originaire
de Franceville. Au début de notre relation, aucun de nous deux ne voulait
s’engager; il venait fraîchement de divorcer et moi je finissais mes études.
Mais actuellement, j’avoue que je ne veux plus me contenter d’une relation
sans lendemain, j’éprouve le désir de voir notre union solidifiée et
officialisée. J’aimerais moi aussi être l’épouse de quelqu’un, même si
devant les filles je feins d’être insensible à l’amour.
Lui: Mais oui chérie. J’ai mes sœurs et mes tantes à qui je dois ramener
des choses.
Moi: Et c’est quoi ces objets pour bébés ? Ta fille a douze ans et tu
achètes des choses pour des enfants de deux ans et quatre ans ?
Moi: Hum ! Chéri j’espère bien que tu n’es pas en train de te foutre de
moi.
Lui: Mais non, que vas-tu t’imaginer là princesse ? Tu sais très bien que je
t’aime et je tiens à toi. Autrement, pourquoi viendrais-je passer deux
semaines au Cameroun avec toi alors que j’ai mes activités à Paris ? C’est
pour toi que je fais ce sacrifice bébé, pour nous. Je t’aime trop toi aussi.
Lui: Chérie, tu viens à peine d’ouvrir ton cabinet. Je pense que tu dois
préalablement t’atteler à implémenter les bases, et ensuite tu pourras partir
où tu veux. Rassure-toi, je reviendrai te voir dès que j’aurai un peu de
temps. Et concernant le mariage, ne sois pas pressée ça arrivera au moment
propice.
Moi: Hum ! D’accord.
Lui: Heu, je voulais aussi que tu me trouves mille euros s’il te plait
chérie.
Je range tous ces cadeaux. Je suis tout de même étonnée que Jason ait une
aussi grande famille; deux valises de provisions en seulement deux
semaines et il est toujours en train de me demander de l'argent celui-là.
Une fois que j’ai déposé Jason à l’aéroport, je vais chez Yoyo. J’ai appris
qu’elle a eu un malaise dernièrement, je vais aux nouvelles.
=== Marie-Yolande Abessolo ===
Après l’hôpital hier, Rémi est rentré et mes parents et moi avons été
conduits chez moi. Maman s’est emparée de l’enveloppe de deux cent
cinquante mille francs CFA dont Rémi les a gratifiés. Elle a fait toutes sortes
d’achats et est à présent la femme la plus comblée au monde; pendant que
papa et moi nous nous évertuons à chercher les solutions pour que je sorte
du trou dans lequel je me suis fourrée toute seule. Ils viennent de repartir et
la surprise de taille est que Rémi m’a fait envoyer une femme de quarante
cinq ans pour accomplir les tâches domestiques chez moi. J’ai dit à cette
dernière de ne pas entrer dans ma chambre et de ne toucher à rien dans ma
cuisine. Je ne veux pas qu’elle prépare ici. Après le départ de mes parents, je
me suis enfermée dans ma chambre.
Quand j’ai connu Yves mon amour de lycée avec qui je me suis mariée
après ma licence, tout allait bien. Mais je n’arrivais pas à concevoir. Il a
alors commencé à m'être infidèle et nous avons divorcé. Cette rupture m’a
anéantie et j’ai cherché à m’enquérir de la cause de mon infertilité. Je suis
allée dans plusieurs hôpitaux de la place, et j’avais invariablement le même
résultat: Obstruction des trompes, trompes imperméables. Consternée, je
demandais avec insistance l’origine de cela aux médecins, parce que oui, je
voulais savoir ce qui avait bouché mes trompes, me privant ainsi de la
procréation. Je sors tout de même d’une famille où personne n’avait jamais
eu un trouble de la fertilité.
Alors, les médecins m’ont expliqué clairement que la majorité des causes
de l’obstruction des trompes sont des infections des voies génitales
(endométriose ou salpingites) qui ont été contractées par le passé et n’ont
pas été aussitôt soignées convenablement. Et ces infections sont
généralement des maladies sexuellement transmissibles, à l’instar des
infections à chlamydia, de la syphilis, de la blennorragie, des mycoses et
autres verrues génitales. Je me rappelle qu’à l’époque, Yves m’avait filé la
chlamydia quand nous étions en deuxième année de biochimie.
C'est pourquoi nous les femmes devons être très vigilantes en ce qui
concerne la contraction des M.S.T parce que nous sommes plus exposées.
Une seule négligence peut nous coûter cher. Priez que notre partenaire
n’aille pas voir ailleurs, et éviter d’offrir notre intimité à tout va. Et
quoiqu’il en soit, il faut toujours exiger une protection au partenaire, si on
n’a pas préalablement effectué des examens pour s’assurer du bon état de
santé de chacun. À cause de cette chlamydia qu’Yves m’a transmise par le
passé, ma fertilité a été altérée et c’est lui qui par la suite faisait des siennes
quand je ne concevais pas. Je ne le lui ai jamais dit la vérité. Quand je l’ai
appris, j’ai tout de suite entrepris d’aller aux USA, où j’ai suivi pendant six
mois un traitement approprié dans une clinique de fertilité hautement
réputée.
Une fois arrivée sur les lieux, j’avais une seule envie: Qu’il me prenne
tendrement dans ses bras et qu’il me dise à quel point je lui avais manqué et
c’est exactement ce qu’il fit.
Moi: Merci chéri. Toi aussi tu es tout beau. Alors comment vont les
affaires au Cameroun ?
Lui: Oh bébé, tu sais bien que je tiens à toi, sans toi je ne suis rien.
Lui: Écoute, cette discussion n’a pas lieu d’être. Pourquoi veux-tu
toujours casser l’ambiance ? On ne s’est pas vu depuis combien mois ? Et
au lieu de savourer ce moment de retrouvailles, tu cherches à tout faire
foirer.
Moi: Eh bien tu vas devoir trouver une autre maîtresse, parce que moi je
me barre.
Ne me voyant pas revenir, il s’est mis à courir derrière moi et m’a rattrapé
juste au niveau de l’ascenseur qui s’ouvrait. Je me suis empressée d’y
pénétrer pour refermer les portes mais, trop tard, il a réussi à s’incruster.
Moi: Je n’en peux plus de souffrir et de l’imaginer dans tes bras chaque
soir.
Il me tira contre lui, la pièce était si étroite que je pouvais aisément humer
son parfum qui m’avait manqué depuis tout ce temps. Il appuya sur un
bouton pour bloquer l'ascenseur.
Il me prit les lèvres, je fis mine de résister mais il ne lâcha pas prise. Il
fourra sa langue dans l’entrebâillement de mes lèvres et contre toute attente,
je répondis passionnément à son baiser. Il passa sa main dans mon soutien-
gorge et entrepris de malaxer ma poitrine opulente. Ayant compris son jeu,
je fis tomber sensuellement les bretelles de ma petite robe pour lui donner
libre accès à mes seins.
Je réponds en frissonnant.
Lui dis-je dans mes vocalises qui ne font que s’accentuer. Le désir a
atteint son paroxysme.
Pendant qu’on se susurre ces mots, il glisse une main dans mon dos pour
me serrer davantage contre lui. L’autre main descend sur mes reins et hop il
me soulève. Il me porte dans la chambre et me fait coucher sur le grand lit
moelleux et doux. Il me grimpe dessus mais cette fois, ne se positionne pas
entre mes jambes. Il se dirige plutôt vers ma tête et je comprends qu’il va
me baiser la bouche. Ses attentes ne tardent pas à être satisfaites, puisqu’il
me plante son pénis dans la bouche et appuie aussi fortement qu’il le peut
jusqu’à ce que son pubis vienne cogner contre mes pulpeuses lèvres.
Pendant qu’il me baise ainsi la bouche, Pilou d’une main me doigte. Il fait
entrer deux, puis trois doigts dans ma foufoune, puis les retire de façon
intermittente. Il me claque les fesses, déclenchant de vibrantes sensations
dans mon corps. Subitement, il se retire de ma bouche et se remet entre mes
jambes qu’il écarte grandement en les maintenant bien haut. Il prend sa bite
dans sa main et la place contre l’entrée de mon doux vagin qui est déjà bien
humide. Il s’y insère sans difficulté et sa grosse queue commence à me
labourer, avec la même bestialité de tout à l’heure. Je gémis de plus en plus
fort, ne sachant plus à quel saint me vouer, tellement le plaisir qu’il me
procure à cet instant est intense. Plus ses couilles claquent contre mon cul,
plus il me défonce et me fait hurler de plaisir. Après quinze minutes de bon
traitement, il éjacule en moi, maintenant sa verge bien enfoncée en moi pour
empêcher son sperme de couler, me remplissant de sa semence chaude.
Nous restons ainsi blottis l’un contre l’autre et nous finissons par nous
endormir paisiblement. Le lendemain matin au réveil, c’est l’amour fou, le
bonheur absolu; il m’aime, je l’aime, et à longueur de journée nous faisons
l’amour.
De retour de Dubaï, nous nous sommes revus deux semaines après et nous
avons eu une dispute terrible à cause de l’argent que j’avais dépensé aux
USA pour mon traitement. Et c’est aussi le même soir que j’ai su que j’étais
enceinte et que j’ai également croisé Patrice à l’hôpital. Il s’est mis à me
conter fleurettes parce qu’il venait de découvrir mes résultats, et avec toute
la rage que j’avais contre Rémi et tout ce que Patrice et sa mère m’avaient
précédemment fait subir, j’ai décidé de lui pourrir la vie. Il a pris une balle
perdue, car c’est ce soir-là que je me suis jurée de lui faire du mal. C’est
ainsi, que je l’ai laissé préparer minutieusement notre mariage, pour ensuite
le rembarrer froidement devant monsieur le maire.
Je fonce dans mon bureau et quelle n’est pas ma surprise de voir un jeune
homme confortablement installé à ma place.
Elle: Bonjour Yolande, oui il est là mais il est occupé avec un rendez-
vous.
Lui: C’est la dernière fois que tu viens ici sans me prévenir ou sans
appeler à l’avance, tu m’entends bien ?
Je fonds en larmes pendant que je tiens ma joue qui picote, la frottant non
seulement pour atténuer la douleur mais aussi pour la purifier, étant donné
qu’il m’a giflé avec ses mains souillées par ses ébats diaboliques.
Je lance les papiers que j’ai pris aux ressources humaines sur la table.
Chapitre VIII: L’Univers Occulte
Moi: Tu vas arrêter de pleurer, s’il te plait ? Ce n’est pas bon pour les
bébés.
Elle: La vérité Rémi. Je veux savoir la vérité. Qui es-tu ? Que fais-tu ?
Dans quelle histoire t’es-tu trempé ?
Elle: J’y suis déjà mêlée. Je te côtoie intimement depuis quatre ans, je
porte tes enfants et de surcroît, ta femme est venue dans mon bureau l’autre
jour. J’ai été témoin de la fameuse scène de Dakar, j’ai assisté aux obsèques
de Nadia; tout ça c’est trop pour moi. Et comme si ça ne suffisait pas, tu
viens de me prendre mon boulot. J’en ai marre Rémi. Tu penses vraiment
que je ne mérite pas de connaître la vérité ?
Moi: Mais qu’est-ce que tu racontes ? Je n’ai tué personne, Yolande. C’est
Roland, son copain, qui l’a fait.
Moi: Roland a intégré la loge il y’a deux ans; chaque jeune a un parrain et
il se trouve que je suis le sien. Il avait des difficultés à se trouver une place
dans les clubs en France et se plaignait de son modeste salaire. On lui a
donc demandé de faire des sacrifices et il a proposé Nadia: C’est comme
cela qu’elle s’est retrouvée à Dakar et à l’heure où je te parle, il est en
France. Il a eu son visa la semaine dernière et il doit signer dans un grand
club dans la ville de Nantes dans un mois. Il a atteint l’opulence dont il a
tant rêvé et pour laquelle il a lâchement vendu l’âme de sa copine. Elle
travaillera toute sa vie dans l’autre monde jusqu'à ce que le ciel décide de
l’emporter définitivement.
Yolande n’en revient pas des révélations que je suis en train de lui faire.
Elle n’y comprend rien, la pauvre petite.
Moi: Tout a commencé par un petit club qui à priori, est une association
d’élites et de futurs élites. Cependant, les membres influents du club
instaurèrent une association parallèle qui a abouti à la loge dont j'appartiens.
À l'intérieur, les plus puissants de la loge s’orientent vers une autre loge
encore plus puissante et les grands maîtres de celle-ci intègrent l’illuminati.
Du moment où vous adhérez à cette loge, vous pervertissez votre âme de
toutes les manières possibles: vous vous associez au diable, vous faites des
incantations ésotériques, on vous initie à des pratiques pernicieuses
effroyables et vous signez des pactes irréversibles. Pour acquérir encore plus
de puissance, on vous attribue un totem qui représente votre emblème, et à
qui vous devez faire des sacrifices tout le temps pour asseoir davantage
votre suprématie. Dans mon cas, c’est le serpent mon emblème.
Moi: Lorsqu’on t’attribue un totem, tu dois le nourrir, lui offrir des âmes
en sacrifices et si tu ne lui donnes pas son dû, il devient furieux et peut
même décider d’infiltrer ton âme et s’incarner en toi.
Moi: Les femmes ne peuvent pas intégrer la loge; ce ne sont que les
hommes qui y sont. Toutefois, elles y adhèrent indirectement à travers leurs
époux et peuvent partager le totem avec ce dernier, car ils sont liés par
l’intermédiaire de leurs enfants.
Moi: Non tu n’y es pas, mais tu es liée à moi et par conséquent au fétiche,
c’est-à-dire au serpent.
Moi: Que s’il n’est pas nourri, il s’en prendra à mon sang, donc à nos
enfants.
Elle: Jusqu’ici, combien de personnes as-tu livré à ton totem pour être
riche, Rémi ?
Moi: Yolande, arrêtes avec tes questions embarrassantes.
Elle: Rémi, tout ça c’est compliqué pour moi. Tu as carrément vendu ton
âme au diable. Je ne peux pas continuer cette relation avec toi.
Elle: Comment est-ce que tu as su pour mes bébés ? Comment sais-tu que
j’attends des jumeaux ? Tu étais certes à l’hôpital l’autre jour, mais le
médecin ne t’a pas certifié que j’attendais des jumeaux.
Moi: Non Yolande ! C’est hors de question ! Ces enfants, tu dois les
protéger et pour cela tu dois te ménager afin de préserver ton état de santé.
Après ma causerie avec elle, j’ai appelé le bureau régional pour annuler sa
démission; dès demain, elle pourra reprendre le boulot. Ce que je me suis
gardé de lui dire, c’est qu’en vérité, Mélanie mon épouse est mariée à mon
fétiche et non à moi. C’est de cette façon qu’une femme peut intégrer la
secte, en s’accouplant avec le totem pendant que son mari dompte sa
maîtresse dans le monde parallèle. En gros, Yolande est mon épouse dans le
monde des ténèbres. Je me suis accaparé son âme et je la contrôle de la
même manière que je contrôle ses enfants. Après les grands maîtres de la
loge c’est moi qui ait la parole dans ce pays. Dans l’univers ésotérique, je
suis un démon mais ça ne fait pas de moi un être totalement insensible; la
preuve, je suis amoureux de Yolande et celui qui s’amuserait à faire d’elle sa
femme aura à faire à moi.
Je suis assise dans un bistrot avec Audrey que j’ai appelée en sortant du
bureau de Rémi. Je ressasse tout ce qu’il vient de me révéler; je ne sais par
où commencer pour le raconter à Audrey. Je ne peux pas continuer cette
relation.
Moi: Mon Dieu ! Quand je pense que je suis allée dans le village de Nadia
et que j’ai passé la nuit enfermé dans la même pièce avec ce Roland. Il avait
une mine d’enterrement et semblait si dévasté. J’ai compati à sa douleur et
pendant ce temps, il se foutait de ma gueule ? Je n’y crois pas, Seigneur !
Les apparences peuvent être si trompeuses.
Je pose une main sur mon ventre, en buvant une gorgée de jus que j’ai
commandé, tandis que mes petits poussins donnent des coups dans mon
ventre. Je trouve finalement le courage de tout raconter à Audrey.
Moi: Hum ! Je n’en sais rien ma belle, je ne peux pas faire le poids face à
Rémi; c’est un baobab. Je pense que je vais jouer le jeu; mais je dois
chercher à voir un prêtre qui va m’accompagner spirituellement et me
délivrer de l’emprise de ce sorcier. Audrey il est le père de mes enfants tu
t’en rends compte
Audrey: Mal Yoyo. Figure-toi que depuis que Jason est rentré, il ne m’a
pas fait signe. Quand j’appelle, il ne daigne pas décrocher le téléphone; Et
quand bien même il me fait même cet honneur, notre conversation se limite
à cinq minutes.
Moi: Je t’ai dit d’aller en France. Vas à Paris voir cette histoire de plus
près parce que ce mec est flou, cela crève les yeux que cette histoire n’est
pas claire. Ce mec doit être un bon gigolo.
Audrey me fait de grands signes, j’ai envie de rire mais je me retiens pour
qu’il ne se doute de rien.
Je rétorque ironiquement.
Jeff: Non, pas du tout. Au fait, je t’appelle parce que je voudrais t’inviter
à mon anniversaire ce week-end. Es-tu disposée à venir ?
Moi: Euh… oui, je serai là. Mais tu sais que je suis enceinte Jeff.
Jeff: Non pas du tout. Je t’envoie mon adresse par sms alors.
Moi: Ok.
Audrey: Eh ben dis donc ! On dirait qu’il y’a quelqu’un qui veut doubler
Pilou. J’espère qu’il a les côtes solides.
Leila: Bébé, tout est prêt pour demain; tu seras l’homme le plus heureux
au monde.
Moi: Chérie s’il te plait, je ne veux pas parler de ça et je t’ai dit que je ne
veux pas une grande fête je n’ai plus vingt-cinq ans moi. Ok ?
Leila: Mais bébé, écoute, s’il te plait. C’est ton anniversaire, et j’ai invité
tous nos amis et certains de tes collègues, en plus de nos familles
respectives. C’est ton jour mon chéri, il mérite d’être célébré avec faste.
Moi: Aucun différend ne nous oppose Leila; mais par moment je te trouve
un peu trop collante.
Leila c’est une nénette de vingt-quatre ans et c’est la fille d’un grand ami
à mon père. Quand je suis rentré au Cameroun après mes études de
spécialisation en Belgique, on me l’a présentée et nos deux familles ont
planifié et organisé le mariage. Nous sommes mariés depuis bientôt cinq
mois, mais on a juste célébré le mariage coutumier pour le moment. Je ne
suis pas investi dans la relation; je ne la sens pas. Il se trouve que je suis fils
unique, et mes parents désirent ardemment des petits fils. C’est la raison
pour laquelle ils m’ont forcé à épouser Leila, et je me suis laissé faire pour
ne pas les froisser. Je ne dirais pas que c’est une mauvaise fille, loin de là;
c’est une fille maternelle, respectueuse et attentionnée, mais je n’accroche
pas avec elle, Je ne saurais l’expliquer. Par contre, depuis le jour où j’ai
rencontré cette fille «métisse», Yolande, je ne me lasse pas de penser à elle.
Je me demande qui peut bien lui faire un enfant et l’abandonner ainsi. C’est
une perle, et elle mérite d’être aimée et dorlotée. Elle est vraiment adorable.
Elle: Mais chéri, tu pourrais profiter pour essayer ton costume de demain
et nous devons aussi aller à la mairie pour faire publier les bans pour notre
union.
Moi: Leila s’il te plait, allez-y toutes les deux et rapporte-le moi ici; s’il
ne me sied pas et ben, tant pis. Je porterai autre chose.
Elle me fait une bise et sort de la maison avec sa mère, pfff... Je ne veux
pas de cette vie fade, je ne me sens pas épanoui avec cette fille à mes côtés.
J’ai donné un congé au chauffeur de Rémi, je ne veux pas de lui dans les
parages. Je prends donc le volant avec Audrey assise côté passager et nous
prenons la direction du quartier Mimboman, lieu de résidence de Jeff. Je
porte pour l’occasion une robe rouge satin, avec des escarpins noirs et une
écharpe beige qui épouse la couleur de mon sac. J’ai placé un tissage, coupe
fermée et je suis incontestablement irrésistible.
Quelques heures plus tard, nous arrivons sur les lieux de la fête. Waouh ! !
C’est une fête fastueuse apparemment. J’entre avec Audrey et on aperçoit
Jeff qui s’avance vers nous. Il fait une bise à Audrey, et contre toute attente,
il arrive à ma hauteur et pose avec passion ses lèvres sur les miennes et
m’embrasse délicatement. Je réponds à son baiser suave et langoureux, mais
j’ai à peine commencé à le savourer que je sens un violent coup sur ma tête,
on dirait une bouteille. BOOOooongggg ! ! ! Tandis que je perds
progressivement connaissance, j’entends Jeff qui crie:
Jeff: Leila, qu’est-ce qui t’a prise de faire ça ? Mon Dieu ! Elle est
enceinte, bon sang !
Chapitre IX: Provocations
Je toussote pour leur faire comprendre que je suis réveillée et que j’ai
entendu leur conversation.
Audrey prend les fleurs et les pose sur la table à côté de mon lit. C’est à
ce moment que Rémi remarque véritablement la présence des autres et salue
affectueusement Audrey, il sait que c’est ma meilleure amie. Ensuite, il lève
la tête et salue également Jeff.
Lui: Ça va ?
Audrey: Héééé, ma copine ooo, l’heure est grave, cette fois ce n’est plus
de la rigolade. Maaama, le noyau a dépassé l’avocat ! (Comme pour dire
que les problèmes sont largement au-dessus de ma personne). Tu dois
sérieusement chercher un moyen de quitter cet homme. Seul Dieu peut
t’aider. Il faut rencontrer un prêtre exorciste de toute urgence.
Moi: Hum ! Audrey. Moi-même je suis perdue; j’irai voir papa à Okola ce
week-end.
Elle: Et qu’est-ce que tu comptes faire de Jeff et Leila qui sont en garde à
vue ?
Moi: Je vais appeler Rémi demain pour le convaincre de les faire sortir de
là, mais ils y passeront d’abord la nuit tout de même. Rémi se calme
d’habitude après au moins vingt quatre heures.
Je reste donc là avec Audrey, nous discutons amplement de ma situation.
Ma vie est en train d’aller à vau-l’eau. Les évènements me dépassent. Je suis
là, enceinte d’un homme à la personnalité très douteuse, un homme qui a
une telle emprise sur mon âme. Il m’a ensorcelée certainement et
m’embrigade. Je suis tenue de rester à ses côtés contre mon gré. Quel
dommage ! Je n’en peux plus. Je me suis pourtant éprise de lui intensément,
volontairement, passionnément. Et affirmer que ce n’est plus le cas
aujourd’hui serait me mentir à moi-même; mais la réalité est toute autre. Ce
n’est plus la même personne que j’ai connue et aimée si follement; le Pilou
qui me fascinait tant et qui me faisait si bien l’amour. Cet homme qui me
rendait si épanouie a en effet une double personnalité: C’est un monstre en
fait, un sataniste, imprégné de toutes sortes de pratiques maléfiques. Et
depuis Dakar, depuis que je suis au courant du féticheur et du criminel qu’il
est, mon être est apeuré. Je suis toute paniquée; je ne peux pas croire que
pendant toutes ces années j’ai côtoyé ce sorcier. Qu’adviendra-t-il de moi ?
De mes bébés ?
Je vais passer encore une nuit dans cette clinique avant de rentrer chez
moi demain; ce sont les consignes du docteur. Le week-end prochain, j’irai
voir mes parents car j’ai besoin de leur soutien, toute seule je n’y arriverai
jamais. Je sais pouvoir compter sur mon tendre papa, toujours prévenant et
avisé; quand à maman, elle est adorable, mais son matérialisme effréné
embrume son cerveau et lui ôte tout sens du discernement, lorsqu’il s’agit de
Rémi. Oh ma chère maman ! Je ne peux m’empêcher de sourire quand je
repense à son attitude de la dernière fois. Sacrée maman !
Donc cette Yolande s’envoie en l’air avec monsieur le ministre et c’est lui
le fameux auteur de sa grossesse ? Pourquoi se complait-elle à être dans
une relation où elle ne peut s’exprimer convenablement ? Quel
épanouissement peut-on tirer d’une relation adultérine, avec un homme
dictateur et possessif comme celui-là ? En plus, il ne doit pas être net de
toute évidence. Ça doit être un de ces démons comme ses autres confrères,
pontes du régime. Moi je suis certes marié mais pas différent d’un
célibataire, parce que la présence de Leila à mes côtés m’indiffère. Elle le
sait d’ailleurs, et donc, si Yolande acceptait de se mettre avec moi, elle
aurait toute mon attention, serait choyée et épanouie à mes côtés et elle ne
risquerait pas de se retrouver tourmentée à cause de pratiques occultes. Pas
comme avec ce vieux sorcier qui use de son pouvoir pour nous faire
emprisonner. Tsuiipp ! ! ! N’importe quoi ! Ces hommes pensent détenir le
monopole du pouvoir dans ce Cameroun, ils traitent leurs citoyens comme
leurs créatures et se comportent comme s’ils guérissaient le cancer ou
quelque chose dans le genre. Mais ça ne se passera pas comme ça.
Moi: Tu vas faire quoi Leila ? Qu’est-ce que tu peux bien me faire si je
décide de ne pas t’épouser légalement ?
Leila: Notre union est scellée par la coutume; tu ne peux plus rebrousser
chemin Jeff. C’est fini; je suis ta femme.
Un jour s’est écoulé après cet incident et aujourd’hui c’est lundi, je dois
reprendre le service à l’IRAD. Je ne suis pas allée au commissariat pour voir
Jeff et je n’ai même pas appelé pour m’informer à son sujet; néanmoins je
compte appeler le cabinet de Rémi ce matin, pour qu’il autorise qu’on libère
le couple. Honnêtement, je ne sais pas quelle folie m’a prise de répondre au
baiser de Jeff, je dois avouer tout de même qu’au fond, il ne me laisse pas
indifférente. Et puis, ses lèvres sont si douces, et il y a plus de quatre mois
que je n’ai pas eu de rapports intimes avec un homme, alors qu’on dit que
les femmes enceintes devraient le faire constamment pour dilater
correctement les parois vaginales. Je suis un peu en manque de sexe en ce
moment et une partie de jambes en l’air avec lui ne me ferait aucun mal. Au
contraire ! Il m’a l’air d’être un bon coup en plus.
Quelques minutes plus tard, je suis devant l’IRAD; j’entre dans mon
bureau et, DIEU merci, tout est en ordre. Je prends place sur mon fauteuil et
mon premier réflexe est d’appeler le cabinet du ministre pour avoir Rémi.
Je compose le numéro et je tombe sur Jeannine.
Moi: Allô, bonjour Jeannine. Peux-tu transférer mon appel, s’il te plait ?
Moi: Euh… Les deux personnes que tu as faites enfermer là, tu dois faire
quelque chose pour elles, s’il te plait mon doudou.
Moi: Ah bon ?
Lui: Oui, je connais le père du jeune homme, c’est un grand ami à moi.
Donc, il m’a contacté ce matin pour me dire qu’il s’agit de son fils et sa
belle-fille. Alors, j’ai dû m’excuser auprès de lui.
Je dépose le combiné. Il vient de dire quoi ? Jeff est le fils d’un grand ami
à lui ? C’est dire que la poisse me suit partout alors. Le père de Jeff serait-il
un sectaire aussi ? «Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es», dit le
dicton. Il y a peut-être des exceptions à cette règle, mais tout de même ! Les
lions ne traînent pas avec les singes. Donc, si mon «sorcier» et le père de
Jeff sont si liés, c’est qu’ils roulent forcément dans la même farine. Pffff…
Anyway !
J’ai bossé des heures d’affilée jusqu'à midi; c’est la sonnerie de mon
interphone qui me sort de la paperasse. Thérèse ! Qu’est-ce qu’elle me veut
celle, là ?
Je range mes dossiers; je suis toute anxieuse, gênée, un brin agacée. Mon
être est en émoi. Yves et moi ne nous sommes plus adressés la parole depuis
le jour du divorce. Je suis sortie de sa maison avec mes bagages et je ne suis
plus jamais repartie chez lui. J’ai coupé tout contact avec lui depuis lors.
Je réajuste ma chemise et jette un coup d’œil rapide dans mon miroir pour
vérifier que mon visage est au top. Ensuite, je me repoudre et remets un peu
de mon gloss Yves Rocher sur mes lèvres pulpeuses. Il faut que ce moribond
se rende compte à quel point notre divorce m’a fait du bien. Il doit
témoigner que mon charme est resté le même et que je suis encore plus
radieuse qu’avant. Il arrive sur le seuil de ma porte et hésite à entrer, mais je
lui fais signe de la main de s’approcher.
Lui: J’ai rencontré Magalie en ville l’autre jour. C’est elle qui m’a dit que
tu es employée ici. Félicitations. J’ai toujours su que tu étais une brave
femme.
Moi: Merci, Yves. Mais je ne pense pas que tu aies fait tout ce chemin
pour venir me complimenter, n’est-ce pas ?
Lui: Yolande. Je ne suis pas venu pour parler du passé; je suis venu te dire
que j’ai le VIH, et j’avais la maladie il y’a très longtemps déjà. Mais, mon
organisme ne manifestait pas les symptômes. Donc c’est à toi de voir. Tu
peux me traiter de tous les noms d’oiseaux, et me maudire autant que tu
veux, mais fais-toi dépister, s’il te plait. C’est ma préoccupation.
Il sort de mon bureau sans demander son reste. Fichtre ! Donc, je n’ai pas
assez de problèmes comme cela dans ma vie en ce moment, pour que ce
brigand vienne en rajouter en me disant qu’il a le SIDA ? Et puis quoi ?
Qu’il meure même, pourvu que je ne sois pas contaminée. Cet homme m’a
fait voir de toutes les couleurs. Il me cocufiait impunément et trempait sa
queue partout. Un irresponsable ! Il s’attendait à quoi ? Mais est-il probable
que je sois porteuse du VIH ? J’étais aux USA et à la clinique de fertilité, on
m’a fait tous les examens. Ça ne peut pas être possible que je sois
contaminée.
Lui: Parce qu’il est ministre ? Je peux t’offrir une vie plus comblée,
Yolande.
Lui: Dis-moi que tu n’as rien ressenti samedi quand je t’ai embrassée.
Moi: ………
Moi: ……
Lui: Tu ne dis rien. C’est si difficile pour toi de l’avouer, ma belle ? Vas-y
laisse-toi faire. Je m’occuperai de ton enfant, si c’est ta crainte.
Moi: Écoute, cette histoire n’est pas à ta portée, crois-moi sur parole. Je
préfère te tenir à l’écart de tout ceci, dans ton intérêt personnel. En plus, je
ne veux pas m’attirer les foudres de ta jeune épouse hystérique, ainsi que
celles de ta famille. Et d’ailleurs, j’ai appris que ton père connait Rémi.
Lui: Oui !
Je n’ai pas fini ma phrase, qu’il m’interrompt en posant ses lèvres suaves
sur les miennes, tenant fermement mon visage entre ses mains. Et dans une
passion folle, nous nous mettons à nous embrasser fougueusement.
Hmmm… Qu’est-ce que c’est délicieux ! J’avais la capacité de dire non, de
refouler ce baiser, de le chasser de mon bureau. Mais mon corps réclamait
ardemment le contraire. Alors j’ai préféré ignorer ma raison et céder au
désir de mon corps. Nous avons échangé un long baiser; j’ai senti mon être
entier vibrer.
Lui: Oui, mais, je suis ton client; je peux dire à Patrice que j’ai besoin du
chef de projet pour tout superviser.
Lui: Il ne me fait pas peur. S’il te plait dis oui, je t’en prie. Je serai
l’homme le plus heureux du monde.
Moi: Allô !
Moi: Jeff, Il faut que j’y aille. C’est ma copine à l’autre bout du fil. Son
mari l’a tabassée copieusement et elle a besoin de moi.
Lui: Je passe te chercher vendredi soir, emmène avec toi des tenues
magnifiques. Nous voyagerons avec ma voiture.
Chapitre X: We made it
Avec une mine réjouie due au baiser de tout à l’heure, je prends donc le
volant en direction de Ngousso où réside madame EKA Magalie Raymonde.
Il y a longtemps que je ne suis pas allée chez elle. Je n’aime pas lui rendre
visite, parce que je déteste son mari. À mon avis, il ne la mérite pas du tout
ce pauvre crétin; il n’a rien compris à la vie. Nous avons beau être au vingt
et unième siècle, il n’en demeure pas moins que son attitude se rapproche
plus de celle de l’homme du Neandertal. Il fait partie de ceux qui réduisent
la femme à la casserole.
Le soleil brille sur la ville aux sept collines, Yaoundé la capitale de mon
beau pays si hospitalier. La terre rouge, le climat tempéré, la belle ambiance
dans les rues, les embouteillages: Il fait bon vivre ici. Je fais un détour à la
station d’essence TRADEX, pour faire le plein de carburant. Je me mordille
délicatement la lèvre inférieure et un sourire succinct irradie mon visage,
tandis que je repense à Jefferson Willis Ekobena; un petit très valable. Le
gars est frais, il dose, teint chocolat, taille moyenne, joli torse baraqué,
lèvres suaves. Le petit est raffiné on dirait David Beckham. Mince ! Je me
demande ce qu’il a dans la culotte. Je sais que je ne suis pas
scrupuleusement les recommandations divines, j’écorche les saintes
écritures des fois, en heurtant au passage les mœurs sociales qui voudraient
que je ne fantasme pas sur le «bien d’autrui».
Mais qui est irréprochable sur cette planète ? Qui est saint ? Nous avons
tous des failles, des faiblesses. Je ne suis peut-être pas un ange, mais je suis
loin d'être un démon. Je suis une charmante jeune femme plutôt agréable à
vivre, pétillante, joviale, sympathique, gentille, altruiste, généreuse. Je
gagne honnêtement ma vie et je n’ai jamais porté atteinte à la vie d’autrui.
Je ne m’investis aucunement à exercer des pratiques malveillantes sur
l’existence de mon prochain. J’ai juste la faiblesse de ne pas résister à
l’envie dévastatrice de me faire du bien, de passer de superbes moments
passionnés avec des hommes qui appartiennent déjà à d’autres. Est-ce ma
faute si de tous les hommes qui me courtisent, les seuls qui me font vibrer
sont hélas, déjà pris ? C’est la faute à la providence peut-être, je n’en sais
rien. Tout ce que je sais, c’est que pour l’heure, j’ai envie de me le faire ce
Jeff. J’ai une soif inextinguible de lui; oui JE VEUX BAISER. Je brûle de
désir en pensant à ce que cet homme pourrait me faire entre quatre murs, en
imaginant la façon dont il pourrait me propulser au paroxysme du plaisir. Il
y a aucun mal à fantasmer sur une «gueule d’ange». Oui, ce sera le
pseudonyme par lequel je le désignerai dorénavant, ça lui va si bien.
C’est décidé ! Je vais à Limbé. Je suis déjà «grillée» (avoir une mauvaise
réputation) de toutes les façons et honnêtement, la personne qui avait dit que
«l’ampoule grillée n’a pas peur du coupe circuit» n’avait pas menti. Moi
Yoyo, je suis «blindée»; je reste impassible et imperméable à toutes sortes
de menaces. Qui sait si je ne porte même pas des petits reptiles dans mes
entrailles ? Donc, le mieux serait que je m’enjaille avant qu’ils ne viennent
m’avaler moi-même. À ce stade, je suis imperturbable et en mode rien à
foutre du «qu’en dira-t-on».
Son visage est boursouflé, on dirait que ce salaud lui a administré des
coups de poing en pleine figure. Ce n’est pas croyable ! Je la fais asseoir sur
un fauteuil.
Elle: Je sais que tu es fâchée contre moi, mais cette fois c’était de ma
faute Yoyo et non la sienne.
Moi: Héééé Magalie, s’il te plait arrête. Je suis fatiguée d’écouter tes
sornettes.
Deux heures plus tard, Audrey nous rejoint; et pendant que je la mets au
parfum de l'incident, Magalie sort enfin, avec des points de suture sur tout le
visage. Audrey n’en revient pas.
Moi je n’ai plus envie de parler; je laisse donc Audrey débattre sur le
sujet avec elle.
Moi: Ah non ! Tu vas chez Audrey. Je ne peux plus te prendre chez moi;
je ne veux pas revivre la scène de la dernière fois. Désolée ma grande, tu
dois pouvoir tenir tête à ton mari.
Audrey: J’espère que ton mari sait que moi je suis avocate hein; donc si tu
viens chez moi, il n’a pas intérêt à venir y faire son capharnaüm; sinon je
vais le traîner en justice à la minute qui suit.
Sur ces entrefaites, nous quittons l’hôpital et nous décidons toutes les
trois d’aller chez Audrey pour y passer l’après-midi.
Toutes les deux ouvrent grandement les yeux, même Magalie qui est
défigurée affiche une expression ébahie.
Vers dix-huit heures, je file chez moi. J’irai au bureau demain matin, mais
je finirai tôt. J’ai rendez-vous avec mon père pour rencontrer un prêtre qui
réside au quartier Oyom-Abang.
J’ai pris une permission au bureau pour aller rencontrer le prêtre avec
papa et maman qui ont fait le déplacement ce matin. Dans trois jours,
Jefferson et moi partons pour une semaine à Limbé. Rémi m’a prévenue
qu’il se déplaçait avec le chef de l’état pour une semaine, donc «le chat
parti, les souris dansent». Après la rencontre avec le prêtre, je dois aller au
laboratoire du Centre Pasteur de Yaoundé pour me faire dépister. J’ai certes
fait des examens aux Etats-Unis mais je vais en refaire; on ne sait jamais.
J’arrive à l’ancien stationnement de Douala et je prends maman et papa
qui sont déjà là. Après les câlins, tous les trois nous prenons la route de la
paroisse. Quelques minutes plus tard, l’Abbé Paul Benoît nous reçoit et nous
invite à entrer. C’est un prêtre exorciste qui soigne les malades et organise
des veillées de prière pour désenvoûter les personnes possédées. Il est
vraiment puissant d’après ce qui se dit.
Papa: Monsieur l’Abbé, nous sommes ici parce que ma fille ici présente
est en relation depuis des années avec un grand homme politicien de ce
pays. C’est un homme lugubre, et de surcroît, elle attend des enfants de lui.
Papa parle encore, et encore, tandis que maman ne dit rien. Je vois bien
qu’elle s’ennuie; selon elle, on se fait du souci pour rien. On n’a rien à
craindre de Rémi; tant qu’il lui donne de l’argent, tout va bien.
Lui: J’ai bien compris votre récit, monsieur Abessolo mais votre fille ne
peut pas quitter cet homme sur un coup de tête. Sa délivrance demande
beaucoup de temps, de courage, et de persévérance. Déjà, elle doit assister à
toutes les veillées de prières que j’organise à la chapelle. Ensuite, on doit
organiser des séances de prières privées avec le groupe charismatique de la
paroisse, où on ne priera que pour elle. Votre fille a besoin de confier son
âme entière à l'Eternel, parce qu’elle est sous l’emprise de ce monsieur. Elle
est fortement tenue par l’univers des ténèbres, mais Dieu est le plus fort. Il
suffit de se confier et de s’abandonner à lui avec foi.
Moi: Tu peux me traiter de tous les noms, mais je pense t’avoir dit dès le
départ ce qu’il en était de nous deux; tu n’as jamais voulu me comprendre.
Si tu avais dit à tes parents de stopper cette mascarade, on n’en serait pas là.
Tu as voulu jouer les têtues et voilà. Assume donc !
Moi: Bye !
Je suis devant l’IRAD et je vois Yolande qui descend les marches, vêtue
d’une petite culotte blanche et d’un t-shirt blanc, avec des sandales rouges et
une paire de lunettes Dior assortie à son sac. Elle est juste magnifique ! Elle
est sublime cette femme. Je sors du véhicule et je lui fais une bise.
Moi: J’ai réservé une suite dans un magnifique hôtel exotique, aux abords
de la plage: PALM BEACH. Tu vas adorer. On va se relaxer au maximum,
j’espère que tu as prévu des tenues sexy.
Elle (le regard enjoué): Oui j’en ai. J’espère que tu as fait pareil.
Quelques heures plus tard, nous arrivons à Limbé et nous nous installons
dans notre suite à l’hôtel. Vers vingt heures, après une bonne douche, nous
allons en ville pour dîner. Yolande est à couper le souffle; on ne dirait pas
qu’elle est enceinte.
Nous trouvons un restaurant chic et elle commande une soupe aux carpes
avec des frites de pommes, et moi, un bon poisson braisé avec des plantains
mûrs. Nous nous régalons donc dans la même ambiance joviale de tout à
l’heure et vers minuit, nous quittons enfin les lieux et nous regagnons notre
hôtel. Je tiens Yolande par la main et ensemble nous montons dans la suite.
Elle me pince la paume de la main comme pour m’envoyer un signal. Je la
regarde en souriant.
Elle: Ne devrais-je pas l’être ? Je croyais que nous étions ici pour nous
détendre ?
Nous entrons donc dans la chambre et tout d’un coup, dans un élan
commun, nos lèvres s’unissent et je me saisis de son visage radieux. Ce
baiser passionné nous procure à tous les deux un bien fou. On dirait que
nous pensons à la même chose: Nous avons chacun envie l’un de l’autre. Au
fil des secondes, le baiser devient de plus en plus langoureux, laissant place
aux caresses. Nous avançons ainsi jusqu’au lit et délicatement, je l’allonge.
D’un geste tendre, je lui ôte sa robe. Nous continuons de nous embrasser
fougueusement et soudain, Yolande me dit d’un ton infiniment sensuel: J’ai
une folle envie de toi, Jeff. Cette phrase résonne dans mon cerveau tel un
stimulant pour décupler le désir.
J’essaye de sortir mon pénis de son vagin, mais je n’y arrive pas. Je me
débats, Yolande me pousse mais je suis là, à l’intérieur d’elle, bloqué; c’est
encore quoi ça ? Seigneur !
Nous tentons toutes les stratégies, elle essaie tant bien que mal de se
défaire de mon emprise, mais nos deux sexes restent scellés. Mon zizi est
«calé dedans». Ce n’est pas la sorcellerie ça ? Les choses qui arrivent aux
autres commencent déjà à m’arriver. Comment nous en sortirons nous dans
cette situation ? Qui viendra nous sortir de là ? Quelle honte ! Qu’est-ce que
c’est que cette histoire ? OH MON DIEU, AIDEZ MOI ! AIDEZ-NOUS !
Je suis calé dans le «kpetou» (vagin) de Yolande.
Chapitre XI: Révélations
Je me nomme Leila Khadija, je suis âgée de vingt ans et je suis issue d’un
couple mixte. Mon père est originaire du Maroc, plus précisément d’Agadir,
et ma génitrice est Camerounaise de la grande ville de Maroua dans le
l’Extrême-Nord du Cameroun. Il ne faut surtout pas provoquer les Nordistes
de cette région, et celui qui se frotte à nous, s’y pique. Nous savons
«dégammer» et sommes connus pour nos réactions impulsives; surtout
quand nos nerfs sont mis à rudes épreuves. Je possède ces gènes en moi,
bien que j’aie passé mon enfance et mon adolescence à Agadir en
compagnie de mes parents. Mon père est un puissant homme d’affaires, il
contrôle tout le secteur immobilier de la ville d’Agadir et certaines
périphéries de Marrakech.
Agadir est une ville du Sud-Ouest marocain, située sur la côte atlantique,
dans la région du Souss. C’est l’un des principaux centres urbains du Maroc
et la densité de la population est assez forte. C’est aussi l’une des villes de
l’Afrique maghrébine réputée pour héberger de grands féticheurs et
d’innombrables marabouts. Il y a cinq ans, mon père a décidé que nous
devions nous installer dorénavant au Cameroun, car il voulait créer une
filiale ici. Toute notre famille a donc débarqué dans ma deuxième patrie, à
l’exception de mon petit frère Bilal qui est resté au Maroc avec mes grands-
parents.
L’école n’a jamais été mon point fort et c’est avec beaucoup de mal que
j’ai pu terminer mes études secondaires. Pour récompenser mes efforts, mon
père m’a trouvé un poste dans l’entreprise familiale comme agent
immobilier et depuis lors, je fais visiter des logements à des personnes qui
sont dans le besoin. C’est une activité que j’affectionne particulièrement et
j’ai beaucoup d’aisance à convaincre ma clientèle, quelles qu’en soient les
circonstances.
Au cours d’une soirée organisée par mes parents, j’ai croisé Jeff qui était
accompagné de ses parents. Son charme ne m’a pas laissé indifférente. Nous
avons sympathisé et ma mère ce soir-là, a pensé qu’il ferait un bon mari
pour moi. Ma mère et la sienne étant toutes deux adhérentes à la même
réunion, elles étaient plutôt assez proches et elles se sont alliées à moi pour
mettre sur pied un plan afin de convaincre Jeff de m’épouser. Il représentait
le partenaire idéal à mes yeux: bel homme, belle carrure, intelligent,
ingénieur civil diplômé de l’université de Liège en Belgique, et donc promis
à un bel avenir, de surcroît issu d’un rang social noble. Je le voulais, et ma
mère souhaitait encore plus avoir un gendre de cet acabit. Nous avons donc
consulté un féticheur réputé afin qu’il ensorcelle l’esprit de Jeff, pour qu’il
m’accorde plus de considération car, il était réticent à l’idée de faire sa vie
avec moi. Il était d’accord pour construire une relation amicale, mais ne
voulait pas que les choses aillent plus loin. Alors nous avons été obligées de
l'envoûter par l'entremise d’Okourouma, afin qu’il soit acquis à notre cause.
Ensuite, il a ajouté:
Lui: L'eau et le savon, tu les utiliseras pour ta toilette intime avant chaque
relation sexuelle avec lui. Une fois qu’il t’aura pénétrée, il ne pourra plus
introduire sa verge dans un autre vagin sans représailles. En effet, le jour où
il osera le faire, ce sera une expérience tellement unique qu’il ne rééditera
point.
Maman et moi nous nous sommes regardées, étonnées par ce qu’il venait
de dire. Puis, il a ajouté avec certitude:
Lui: Il aura une amante avec qui il aura une relation intime, mais celle-ci
sera de courte durée car ce jour, après être passé à l’acte, ils resteront
scellés, l’un dans l’autre et vivront une humiliation qu’ils ne seront pas prêt
d’oublier. Ils ne retrouveront la liberté que lorsque de nombreuses personnes
se seront délectées de cette scène insolite.
Nous y sommes. Je crois bien que ces amants maudits sont en très
mauvaise posture en ce moment. Monsieur «je drague qui je veux» a cru
bon de courtiser sous mes yeux, sa mémé au point de l’embrasser à la soirée
d’anniversaire que j’ai organisée si méticuleusement en son honneur.
Vraiment ! Quel mépris ! Il n’a pas arrêté de m’humilier au point de me
lancer à la figure avec désinvolture qu’il allait passer le week-end à Limbé
avec l’autre. Hahahaha Il doit moins faire le fier à l’heure qu’il est;
j’imagine la scène d’ici. Je l’imagine lui, coincé à l’intérieur de cette vieille
peau, sous les regards effarés et enthousiasmés des gens. C'est le genre de
scène insolite dont les gens raffolent; l’occasion idoine pour mettre de côté
les soucis et partir en fous rires. Je visualise le spectacle et je peux imaginer
leur embarras. Ce court métrage d’un autre genre sera certainement diffusé
dans la rubrique des faits divers sur la chaîne la plus populaire du Cameroun
et d’Afrique: CANAL 2 INTERNATIONAL. Putain ! T’es la meilleure,
Leila ! Dans deux semaines, je monte d’un cran. Je retournerai voir maitre
Okou pour qu’il envoûte définitivement le cœur de ce Jeff, de telle sorte
qu’il ne pose plus jamais le regard sur une autre. Il est à moi et sera à moi
jusqu’à ce que la mort nous sépare, voilà ! Par ailleurs, je me prépare déjà à
le recevoir et à le consoler quand il sera revenu de son périple. Je dois
l’amadouer et pour cela, je serai dorénavant une gentille petite fille docile et
attentionnée sinon, il pourrait éventuellement m’abandonner dans la
chambre conjugale, et ce ne serait pas profitable à mes pratiques qui
nécessitent que nous partagions en permanence la même couche.
Ça doit faire deux bonnes heures que Yolande et moi sommes confinés
dans cette position extrêmement inconfortable. Nous avons essayé toutes les
possibilités imaginables pour nous sortir de là mais en vain; nous sommes
toujours coincés et à présent éreintés.
Elle bascule en se tortillant du mieux qu’elle peut, moi étant toujours au-
dessus d’elle jusqu’à ce que sa main atteigne le téléphone. Elle compose
alors le numéro de la réception de l’hôtel et demande au réceptionniste de
venir en urgence dans notre suite. Nous attendons la suite des évènements,
anxieusement.
Moi: Non ! Non ! Revenez, monsieur, s’il vous plait. Nous avons appelé
la réception pour solliciter de l’aide, car nous sommes coincés.
— Mon gars ? Tu vas mourir là. Comme vous aimez entendre que vous
faites le «tapé dos» ici dehors ! Les tireurs d’élite comme ça ! Il a
certainement laissé sa femme à la maison hein.
Les gens n’arrêtaient pas de brailler dans tous les sens; c’était la totale.
C’était horrible ! À un moment, je me suis concentré, j’ai pris l’appui sur
Yolande, et de toutes mes forces, j’ai poussé et je me suis enfin retiré d’elle.
Nous avons essayé de nous frayer un chemin dans ce cancan pour trouver
nos vêtements et sans demander notre reste, nous sommes sortis de cet
endroit de malheur au pas de course. Nous avons dévalé les escaliers et
avons continué notre course folle jusqu’au parking de l’hôtel. J’ai démarré
immédiatement mon véhicule pour Yaoundé. En chemin, personne ne parlait
à l’autre, personne ne voulait regarder l’autre; nous étions sonnés.
Son visage est rempli de larmes, elle n’arrive même pas à articuler une
phrase.
Je ne sais trop quoi penser, mais j’ai besoin d’une bonne douche froide; je
réfléchirai après une bonne sieste. Je me dirige dans ma salle de bain et je
me lave, j’enfile un vêtement propre et je me couche tranquillement. J’ai
besoin d’un bon sommeil réparateur. Me retrouver dans ma couette pour
récupérer et oublier cette honteuse histoire. Cependant, je ne peux
m’empêcher d’être pensive, car Jeff m’a semblé moins gêné par cet
incident. Je me demande si ce week-end n’avait pas pour but de m’humilier.
Ou monsieur pilou a-t-il placé des aimants en moi ?
Moi: Soraya ?
Moi: Qu’est-ce que tu fais au Cameroun ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Que
se passe-t-il ?
Je les porte et je les installe dans le salon. Je vais prendre des jus et des
yaourts pour elles au réfrigérateur et je range leurs valises dans la chambre
d’amis. Je suis bien intriguée de voir ma petite sœur revenir au Cameroun.
Que se passe-t-il à Paris ? Elle y réside depuis cinq ans avec son mari
Alexandre Diderot, un français à la quarantaine bien sonnée dont elle a fait
la rencontre ici au pays. Un an plus tard, il est revenu au pays l’épouser, et
ensemble ils sont repartis en France. Je l’ai revue seulement lors de mon
mariage raté avec Patrice, et elle n’est restée que deux semaines.
Maintenant, elle apparaît chez moi au milieu de la nuit; c’est bizarre.
On leur donne le bain, elle tire deux pyjamas de la valise qu’on enfile aux
enfants et on leur lit deux belles histoires de la collection «Caroline de
Paris». Je vais ensuite à la cuisine faire un thé à la camomille.
Elle: Weeeh, Yoyo. Pour commencer, Paola et Annabelle ne sont pas les
enfants de Diderot.
Elle: Je ne pouvais rien ma sœur, c’est lui qui devait me donner les
papiers, je ne connaissais personne, Yoyo. Un jour, il a oublié de m’attacher
comme d’habitude et je me suis enfuie de la maison. J’ai marché jusqu'à la
gare d’Évreux où j’ai rencontré un homme qui m’a proposé de l’aide. Je
travaillais en tant que ménagère et mon employeur m’hébergeait. Il a
commencé à me violer chaque jour, et c’est ainsi que j’ai conçu Paola. Sa
femme s’étant rendu compte que c’était lui le géniteur, elle m’a chassée de
la maison et une fois de plus, je me suis retrouvée dans la rue, sans papiers
et sans argent, avec un enfant de sept mois. Je suis donc partie sur Paris et je
me suis prostituée pendant plusieurs mois, pour survivre.
C’est trop dur d’écouter toutes ces révélations, je ne peux pas supporter,
je pleure. On dirait que les filles Abessolo sont maudites. Seigneur Jésus,
viens à notre aide.
Elle: Arrivée à Paris, j’ai fait la connaissance d’un autre homme, le père
d’Annabelle.
Elle: Non !
Moi: Dieu du ciel ! Soraya, comment tu peux vivre de cette façon alors
que tu as une famille ? Tu dis que tu ne possédais pas les papiers et
comment as-tu fait pour être présente à mon mariage ?
Elle: Ma sœur, si je ne venais pas à ton mariage, cela allait vous sembler
suspect. Alors j’ai payé une fille à Paris qui m’a donné ses papiers pour
voyager, vu qu’on se ressemblait un peu. C’est la raison pour laquelle je ne
suis pas restée longtemps.
Elle: Hum, ma chère sœur, tu ne sais pas la mafia qui se passe en France.
Tu peux voyager avec le passeport d’une autre personne. Si vous vous
ressemblez, tu achètes juste le billet et tu te fais passer pour elle.
Elle: Yoyo, j’ai fait des boulots que tu ne peux même imaginer ma sœur.
J’ai été femme de chambre. J’ai fait la plonge dans les restaurants, bossé
dans les magasins, les maisons de retraite, lavé les grands-pères. J’ai été
masseuse, stripteaseuse. Que n’ai-je pas fait pour avoir de l’argent ma
sœur ? Et en plus, je travaillais avec les papiers de quelqu’un d’autre, et je
devais lui donner 25% de mon salaire chaque mois.
Elle: Je n’en pouvais plus, Yolande. Je n’en pouvais plus de toute cette
souffrance. Alors, j’ai cherché un moyen pour renouveler mon passeport
camerounais et je suis rentrée.
Moi: Je vois, et qu’est-ce que tu comptes faire ici, c’est quoi ton projet ?
Moi: Ok, en attendant, tu vas rester ici chez moi et on va voir dans quelle
mesure inscrire les filles dans une école près de la maison. Tu pourras aller à
l’université voir où tu en es. Mais tu sais que moi je ne tolère pas la
fainéantise, alors tu vas d’abord chercher un petit boulot en attendant. Il va
falloir qu’on informe les parents; tu ne peux cacher autant de choses;
maman est comme elle est, mais c’est notre mère. On n’y peut rien.
Pendant que je réfléchis sur la meilleure stratégie pour redonner une vie à
ma petite sœur, mon téléphone signale un message entrant; il est de Pilou.
«Coucou ma puce, je suis rentré plus tôt que prévu, et tu ne devineras pas
l’objet de ce message: Mélanie et moi avons trouvé un terrain d’entente et
elle accepte le divorce. Veux-tu m’épouser, Yolande ? Tu le désires depuis
fort longtemps ma puce, voudrais tu être ma femme ?»
Euh, je reste immobile sur ma chaise sans parler, sans bouger; je n’ai pas
fini de digérer ce message qu’un autre sms arrive. Cette fois, il est de Jeff.
«Je crois que je sais qui est à l’origine de la scène de Limbé; c’est Leila.
Je ne voulais pas te le dire, mais je pense que tu dois savoir la vérité. Quand
je te faisais l’amour, c’est son visage que je voyais et non le tien. J’ai décidé
de dormir chez mes parents pour quelques jours, le temps de trouver une
solution. Je t’aime, Yolande».
Je vais me tuer, ils sont tous des sorciers. J’en ai marre ! Je balance mon
téléphone contre le mur. Il se fracasse et s’émiette sous le regard ébahi de
Soraya.
Moi: Je vais me tuer, Soraya. Je vais me tuer ! Ma vie est un vrai fiasco,
Seigneurrrr !
Elle: S’il te plait, arrête de crier ma puce. Pardon, il est deux heures du
matin.
Elle: Mais attends Yolande, il est deux heures du matin. Tu ne peux pas
conduire à cette heure de la nuit avec les enfants, et de surcroît tu es
enceinte.
Moi: Dis donc, enceinte des serpents ? Réveille les enfants, s’il te plait.
J’ai besoin de mes parents. Cette fois-ci j’en peux plus; c’est trop !
Chapitre XII: L’éveil de Magalie
Ça va bientôt faire un bon bout que j’ai élu domicile chez ma copine
Audrey. Je commence à y prendre mes aises, même si mon être reste
quelque peu tourmenté par l’absence de ma petite famille.
Moi: Sans être sexy ? Mama, si cela peut faire en sorte que Brice change,
c’est tant mieux.
Hier, il m’a appelé, pour me convier chez ses parents aux fins d’une assise
familiale dont j’ignore la teneur. Je sors de la maison et je stoppe un taxi
pour le carrefour Nsimeyong. Je n’aime pas trop aller rendre visite à mes
beaux-parents; non pas que nous n’ayons pas des rapports cordiaux, mais je
suis plutôt quelqu’un qui préfère rester au calme avec sa petite famille.
Moi: Maman, tu exagères ! C’est une robe, pas une robette, et elle n’est
pas si étroite que ça. Je la trouve correcte.
Elle: Si c’est ça une tenue correcte pour toi ! En tout cas, je n’aimerais
plus te croiser accoutrée ainsi, surtout quand tu viens ici. Tu dois faire
honneur à ton mari.
Un quart d’heure plus tard, nous nous installons sur la grande terrasse
pour la fameuse réunion. Mon beau-père nous rejoint, suivi de Brice que je
vois pour la première fois depuis mon arrivée. A ma grande surprise, il est
accompagné d’une svelte jeune femme au teint clair, qui me toise au
passage, avant de prendre place sur un siège près de Brice. On lui donnerait
trente ans, tout au plus. Ils ont l’air de bien s’entendre tous les deux. Ce qui
est encore plus curieux, c’est l’attitude qu’elle affiche en présence des
parents de ce dernier qui semblent s’en accommoder. Serait-elle une amie de
la famille ou une parente ? Elle n’hésite pas à faire des petites caresses sur
les cuisses de Brice en minaudant, lequel lui répond par un sourire niais.
C’est quoi cette parodie ? Je sens quelque chose de louche, mais je garde ma
sérénité. Monsieur Eka prend donc la parole.
Moi: Il n’y a pas de quoi papa, c’est normal que je réponde favorablement
à ton invitation.
Monsieur Eka: Nous savons que tu as toujours été une épouse exemplaire,
digne et très respectueuse. De ce fait, tu pourras valablement être sa
marraine, tu comprends ?
Je tombe des nues. Pincez-moi, je rêve ? Ça ne peut pas être vrai. Ça doit
être une blague pour détendre l’atmosphère, avant d’entrer dans le vif du
sujet. Depuis quand Brice a prévu d’être polygame ? C’est quoi cette
mascarade ? Cela fait plusieurs années que leur fils me bat et jamais
personne n’a daigné lever le petit doigt. Mes enfants résident en ce moment
chez mes beaux-parents parce que leur père m’a salement amochée avec sa
barbarie. Et pendant que je me remets de mes blessures, eux, au lieu de
tempérer leur fils et tenter de solidifier le lien qui nous unit, ils organisent
sous cape ses secondes noces. Et selon eux, je devrais accepter gentiment
d’être marraine de cette entourloupe ? Toujours parce que j’ai l’air
amorphe ?
Je n’ai toujours pas prononcé un traître mot, après le discours des parents.
Je me contente de fixer le sol, en essayant tant bien que mal de maîtriser ma
colère. Brice se décide à prendre la parole pour m’expliquer lui-même les
choses.
Brice: Magalie, je t’aime, et tu le sais. Je sais que je n’ai pas toujours été
le mari fidèle, doux et attentionné dont tu as tant rêvé. Je suis aussi désolé
de m’emporter à chaque fois et de te rouer de coups; je ferai des efforts pour
que cela ne se reproduise plus à l’avenir. Pour le moment, accepte de faire
connaissance avec Louise, ma future épouse que je te présente.
Il parle sans s’arrêter, et je n’entends plus que les sons qui s’échappent de
sa maudite gueule. Je suis ailleurs, loin. J’en ai marre, marre de lui, marre de
ses parents, marre de tout et d’un geste vif, je saisis le plat de Ndolé qui est
posé devant moi et je le frappe de toutes mes forces sur sa tête. Le plat se
brise et le repas dégouline sur son visage, mêlé à quelques gouttes de sang.
Tout le monde s’exclame ! Personne ne l’a vu venir; ils ne s’attendaient pas
à un geste pareil de la part de l’indolente Magalie. Eh bien, les choses
viennent de changer.
Moi: Ferme là ! Espèce de vaurien ! C’est pour cela que tu m’as invitée
ici ? Pour m’annoncer que tu prends une seconde épouse ? Et comment
comptes-tu nourrir deux femmes et deux enfants avec ton salaire de
catéchiste ? Sans oublier le fait que tu t’opposes à ce que tes épouses aient
un emploi ?
J’ai pris mes enfants sous le regard effaré de l’assistance, et je suis sortie
en contenant mes larmes. Je ne voulais pas leur faire le plaisir de me voir
pleurer. J’ai emprunté un taxi pour la maison d’Audrey et dans le taxi, j’ai
serré mes enfants dans mes bras. Le contact de leurs petits bras innocents
me procure le courage et la force d’avancer. J’aime certainement Brice, et
malgré tout ce que je vis dans ce mariage depuis huit ans, je me suis
toujours comportée en épouse modèle, fidèle et docile. J’ai voulu que ça
marche, j’y ai cru jusqu’au bout. Mais là, c’en est trop ! Je veux juste la
paix.
Elle: Comment ça ?
Je lui explique tout ce que Leila fait, comment elle passe des heures dans
la salle de bain, et les odeurs nauséabondes qui envahissent la salle après
son passage.
Elle: Tu sais que ton père et moi attendons toujours que tu nous expliques
ton comportement à ton anniversaire chéri. Quand bien même tu veux
tromper ta femme, fais le décemment; même si tu n’aimes pas Leila,
respecte-là. Je suis une femme et je prône le respect inconditionnel de la
femme.
Moi: Une fille que j’ai rencontrée à Kribi, et il s’avère qu’elle est
ingénieur agronome et chef de projet. C’est elle qui va superviser mon
projet de Mfou. Elle me plait, maman.
Elle: Et tu comptes t’y prendre comment, mon fils ? Cela ne va pas poser
de problème avec le géniteur de sa grossesse ?
Elle: Bon, si elle a effectivement fait toutes ces pratiques que tu décris,
cela veut dire qu’elle est obscure. Alors, je te conseille de rester ici pour
quelque temps.
Moi: Maman, je ne veux même plus cohabiter avec elle sous le même toit.
Cette fille peut me tuer.
Nous arrivons une heure de temps plus tard et trouvons papa qui
s’apprêtait à aller à sa cacaoyère.
Il la serre fort dans ses bras. Annabelle et aurore vont aussi l’embrasser.
C’est la première fois qu’elles voient leur grand-père.
Mon père est l’homme le plus charmant qui puisse exister sur terre si je
puis dire; il est aimable, attentionné, altruiste et il se préoccupe toujours des
autres avant de penser à lui-même. Hélas, ce genre d’homme épouse
souvent des femmes bizarres.
Elle prend ses petites filles dans ses bras et nous allons tous dans le grand
salon. Papa ayant constaté ma mine agacée, sait déjà que nous sommes là à
cause d’une situation délicate.
Moi: Papa, maman, la situation est critique. Je leur narre tout ce que
Soraya a vécu en France sans omettre une seule étape ; à certains endroits
Soraya apporte des précisions, quand cela est nécessaire. Elle est en larmes.
Papa: Ma fille, je suis vraiment navré pour tout ce que tu as vécu et je t’en
veux de n’avoir pas alerté ta sœur. Quelle que soit la situation que tu
traverses, tu devrais la partager avec ta sœur, à défaut de m’en parler. Vous
n’êtes que deux, et vous devez rester proches l’une de l’autre.
Maman: Si j’ai fait des enfants, ce n’est pas pour souffrir à cinquante-cinq
ans. Mes enfants devraient s’occuper de moi à mon âge et non l’inverse.
Elles sont des ratées parce que tu les cajoles trop.
Papa: Oui, je comprends Yolande. Il faut déjà que vous alliez aux séances
de prières comme l’a dit le prêtre la dernière fois.
Moi: Ce n’est pas tout.
Moi: Vous allez m’écouter, s’il vous plait. Je ne peux pas épouser cet
homme, vous entendez ? Je ne peux pas partager sa vie; cet homme est un
monstre pour de vrai.
Nous avons encore discuté pendant des heures. Papa nous a promis de
venir en ville en semaine pour qu’on aille chez le prêtre. Maman quant à
elle, cherchait par tous les moyens à convaincre papa de me laisser épouser
Rémi. Vers dix-huit heures, nous sommes reparties en ville, laissant
Annabelle et Aurore à Okola, à la demande de papa. Il pense que les enfants
doivent rester dans un environnement sain, et que présentement, ce que nous
traversons provient des ténèbres. Par conséquent, les enfants doivent être
mis à l’écart.
Pfff ! Si cette femme n’était pas ma mère, je lui aurais envoyé un bon
coup de poing dans la figure.
J’ai pris le volant et nous nous sommes mises en route pour Yaoundé. En
chemin, Soraya et moi faisions le programme de la semaine. Je savais
qu’elle brûlait d’envie que je lui raconte toute l’histoire avec Rémi, mais
c’est un sujet délicat. Donc, je ne voulais pas lui faire ce plaisir. Pas encore.
Deux heures plus tard, je suis devant chez moi, et j’aperçois la voiture de
Rémi garée sur mon parking. C’est bien sa limousine, je la reconnaîtrais
entre mille. Je m’avance et je vois son chauffeur installé au volant. Qu’est-
ce qu’il vient faire ici ?
Lui: Comme tu n’as pas répondu à ma demande, alors je suis venu pour
entendre de vive voix ton chaleureux et très sensuel «oui».
Moi: Oui, je le voulais mais ça, c’était avant ! Bien avant que je ne sache
toutes ces révélations que tu m’as faites, Rémi.
Lui: Et qu’est-ce qui te laisse penser que tu peux me dire non, Yolande ?
Tu penses vraiment que je vais te laisser le choix ?
Chapitre XIII: Soraya la possédée
Lui: Parce que ce n’est pas une question, mais une information, ma chère.
Moi: Le mariage n’est pas forcé à ce que je sache, et tu ne vas pas m’y
contraindre.
Mes sentiments ont changé; je ne vois plus le Rémi qui m’a conquise. En
tout cas, plus depuis que je connais la vérité.
Lui: Rhooo ! ! ! Yolande, c’est bon ! Tu ne vas pas me bassiner avec cette
histoire, éternellement. Arrête de faire ta candide ! Tu n’es plus une gamine
innocente. Tu ne te plaignais pourtant pas durant tout ce temps où tu
profitais gracieusement de mes largesses, cette époque où tu me suppliais
des fois de te transporter jusqu’au paroxysme du plaisir. Tu te souviens de
tous ces superbes moments que nous avons passés ensemble, non ma
tigresse ? Ces jours si paisibles et précieux que nous avons connus. Alors,
les choses demeureront ainsi ! Rien n’a changé ma belle, rien du tout. Je
suis et serai toujours ton Rémi, et toi tu restes ma Yolande, c’est compris ?
Moi: Non. C’est impossible ! Je ne peux pas continuer avec toutes ces
répugnantes particules de ta personne, cette partie sombre de toi.
Moi: Rémi, je n’irai nulle part avec toi. Je ne veux plus de cette relation;
tout est fini entre nous; c’est clair ?
Lui: Yolande, je t’ai dit que c’est moi qui mets fin à une relation, et non la
femme. Ok ?
Le chauffeur gare et j’entre chez moi pour prendre une douche. Mélanie
doit être dans la «chambre des phénomènes». C’est la chambre qui nous
abrite lorsque nous voulons aller dans le monde parallèle. Personne n’y
accède, en dehors de Mélanie et moi-même.
Je suis épris de Yolande et je vais lui avouer qu’elle est d’ores et déjà ma
femme dans l’autre monde. Je veux juste la rendre heureuse et lui faire
oublier ce qu’elle a vu.
Jason: Bébé Aud, s’il te plait mon cœur, ne te fâches pas. Si tu veux,
envoie-moi le billet d’avion je reviens te rendre visite. Tu me manques
tellement.
Jason: Chérie, s’il te plait calme-toi, bon sang ! Je te dis que j’étais très
pris. Il fallait que je me réadapte, que je me remette correctement dans le
bain des activités, tu comprends ? En plus, tout ce que tu m’as donné
comme sous, j’ai dû dépenser à cause des urgences. Du coup, je n’ai plus
rien. Je me demandais si tu pouvais me dépanner un peu mon trésor.
Moi: Ok.
Moi: Weeh ! ! Ma puce, calme-toi, pas devant tes fils, s’il te plait. Tu ne
peux pas craquer devant eux.
Je porte les enfants, je les amène dans la chambre, ensuite je reviens au
salon. Je mouille une serviette que je lui tends.
Non, ce n’est pas croyable. Je n’ai jamais aimé ce gars qu’on appelle
Brice et je vais m’assurer qu’il périsse, et qu’elle demande le divorce. Il va
lui verser une pension alimentaire conséquente.
Rémi vient de partir, j’ai les boules au ventre; j’ai tellement aimé cet
homme, j’ai tellement espéré qu’un jour, il m’épouserait. J’ai tellement
attendu ce moment et au final, quand l’occasion se présente, je ne suis plus
intéressée. Pourquoi la vie est-elle injuste envers moi ? Quand donc brillera
pour moi le soleil ? Aurai-je un jour la chance de rencontrer mon prince
charmant et de vivre une belle et saine histoire d’amour ? Même l’histoire
avec Jeff, il vaudrait mieux que j’y mette un terme. Je voulais juste
m’envoyer en l’air, c’est fait. Certains diront «Yoyo, tu es grave ! Même
avec une grossesse ?» C’est écrit où que l’on ne peut pas baiser étant
enceinte ? Au contraire, c’est recommandé. Mais je pense que je vais mettre
fin aux fantasmes sexuels pour le moment et renouer ma relation avec mon
Dieu. Avec lui, je retrouverai la paix, le bonheur pur, et je pourrai me
concentrer efficacement sur ma grossesse. Je serai bientôt une maman et
mes enfants doivent arriver dans un environnement assaini. Je dois me
montrer responsable et m’ériger en exemple pour mes marmots que j’aime
déjà si fort.
Moi: Parce que tu n’avais pas le choix, et puis les situations ne sont pas
similaires. Donc, tu ferais mieux de te préoccuper de ton avenir et de celle
de tes enfants, plutôt que de mes aventures amoureuses.
Moi: Tu as bien dit à une époque, et cette époque est révolue à ce que je
sache.
Je tourne mes talons et je vais dans mon bureau. Je n’ai pas eu des
nouvelles de Jeff depuis et je ne veux même rien savoir de lui. Tous ces
hommes, j’en ai marre. Je veux rompre avec cette existence brouillée, je
veux la paix.
Je bosse d’un trait jusqu'à quinze heures, et je conclus par le dossier de
Jeff. Je crois que je vais désigner un ingénieur des chantiers pour me
substituer dans l’exécution de ce projet. Je ne veux plus avoir à faire à Jeff.
Vers seize heures, je décide d’aller prendre mes résultats du test de VIH que
j’ai précédemment fait, après la révélation de mon irresponsable ex-mari,
Yves. Décidément, je suis une sacrée veinarde pour dénicher mes
partenaires. J’évite la rage pour contracter la peste. Je fuis la pluie pour
atterrir dans la mer. Pauvre de moi !
Elle s’exécute, mais laisse traîner ses résidus d’ongles qui s’éparpillent
sur mon tapis. Tout ce spectacle est suffisamment dégoûtant pour
m’horripiler. Néanmoins, je me retiens. Je respire un bon coup et je vais me
réfugier dans ma chambre. La porte est entrouverte et je tombe sur la femme
de ménage.
Moi: Que faites-vous ici ? Je croyais vous avoir demandé de ne pas mettre
vos pieds dans ma chambre ?
Moi: Quoi ?
Elle peut dire tout ce qu’elle veut, je m’en fous royalement. Ici, c’est chez
moi et il me revient de fixer les règles. Ce n’est pas possible ça. Au lieu de
se préoccuper de ses filles dont elle doit prendre soin, elle passe la sainte
journée à se confiner dans le canapé devant la télé, faisant sa manucure et
laissant les débris d’ongles ça et là. Partisane du moindre effort, elle joue les
grandes dames. C’est tout à fait ma petite sœur; cette fainéantise qui la
caractérise est à l’origine de sa perdition.
Papa est arrivé, mais maman non. Elle devait s’occuper des filles de
Soraya.
Papa, Soraya et moi nous nous dépêchons donc pour la veillée de prière
qui a lieu dans une paroisse sise au quartier Melen à Yaoundé.
Nous arrivons vers dix-huit heures, et papa insiste pour que nous
occupions les places de devant. Á l’entrée, nous achetons des chapelets, un
bidon d’eau bénite, de l’encens, et de l’huile d’olive. Le prêtre qui préside la
veillée se nomme l’Abbé Paul. Apparemment, il serait vraiment puissant et,
paraît-il certaines personnes entrent en transe en sa présence.
Soraya: Je ne sors pas d’ici ! Je ne sors pas ! Qui es-tu pour oser me
perturber ? Disait Soraya en fuyant la croix de Jésus, que le prêtre brandit
devant son visage. Le prêtre pose ensuite le crucifix sur son ventre. Elle crie
à tue-tête, avec une voix rauque.
Nous nous regardons papa et moi, perdus. La voix de Soraya n’est pas la
sienne, mais plutôt celle de maman.
Nous avons donc porté Soraya et nous avons pris le chemin de retour pour
mon domicile. En chemin, papa et moi réfléchissions sur le cas de maman.
Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi posséder sa propre fille ? Quel était
son intérêt principal ? Porter un enfant dans son sein et, au lieu de le
protéger, elle le détruit. Depuis combien de temps vivait-elle dans Soraya ?
Tout compte fait, il fallait respecter scrupuleusement les consignes du prêtre.
Papa: Pour l’instant, occupe-toi de ta sœur; elle a besoin de toi à ses côtés.
Je vais rentrer à Okola récupérer les filles.
Papa: Non, je vais organiser une assise familiale. Je vais appeler son
grand-frère, ton oncle Iloka.
Ce matin, Audrey et moi avons prévu aller dans son cabinet pour qu’elle
me présente à son collègue chargé des divorces. Il est temps que je me
sépare totalement de ce malappris de Brice. Je ne veux plus rien à voir avec
lui. Je veux déménager et m’installer dans un autre appartement avec mes
deux garçons, afin de reprendre mes activités à la clinique et me construire
ma petite vie tranquille, sans ce pignouf. Non, mais je rêve ! Moi Magalie,
on veut me mettre du jour au lendemain dans la posture de coépouse, la fille
de qui ? N’importe quoi !
Je me retourne tout doucement jusqu’à lui faire face. Cet homme, Je l’ai
aimé plus que ma propre personne, Dieu m’est témoin. Mais en huit ans, il
n’a fait que me prouver que j’ai eu tort de le choisir. Il m’a démontré qu’il
n’est pas bien de s’unir à son amour de jeunesse.
Moi: Ouais, c’est ça Brice. S’il te plait, lâche-moi. Je suis venue prendre
les documents pour étayer la demande de divorce que j’ai déposée ce matin.
Lorsque mon avocat aura finalisé les documents, je te les enverrai pour que
tu signes. Je ne veux plus de ce mariage. Je me suis toujours battue pour ce
foyer contrairement à toi. Et pour me remercier, que fais-tu ? Hein Brice,
que fais-tu ? Tu prends plutôt une deuxième épouse ?
Il avance vers moi sans me quitter des yeux; il empoigne tendrement mon
menton pour plonger son regard dans le mien, je suis émue aux larmes.
Moi: L’amour seul n’est pas suffisant pour sauver un mariage, Brice. Il
faut des efforts personnels et les miens ont été vains.
Brice: Je sais ma puce, et je te promets que je ferai des efforts à mon tour.
Moi: Ça fait huit ans que tu me chantes ce refrain. C’est trop, j’en ai ma
claque.
Ces mots me font un bien fou, même si je sais qu’ils ont pour objectif de
m’amadouer. Soudain, Brice balaie d’une main la table á manger et me
pousse sur celle-ci. J'atterris sur mes fesses. Il retrousse ma robe et incline
mon string sur le côté mettant ainsi ma chatte déjà humide en évidence.
Mon mari me pénètre d’un coup sec et violent qui m’arrache un cri de
gémissement. Haaaaa ! ! ! ! Il me prend ainsi pendant cinq bonnes minutes.
Puis me retourne brutalement pour me prendre en levrette; cambre bien mon
bassin et me chevauche tel un animal en me tirant par les cheveux. Sous le
feu de l’action, il arrache ma perruque qu’il balance sur le côté. Brice me
BAISE alors comme au premier jour. Là, je reconnais mon époux. Il est
certes un homme brutal au tempérament vif, mais il reste un as au lit. «S’il
te touche hein tu perds le nord».
Moi: Je t’aime aussi Brice, mais je ne peux pas accepter que tu prennes
une deuxième épouse.
Moi: C’est des conneries ça, mon chéri. Quelle tradition ? Tu me prends
pour une folle ?
Il me serre dans ses bras pour me consoler et essuyer les quelques larmes
qui refont surface malgré mes efforts de les contenir. C’est là que je réalise à
quel point je suis encore éprise de lui. Suis-je prête pour cette séparation ?
Suis-je disposée à élever mes fils sans leur père à mes côtés ? Je suis venue
prendre les papiers nécessaires pour entamer la procédure de divorce, mais
j’ai fini sur par coucher avec mon mari. Cette situation me fait culpabiliser.
Néanmoins, il s’agit bien de mon mari et jusqu'ici je suis encore amoureuse
de lui, même si je sais au fond de moi qu’il ne changera jamais.
Moi: Patrice, je ne peux pas superviser ce projet. Regardes dans quel état
je suis. Je suis enceinte et je dois faire le trajet Yaoundé-Mfou en
permanence.
Patrice: Ce n’est que trois fois par semaine, Yolande. Eh bien, monsieur
Ekobena a dit qu’il résilierait le contrat et qu’il ne veut personne d’autre que
le chef de projet, par conséquent, toi. Je te rappelle que c’est un gros client.
Ne nous fais pas perdre ce client à cause de tes caprices farfelus.
Moi: Patrice, je ne peux pas faire autrement. Je suis désolée ! Mon état ne
me le permet plus.
Moi: Non, pas du tout, et je pense néanmoins que tu devrais te méfier toi
aussi.
Berger: Voilà. La dernière fois, en priant, j’ai eu des visions à ton sujet.
Moi: Ah oui ?
Berger: Tu es mariée.
Berger: Ce n’était pas une question. Je t’informe que ton âme est liée à
quelqu’un dans un monde parallèle.
Je retrace ma vie.
Á vingt-deux ans, je me suis mariée à quelqu’un qui m’avait filée une IST
et à cause de cette infection, j’ai eu des troubles de la fertilité. Á l’âge de
vingt-cinq ans, j’étais déjà une femme divorcée. Quelques années plus tard,
j’ai connu le grand amour, mais avec un homme marié que j’ai voulu
quitter; disons que je l’ai même quitté pour me caser avec Patrice afin de
trouver la paix. Mais il a fallu que j’affronte sa mère et ils m’ont traité
comme une esclave. J’ai dû me remettre avec Rémi, alors que je l’avais déjà
quitté. C’était quoi cette vie ? Même les hommes avec lesquels je veux
flirter sont trempés dans des choses sordides comme celui de Jeff par qui
j’ai été soumise à une humiliation sans précédent. Comment un être humain
pouvait-il subir tout ceci ?
Et d’un pas déterminé, je fais irruption dans la pièce. Cette fois, il est
assis. Je me jette à ses pieds et fonds en larmes.
Moi: M’en parler ? Hein Rémi ? J’espérais que tu me dises que tout ceci
est faux. Donc c’est vrai, Rémi ?
Rémi: Shuttt ! Ma puce, shutt ! Ce n’est pas bon pour les bébés, calme-toi
mon amour. Je t’expliquerai tout du début jusqu'à la fin. Mais je voudrais
que tu me crois Yolande, je suis toujours le Pilou que tu as connu. Je n’ai
pas changé, mon bébé. Il faut que tu me fasses confiance. Je ne ferai jamais
rien qui puisse te nuire. JE T’AIME, YOLANDE !
Moi: Rémi, tout ce cirque, je n’y comprends plus rien. Pourquoi moi,
Rémi ?
Rémi: Parce que je ne veux pas te partager. Je veux que tu restes mienne.
Je veux te rendre heureuse, Yolande. Tu mérites le bonheur. Laisse-moi faire
de toi la reine de mon cœur et te prouver que je n’ai pas changé.
Moi: Ils ne peuvent pas surpasser Dieu. Soit tu changes, soit tu m’oublies.
C’est à toi de voir.
Pendant que je discute avec lui, mon téléphone se met à sonner. C’est
papa.
Papa: Yolande pardon, rapplique ici, ta mère a disparu avec les filles. On
ne sait pas où elles se trouvent. Ma fille, je suis dépassé.
Moi: Quoi Papa ? Seigneur ! Les enfants de Soraya. Reste sur place,
j’arrive tout de suite.
Chapitre XV: La solution réside dans le Seigneur
Papa: On ne l’a pas encore retrouvée; on ne sait pas où elle est allée avec
les filles. Je l’ai cherchée dans tout le village.
Moi: Mais, maman est chez elle. Allez ! Debout papa, on y va.
Nous arrivons vers vingt-deux heures et Soraya prend ses filles dans ses
bras, les câlinent avant de les mettre au lit.
Moi: Comment ça ?
Rétorquais-je.
Soraya: Je ne suis pas dupe, je sais que vous me dorlotez; je suis aux
petits soins depuis la fameuse veillée de prières, et puis, papa et toi vous
sortez d’où avec mes filles en pleine nuit ?
Papa fini par tout lui raconter, comment maman possédait son âme depuis
tout ce temps et qu’elle s’est dévoilée à travers des révélations mystérieuses
lors de la séance de délivrance.
Soraya: Je vais la tuer, papa. S’il arrive quoi que ce soit à mes filles je
vais la tuer, je vous le dis.
Thérèse: L’incendie s’est déclenché sans cause apparente dans les locaux
du laboratoire, et les flammes se sont propagées jusqu’à notre niveau.
Heureusement que la plupart du personnel n’était pas encore sur place.
Cependant, il y’a quand même quelques blessés.
Les gens affluaient de toute part, les médias inclus. Les esprits étaient
interrogateurs, d’où provenait le feu ?
Moi: Tu m’as bien entendu ma copine; je ne suis même pas entrée dans le
bâtiment ma chérie, la moitié de l’immeuble a brûlé.
Moi: Je te l’avais bien dit. Laisse là, la prochaine fois qu’il va la rosser,
on verra bien. Moi je ne la prends plus chez moi; tu ne peux pas secourir
une personne qui s’entête à être assujettie.
Maman: Ce n’est pas bon que Jeff ne dorme pas avec toi, tu sais que
maître Okou avait dit que les remèdes marchent exclusivement lorsque vous
partagez le même lit.
Moi: Ok maman.
Je dois partir chercher Jeff. Depuis son retour, il ne dort plus à la maison,
et son absence décroît mon emprise sur lui. Je dois le supplier; je sais qu’il a
dû deviner certaines choses après leur séjour à Limbé. Je dois rattraper la
situation et la tourner en ma faveur. La semaine prochaine déjà, je dois aller
sceller son cœur dans la boite à Agadir; j’ai donc besoin de sa présence à
mes côtés. Ça n’arrange pas mes affaires qu’il soit chez ses parents.
Je prends vite mon bain avec mon eau magique, je me oins de mon huile
de domination et je mets une petite robe qui laisse entrevoir mes cuisses. Je
hèle un taxi en direction de Biyem-Assi où vivent ses parents. Trente
minutes plus tard, je suis devant la demeure des Ekobena. J’appuie sur la
sonnerie et le gardien m’ouvre; j’entre et je croise ma belle-mère qui arrose
les fleurs sur la terrasse.
Moi: Non maman, juste qu’il n’est pas rentré depuis; alors j’aimerais
savoir s’il y a un problème ?
Jeff: Arrête Leila, s’il te plait. Ne joue pas à ce jeu avec moi, je sais très
bien ce que tu mijotes; donc fais gaffe.
Elle: Tu es sûre ? Parce que si jamais quelque chose lui arrive, vous aurez
affaire à moi.
Elle tape son pied au sol en me fixant droit dans les yeux et lançant des
menaces. Voilà pourquoi je dis que Jeff doit rentrer en urgence; ils
commencent déjà à prendre le contrôle de la situation.
Elle: Écoute-moi bien ma petite Leila; ce mariage sera annulé tant que ta
maman et toi ne rappliquez pas ici pour confesser vos plans diaboliques.
Parce que moi, madame Ekobena, on ne peut pas m’embobiner, tu entends ?
Tu viens ici minauder avec tes mini robes à deux sous et tes parfums
asphyxiants de salamalekum là qui embaument toute la maison. Tu crois
peut-être qu’on ne voit pas clair dans ton petit jeu ? Regarde-toi; une petite
fille de ton état, qui dort déjà chez les marabouts.
Jeff veut intervenir, mais elle lui rabat le clapet d’un signe de la main, lui
ordonnant de se taire.
Elle: Tais-toi monsieur ! Tu n’as rien à dire pour le moment; et sache que
tu ne bougeras pas d’ici. C’est comme si elles t’ont déjà attaché hein ?
Madame, les affaires de Jeff moi-même je viendrai les chercher; il ne mettra
plus ses pieds là-bas.
Elle: Et si ta mère et toi avez préparé des maléfices pour nuire à mon fils,
vous allez me sentir passer. Maintenant fous le camp ! Je dois cuisiner et ton
parfum de marabout me donne envie de vomir.
J’étais médusée; je suis sortie en courant. Cette femme je dois traiter son
cas chez maître Okou. Je m’empresse d’appeler maman.
Moi: Ok maman.
Rémi: Tu m’as bien entendu Mélanie. Je renonce à toute cette vie, je veux
refaire ma vie avec Yolande.
Rémi: Cette vie, c’est toi qui nous y a menés à cause de ton obsession
pour l’argent et ta soif du pouvoir. Tu voulais être la reine de ta famille,
celle vers qui tout le monde se tournerait et tu l’es devenu. Moi je suis
éreinté de cette existence satanique, de toutes ces pratiques malsaines, toutes
ces vies détruites, y compris celle de notre propre enfant. Tout cela pour le
pouvoir. Non mais, où avais-je la tête ? Seigneur ! Je crois que le ciel m’a
envoyé Yolande pour mon salut, elle a créé en moi un désir ardent de
repentance; pour elle je ferai tout. Et puis, tu peux toi aussi renoncer à toutes
ces perversités.
Moi: Qu’est-ce qu’elle a Rémi ? Qu’a-t-elle de plus que moi pour que tu
veuilles tout laisser tomber du jour au lendemain pour la suivre ? Est-ce
parce qu’elle est plus jeune que moi ?
Moi: Dis donc, ne me saoule pas avec tes leçons de morale ridicules.
Maintenant que j’ai signé les papiers du divorce tu as comme par
enchantement un sursaut de conscience, au point de vouloir tout abandonner
pour rejoindre ta maîtresse. Mais sache que ça ne va pas se passer ainsi; je
vais nuire à la vie de ta petite protégée, tu m’entends ? Et si tu décides de
m’abandonner dans la secte, je vais te finir Rémi, je vais m’assurer que tu
périsses à jamais, tu me comprends bien ? Tu verras ! D’ailleurs, je vais
commencer ma campagne de sabotage. Elle bosse encore où là...À l’IRAD ?
Je vais d’abord lui envoyer le feu tout de suite.
Moi: Nous ne sommes plus mariés Rémi, je peux faire ce que je veux. Je
vais vous nuire, ta future épouse et toi, «Ma yi wa lere» (Tu verras).
Arrivée à la maison, je trouve les filles qui jouent à la véranda, papa est
au salon et Soraya à la cuisine en train de nous concocter un repas
traditionnel: L’Okok. C’est une liane grimpante qui pousse naturellement
dans les régions humides et dont les feuilles sont très prisées pour leur
valeur nutritive au Nigeria mais aussi en Afrique centrale, et surtout au
Cameroun. Chez les Eton, elles servent à concocter une sorte de soupe
épaisse, dont les ingrédients principaux sont les noix de palme, les arachides
et parfois du sucre. Le tout parsemé de crevettes fraîches. Nous allons
accompagner ce met de tubercules de manioc. Pendant que nous cuisinons,
je raconte à Soraya ce que j’ai vécu ce matin à l’IRAD, ainsi que l’histoire
de Magalie. Elle me confie qu’elle a toujours su que Magalie était une fille
bizarre. Nous discutons de divers sujets dans une atmosphère assez
détendue. Tout à coup, nous entendons Aurore, la deuxième fille de Soraya
qui hurle au salon débitant toutes sortes de paroles inaudibles. Nous
accourons pour vivre la scène de plus près.
Soraya: Ma fille ooo Seigneur ! Yolande, maman a fait quoi à mon enfant
oooh ? Mon Dieu ! Aidez-moi.
Les bergers s’en vont et nous restons là, encore sonnés par les récents
évènements. Soraya est en larmes, mais nous essayons tant bien que mal de
la rassurer. Il est primordial que nous restons connecté à l’Eternel,
respectons ses commandements tout en persévérant dans la prière. Aucune
attaque forgée contre nous ne saurait être efficace dorénavant, car la parole
du Seigneur dit: «Il n’y a donc plus maintenant de condamnation pour ceux
qui sont dans le Christ Jésus». Romains 8,1. Sur ces entrefaites, nous nous
attablons pour dîner en famille. Pendant que j’avalais ma première bouchée,
on sonne à la porte et papa décide d’aller ouvrir.
Je suis surprise de le voir là, sans son chauffeur, ni limousine, que fait-il
là ?
Après le dîner, je me suis changée et je suis sortie avec lui prendre un pot
dans un bistrot discret.
Rémi: Je ne veux plus faire du mal autour de moi, Yolande. Je veux être
avec toi.
Rémi: Je réalise juste que mon séjour terrestre ne s’éternisera pas; donc je
dois me repentir au plus vite pour ne pas avoir de regrets. Dieu m’a donné
une seconde chance en te mettant sur mon chemin; tu es ma bouée de
sauvetage princesse. Alors, soit je saisis cette chance, soit je choisis de
demeurer dans le pandémonium où j’ai été durant toutes ces années.
Moi: OK. Dans ce cas je voudrais que tu me révèles tout tes secrets;
ensuite nous irons trouver le prêtre pour les lui raconter.
Rémi: Je vois. Mais est-ce que je peux surseoir à l’étape qui te concerne
et me confesser directement chez un prêtre ?
Moi: Non Rémi ! Si je dois faire ma vie avec toi, je veux savoir tout ce
que tu as fait; tout depuis le début jusqu'à la fin. Tu dois me raconter toute
ton histoire dans les moindres détails.
Rémi: Tu sais aussi que je ne serai plus ministre, ils vont m’enlever de ce
poste à coup sûr. Le prochain remaniement ministériel ne va pas me louper
ma belle.
Rémi: Le totem aussi va vouloir s’en prendre à nous et aux enfants que tu
portes.
La semaine passa très vite; entre papa qui allait dans sa belle-famille pour
les faire part des vices de sa femme, Soraya qui priait de plus en plus et
cherchait à se réinscrire à l’université, et les filles qui se remettaient
progressivement mais restaient fatiguées tout de même, fatigue sûrement
due aux démons qui vivaient en elles, le temps semblait s’envoler. J’étais
tout de même intriguée, je voulais connaitre la réelle motivation de maman
pour posséder sa propre progéniture, et vouloir détruire l’existence de son
enfant.
Vendredi vint enfin; je n’étais pas allée travailler vu que l’IRAD avait
brûlé et le bâtiment était en travaux. Jeff avait essayé de m’appeler, mais je
n’étais pas d’humeur à faire la conversation avec lui, surtout avec tout ce qui
se passait autour de moi.
Moi: Ah booonn ?
Le berger: Oui, c’était une attaque dirigée contre ta personne. Par ailleurs,
le monsieur qui vous accompagne là n’est pas net; il a un esprit retors. C’est
un adepte du monde des ténèbres.
Moi: Je sais, il compte d’ailleurs confesser ses actes afin d’être racheté. Il
tenait à assister à la nuit de prière pour s’imprégner du déroulement des
évènements.
Je finis donc de discuter avec le berger puis, je porte Annabelle tandis que
Soraya s’occupe d’Aurore. Rémi promet de venir me voir le lendemain à la
maison pour me faire ses confidences.
Vers seize heures, Rémi arrive. Je me change pour revêtir une tenue plus
convenable et nous prenons la route pour un endroit tranquille. Je sais que
plusieurs personnes se demandent comment je fais pour être avec un homme
comme lui, sans crainte, malgré l’aspect lugubre de sa personne que je
connais. Mais je dirais que quand vous aimez une personne à la folie, vous
êtes disposé à faire n’importe quoi pour elle. Et là, j’étais prête à tout pour
aider Rémi, du moment où il accepterait de se faire aider.
Moi: Oui je sais mon gros chou, mais l’heure n’est pas aux déclarations
d’amour.
Pour la première fois, il était là, mis à nu devant moi. Il pleurait, on aurait
dit un gosse de cinq ans. Cet homme que j’avais toujours respecté et admiré;
était là devant moi comme une feuille morte.
Rémi: Son père m’a sodomisé plusieurs fois, il était mon parrain.
Rémi: Je suis devenu son chef au fil des temps; vu que Mélanie voulait le
pouvoir dans sa famille, on liquidait à peu près quatre à cinq personnes par
an. J’ai donc vite gravi les échelons; si bien que son père est devenu mon
cadet dans les pratiques occultes et c’était à mon tour de le sodomiser. «Les
gros poissons mangent les petits». Et parfois, nous le sodomisions avec une
bouteille en lieu et place du pénis.
Moi: Nous ?
Moi: Et pourquoi tu ne m’as rien fait pendant ces quatre ans Rémi ?
Quatre ans de relation, et tu ne m’as jamais fait de mal.
Moi: Sacrilège ! Tout ça me laisse pantoise, la situation est plus grave que
je pensais. N’importe qui perdrait son latin face à de tels aveux. Incroyable,
mais pourtant vrai ! Nous allons prendre rendez-vous; tu dois te confesser
chez un prêtre, Rémi.
Moi: Je sais. Mais nous allons lui faire face et nous liguer contre elle,
avec l’aide du Seigneur. Ce ne sera pas évident, mais nous y arriverons.
Pourvu que tu abandonnes définitivement tout lien avec l’univers occulte, et
que nous avancions sur le droit chemin. Car l’Eternel a dit que si nous
demeurons dans sa parole et restons ses fidèles serviteurs, la vérité nous
affranchira. Seul le péché peut nous maintenir esclave et nous laisser à la
merci de l’ennemi. «C’est pour que nous restions libres car le Christ nous a
libérés. Donc, tenez bon, et ne vous remettez pas sous le joug de
l’esclavage.» Galates 5.1.
Chapitre XVI: Le début de mon éternel combat
Moi: Merci Marc, toi aussi tu as bonne mine. Sinon, qu’est-ce que tu
deviens ?
Marc: Mais Jason ne travaille plus ici depuis presque deux ans, tu n’es
pas au courant ?
Moi: Non, pas du tout ! Et il travaille où déjà ?
Marc: Je ne sais pas Audrey, je n’en sais rien. En fait, on s’est perdu de
vue depuis qu’il a quitté l’entreprise.
Me demande-t-elle poliment.
Avant de lui répondre, une dame blanche dans la quarantaine bien sonnée
sort de la cuisine, elle est presque à terme. Je la reconnais bien, c’est l’ex-
femme de Jason.
La dame: Bonjour madame je peux vous aider ?
Elle: Oui et je suis son épouse. Que puis-je faire pour vous madame ?
Elle s’assoit sur le fauteuil juste derrière elle pour mieux encaisser le
coup. Honnêtement, je ne sais pas pourquoi je venais de dire cela mais j’en
étais fière.
Elle: Jason et moi vivons ici depuis deux ans déjà, et nous avons eu deux
enfants, deux filles et le garçon qui arrive bientôt.
Je prends place sur le fauteuil qui lui fait face; il n’est pas question que je
me laisse faire devant cette femme. Je suis certes choquée mais je dois rester
ferme et forte. Il ne faut jamais faiblir devant l’adversaire, me dis-je pour
me consoler et éviter de laisser jaillir les quelques gouttes de larmes qui
s’alertaient dans mes yeux.
Elle: Oui, c’est vrai ! Mais nous nous sommes remis ensemble il y a deux
ans.
Moi: Ok, je vois. Seulement, il était chez moi au Cameroun pour deux
semaines de sexe et d’amour.
Elle: Ok.
Elle: Je vous demande pardon ? Nous n’avons pas de place pour vous ici
madame, c’est un appartement de trois pièces: Une pour nous, une chambre
pour la grande qui aura bientôt quatorze ans et l’autre chambre pour les
petits.
Moi: Excusez-moi madame, mais c’est moi qui paye le loyer de cette
maison depuis le Cameroun. J’ai tous les ordres de virement depuis deux
ans, donc je me vois mal en train de louer un appartement à Paris alors que
je paye déjà celui-ci. Il est hors de question que j’aille vivre à l’hôtel.
Moi: En tout cas, je vais rester ici donc, faites-moi une place. J’ai un
séminaire juridique qui va durer plusieurs mois et je ne me vois pas payer
l’hôtel alors que ce sont mes efforts qui payent cet appartement. J’ai tous les
ordres de virements avec moi et je suis avocate donc, si vous vous amusez je
vais vous mettre dans la merde ici à Paris. Croyez-moi sur parole.
Jason: Mais Audrey, tu ne peux pas rester ici ? Nous vivons avec des
enfants.
Maman et moi venons d’arriver à Agadir; nous ne perdons pas une minute
de notre temps et allons directement voir maître Okou à Massira pour qu’il
scelle le cœur de Jeff à jamais, et brouille aussi la mémoire de sa mère qui
veut me mettre les bâtons dans les roues. Elle ose vouloir m’empêcher de
m’unir à Jeff pour la vie. On ne tient pas tête à la famille Khadija.
Maman: Ok c’est bien. Cette femme croit peut-être qu’elle peut nous faire
peur; elle est loin d’imaginer à qui elle s’est attaquée. On ne blague pas avec
les arabes.
Maman: Vraiment grand maître Okou, les choses que tu nous as données
la dernière fois fonctionnent à merveille; mais il se trouve que Jeff a quitté
le domicile conjugal et vit désormais chez ses parents. De plus, sa mère a
découvert notre petit secret; alors nous sommes là d’abord pour que tu
brouilles le cerveau de celle-ci afin qu’elle nous laisse faire nos choses
tranquillement. Ensuite, nous voulons que tu scelles le cœur de Jeff à jamais
afin que Leila soit son unique amour, qu’il ne pose son regard que sur cette
dernière; qu’il n’ait d’yeux que pour elle et qu’il n’aime qu’une seule
femme sur cette terre: «Elle», ma Leila chérie.
Maman: Oui, nous avons tout. Mais les cheveux de Jeff datent de plus de
deux semaines, avant qu’il n’aille à Limbé. Je ne sais pas si cela posera un
problème.
On lui remet tout et il prend une grande marmite qu’il pose sur un grand
feu de bois. Ensuite, il sort un vieux livre des temps anciens pour lire, en
faisant des incantations ésotériques. Il a allumé des bougies rouges et noires
pour invoquer les rois protecteurs des ténèbres; la grande marmite ne tarde
pas à bouillir. Soudain, il lance la photo de madame Ekobena à l’intérieur de
celle-ci. Tout d’un coup, son visage change au fur et à mesure que la photo
migre dans les eaux bouillantes.
S’écrie t-il.
Maître Okou: Mais je ne peux rien contre cette femme ? Walaye elle est
plus forte que moi. Vous avez attaqué qui comme ça ? Elle a quatre têtes, du
jamais vu ici à Massira.
Hurle maman.
Maître Okou: Sortez de chez moi s’il vous plait, je ne veux pas mourir.
Sortez ! ! ! Allez-vous-en ! ! Allez avec votre malchance loin de mon
temple.
Maman: On ne peut pas partir maître Okou, nous avons fait la route
depuis le Cameroun. Tu dois nous aider, s’il te plait.
Supplie maman.
Maître Okou: Allez ouste ! Du vent ! Je veux encore vivre, vous allez
attaquer un baobab ?
Maman: Mais comment ça un baobab, maître Okou ? Tu ne peux pas nous
faire ça; tu dois nous aider.
Il jette nos choses dehors et nous chasse comme des sans-abris. Nous
sommes sans voix. Qui donc est cette dame qui fait autant peur au puissant
maître Okou ?
Maman et moi ramassons nos effets sous les regards ébahis des autres
personnes certainement venues pour se faire consulter. Le chauffeur nous
ramène à la maison des grands parents; nous sommes toutes les deux
frustrées et encore sous le choc de la scène de tout à l’heure.
On ne rentrera pas d’Agadir sans avoir trouvé une solution pour cette
vieille mégère. Mais pour qui se prend-elle ? Elle veut m’empêcher d’être
avec mon Jeff ? Nous ne la laisserons pas gagner cette bataille, qu’elle le
sache. Maman et moi ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour l'anéantir.
La vie semblait avoir repris son cours normal, papa vivait désormais avec
nous, les filles de Soraya reprenaient des couleurs et avaient intégré une
école catholique non loin de mon appartement. Soraya quant à elle devait se
réinscrire à l’université dans la semaine. La femme de ménage que Rémi
m’avait envoyée gardera ses enfants en son absence. Papa fera des tours à
Okola pour superviser les travaux dans sa plantation et tous ensemble
resterons dans la prière.
Nous avons décidé de rayer maman de notre vie. Une grande réunion
familiale est prévue ce samedi au domicile de tonton Iloka; après cette
réunion, papa demandera le divorce. On ne veut plus rien d’elle. Si elle a pu
posséder ses petites filles, alors elle est capable de tuer. Cependant, il
n'existe pas que la mort physique sur cette terre, la mort spirituelle est
encore plus dévastatrice et on se demande toujours si maman n’est pas la
cause principale de tous les problèmes auxquels Soraya à fait face en
France. J’aimerai vraiment la regarder en face et l'écouter nous donner les
raisons de ces actes aussi maléfiques.
Je suis couchée sur un divan dans ma chambre; Soraya est sortie avec les
filles pour rendre visite à l’une de ses copines de longue date; Audrey s’est
envolée pour Paris. J’espère pour elle que tout se passe bien. Ma copine
Magalie n’a pas une minute à me consacrer; pour l’instant les choses vont
comme sur des roulettes avec Brice; mais je l’attends les pieds fermes ici
lorsqu’il l’a battra de nouveau. Je ne manquerai pas de lui asséner deux
belles gifles. Je réfléchis à ma vie; je vais bientôt être maman et Jeff n’arrête
pas de me saouler qu’il voudrait partager ma vie, alors que je porte les
enfants d’un autre homme, «celui que j’aime» malgré tout. Devrais-je laisser
tomber Rémi et choisir la facilité avec Jeff qui devra élever les enfants
d’autrui ? Ou alors me battre pour l’amour de ma vie ? L’homme qui m’a
toujours soutenue dans tout ce que j’ai entrepris et me respecte par-dessus
tout, malgré son côté obscur.
Moi: C’est compris papa, et merci infiniment pour tout. Que ferais-je sans
toi à mes côtés ?
Je discute avec mon père et vers dix-sept heures, Soraya est de retour et
on s’attable. Plus tard, nous prions et allons au lit par la suite.
Après ma discussion avec elle, j’ai encore attendu une heure environ et
Rémi se montra enfin.
Moi: Alors ?
J’étais pressée de l’entendre parler; il avait les mains posées sur la tête.
Lui: Le prêtre dit qu’il va m’aider, mais certains péchés ne peuvent être
confessés qu’en présence d’un Archevêque.
Moi: Qu’est-ce qui est plus difficile que toutes les révélations que tu m’as
faites dernièrement ?
Je le prends dans mes bras; il a certes cinquante ans mais il reste mon gros
bébé. C’est difficile toute cette situation que nous traversons; tout se
complique.
Lui: ..........
Lui: …….
Moi: Rémi, tu n’arranges pas les choses chéri, s’il te plait parle-moi, dis-
moi quelques chose, mon amour.
Il ne disait toujours rien; la peur se lisait dans son regard. Mais que lui
avait donc fait cet archevêque chez qui il devait se confesser ? Le chauffeur
me déposa à la maison avant de le conduire chez lui. Je restais tout de même
sceptique; quel était donc le lien avec l’archevêque ?
Chapitre XVII: L’amour seul ne suffit pas pour être heureux
Après ces bons coups de fourchettes, nous nous installâmes sur la grande
terrasse au bord de la piscine. Mon oncle Iloka avait réussi dans la vie, il fait
partie de ces «hommes intègres» du Cameroun; c’était un ancien
combattant. Il avait construit un grand et spacieux duplex au quartier
Ngousso, et nos relations ont toujours été des plus cordiales. Il avait
toujours servi de père à chaque fois que l’une de nous allait le voir pour une
doléance. Il est en quelque sorte le chef de famille et maman est son unique
sœur dans une fratrie constituée de trois garçons et une fille.
Tout le monde prend place sur la gigantesque terrasse qui offre une vue
magnifique de l’emblématique stade Omnisport de Yaoundé. Monsieur Iloka
prit la parole, certainement pour exprimer sa gratitude, surtout envers papa
qui avait fait le déplacement. Maman quant à elle était plutôt assise aux
côtés de mama Mi’ii et nous menaçait du regard à chaque seconde. Mais
Soraya et moi lui accordions très peu d’attention, nous étions plutôt
préoccupées par les raisons de ses agissements diaboliques envers nous ses
enfants.
Les regards sont rivés sur elle et nous sommes tous suspendus à ses
lèvres, attendant avec impatience ce qui sortira de sa bouche. Elle survole
ladite assemblée du regard, Soraya ne pouvant s’empêcher de verser
quelques larmes après le discours de tonton Iloka. Moi je voulais juste que
maman parle; elle se décida enfin.
Elle: Merci frère de m’avoir passé la parole et merci à vous tous ici
présents. C’est un honneur pour moi d’être ici pour enfin partager avec vous
ce lourd secret que j’ai longtemps gardé. Maman m’a léguée ses pouvoirs de
sorcellerie quand elle nous a quitté il y’a quinze ans. J’étais celle qui fut à
son chevet pendant ses dernières minutes sur terre. Alors, avant d’aller dans
l’au-delà, elle m’a transmis ses pouvoirs.
Elle baisse sa tête pour éviter nos regards sur elle, mais papa n’hésite pas
à reposer la question d’un ton encore plus ferme et d’une voix assez grave
pour exprimer son mécontentement.
Non ? Mais qui étaient donc ces autres victimes ? Je n’avais pas mené à
bout ma modeste réflexion qu’elle avait appelé mon nom.
Maman: Yolande !
Dit-elle en larmes.
Je me mis à paniquer. Seigneur que m’avait-elle fait ? Pourquoi toujours
moi ? Moi qui l’aimais tant, moi qui lui offrais tout ce qu’une mère pouvait
vouloir. Entre sacs à main de marque, parfums de luxe, bracelets de grands
prix, rouge à lèvres; sans oublier sa garde-robe que je m’attelais à
renouveler tous les six mois. J’envisageais même leur offrir à papa et à elle
un voyage en amoureux en Grèce. Je voulais et prônais l’épanouissement de
mes parents, car ils sont ceux-là qui m’ont donné la vie et qui m’ont élevée.
Nous n’avions certes pas grandi avec des valeurs chrétiennes strictes, mais
nous connaissions tout de même Dieu. Alors, pourquoi autant de
méchanceté ? Pourquoi autant de mesquineries et diableries ?
Je pouvais ainsi y lire la peine, mais je ne pouvais rester là sans rien faire.
Alors je me levai et me mis à lui asséner des coups partout, pendant que mes
tantes et mes oncles essayaient de la tirer de mon emprise. Je voulais la tuer
à cet instant précis, je voulais qu’elle meure.
J’ai besoin de toi Seigneur. Accuse mes accusateurs, attaque ceux qui
m’attaquent. Saisis bouclier et cuirasse et lève-toi pour me secourir. Barre
la route à mes poursuivants et dis-moi: «Je suis ton salut». Que ceux qui en
veulent à ma vie soient déçus et déshonorés, qu’ils reculent tous couverts de
honte et que tous ceux qui préméditent mon malheur soient comme la balle
en plein vent, quand ton ange les refoulera; que leur chemin soit sombre et
glissant quand tu poseras ta main protectrice sur ta servante que je suis.
«Papa God I need you by my side. I am death without you in this world».
Lui: Qu’est-ce qui ne va pas, mon petit bébé ? Raconte-moi tout, trésor. Je
suis là mon amour. Chutt ! ! !
Moi: Prends-moi juste dans tes bras j’ai besoin de toi chéri, s’il te plait
serre moi aussi fort que tu le peux.
Il me prit dans ses bras et pour la première fois depuis la scène de Dakar,
nous avions dormi enlacés comme deux tourtereaux. Il avait respecté mon
désir, celui de ne pas vouloir discuter ou parler de ce pourquoi j’avais
conduit jusqu’au quartier Santa Barbara ce soir-là. Mon homme était là
auprès de moi, j’ai toujours aimé ce côté de Rémi «sensible aux autres».
C’était le compagnon tel que je l’avais dessiné dans ma tête depuis ma
tendre enfance; et même si nous rencontrons des difficultés présentement,
j’ai la ferme conviction que dans un futur très proche, nous verrons enfin le
bout du tunnel. Je savais que nos vies respectives se transformeraient et
passeraient de l’amertume à la paix et au bonheur absolu.
Le lendemain, après une nuit paisible dans les bras de mon «essentiel», je
devais me rendre à mon appartement car, après la scène chez les Iloka hier
j’étais partie sans donner de nouvelles. Papa et Soraya s'inquiétaient
sûrement.
Moi: Je dois rentrer chéri, dis-je à Rémi qui s’habillait pour se rendre au
cabinet.
Soraya: Yoyo ! Enfin tu es là. Papa et moi nous faisions du souci pour toi.
Comment vas-tu ma puce ?
Papa: Après toi, ta mère a aussi avoué avoir fait du mal à Marvin, le fils
d’Iloka. Elle avait aussi bloqué sa vie amoureuse.
Moi: Quoi ? Cela explique sa rupture avec Ange et sa vie volage depuis
lors.
Moi: Je suis désolée papa, c’est vraiment très dommage pour maman.
Après la discussion avec eux, je reçois un coup de fil d’Audrey qui me dit
qu’elle avait débuté son séminaire et qu’elle vivait sous le même toit que
Jason et sa famille. Seulement, sa fille de quatorze ans lui menait la vie
dure; mais je connais ma copine Sawa, c’est une dure à cuire, personne ne
peut l’influencer.
La journée se déroula très bien, vers treize heures, nous avions prié; fait
quelques louanges et une grande adoration. J’étais toute excitée à l’idée de
sortir avec mon homme en amoureux. Je n’avais pas de nouvelles de Jeff et
pour dire vrai, il ne me manquait pas. Je commence à croire que cette petite
escapade à Limbé était juste un coup de foudre passager.
Vers dix-neuf heures, après un bon bain moussant «Coffret relaxant» bien
parfumé pour m’aider à connecter mes sens et mon esprit, je fais des soins
intenses de visage. Après un massage à la crème Nivea, j’enfilai ma robe
deux tons de Marc Jacob, cet artiste et styliste anglais qui faisait des
merveilles. Elle épousait mes formes et laissait entrevoir mes gracieuses
courbes. Je mis des escarpins Loriblu, et mit quelques gouttes de mon
parfum Valentino que Rémi m’avait ramené lors d’une de ses missions dans
la ville de Florence, en Italie l’été dernier: Une perle de ma grande
collection. Je parfais mon maquillage en appliquant sur mes lèvres
pulpeuses, mon gloss «Great and Glam» de l’Oréal Paris. Le reflet de ma
silhouette sur le miroir booste ma confiance: «Marie-Yolande tu es belle»,
me dis-je le sourire aux lèvres. Et à cet instant, mes pensées convergeaient
vers mon gros chou; cette soirée s'annonçait prometteuse. Just wait and see.
Quelques temps après, nous sommes escortés vers une table privée très
discrète. Mon amoureux et moi nous installons et passons nos différentes
commandes.
Je pris un plat de saumon avec du riz blanc et comme entrée, une salade
végétarienne et un verre de jus aux raisins. Rémi quant à lui prit deux
côtelettes de porc braisées accompagnées de frites de plantains et une salade
mixte, plus un verre de vin rouge «Sweet Red California». Nous avons dîné
au clair de lune, discutant de tout et de rien. Sans hésiter, il entreprit de tout
me raconter sur sa fameuse relation avec l’archevêque.
Rémi: Ne me fais pas répéter ce que j’ai déjà dit, Yolande. Après les
parents de ce jeune entrepreneur que j’ai rencontré la dernière fois à
l’hôpital, c’est lui le grand baron.
Moi: Tu parles de qui, des parents de Jefferson ?
Moi: C’est vrai que ce pays est réputé pour avoir des personnes habilitées
à résoudre des problèmes aussi graves que le tient.
Rémi: Exactement. Les rumeurs disent qu’il est un homme sûr et qu’il a
solutionné plusieurs problèmes bien plus coriaces que le mien. Il fait des
miracles à ce qu’il parait.
Moi: Mais tu sais que j’accouche dans presque deux mois, Rémi.
Rémi: Oui je sais, j’irai tout seul.
Moi: Non Rémi, tu ne peux pas aller tout seul au Nigeria. C’est risqué ! Et
si quelque chose t’arrivait ? Personne ne pourrait te venir en aide.
Rémi: N…..
«Seigneur, je t’ai pris pour refuge, que jamais plus je ne sois humilié. Tu
vas me délivrer, dans ta justice, tends l’oreille vers moi, sauve-moi. Sois le
rocher où je m’abrite, où j’ai accès à tout instant, tu as décidé de me sauver.
Oui, tu es mon roc, ma forteresse…»
Nous avons prié avec véhémence sans nous arrêter, jusqu’au petit matin.
Je craignais que la même scène de Dakar ne se reproduise. J’y avais peut-
être survécu, mais je ne pense pas que mon père et ma sœur le prendraient
aussi aisément.
Chapitre XVIII: Tribulations
Moi: Je n’en sais rien. Reste là, je vais voir ce qui ne va pas.
Lui demandais-je en essayant de relever son visage qu’elle tenait entre ses
mains.
Soraya: ….
Moi: Qu’est-ce qui ne va pas ma puce ? Tu sais que tu peux tout me dire
Soraya. Parle-moi s’il te plait. Ton silence me fait peur et les circonstances
ne me permettent pas d’imaginer ce qui te met dans cet état. Alors s’il te
plait, regardes-moi et parle-moi ma chérie. Quel que soit ton problème on
peut toujours trouver une solution, tu sais !
Moi: Si c’est une blague, elle est de très mauvais goût, Soso.
Elle lève son regard vers moi et le répète lentement, tout doucement,
syllabe après syllabe. Chaque mot me pénétrait l’âme telle un sabre
samouraï dans ma chair.
Soraya: Non ! C’est justement cela qui me tracasse. Je ne sais pas qui en
est l’auteur; ma sœur ma vie est un véritable chaos.
Elles veulent être grandes, mais oublient que pour l’être, il faut d’abord
apprendre à être petit car, l’humilité est la base de toute véritable grandeur.
Je me suis toujours demandée comment ces jeunes femmes définissent le
bonheur ? Parce que moi j’ai toujours pensé que la plus grande tristesse dans
la vie c’est de finir seule. Pire, c’est de finir avec quelqu’un qui nous donne
l’impression d’être seule et c’est ainsi que finissent nos jeunes sœurs
Africaines: S-E-U-L-E-S.
Une heure plus tard, l’un des bergers prit enfin la parole.
Le berger: Pas de quoi ma sœur, nous sommes là pour aider nos frères et
sœurs en Christ, mais faites attention à vous et vos bébés.
Brice: Laquelle ?
Moi: Qu’elle n’habite pas ici; je ne veux pas partager ma maison avec une
inconnue. Tu lui prendras un appartement.
Brice: Mais chérie, tu sais que nous n’avons pas les moyens pour nous
permettre une telle dépense.
Moi: Nous ? Mais je rêve ! Tu viens de dire nous ? Je n’étais pas avec toi
Brice Eka. Quand tu as décidé de prendre une seconde épouse, il fallait y
penser.
Moi: Oui c’est ça, mais un vrai homme doit avoir les moyens de sa
politique ce qui est loin d’être ton cas. Au contraire, je suis celle qui
rapporte le plus et qui supporte toutes les charges. C’est moi qui paye tout
dans cette maison, pendant que ton salaire tu l’utilises à d’autres fins.
J’entre dans la chambre en claquant la porte aussi fort que je peux. Non
mais celui-là se prend pour qui ? Je ne partagerai pas ma maison avec une
inconnue.
Moi: C’est aussi ma maison ici Brice, je ne suis pas dans un cachot ou
dans une prison. Je peux m’exprimer quand cela me chante.
Pafff ! Il m’assène une gifle sur la joue droite qui me fait terriblement
mal. On aurait dit que ma veine jugulaire avait éclaté. Non mais, pour qui se
prend-il ?
J’empoigne une bouteille de vin sur la commode du lit (Un homme qui
boit régulièrement dans la chambre), je me tourne vers lui tenant la bouteille
entre mes mains. J’ai à la fois peur, mais je suis aussi toute excitée. Excitée
de pouvoir enfin prendre ma revanche, de pouvoir m’exprimer et dire non à
la violence conjugale dont je suis sujette depuis plus de huit ans.
Il ne répondait plus; le sang coulait à flot de son crâne, on dirait qu’il perd
connaissance.
Moi: Eh Dieu ! J’ai tué mon mari.
J’ai rencontré Brice quand j’avais dix-neuf ans, j’étais en deuxième année
biochimie et lui venait d’entrer à l’école normale supérieure. Au début tout
était rose, on vivait le parfait amour; mes parents l’ont tout de suite
apprécié. Huit ans plus tard, nous nous sommes mariés et après ma
soutenance, j’ai eu notre premier fils.
=== Audrey Nyango ===
Moi: Bof, pas vraiment ! Je dirais que je n’ai pas dormi depuis deux
semaines.
Moi: Je ne peux pas frapper un enfant Tania, je suis une femme de droit.
Moi: Tu deviens fou ? Envie de qui ? Je suis ici pour mon séminaire
monsieur, il me semble que tu es marié.
Lui: Je ne suis pas marié, elle m’a piégé. Les deux autres enfants c’était
un piège.
Moi: Va raconter tes conneries à une autre nénette Jason, tu as mal choisi
ta cible cette fois. Tu penses vraiment que moi Audrey, je peux croire à
toutes ces âneries ?
Lui: Viens là bébé ! Ne fais pas ta chochotte s’il te plait, je sais que tu
aimes quand je te touche.
Moi: Bonsoir.
Elles me répondent.
Elles: Bonsoir.
Moi: Je voulais vous dire deux ou trois choses. Déjà, toi Nancy, tu
m’arrêtes cette musique que tu joues toute la nuit j’ai besoin de me reposer
après une dure journée.
Moi: Et toi, surveille le ton de ta voix dans cette maison. Tu ne peux pas
te mettre à crier sur ton saoulard de mari en pleine nuit alors que les gens
sont censés se reposer. Si vous ne pouvez pas vous comporter comme des
personnes civilisées, je vais vous mettre à la porte. Le loyer est payé pour
six mois et c’est mon argent qui a été utilisé.
La femme: Elle a raison ma fille, c’est ton père qui nous a mises dans
cette situation; c’est à cause de lui que nous subissons toutes ces
humiliations.
La femme: ……..
Je sors de la cuisine et je vais dans ma chambre, au couloir, je rencontre
monsieur allias le gigolo mais cette fois-ci, il est habillé. Il me lance un
regard acariâtre; il me fait pitié celui-là. Il pensait pourvoir m’amadouer
comme à l’époque, mais je ne suis plus Audrey la candide.
Quelques minutes après, nous arrivons à la maison. Je reste sans voix; les
gens affluaient de toutes parts, Mon appartement était comparable à un stade
de football; les gens entraient et sortaient. On venait de nous cambrioler !
Soraya est couchée au sol et a presque perdu connaissance. Tout était sens
dessus dessous, une vraie pagaille. Plusieurs choses ont été cassées et
volées.
Son visage était enflé, elle avait été victime d’une agression. Ils lui ont
donné des coups de poing, à ce qui parait.
Soraya: Oui, ils sont venus, ils étaient armés. Ils m’ont violée, tabassée, et
ont pris mes filles.
Non mais, on aura jamais la paix ? Ils ont tout pris dans l’appartement,
tabassé Soraya et enlevé ses deux filles. Mais qui peut bien être à l’origine
d’un tel crime ?
Pendant que je discute avec papa et que j’essaye de rédiger une plainte et
un avis de recherche, je vois Magalie qui débarque dans la maison couverte
de sang et pleurant.
Magalie: Yolande je l’ai tué ! Yolande je l’ai tué oohh, aidez-moi, aidez-
moi, je suis morte. Pardon aidez-moi je viens de tuer mon mari.
Chapitre XIX: À l’impossible nul n’est tenu.
Elle est là placée sur le seuil de ma porte balbutiant, ses vêtements sont
noyés dans une mare de sang; sur son visage on peut lire de la peine, des
regrets, de l’angoisse, de la peur, des remords. Ses bras entiers sont couverts
de bleus, certainement dû aux multiples coups qu’elle a reçus; elle fait pitié.
Toutefois, je n'oublie pas que la personne qui est devant moi c’est bien
Magalie, ma copine, celle qui n’a jamais été là pour moi et qui revient
toujours pour ne demander que de l’aide. Je ne suis pas un service social à
ce que je sache ?
Moi: Écoute Magalie, je ne peux pas t’aider cette fois-ci; je suis désolée
mais j’ai des choses plus importantes à gérer. Va donc voir tes parents, ils
sont mieux placés pour te venir en aide et voler à ton secours.
Moi: Désolée ma chère, rentre chez toi et amène ton mari aux urgences.
Ensuite, débrouille-toi pour trouver une solution à ton problème. Il n’y a pas
de «s’il te plait» qui tienne, tu peux aussi aller aux services de protection de
la femme, je n’en sais rien, mais tu es une femme instruite. Tu n’es pas une
illettrée, tu sais comment faire pour te sortir du merdier dans lequel tu t’es
fourrée toute seule.
Moi: Tu t’entends parler ? Parce que j’ai l’impression que la partie de ton
cerveau qui réfléchit est peut-être victime d’un dysfonctionnement. Es-tu
subitement devenue amnésique ? Tu sais ce qu’on appelle être amis toi ?
Insiste-t-elle en pleurant.
Moi: Un ami c’est quelqu’un sur qui on peut compter tout le temps, une
personne qui peut nous orienter sans toutefois nous juger. Audrey et moi
t’avions toujours soutenue, on a toujours été là pour toi; on t’a toujours
tendu la main au moment où tu en avais le plus besoin et ce, sans te juger.
En retour, qu’est-ce que tu as fait pour nous ? Même pas un petit brin de
reconnaissance de ta part et tu oses me parler d’amitié ? La dernière fois
qu’on s’est vu remonte à quand déjà ? Quand est-ce que tu m’as appelée
pour la dernière fois ? Tu t’en souviens peut-être ? Alors, ne viens pas ici
me faire la morale, parce que tu es très mal placée pour ça Magalie.
L’amitié est l’un des plus beaux cadeaux de la vie, elle nous rend vivant,
généreux, nous permet de nous ouvrir à d’autres façons de penser et de
réagir. C’est une relation privilégiée fondée sur des affinités et une
sympathie mutuelle, une sorte d’attachement librement choisie qui ne doit
rien aux liens familiaux. Avoir des amis ce n’est pas être seul, c’est avoir
des échanges complices, partager souvenirs et projets, compter les uns sur
les autres, s’entraider pour traverser les difficultés de la vie, plutôt que de
les alourdir. Un ami pour moi c’est quelqu’un qui vous connait par cœur et
sur qui vous pouvez compter en toutes circonstances. C’est cette personne
avec qui on rirait des choses dont on ne rirait avec personne d’autre. C’est
cette personne avec qui on passe le plus de temps possible et qui est la
première personne à être au courant de tout ce qui se passe dans votre vie.
C’est celui ou celle qui prête une oreille attentive pour écouter les joies et
peines de l’autre.
Jusqu’ici, j’avais fait tout ça pour Magalie; je lui avais prouvé que j’étais
son amie et qu'elle avait une place dans ma vie, mais je ne pense pas que
c'était réciproque. J’ai toujours été son oreiller, son point d’appui mais elle
ne s’est jamais demandée ce par quoi je passais. J’avais aussi besoin de
pleurer sur son épaule, mais pour elle j’étais le roc sans cœur, la fille forte et
battante qui ne pleure jamais. Ne dit-on pas que les cœurs les plus durs sont
les plus sensibles ? Il est temps qu’elle affronte la difficulté de la vie en âme
solitaire et là, elle comprendra l’importance d’avoir des personnes sur qui
compter.
Après avoir déposé papa à l’agence, je file à la P.J. (police judiciaire) sis
au quartier Elig-Essono à Yaoundé, pour y déposer la plainte et l’avis de
recherche, et demander qu’on vienne faire le constat dans l’appartement.
Moi: Hey Ange, que fais-tu ici ? Je te croyais déjà repartie aux USA.
Après le petit entretien avec Ange, je finis ce que j’étais venue faire à la
P.J. et de là, je profite pour faire un saut chez Rémi afin de prendre quelques
vêtements de rechange. Je refais un tour à la clinique rendre visite à mes
deux malades, après quoi je rentre me reposer.
=== Mélanie ex-épouse du Ministre ===
De toutes les épreuves qu’un être humain puisse affronter, la trahison est
sans doute celle qui laisse les cicatrices les plus profondes. Rémi m’a trahie,
il a trahi toute la loge; il n’est plus du tout crédible. Il sera éliminé, même si
les pontes du régime en place ne le tuent pas sur le champ, on va lui torturer
l’esprit, jusqu’à ce que mort s'en suive.
Mes gens ont saccagé tout chez elle et m’ont dit avoir trouvé une femme,
mais ce n’était pas Yolande. Ils ont voulu la tuer mais se serait c’est trop
facile; la torture est la meilleure façon de tuer un être humain. C’est
pourquoi je leur ai demandés de la violer et de me ramener les enfants. J’irai
la voir pour lui proposer un deal: Celui de me rendre mon mari si elle veut
revoir ses nièces en vie; dans le cas contraire, je les donnerai en sacrifice au
serpent.
Nous sommes toujours à Agadir et cela fait deux semaines que nous
cherchons en vain un autre féticheur. Après s’être fait expulser de la grande
bâtisse de maître Okou et vu que notre retour au Cameroun est prévu pour
demain, la mère de papa nous a vivement conseillé une dame nommée
Akina qui réside à Arourir, un quartier du nord d’Agadir. Nous sommes en
chemin pour son domicile. Akina devrait trouver une solution à notre
problème car, selon ce qui se dit à Agadir, elle serait le deuxième baobab
après maître Okou dans le cercle des grands féticheurs marocains.
Elle nous accueille avec un grand sourire, et nous invite à la suivre dans
une grande pièce de la villa.
Maman: Mère Akina, nous sommes là parce que ma fille ici présente fait
face à quelques petites difficultés dans son foyer. Par ailleurs, la mère de son
mari est trempée dans des choses vraiment obscures et très compromettantes
et veut nous nuire. C’est pour cela que nous voulons sceller le cœur de son
époux et éliminer sa mère de la surface terrestre.
Maman veut encore répliquer, mais mère Akina lui coupe sèchement la
parole.
Akina: J’ai posé la question à votre fille, donc laissez cette dernière
s’exprimer s’il vous plait.
Moi: Je veux que Jeff n’aille plus voir ailleurs et qu’on se marie.
Moi: Que tu élimines sa mère, afin qu’elle ne soit plus un obstacle ou une
quelconque gène pour notre couple.
Akina: Ok, je vois. Je peux réaliser vos souhaits mais l’échange doit être
équitable. Vous voulez que j’élimine quelqu’un, alors vous devez donner
aussi quelqu’un en retour, c’est la loi de la magie.
Maman reprend la parole.
Akina: Par ailleurs, lorsque nous allons travailler, vous devez suivre mes
consignes à la lettre. Si vous ne le faites pas, les conséquences se
retourneront contre vous; c’est le risque avec moi. Donc, pas de
mesquineries avec Akina; on ne me joue pas de sales tours. Quand je dis de
faire quelque chose, vous devez la faire. Avez-vous bien compris ?
Nous sortons donc de chez mère Akina satisfaites, les deux semaines à
Agadir en valaient la peine. L’attente a été certes longue, mais en fin de
compte, nous avons atteint l’objectif de notre voyage.
Maman: Je ne sais pas encore, je pense à ton père ou à ton petit frère.
Moi: Mais maman, on ne peut pas liquider papa; c’est tout de même lui
qui rapporte tout à la maison. Comment allons-nous subvenir à nos besoins
si papa meurt ?
Maman: Oui mais, ton petit frère n’a que dix-huit ans. Je ne sais pas si
mère Akina acceptera de prendre son âme en échange de celle de la mère de
Jeff qui est un grand esprit. Tu comprends ? Tu as bien entendu ce qu’elle a
dit l’échange doit être équitable.
Maman: Trop vieille, il faut quelqu’un qui soit comme la mère de Jeff.
Moi: Ok.
Je suis de retour à l’hôpital pour voir comment se portent ma sœur et mon
chéri. Je vais en premier dans la chambre de Soraya, elle est couchée, toute
fatiguée.
Moi: Le médecin m’a donné tes premiers résultats. Tu n’as rien et le bébé
aussi se porte bien, mais on attend ceux du VIH demain du Centre Pasteur.
Moi: Non ma sœur, la police a ouvert une enquête et j’ai lancé des avis de
recherche à la radio.
Soraya: Yoyo j’aime mes enfants, c’est tout ce que j’ai. Si je perds mes
bouts de choux, je ne m’en remettrai jamais.
Soraya: Tu sais Yoyo, quand ils sont arrivés et qu’ils ont constaté que tu
n’étais pas là, ils ont appelé une dame nommée Mélanie pour lui dire que tu
étais absente et que c’était moi plutôt; et ils lui ont précisé que j’avais deux
enfants.
Mon Dieu, Mélanie ! J’espère qu’elle ne fera rien aux filles de Soraya.
Pendant que je tiens Soraya dans mes bras, le médecin entre dans la
chambre.
Je me lève à pas pressés pour m’y rendre. Une fois sur place, qui est-ce
que je vois ? Mélanie, assise au chevet du lit et tenant la main de Rémi.
Moi: Je n’ai pas brisé ton couple, tu as creusé ta propre tombe en forçant
ton homme à appartenir au monde occulte et faire des sacrifices horribles.
Tu m’horripiles, Mélanie, je ne suis en rien responsable de ton échec en tant
que femme. Ne me tiens pas pour responsable de ta stupidité et de ton
amour inconditionnel du luxe, du pouvoir et de l'argent.
Mélanie: Si tu veux revoir tes nièces vivantes, ramène Rémi très vite dans
la villa avant que mon serpent ne soit sur ses nerfs. Dois-je te rappeler que
même pour les enfants que tu portes, je n’ai pas encore dit mon dernier
mot ?
Chapitre XX: On ne choisit pas sa famille
Rémi est sensé rester à la clinique quelques jours encore, le temps que je
réfléchisse à sa situation. Les reconstructions et rénovations de l’IRAD sont
terminées. Enfin ! Nous reprendrons tous le boulot dès demain.
Moi: Magalie, je ne te fais plus confiance s’il te plait rentre chez toi et va
t’occuper de ta famille.
Magalie: Yoyo, s’il te plait, Brice a été conduit aux urgences et sa famille
a déposé une plainte contre moi. J’ai besoin d’aide ma puce; Il faut que tu
me passes le numéro d’Audrey à Paris. Elle doit me défendre, je veux
plaider pour la légitime défense.
Moi: Non mais je rêve ? Et dire que j’ai failli croire un instant que tes
excuses étaient sincères; mais où avais-je donc la tête ? Tu sais, ton degré de
fourberie et d’hypocrisie dépasse mon entendement. Tu veux dissimuler ton
caractère sournois par des excuses débiles et passer de l’auteur d’un crime à
la victime.
Magalie: Yo…
Soraya: Tu ne trouves pas que tu es un peu trop dure avec elle ? Elle est
venue s’excuser Yolande; tu n’y es pas allée d’une main morte avec elle.
Accorde-lui au moins le bénéfice du doute.
Moi: Et pourquoi devrais-je le faire ? Cette fille est une vraie comédienne
et une manipulatrice de premier ordre. Figure-toi que la dernière fois, après
que son écervelé de mari eut porté main sur elle, Audrey l’a hébergée
pendant presqu’un mois avec ses deux garçons, et lorsqu’il lui a une fois de
plus bourré le crane de conneries, elle a plié bagages sans même dire au
revoir à Audrey. Et aujourd’hui, elle se pointe ici et veut jouer les «toute
honte bue».
Je vais prendre une douche en attendant papa qui devrait revenir de son
voyage, pour qu’ensemble nous montions le berceau de mes bébés. Je ne
sais pas pourquoi, mais je reste zen face aux petites menaces de Mélanie;
une paix intérieure inébranlable m’habite. Je ne redoutais rien car, quand on
a le Christ à ses côtés, on est muni d’armes de protection redoutables pour
une victoire garantie. Quand papa est arrivé nous avons monté le berceau
pendant que Soraya nous observait, allongée sur le lit.
Soraya: Où ça ?
Moi: Au fait, je voulais vous parler; ça tombe bien puisque tu t’es bien
reposée. Soraya, À l’hôpital tout à l’heure, ce n’était pas une amie d’enfance
mais plutôt l’ex-femme de Rémi. Il se pourrait que ce soit elle l’auteure de
ton agression et de l’enlèvement des filles aussi.
Soraya: Je vois.
Moi: Elle dit que si je veux récupérer les filles, je dois d’abord lui
ramener son mari.
Soraya: Mais rends-lui son mari et qu’elle vienne me donner mes enfants.
Papa: Calmez-vous les filles ! Cette femme est sans scrupule et de très
mauvaise foi; même si elle récupère Rémi elle reviendra toujours nous
enquiquiner. Lui donner Rémi ne résoudra pas le problème au contraire, elle
montera sur ses grands chevaux. Ce sera une preuve que nous avons baissé
la garde face à son chantage, alors que nous ne devons en aucun cas faire
preuve de passivité. Rappelez-vous qu’un assassin qui fait du chantage
revient toujours sur les lieux du crime, une fois sa rançon épuisée. Il en
voudra encore et encore; nous ne devons pas céder.
Papa: Elle ne fera rien ma fille, elle veut juste nous intimider.
Papa: C’est elle qui est en position de faiblesse et non nous alors, on va
lui demander de nous amener les filles si elle veut revoir Rémi. Une fois que
nous aurons récupéré les filles, Rémi sera déjà en lieu sûr.
Soraya: Tu n’as même pas encore accouché ! Et qui te dit que ta grossesse
là ira jusqu'à terme ?
Papa se redresse.
Soraya: ……..
J’ai donc entrepris d’appeler Jeff et nous nous sommes donné rendez-vous
le lendemain après le boulot.
Il me fait une bise innocente sur ma joue droite et me prend par la main.
Alors qu’une hôtesse nous installe à une table, Jeff et moi nous nous
dévorons du regard. J’avoue que j’ai toujours un petit faible pour ce bel
homme.
Je me suis donc mise à lui relater les derniers événements sans omettre
ma doléance; lui m’écoutait d’une oreille très attentive.
Moi: Je sais Jeff, mais je n’ai personne d’autre vers qui me tourner. Tu es
l’unique personne capable de m’aider.
Jeff: Je ne savais même pas que mes parents faisaient partie des initiateurs
d’une secte et tu veux que j’aille les voir pour qu’ils libèrent ton amant ? Et
moi alors ? Depuis six mois que je te cours après ?
Moi: Jeff s’il te plait, tu sais très bien que tout ça c’est compliqué. Tu as
toi-même vu ce qui s’est passé la dernière fois qu’on a voulu …
Je me suis donc séparée de lui et j’ai pris la route de chez moi. Dieu est au
contrôle et je lui fais confiance.
Une demie heure plus tard, le taxi course me dépose devant leur immense
portail de couleur turquoise. Leur gardien m’accueille et me fait entrer; et
comme d’habitude, ma belle-mère taille des fleurs dans le jardin. Cela a
toujours été ainsi à chaque fois que je me rendais dans cette maison. Cette
femme est toujours dans son jardin, on dirait que c’est à cet endroit précis
qu’elle avait planté son totem.
Moi: Je vais bien maman; je suis venue te voir et aussi parler à Jeff.
Moi: Te demander pardon pour tout ce que j’ai fait à Jeff, je sais que je
n’aurai pas dû. Je sais à quel point il compte pour vous et la place qu’il
occupe dans votre cœur, maman.
Mme Ekobena: Alors, qu’est-ce que tu deviens ? J’ai appris que ta mère
et toi aviez voyagé.
Moi: Je suis venue te voir Jeff; s’il te plait assois-toi et écoute moi juste
un instant.
Jeff: Sors d’ici ! ! Je n’arrive pas à croire que maman t’ai laissée entrer.
Mme Ekobena: Une faute avouée est à moitié pardonnée fiston, ta femme
veut peut-être se rattraper et te prouver qu’elle peut changer. Alors,
pourquoi ne pas lui donner une seconde chance ?
Mme Ekobena: Écoute ma fille, c’est bien que tu sois venue t’excuser;
cela prouve que tu es quelqu’un de responsable qui assumes tes actes.
Rentre à la maison, Jeff va revenir dans une semaine et j’y veillerai
personnellement. Ok ? Tu as fait le premier pas, et c’est largement suffisant.
Elle: Mon cher fils, je suis de la vieille école; tu connais le vieux dicton
qui dit: «Il ne faut jamais perdre de vue son ennemi». Si nous sommes près
de nos amis, on doit le faire doublement avec nos ennemis. Il faut toujours
prendre le temps d’observer l’ennemi et d’apprendre tout dans son mode de
fonctionnement.
Sur ces mots, elle tourne ses talons et se rend à la cuisine. Elle joue à quoi
là ma chère maman ?
Moi: Je ne veux pas savoir ce que papa et toi aviez fait par le passé ou ce
que vous faites, car moins j’en sais, mieux je suis préservé; alors quelles que
soient vos appartenances ou vos choix de vie, je veux en être épargné et ne
vous en jugerai point. J’ai juste besoin que tu donnes un coup de main à une
amie.
Moi: La fille que j’ai embrassée lors de mon anniversaire, le père de ses
enfants appartiendrait à une de vos institutions, et ce dernier …
Moi: Et qu’en est-il de son ex-femme qui a fait enlever ses nièces ?
Pourrais-tu lui parler pour qu’elle relâche les enfants ?
Elle: Écoutes ! Je ne m’immisce pas dans les vies privées des gens. Les
problèmes de fesse, de foyer, de jalousie entre coépouses qu’elles les règlent
entre elles. Cette conversation est close. Si ta soit disante copine est
d’accord pour le deal, demande-lui de venir me voir. Maintenant va te
préparer, je vais t’amener quelque part avant que tu ne retournes dans ton
foyer conjugal. Je vais apprendre aux Arabes qu’on ne verse pas de l’eau
dans un guêpier.
Chapitre XXI: Mes déboires
Elle: Crois-moi, le mieux pour toi est que tu n’en saches rien.
Moi: Eh bien, si tu ne me dis pas qui est réellement cet homme, je ne ferai
rien de tout ce qu’il me demandera.
Moi: Donc, depuis tout ce temps tu m’as fait croire que mon grand-père
ne voulait pas de moi, et pourtant tu me privais de le voir sous prétexte qu’il
me ferait du mal ? Si tu n’as pas pu me faire du mal pourquoi lui ?
Elle: À ton avis, tu penses que j’ai eu un seul enfant pourquoi ? Tu crois
que je n’ai jamais voulu avoir plus d’un enfant dans ma vie ? Je t’ai dit
d’arrêter de poser des questions.
Moi: Alors ?
Moi: Qu’est-ce que tu faisais dans cette pièce avec cet homme, maman ?
Elle: Ça ne te regarde pas, fiston.
Moi: Tu t’es donnée à lui c’est ça ? Tu couches avec ton propre père ?
C’est ça qui lui donne l’énergie pour toujours rester debout et en échange il
t’a léguée la couronne dans la loge, n’est-ce pas maman ? Regarde-moi dans
les yeux et dis-moi que je me trompe.
Moi: Le pire c’est que ton mari le sait et il ne fait rien. Ah oui j’oubliais
que vous êtes trempés tous les deux jusqu’au coup.
Cria-t-elle.
Elle: Ok. N’oublie pas que la semaine prochaine tu dois rentrer chez ta
femme, on doit affronter l’ennemi.
Moi: Je sais.
Elle: Ok.
Une fois à la Poste Centrale, j’ai marché jusqu’au domicile de Yolande. À
ma montre, il était dix-huit heures et il menaçait de pleuvoir sur la capitale.
Le ciel devenait nuageux, mais j’avais besoin de me changer les idées et
d’aspirer de l’air frais pour évacuer tout mon chagrin.
J’ai toujours été un jeune garçon calme, qui a eu une adolescence paisible.
Je me suis toujours contenté de ce que mes parents me donnaient. La
provenance de nos biens n’a jamais éveillé un quelconque soupçon en moi,
et je dois dire que la curiosité n’a jamais été mon fort non plus. Je me suis
toujours dit que «plus tu connais, plus tu en souffres». Donc, l’idéal était de
ne rien demander et de se contenter simplement de vivre. Après mon
baccalauréat, je me suis envolé pour l’une des meilleures écoles
d’ingénieurs de la Belgique; je ne revenais au Cameroun que pour les
vacances. Contrairement à papa, j’ai toujours eu une relation plus ou moins
intime avec maman. J’étais son frère, son ami, son confident, et je
comprends que c’est parce que papa n’a vraiment jamais joué son rôle de
père ou de mari. La question que je me pose est celle de savoir qui est
réellement mon vrai père ? Si maman couche avec son père, il y a de fortes
chances que ce dernier soit mon géniteur. Déjà que la scène de tout à l’heure
a éveillé ma curiosité; et si mes souvenirs sont exacts, papa n’a vraiment
jamais influé dans toutes les décisions que j’ai eu à prendre dans ma vie par
le passé, comme le ferait la plupart des pères. Il a toujours été un ion
spectateur, laissant plutôt maman décider de tout. Est-ce un signe qu’il ne
serait pas mon véritable géniteur ? Et pourquoi maman m’a-t-elle privé de
mon grand-père ?
J’avais marché sans m’en rendre compte, tellement une foule d’idées me
trottaient dans la tête. Je me suis retrouvé devant le domicile de Yolande; je
devais lui annoncer la nouvelle: Renoncer à sa grossesse si elle voulait vivre
son amour avec son pervers d’amant. Honnêtement, je ne comprends pas la
femme. Je ne sais pas ce qu’elle trouve en cet homme au passé monstrueux.
Je monte au premier étage et je sonne; c’est une jeune dame qui m’ouvre
la porte. Elle a les mêmes traits que Yolande, on dirait sa sœur.
Elle: Oui. Entrez s’il vous plait, elle est dans la chambre.
Elle me laisse donc assis là au salon et va chercher sa sœur. Yolande ne
tarde pas à venir et est suivie d’un monsieur qui est certainement son père.
Moi: Oui je sais, mais je pense que le plus tôt était le mieux.
Je salue son père et je lui demande un verre d’eau. C’était la première fois
que j’entrais chez elle, je l’avais toujours déposée devant son domicile.
Nous nous sommes donc assis tous les quatre et j’ai pris la parole devant
son père et sa sœur, lui révélant ainsi les conditions que ma mère avait
posées. Si elle voulait revoir son amant en vie et en pleine forme, il fallait y
laisser sa progéniture.
Yolande: Il est hors de question que je livre mes enfants, jamais de la vie !
Soraya: Excuse-moi pour ce que je vais dire Yolande, mais je pense que
tu devrais leur laisser Rémi. Je sais que tu l’aimes et que c’est le père de tes
enfants mais il a fait son choix de vie; je ne vois pas pourquoi tu devrais en
payer le prix.
Moi: Ta sœur a raison. Rémi était libre de dire non à toutes ces choses,
mais il a accepté de faire partie de leur monde et aujourd’hui tu en payes les
pots cassés. Tu es une femme brave, tu pourras donner à tes enfants tout ce
dont ils auront besoin; tu mérites de vivre paisiblement. Et d’ailleurs, où est
sa famille ? Depuis qu’il agonise, aucun membre de sa famille ne vient le
voir ? Ils ne savent pas qu’il est souffrant ?
Moi: Zut ! Je suis désolé Yolande, mais comme je te l’ai dit, prend du
temps pour toi-même et arrêtes de te faire du mauvais sang pour les autres.
Tu seras bientôt maman, et tes enfants ont besoin de toi en pleine forme.
Son père: Ne dis pas ça ma fille. Prends ta vie comme un examen et Dieu
est ton professeur. On sait tous que pendant l’examen, le prof garde son
silence et prend la copie à la fin de l’heure. Donc, l’Eternel te notera à la fin
de l’examen de ta vie. Ne succombe pas à la tentation, ma fille.
Son père: Laisse-la. Je vais lui parler plus tard. Merci pour tout, monsieur
Jefferson. Laisse-la évacuer sa peine, elle en a besoin.
Ceci aurait pu être une longue histoire d’amour, une de ces histoires qui
traversent les années contre vents et marées. Au lieu de cela, c’est plutôt un
amour morcelé et décousu.
Je ne demande qu’à être heureuse, vivre avec l’homme que j’aime et qui
est par la même occasion le père de mes enfants. Mais j’ai l’impression que
c’est trop demander quand je vois la manière avec laquelle la vie s’acharne
sur ma petite personne. J’ai l’impression d’être ce Jésus qui est condamné
en lieu et place de Barrabas, ce pécheur criminel, responsable
d’insurrection, de meurtre et de cambriolage, qui fut relâché au détriment du
Christ le jour de la crucifixion. Pourquoi la vie est-elle si injuste ? Pourquoi
les innocents devraient être crucifiés à la place des vrais coupables ?
Pourquoi faudrait-il toujours que les plus faibles payent pour les erreurs des
plus forts ? Je suis en train de me faire rôtir par les flammes de la vie; je
mérite aussi de vivre. Toute ma vie jusqu’ici n’a été qu’un combat, une
multitude de tourments.
C’est presque dans un état de dépression que je me suis jetée sur le lit;
J’ai pleuré amèrement; c’était des larmes de douleur, de désespoir, de
désarroi, de découragement. Je n’en peux plus ! C’est la fin ! J’ai fait de
mon mieux, mais il se trouve que je n’en peux plus.
Dis-je en reniflant.
Il entre dans la chambre et tire le drap avec lequel j’essuyais mes larmes.
Papa: Yolande, quand tu traverses des situations comme celles qui sont les
tiennes en ce moment, tu es contrainte de prendre des décisions importantes,
tu devrais te remettre en question.
Papa: Désolé mon enfant, mais tu n’es pas la victime ici et personne ne
veut te tuer. Quoi que l’on dise, il n’y a jamais de fumée sans feu, et quelque
part Mélanie a raison d’agir ainsi. Tu lui as pris son mari et aujourd’hui tu
veux échapper à la réalité. Tu as créé une bulle pour te protéger; tu veux
rester dans ta zone de confort. Bref, tu déconnes ma fille, et tu fais fausse
route.
Papa: Oui ma chère, je suis ton père et je ne vais pas te suivre dans ta
bêtise. Tu n’es pas blanche dans cette affaire. Tu as ta part de responsabilité
et ce qui serait mieux pour toi, c’est de commencer par te repentir toi-même.
Tu as brisé le foyer d’une femme, tu es bel et bien sortie avec son mari, et tu
es même allée jusqu'à lui faire deux enfants. Rémi était marié, Yolande. Tu
es responsable de l’échec de leur foyer; alors n’en veux pas trop à Mélanie.
Quelque part elle a raison, même si elle est allée trop loin à mon avis.
Papa: Que tu ailles demander pardon à Mélanie pour tout le mal que tu lui
as fait; pour toutes ces fois où tu es partie en voyage avec son mari; pour
toutes ces nuits qu’elle a passées dans le froid attendant le retour de son
époux, pendant qu’il était avec toi. Ensuite, trouve une place dans ton cœur
pour pardonner à ta mère le fait qu’elle ait gâché ta vie sentimentale. Et en
dernier lieu, tu dois aller demander pardon à Patrice pour l’avoir rembarré
devant le maire. Rembourse lui son argent et tout ce qu’il a versé pour ta
dot. Je crois que ta repentance viendra de là, ma fille. Tu ne peux pas
demander à Dieu de t’aider, si tu n’es pas toi-même pure d’esprit. Tu
réclames des bénédictions à l’Eternel, alors que ton cœur est noir.
Moi: Hors de question papa, je ne peux pas faire ça. Jamais ! Ce n’est pas
moi qui ai demandé à Mélanie de laisser son mari aller voir ailleurs.
Papa: Ok. Repose-toi bien, je vais essayer de parler à ta sœur aussi. Il faut
qu’elle cherche un job à faire, elle est sur le point de devenir mère pour la
troisième fois.
Maman: Comment ça ?
Moi: Elle m’a bien accueillie, elle m’a même invitée à prendre un pot à
l’intérieur de la résidence et a raisonné son fils pour qu’il revienne.
Moi: Mais je peux le faire avec quelqu’un d’autre, pas forcément avec
Jeff. Maman, cette histoire commence déjà à me faire peur.
Maman: Hey Leila, écoute-moi bien, jeune dame. N’ose pas hein ! Ne
t’avise même pas à venir faucher nos plans à ce stade. Je me bats pour que
tu aies une belle vie et que tu ne souffres pas, et c’est ainsi que tu me
remercies ? Je mets ça sous le compte du stress. Va te coucher ! Je sais que
d’ici demain tu auras toutes tes idées en place.
Je sors de chez elle en pleurant; j’en ai marre de cette vie. Ma mère est
amoureuse de Jeff et veut me forcer à l’épouser pour se rapprocher de lui.
Elle voudrait en faire une de ses multiples conquêtes, mais je ne compte pas
me laisser berner par elle. Il est temps que j’arrête de jouer les idiotes; je ne
veux plus faire du mal aux personnes qui comptent pour moi, y compris
Jeff. Je vais leur dire toute la vérité.
J’ai repris le boulot à la clinique, mes deux garçons sont chez ma mère le
temps que les choses se calment. Brice est à l’hôpital et sa famille a déposé
une plainte contre moi. J’ai finalement décidé de demander le divorce et j’ai
pris rendez-vous avec un avocat en ville. Je pense qu’il est temps que je me
prenne en main et que je puisse affronter la vie de femme célibataire. J’ai
toujours eu peur de vivre seule et d’être pointée du doigt; d’assister aux
réunions de parents d’élèves étant seule. C’est embêtant, mais je dois y faire
face si je ne veux pas mourir avant l’âge.
Après tous les conseils de papa, j’ai décidé d’aller voir Mélanie pour
avoir une conversation franche avec elle. Des excuses ? Je n’en sais rien
Peut-être pas, peut-être bien; mais je dois absolument la voir.
Elle: Tient, tient, tient. Qui vois-je ? Tu t’es enfin décidée à venir me
rendre mes biens ?
Moi: Mélanie, je suis désolée pour tout le mal que je t’ai fait; pour toute
la peine que je t’ai fait endurer; pour toutes les fois que j’ai eu à te priver de
ton homme. Je sais que j’aurais dû dire tout ceci depuis, mais il n’est jamais
trop tard pour se rattraper dans la vie.
Elle: Ha ha ha ha. Non mais, pour qui te prends-tu toi ? Tu brises mon
foyer et tu te pointes ici cinq ans plus tard pour me demander des excuses.
Parce que tu crois que cela changera quelque chose ? Il est où Rémi ? Garde
tes excuses pour toi et parle-moi plutôt de la proposition que je t'ai faite la
dernière fois.
Moi: Très bien, tu peux aller récupérer ton mari et me remettre mes
nièces; je ne veux plus de problèmes avec toi Mélanie. Si Rémi veut rester
dans votre cercle vicieux, c’est à lui de décider pas moi. Je m’excuse encore
pour tout.
Moi: Mélanie, appelle un taxi s’il te plait. Les bébés sont là.
Elle sort de son bureau et je l’entends murmurer je ne sais trop quoi à son
assistante, puis elle revient quelques minutes plus tard.
Elle sort de son bureau à nouveau et je profite pour appeler mon père, ma
sœur et Jeff; leur demandant de me rejoindre à l’Hôpital Central de
Yaoundé.
Une heure plus tard, les premières contractions commencent; elles ne sont
pas régulières et pas très douloureuses non plus. L'infirmière me conseille
de prendre un bain de trente minutes dès que possible pour s'assurer si c'était
juste une fausse alarme. Vers quinze heures, alors que j'étais couchée, les
contractions reprennent de plus belle mais cette fois, elles sont de plus en
plus régulières: Toutes les dix minutes, puis toutes les huit minutes, ensuite
toutes les cinq minutes. Je décide de tester le bain, mais les contractions
continuent et sont devenues plus régulières tel un métronome.
Une fois sur le parking de l’hôpital, je suis très mal en point. Le valet du
parking me regarde, l’air désemparé, comme si j’étais la première femme
enceinte à avoir des contractions dans un parking; heureusement que Jeff me
soutenait. Arrivée à la maternité, on me ramène dans la salle de tout à
l’heure. Soraya me passe son mp3 dans l’espoir que la musique me relaxe
un peu.
Deux heures plus tard, j’ai envie d’uriner. Je suis aux toilettes, mon envie
d’uriner est pressante mais rien ne vient. En revanche, je sens que ça pousse
étrangement vers le bas. Je me relève, et au moment de rejoindre Jeff,
ploufff ! ! Je perds tout le reste des eaux et immédiatement une envie
puissante de pousser m’envahit. C’est complètement incontrôlable, je ne
maîtrise plus mon corps. J’en fais part à l’infirmière qui panique un peu
Je commence à rouspéter.
Finalement, je me penche sur le côté. Je n’ai plus qu’un pied dans l’étrier,
l’infirmière tient l'autre pied
L'infirmière: Poussez ! ! !
Je ferme les yeux, j’aspire un grand coup et je pousse aussi fort que je
peux. La tête du garçon commence à apparaître et quinze minutes plus tard,
le premier bébé est dehors. Je remobilise mes efforts pour pousser à
nouveau et dix minutes plus tard, c’est au tour du deuxième bébé de voir le
jour. J’entends l’infirmière dire:
Elle: Ohh ! ! ! Ils sont là ! Félicitations madame ! ! ! Vous avez une fille et
un garçon.
Quoi ? Déjà ? Sans réfléchir, j’ouvre les yeux et je prends ma petite fille
dans mes bras. C’est une sensation très forte, je la vois et je la sens encore à
l’intérieur de moi. Ce sont les dernières secondes de sa vie intra-utérine. Je
la trouve minuscule, tout est allé si vite. On coupe le cordon et on passe le
garçon à Jeff.
=====================================
Moi: Merci.
Elle: J’ai déménagé, je suis chez mes parents pour le moment avec mes
garçons. Il a porté plainte contre moi et j’ai même fait un jour en cellule. On
m’a mise dehors sous liberté conditionnelle avant le procès; j’ai aussi lancé
la procédure du divorce.
Moi: Je vais essayer de toucher un mot à Audrey, elle peut connaitre des
gens ici.
Elle: D’accord. Comment elle va déjà ? Je lui ai écrit plusieurs fois mais
elle ne m’a jamais répondu et je ne lui en veux pas; elle a raison de me
détester.
Moi: Oui je sais, elle va bien, sauf que la famille de Jason lui rende la vie
difficile.
Moi: Ah ça !
Nous avons échangé pendant une bonne heure et je dois avouer que ça
nous a fait du bien à toutes les deux. Vers vingt-deux heures, elle est rentrée
chez elle; je lui ai promis de parler à Audrey. Après tout nous étions amies,
bref redevenues amies.
Jeff vit de nouveau avec moi, mais je n’ai encore rien fait de tout ce que
mère Akina m’a demandé et je ne veux même rien faire. Je compte bien
reconquérir mon homme tout doucement. Qui sait ? Peut-être qu’il peut
encore tomber amoureux de moi. Je n’ai pas besoin de toutes ces pratiques
pour être aimée.
Jeff quant à lui est encore réticent, il dort sur le canapé et ne mange pas ce
que je cuisine. Il sort très tôt et rentre très tard, c’est à peine s’il me parle.
Mais je supporte, après tout, si nous en sommes là c’est bien à cause de moi.
Tout acte que l’on pose dans cette vie nous revient toujours tel un
boomerang; la résultante dépend de l’intention au moment de l’acte.
Ma mère me met une pression incroyable, elle veut savoir où j’en suis
avec les poils, le sperme et autres, et à chaque fois je suis obligée de lui
mentir. Par ailleurs, j’ai décidé d’aller voir la maman de Jeff pour lui avouer
toute la vérité. Je veux un amour sincère et vrai et non un tissu de
mensonges. Toute relation fausse à la base aboutit toujours à un échec total,
et le résultat est toujours négatif. Je suis partie sur de mauvaises bases avec
Jeff et je suis prête à tout recommencer à zéro, s’il m’en donne l’occasion,
bien évidemment. Je ne compte pas lui forcer la main comme la première
fois, les choses se feront d’elles-mêmes.
Ding dong ! Quelqu’un sonne à la porte, ça doit être maman. Pfff ! Elle a
cette manie de toujours venir ici dans la nuit et ça commence à me saouler.
J’ouvre la porte.
Moi: …..
Moi: …..
Maman: Leilaaa ! ! !
Moi: Maman, je ne veux plus de cette vie; je te l’ai dit la dernière fois.
Maman: Et tu crois que Jeff voudra encore de toi ? Alors que tu as voulu
tuer sa mère ?
Moi: Au moins il saura déjà la vérité; mieux vaut vivre avec un monstre
que tu connais, qu’un ange que tu ne connais pas.
Maman: Ah non hein ! Leila tu ne vas pas fausser nos plans. Dans trois
semaines, je veux toutes les choses que mère Akina a demandées, tu
m’entends ?
Jeff avait sa clé, donc il pouvait entrer sans sonner et personne ne l’avait
entendu.
Maman: Rien !
Je baisse mon visage pour ne pas croiser son regard, encore moins celui
de maman.
Maman sort malgré elle, mais n’hésite pas à me lancer un dernier regard.
Je peux deviner ce qui lui traverse l’esprit à cet instant précis: «Ne t’amuse
même pas à dévoiler notre secret, sinon tu es morte».
Jeff vient vers moi et me prend dans ses bras. Je suis déjà en larmes, j’ai
peur de ma mère, mais encore plus de la réaction de Jeff lorsqu’il saura
toute la vérité. Que faire ?
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Trois mois se sont déjà écoulés depuis mon accouchement. La vie a repris
son train et tout semble aller comme sur des roulettes. Soraya a finalement
trouvé un petit boulot en tant que caissière à temps plein au magasin
SCORE et gagne quatre-vingt mille francs le mois. Elle s’est par ailleurs
inscrite en cours du soir à l’institut SIANTOU de Yaoundé pour un BTS en
marketing. Papa quant à lui a finalement aménagé dans ma maison de
Mbalmayo, car les constructions sont achevées depuis deux semaines. Il va
juste à Okola une fois par mois pour superviser les travaux d’entretien de sa
cacaoyère. Lorsqu’il y a récolte, il y va deux ou trois fois le mois. On n’a
pas de nouvelles de maman depuis qu’elle a été bannie de la famille, nous
l’avons longtemps cherchée mais en vain. Mais récemment, son acolyte
aurait soufflé à papa qu’elle se serait installée dans un village voisin chez un
homme. Aux dernières nouvelles, c’était son amant quand qu’elle était
mariée à papa; tant mieux pour elle si elle est heureuse.
Les filles de Soraya grandissent et s’intègrent bien dans leur école. Soraya
fait des économies, parce qu’elle veut prendre un appartement avant son
accouchement prévu dans quatre mois.
Jeff et moi sommes devenus très proches, il vient me voir tous les soirs
après son boulot mais ça s’arrête là; on a tous les deux peur d’aller plus loin.
On garde un triste souvenir de ce qui s’est passé la dernière fois et en plus,
je suis très occupée par mes choux. Je n’ai pas encore fait leur acte de
naissance et à vrai dire, je ne sais vraiment pas quoi y mettre. Marc Xenne ?
Ophélie Xenne ? Après tout, c’est lui leur père je ne peux leur cacher son
identité.
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****Le lendemain****
Aujourd’hui c’est mon premier jour de boulot après trois mois passés à la
maison. Les filles sont prêtes pour l’école, Soraya ira les déposer avant
d’aller au boulot. Moi j’allaite d’abord mes amours, ensuite j’opte pour une
robe droite vert-pâle et des espadrilles de couleur marronne. Je mets
quelques gouttes de mon parfum «Ibiss», suivi d’un maquillage léger. Je
prends mon sac Guess, fais une bise à mes amours, puis je donne les
dernières consignes à la nounou avant de prendre la direction de l’IRAD.
Lui: Vous avez un paquet. Monsieur m’a prié de vous remettre ce paquet.
«Pour me faire pardonner de n’avoir pas été là, voici des roses pour toi
mon amour».
Hum ! Aussitôt lu, je froisse le mot et jette le bouquet dans une poubelle
pas loin de moi. Non mais, il est fou celui-là ! Un véritable sorcier ! Cette
fois il ne m’aura pas.
Qu’est-ce qu’il fait là ? Et qui lui a ouvert la porte ? J’avais pourtant dit
à Michelle de ne laisser entrer personne dans cette maison.
Moi: …..
Jeff: Qu’est-ce qu’il fait là lui ? Non mais je rêve Yolande ! ! ! Après tout
ce que tu as traversé, tu laisses encore ce sorcier entrer dans ta vie ? J’ai
l’impression que tu ne t’aimes pas toi-même.
Rémi: Je vois que tu n’as pas perdu de ton tempérament, mais je viens
dans la paix. Mélanie et moi voulons adopter les enfants.
Mon Dieu ! Qu’est-ce qu’il vient de dire ? Mé-quoi ? Les gens ci, je pense
qu’ils fument le «banga» (marijuana).
Chapitre XXIII: L’amour et la compassion ne sont pas synonymes
de faiblesse
Rémi est toujours chez moi, il tient Marc dans ses bras et le berce pendant
qu’Ophélie est couchée dans le berceau. Jeff vient de démarrer sa voiture et
ne m’a même pas laissé placer une seule syllabe. J’avoue que je m’en
voudrais à mort si jamais il me laissait tomber car présentement il est mon
socle. Il m’a aidée à remonter la pente et je pense que je devrais lui donner
une chance, même si je suis son aînée de quatre ans. Ne dit-on pas qu’en
amour il n’y a pas d’âge ?
Lui: Je ne joue à rien, Yolande. Je suis juste venu voir mes enfants, n’en
ai-je pas le droit ?
Moi: Personne ne t’interdit de voir tes enfants mais pour un père qui voit
ses enfants pour la première fois, ce qui t’intéresse c’est de les adopter et les
enlever à leur mère n’est-ce pas ?
Je l’écoutais et je n’en revenais pas. C’était bien Rémi qui me parlait ainsi
et traitait ma maison de cachot et de geôle. Il parlait de mes amours en les
appelant «mes descendants, mes enfants». Mon Dieu ! C’est fou de voir la
façon dont l’être humain peut être versatile.
Lui: Mélanie et moi voulons adopter les enfants pour qu’ils grandissent
dans un milieu aisé, loin de la pauvreté. Je veux leur éviter la souffrance, tu
comprends ?
Lui: Yolande, je n’aime pas quand tu veux jouer à la fille sotte qui ne
comprend rien, cela m’irrite au plus haut point.
Moi: Je dis hein Rémi, pour qui te prends-tu ? Tu viens ici m’imposer tes
choix, tu traites ma vie de précaire, après tout ce que j’ai fait pour toi ? J’ai
voulu t’aider à sortir du pétrin dans lequel tu t’es fourré et c’est ainsi que tu
me remercies ? Ta Mélanie et toi allez devoir me tuer si vous voulez vous
approprier mes enfants.
Lui: Yolande, ne joue pas à ce jeu avec moi. Nous savons tous les deux
que tu n’en supporterais pas les conséquences.
Lui: Tu regrettes de m’avoir connu alors que je t’ai fait deux magnifiques
créatures ? Tu n’es qu’une ingrate.
Moi: Tu sais, il est préférable que tu sortes de chez moi. Je ne pense pas
qu’on ait encore des choses à se dire.
Lui: Je venais juste te prévenir. De plus, oublie le fait que tu peux porter
cette affaire en justice, je suis la justice et je suis le Cameroun. Et où que tu
ailles, peu importe ce que tu feras, je serai au courant. Je veux mes enfants
et tu pourras venir les voir quand tu voudras. À bon entendeur, salut !
Il tourne le dos et sort de mon salon, alors que j’ai déjà quelques larmes
qui ruissellent le long de mes joues. À ce moment précis, je n’ai qu’une
seule envie: Me tirer une balle dans la tête. J’ai cherché ces enfants pendant
presqu’une dizaine d’années. Aujourd’hui j’ai trente-cinq ans et Dieu m’a
gratifiée du don d’être maman de deux amours qui sont ma vie, la chose
pour laquelle je respire. Ils sont ma raison de vivre, j’en mourrais si je
devais les perdre et je ferai tout pour les éloigner de ce monde de ténèbres
dans lequel leur père est trempé. Il est hors de question que je laisse Rémi et
son monde occulte me prendre la chose la plus précieuse que j’aie dans cette
vie.
Moi: Ma chérie, l’homme est méchant mais je ne vais pas me laisser faire.
Moi: Et que dois-je faire ? Leur donner mes enfants parce qu’ils sont
haut-placés ? Ma chère, j’ai confiance en Dieu; il dit dans sa parole que «La
volonté de Dieu ne t’amènera jamais là où sa grâce ne te protègera pas». S’il
a voulu que je conçoive malgré toutes les diableries et les machinations de
maman, c’est qu’il saura me procurer des armes nécessaires pour ce combat.
Elle: Hum ma sœur ! Fais attention à toi s’il te plait. Je pense que tu
devrais d’abord en parler à papa pour qu’il te donne la conduite à tenir.
Lui: Il a lucifer avec lui et nous avons DIEU avec nous. Si tu lui fais
confiance, alors tu n’as rien à craindre.
Sur ces mots, nous nous sommes séparés. Je me suis douchée et je suis
allée me coucher. Ces paroles de papa m’avaient apaisé le cœur.
Après la fameuse soirée où Jeff nous avait surprises maman et moi, j’ai
voulu lui dire toute la vérité mais je n’ai pas pu. Et depuis ce soir-là, il a
porté tous ses effets et vit désormais chez sa mère. Ne pouvant pas supporter
les frais de loyer toute seule, j’ai moi aussi déménagé chez mes parents.
Maman n’a guère apprécié la tournure des événements et s’entête toujours à
me caser avec Jeff. Moi j’ai décidé de faire profil bas, en demandant des
excuses aux parents de Jeff pour avoir manipulé leur fils et tout. Ses parents
ont accepté et trouvé qu’il était préférable de nous laisser Jeff et moi se
côtoyer comme des amis et voir où cela nous mènera.
Présentement, je ne dirais pas que c’est l’amour fou entre nous; je sais
qu’il a toujours des sentiments pour cette vieille femme enceinte qu’il a
embrassée lors de son anniversaire que j’ai organisé. Mais je ne le blâme pas
pour autant au contraire, je cherche à gagner ma place auprès de lui. Je dois
le séduire, même si maman ne me lâche pas avec cette histoire de mère
Akina. Je reste convaincue qu’elle a quelque chose à gagner dans cette
histoire, parce que je n’arrive pas à la cerner. Je ne sais pas ce qu’elle
manigance.
Depuis que je suis revenue vivre à la maison, ma mère surveille tous mes
faits et gestes.
Moi: C’est lui qui m’invite et non le contraire, je ne vais quand même pas
lui imposer mes choix.
Jeff me fait un bip pour me dire qu’il est là; je sors de la maison et le
rejoins dans sa caisse. On se fait un bisou sur les lèvres. Hum ! La soirée
s’annonce prometteuse. Mais que lui arrive-t-il ? J’ai l’impression qu’il a
subitement changé. Le mieux pour moi serait de ne pas me faire d’idées et
de rester dans la peau de la fille qui veut récupérer son homme.
Lui: Bonsoir.
Quarante-cinq minutes plus tard, nous arrivons sur les lieux de notre
rendez-vous galant. Je suis à la fois contente et un peu anxieuse. J’ai
l’impression que Jeff m’utilise, on dirait que je suis une espèce de roue de
secours ou un «souffre-douleur» pour lui; car lorsque ça ne va pas avec sa
vieille rombière, il vient se consoler chez moi. Mais je ne vais pas me laisser
traiter de la sorte.
Moi: Je trouve ton attitude assez bizarre. Tout d’abord, tu ne m’as pas
appelée depuis plus de deux mois. On s’envoyait juste des messages, et tout
d’un coup tu veux me voir; tu m’invites à dîner, c’est quoi le problème
Jeff ?
Lui: Il n’y a aucun problème, Leila. J’ai juste envie de discuter avec toi.
Si on s’en tient à la coutume, nous sommes encore mariés.
Moi: Et ?
Lui: J’ai envie de toi ici et maintenant. Laisse-moi te prendre sur le capot
de la voiture, ma belle.
Les voix: Mouf ! ! ! ! Vous vous croyez où ici ? Allez faire vos bêtises là
loin ! Il y’a des hôtels pour ça. Laboure moi, laboure moi que c’est le
terrain ? Dégagez d’ici ! ! ! Mal élevés comme ça.
C'était une bande de jeunes garçons qui passaient par là et nous avaient
aperçus. Jeff finit par déverser son sperme en moi, mais je me rends compte
qu’il saigne abondamment de la tête.
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****Le lendemain****
Après une nuit très agitée, c’est avec beaucoup de peine que je sors du lit.
Je vais à la cuisine me faire un thé au citron, ensuite je vais prendre une
douche. Michelle est déjà là et Soraya est sortie de bonne heure.
Elle: Ok madame.
Lui: Si ce n’est pas pour tuer quelqu’un je t’écoute; tu sais que je suis
toujours là pour toi.
Moi: Ne recommence pas Pat, je ne suis pas venue te voir pour ça. On sait
tous les deux pourquoi ça n’a pas marché.
Lui: Je vais voir ça avec les ressources humaines, je te donne une réponse
demain.
Moi: Merci.
Qu’est-ce qu’ils me veulent ces gens ? Quand ce n’est pas son mari, c’est
elle.
Moi: C’est bon Thérèse, je gère. Qu’est-ce que tu viens faire dans mon
lieu de travail Mélanie ?
Elle: Quand tu es venue me voir dans le mien la dernière fois, est-ce moi
qui t’y avais invitée ?
Moi: Quel mari ? Non mais qu’est-ce que vous me voulez ? Je t’ai laissée
avec ton mari depuis la dernière fois que nous nous sommes entretenues. Je
n’ai plus eu des nouvelles de ton homme.
Elle: Je sais, mais à chaque fois qu’il te revoie il n’arrive pas à se ressaisir
et pour remédier à tout cela donne-lui ses enfants et coupez les ponts à
jamais !
Moi: Oui, tu crois que je ne sais pas, Mélanie ? Sors de mon bureau tout
de suite, sinon j’appelle la sécurité.
Quelques temps après, j’essaye d’appeler Jeff pour lui expliquer la scène
d’hier mais il ne décroche pas. Il me manque énormément et je réalise à quel
point nous sommes devenus proches. Par ailleurs, j’avoue que je ressens
quand-même quelque chose pour lui. Je relance l’appel et il finit par
décrocher.
Clic ! Elle m’avait raccroché au nez. Décidément cette journée n’était pas
la mienne.
Vers dix-huit heures, je me suis empressée de rentrer chez moi pour serrer
mes amours dans mes bras; rien qu’à penser à eux me redonne le sourire.
J’arrive à la maison, je gare et monte à l’appartement.
Michelle: Madame oooh ! Madame ooh ! Vous allez me tuer. J’ai tout fait
oooh ! J’ai tout fait, mais ils étaient nombreux oooh ! Ils ont pris les bébés.
Criait Michelle pendant que Soraya était debout devant moi, me regardant
d’un air désolé. J’avais envie de m’évanouir, de vomir, de faire pipi sur moi.
Les berceaux de mes choux sont vides, Michelle se roule au sol; j’essaye
de garder mon calme mais je n’y arrive pas. Je compose le numéro de papa.
Moi: Arrête de te taper au sol s’il te plait, rentre chez toi. Tu es virée !
Moi: Non. Reste ici avec tes enfants, je t’ai assez causé du tort. Ceci est
mon problème et je dois le régler toute seule.
Chapitre XXIV: Je vis de mon courage
Remi: C’est cette précipitation dans tes actes que je n’aime pas, et tu le
sais bien. Je t’ai dit de me laisser gérer cette histoire à ma manière, mais tu
n’en fais qu’à ta tête et je ne tolère pas ce genre de comportement.
Rémi: Méfie-toi de moi, Mélanie. Je ne suis pas revenu dans cette maison
pour que tu m’enquiquines davantage. Qu’est-ce que tu allais faire chez
Yolande ? En plus tu vas lui prendre ses enfants pourtant je t’ai dit que
j’allais régler ce problème tout seul. Je suis allé la voir pour lui dire qu’on
allait récupérer les enfants, mais comme tu veux toujours faire les choses
dans la violence et la précipitation, il faudra donc en assumer les
conséquences madame.
Moi: Cette femme m’a tout pris et aujourd’hui elle doit vivre heureuse ?
Jamais de la vie ! Tu m’entends ?
Paf ! Paf ! Sans crier garde il m'assène une paire de gifle que je ne l’ai pas
vu venir.
Rémi: Oui, elle m’a donné un héritier. Qu’en est-il de la grossesse de neuf
mois que tu as soudainement perdue il y’a dix ans ? Pourquoi ai-je décidé de
ne plus te toucher ? Tu as liquidé cet enfant sans aucun scrupule, parce que
tu voulais être la déesse du serpent. Tout comme tu nous as poussés à
intégrer la loge il y a trente ans. Tu t’en souviens ? Le jour où ton père me
demandait de signer le contrat, tu étais là. Tu savais très bien dans quelle
sale histoire on s’engageait, mais tu n’as daigné dire un mot. Au contraire,
tu as attendu que je signe et commence le boulot pour me dire qu’on venait
de pactiser avec le diable. Tu es une manipulatrice de première catégorie, je
plains ton sort ma chère. Tu m’as poussé à accepter la promotion dans la
société, et tout ceci pourquoi ? Tu voulais la couronne dans ta famille, être
l’impératrice de tous et couper les pieds à ton propre père que tu as liquidé
sans le moindre remord, quelque temps après. Tu es ma chute, mon erreur
de jeunesse, celle qui m’a détruit pendant mon séjour sur terre, tu es juste
l’incarnation du diable. Ta fin est proche.
Moi: Tu plains le sort de qui ? Dis plutôt que Dieu plaint notre sort à tous
les deux, parce que tout comme moi, tu es bien trempé jusqu’aux os Rémi.
Si je sombre, tu sombres aussi, mets bien cela dans ta cervelle.
Lui: Je ne suis pas revenu pour toi, sache-le. Je suis revenu parce que je
voulais te dire ouvertement que je quitte la loge et qu’ils me disent
concrètement ce qu’ils attendent de moi. Je serai disposé à le faire, même si
je devrais y laisser ma vie. Mes enfants, je voulais les prendre quand ils
auront un an pour passer du temps avec eux, au cas où je devrais mourir.
Mais vu que tu réfléchis avec tes tibias et non ton cerveau, tu es allée
faucher mes plans et je ne pense pas que Yolande me laissera encore
pendant une seule seconde avec eux.
Moi: Je vais détruire ta protégée; depuis que cette fille est entrée dans ta
vie, tu n’as plus d’yeux pour personne, même pas pour tes filles en
Angleterre. C’est à peine si tu vas les voir, mais tu as emmené cette fille
dans tous les pays du monde. Elle ne mérite pas de vivre, je vais la briser sa
famille et elle. Tant que je vivrai sur cette terre, elle n’aura plus de paix.
Lui: Tu me fais rire toi ! Toi tu peux me tuer ? Pourquoi tu flippes autant à
l’idée de savoir que je veux quitter la loge ? Parce que sans moi tu n’es rien.
Tu seras transparente et semblable à une feuille morte du printemps; tu
perdras toute suprématie et tu seras réduite à ta plus petite expression.
Lui: Je vais sortir boire un verre, à mon retour je ne veux plus trouver ces
enfants ici.
Moi: Irène !
Moi: Change moi ces bâtards et prépare-les, ils repartent chez leur mère.
Moi: Et dépêche-toi.
Moi: Papa je veux mes enfants, il est hors de question qu’ils passent une
seule nuit dans leur maison.
Lui: Indique-moi leur domicile, je vais t’y retrouver; Soso m’a dit que tu
as pris ma carabine. Calme-toi mon enfant. Ne verse pas de l’huile sur du
feu, nous avons déjà assez d’ennuis comme ça pour que tu en rajoutes.
Une fois devant l’immense arcade qui faisait office de portail, je me gare
sur le côté. Je sors ma carabine que j’avais bien emballée dans une étoffe,
ensuite, je m’avance.
Lui: Désolé. Madame a dit moi pas laisser kunkun entrer ici.
Lui: Hey la madame, je dis grande madame dedans là a dit moi pas laisser
kunkun entrer ici sans dire à elle. Toi ti peux pas comprendre ça ou quoi ?
Moi: Hey, longoh longoh, si toi pas ouvrir moi lalala, moi te finir ici en
bas maintenant «tou» m’entends ?
Lui: Oh ! La madame, faut pas me tuer là-bas en bas, j’ai trois femmes.
Moi: Dépêche ! ! !
Une personne: Yoyo Dzé dzi ? (Yoyo c’est quoi ça ?)
Lui: Tu fais quoi avec mon fusil pointé sur cet homme ?
Le gigantesque portail s’ouvre sur nous, Oumarou fait signe aux deux
policiers qui sillonnent de nous laisser entrer dans la grande maison.
Papa prend son fusil et l’emballe bien pendant que je marche à grandes
enjambées devant. Cette demeure est immense, my God ! ! ! Une fois à
l’intérieur, j’aperçois Mélanie qui boit un verre de vin et une femme qui
berce Ophélie. La voir ainsi m’a bouleversée et choquée en même temps. Je
n’ai pas pu me retenir, je suis entrée dans la colossale pièce et je me suis
jetée sur Mélanie, m’accaparant de sa perruque:
Elle: Je vais faire appeler la sécurité. Tu n’es pas dans ta cuisine ici, mais
au domicile de monsieur le ministre.
Moi: Tu veux les enfants ? Accouche les tiens ! Tu ne peux pas ? Oh que
si, tu peux. Ils seront mi-serpent, mi-humain.
Elle me donne une gifle; je la lui rends violemment, ensuite je prends son
verre de vin que je déverse sur son tapis. Elle se met à bavarder et hurler
dans toute la pièce:
Elle: Tu penses que tu vas t’en sortir Yolande ? Tu as participé aussi aux
activités de la loge, parce que figure-toi que l’argent que tu utilisais venait
de là. Et aujourd’hui tu ne veux rien payer ? Entre nous, les ministres de ce
pays ont quel salaire pour te faire voyager autant ? T’amener à Paris, Saint
Tropez, Madrid, Venise, Dubaï, Hawaï; aux Bahamas, à Mykonos, en
Thaïlande, en Egypte, à Marrakech, Monté Carlo, Monaco. En cinq ans, tu
as fait le tour du monde comme l’explorateur Magellan.
Moi: Tu n’as même pas honte Mélanie, tu viens menacer une petite
nounou et tu lui prends les enfants ?
Elle: Moi ? Menacer une nounou ? Vu que tu lui payes trente-cinq mille
francs le mois, je lui ai juste proposé quatre fois ce que tu lui verses et le
tour était joué.
Elle: Sécurité ! ! !
Le policier me tire tandis que je me débats; papa tient mes deux bébés
dans les bras et subitement, Rémi entre:
Lui: Si tu ne lui avais pas volé ses bébés, rien de tout ceci ne serait arrivé.
Il veut dire je ne sais trop quoi à papa, mais celui-ci l’ignore et nous
sortons de leur satanique maison.
J’avais mes enfants et c’est tout ce qui comptait; papa a pris le volant
pendant que je tenais mes choux, les couvrant de câlins. C’est fou comme ils
m’avaient manqué.
Jeff vient de sortir des soins intensifs et se repose, je n’ai pas encore
appelé sa maman. Je compose donc son numéro et elle décroche à la
première sonnerie:
Elle: Rendez-vous ?
Moi: Oui.
Elle: Il m’a dit qu’il sortait boire une bière, je ne savais pas qu’il avait un
rendez-vous avec toi.
Moi: ……………….
Elle raccroche. Je ne sais pas comment elle va prendre le fait que nous
sommes ici depuis hier et je ne l’appelle qu’aujourd’hui. La maman de Jeff
est assez versatile, elle change sans cesse d’attitude et d’avis comme on
change des chemises. Mais ce qu’elle a dit m’intrigue tout de même, Jeff lui
a dit qu’il allait boire un verre au lieu de lui dire qu’il sortait avec moi ?
Pourquoi mentir ? Il a honte de moi ou quoi ?
Moi: Un accident.
Répondis-je.
Elle se lève et vient vers moi, elle me tire l’oreille en la pinçant par la
même occasion.
Mes amours sont de retour à la maison avec maman. Mon Dieu ! J’ai
tellement eu peur. Je n’imagine pas ma vie sans eux, ils sont si mignons.
J’avoue qu’ils ont les yeux de leur père. Papa est parti à Okola, il a une
grande récolte demain donc, il y est allé pour mobiliser ses hommes, afin
qu’ils puissent commencer la récolte de bonne heure. Je suis en train d’aller
chez Michelle, je vais lui enlever ses dents.
Elle: Ok.
Sans la laisser placer un mot, je lui assène deux belles gifles qui laissent
les traces de ma paume de main.
Moi: Tu n’as pas honte ? Traitresse ! Livrer mes enfants pour une
modique somme de deux cent mille francs ? Tu sais quoi ? Je veux tout
l’argent que je t’ai payé depuis le jour que je t’ai embauchée. Tout ! Tu
m’entends ? Je vais te traîner en justice, pauvre affamée.
Sur ces mots, je quitte le domicile de Michelle et rentre chez moi. Ce pays
va de mal en pire; une jeune fille qui livre deux enfants pour deux cent mille
Francs, c’est effrayant.
Moi: Quoi ?
J’appelle rapidement Soraya pour lui relater les faits. Ensuite, je lui dis de
s’occuper des enfants car je dois me rendre de toute urgence à Okola.
Une heure plus tard, j’arrive à l’hôpital de district d’Okola. Mon Dieu !
Le corps de papa est dans un état calamiteux; brûlure au second degré. Le
matériel de l’hôpital étant dérisoire et le fait du manque criard de personnels
qualifiés, je demande qu’il y passe juste une nuit. Je m’entretiens avec le
docteur et lui fait part de ma décision de transférer papa à Yaoundé le
lendemain.
Il est temps que je retrouve ma mère et qu’elle vienne prendre soin de son
mari.
Elle: Oui.
Nina, c’est notre petite voisine d’en face et sa mère est une amie de
maman; elle peut connaître où se trouve le domicile de l’amant de maman.
On monte et je la ramène chez elle; j’en profite pour discuter avec sa mère.
Elle: Oui ma fille, mais laisse-moi d’abord finir de faire à manger à Nina
et à son père.
Moi: OK merci.
Je monte à la maison familiale pour me reposer un peu, j’appelle Soraya
pour lui faire le compte rendu. Spontanément, je repense à papa et je me
mets à pleurer. Un incendie dans sa cacaoyère alors qu’il faisait sa récolte.
Je me mets à genoux pour prier et c’est la voix de Nina qui me sort de mes
pensées, elle me fait comprendre que sa mère est prête.
Elle: Tient ! J’ai fait le mets de pistache, tu dois avoir faim mon enfant.
Arrivée sur les lieux, je vois maman qui pile des feuilles de manioc dans
un mortier. Elle lève son regard sur nous et est étonnée de nous voir:
Moi: Eh bien madame, il est temps que tu te comportes comme une mère
et une épouse.
Moi: Oh que si ! Et tu vas monter avec moi dans cette voiture, ton mari
vient de se faire calciner, il a besoin de toi auprès de lui.
Son amant veut s’interposer mais il a vite fait de comprendre qu’il ne doit
même pas tenter quoi que ce soit car, je ne suis pas d’humeur à supporter la
moindre contrariété. Je suis l’aînée de la famille et il est temps que j’y mette
de l’ordre.
Moi: Les sorciers protègent leurs familles, et toi que fais-tu de la tienne ?
Tu l’abandonnes. Avance là-bas madame !
Lui: Ok madame.
Lui: Ok madame.
Je ne peux pas dormir loin de mes enfants, après tout ce qui s’est passé. Je
remets dix mille à maman pour sa restauration.
Ce n’est que vers vingt heures que j’arrive à la maison. Mes choux
dorment déjà, je leur fait des bisous et je me coule un bon bain.
Chapitre XXV: Nos ennemis sont nos premiers amis
Elle: En tout cas, il m’a paru très sérieux au téléphone. Il n’avait pas l’air
de quelqu’un qui plaisantait.
Moi: Soraya Abessolo, ton père est hospitalisé et a été victime d’une
brûlure au premier degré. Il est notre priorité pour le moment. Je sais que tu
es très influençable et si tu le montres à Rémi, il passera par toi pour
m’atteindre. Et en passant, je suis allée récupérer ta mère là où elle se
cachait.
Moi: Dans un coin perdu, elle est actuellement au chevet de papa. J’irai
les chercher tous les deux demain et je les conduirai ici afin que papa
reçoive de meilleurs soins à l’Hôpital Central.
Moi: Dans un premier temps ce sera ici, et après nous déménagerons tous
pour la grande maison à Mbalmayo.
Elle: Humm Yoyo ! J’ai l’impression que tu délires. Cette femme m’a
possédée depuis ma naissance; elle a possédé mes deux filles; elle a essayé
de t’empêcher de concevoir; elle a usurpé ta vie amoureuse; elle est à
l’origine des maux de dos de papa, et aujourd’hui tu fais quoi ? Tu vas
l’enlever de son foyer pour l’emmener ici afin qu’elle vienne finir le travail
qu’elle a commencé, n’est-ce pas ? Je te rappelle que tu viens d’avoir deux
enfants et ils seront exposés. Alors sache que moi je ne vivrai pas sous un
même toit que cette mégère, une véritable revêche prête à faire du mal à ses
proches sans remords.
Moi: Soso, s’il te plait arrête de parler ainsi. Nous sommes tous des
enfants de Dieu et on ne choisit pas sa famille. Elle a certes été cruelle dans
ses monstrueuses manœuvres, mais il n’en demeure pas moins qu’elle reste
celle qui nous a donné la vie. Elle est le choix de Dieu, il en a décidé ainsi et
on ne peut lui en vouloir. C’est notre maman et peut-être que sa délivrance
est notre tâche ici sur terre; Dieu ne fait jamais rien pour rien.
Moi: Je te comprends chérie, mais sache que tout le monde mérite d’avoir
une seconde chance dans la vie.
Elle: Oh que si ! Cela revient au même. Maman t’a fait du mal et Rémi
aussi, mais tu es prête à pardonner à ta mère mais pas à lui.
Moi: Ça suffit, Soraya ! Maman viendra vivre ici et tu devras t’y faire.
C’est notre mère, et si elle a échoué sur tous les plans liés à notre éducation,
on peut lui apprendre à être une bonne mère. Tout n’est pas encore perdu, on
peut encore la récupérer.
Avec l’aide de quelques infirmiers, papa est très vite pris en charge. Je
remplis les formalités d’usage et je paye les frais d’hospitalisation. Vu son
état, le médecin-chef me dit qu’il restera là pour une vingtaine de jours au
minimum.
Pendant qu’on lui administrait les soins, maman et moi saisissons cette
opportunité pour rentrer à la maison afin qu’elle puisse prendre une douche
et se procurer quelques vêtements de rechange, et tout ce qu’il faut pour
papa.
Elle: D’accord.
Elle: Ok Yolande.
Moi: Par ailleurs, j’aimerais que tu mettes un peu tes petits «gris-gris» de
côté et pour une fois, occupe-toi de ta famille. C’est ce qu’une femme,
mieux une maman devrait faire. Si tu t’avises à faire quoi que ce soit
d’anormal, tu seras démasquée parce que les bergers viennent prier à la
maison tous les vendredis. Tu as donc intérêt à te tenir tranquille.
Une fois à la maison, j’entre et je prends mes petites canailles dans mes
bras, pendant que maman va prendre sa douche. Soraya ne l’a même pas
regardée.
Elle: Humm !
Elle: Je viendrai le voir demain quand cette sorcière ne sera pas à côté.
Maman et moi sortons donc pour l’hôpital. Je prie Dieu que rien n’arrive
à mon amour de père.
Ma mère est une femme très perspicace, elle ne laisse rien passer. Je me
doutais bien qu’on allait en arriver là.
Elle: Jeff, tu dois faire très attention. Et puis c’est quoi cette manie de
coucher avec les femmes sur les capots des voitures en plein air ? Tu as tout
un appartement ici pour y faire ce que tu veux.
Elle: Et puis quand tu sortais d’ici l’autre soir, tu ne m’avais pas dit que tu
avais un rendez-vous avec Leila. Willis, si tu n’aimes pas cette fille, alors
arrête de lui perdre son temps. Dis-lui ce que tu ressens et qu’on en finisse
avec cette histoire. J’ai besoin d’une vraie belle-fille et des petits enfants.
Je suis sorti de l’hôpital hier soir et je vais nettement mieux, sauf que j’ai
dû enlever mes beaux cheveux. Je n’allais tout de même pas avoir une
coupe carrée sans cheveux à la nuque. J’ai demandé à Leila de venir car je
vais mettre fin à ce dilemme qui dure depuis des années. Ensuite, j’irai voir
Yolande et lui demander une fois pour toute si elle veut me donner une
chance.
Elle: Ok, je vais alors te laisser. Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais le
moi savoir.
Vers dix-huit heures, Leila arrive enfin, vêtue d’une jolie robe portefeuille
et des sandales. Elle tient dans ses mains un panier de nourriture. Elle entre
dans l’appartement que j’occupe dans le duplex de mes parents.
Elle s’exécute aussitôt sans me demander quoi que ce soit, mais je lis bien
de l’inquiétude sur son visage.
Yolande: Oui.
Elle: Ça va et toi ?
Moi: Ah oui ?
Elle: Oui, c’est arrivé lors d’une de ses récoltes à sa cacaoyère. Il est
actuellement interné à l’hôpital.
Moi: Oh ! ! ! Courage.
Moi: Je voudrais qu’on parle de nous; je veux qu’on ait une vraie
conversation.
J’irai la voir, je veux que l’on mette les points sur les «i» une fois pour
toutes. J’aime cette fille, je veux faire des projets avec elle.
Papa est finalement sorti de l’hôpital et est encore très fatigué, il passe ses
journées au lit. Maman s’occupe bien de lui mais les deux ne dorment pas
ensemble. L’atmosphère est très tendue ici à la maison, entre Soraya qui ne
parle pas à maman et papa qui ne veut pas d’elle à son chevet. Je ne sais
plus où mettre la tête.
J’ai pu obtenir une place à la crèche de l’IRAD pour mes bébés. Tous les
matins, je sors avec mes enfants et je ne rentre que le soir. Tous les jours ce
sont des disputes interminables et des insultes de Soraya à l’endroit de
maman. Je ne supporte plus ce manque de respect envers maman, elle m’a
aussi fait du mal mais je fais tout pour mettre cette mauvaise période de ma
vie derrière moi.
Les bergers viennent prier ici tous les vendredis et, ils ont demandé que
maman soit transférée au camp pour la délivrance et un suivi spirituel, car
elle aurait en elle sept démons. Quand papa pourra se déplacer tout seul, elle
partira au camp pour une durée d’un an de prière et de récollections
intenses.
Comme tous les matins, je me rends à l’IRAD avec mes mômes, laissant
les guerriers faire leur guerre comme à l’accoutumée.
Vers midi, je vais donner des biberons aux bébés, ensuite je rentre bosser.
C’est alors qu’une heure de temps après, Patrice et la directrice des
ressources humaines entrent dans mon bureau.
Patrice: Humm !
Avait-il dit en prenant place sur le divan où mes clients s’asseyent quand
ils viennent me voir.
Lui: Je t’ai appelée plusieurs fois, j’ai laissé des messages à ta sœur mais
tu n’as jamais daigné répondre à mes coups de fil. Alors j’ai été obligé de
venir te voir dans ton lieu de travail.
Moi: Pour ?
Moi: ……………………
Lui: Pardonne-moi de t’avoir fait autant souffrir. Pardon pour tout ce que
Mélanie a fait à ta famille.
Lui: Ok. Je suis venu te dire que j’ai décidé de quitter la loge, mais cette
fois je l’ai dit ouvertement lors de l’assemblée et ils m’ont dit ce que je
devais faire si je voulais y remédier.
Moi: Tant mieux pour toi, j’espère qu’ils ne t’ont pas demandé mes
enfants ou ma tête.
Lui: Si ! Ils m’ont demandé mes jumeaux mais étant donné que je ne peux
faire ce sacrifice, j’ai décidé de m’enfuir et d’aller me faire soigner au
Nigeria. Le remaniement ministériel a lieu cette semaine et je sais que je ne
serai jamais reconduit. Alors, je suis venu te dire au revoir et aussi de faire
attention aux petits.
Moi: …………………….
Moi: Rémi je n’ai rien à te dire. Si tu veux te faire soigner, vas-y mais
entre toi et moi c’est de l’histoire ancienne.
Moi: ………
Moi: Seul l'amour ne suffit pas pour être heureux Dwinn. Demande à ton
épouse de me laisser tranquille, ma famille et moi. Voilà ce que tu peux faire
pour moi.
Moi: …………
Il m’embrasse.
Il me fait une bise sur le front. Au fond de moi, je ne veux pas qu’il me
lâche; je veux qu’il me serre aussi fort qu’il le peut.
Lui: Je t’ai fait un virement dans ton compte pour les enfants. Prends soin
de vous Yolande !
Je t’aime et je veux t’épouser.
Moi: Oui je vais bien, ne t’inquiète pas. C’est juste le stress du boulot et
la situation à la maison qui me hantent.
Lui: Ok.
Il laisse son téléphone portable et son sac. Celui-ci ne tarde pas à sonner,
c’est une notification de message. Sans le vouloir, je le lis quand-même.
Lui: Je disais tantôt que je veux vraiment que l’on se mette ensemble.
Yolande j'en ai marre de tourner en rond, je veux te rendre heureuse.
Lui: ………………….
Chapitre XXVI: Un jour peut-être
Moi: Tu es sûr de toi Jeff ? J’ai deux enfants qui ne sont pas de toi mais
d’un autre homme, et tu préfères tourner le dos au tien pour moi ?
Lui: Cette information est à vérifier Yolande. Je la connais, elle est prête à
tout pour se mettre avec moi et je parie que c’est encore un coup monté de
sa maman. Ces deux femmes sont de vraies diablesses.
Moi: Promis ? Tu vas attendre le temps qu’il faudra pour que je t’ouvre
mon cœur ? Tu ne vas pas me stresser ou me brusquer ou faire quoi que ce
soit ?
Lui: Non, Yolande.
Lui: Tu es sérieuse là ?
Moi: Ok.
Nous finissons donc la causette. J’ai dit oui à Jeff parce que j’ai vraiment
besoin de me défaire de Rémi. J’avoue que j’ai essayé de l’oublier avec
Patrice, mais ça n’a pas marché. Cette fois, il n’est pas ici donc je peux me
lâcher à nouveau en espérant le sortir une fois pour toute de ma tête et de
mon cœur.
Une fois dans l’appartement après m’être occupée de mes bouts de choux,
je leur demande à tous les trois de prendre place au salon.
Moi: Maman, papa et Soraya, s’il vous plaît que chacun prenne place. La
situation dans cette maison n’est plus vivable et étant propriétaire des lieux,
le devoir me revient d’harmoniser les choses car, je sous-entends que si nous
devons continuer à partager le même toit, on doit pouvoir s’accommoder les
uns aux autres. Nous ne sommes pas des animaux mais des êtres humains.
Maman quant à elle, se fait très discrète depuis qu’elle est revenue;
surtout que les bergers nous ont annoncé qu’elle a sept démons en elle. Je
décide donc de prendre la parole à nouveau.
Moi: Soraya s’il te plait, sois moins crue dans tes propos. Tu t’adresses
quand-même à celle qui t’a donné la vie, un peu de clémence à son égard
ma sœur.
Soraya: Tu veux plutôt dire celle qui m’a volé ma vie pour demeurer
jeune fille ? Pfff ! Je ne veux plus continuer cette assise qui n’a pas lieu
d’être.
Elle se lève pour aller dans la chambre, mais papa la rappelle en haussant
le ton.
Maman: C’est une bonne chose que tu sois enceinte, je vais essayer de
voir avec mère Akina et savoir ce qu’il y a lieu de faire. Je pense que nous
n’aurons plus besoin de toutes les autres choses qu’elle a demandées.
Moi: Maman s’il te plait, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
Elle: Mets-toi bien dans ta tête que si tu sors d’ici, tu ne remettras plus
jamais tes pieds dans cette maison, Leila. Il n’y aura pas de chemin retour.
Moi: Je m’en fous ! J’en ai marre d’être ton pion pour faire du mal aux
gens, je ne veux plus être de mèche avec toi.
Elle: Ok. J’espère pour toi que tu pourras en supporter les conséquences.
Quelques temps après, le taxi me laisse chez les Jeff; il est presque seize
heures à ma montre et madame Ekobena doit être là.
Le gardien me laisse entrer, j’étais en pleurs, tout en traînant ma valise.
Elle empoigne ma valise, me prend par la main puis, nous entrons dans la
maison. Pendant que je m’installe, elle ordonne que l’on me serve un verre
d’eau fraiche.
Elle: Je t’écoute.
J’ai donc commencé au tout début, j’ai raconté tout de A à Z, et vers la fin
de mon propos je lui ai dit que j’avais un retard; que je suis allée à l’hôpital
en matinée et c’était bien confirmé. J’attendais un bébé.
Elle s’est levée de son siège, je me disais qu’elle allait me gifler ou me
malmener d’une quelconque manière, mais elle m’a prise dans ses bras.
Elle: Chuut ! Viens là mon enfant ! Tout ce qui a été tenté et dit n’est pas
de ta faute, tu étais juste manipulée par ta maman. Au fond, tu es quelqu’un
de bien. Tu t’installeras ici jusqu'à ce que l’enfant naisse.
Elle: Tu auras ta chambre à toi, laisse Jeff. Il lui faut du temps pour
accepter les choses. Ok ?
Je suis donc allée défaire ma valise dans mon nouveau logement. J’étais
un peu soulagée d’avoir enfin dit toute la vérité à la mère de Jeff. Je me
sentais vidée et j’étais prête pour un nouveau départ.
Les semaines qui ont suivi ont été moins stressantes, j’avais rencontré
mon père et lui avais dit la vérité. Ainsi il a demandé à maman de rentrer au
Maroc; elle a promis d’anéantir mon bébé et moi. Ce sera une vengeance
terrible tel avait été ses propos. Jeff ne me parlait pas et passait ses journées
entières avec Yolande. Il ne revenait le soir que pour dormir et était très en
colère contre sa mère car pour lui, elle n’avait pas le droit de décider de
m’héberger chez eux sans sa permission. Sa mère et moi étions devenues
proches et j’étais aux petits soins. Elle avait refait ma garde-robe et achetait
progressivement les vêtements du bébé, avant même d’avoir su de quel sexe
sera celui-ci. Je me sentais vraiment bien avec ce poids en moins de mon
cœur. J’avais trouvé une nouvelle famille et j’en étais divinement heureuse.
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Ophelie : Mamamamama !
Marc: Dadadadada !
Ophélie monte sur moi comme d’habitude, pendant que Marc monte sur
Jeff et tous les quatre nous nous faisons des câlins avant de descendre pour
le petit-déjeuner.
Moi: Je sais.
Jefferson et moi étions devenus très proches, il y a six mois nous nous
sommes installés dans un appartement de trois chambres au quartier Cité
Verte. Leila avait accouché d’une fille: Divine Ekobena qui vit avec la mère
de Jeff. Il va la voir tous les week-ends et certains soirs de la semaine, elle
n’a que quatre mois. Finalement, Leila est rentrée au Maroc après
l’accouchement car elle n’a pas pu supporter le fait que Jeff ait décidé
d’aménager avec moi. Au début, sa mère était réticente, mais elle a fini par
accepter la décision de son fils; celle de se mettre avec moi. Entre elle et
moi ce n’est pas le grand amour, mais c’est une femme respectueuse qui ne
veut que le bonheur de son fils.
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Soraya et ses filles sont restées dans mon ancien appartement. Je lui ai
donné la moitié de l’argent que Rémi avait déposé dans mon compte. Il faut
qu’elle se reconstruise petit à petit. Elle n’a toujours pas pu pardonner à
maman et les deux ne se toujours parlent pas.
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Audrey était revenue de Paris et avait repris ses activités au cabinet. Elle
avait mis une croix définitive sur Jason, bien que ce fût très dur pour elle.
Nous nous sommes expliquées toutes les trois et nous avons décidé de
recommencer sur de nouvelles bases: Plus de mensonges entre nous.
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Mélanie ? Ça fait six mois que je n’ai pas entendu parler d’elle et nos
chemins ne se sont plus croisés depuis; c'est à croire qu’elle n’est pas dans
la ville.
Quant à Rémi, depuis le fameux jour où il m’avait embrassée, je n’ai plus
jamais eu de ses nouvelles; il n’a plus jamais appelé. Je sais juste qu’il n’est
plus ministre car le dernier remaniement ministériel ne l'avait pas épargné.
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Entre Jeff et moi ce n’est pas l’amour fou, mais nous avions fait du
chemin jusqu’ici. Seulement, je n’arrive pas à passer le cap des baisers avec
lui. J’avoue que j’ai un triste souvenir de ce qui s’est passé l’année dernière.
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****LE SOIR****
Ce soir, je mets une robe noire sans bretelles avec des sandales Jessica
Simpson; un maquillage léger et je prends une petite sacoche à main. Jeff
klaxonne en bas de l’immeuble, je fais un coucou aux enfants et je descends.
Lui: Non, j’ai réservé pour vingt heures et je ne veux pas qu’on arrive en
retard.
Moi: Ok.
Après avoir dégusté le menu très appétissant, nous avons entamé nos
desserts et enfin, le gâteau.
Moi: Jeff, tu n’aurais pas dû. Je ne m’attendais pas à un gâteau, chéri.
Mon regard reste rivé, mais bizarrement ce n’était pas sur Jeff mais sur
une silhouette de l’autre côté dans la salle. Rémi me dévorait du regard dans
la salle attenante, et tout d’un coup, je reçois un message. Jeff lui, a toujours
son genou au sol et attend ma réponse mais moi je m’empresse de lire le
message.
«Poupée, je suis arrivé cet après-midi et j’ai eu faim; alors je suis venu
dîner au Hilton. Je comptais vous voir demain les poussins et toi mais on
dirait que le bon Dieu a guidé mes pas jusqu’au Hilton. Je suis là mon cœur,
tu n’as pas besoin d’épouser quelqu’un que tu n’aimes pas. En passant, tu es
très en beauté ce soir. Maintenant, ouvre ta bouche et dis NON au jeune
homme qui devient ridicule devant toi avec sa bague en main et son genou
au sol. Joyeux anniversaire. Signé, Rémi».
Chapitre XXVII: Deux prétendants, un mari
Il est là devant moi, son genou gauche effleure le sol pendant que sa main
droite tient ce cristal tout rond assez minuscule et très discret, son regard est
suspendu à mes lèvres. Il attend que je lui réponde, ou pour être plus
explicite, il aimerait que je prononce la fameuse syllabe: O-U-I. Mais mes
lèvres s’y opposent; je n’arrive pas à dire OUI à ce jeune homme qui a
toujours tout fait pour moi et qui m’a prouvé jusqu’ici que je pouvais
compter sur lui. Et pourquoi ? Parce qu’il y’a de l’affection entre nous,
mais il y manque de la passion. Lui dire «OUI» serait lui perdre son temps
si précieux et ne pas être honnête envers lui. Après un an de vie commune,
nous n’avons toujours pas franchi le cap des baisers; pourtant il n’a fallu
qu’un simple message de Rémi pour que mon cœur se mette à battre. Non, je
ne peux pas faire ça à Jeff, il mérite le bonheur même si ce n’est pas avec
moi. Alors, je ne vais pas lui dire un simple oui par pitié.
Taxi: Pim !
Le taximan: Ok mami.
Dans le taxi, je pense à Jeff; je suis perdue; je ne sais plus quoi faire. Je
pense que prendre du recul serait la meilleure des choses à faire.
Certes, je n’aurais jamais dû accepter d’aménager avec lui mais j’ai voulu
essayer. J’ai cru en notre histoire, je pensais pouvoir l’aimer, j’aurais voulu
qu’il soit celui dont je suis amoureuse. Jeff c’est quelqu’un de merveilleux
qui mérite d’être heureux avec la femme qu’il aime. Alors, j’ai voulu lui
donner cette chance. La volonté y est, mais le cœur n’y est pas et le corps se
refuse. Hélas ! Rémi et moi avions été touchés par la flèche de Cupidon, il
est celui qui trouble mon sommeil. Lorsque je pense à lui, mes douleurs sont
miraculeusement soulagées; il me fait tout oublier et a cette manie de faire
rejaillir ma jalousie. Ce qui n’est pas le cas avec Jeff. Quand je pense à
Rémi, je suis facilement distraite; j’ai du mal à me concentrer sur autre
chose. Avec lui je parle plus fort; oui l’expérience a montré que lorsqu’une
femme parle à un homme qui lui plaît ou dont elle en est amoureuse, elle le
fait en haussant le ton.
Papa: Qui y a-t-il encore Yolande ? Ta vie n’est jamais de tout repos.
Paf ! Paf !
Papa: Je n’ai jamais été violent envers toi, mais là tu l’as bien mérité. Tu
dis avoir fait quoi déjà ?
Je tiens encore ma joue qui picote. C’est la première fois que je vois papa
aussi remonté contre moi, d’habitude ce traitement est réservé à Soraya.
Papa: Je sais encore m’occuper des enfants. Tu penses que qui s’occupait
de vous lorsque votre mère vous abandonnait dans la maison pour aller faire
son commérage dans tout le village ? Je vous ai préservées de beaucoup de
choses.
Je suis allée me coucher. Vers cinq heures du matin, papa m’a sortie du lit
et j’ai pris la route sans rechigner. Je n’ai même pas eu le temps de mettre
quelque chose sous la dent.
Elle: Oui mais, lorsqu’il ne vous a pas trouvé ni les enfants, il est ressorti.
Elle: Mais quoi ? Tu as voulu répondre mais tu n’as pas pu, c’est ça ?
Elle: Écoute ma fille, je ne suis pas venue ici pour te bassiner ou te faire
la morale, encore moins pour te supplier d’accepter mon fils, parce qu’il
n’est pas un laissé-pour-compte. Je suis là pour qu’on puisse parler
franchement comme deux femmes matures.
Moi: Ok maman.
Elle: Je n’ai pas pour habitude de rendre visite aux gens dans leur lieu de
travail mais pour mon fils, je ferais toujours une exception. Alors, je vais
aller droit au but et je serai brève.
Elle: Tu vas rentrer chez toi tranquillement et faire l’une de ces deux
choses: T’excuser pour ta grosse balourdise d’hier, ensuite accepter la bague
de mon fils; lui concocter minutieusement son plat préféré ce soir puis,
après un dîner aux chandelles en tête à tête au cours duquel vous vous serez
expliqués, vous allez vous couler un bon bain chaud et vous ferez l’amour,
comme un vrai couple qui célèbre ses fiançailles. Après cela, nous allons
commencer à préparer le mariage, pendant que tu t’attelleras à apprécier ses
qualités et à l’aimer comme une femme digne et réaliste.
Elle se lève, vient se tenir devant moi, s’abaisse jusqu’à mon niveau et me
susurre dans le creux de l’oreille.
Sur ces mots, elle sort de mon bureau sans me laisser riposter. Je reste
encore assise là avec une impression de rêvasser, mais ce n’est pas le cas,
cette conversation était bien réelle.
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Moi: Allô !
Moi: Courage ma chérie, ça va aller. J’ai appris la triste nouvelle par Timy
qui m’a par ailleurs dit qu’il t’a conduite aux urgences. Ne te laisse pas
abattre Ange ! Je sais que tu traverses une mauvaise période mais sache que
tu n’es pas seule. Ce n’est donc pas une raison pour vouloir t’ôter la vie.
J’aime bien cette petite, malgré le fait qu’elle est un peu têtue elle garde la
tête sur les épaules. Si seulement Soraya pouvait suivre son exemple.
Papa et madame Ekobena ont peut-être raison qu’il faut laisser la raison
parler et oublier le cœur. Si je me laisse aller, je pourrais tirer un trait sur
mon histoire avec Rémi; alors pourquoi ne pas tenter le coup et voir ce qui
en découlera ?
Ce soir je préparerai une salade de lentilles, un rôti de porc avec des
plantains mûrs; comme dessert, je prévois une tarte au citron.
Moi: Angeline, puisque les enfants ne sont pas là, tu peux prendre un
congé. Rentre te reposer, tu reviendras la semaine prochaine.
Moi: De rien.
Mélanie: Tu penses que tes petits talismans qu’on t’a donnés au Nigeria là
vont aussi protéger tes enfants ?
Mélanie: J’ai laissé ta petite coqueluche se reposer pendant six mois; pour
mieux sauter il faut bien reculer. Je vais vous combattre tous les deux. Mes
enfants ne me parlent plus, elle t’a incité à quitter la loge et détruit toute ma
famille.
Rémi: Mets-toi dans la tête que j’épouserai Yolande. J’ai déjà mis mon
plan sur pieds et je t’enverrai les photos.
Mélanie: Au revoir !
J’ai perdu tous mes pouvoirs dans la loge, vu que je n’ai plus de fusion.
Tout ceci parce que monsieur est allé faire son maraboutisme au Nigeria,
même le sang de ma fille le serpent n’arrive plus à sucer. Je suis coincée là.
Nous avons usé de toutes nos forces pour en finir avec Rémi, mais ce
pasteur nigérian est vraiment puissant. Je n’ai qu’une seule option pour
rehausser mon statut dans la loge: Les jumeaux de Yolande.
La journée n’a pas vraiment été de tout repos. Après la nuit agitée d’hier
où je me suis saoulé, j’ai dû aller bosser ce matin avec une gueule de bois.
Je n’ai pas appelé Yolande de la journée, peut-être même qu’elle est rentrée
chez son papa, qui sait ? Elle me fuit comme de la peste. Si au moins elle
savait à quel point je l’aime. Je commence à croire que maman a raison,
j’aurais dû apprendre à aimer Leila. J’ai vraiment été très dur avec elle je ne
lui ai donné aucune chance. Au contraire, je la repoussais et pourtant elle
m’a fait une magnifique petite fille. Divine, comme son nom l’indique, est
juste un ange métissé comme sa maman. Je me rappelle son départ pour le
Maroc, elle n’arrivait même pas à articuler une vraie syllabe à cause des
reniflements dus aux pleurs.
Elle se lève et vient vers moi. Sans me parler, elle prend ma mallette, la
pose sur la table basse du salon et enlève ma veste. Elle me tire par la main
et nous arrivons dans la cuisine. À l’aide d’une éponge imprégnée de savon,
elle me lave puis me rince les mains ensuite, nous nous attablons.
Après une heure d’horloge, je cours me doucher et une fois dans la salle
bain, je trouve un bain moussant avec des pétales de rose et des bougies
allumées tout autour. Et ben dis-donc ! On dirait que mon rêve continue. Je
me déshabille et j’entre dans le bain. À ma grande surprise, quelques
minutes plus tard, Yolande m’y rejoins, toute nue. Elle qui ne s’était plus
jamais déshabillée devant moi depuis le dernier échec.
Yolande: Chuuuuut ! ! !
On s’embrasse dans une vague de caresses. J’ai envie de lui crier «je
t’aime plus que tout au monde». Elle se glisse sur moi et se met à me
couvrir le torse de bisous, pendant que je caresse son dos avec les mousses
de savon et les pétales. Elle introduit mon sexe dans sa bouche tout en étant
sous l’eau et se met à me sucer tout doucement, en caressant par la même
occasion mes testicules. Je commence à gémir et à être très tendu. Je la
bascule dans le bain et je me positionne au-dessus d’elle en la doigtant
instantanément. Je suis étonné qu’elle me laisse faire.
Nous sommes tous les deux pris dans un tourbillon enfiévré, dans son
regard je peux lire son désir de me vouloir en elle. On aurait dit qu’elle
murmurait: «C’est le moment Willis, pénètre moi». Là, je plonge mon
regard dans le sien et je la pénètre avec délicatesse et souplesse. Je me mets
à lui faire l’amour avec passion et désir, et très vite nous atteignons le
paroxysme du plaisir. Je reste en elle en lui faisant des bisous, c’était la
première fois qu’on faisait l’amour après l’humiliation de Limbé. Puis, elle
dit:
Moi: Mais….
L’un des hommes: Taisez-vous ! Mettez vos mains en l’air tout de suite !
Répétait-il en insistant.
Emporté par la beauté éclatante de Yoyo, je n’ai pas fermé la porte à clef
après que j’eusse allumé.
Je veux protéger Yolande et cacher sa nudité, mais l’un des gars me botte
le cul.
Je ne pouvais rien, je tenais juste mon pénis dans mes mains, essayant de
cacher mon intimité à ces malfrats qui ont fait irruption dans notre
appartement. Le deuxième mec pointait son pistolet sur ma tronche. Je
n’avais aucune force, je ne pouvais même pas bouger d’un pas. Ils ont
embarqué mon bébé devant moi.
Chapitre XXVIII: L-O-V-E
Je suis intriguée quand je vois la manière posée avec laquelle ces deux
bandits s’adressent à moi. Le commanditaire ne peut en aucun cas être
Mélanie, car cette dernière agit toujours brutalement. Je prends la bouteille
d’eau et je m’assieds confortablement. Je ne peux rien faire, alors je préfère
attendre pour connaître qui se cache derrière cet enlèvement. Je m’affale
donc et je me laisse entraîner dans les divins bras de Morphée.
Je la reconnais cette voix, il n’y a que lui qui m’appelle de cette façon:
Princesse, poupée, c’était bien la voix de Rémi.
Je suis dans une chambre, couchée sur un immense lit. À vue d’œil, il
pourrait contenir quatre personnes; les draps sont blancs et parfumés.
Je sors peu à peu de mon sommeil, je ne sais pas où je suis. Rémi vient
vers moi tenant dans ses bras un grand plateau contenant deux tranches de
pain, un verre de lait froid, un croissant au chocolat, un verre de jus
d’orange, une salade de fruit… Hmm ! Appétissant.
Moi: J’ai besoin d’un téléphone portable, monsieur. J’ai un travail, une
famille et un amoureux, je ne sais même pas où je me trouve. Honnêtement,
tu devrais avoir honte de te comporter de la sorte, me faire carrément
enlever ?
Lui: Finis de prendre ton petit-déjeuner, on s’expliquera plus tard.
Ça c’est Rémi, peu importe ce que tu dis et penses, tu dois toujours faire
comme il veut.
Pendant que je casse ma croûte, Rémi vient s’asseoir tout prêt et se met à
me lorgner.
Lui: De ?
Lui: Comment ?
Lui: Finis ton repas ma poupée et prends une douche, ensuite enfile
quelque chose de plus jolie.
C’était une dame pas très jeune, je lui donnerais cinquante ans.
Moi: Bonjour.
Elle: Oui, c’est moi qui m’occupe de la maison quand il n’y a personne.
Elle: Oui, si vous voulez je peux vous faire visiter les lieux. Cette maison
est neuve, on vient juste de finir les constructions.
J’ouvre un autre placard et je tombe sur les parfums, tous mes préférés: le
«j’adore» de Dior, le Shalimar de Guerlain; le Flower by Kenzo; Angel de
Thierry Mugler; le Miss Dior.
La maison est immense avec une gigantesque terrasse qui donne sur
l’océan. Rémi sirote du thé assis au balcon.
Lui: Tu as aimé ?
Lui: Cette maison est à toi, Yolande. Je l’ai faite construire spécialement
pour toi, je veux t’offrir la vie que tu as toujours voulue. Même si je meurs,
je voudrais que les jumeaux et toi soyez heureux.
Moi: Mais Rémi, c’est trop tout ça. Ta femme ne me laissera jamais
tranquille, tu le sais ça.
Lui: Ne pleure pas princesse. Je t’ai pris cinq années de ta vie, tu m’as
supporté malgré les conditions dans lesquelles je vivais, malgré mon lourd
passé. Tu as toujours été là pour moi, tu m’as aidé à aller de l’avant. Tu
m’as apporté ton soutien au moment où j’en avais le plus besoin; alors, c’est
à mon tour de te le rendre. Tu mérites même plus mon bébé, je veux qu’on
se marie, Yolande.
Cette phrase a fait vibrer mon cœur. Je revois la mère de Jeff dans mon
bureau et repense à tout ce qu’elle m’avait dit. Je repense à la soirée que je
venais de passer avec Jeff et aujourd’hui, Rémi était là devant moi me
demandant de l’épouser.
Moi: J’ai besoin de temps pour réfléchir à tout ça, Rémi. C’est un peu
trop pour moi, je ne sais pas si je dois te faire confiance. Ton passé te
rattrape toujours et ton ex-femme ne me laissera jamais tranquille. Elle est
toujours à nos trousses ma famille et moi.
Moi: Ils vont bien, ils sont chez papa. J’ai besoin d’appeler et je ne suis
pas contente de toi. Tu aurais dû venir me voir au bureau. Je vis en couple
avec quelqu’un, Dwinn.
Lui: Mais je t’ai laissé suffisamment de moyens pour le faire. Tu sais que
je ne suis pas un irresponsable, et ta place est auprès de moi et non près de
lui. Je t’ai demandé de m’attendre, pourquoi tu ne l’as pas fait ?
Lui: Là tu pouvais te mettre avec quelqu’un d’autre, mais je t’ai dit que je
revenais. De plus, une maison ne se construit pas en un an; ce projet date de
presque trois ans. J’avais tout planifié, je t’ai toujours dit que je ne fais pas
les choses dans la précipitation. Ce n’est pas pour rien que j’ai été ministre
dans le gouvernement de ce pays. Je prends le temps d’analyser le problème
et d’établir un plan pour le solutionner. Je rentre et madame est en couple,
on lui fait même des demandes en mariage.
Moi: J’ai besoin d’un téléphone, je dois appeler mon bureau, papa et Jeff.
Moi: ………..
Moi: ……..
Il m’embrasse.
Moi: Ré….
Il me dépose sur les marches, enlève ma robe, déchire mon string, jette
mes chaussures et tire ma greffe de sa main gauche.
Lui: Qui est le meilleur hein ? Tu aimes ton gros et long diamant noir
n’est-ce pas ?
Moi: Ok.
Lui: Yolande.
Moi: ………
Moi: Hum !
Je suis inquiet pour Yolande, je ne suis pas allé bosser ce matin. Cette
situation me met hors de moi et je ne veux pas mêler maman à ce problème.
Mais si je n’ai aucun retour ou aucun coup de fil, je lui en parlerai ce soir.
Qui peut bien être l’instigateur de cet enlèvement ? Son ex n’est pas dans le
pays; on n’a pas entendu parler de l’ex femme de ce dernier depuis six
mois. C’est bizarre tout ça !
J’arrive plutôt que d’habitude pour attendre son papa à la maison. Les
hommes de la police me disent qu’ils feront des annonces et qu’ils ont
ouvert une enquête. Je souhaite être tenu au courant du moindre fait.
Audrey: Alors ?
Moi: Rien pour l’instant, la police a ouvert une enquête.
Soraya: Oui, ça c’est du Rémi tout craché. Ça ne peut pas être Mélanie,
cette vieille folle aime la brutalité.
Renchérit Soraya qui semble s’y connaitre car, elle fut victime d’une
agression menée par cette dernière.
Moi: Non.
Soraya: Désolée, on ne savait pas.
Moi: Ça va.
Rémi est de nouveau là et madame le sait. Elle le dit à ses copines mais
pas à moi qui partage sa vie depuis bientôt un an, alors que nous dormons
sur le même lit. Je viens toujours en dernière position dans sa vie celle-là.
Vers quinze heures, les filles me laissent après m’avoir fait quelque chose
à manger et son papa débarque avec les enfants.
Heuh non. Là c’est de trop ! Même son père est au courant, mais pas
moi ?
Lui: Tu penses que c’est lui ?
Moi: Proba…
Elle: ……
Moi: Et ?
Elle: Et rien Jeff, j’ai besoin d’un peu de recul pour réfléchir à tout ça.
Tout est mélangé dans ma tête entre toi qui me fais ta demande, ta mère qui
me menace de t’épouser ou te quitter, Rémi qui réapparaît… Je ne sais plus
où donner de la tête.
Moi: C’est pour ça que tu m’as sorti tes talents de séductrices hier ?
Moi: Quand Yolande ? Sais-tu que je ne suis pas allé bosser ce matin ? Je
me faisais du souci pour toi pendant que tu te marrais avec ton monstre.
Elle: Mais mon téléphone Jeff, mon téléphone était resté ici, voyons.
Chapitre XXIX: Une pause s’impose
Jeff sort tenant sa petite valise et claque la porte derrière lui. Je ne lui en
veux pas du tout, il a raison de se mettre en colère contre moi.
J’avais même oublié que je l’avais trouvé là au salon avec Jeff quand je
suis arrivée.
Moi: Quoi ? Le rattraper et le supplier ? Pour lui faire plus de mal c’est
ça ?
Lui: S’il le faut oui ! Si c’est lui la personne qui devrait souffrir dans le
couple et ben, tant mieux. Mais tu ne trouveras jamais un autre homme qui
t’aimera comme ce petit, crois-moi sur parole.
Lui: Alors pourquoi as-tu accepté de prendre le risque de vivre avec lui
sous le même toit, pendant une année entière ? Tu pouvais essayer pour six
mois et le lui dire non ? Tu penses ne pas l’aimer ?
Moi: J’ai cru que plus de six mois avec lui suffiraient. Avec toute cette
affection, je me suis dit que je tomberai amoureuse de lui. Mais il suffit
d’une simple causerie avec Rémi pour que tout s’envole.
Moi: Je n’en sais rien papa, c’est pourquoi j’ai besoin d’une pause. Partir
loin de toutes ces personnes, au moins pour quelques temps avec les enfants,
et je pourrais revenir plus tard après avoir évacué tout ce stress.
Lui: Fuir, fuir, fuir comme d’habitude, ma petite fille. L’escampette a
toujours été ton fort. Tu n’es qu’une grosse dégonflée. Tu fais du sauve-qui-
peut. Assume tes actes comme une vraie femme.
Moi: J’ai un taff et une fille, donc tu vois que les choses se sont
compliquées. Je dois penser pour deux maintenant.
Moi: Ouais, tu vois ? Je crois que c’est ça le vrai problème avec moi,
man.
Lui: Explique !
Lui: Non ! Tu n’es pas passif, tu es juste un peu trop bien à mon avis.
Man les «go» adorent les bad boys et toi tu t’es toujours comporté en prince
charmant, le mec trop sentimental, ha ha ha ha ha. Sinon, c’est qui la meuf ?
Moi: Je ne suis pas en couple avec la mère de mon enfant, mais plutôt
avec une autre.
Moi: Man, quand je l’ai connue, elle côtoyait un ministre. Ils ont même
eu deux enfants, mais le djo (gar) était marié. Quelques temps après, le
mbom (gar) a divorcé mais parait-il, il était over trempé dans les choses
compliquées et tout. Donc, le man est go se délivrer au Nigeria et la go et
moi sommes installés ensemble. Ce n’était pas le love à fond, mais on
s’entend super bien. J’ai même ask (demander) à la meuf de m’épouser
man, elle a ndem (refusé). Apparemment, le gars est de retour. Voilà un peu
les grandes lignes.
Moi: Gars laisse seulement, si je te dis que j’ai nyass (coucher) le way
une seule fois en un an tu ne vas pas croire.
Lui: Voilà. C’est ça ton problème, Jeff ! Tu es trop passif mon frère, sois
un homme. Bon, on va arranger le blême. Déjà on va en boite ce soir, ok ?
Je décroche.
Je raccroche.
Moi: Bon Karl, je vais voir ma mater. La mère de mon enfant aussi est là,
elle vient d’arriver. Elle a perdu sa maman au Maroc, semble-t-il.
Moi: Mais elle va rentrer direct avec son ministre et je vais la perdre !
Lui: Voilà pourquoi tu souffres man ! Fais-toi violence, tu lui manges trop
dans la main mon frère. Ignore-la un peu.
Moi: Ok. Je reviens Karl, je vais d’abord rester ici pour un bon bout de
temps.
Moi: Bonsoir.
Elle: Elle a fait un accident lors d’un déplacement et elle n’a pas survécu
au choc.
Moi: Non, tu peux rester ici et passer du temps avec Divine. Elle n’a pas
vu sa mère depuis un bout de temps.
Elle: Oh merci. J’ai cru que ça te gênerait.
Je vais à la cuisine et je trouve maman qui fait une quiche pour le dîner. Je
lui fais une bise et je prends place sur un tabouret.
Moi: Pourquoi es-tu allée voir Yolande dans son lieu de travail ? Je t’ai
déjà dit que je peux me défendre tout seul, je n’ai pas besoin que tu me
secondes à chaque fois.
Moi: Oui toi ! Elle a dit que tu l’as menacée en lui demandant soit de
m’épouser, soit de me laisser tomber.
Elle: Je lui ai parlé comme une grande sœur, comme une maman, comme
une femme plus expérimentée qu’elle dans le domaine. Je ne l’ai jamais
menacée, je lui ai donné des solutions à son problème et elle avait le choix.
Comment peut-elle dire des choses pareilles ?
Elle: Tu es vraiment naïf Jeff. Tu ne vois pas que cette fille te manipule ?
Elle a très bien compris ce que j’ai dit, mais elle utilise mes mots contre moi
parce qu’elle n’a rien à dire pour sa défense. Et comme un con, tu tombes
toujours dans ses manœuvres. Pfff ! Apprends un peu à te comporter comme
un vrai homme.
Moi: Eh bien, tu as donc réussi ton plan, parce qu’on a couché ensemble
et le lendemain elle était dans les bras de son vieux python.
Elle: Et quand elle est revenue qu’as-tu fait ? Laisse moi deviner, tu l’as
applaudie et vous avez discuté comme deux amis, n’est-ce pas ?
Elle: Un homme qui aime ne tolère pas des conneries. Il est jaloux; il
s’impose; il lutte pour son amour; il défend sa cause; il protège son amour;
il se fait écouter et entendre.
Elle: Qui t’a demandé de te tuer ? Mon fils vraiment hein. On te demande
de montrer à la femme que c’est toi l’homme et que la décision te revient !
Pfff ! S’il te plait Willis, laisse-moi manger et dis à ta petite coqueluche que
moi, madame Ekobena, quand je décide de menacer quelqu’un, je ne prends
pas la peine d’aller voir la personne. Et si elle me cherche, elle va me
trouver.
Magalie: Tu peux voir que moi-même qui n’aime pas les sorties de nuit,
je me suis faite violence ce soir.
Audrey: Mama dis-nous alors, c’était comment ton kidnapping avec ton
vieux ?
Moi: J’ai «tué le connard» (coucher) avec les deux mecs en vingt quatre
heures.
Moi: …..…
Magalie: Non Yolande, ne me dis pas que les deux ne se sont pas
protégés ?
Soraya: Et tu vas épouser qui cette fois ? Humm, espérons juste que tu ne
tombes pas enceinte. Tu pouvais aussi prendre la pilule du lendemain
donc…
Magalie: Ah regarde comment il te fixe, ça se voit qu’il est mordu par toi
Yoyo. N’écoute pas Audrey, il veut simplement te rendre jalouse.
Audrey: Tu réfléchis trop, Soraya. Allons danser, c’est pour cela que nous
sommes sorties. Yaaaaaaaah !
Chapitre XXX: Et si je l’aimais
Pendant que Karl danse avec elle, je vais vers Yolande qui est assise et
sirote son verre de Baileys. Comme on dit communément «le cœur n’a pas
l’os», je décide donc de ravaler ma fierté et d’aller vers elle.
Moi: Arrête de faire ta belle Yoli et vient danser avec moi. J’aime
beaucoup cette chanson.
Elle: Il faut que tu viennes chercher tes choses parce que je déménage.
Me dit-elle tout bas.
Elle: Ce soir. Je veux prendre un appartement plus petit pour les enfants et
moi.
Moi: Je ne suis pas d’accord. En aménageant dans cet appart c’était d’un
commun accord, ça doit être pareil si on devrait déménager. D’ailleurs si je
m’en tiens aux faits, c’est mon nom qui est écrit sur le contrat de bail.
Moi: Je suis ton petit ami, nous sommes restés dans cet appartement
pendant un an, et tu ne peux pas te lever un soir et m’informer du fait que tu
déménages. Désolé Yolande.
J’ai envie de l’embrasser mais j’hésite car je suis venu avec une autre, et
je respecte la présence de Leila ici ce soir.
Elle: Lâche-moi !
Moi: Mais pourquoi es-tu si désagréable ce soir Yoli ? T’ai-je fait quelque
chose ? Ceci n’est juste qu'une danse, rien de plus.
Très surprise de mon ton, étant donné que je ne lui ai jamais parlé avec
autant de désinvolture, elle me repousse. Je rattrape sa main et elle se met à
m’insulter, ce qui attire l’attention de Leila qui vient vers nous.
Leila: Cet homme avec qui tu danses est le père de ma fille et donc je ne
veux pas d’embrouille ma vieille.
Paff !
Leila: Je t’ai laissée la première fois par respect pour ta grossesse, mais
cette fois-ci tu n’es pas enceinte. Je vais te traiter, grosse connasse ! Tu
appelles qui villageoise ?
Boum !
Crie Leila.
Yolande: Et toi donc ? Quel genre de mère es-tu ? Abandonner ton propre
sang ? Va voir un psychiatre ma petite.
Leila: Cet homme est le père de mon enfant, tu devrais avoir honte de toi.
Karl: Mince mon pote, deux nanas se tapent dessus pour toi ? Y en a qui
ont de la chance.
Moi: La ferme !
Magalie: J’ai bien dit que je ne voulais pas sortir, voilà les conséquences.
Moi: Laissez-moi tranquille s’il vous plait, j’étais couchée chez moi et
vous êtes venues avec votre idée de boite de nuit.
Soraya: Moi j’ai quand même une question à te poser hein, Yolande. Tu
dis que tu n’aimes pas Jeff; que tu ne veux pas de lui; que tu as essayé de
tomber amoureuse mais tu n’as pas pu, alors pourquoi te battre avec une
autre femme pour lui ? Si tu ne veux pas de lui, laisse-le tranquille. Qu’est-
ce qui ne va pas ?
Magalie: Ah oui hein, Yolande. Tu n’as qu’à nous dire ce qui ne va pas,
parce que je n’ai rien compris de tout ce qui s’est passé tout à l’heure.
Audrey: C’est vrai. On t’a laissée assise et quelques minutes plus tard, tu
étais déjà dans les bras de Jeff. Puis, s’en est suivit la bagarre. Nous sommes
perdues Yolande.
Moi: S’il vous plait déposez-moi chez moi, c’est tout ce dont j’ai besoin
pour le moment. Vos insinuations et autres commentaires m’importent peu.
Nancy: Ekiéééé la grande ! Avec les nouvelles qui courent dehors que tu
sors avec un gros poisson, tu me donnes seulement dix mille ? Je
m’attendais au moins à vingt-cinq mille.
Moi: Je sors avec un gros poisson et non un banquier. Bonne nuit Nancy.
À peine ai-je posé la tête sur l’oreiller que mon téléphone se met à sonner.
Je jette un coup d’œil sur l’écran et je me rends compte que c’est Jeff au
bout de la ligne, mais je ne décroche pas. Le téléphone continue de sonner,
et puisque je ne réponds pas, il se met à m’envoyer des messages. Comme si
cela ne suffisait pas, j’entends quelqu’un cogner violemment à la porte en
criant: Ouvre cette porte ! Ouvre cette porte Yolande ! Par peur de réveiller
les jumeaux, je me lève et j’ouvre la porte.
Moi: ………….
Moi: Je veux une pause, Jeff. J’ai besoin de temps pour voir plus clair.
Toute cette histoire me soumet à une forte pression, je veux qu’on me laisse
tranquille. J’ai besoin d’un moment de répit.
Lui: Dis plutôt que tu veux te remettre avec ton vieux sectaire.
Lui: Moi non Yolande ! Je t’ai donné assez de temps. À chaque fois, tu
me sors le même refrain. Je t’ai donné un an pour m’ouvrir ton cœur; je t’ai
donné l’espace dont tu avais besoin, je t’ai laissé faire ce que tu voulais. J’ai
toujours marché comme tu l’entendais, mais là, je n’en peux plus de tes
fausses excuses. C’est fini Yolande ! Si tu ne sais pas ce que tu veux, je vais
te rendre la vie facile. Tu n’auras plus besoin de temps pour y voir clair. Il
n'y aura plus de choix à faire parce que j’abandonne. J’en ai marre de lutter
pour quelque chose qui ne m’appartient pas.
Moi: Écoute Jeff. J’ai essayé comme j’ai pu, mais il ne t’est jamais venu à
l’idée que j’avais peut-être besoin de plus de temps ? Tu penses qu’un an
c’est suffisant pour épouser quelqu’un ?
Lui: Je pense que quand on veut on peut, ou du moins on essaye, mais toi
tu n’as jamais essayé.
Lui: Cette discussion ne va nous mener nulle part. Je viendrai porter mes
effets dans quelques jours et j’irai les déposer chez maman.
Lui: Je ne pense pas que ce soit ton problème, il fallait y penser quand tu
as pris la décision de déménager. Et pendant qu’on y est, qui suis-je pour te
dicter la conduite à tenir ? T’ais-je un jour offert une maison ? Un enfant ?
Qu’ai-je fait pour toi, Yolande ? Rien !
Moi: Non Jeff ! Ne le prends pas aussi mal s’il te plait, j’ai vraiment
besoin de temps.
===================================
Le week-end s’est très vite écoulé, j’ai commencé à emballer mes effets.
Certains iront dans ma villa à Mbalmayo et je garderai le reste. Jeff a
envoyé deux personnes récupérer ses effets dimanche, il ne veut même plus
me voir mais je ne lui en veux pas. En ce lundi matin, je mets une robe
droite et des ballerines, je ne suis vraiment pas d’humeur à m’habiller chic.
Mon téléphone n’a pas arrêté de sonner pendant le week-end: Papa, les
filles, c’est tout le monde qui me «passe un savon». Tout le monde me traite
d’égoïste.
****Au bureau****
Moi: Ok.
Rémi entre dans mon bureau, me fait deux bises appuyées sur les deux
joues et prend place face à moi
Lui: Bah je viens prendre les nouvelles de ma future épouse ainsi que
celles de mes enfants
Lui: Non je voulais te voir; ta voix n’aurait pas été suffisante. Sinon
comment vas-tu ?
Lui: Je ne vais pas bien, j’ai besoin de ma petite famille auprès de moi
Yolande.
Moi: Je ne suis pas prête pour une vie de couple, je t’ai dit de me donner
du temps
Lui: Oui oui j’ai compris mais que dirais-tu d’un petit week-end avec les
enfants ? Toi, moi et nos deux amours; tous les quatre comme une vraie
famille ?
Moi: Je verrai.
Aujourd’hui c’est samedi, nous sommes en pleine cuisine dans notre villa
de Kribi, pendant que les enfants jouent avec la nounou à la plage.
Deux heures plus tard, je retrouve enfin mes esprits. Rémi me tient la
main et le médecin entre dans la chambre tenant un carnet.
Le médecin: Bonjour.
Moi: Et ?
Moi: Mais ce n’est pas possible, j’ai eu mes règles le mois dernier.
Chapitre XXXI: Décision
Moi: Maman, je suis fatigué de faire ce que je veux ou ce que mon cœur
désire. Je crois qu’il est temps de faire ce qui est bon pour moi.
Elle: Et tu penses que ce serait une bonne chose pour toi de demander
Leila en mariage ?
Elle: Tu as voulu essayer une fois, regarde là où ça t’a mené. Vous aurez
un enfant qui ne grandira pas en présence de ses deux parents. Jefferson s’il
te plaît, tu es jeune et intelligent, tu mérites mieux. Sors et pense à autre
chose s’il te plaît mon fils. Va même en Europe pour un an si tu veux, mais
laisse ces deux filles.
Je n’en sais rien, je suis confus. Mon cœur est brisé depuis la totale
séparation avec Yolande. Je n’arrête pas de penser à elle, je sais qu’au fond
de moi je l’aime toujours. Avec Leila, tout se passe bien, nous sommes
revenus des funérailles de sa maman et elle vit chez nous. Moi je cohabiterai
avec mon pote Karl jusqu'à ce que je trouve une certaine stabilité morale.
J’ai cherché mille et une raisons dans ma tête pour essayer de comprendre
en vain pourquoi elle a choisi Rémi et pas moi, mais je n’arrive pas à cerner
quoique ce soit dans cette affaire. Pourquoi m’avoir laissé croire qu’on
pouvait être ensemble ? De toute façon, c’est de ma faute, j'aurais dû écouter
ma mère au tout début de cette histoire. Mais que peut-on faire d’un cœur
amoureux ? Yolande est juste ma faiblesse.
Après les funérailles de maman, je suis revenue avec Jeff pour essayer de
faire le point et tirer au clair notre situation. Pour l’instant, je resterai chez
Jeff, mais une fois que tout ce stress finira je compte m’installer
définitivement ici avec ma fille Divine. J’en ai discuté avec madame
Ekobena et elle ne trouve aucun inconvénient à ce que je prenne ma fille
avec moi. Je suis présentement dans le domicile de mes parents pour libérer
la maison et envoyer les affaires de maman au Maroc. Après je m’arrêterai
chez Karl pour voir Jeff et discuter un peu avant de rentrer bercer ma
poupée. Je sais que Jeff et moi n’avions pas désiré Divine, mais je suis
heureuse de l’avoir dans ma vie. Elle est une vraie perle rare dont Dieu m’a
fait grâce. Je ne lui dirai jamais assez merci.
Vers quinze heures, après avoir fermé les cartons, je prends un taxi pour
l’appartement de Karl. J’arrive et je le trouve en train de cuisiner.
Lui: Non mais il ne va pas tarder à rentrer, entre donc. Je t’offre quelque
chose à boire ?
Moi: Je dois t’avouer que je ne sais pas cuisiner et c’est honteux pour une
femme comme moi.
Cinq minutes plus tard, il retire son sexe de mon vagin et ferme sa
braguette.
Lui: Si tu t’avises à répéter ce qui s’est passé ici cet après midi, tu sauras
qui je suis. Je te pourrirai l’existence.
Je reste couchée sur le lit, le regard rivé vers le plafond. Je pleure. Qui
m’a envoyée ici ? J’aurais dû rentrer à l’instant où il m’a dit que Jeff n’était
pas là.
Je mets la couverture sur moi pour qu’il ne voye pas ma jupe déchirée sur
le côté.
Jeff: Qu’est-ce qui ne va pas Leila ? Tu sais que tu peux tout me dire.
Moi: Ça va Jeff. Je suis juste triste que tu ne veuilles vraiment pas de moi
dans ta vie, alors que j’avais déjà l’idée d’une famille parfaite dans ma tête;
toi, moi et Divine.
Jeff: Mais non Leila, tu sais que toute cette histoire est compliquée, mais
tu n’as pas besoin de pleurer ok ? Les choses vont se faire d’elles-mêmes.
Allez, lève-toi et viens manger; Karl nous a fait une bonne sauce aux
aubergines.
Rien qu’à entendre son nom, mes larmes se sont remises à couler toutes
seules.
Il se lève, enlève son blouson et met un t-shirt; ensuite il retire son jeans
pour mettre une culotte et une boite tombe de sa poche. Je ne peux
m’empêcher de jeter un regard vague et désintéressé pour voir ce que c’est.
Moi: Mais la boîte c’est bien une bague non ? Je savais que tu prendrais la
bonne décision: Celle de me demander en mariage.
Jeff: Leila je …
Moi: Ne dis rien s’il te plaît, ne dis rien. On va enfin se marier. Oh merci
mon Dieu !
Moi: Non. Ce n’est pas ça, je suis heureuse de pouvoir donner la vie à
nouveau.
Moi: Je ne peux pas donner mon enfant tant que je suis en vie.
Rémi: Je ne me querelle pas avec les femmes, je ne discute non plus avec
elles. Tu m’entends ? C’est moi le maître dans cette maison et c’est aussi
moi qui donne les ordres ici, et quand je prends une décision personne ne
s’y oppose.
Rémi: Qui t’a mentie, ma chérie ? Avec moi, Xenne Dwinn, la femme n’a
pas le droit d’ouvrir son clapet quand je parle. Tu la fermes !
Remi: Oui. Je l’ai appelé, il faut déjà programmer les choses pour la dot.
Remi: Je t’avais dit que je te laisserai gérer mais il me semble que j’ai
aussi dit que si je me rendais compte que tu ne prenais aucune initiative,
j’allais réagir. Tu t'en souviens ?
Moi: Pfff !
Non mais, il est fou quoi ? Donner mon enfant à Jeff alors que je suis en
vie ? Vraiment il va falloir me tuer pour que cela se fasse.
Je ne suis pas très emballée par cette façon de faire de Rémi, il faut
toujours faire les choses comme il l’entend. Honnêtement je ne suis pas
contente, alors pas du tout.
Papa s’entretient avec lui et tonton Iloka aussi, maman est très heureuse.
Rémi a promis à cette dernière de lui donner tout ce qu’elle avait mentionné
dans sa liste.
Moi: Je sais tata, c’est juste que je n’étais pas au courant de cette réunion.
Rémi en a décidé sans m’en parler.
Elle: Tu sais ma fille, par moment il faut souvent savoir se faire petite et
laisser l’homme nous diriger.
Moi: Ok maman.
Lui: Mais, c’est une bonne chose. Tu vas bientôt te marier avec le père de
tes enfants. Vous allez enfin former une grande famille.
Avait demandé Rémi, qui nous avait surpris. On ne l’avait pas entendu
entrer.
Moi: Rien.
Papa: OK Rémi.
Papa nous laisse à la cuisine et Rémi prend Ophélie dans ses bras et me
fait une bise sur le front.
Moi: Je n’ai pas sommeil et je ne t’ai pas dit que donner à manger à mes
gosses me causait un problème.
Lui: Allô
Moi: ……..
Lui: Allô
Moi: ……..
Lui: Qu’est-ce qu’il t’a fait ? A-t-il porté main sur toi ?
Moi: Non.
Lui: Qu’est-ce qui ne va pas alors ?
Insiste-t-il.
Moi : À la maison.
Seigneur ! Je veux m’enfuir d’ici ! Je veux partir d'ici !
Chapitre XXXII: Quand la maîtresse prend la place de l’épouse
Il raccroche.
Qu’est-ce que je peux bien faire ? Bof ! Après tout, c’est Yolande hein.
Une fois que j’aurai volé à son secours, elle me laissera tomber aussitôt que
ce reptile rampera à ses pieds. Il vaut donc mieux que je me contente de la
fausse fiancée qui jubile à l’intérieur là. Hum ! Moi je ne lui ai jamais
demandé de m’épouser; elle s’est demandée toute seule en mariage. Tout
compte fait, peut-être que c’est un signe de Dieu. Après ma conversation
avec maman, j’ai pris la bague que j’avais voulu offrir à Yolande. Je
comptais aller à l’avenue Kennedy demain pour la revendre. Mais en me
changeant, la boite est tombée et Leila s’est précipitée pour la prendre et se
la mettre au doigt, toute seule.
Karl: Juste que je ne la sens pas man ! En plus, je pense que l’autre go est
plus mature qu’elle.
Moi: Et prise aussi. Donc man, laisse-moi me lancer avec Leila. Peut-être
que c’est mon destin.
Moi: Leila, cette bague était destinée à Yolande mais elle a refusé de
m’épouser. Pour être tout à fait honnête avec toi, je voulais la revendre mais
tu as décidé de la porter. Je ne t’ai jamais demandé en mariage moi !
Moi: Tu sais, c’est la même chose que je lui ai dite il y a un an, mais je
n’ai pas pu être patient et les choses ont mal tourné. Je ne veux pas te faire
souffrir Leila. Tu mérites mieux.
Moi: Maman je n’ai rien fait, elle s’est mise la bague elle-même.
Lui: Man tes parents ont un grand duplex et tu peux t’offrir l’appart de tes
rêves. Je ne sais pas pourquoi tu viens m’encombrer ici.
Sans riposter, je porte mes effets et je redescends pour affronter une fois
de plus ma chère mère. Et dire qu’elle venait de me chasser de chez elle
aussi.
Je roule jusqu’au domicile de mes parents et je sors mes effets une fois
arrivé. Les bruits du moteur ont dû réveiller maman qui est sortie et a
maugréé lorsqu’elle s’est rendue compte que c'était moi. Mais je ne veux
plus me prendre la tête avec elle alors, je me contente de sortir juste mes
affaires et les monter dans la dépendance que j’occupe quand je suis à la
maison.
Elle: Et pourquoi ?
Moi: Maman s’il te plaît. J’ai besoin de repos, j’ai eu une soirée
mouvementée.
Moi: Je veux vraiment me marier avec Leila maman, alors je suis partant.
Elle: Ok. Bien dit. Et tu assumes en cas de pépin, il n’y aura pas de
chemin retour.
****Samedi****
Le son des tam-tams résonne dans la grande cour. Papa porte un grand
boubou; les filles et moi avons cousu un même modèle avec un tissu bazin
jaune clair. Je suis quand-même heureuse, mais j’ai l’impression qu’il y a
quelque chose qui cloche. Je ne sais pas quoi, mais je ne me sens pas
comme une future mariée.
J’ai invité les bergers qui ont prié pour nous et pour maman.
Lui: Hum Yolande ! Je peux te parler en privé ?
Antoine: Voilà ! L’ex-femme de ton futur mari a mis des choses dans ton
véhicule et dans ton lieu de travail, et même Rémi n’est pas complètement
délivré.
Moi: Je ne peux pas disparaître pour six semaines. Que vais-je dire à
Rémi ?
Antoine: Il sait que sa femme te persécute mais son esprit est faible pour
te protéger, parce que lui-même n’a plus assez de pouvoir.
Antoine: Éloigne tes enfants de cette maison où vous vivez ou alors viens
au camp avec eux, mais ne t'inquiète pas, ce sont des jumeaux; ils sont forts.
Moi: Mais ce sont aussi ses enfants, je ne peux rien décider sans le
consulter, Antoine.
Les filles se tournent vers moi, étant donné que je ne l’avais encore dit à
personne. Seul mon père était au courant de ma grossesse.
Moi: ……
Audrey: Laisse-nous un peu avec ton histoire de Rémi là. Cet homme ne
pourra pas facilement sortir de son monde occulte. Le berger a bien expliqué
que ça prend du temps et encore, s’il n’est pas suivi, il peut replonger.
Cherche d’abord à te faire délivrer de toute la magie que Mélanie a faite sur
toi.
Je me suis donc mise à lui narrer tout ce que le berger m’avait dit, sans
omettre son cas.
Lui: Écoute Yolande. On se marie dans trois ou six mois, si tu veux aller
au camp pour te délivrer je ne suis pas contre. Ok ? Je t’ai dit que je t’aime
et je veux qu’on soit heureux tous les deux.
Lui: Ok. Il n’y a pas de soucis, mais pourrais-je au moins venir vous
rendre visite ?
Chapitre XXXIII: Quand on est la cause de sa propre chute
Elle: Parce que ton anatomie me montre autre chose. Je suis une mère et
je peux très vite déceler ce genre de choses.
Moi: Non. Je ne suis pas enceinte, maman. Déjà que Jeff et moi avons
décidé de nous préserver jusqu’au mariage.
Cette femme est très perspicace, elle a toujours une longueur d’avance
sur les autres. Où va-t-elle chercher tout ce qu’elle est en train de débiter
là ? Il est hors de question que je recule maintenant, surtout après tout ce
que j’ai sacrifié jusqu’ici.
Akina: Bonjour Leila. J’ai fait ma part de choses, mais toi tu n’as pas
respecté ta part du contrat; alors sache que je ne suis pas contente.
Je ne peux plus reculer, je dois me marier avec Jeff. J’ai fait trop de
sacrifices pour abandonner maintenant. Jusqu’ici tout se passe bien et je
vois déjà le bout du tunnel.
Après mon accouchement, n’étant pas contente du fait que Jeff ait décidé
de s’installer avec Yolande, j’ai trouvé mieux de rentrer retrouver ma
famille à Agadir. Etant donné aussi qu’il n’y avait personne pour gérer les
affaires de papa, je m’y suis attelée pour moins ressentir la solitude. Maman
ne voulant pas partager le même gîte que moi, je me suis donc prise un petit
appartement au centre-ville d’Agadir. Mais je passais de temps en temps à la
maison pour discuter avec mes grands-parents, mon petit frère et aussi pour
faire des rapports à papa quand il était de passage au Maroc.
C’est donc ainsi qu’un jour, pendant que je faisais mes courses pas très
loin de la résidence de mère Akina, le hasard a voulu que nos chemins se
croisent.
Elle: Humm !
Moi: Je ne sais pas, mère Akina. Nous ne nous parlons pas depuis
plusieurs mois.
Elle: Humm !
Soupira-t-elle.
Moi: Pourquoi ?
Elle: Parce que ta maman était chez moi il y a deux semaines et m’a
apporté des effets t’appartenant dans l'intention de t’éliminer.
Elle: Je peux faire que ton sort lui soit infligé. C’est à dire qu’en voulant
te tuer, c’est elle qui mourra.
Elle: C’est rien ça. Tu devras juste faire ce que je te dirai et ils vont se
séparer. Crois-moi, je suis très forte mais il faut juste respecter mes
consignes et me donner mon argent.
J’ai donc pris rendez-vous avec elle et ensemble nous avons élaboré un
plan.
La rupture de Jeff et Yoyo ne m’a pas surprise, les choses se sont passées
exactement comme mère Akina l’avait prédit. Il ne me reste plus qu’à réunir
la somme restante et la lui envoyer; mais c’est un peu compliqué avec
madame Ekobena qui met l’œil partout et veut tout gérer, jusqu’au moindre
petit détail. Il n’y a aucune possibilité de soutirer un rond. Je mise sur un
chantage à Karl pour qu’il me donne des sous pour cette grossesse; sinon je
le dirai à Jeff. Mais d’un autre côté, si je le lui dis maintenant, Jeff pourrait
se mettre en colère contre moi et m’en voudrait de le lui avoir caché. Et
comme je le disais tantôt, je ne veux pas perdre mon homme une deuxième
fois, pas maintenant que je suis devenue la reine de son cœur.
Maman: Pas vraiment Jeff, préparer un mariage est loin d'être une tâche
facile.
Maman: Je ne sais pas, mais j’ai l’impression qu’elle nous cache quelque
chose.
Moi: Beuh non, je ne crois pas m’man. Qu’est-ce qui te fait penser une
chose pareille ?
Maman: Mon intuition de mère me trompe très rarement. Cette petite fille
joue bien son jeu, sinon comment expliquerais-tu le fait qu’elle ait
abandonné Divine à sa naissance, et revienne quelques mois plus tard sous
prétexte que sa mère est morte. Son histoire n’est pas cohérente.
Elle me prend la main et lève son regard vers moi. Je peux y lire à la fois
des regrets et de l’espoir.
Cette semaine, j’envisage aller voir Jeff pour lui demander pardon pour
tout le mal que je lui ai fait, je veux vraiment la paix cette fois. Ce séjour au
camp m’a fait du bien. Ma voiture, je l’ai vendue et j’ai démissionné de
l’IRAD. Je passe mes journées avec mes amours qui iront à l’école bientôt.
Moi: Demain.
Moi: Non.
Papa: Mais appelles le pour le prévenir, on ne va pas chez les gens sans
prévenir.
Moi: Je n’ai pas son numéro papa.
Moi: Allô.
Jeff: Allô.
Jeff: Ok. Tu es où ?
Moi: Je suis à Mbalmayo, chez moi. J’y vis désormais mais je peux me
déplacer pour venir te voir.
Moi: Ok.
Papa: Vous.
Papa: Ça crève les yeux que vous vous aimez toujours et vous vous
manquez. Il n’y avait qu’à voir ta gestuelle quand tu lui parlais au téléphone.
Lui: Explique.
Moi: L’ex femme de Rémi me rend la vie difficile donc j’ai été obligée de
me soumettre à six semaines de prière et de récollection.
Lui: Félicitations pour le troisième bébé. Je vois que vous n’avez pas
perdu de temps.
Moi: Justement parlant de cette grossesse, il est fort probable que tu sois
le géniteur.
Lui: Moi ?
Moi: Oui. J’ai conçu cet enfant soit avec toi, soit avec Rémi.
Moi: Pour m’excuser ! Je suis désolée pour tout le mal que j’ai eu à te
faire. Pardonne-moi pour toute la peine que je t’ai fait endurer.
Le soir venu, j’ai donné le bain aux enfants et je suis venue m’affaler sur
le canapé pour voir un bon film en compagnie de mon paternel; le vrai
amour de ma vie, celui qui m’a acceptée malgré tous mes manquements.
Papa: Que tu l’aimes et que tu ne veux pas qu’il se marie, que sa place est
auprès de toi.
Papa: Bah ! Il n’aime pas cette fille, il est désespéré c’est tout, et toi aussi
d’ailleurs. Tu sais, je pense que si tu dis à Rémi que tu aimes Jeff, il te
laissera partir. Rémi au fond, c’est quelqu’un de bien mais son mauvais
mariage a chamboulé son existence et bouleversé sa vie entière. Il est
trempé jusqu’au cou et ne peut plus reculer malheureusement. C’est le prix à
payer quand on tue des gens. Il a fait trop de mal autour de lui
consciemment et inconsciemment, et le sort s’acharne sur lui.
Papa: Qu’est-ce qu’est l’argent pour lui ? Cet homme t’a beaucoup aimée
Yoyo, mais son passé ne peut être effacé aussitôt. Réfléchis bien à ce que je
viens de te dire.
Moi: Rien papa. Je réfléchissais. Viens donc t’asseoir pour prendre ton
petit-déjeuner.
Chaque matin, après avoir nourri mes petits amours, je cogite sur ma vie.
J’ai besoin de prendre un nouveau départ. Je n’ai plus de boulot; j’ai assez
d’économies mais ce n’est pas une raison pour dormir sur ses lauriers,
surtout que j’ai deux enfants dont je dois m’occuper, sans oublier celui qui
arrive bientôt. Il est donc temps que je me reprenne en main.
Moi: Je dois causer avec lui, il m’avait l’air très préoccupé la dernière
fois.
Lui: Et tu es ma fille.
Lui: Et pas en tant que spectateur, j’aurai mon mot à dire cette fois.
Rémi sort du véhicule vêtu d’un costume noir Tom Ford, ses cheveux sont
soigneusement coupés. Il est vieux et beau, dis-donc ! À cet instant, je crois
que je lui donnerais quarante ans. Il prend Marc dans ses bras, vient vers
moi et me fait deux bises. Je peux humer son doux parfum.
Rémi: Tu es resplendissante.
Moi: Merci.
Nous entrons donc tous les quatre dans la grande bâtisse. Rémi salue papa
et lui tend une bouteille de vin rouge.
Nous nous sommes mis à table pour déguster un bon plat de la spécialité
Douala: le Ndolè. Pendant le repas, papa n’arrêtait pas de foudroyer Rémi
du regard. Je sentais qu’il n’irait pas de main morte avec lui lorsqu’on
s’engagera véritablement dans la discussion tout à l’heure.
Une fois le repas terminé, nous nous sommes rendus au grand salon pour
le dessert, la phase de dégustation des produits Patiss Addict. Papa a donc
décidé de prendre la parole en premier.
Papa: Rémi merci d’être venu rendre visite à ta famille, mais j’ai plusieurs
préoccupations maintenant que tu t’apprêtes à épouser ma fille dans
quelques mois.
Lui: Je ne suis pas totalement sorti de la secte, papa. C’est aussi l’une des
raisons pour lesquelles je suis là.
Lui: Chérie, c’est pour notre bien à tous les cinq. Je dois repartir pour six
mois encore et quand je reviens on célèbre le mariage. Je suis encore exposé
aux persécutions.
Papa: Et d’où te vient tout cet argent ? Hein, quand on sort des sectes, on
perd tout n’est-ce pas ? Comment se fait-il que tu aies gardé toute tes
richesses ? C’est pour cela qu’ils en ont après toi. Tu ne veux pas leur rendre
ce qu’ils t’ont donné.
Papa se lève, j’ai envie de riposter mais il me lance un regard dans lequel
je peux lire: «Tu ferais mieux de te taire» !
Lui: C’est entendu père. Je vous promets que je reviendrai clean et vous
aurez des preuves.
Lorsqu’ils ont fini de discuter, Rémi lui a remis de l’argent et il est parti.
J’étais dans la chambre couchée, le cœur serré et des larmes qui
dégoulinaient sur mon oreiller. Je suis enceinte et j’ai deux enfants; je viens
d’arrêter le boulot et il m’abandonne pour soit disant aller se soigner. S’il
savait qu’il partirait au Nigéria, pourquoi était-il resté à Londres aussi
longtemps ? Il aurait dû rentrer plus tôt et rester avec nous, on avait besoin
de lui. Comment pouvait-il nous faire ça ? Je pleure à chaudes larmes et mes
sanglots réveillent les enfants qui grimpent sur le lit et viennent se blottir
dans mes bras.
Ophélie: Pleure pas m’man, tu es fâchée contre moi ?
Moi: Mais non chérie, viens là, je ne peux jamais me fâcher contre toi.
Moi: Ok.
Papa: Ben l’argent ! Mais s’il pense qu’il va encore t’acheter, cette fois-ci
je serai présent. Il n’y aura pas de mariage tant que je ne suis pas rassuré
qu’il est totalement guéri. D’ailleurs, ce type ne guérira jamais.
Papa: Ouvre les yeux Yolande et réfléchis un peu comme une fille qui
approche la quarantaine. Tu penses sincèrement que Rémi peut sortir de la
loge ? Il a fait du mal à de nombreuses personnes. Le sang humain a été
versé, des vies humaines ont été sacrifiées. Un homme qui a liquidé une fille
sans scrupule sous tes yeux à Dakar, tu penses vraiment qu’il pourra s’en
sortir aussi facilement ? Il a été un membre actif de la secte pendant trente
belles années, pas trois ans mais trente ans. Il a fait trop de sacrifices et ils
lui ont fait beaucoup de faveur. Yolande, il a les mains sales et tout ce qu’il
possède a été mal acquis, même son rang de ministre. Et que tu le veuilles
ou non, il sera toujours lié à Mélanie. Quand il rentrera, on l’amènera à
l’église pour savoir s’il est bien guéri et vous n’habiterez plus dans aucune
de ses maisons. Je ne veux pas qu’on m’appelle un jour pour me dire que tu
as brûlé vive. S’il veut t’épouser, il devra marcher selon mes règles et sur ce
point, je ne demande pas ton avis. Je pense qu’il est temps que je réagisse, je
t’ai laissé faire trop de conneries, mais je ne voudrais pas te laisser t’égarer.
Tu sors d’une retraite spirituelle et tu commences à retrouver un équilibre, il
est hors de question que Rémi vienne troubler ta quiétude.
Moi: Ok papa.
Aujourd’hui, je vais chez Karl pour lui annoncer que je suis enceinte et
que j’exige qu’il me donne de l’argent pour me faire avorter. Il pense qu’il
peut me violer puis partir comme si de rien n’était, en m’abandonnant avec
tous ces problèmes ? C’est pour que je fasse quoi ?
Jeff: Tu es prête ?
Jeff va me déposer quelque part en ville, je lui ai dit que j’allais voir une
tante éloignée qui me proposait un boulot. Bien évidemment, j’ai rendez-
vous avec ce bigot de Karl dans un petit restau de la place. Quand je l’ai
appelé, il a voulu bouder mais dès que je lui ai dit que je voulais qu’on le
refasse et que j’avais aimé ce qu’on avait fait la dernière fois, il a
rapidement accepté.
Jeff: Tu es toute jolie, es-tu sûre que tu pars vraiment voir ta tante ?
Moi: Salut.
Lui: Quoi ?
Moi: Tu penses que tu vas me laisser dans la merde hein, Karl. J’aurais dû
dire à Jeff que tu m’as violée.
C’était Jeff, il tenait mon porte-monnaie dans ses mains. Il vient vers nous
et se met à me secouer en criant.
Jef: Dis-moi que je rêve Leila ! Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que
tout ce que j’ai entendu n’est pas vrai ?
Je le regardais, je ne savais pas quoi lui dire. Karl a pris la fuite et Jeff
m’a lancé mon porte-monnaie avant de se diriger vers la sortie. J’essayais de
le rattraper, mais il ne me regardait même pas.
Non mais, une fille que je dois épouser dans quelques mois est enceinte
de mon meilleur ami ? Seigneur qu’est-ce qui n’a pas marché avec moi ?
J’arrive aux urgences, le médecin nous prend rapidement pour nous faire
part de son diagnostic et nous remettre les paperasses à remplir.
Moi: Oh mon Dieu ! Gaston mon fils, qu’est-ce qu’il faisait ? Et où est
celle avec qui il était ? Jefferson ohhh ! ! ! ! Mon chéri ooooo ! Mon petit
bébé, ne me lâche pas ooooh... Tiens bon, maman est là !
OYOOOOOOOOH ! ! ! ! ! !
Chapitre XXXV: Un horizon lointain
La dernière fois que j’ai été dans un hôpital c’était il y a quinze ans,
lorsque j’ai perdu ma mère. Aujourd’hui, je suis là pour mon fils qui est
dans le coma. Jeff a perdu connaissance et est dans un état critique. Il est
totalement défiguré, mon bébé est méconnaissable.
Moi: Je ne peux pas me calmer Gaston, mon fils est entre la vie et la mort.
Seules les larmes coulent de mes yeux, je n’en peux plus de voir mon fils
dans un état pareil.
Moi: Les médecins disent qu’il est probable que Jeff reste dans le coma
pendant plusieurs semaines ou même qu’il ne se réveille jamais.
Moi: Où est Leila dans tout ça ? Depuis hier que Jeff a été conduit ici aux
urgences, je n’arrive pas à la joindre.
Lui: Elle doit être à la maison avec Divine, elle viendra. S’il te plait, pour
l’instant je veux que tu te reposes et que tu essaies de dormir. Tous ces
problèmes seront traités plus tard.
Comme d’habitude, une fois devant l’école, Ophélie me fait des siennes
alors que Marc va toujours sans faire de caprices.
Ophélie: Non maman. Je ne veux pas partir à l’école, je veux rentrer avec
toi.
Je la prends dans mes bras pour la calmer, j’ai droit à ce cinéma tous les
jours.
Moi: Mon bébé, l’école ne dure pas toute la journée ? Quand tu finis je
reviens te chercher ok ?
Elle crie, elle pleure, tous les jours c’est la même chose. Je la remets de
force à la maîtresse et je démarre pour la maison, lorsque mon téléphone
sonna. C’est Jeff; depuis le dîner à la maison il ne m’a plus recontacté.
Moi: Allô.
Elle: …….
Elle: Jefferson est dans le coma, il a été victime d’un accident grave hier
nuit. Il est aux urgences de l’Hôpital Central.
Moi: Oh mon Dieu ! Maman je n’ai pas vu Jeff depuis une semaine. Oh
Seigneur ! Je suis à Mbalmayo, j’arrive tout de suite. Vous êtes dans quel
pavillon ?
Elle m’indique le pavillon dans lequel ils sont internés alors que je suis
presque arrivée à la maison.
Moi: Jeff est à l’hôpital et est dans le coma, il a été victime d’un accident.
Lui: ZAMBA ! ! !
Je lui donne toutes les consignes pour les enfants; j’appelle les filles aussi
pour les mettre au courant. Je démarre pour la ville vers onze heures et mes
mains tremblent au volant. Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer ?
Comment Jeff peut-il faire un accident ? Jeff a toujours été la personne la
plus posée au monde. Comment a-t-il pu perdre le contrôle du volant ?
Moi: Je ne sais pas maman, je n’ai pas vu Jeff depuis le jour où il est venu
dîner chez moi. Il m’a dit qu’il allait se marier avec Leila et c’est tout.
Elle pleure, moi aussi; voir Jeff dans cet état nous attriste énormément.
Audrey, Magalie et Soraya nous retrouvent une heure plus tard et la mère de
Jeff en profite pour aller aux toilettes.
Magalie: Ça va ?
Moi: Soraya, arrête un peu s’il te plait. Ce n’est pas le moment de faire
des blagues, il y a quelqu’un dans cette chambre qui est entre la vie et la
mort.
Audrey: Mais elle est la cheftaine de la loge, elle ne peut pas réveiller son
fils ?
Moi: Maman je peux rester avec lui cette nuit, comme ça tu pourras te
reposer.
Moi: Ok maman.
Soraya: Il t’a encore laissé les millions n’est-ce pas ? Pour revenir te dire
qu’il t’a payé un avion ou un bateau.
Magalie: Je pense que tu dois appeler tes bergers pour qu’ils viennent
prier pour Jeff.
Moi: Ok, je vais appeler les bergers, mais il faut d’abord demander à sa
mère si elle est d’accord avec cette démarche.
Soraya: Il a une fiancée et elle est où ? Ton gars fait un accident et tu n’es
pas à l’hôpital avec lui ? Et ton python là, tu ne l’aimes pas; tu aimes juste le
confort qu’il t’offre à toi et à tes enfants. Voici ton vrai gars ici qui se bat
pour vivre. Donc, mets tes genoux au sol pour prier pour lui, surtout que je
suis même sûre que l’enfant que tu portes là est de lui.
Moi: Personne n’est le père de mon enfant, je le saurai quand mon fils
naîtra. Pour l’instant, Jeff est fiancé et moi aussi j’ai quelqu’un dans ma vie
qui revient bientôt.
Soraya : Tsiupp !
Après ce qui c’est passé hier, j’ai retrouvé Karl chez lui.
Karl: Tu as passé la nuit ici, c’est tout ce que je pouvais t’offrir comme
service. Je n’ai rien d’autre à te donner Leila.
Karl: J’ai appris que tu es marocaine alors voici un peu d’argent, rentre
dans ton pays et refais-toi une vie. Fais-toi avorter et fais-toi oublier s’il te
plait.
Elle: Humm ! Où es-tu depuis hier soir ? Jeff a fait un accident et il est
dans le coma, mama chancelle a dormi là-bas.
Elle: En tout cas, madame Ekobena arrive pour se reposer, tu vas bien lui
expliquer tout ça toi-même.
Elle: Tu penses t’enfuir aussi facilement hein, tu me fais rire toi. J’ai
toujours su que tu étais une petite mal intentionnée, une vraie cachotière.
Elle arrache Divine de mes bras et me tire d’une main dans la maison,
puis ordonne à la dame de ménage de récupérer ma valise.
Elle: Nulle part alors que tu attends un taxi avec une valise et ma petite
fille dans tes bras ?
Elle: Avance là-bas, idiote. Tu vas me dire ce qui s’est passé avec mon
fils. Je crois qu’il y a un boulon qui ne tourne pas bien rond dans ta tête.
Elle: Avance là-bas. Tu sais Leila, j’ai été très gentille avec toi mais cette
fois-ci, je ne suis pas en train de blaguer.
Elle: Prenez-la et utilisez toutes les méthodes que vous voulez, mais ne la
tuez pas.
Elle: Je veux qu’elle vous dise tout ce qu’elle conspire depuis qu’elle est
ici dans cette maison; tout jusqu’aux moindres détails. Même s’il faut
utiliser les électrochocs, je veux qu’elle parle ! ! !
Chapitre XXXVI: Les aveux
Demande-t-il à sa femme.
Elle: Hum ! Ta belle-fille que voici était en train de prendre la fuite, je l’ai
trouvée devant le portail avec une valise et tenant ta petite-fille dans ses
bras.
Elle: Oui Gaston. Comme tu viens de l’entendre là, madame prenait déjà
la clé des champs. Heureusement que je suis arrivée là à temps.
Lui: Qui es-tu Leila ? Jefferson, l’homme que tu dois épouser dans
quelques mois, le père de ton enfant, tu apprends qu’il est couché à l’hôpital
et qu’il est entre la vie et la mort, et toi tout ce qui t’intéresse, c’est partir ?
Je n’y crois pas. Quelle cruauté ! Assieds-toi et dis-nous pourquoi tu es en
train de fuir. Qu'est-ce qui ne va pas Leila ?
Elle: Je veux tout savoir depuis le tout début et ne t’avise même pas
d’omettre le moindre détail. Non mais je suis sidérée. Tu es venue dans cette
maison; on t’a accueillie comme une princesse et tu n’es même pas foutue
d’être loyale envers nous ? Leila tu ne me connais pas bien !
Je me suis mise à tout leur raconter depuis le début; tous les voyages avec
maman au Maroc, ce que j’ai fait à Jeff et à Yoyo à Limbé. Comment je me
suis disputée avec maman ensuite l’histoire avec mère Akina. Le viol de
Karl, le bébé, la dispute au restaurant. J’ai dit toute la vérité. Mama
chancelle me dévisageait, monsieur Ekobena me guettait; j’avais
l’impression de passer au détecteur de mensonge.
Une fois que j’eus fini de parler, la mère de Jeff s’est levée et m’a donné
une paire de gifle qui m’a laissée des traces sur la joue droite.
Elle: Tu aurais pu éviter tous ces problèmes Leila, tu aurais pu éviter tout
ça. Oh mon Dieu ! Jusqu'à tuer ta propre mère pour un homme ! Non
mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?
Elle: Mais quoi ? Mais quoi Leila ? Tu as juste oublié de me dire, c’est
ça ? Tu as oublié de me dire que tu as utilisé les écorces pour être dans cette
maison ? Que tu as tué ta mère ? Que le meilleur ami de Jeff t’a violée ?
Comment tu le regardais après tout ça ? Tu te disais quoi ? Que personne ne
découvrirait la vérité ?
Elle: Quoi ?
Elle: Elle ne reste plus sous mon toit, on n’a qu’à l’interner dans un asile
de fous, parce que tu es folle Leila.
Elle: Ne m’énerve pas Gaston ! Mon fils peut mourir à cause de cette
détraquée mentale. Qui es-tu ? Tu es sûre que tu n’es pas la fille d’Ossama
Bin Laden ? Peut-être que tu es même recherchée par la police, toi là.
Qu’est-ce que tu allais faire chez Karl ? Pourquoi cacher la vérité ? Et puis,
qui te dit que mère Akina disait la vérité ? Le marabout te dira n’importe
quoi pour t’escroquer de l’argent. Tu n’as pas de famille ? Tu pouvais aller
voir ton père et lui expliquer la situation, au lieu de décider d’envoyer ta
mère en enfer. Et tu reviens ici comme si de rien n’était. On t’ouvre
grandement nos bras, on te fait entrer dans la famille, les invitations du
mariage ont déjà été envoyées et qu’est-ce que tu fais ?
Lui: Écoute Leila, je pense que tu as été traumatisée depuis le bas âge. Tu
as certes commis l’irréparable, mais ton âme est encore récupérable. Alors,
je te conseillerai de te faire suivre par un psychologue pendant un bon bout
de temps. Tu ne peux plus vivre ici, je vais te donner de l’argent pour un
début et ce sera à toi de voir si tu veux rentrer au Maroc ou rester ici.
Lui: Chancelle, elle est enceinte. Je n’encourage pas ce qu’elle a fait mais
en tant que parent, je ne peux pas mettre un enfant dehors, qui plus est une
femme enceinte. Elle dormira ici cette nuit et demain elle pourra partir. Par
contre, je vais faire un tour au commissariat; Karl Obam doit payer pour ce
qu’il a fait.
Les filles sont parties, je suis restée seule au chevet de Jeff. J’attends le
retour de sa mère avant de reprendre la route de Mbalmayo. C’est fou cette
histoire qu’on appelle «coma», il ne bouge pas, il a juste toutes ces
machines branchées sur lui. Et si Jeff mourait ? Et si jamais Nephtali était
son fils ? Mon enfant n’aura pas de père ? Eh Seigneur ! S’il te plaît, fais
tout pour que Jeff se réveille, qu’il sorte de ce coma.
Quelques gouttes de larmes s’échappent de mes yeux, je les essuie
rapidement pour que personne ne me voie dans cet état.
Moi: Non.
Elle: Pourquoi as-tu dit à Jeff que je t’avais menacée quand je suis venue
te voir dans ton bureau, alors que tu sais que ce n’est pas le cas ?
Elle: Mais bien sûr qu’ils peuvent, et tu n’as pas besoin de me demander
cela.
Moi: Non c’est juste qu’il y a des rumeurs qui courent et qui disent que tu
es dans la secte et que tu en es même la mère fondatrice.
Elle: C’est un sujet très compliqué Yolande, mais sache que je ne ferais
jamais de mal à mon fils et il ne faut pas toujours croire ce que les gens
disent.
Moi: Ok. Je vais donc appeler les bergers pour qu’ils viennent demain, je
dois rentrer car j’ai laissé les enfants avec papa.
J’ai donc repris la route de la maison et vers vingt heures, je suis arrivée.
J’ai trouvé papa affalé sur le canapé.
Lui: Hum ! N’en parle même pas s’il te plaît. Ophélie là est un vrai
phénomène.
Moi: Assiah.
Moi: Hum, papa on dirait qu’elle n’est pas dans la secte ou alors sa
famille l’a forcée. Bref, elle m’a l’air d’être quelqu’un de vraiment bien. Et
en plus, elle n’a jamais fait du mal à son fils pas comme l’ont fait Rémi et sa
femme.
Moi: Et ?
Moi: Pourquoi tu lui dis ça papa ? Tu sais bien qu’ils ne s’entendent pas.
Lui: Je dois faire quoi à ton avis ? Mentir pour ta bêtise ? Depuis combien
de temps je te parle en te demandant de le laisser tranquille et de te
concentrer sur Jeff ?
Lui: C’est à cause de toi Yolande, tu l’as poussé dans les bras de Leila et
voilà.
Moi: Bon ok, je vais prendre une douche et passer un coup de fil aux
bergers pour demain.
Après mon échange avec papa, je vais me rafraîchir, puis j’appelle les
bergers qui me donnent rendez-vous pour le lendemain. Ensuite, je contacte
la mère de Jeff pour lui faire part de la disponibilité des bergers.
****Le lendemain****
Lui: L’esprit de Jeff veut revenir dans son corps, mais il y a quelqu’un qui
l’en empêche.
Moi: Mon Dieu ! Qu’est-ce qu’il a à voir dans leurs sales affaires ?
Lui: Elle veut doubler la mère de Jeff. Elle sait que Jeff est tout ce qu’elle
a, et si elle lui enlève son fils, elle n’aura plus de force.
Moi: Mais la mère de Jeff elle-même est dans leur monde, n’est-ce pas ?
Lui: Oui. C’est le grand-père de Jeff qui est le baron et cherche à initier sa
fille, mais celle-ci ne veut pas. Alors elle a sacrifié plusieurs choses pour
protéger son fils.
Lui: Ok. Le père de Chancelle est le grand baron de la loge, il veut initier
sa fille chancelle qui a refusé, mais au prix de quelque chose.
Lui: L’amener au camp, cette chambre n’est pas sécurisée. Ces gens
viennent ici comme ils veulent. Pour le traiter, il faut qu’il soit dans un
endroit sain.
Elle: Mon mari n’est pas facile et je ne sais pas s’il va accepter.
Chapitre XXXVII: Jeff réveille-toi, s’il te plaît
Moi: Laissez-le encore même pour un mois, j’ai la ferme conviction que
mon fils va se réveiller docteur.
Les larmes coulent de mes yeux; Gaston me prend dans ses bras. Je n’en
peux plus. Si je perds mon fils, je ne m’en remettrai jamais.
Moi: Tu sais quoi Gaston ? Ne m’embête pas avec tes mots doux. Ça fait
trois mois que notre fils est dans le coma, tu as refusé qu’on l’amène au
camp des bergers et tu me demandes de me calmer ?
Gaston: Parce que c’est là-bas qu’il allait se réveiller ?
Moi: Au moins il fallait essayer cette option là mais tu n’as même pas
voulu essayer. Vraiment Gaston, regarde-le. S’il meurt, je pars avec lui. Je
ne peux pas vivre dans ce monde sans mon fils, tu m’entends ?
Je tape son torse, les larmes ruissellent le long de mon visage; mes yeux
sont tout rouges. Je n’ai pas trouvé le sommeil depuis presque trois mois.
Depuis ce fameux soir où j’ai reçu ce coup de fil m’annonçant que mon fils
venait d’être conduit aux urgences, mon cœur n’a plus jamais été paisible
comme auparavant. Jeff me manque, il manque à sa fille. Le soir quand je
dresse la table, j’ai tendance à mettre son couvert. Je regarde toujours mon
téléphone pour voir s’il va sonner. Sa chambre est toujours rangée. Willis
Ekobena, mon Dieu, réveille-toi. Je peux bien aller voir mon père pour qu’il
règle cette situation, mais j’ai juré de ne plus aller le solliciter pour quoi que
ce soit concernant mon fils. Il n’y a rien de plaisant de coucher avec son
propre père afin de protéger son enfant. La dernière fois que je suis allée le
voir, c’était toujours dans l’optique de protéger Jeff, et toujours à cause de
cette Leila. Mais j’en ai juste marre; marre de me livrer à mon propre père
qui m’a tout pris et qui ne manque pas de me faire du chantage quand il en a
envie. Si mon fils quitte ce monde, je le suivrai.
Gaston avait refusé il y a deux mois que l’on transporte Jeff chez les
bergers pour un suivi spirituel. Il pensait qu’il se réveillerait mais son état ne
s’est pas amélioré, au contraire il empire. À présent, c’est notre seul espoir;
si les bergers ne peuvent rien alors il va falloir commencer à préparer les
obsèques de mon bébé.
Ophélie: Hum !
Tous les jours, j’ai droit à cette séance de questions réponses; hier c’était
Marc et aujourd’hui c’est Ophélie. Je ne sais même plus quoi faire de ces
enfants. J’ai décidé de prendre Divine afin que les parents de Jeff se
concentrent sur le rétablissement de leur fils, et ça fait deux mois qu’elle vit
ici. J’ai fait décorer une chambre pour elle, elle grandit bien mais pleure
beaucoup; ses parents doivent certainement lui manquer. Je l’amène voir ses
grands-parents tous les deux jours quand je vais rendre visite à son papa.
Elle: Ça peut aller. Dit, Gaston a enfin donné son accord pour le transfert
de Jeff chez les bergers et je me demandais si tu pouvais les appeler. On
aura un médecin privé, je préfère qu’il reste branché mais au camp et non à
l’hôpital.
Moi: Elle va bien. Je viens de lui donner son bain, mais elle pleure
beaucoup.
Moi: Que fais-tu ici ? Je pensais que tu rentrais dans deux mois ?
Lui: En effet c’est ce qui était prévu, mais le pasteur va pour une tournée
aux États Unis et je ne voulais pas rester à Lagos.
Lui: Oui, presque. Ce qui reste ce sont juste des choses que je dois faire
au quotidien.
Lui: Et toi ça va ? Tu m’as l’air épuisée. Les enfants m’ont dit qu’il y’a un
bébé dans la maison, qui est-ce ?
Moi: Oui c’est la fille de Jeff, son père est toujours dans le coma et sa
mère est hors du pays.
Lui: Et ses grands-parents ne pouvaient pas trouver une nounou ?
Moi: Ils ont une nounou mais c’est moi qui me suis proposée de la
prendre.
Moi: Je ne vois en quoi les aider peut nuire à ma santé et celle du bébé.
Lui: C’est pour bientôt le petit et je veux être sûr que tout ce passe bien.
J’ai loupé le premier accouchement, mais celui-ci je dois être présent.
Ce qu’il vient de dire me fait rigoler. Jeff était là quand j’accouchais les
jumeaux qui sont les enfants de Rémi et si Nephtali est le fils de Jeff, Rémi
sera là quand je vais accoucher; «So funny».
Moi: ……
Moi: Rémi tu l’as dit toi-même, je suis fatiguée; j’ai donc besoin de repos.
Lui: Ok.
J’ai donc pris la route de Yaoundé avec mon paternel comme d’habitude.
Soraya a voulu venir avec nous mais on ne pouvait confier plus de cinq
enfants à la dame de ménage.
Vers neuf heures, on transporta Jeff de l’Hôpital Général pour le camp des
bergers, sis au quartier Mbankolo à Yaoundé. On avait un médecin privé et
un infirmier à notre disposition, ainsi que certains appareils. Il devra rester
branché pendant que nous ferons nos prières.
On installe Jeff sur un lit; le voir ainsi m’arrache encore quelques larmes
des yeux. On dirait qu’il ne vit plus dans ce corps, mais bon sang, Jeff
réveille-toi !
Vers dix-neuf heures, nous reprenons les prières avec plus d’intensité.
Cette fois-ci, les bergers parlent en langue en invoquant tous les saints
noms. Vers vingt heures, le prêtre nous ordonne de chanter mais j’ai
commencé à avoir un malaise. On aurait dit que je perdais les eaux.
Quelques minutes plus tard, Rémi arrive; il est un peu surpris de voir la
mère de Jeff. Il confie les enfants à papa et entre avec moi dans la salle
d’accouchement.
Quelques heures plus tard, bébé Nephtali voyait le jour trois semaines
avant la date butoir; mais il devait encore rester dans la couveuse.
Les jumeaux, papa, m’man chancelle, tout le monde entra pour le voir
avant qu’on ne le remette dans la couveuse. J’étais heureuse mais rongée
d’inquiétude en même temps; je voulais savoir qui était vraiment le père du
bébé: Nephtali Ekobena ou Nephtali Dwinn ?
Tout se passe bien, je suis encore à l’hôpital mais je rentrerai bientôt avec
mon fils. Tout était sous contrôle à la maison avec Soraya. Rémi prenait les
enfants pour la journée, j’avais néanmoins exigé qu’ils dorment chez moi et
non chez lui. Divine restait avec sa grand-mère au camp des bergers. C’était
mieux pour elle, vu que j’étais moi-même internée.
Jeff ? Toujours dans son coma profond et tout le monde a perdu espoir à
son sujet. Monsieur Ekobena est même sur le point de commencer les
préparatifs des obsèques. M’man Chancelle quant à elle n’a plus de larmes,
mais se console avec Divine.
Les filles sont venues me rendre visite cet après-midi, ça faisait
longtemps que nous ne nous étions pas retrouvées.
Moi: Pour Rémi oui puisqu’il vient ici chaque jour, mais pour celui de
Jeff j’aurai besoin de toi Soraya.
****Le lendemain****
Soraya: Hum ! Toi tu vas me tuer un jour. M’man Chancelle ne lâche pas
son fils d’une seconde; il a fallu que Divine pleure pour qu’elle le quitte.
C’est ainsi que j’ai profité pour lui couper quelques ongles; je ne pouvais
pas ouvrir sa bouche. Yoyo ce gars est encore vivant ?
Moi: Selon les médecins oui; donc on prie juste ma chérie. C’est Dieu
même qui va décider.
J’ai remis les échantillons au docteur qui m’a fait comprendre que j’aurai
les résultats bientôt et que je pourrai par la même occasion sortir de
l’hôpital.
J’attends ces résultats avec impatience.
Chapitre XXXVIII: Dans la mémoire de Jeff
Après une longue marche, j’aperçois un fleuve pas très profond mais avec
un courant très fort. Je plonge mes deux pieds dans le fleuve et j’avance;
mon objectif étant d’arriver à l’autre rive. Au fur et à mesure que j’avance,
j’ai l’impression que quelqu’un me tire dans la marée. Je me défends,
j’essaye de nager mais la personne réussit à prendre le contrôle de mon
corps et me tire dans les eaux profondes. Je crie au secours, mais personne
ne m’entend. Cette personne est bien plus forte que moi et ne me laisse pas
l’occasion de bouger un seul de mes membres. J’ai beau me défendre, elle
arrive toujours à me maîtriser. Elle me tire donc et m’amène dans un
endroit. Ce que je vois laisse croire que nous sommes dans un village au
fond de l’eau. Elle me fait asseoir sur un trône, puis enlève le voile qui
cachait son visage. Je tombe des nues quand je la vois.
Elle: Tu vas dire à ta mère d’aller au village; de cueillir deux feuilles sur
les arbres autour de ma tombe ensuite elle devra mâcher ces deux feuilles.
Aussi, je voudrais qu’elle prenne la terre de ma tombe, qu’elle aille avec à
Yaoundé et qu’elle la lance dans son jardin. As-tu bien suivi toutes mes
instructions mon enfant ?
Après avoir bu le produit, mémé m’a relâché et m’a fait une bise sur le
front.
Moi: Ok.
La vie m’a déjà détruite et j’ai perdu tout espoir de faire ma vie avec
l’homme que j’aime; mais je veux finir mes jours avec ma fille. La famille
Ekobena ne pourra pas m’empêcher de prendre mon enfant, c’est la seule
chose que me reste. Je n’ai plus de famille, pas d’amis; je n’ai pas connu de
mariage.
Moi: Qu’est-ce qu’elle vient faire ici ? Je pensais que tu l’avais éliminée.
Noah: Oui mais c’était une princesse des eaux; son esprit est très fort. Son
âme peut ne pas être de ce monde, mais son esprit si.
Moi: Qui ?
Noah: Ton ex-mari a l’habitude d’aller voir sa petite copine, n’est-ce pas ?
Moi: Oui.
Moi: Ok. Je verrai ce que je peux faire ou alors je passerai par ta fille.
Etant donné qu’on se connaît, je peux me proposer de lui apporter à manger.
Il est hors de question que ce Jeff vive. Cette femme de Chancelle doit
périr, elle a refusé qu’on l’initie au rite du serpent. Elle pense que donner ses
ovules c’est trop faire peut-être ? Avant, elle était la petite protégée du grand
chef, mais à présent qu’ils sont des ennemis, c’est à mon tour de profiter de
la situation. Je vais essayer de l’appeler.
Moi: Et le petit ?
Elle: Heu.... Je ne sais pas trop hein. Je vais te rappeler pour te dire quand
est-ce que tu dois passer.
Moi: Ok. J’attends ton coup de fil alors, n’oublie pas surtout; je vais te
faire un bon bouillon.
Elle: Ça marche.
Je raccroche.
Regarde-moi cette idiote ! Je vais vous finir ton fils et toi, ensuite
j'enchaîne avec cette Yolande, et enfin Rémi. Je vais vous tuer tous et je
serai la reine de Yaoundé.
Moi: Merci grandement pour tout ce que vous faites pour ma famille.
J’ai reçu un coup de fil de Mélanie me disant qu’elle veut venir me rendre
visite; c’est bizarre ! Depuis que Jeff a fait l’accident elle ne m’a jamais
appelée. La puissance de Dieu commence déjà à agir. Les sorciers se
comportent toujours ainsi; quand ils sentent le danger, ils se rapprochent de
la cible. Elle sera prisonnière de son propre piège parce qu’avec les bergers
nous prions sans arrêt. Jeff se réveillera et se sera le début d’une nouvelle
vie. Mon fils est toute ma vie et je mourrai avant lui et non le contraire.
Cette petite sorcière de Mélanie périra en enfer.
Ophélie et Marc sont tous contents de voir enfin leur petit frère; ils
veulent le porter mais je refuse. Je le tiens dans mes bras et je vais au labo
prendre les résultats du test.
Elle me tend l’enveloppe que je prends sans toutefois l’ouvrir parce que je
n’en ai pas le courage; je préfère le faire à tête reposée à la maison ce soir.
Je me dirige donc vers la sortie et j’installe Nephtali sur son siège près des
jumeaux. Rémi vient vers moi tenant une boîte dans une main et une
enveloppe dans l’autre.
Il ouvre l’enveloppe.
Lui: Voici les réservations des billets d’avion pour Monaco, il suffira de
trouver le jour. Je t’aime Yolande. Laisse-moi te rendre heureuse.
Moi: Allô.
Moi: Rémi, démarre vite pour Mbankolo, s’il te plait. Jeff est sorti du
coma.
Une fois sur place, il n’a pas voulu entrer. Il m’a dit de le retrouver à la
maison le soir avec les jumeaux, j’ai juste pris Néphi avec moi. Concernant
le test, Rémi a dit qu’il l’ouvrira lui-même pour en prendre connaissance.
À peine avais-je franchi la porte des bergers que Néphi s’est mis à pleurer.
Une fois à l’intérieur, j’ai compris pourquoi mon prince pleurait. Mélanie la
sorcière était venue rendre visite à mama Chancelle et lui avait même
apporté de la nourriture, mais elle ne m’intéressait guère. Je me suis
simplement dirigée vers Jefferson qui semblait être vraiment épuisé.
Lui: Épouse-moi.
J’ai donné mon bébé à Antoine le berger qui est sorti, ainsi que mama
Chancelle et sa visiteuse. Nous étions donc seuls dans la chambre.
Lui: Épouse-moi.
Répéta-t-il.
Moi: Je…..
Il m’embrasse, m’embrasse encore et encore sans se lasser. On dirait qu’il
a peur de quelque chose.
Chapitre XXXIX: Le destin
Ému par ma réponse, il a voulu se lever mais n’avait aucune force. Alors
il s’est contenté juste de rester allongé sur le lit. C’est moi qui entreprends
donc de poser ma tête sur lui. Je reste là, immobile, le regardant
amoureusement.
La porte s’ouvre sur Chancelle et Mélanie qui nous trouvent dans cette
posture. Antoine le berger entre par la suite dans la chambre, suivi de père
Paul. Celui-ci me remet Nephtali et tire un tabouret non loin de lui. Je me
disais qu’il voulait certainement s’asseoir tout près de Willis qui s’était
montré fort face à cette bataille qui avait failli l’emporter.
Lui: Vous allez vous asseoir, madame. Votre petite sorcellerie prendra fin
ce soir. Pourquoi êtes-vous ici déjà ? Et que mijotez-vous ?
Lui: Vous mentez. Vous êtes là pour achever ce jeune homme revenu à la
vie depuis quelques heures.
Elle (tout en tremblant): Non monsieur l’Abbé; je vous assure que je n’ai
rien prévu.
Ayant été prévenus depuis par Antoine, nous n’étions guère surpris de la
réaction et de la visite de Mélanie. Elle fut ainsi forcée de prendre place sur
ledit tabouret. Le curé l’aspergea d’eau bénite et entama une eucharistie afin
de rendre grâce au Seigneur pour ce grand miracle. Tout au long de la
célébration, elle gesticulait et bougeait dans tous les sens; mais nous ne lui
accordions que très peu d’attention.
Lorsque l'Abbé Paul a terminé avec Mélanie, j’ai fait appel à ma copine
Audrey pour qu’elle me ramène à la maison; je devais faire face à Rémi.
J’étais anxieuse, mais il fallait que je vide mon sac. Audrey me rejoignit
quelques minutes plus tard et je dis au revoir à Chancelle, Antoine, à mon
père et à Jeff avant de prendre la route de Mbalmayo. Nous conversons le
long du trajet, tandis que Néphi dort.
Moi: Je n’y pense pas Aud. Je prie pour qu’il soit de Willis, sinon je suis
une fille maudite.
Elle: Mais non chérie, ne dis pas ça. Willis t’aime et tu sais qu’il
t’acceptera avec tes enfants.
Moi: Est-ce que tu sais que Rémi m’a fait sa demande en mariage
aujourd’hui ?
Moi: j'étais sur le point de lui dire non quand Chancelle m’a appelée.
Elle: C’est ce que tu crois. S’il se sent menacé, il peut le faire. J’ose croire
qu’il se comportera en homme mature et réfléchi sur ce coup.
À peine à l’intérieur, mon regard est porté sur Rémi qui picole en douce
une bouteille de whisky. Ne voulant pas troubler sa tranquillité, je monte
dans la chambre pour m’occuper de Néphi, le petit nécessiteux.
Vers dix heures du soir, après un bain chaud, je descends le retrouver dans
le grand salon. Ça craint ! La bouteille est presque vide. Je la lui arrache des
mains et la dépose sur l’évier dans la cuisine.
Moi: Je t’ai beaucoup aimé Dwinn, mais tu t’es mis à m’offrir des
cadeaux; des voyages et petit à petit, cet amour s’estompait. Le pire c’est
que je ne m'en suis jamais rendue compte, du moins jusqu'à ce que je
rencontre quelqu’un d’autre. Tu es possessif, impulsif, très autoritaire et
versatile. Un jour tu viens me dire que Mélanie et toi voudriez adopter les
enfants; un autre jour tu m’aimes et veux m’épouser; après tu m’offres une
maison. Tu es prêt à tout pour qu’on soit ensemble. Je pense que tu ne
m’aimes pas; je suis juste un trophée pour toi. Tu t’es mis dans la tête que je
suis à toi. Et comme je disais: Je suis ta petite poupée. Tu ne veux me voir
avec personne car tu auras la sensation d’avoir perdu et il s’avère que le
grand Dwinn ne perd jamais.
Lui: Tu l’aimes ?
Moi (toute surprise): Aimer qui ?
Moi: Jefferson !
Lui: Eh bien, vas-y Yolande. Je ne te retiens pas. Je t’ai toujours dit que
ce qui compte pour moi, c’est ton bonheur. S’il te rend heureuse, alors vas-y.
Moi: Tu es sérieux là ?
Il me prit dans ses bras et se mit à essuyer mes larmes, parce que j’étais
en effet en sanglots. Je pleurais pour toute cette vie que j’avais menée
jusqu’ici; je pleurais pour tout le tort que j’avais causé à Mélanie en sortant
avec son mari. Je n’aurais jamais dû commencer cette relation. Maudit soit
le jour où j’avais rencontré Rémi dans ce vol. Cette nuit-là, j’ai pleuré
jusqu’au petit matin. Rémi quitta la maison de bonne heure le lendemain et
m’avait dit que la maison de Kribi restait la mienne, malgré la tournure des
événements. Il a accepté que les enfants restent avec moi. Cependant, il
passera les prendre certains week-ends. Je savais qu’il m’aimait, mais je
devais aussi suivre mon cœur pour une fois et faire ce qui était bien pour
mes enfants et moi.
Les semaines qui ont suivi cet épisode furent pleines de joie, car Jeff
reprenait progressivement les couleurs; même si Mélanie a réussi à
s’échapper du camp. Rémi venait prendre les enfants le week-end et les
ramenait le dimanche soir. À la sortie de Jeff du camp, je déménageai et
m’installai chez eux pour les préparatifs du mariage. Il passait ses journées
aux côtés de Nephtali, l’héritier de la famille Ekobena. Il nous raconta son
fameux rêve et nous parla du message de sa grand-mère. Malgré nos doutes,
Chancelle prit néanmoins la route du village où avait été enterrée sa mère
quelques années plus tôt. Elle fit exactement comme stipulé dans le rêve et
revint quelques jours plus tard.
Ophélie faisait la têtue et jalousait par moments la petite Divine, mais j’ai
stoppé au plus vite ce comportement. Les filles venaient me rendre visite et
s’activaient pour les préparatifs du mariage.
Jeff et moi étions fous amoureux l’un de l’autre. Cela sautait aux yeux
qu’on désirait plus que tout de se dire «oui», non pas seulement devant le
maire, mais aussi devant Dieu. Il était donc question de suivre des cours de
catéchèse, ce que nous fîmes afin d'être fin prêt pour le mariage. Au total,
deux mille invités sont prévus: La famille de Jeff, la mienne, Soraya et ses
amis, Audrey, Magalie, les amis de Jeff. La cérémonie à la mairie se
déroulera le vendredi et l’apothéose sera le samedi à la Cathédrale Notre
Dame des Victoires de Yaoundé.
Leila a plusieurs fois appeler Jeff, mais Antoine le berger lui avait interdit
de répondre à ses appels. Divine grandissait bien et m’appelait «maman».
Maman quant à elle a très mal pris le fait que j’ai envoyé balader Rémi, son
potentiel beau-fils. Seulement, elle est revenue à de meilleurs sentiments
lorsqu’elle a vu son petit-fils au domicile des Jeff. Rémi me remit les clés de
la maison de Kribi, mais Jeff refusa catégoriquement qu’on y mette les
pieds. Je décidai donc de la mettre en location.
****Le Lendemain****
Mon voile à lui seul mesurait plus de deux mètres. Mes enfants étaient
tous en blanc comme leurs parents. Cinq cortèges quittèrent la maison pour
la Cathédrale et de nombreuses voitures bloquaient l’accès aux rues.
Certains se demandaient si c’était le mariage d’une star ? Une fois sur place,
papa m’escorta jusqu'à l’autel où m’attendait Jeff, pendant que la chorale
exécutait des chants rythmés par les prestations enjolivées d’un pianiste de
talent.
Le prêtre: Vous allez vous donner pour la première fois l’un à l’autre.
Pour la première fois, vous allez vous dire je t’aime d’une manière
totalement vraie. Cher Jeff et chère Yolande, nous voici donc au jour tant
attendu et nos cœurs sont dans la joie. La Bible dit que tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et tout ton esprit. Elle
dit aussi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. Ces deux amours ne
se feront pas concurrence et ne seront pas juxtaposés, mais grandiront
ensemble, se nourriront l’un de l’autre et mourront ensemble. Aimer Dieu
par-dessus tout. Mettez-le au centre de votre vie personnelle et dans votre
couple. Dieu vous confie aujourd’hui une âme que lui seul connait et sait
aimer parfaitement. Vous vous mariez parce que vous savez qu’on s’habitue
vite aux grâces les plus belles, et que les yeux du cœur s’usent lorsqu’ils ne
sont pas baignés chaque jour de la lumière de Dieu. Vous ne pouvez pas
vous habituer à la beauté de l’autre, au point de ne plus savoir la déceler un
jour. Vous devez redécouvrir chaque jour dans son premier éclat, ce cœur
qui vous a séduit un jour par son rayonnement. Le mystère d’une âme vous
a saisi. Vous ne devez pas vous lasser l’un de l’autre, mais vous devez
continuer à vous émerveiller l’un devant l’autre. Vous voulez que celle/celui
que vous épousez aujourd’hui apprenne de votre amour et de votre fidélité
combien il est précieux aux yeux de Dieu, combien il est beau. Vous ne
voulez pas l’abîmer; alors aujourd’hui, vous vous mettez devant Dieu pour
lui demander de vous apprendre à vous aimer avec cette délicatesse
patience, cette obstination vigilante, ce renoncement à soi-même, cette
pureté du cœur que vous ne pouvez recevoir que de lui. Il vous faudra du
courage, de la persévérance, de la patience pour aimer chaque jour; pour
vouloir encore aimer après tant d’échecs; pour pardonner les mille piqûres
d’épingles du quotidien; pour résister à la facilité et aux sirènes qui vous
invitent à brader ce bien inestimable qu’est votre couple. Dieu vous a créés
l’un et l’autre, c’est lui qui vous a tissés dans le sein de votre mère. Vous
êtes l’un et l’autre sortis de ses mains. Il vous connait, l’un et l’autre; alors,
fiez-vous à lui; faites-lui confiance; aimez-vous jusqu'à ce que cela fasse
mal. Aimez-vous, non pas pour le meilleure jusqu’au pire, mais pour le
meilleur ET pour le pire. Vous ne vous mariez pas parce que vous vous
aimez, mais vous vous mariez pour vous aimer.
********************************************************
Je pleurais dans mon voile; Jeff pleurait aussi malicieusement dans son
beau costume. Les filles non plus n’ont pas pu se retenir. Ces paroles
touchantes s’adressaient à tout le monde. Enfin, vint le meilleur moment de
la journée, celui tant attendu de tous. Après les alliances, le prêtre prononce
enfin la fameuse phrase qui émerveilla tout le monde.
Le prêtre: «Je vous déclare mari et femme aux yeux de Dieu, vous pouvez
embrasser la mariée».
«On s’aime» !
Pendant notre baiser qui me sembla interminable, nous fûmes interrompus
par l’Abbé.
Nous ouvrons la danse sous le rythme de Shania Twain, «You’re still the
one».
Moi: Laquelle ?
Tout le monde était là; Rémi nous fit grâce de sa présence à la mairie mais
pas l’église. Chancelle était la femme la plus heureuse; Audrey était dans les
bras de son européen et m’annonça qu’elle était enceinte; Magalie et Brice
semblaient avoir retrouvé l’amour. Brice avait abandonné l’idée de devenir
polygame. Soraya n’avait plus le cœur à aimer et se contentait d’élever ses
enfants. Leila avait refusé de venir au mariage. Maman et son amant
dansaient dans un coin et papa tout seul, trouvait son compte. La soirée était
magnifique. Le père de Jeff nous offrit deux billets pour un séjour à
Mykonos, une des plus belles îles de la Grèce en guise de lune de miel.
Vers quatre heures du matin, mon époux et moi nous nous sommes
éclipsés, et la limousine nous conduisit dans une destination que seul Jeff
connaissait. Une fois sur place, Jeff me banda les yeux et me porta.
Je pleure, je renifle.
Jeff (me caressant le visage): Hey-hey bébé, c'est ton jour, alors arrête de
pleurer. Les travaux ne sont pas terminés mais nous déménagerons avec les
enfants dès demain.
Lui: Moi aussi je t’aime, Yolande Ekobena. Joli nom n’est-ce pas ?
FIN