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CHAPITRE 10

L’Histoire est-elle la conscience collective des hommes ?

Introduction :
P. 328 Texte de Aron « Les deux sens du mot ‘‘histoire’’ »

2 sens du mot « histoire » :


 L’ensemble des faits passés = Réalité historique
Indépendamment de nous, de manière totalement neutre, dans la réalité.

 Le récit de ces faits = Vérité historique


Narration des faits dont les hommes se souviennent (mémoire), des faits jugés « importants »
Histoire n’est pas juste un déroulement chronologique
Histoire = Historia (grec) = en quête, pour désigner l’activité de « l’historien » = celui qui à vue,
le témoin
L’étymologie nous montre que l’histoire n’est pas une représentation passive de faits qui se
dérouleraient tout près pour l’observateur mais plutôt le résultat d’une reconstitution active.
L’historien doit produire un effort de recherche. Cette reconstitution sera parcellaire, fragmentaire.
En tant que science, on peut opposer l’Histoire (sciences humaines) aux mythes.
Mythe prétend raconter les origines d’un fait fondateur de la société (ex : mythe de Prométhée qui
prétend être à l’origine de la technique) = divin, il fait intervenir les divins, les dieux = causalité
transcendante, + valeur de vérité du discours mythique = 0/nul, juste un discours imagé pour
interpréter un fait (mythe d’Œdipe)
Histoire : on ne fait intervenir que l’homme, on fait appelle à une causalité immanente

Histoire / Journalisme
Journalisme : annoncer/raconter le plus grand public sur une actualité la plus proche possible de
nous, les journalistes ont cette volonté d’être le premier à l’annoncer

Histoire : temps pour pouvoir aborder sereinement l’histoire, il est difficile d’aborder de manière
totalement objective un fait
 Les faits décrits pas des journalistes ne sont pas forcément des faits historiques = pas
forcément des faits qui vont rester dans la mémoire des hommes.

Préhistoire / Histoire
Histoire : Commence avec l’invention de l’écriture, la présence de témoignage écrit.
Préhistoire : Tout ce qu’il s’est passé avant l’écriture.
Questions :
L’histoire en tant que connaissance du passé est-elle possible ?
Le passé est définitivement passé, révolu donc comment se le rendre présent
La science historique étant une recherche menée par des sujets eux-mêmes inscrits dans l’histoire,
peut-elle être une science objective ?
Historien lui-même acteur de l’histoire, difficile d’avoir un avis complètement objectif, de produire un
récit vraiment objectif
L’histoire des hommes a-t-elle un sens ?
L’histoire a-t-elle une signification rationnelle ou au contraire est-elle absurde ?
L’histoire des hommes a-t-elle une direction ? On espère que ce sera le progrès
Opposé du progrès = décadence ou une période cyclique = humanité incapable de progresser à long
terme

I. Que peut-on attendre de la connaissance historique ?


L’homme serait le seul à avoir une histoire (ex :les animaux n’ont pas d’histoire).
On est les seuls à pouvoir écrire = trace écrite + on est les seuls à pouvoir se remémorer
 Avoir conscience d’agir, du temps qui passe, qu’il est fugitif, il faut seconder notre mémoire
biologique par une mémoire artificielle, si on ne transmet pas le passé, il sera définitivement
oublié sans trace écrite. L’homme est un être fini qui doit participer à l’histoire.
Dynamique dans nos conditions d’existence  l’histoire peut connaître des changements qui sont liés
à la volonté des hommes par leurs actions.
Un être humain change singulièrement  nous ne cessons d’évoluer par notre volonté.

A. Pourquoi écrire l’histoire ?


Hérodote (5ème).
 Considéré comme le premier historien.
Il écrit son texte sur les guerres médiques (grecs // perses)
Son but est « d’empêcher que les action accomplies par les hommes ne s’effaces avec le temps »
 Prolonger la mémoire des hommes par une mémoire artificielle qui passe par l’écriture =
oralité ne suffit pas.
On étudie beaucoup l’histoire évènementielle = opposer à l’histoire plus imperceptible ou il y a moins
de bouleversement, de rupture majeure (l’histoire de l’art, des idées, du droit des femmes…).
Idée que la mémoire ne s’oublie pas = devoir de mémoire vis-à-vis des hommes qui se sont sacrifiés
pour la patrie.
« Etablir pourquoi les grecs et les perses se combattirent » = raisons psychologiques qui ont poussés
les grecs et perses à mener combat = acteurs de l’histoire.
Retrouver l’altérité du passé rétrospective de retrouver la conscience des hommes du passé = difficile
de réactualiser les pensées des hommes du passé = pb de contextualisation.
Interpréter = comprendre // expliquer
Compréhension nécessite un travail laborieux
Kant distingue :

La connaissance historique / La connaissance par concepts (rationnelles)


Connaissance historique : l’expérience, le témoignage + l’autorité d’autrui (autorité basée sur la
compétence d’historien).

 Scepticisme historique : ne pas accepter/ croire l’historien


Kant : « On ne peut pas faire l’expérience de tout ni le comprendre par notre propre
intelligence ».
 Dans le domaine de l’histoire on ne peut pas nous même faire l’expérience de tout ni le
comprendre par notre propre intelligence
On ne peut pas se faire historien, refuser d’admettre mais ce n’est pas de la crédulité (= croyance
naïve)

Connaissance par concept : Donner son assentiment à une proposition en se faisant à l’autorité
d’autrui = préjugés
ex : mathématiques (rationnelle) ; on croit de manière dogmatique (dogmatisme)
B. La reconstruction du fait historique
Texte de Thucydide (2ème) « Histoire de la guerre de Péloponnèse ».
 historien grec (2e grand historien, 5e siècle av. JC)
Texte qui s’interroge sur les précautions que l’historien doit prendre pour trouver/rechercher la
vérité. Il oppose les œuvres du poète et celui de l’historien.

Logographes : rédacteurs professionnels de discours judiciaires qui écrivaient des discours pour
intervenir dans des cours de justice.
Divergence au niveau de la finalité.
Fin de l’histoire (but)  où est la vérité, faire correspondre ce que l’on dit à ce qui fût, ce qui s’est
passé.

Vérité : finalité théorique + tirer des leçons, ne pas reproduire les erreurs du passé (pratique).
 Les connaissances du passé vont nous permettre de mieux appréhender l’avenir.

La poésie : Aspect ludique, divertir, enchanter.


Le but de la poésie  plaire (souci pour les formes littéraires = sonorité, figure de style…).
≠ Histoire : récit purement factuel (le + neutre possible).
MAIS Difficultés = sources
Les témoignages ne donnent jamais une image neutre et objective du réel parce que le jugement
accompagne toujours la perception. La mémoire est sélective indépendamment de notre volonté.
 Souhait de ne pas se rappeler de certains faits.
Rôle de l’historien est bien de juger = il faut qu’il évalue la cohérence : rationalité du témoignage.
Deux types de critique :

 Critique externe : authentifier la source des documents.


 Critique interne : vérifier de la cohérence d’un témoignage (enlever dans son témoignage, ce
qu’il y a de parti pris/ subjectif).

C. L’histoire peut-elle être objective ?


Texte de Napoléon « Mémorial de Sainte Hélène ».
L’histoire est-elle possible ? Pourquoi la vérité historique est-elle impossible ?
Il se montre extrêmement pessimiste  décrit toutes les difficultés à trouver cette vérité historique.

Vérité historique : fiction du langage


Véritable vérité / fable convenu : N’est sans doute pas totalement vrai mais on a convenu que ce
discours-là serait le discours vrai transmit aux futurs générations.
 Discours où l’on a enfin réussi à se mettre d’accord.
Quand il y aura eu suffisamment de temps, que les personnes qui ont participés à l’évènement ne
seront plus, on pourra alors écrire ce discours.
Beaucoup de conjectures vont être émise = hypothèses qui portent sur le facteur rationnel de l’histoire
(combinaison de raisons possibles).
Certains vont croire avoir compris ce qui s’est passé dans l’intellect de Napoléon mais en réalité
ils ne le sauront jamais.

Obstacles :

 Passions : parti pris des protagonistes.


 Point de vu de l’historien est toujours rétrospectif, impuissante à recréer le contexte singulier
de l’évènement passé.
 Impossibilité de pénétrer la conscience des auteurs de l’histoire : de nombreuses conjectures
quand aux motivations d’ordre psychologique (compréhension, introspection, mais pas
d’explication possible).
 Une volonté de « grandeur », de supposer une profondeur, ambition à ce qui était peut-être
beaucoup plus simple, insignifiant.
On oublie parfois que les grands hommes de l’histoire (ce qui l’ont maqué) sont aussi des êtres
humains qui les pousses à mener des actions simples, futiles.
Ce sens de l’histoire est produit par celui qui interprète les faits historiques. Les acteurs de l’histoire ne
sont pas eux-mêmes conscient de faire quelque chose d’historique – ils n’ont pas forcément la volonté
d’inscrire leur action dans l’histoire.

 Le sens réel d’une situation est parfois différent de celui que lui prête ceux qui la vivent
(acteurs de l’histoire).
 Un savoir totalement inaccessible que d’identifier la juste combinaison de raisons (parmi
toutes les probabilités possibles qui a conduit Napoléon à agir comme il l’a fait).
Lui-même en est incapable, la conscience de soi ne fait pas la connaissance de soi.
 Tentation du relativisme historique.
Est-il possible d’atteindre des vérités objectives en histoire ou faut-il considérer qu’il n’y a que des
discours d’opinion plus ou moins justes (proches de la réalité) ?

Texte de Rousseau « L’Emile ».

Le scepticisme : Être toujours critique, doute permanent, ne s’autorise jamais à considérer comme
vrai aucun information, pas de vérité absolu.

Vérité absolu : Vérité que personne ne peut nier, qui devrait logiquement être reconnu par tout esprit
universel.

Délit d’opinion : Lorsqu’on refuse d’admettre des faits établis par l’histoire.
Distinction entre Histoire & Histoire
Histoire : Récit
Histoire : Réalité historique
Le discours de l’historien est forcément normatif, orienté.
L’histoire ne peut pas prétendre être un savoir exhaustif du passé, elle n’est qu’une reconstruction
parcellaire. Il n’est pas question de remettre en cause les faits, mais on peut se montrer critique face
aux événement relatés.
On doit tirer des leçons du passé à condition qu’on ne se trompe pas sur l’interprétation de ces
événements historiques et d’avoir identifié la bonne condition de raisons qui a conduit à rendre
favorable l’émergence de ce fait.
Rousseau se montre critique face à la critique elle-même.

Critique : Travail de réflexion qui consiste à analyser parmi toutes les raisons qui paraissent les plus
justes.
Au milieu de ce travail d’analyse, il faut faire un choix, mais ça ne signifie pas que c’est la vérité, c’est
seulement le plus vraisemblable – certitude subjective.

II. L’histoire a-t-elle un sens ?


Sens :
 Orientation, direction
 Signification (rationalité/ absurdité)
Il est dans la nature de la raison d’orienter une action sensée vers des fins qui lui donnent une
signification.
A. La raison gouverne l’histoire.
Texte de Hegel (19ème) « Leçon sur la philosophie de l’histoire ».
L’histoire des hommes a une signification, une direction, rien n’arrive au hasard même si nous ne nous
en rendons pas compte.
Hegel pense que l’histoire des hommes va fondamentalement vers le progrès de la liberté, de la
rationalité, de la moralité : il est optimiste.
Mais pour saisir ce sens de l’histoire, il faut reconnaitre qu’il n’y a qu’une histoire et pas des histoires
particulières.
Même quand les hommes agissent que par intérêt égoïste, il font perdurer le progrès de la raison.
 Progrès à l’insu des hommes.
« la ruse de la raison »

Ruse : Utiliser un procédé détourné, indirect pour arriver à nos fins.


 Utiliser un détour pour arriver à nos fins.
Même lorsque les hommes agissent par intérêt égoïstes, il y aurait un esprit supérieur, un principe
rationnel qui guide le cours des actions, des choses et faire servir ses volontés individuels à des fins
qu’elle ne poursuivait pas à priori.

C’est un déterminisme historique, l’histoire des homme ne s’écrit pas librement, elle se construit à
leur insu. Il y a derrière ce spectacle apparent que nous offre l’histoire et la vérité de l’histoire, le sens
historique profond.

Fukuyama (philosophe américain), « La fin de l’histoire », 1989.


 Œuvre écrit qui parle de la fin du modèle politique et économique communiste qui a conduit à
la victoire du modèle démocratique et libéral.

B. La croyance en un sens de l’histoire ne traduit-elle pas que notre besoin (humain) de


rationalité ?
P. 339 Texte de Lévi-Strauss (20ème) « Histoire cumulative, histoire non cumulative ».
 Ethnologue.
Nous avons peut être besoin de sens, de croire en des idéaux  idéal de progrès lui donne un espoir.
Besoin d’espoir pour ne pas désespérer de l’espèce humaine.
Besoin de rationalité pour l’espèce humaine = parce que nous agissons nous même selon des fins, nous
avons besoin de croire que les choses historiques sont aussi réglées selon un but qui leurs donne une
signification.
Nous ne pouvons pas supporter le sentiment d’absurdité.
La nature humaine n’évolue pas, il y a toujours ces conflits permanents qui amènent à des
révolutions comme si les hommes n’étaient pas capable d’apprendre de leurs erreurs.
On ne peut pas dire quelle est la fin de l’histoire = la fin n’est pas encore là, l’inachèvement de
l’histoire nous empêche d’en déterminer la finalité.
Les faits sont contingents = relèvent de facteurs humain, de la liberté des hommes.
Le progrès est certain dans le domaine des sciences + technique = repose sur l’accumulation
« le confort de la vie » = plus agréable de vivre aujourd’hui, d’un pdv global avec des nuances ; qu’en
est-il sur le plan qualitatif spirituel, moral ? Rien n’est certain.
La croyance en une ligne unique de l’histoire, en une seule forme possible de développement, progrès
 Préjugé ethnocentrique.
Toutes sociétés devraient accomplir le même parcours et elles ne se distingueraient que par l’étage où
elles se trouvent.
Régression de la société en travaillant le dimanche. Toute évolution peut être considéré comme
progrès.
C. La nécessité d’une foi en un sens de l’histoire est d’ordre pratique, et non théorique
Sens de l’histoire n’est pas à constater mais il est à produire/réaliser
Une position qui évite 2 impasses :

 La naïveté
 Le cynisme

P. 337 Texte de Kant (18ème) « L’Homme, citoyen du monde ».


L’idée de progrès à l’échelle mondiale – d’un point de vue universel.
« L’insociable sociabilité » caractérise le rapport entre les individus mais aussi entre les Etats.
D’une part, les rapport entre Etats sont fait d’une certaine « amitié », relations diplomatiques. D’autre
part, il y a une rivalité, une volonté d’être meilleur que les autres  sociabilité conflictuelle.

Sociabilité entre Etat : Amitié entre les peuples, relations diplomatique, échanges commerciaux,
culturels ou militaires. Mais il y a aussi une volonté d’être le meilleur, une certaine rivalité.

Progressivement, cette volonté de puissance conduit chaque état à développer l’instruction publique
(pour former des scientifiques, des ingénieurs, des chercheurs, sportifs, artistes… : tous ceux qui
participent au développement de la nation).
Une développement de l’esprit autonome, de l’esprit critique des citoyens qui entraine des
revendications nouvelles (pour des droits, pour la liberté, pour l’égalité…).
Le développement scientifique conduit aussi au développement technologique. Il a entrainé
notamment la création d’armes nouvelles, beaucoup plus destructrices.
Des guerres de plus en plus couteuses en terme de perte matérielles mais aussi en terme de perte de
vies humaines.
Paradoxalement ce sont des conditions favorables à une l’émergence d’une paix perpétuelle et
universelle entre les peuples.
L’enchaînement des nations les unes aux autres devrait conduire à la mondialisation des conflits.
Cette course au surarmement conduit paradoxalement à un nouvel ordre mondial ou on fait en sorte de
prôner la paix.

Cosmopolitisme de Kant : L’atteinte aux droits en un seul lieu de la terre est ressentie en tous.
 Ce qu’il se passe dans le monde entier nous concerne. (Crise sanitaire, attentats, pollution…).
La mondialisation n’est pas qu’une idée de frontière.
Kant prévoit la création d’un arbitre international destiné à prévenir les conflits (Société des nations
ancêtre de l’ONU).

Vocabulaire acquis :
 Histoire / Histoire
 Evènement
 Enquête
 Connaissance empirique / Connaissance par concept
 Critique
 « Tirer des leçons de l’histoire »
 Devoir de mémoire
 Scepticisme historique
 Révisionnisme
 Relativisme historique
 Négationnisme
 Le sens de l’histoire
 L’Idée de progrès
 « La ruse de la raison » de Hegel

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