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COMPETENCE III :

TRAITER UNE SITUATION RELATIVE AUX CONDITIONS DU PROGRES

THEME : Les conditions du bonheur (Le développement)

LEÇON 1 : LA VALEUR DE LA PHILOSOPHIE

Introduction

La moquerie dont le philosophe Thalès a été l’objet après sa maladresse en tombant dans un
puits atteste l’immensité du fossé qu’il y a entre la philosophie et la réalité sociale. La
onzième thèse de Karl Marx sur Feuerbach : « les philosophes n’ont fait qu’interpréter
diversement le monde, ce qui importe, c’est de le transformer » achève de nous en
convaincre. Cependant, pour Platon, le philosophe doit être roi, car il possède des
connaissances nécessaires à une vie sociale digne et paisible. Quelle est alors le véritable
impact de la philosophie sur l’histoire ?

I. CLARIFICATION DES NOTIONS D’HISTOIRE ET DE PHILOSOPHIE

A. La notion d’histoire
Généralement, le premier sens qu’on donne à l’histoire, c’est l’ensemble des faits passés ou
encore la science qui étudie le passé. Mais comme il n’y a d’histoire que dans le temps, alors
que celui-ci est fugace, l’histoire concerne également ce qui est à venir. Ce qui veut dire que
l’histoire dans un second sens s’apparente au devenir des sociétés humaines/ ; sinon à
l’ensemble des évènements qui jalonnent l’existence humaine. Dans le cadre de notre cours,
c’est ce 2e sens de l’histoire qui doit nous intéresser/.
Au-delà de ces définitions, l’histoire a pour fonction d’empêcher le temps d’effacer ce qui
s’est passé réellement et qui aura marqué l’humanité. C’est le but visé en tout cas par
Hérodote, penseur de l’antiquité grecque et initiateur de l’histoire. Cette reconstitution du
passé est facteur d’évolution, de progrès. Car elle nous permet d’éviter les erreurs commises
dans le passé, et nous permet également à travers les bonnes et mauvaises œuvres écoulées
de corriger les mauvaises et de perpétuer les bonnes. D’où une évolution positive. Mais
qu’en est-il de la philosophie ?

B. La notion de philosophie
De son sens étymologique, la philosophie signifie amour (philos) de la sagesse (Sophia). Elle
est aussi présentée dans Méditations métaphysiques par René Descartes comme « un arbre
dont la racine est la métaphysique, le tronc la physique, et les branches qui sortent de ce
tronc les autres sciences qui réduisent à trois principales, à savoir la mécanique, la médecine,
la morale. »
À travers cette définition, Descartes fait de la philosophie le point de départ de toutes les
connaissances humaines. En tant que commencement de tout, la philosophie joue un rôle
d’avant-gardiste. En d’autres termes, elle entre en scène pour préparer le terrain pour
l’avènement des autres connaissances. Elle ne fournit que des idées certes, mais ses idées
sont d’un apport considérable puisse qu’elles précèdent toujours des actions et fondent les
disciplines scientifiques. Cette conception est partagée par Alexandre Koyré. Pour lui en
effet, la pensée scientifique, notamment les sciences physiques fonctionnent toujours à
l’intérieur d’un cadre d’idée qui sont toujours considérées comme appartenant en propre à la
philosophie. Étude de l’histoire de la pensée philosophique.
La philosophie est également semblable à l’oiseau de Minerve car elle intervient quand
toutes les sciences ont fini leur travail. Mieux, quand celles-ci ont fini de tout élaborer, elle
arrive encore en dernière position pour réfléchir sur les fondements, les résultats. C’est ce
rôle de conseillère que Rabelais a souligné en disant que : « science sans conscience n’est
que ruine de l’âme. » Bref la philosophie au-delà de ce que pense l’opinion personnelle est
un véritable acquis. Quant au progrès des sociétés humaines, qu’en est-il de leur histoire ?
Pour le savoir, il nous faut savoir la place qui est celle de l’homme dans le processus
historique.

II. LE ROLE DE L’HOMME DANS L’HISTOIRE


Au fondement de toute action humaine se trouve posé la question de la marge de liberté ou
responsabilité de l’homme. La question du rôle de l’homme dans l’histoire renvoie donc à
s’interroger sur la part de responsabilité de l’homme dans le devenir de l’Humanité. En
d’autres termes, quelle est la responsabilité de l’homme au cours de l’histoire ? Le subit-il ou
le dirige-t-il ? Ces questions relèvent de la philosophie de l’histoire quand celle du récit des
évènements humains relève de la compétence de l’historien.
A – l’homme, comme objet de l’histoire
Dire que l’homme est objet de l’histoire, c’est lui retirer toute initiative et responsabilité dans
l’espace. C’est dire qu’il subit l’histoire. Loin d’être à l’origine des événements, il apparait
comme un moyen dont se sert une force transcendante en vue de la réalisation d’un plan.
Cette opinion est défendue à la fois par la société traditionnaliste grecque ; les religions, et
Hegel.
En effet, pour les grecs, tout ce qui se produit au sein de l’existence humaine est l’œuvre du
destin et non pas de l’homme. Car pour eux, « l’histoire est un théâtre ou les hommes
agissent comme des pantins ». En d’autres termes, les changements des sociétés humaines au
cours des temps se font malgré l’homme ou encore indépendamment de sa volonté. Tout est
tracé d’avance. Il ne fait qu’accomplir ce qui est prévu déjà. Il agit donc comme étant un
instrument ou une marionnette aux mains des divinités qui l’incitent à agir à son insu.
Dans les religions également on entend dire que l’histoire ou encore ce qui arrive à
l’individu, ce qu’il fait est l’œuvre de la providence Divine ; c'est-à-dire, l’action que Dieu
exerce sur le monde. St AGUSTIN dans La cité de Dieu dira à ce propos que : « si l’homme
s’agite, c’est en réalité Dieu qui le guide ». Comprenons par-là que la vie de l’homme est en
fait un programme divin. Autrement dit, l’humanité dans son ensemble ne fait qu’accomplir
l’œuvre de Dieu sur terre.
Cette vision de l’histoire sera également partagée par Hegel pour qui : « la raison gouverne le
monde et par conséquent gouverne et a gouverné l’histoire universelle » la raison dans
l’histoire. Par ces propos, Hegel voudrait nous faire comprendre que le désordre apparent des
évènements révèle en réalité un plan dont l’homme n’est qu’un moyen ou un instrument de
sa réalisation. C’est pourquoi il considère que les hommes sont « les moyens et les
instruments d’une chose plus élevée, plus vaste qu’ils ignorent et accomplissent
inconsciemment ». En claire, l’homme dans ses actes est manipulé par une force suprême
que Hegel appelle raison universelle.
En somme pour Hegel comme pour les grecs et les religions fondamentalistes les hommes ne
sont pas maitres et responsables de leur histoire, de leur progrès et même de leur régression.
Au contraire ils en sont l’objet car ils subissent un ordre déjà établi. Mais cette approche de
l’histoire repose sur un déterminisme historique que dénonce le matérialisme dialectique de
Karl Marx au nom de la liberté de l’homme.
B – l’homme comme sujet (artisan) de l’histoire
Dire que l’homme est sujet de l’histoire revient à en faire l’agent, l’acteur principal et même
le concepteur. Cette thèse est soutenue par Karl Marx et par l’existentialiste français Jean
Paul Sartre. En effet, concevoir l’homme comme un être pensant, c’est le saisir également
comme un être doté de la capacité de choisir et donc susceptible d’innovation. De ce fait,
l’homme n’est pas totalement étranger au processus historique ; bien au contraire, il donne
sens à son histoire tout en exprimant sa liberté. Et c’est cette liberté originelle de l’homme et
surtout sa responsabilité à travers les actes qu’il pose qui fait dire à Jean Paul SARTRE dans
l’existentialisme est un humanisme que : « l’existence précède l’essence ». Il faut entendre
par ces mots que ce que l’homme va devenir n’est pas tracé ou décidé d’avance. Il devient
plutôt ce qu’il a librement choisit de devenir ; C’est-à-dire sans aucune intervention de Dieu,
encore moins d’une autre force transcendante.
Aussi on pourrait attribuer la responsabilité de l’histoire à l’homme si on prend en compte
ses efforts face aux difficultés existentielles. En effet, l’homme devant l’angoisse de la mort
cherche à s’immortaliser. Ce qui le pousse à réaliser des œuvres qui vont être perpétuées au-
delà de sa réalisation physique. Or, ce sont ces œuvres et ces actions qui constituent le
contenu de l’histoire.
Ainsi, nous pouvons affirmer que le véritable agent du processus historique n’est rien d’autre
que l’homme. (qui poussé par la peur de la disparition, crée et réalise) C’est à cette
conclusion qu’est parvenu le matérialisme historique selon Karl MARX pour qui : «
l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes » Manifeste
du parti communisme. En claire, l’homme pour échapper aux problèmes, sociopolitiques et
économique, pour survivre, pose des actions concrètes ; ce qui l’amène à faire son histoire
tout en restant un acteur actif.
Que retenir en définitive ?

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