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L’HISTOIRE

Introduction
En français, le mot histoire a plusieurs sens, mais dans tous les cas il renvoie à l'idée de récit, soit
sur des événements fictifs, soit sur des événements réels :
-Histoire que l'on raconte (conte, légende. ..)
-Histoire d'un peuple ou d'un pays
Même quand on parle de l'histoire qui concerne les événements du passé, on peut distinguer deux
choses :
- Les événements objectifs eux-mêmes
- Le récit ou la science sur ces événements
Au deuxième sens, il y a une dimension symbolique dans la mesure où s'opère une réflexion sur les
événements.
On retrouve cette distinction entre la réalité objective et la science qui l'étudie dans d'autres
disciplines: géographie, économie, droit... L'homme agit et fait réflexion sur ces actions. Il cherche
à leur donner un sens.

I/ Fondements et origines de l'histoire


1. Pourquoi 1'homme s’intéresse t il à son passé ?
La mémoire
Tous les êtres vivants subissent le temps et se transforment au cours de temps. Mais seul l'homme a
la conscience de ce passage et a la possibilité de s'en souvenir. De ce fait, il peut réfléchir à son
passé et chercher à lui donner un sens. Depuis toujours, l'homme a cherché à garder une trace de son
passé, en utilisant notamment des moyens tels que les monuments, les musées, les livres etc., ce que
l'animal ne fait pas.
Le modèle.
On peut remarquer que pendant longtemps les hommes ont vu dans leur passé un modèle. Le passé
servait d'idéal et l'on considérait toujours que la société était meilleure dans le passé. C'est l'idée de
la société décadente et le mythe de l'âge d'or.
On trouve alors une idéalisation du passé qui ne va s'atténuer qu'au XVIII ème siècle avec l'apparition
de l'idée de progrès.
La causalité
On peut aussi s'intéresser au passé pour y rechercher des causes aux événements actuels. Il y a un
lien entre la notion de temporalité et la notion de causalité: la cause arrive avant l'effet. Pour
comprendre les événements actuels, on a besoin de rechercher leurs causes dans les événements du
passé :
Réunification de l'Allemagne (guerre froide, deuxième guerre mondiale etc.)

2. Naissance et développement de la connaissance historique


L'écriture
Tous les peuples ont des traditions orales sous la forme de légendes ou de mythes.
Mais l'histoire comme science suppose un support écrit. La mémoire suppose l'oubli car elle se
préoccupe davantage du présent. On peut mentir dans l'écriture mais seule l'écriture peut donner une
forme d'objectivité. Depuis l'invention de l'écriture, les hommes ont consigné leur passé par écrit.

Texte de Marrou (De la connaissance historique. 1954)


Dans ce texte, Marrou s'interroge sur l'utilité de l'histoire en tant que science et commence par la définir
comme « la connaissance du passé humain ». Ensuite il montre en quoi cette définition permet d'opposer
l’histoire à d'autres domaines.

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-Ainsi tout d'abord l'histoire selon lui s'oppose à tout travail de type littéraire. En effet, l'histoire existe déjà
dans l'esprit de l'historien avant même qu’il ne l'écrive, même si histoire suppose un travail écrit. Ce sont
donc deux activités logiquement distinctes.
- D'autre part l'histoire est bien une connaissance et non pas une recherche ou une étude et à ce propos
Marrou précise que c'est bien le premier sens du mot «historia » (recherche, enquête). La recherche ou les
études sont le moyen qu'utilise l'histoire et ce n'est pas le but de l'histoire comme science. L'histoire se doit
d'élaborer une connaissance valide. De ce point de vue de l'histoire s'oppose à toute représentation fausse
ou imaginaire de type roman historique ou tradition.
- Enfin il conclut finalement que, de ce point de vue, la connaissance historique est un idéal dont l'historien
doit s'efforcer de se rapprocher. C'est pourquoi il affine sa définition en disant que l'histoire est "la
connaissance scientifiquement élaborée du passé" c'est-à-dire qu'il oppose l'histoire à «la connaissance
vulgaire de l'expérience quotidiennes" parce qu'elle est une "connaissance élaborée en fonction d'une
méthode systématique et rigoureuse ». Il travaille de façon à pouvoir se donner le maximum de moyens
d'attendre la vérité.

La rationalité
A proprement parler, les Grecs ont été les premiers véritables historiens à éliminer de l'histoire tout le
surnaturel et on ne s'intéressant qu'à la réalité. (Thucydide, Vème siècle av. JC est considéré comme le premier
historien)
Le travail des historiens est avant tout d'écarter toutes les sources d'informations douteuses. Ainsi historien
utilise toujours le progrès technique pour améliorer scientifiquement ses méthodes de recherche. Par
exemple, on utilise actuellement le carbone 14 pour dater des documents, quel qu'il soit. Ainsi, 1'histoire se
rapproche des sciences.
D'autre part, le champ de recherche de l'histoire s'est élargi de plus en plus. Plus on fait de découvertes, plus
on prend de recul dans l'histoire. Aujourd'hui, on analyse de plus en plus loin dans la préhistoire et on
s'intéresse à la totalité des pays du monde et non plus seulement à l'Europe.
D'autre part, on étudie maintenant la vie quotidienne de tous les individus et pas seulement les individus des
dans le pouvoir.

II/ Ambitions et limites de la science historique


1. But et méthodes du travail de l'historien
Pendant une longue période, le travail d'historien était proche de celui du romancier, et l’histoire
telle qu'on la racontait était souvent très éloignée de la réalité du passé.
Aujourd'hui, on ne prétend plus raconter le passé mais l'analyser. Il s'agit non pas d'un travail
littéraire mais d'une volonté de compréhension des événements.
Pour ses recherches l'historien utilise un matériau de base qui est l'ensemble des documents écrits
ou non qui nous viennent du passé. .

Texte de Aron Dimensions de la conscience historique (1964)


Dans ce texte Aron explique que l'histoire est la reconstitution par des vivants de la vie des morts. Elle a
donc sa source dans l'intérêt actuel que des hommes vivants portent à la vie des morts. Avant tout, la
méthode de la science historique commence en s'opposant au récit imaginaire sur le passé c'est-à-dire que
l'historien, en utilisant des méthodes scientifique, essaie de reconstituer les événements tels qu'ils se sont
réellement passées au-delà des mythes, et les prend même pour objet de recherches pour savoir ce qui
étaient véritablement la réalité.
Aron constate d'ailleurs que l'histoire a subi le même phénomène que la plupart des sciences de la nature à
savoir qu'elle se divise parce qu'aujourd'hui aucun homme n'a rien à maîtriser la totalité du savoir
disponible mais bien au contraire des progrès que l'histoire réalisée

La première tâche effectuée sur les documents est de vérifier leur authenticité de les dater.
Dans ce but, les autres sciences fournissent ici une grande aide (mathématiques, démographie, physique etc.)

2. Limites de la scientificité de l'histoire et de l'ensemble des sciences humaines


Il existe un désaccord entre les historiens pour expliquer un même événement (c'est le cas dans toutes les
sciences humaines). Dans les sciences de la nature, quand une découverte est faite, tous les scientifiques
essaient de la vérifier et tombent d'accord, mais ce n'est jamais le cas dans les sciences humaines.

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Cette impossibilité a pour origine l'impossibilité radicale de mener des expériences scientifiques dans les
sciences humaines. Dans les sciences humaines, les événements sont par définition impossibles à reproduire
à l'identique. En histoire, par exemple, les hypothèses d'explication restent par définition invérifiables.
Une connaissance approfondie du passé ne permet aucune prévision des événements à venir. En sciences
humaines, les hommes étant l'objet d'étude et étant par définition des individus libres, aucune prévision
certaine n'est possible. En astronomie par exemple, en connaissant les lois qui régissent les astres, on peut
dans une certaine mesure déduire ce qui va arriver. En histoire, les phénomènes sont tous différents et
comme on n'est jamais certain de ce qui est la cause de l'événement, il est donc impossible de faire avec
certitude la moindre prévision.
En principe, une science porte sur des phénomènes qui peuvent être généralisés, à partir des expériences qui
peuvent être reproduites. Mais on a vu qu'en histoire, les événements, même s'ils se ressemblent parfois, ne
se reproduiront jamais totalement à l'identique. Il est donc strictement impossible de formuler des lois en
histoire.
On ne peut penser les événements qu'après qu'ils se soient déroulés, mais jamais au moment où ils se
déroulent. En 1789, les hommes n'avaient pas conscience des événements qui allaient suivre et notamment
du fait qu'ils allaient faire la révolution. D'autre part, dans toutes les sciences de la nature, on étudie un objet
qui nous est étranger, alors que dans toutes les sciences humaines, les scientifiques participent en même
temps aux événements. Tout le problème est que le scientifique ne peut pas être totalement étranger aux
événements qu’il est en train d'étudier. On retrouve cette difficulté avec toutes les sciences de l'homme: il est
difficile d'être objectif quand on fait soi-même partie du phénomène étudié. Dans l'interprétation que l'on
propose d'un phénomène, il y a forcément une part de subjectivité. De la même façon, l'historien choisit un
événement ou la période historique qu'il préfère.
Ce qui est certain, c'est que même avec l'abondance des documents et leur précision, les débats
d'interprétation en sciences humaines, et particulièrement en histoire restent très ouverts et très difficiles à
trancher.

III/ La Question du sens de l'histoire.


En français, le mot sens renvoie à la notion de signification et à une idée de direction vers laquelle
on se dirige. Dans le cas de l'histoire, les deux sens de confondent.
1. Négation du sens de l'histoire
On peut penser que l'histoire est absurde dans la mesure où les hommes répètent toujours les mêmes
erreurs. Ainsi chaque guerre doit être la dernière et toujours une autre guerre arrive. En outre, qu'on
peut se demander dans quel but ont lieu tous les événements historiques puisqu'ils se répètent.
Toujours dans l'histoire, on voit se répéter les mêmes horreurs. On peut également remarquer que
dans l'histoire, le hasard joue un très grand rôle. En effet, certains événements arrivent suite à
concours de circonstances imprévisible.

2. Affirmation d'un sens de l'histoire


Dans la mesure où on n'est jamais revenu au modèle préhistorique des ou certaines choses évoluent
péniblement fil du temps pour les hommes.
a) L'idée de providence
Dans toutes les religions créationnistes, un Dieu fixe le point de départ du monde et guide les
hommes dans tous les événements qui vont arriver.
En ce sens, le Dieu aurait par avance un idée très précise de ce à quoi il destine les hommes et ceux-
ci devraient s'en remettre à sa volonté.
b) L'idée de progrès
L'idée de progrès suppose une philosophie de l'histoire athée.
C'est une idée récente (XVIIIème siècle: le siècle des Lumières), selon laquelle les hommes sont
maîtres de leur avenir, parce qu'ils sont définitivement des êtres libres et raisonnables, non soumis à
une volonté transcendante.
Selon cette thèse, on pense que l'histoire va vers une évolution de plus en plus positive dans tous les
domaines de la vie humaine. Si l'on prend des domaines particuliers, on constate partout des progrès
évidents :
-En sciences, on connaît de plus en plus les choses au fur à mesure que le temps passe

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-Dans le domaine des techniques, il y a un évident progrès technique même si les conséquences en
sont parfois néfastes
-Politique: jamais autant d'hommes sur terre n'ont vécu libres
MAIS, en même temps, jamais les totalitarismes n'ont été aussi puissants.
En conclusion on peut constater que dans certains domaines la morale ou l'économie par exemple le progrès
est très discutable.
Texte de Kant et de Rousseau

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Mais, quand les difficultés qui environnent toutes ces questions laisseraient quelque lieu de disputer
sur cette différence de l'homme et de l'animal, il y aune autre qualité très spécifique qui les
distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation; c'est la faculté de se perfectionner,
faculté qui, à l' aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi
nous tant dans l'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est au bout de quelques mois ce
qu'il sera toute sa vie, et son espèce au bout de mille ans ce qu' elle était la première année de ces
mille ans-
Pourquoi l'homme seul est-il sujet à devenir imbécile N'est-ce point qu'il retourne ainsi à son état
primitif, et que, tandis que la bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours
avec son instinct, l'homme, reperdant par la vieillesse ou d'autres accidents tout ce que sa
perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même?
Il serait triste pour nous d'être forcés de convenir que cette faculté distinctive et presque illimitée est
la source de tous les malheurs de l'homme; et que c'est elle qui le tire à force de temps de cette
condition originaire dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents, que c'est elle qui,
faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue
tyran de lui-même et de la nature.
Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes

L’histoire est la reconstitution, par et pour les vivants, de la vie des morts. Elle naît donc de
l’intérêt actuel que des hommes pensant, souffrant, agissant, trouvent à explorer le passé. Recherche
d’un ancêtre dont le prestige et la gloire se prolongent jusqu’au présent, éloge des vertus qui firent
naître et prospérer la cité, récit des malheurs voulus par les dieux ou appelés par les fautes des
humains qui en précipitèrent la ruine, la mémoire collective comme la mémoire de l’individu part
de la fiction, mythe ou légende, et se fraye péniblement un chemin vers la réalité. Que la fraîcheur
des souvenirs ne nous abuse pas : la fidélité des souvenirs et une vertu de la jeunesse.
La science historique commence […] en réagissant contre les transfigurations imaginatives
du passé. On s’efforce d’établir ou de reconstruire les faits selon les techniques les plus rigoureuses,
on fixe la chronologie, on prend les mythes eux-mêmes et les légendes comme objets afin d’arriver
à la tradition et, par-delà, à l’événement qui leur ont donné naissance, bref, pour reprendre la
formule fameuse de Ranke1, l’ambition suprême de l’histoire est de savoir et de faire savoir wie es
geschehen ist, comment cela s’est passé. La réalité pure, tel est son objectif dernier, son objectif
unique.
On sait aujourd’hui à quels résultats considérables aboutit l’effort de plusieurs générations
d’historiens rompus aux méthodes de la critique historique. Grâce à ces conquêtes de la science, en
dépit des immenses lacunes de notre savoir, notre civilisation, pour la première fois dans l’histoire,
s’est formée une image de la plupart des civilisations mortes. Elle se situe elle-même, vivante parmi
des mortes, consciente de sa singularité et de sa fragilité.
Certes aucun historien n’arrive aujourd’hui à dominer l’ensemble des matériaux accumulés.
Le triomphe de la science historique entraîne celui des spécialistes. L’unité de l’histoire se perd
dans la multiplicité des disciplines, chacune limitée à un fragment des siècles ou à un secteur des
sociétés disparues. Mais qu’importe cette dispersion ? Elle est le revers ou plutôt la consécration de
la science : il n’en va pas autrement pur les sciences de la nature. Le temps de l’encyclopédie est
révolu et chacun s’accommode de sa limitation. Il reste que le passé, évanoui dans le néant mais
partiellement fixé dans les monuments et les écrits, a été peu à peu reconstitué dans ses dimensions
exactes, dans ses perspectives infiniment variées, par la curiosité patiente des générations.
R. Aron, Dimensions de la conscience historiques

1
historien allemand (1795-1886)

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Le moyen dont la nature se sert pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est
leur antagonisme au sein de la Société, pour autant que celui-ci est cependant enfin de compte la
cause d'une ordonnance régulière de cette Société.
J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire leur inclination à
entrer en société, inclination qui est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire, menaçant
constamment de désagréger cette société. L'homme a un penchant à s'associer, car dans un tel état,
il se sent plus qu'homme par le développement de ses dispositions naturelles. Mais il manifeste
aussi une grande propension à se détacher (s'isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère
d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout diriger dans son sens et, de ce fait, il s'attend à rencontrer
des résistances de tous côtés, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres.
C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, le porte à surmonter son inclination à
la paresse, et, sous l'impulsion de l'ambition, de l'instinct de domination ou de cupidité, à se frayer
une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer.
L'homme a alors parcouru les premiers pas qui, de la grossièreté, le mènent à la culture dont le
fondement véritable est la valeur sociale de l'homme ; c'est alors que se développent peu à peu tous
les talents, que se forme le goût, et que même, cette évolution vers la clarté se poursuivant,
commence à se fonder une forme de pensée qui peut, avec le temps, transformer la grossière
disposition naturelle au discernement moral en des principes pratiques déterminés.

Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique 4ème proposition

Qu’est-ce dont que l’histoire ? Je proposerais de répondre : L’histoire est la connaissance du


passé humain. L’utilité pratique d’une telle discussion est de résumer dans une brève formule
l’apport des discussions et gloses qu’elle aura provoquées. Commentons-la :
Nous dirons connaissance et non pas comme tels autres, «narration du passé humain», ou
encore «œuvre littéraire visant à la retracer» ; sans doute le travail historique doit normalement
aboutir à une œuvre écrite […] mais il s’agit là d’une exigence de caractère pratique (la mission
sociale de l’historien…) : de fait, l’histoire existe déjà parfaitement élaborée dans la pensée de
l’historien avant même qu’il l’ait écrite ; qu’elles que puissent être les interférences des deux types
d’activités, elles sont logiquement distinctes.
Nous dirons connaissance et non pas, comme d’autres, «recherche» ou «étude» (bien que ce
sens d’enquête soit le premier sens du mot car c’est confondre la fin et les moyens ; ce qui,
importe c’est le résultat atteint par la recherche : nous ne la poursuivrions pas si elle ne devait pas
aboutir ; l’histoire se définit par la vérité qu’elle se montre capable d’élaborer. car en disant
connaissance, nous entendons connaissance valide, vraie : l’histoire s’oppose par là à ce qui serait,
à ce qui est représentation fausse ou falsifiée, irréelle du passé, à l’utopie, à l’histoire imaginaire
[…], au roman historique, au mythe, aux traditions populaires ou aux légendes pédagogiques – ce
passé en images d’Epinal que l’orgueil des grands Etats modernes inculque dès l’école primaire, à
l’âme innocente de ses futurs citoyens.
Sans doute cette vérité de la connaissance historique est-elle un idéal, dont, plus progressera
notre analyse, plus il apparaîtra qu’il n’est pas facile à atteindre : l’histoire du moins doit être le
résultat de l’effort le plus rigoureux, le plus systématique pour s’en rapprocher. C’est pourquoi on
pourrait peut-être préciser utilement «la connaissance scientifiquement élaborée du passé», […]
c’est-à-dire, par opposition à la connaissance vulgaire de l’expérience quotidienne, une
connaissance élaborée en fonction d’une méthode systématique et rigoureuse, celle qui s’est révélée
représenter le facteur optimum de vérité.
H. I. Marrou, De la connaissance historique

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