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L'histoire des techniques proposée ici consiste en une discussion sur l'ensemble de la question des
rapports de l'homme à son environnement par le biais des développements techniques au cours du
temps long de l'histoire européenne et internationale. Il s’agira de distinguer les traits caractéristiques
d’une histoire matérielle, tout en l’associant aux analyses de l’économique, du social et de la pensée
culturelle et scientifique. Les rapports complexes entre science et technique seront ainsi régulièrement
abordés sur l’ensemble des périodes historiques étudiées, ce qui permettra d’analyser et de différencier
les notions de « technique », de « technologie » mises en relation avec « l’innovation » et/ou
« l’invention ». La question du fait industriel, de la révolution industrielle à la remise en cause
contemporaine des modèles qui en sont issus sera évoquée. Dans cette perspective, une attention
particulière sera portée à l'apparition des technologies de l'information et à la question des mutations
récentes, replacées dans la perspective historique. Le cours s'appuiera sur un certain nombre d'études
de cas. Il sera ainsi fait appel aux notions générales de l’histoire des techniques mais également à
l’actualité de la recherche en histoire des techniques au Centre François Viète
L’Histoire
Le cours partira, rapidement, de la préhistoire pour arriver sur des questionnements qui porteront
malgré tout plus sur l’époque moderne et l’époque contemporaine.
Il est peut-être tout d’abord nécessaire de rappeler les principaux découpages qui permettent un
premier repérage dans le temps. En tant qu’enseignant-chercheur, j’ai coutume de dire que je suis un
« contemporainiste », puisque je travaille de manière privilégiée sur le XXe siècle
L’histoire
C’est une discipline scientifique qui s’attache au temps. Il s’agit donc de quelque chose de très précis.
Ce temps là, c’est aussi le temps de quelqu’un. Il n’y a pas d’histoire, s’il n’y a pas quelqu’un.
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- Quand on parle de « Pré-histoire », il s’agirait en fait d’un « système » où l’humanité ne serait pas
capable de se raconter. Quand on arrive sur les « âges historiques » on commence à aborder cette
question des hommes qui sont capables de se raconter.
- La protohistoire : à l’âge du bronze, on se situe dans le début de pouvoir raconter quelque chose car
on a suffisamment d’éléments, aujourd’hui, d’une société qui est en train de se faire.
Dans ce cours on va aborder des domaines qui sont des phénomènes techniques, on va aussi aborder
des phénomènes scientifiques. Ce qui sera intéressant, sera de se poser la question par exemple pour la
vapeur : « La vapeur à été produite PARCE QUE… (Ca va servir à quelque chose).
Ce sont des notions importantes à se poser dès le départ. On va être confronté à cette idée que NOUS
FAISONS L’HISTOIRE et que décrivant cette histoire là on parle d’HISTOIRE HUMAINE où
qu’elle soit.
On est donc dans un processus qui considère 1 objet ; cet objet est dans 1 contexte,n de temps et
d’espace.
On parlera de temps en temps d’objet de manière théorique, ce qui nous permettra de poser la question
de ce qu’est la technique par rapport au champ disciplinaire très large qui s’appelle l’histoire.
L’histoire des sciences, l’histoire des techniques se ramènent à des actions humaines. C’est le propre
de l’histoire.
Au sein de ces périodes larges, on analysera des phénomènes techniques plus ou moins courts :
Par exemple, on va avoir :
o L’age de la machine à vapeur
o La révolution industrielle
Donc on va trouver des dates o L’age du nucléaire
o L’ère du transistor.
Ces dates seront plus ou moins compliquer à trouver. Par exemple, l’âge du transistor en 1948. Mais
on peut se poser la question : » est ce que l’âge du transistor est fini ? »
On pourrait dire que oui puisqu’il est remplacé par la puce.
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« Mais est ce que c’est vrai ? ». A chaque fois on se posera ces questions.
On voit apparaître une complexité des choses avec ce fil du temps qui passe. => je parlerais dans les
séances qui viennent de défilement du temps mais en prenant garde d’indiquer que nous ne sommes
PAS DANS UNE LINEARITE ABSOLUE. Nous sommes pourtant bien dans une linéarité du temps,
c'est-à-dire que les secondes passent les unes après les autres. Mais la complexité des situations
humaines, géographiques, sociales, fait qu’il ne se passe pas la même chose au même moment partout.
On n’est pas dans un rapport mécanique partout au même moment. Ce monde là n’est pas homogène,
il est complexe et du coup cette question de linéarité de l’histoire est quelque chose qu’il faut
questionner tout le temps.
Pour prendre un exemple : l’heure légale en France est imposée en 1891. Cela fait à peine 100 cent ans
que toute al France vit légalement (et techniquement du coup à la même heure).
Le geste et le savoir-faire dans le processus, la manipulation qui sont d’ordre technique(s) ne relèvent
pas du tout de la question de la science en tant qu’interprétation d’un phénomène, d’une théorisation et
d’application par le calcul.
Ce n’est pas la science qui a précédé la technique.
L’idée que la science précède la technique est une idée qui, en France tout au moins, se forge au XIXe
siècle, à un moment où les « grandes écoles » doivent trouver leur légitimité dans le système de
formation académique des ingénieurs. C’est la formation en « sciences dures » qui a permis cette
stabilisation, légitimant ainsi un discours plus général sur le primat de la science sur la technique. Les
discours contemporains sur l’innovation technologique parlent ainsi régulièrement de ce rôle de
l’application des sciences. Aujourd’hui, par exemple, la recherche appliquée permet de faire de la
recherche pour avoir des applications pratiques. Auparavant, les distinctions sont différentes. On peut
dire de manière générale que la science et la technique, si elles se distinguent à partir de la
Renaissance, ne rentrent pas dans une logique hiérarchisée mais plus simplement dans une double
logique d’approche du Monde : la science serait ce qui permet de connaître le Monde, la technique ce
qui permettrait de la « fabriquer », d’intervenir sur lui.
Etymologie grecque du mot technique : fabriquer, construire, produire => idée d’objets.
DECOUVERTE – INVENTION
• On parle de découverte scientifique.
• On parle de brevet d’invention.
La culture technique
Présentation de quelques exemples :
Le Petit LU
A partir de la simple reconnaissance d’une forme, Il s’agit bien de culture. Ce qui fait appel à un
apprentissage personnel et à la mémoire, mais également à des souvenirs partagés, en particulier le
goût du biscuit, faisant appel à une notion de plaisir
Le petit beurre est inscrit dans le temps. Le mot « LU » a une forme particulière qui est typique du
desing de la fin du 19° siècle.
La Paille d’or
C’est un objet qui a un nom
C’est un objet qui a une forme particulière (parallélépipède rectangle étroit et fin)
Ce sont 2 gâteaux particuliers, 2 gâteaux qui n’ont pas la même forme, pas le même goût, pas la même
consistance, ni la même saveur.
2 objets très différents l’un de l’autre
2 types de consommation différents.
2 types de fabrication différents avec une logique de production différente.
Le RIVET
Le rivet permet d’assembler des pièces métalliques entre elles.
Sur le petit beurre on est dans un objet fini, pour le rivet on est sur un projet de mise en œuvre (1 objet
secondaire ou intermédiaire au produit fini).
Il fait appel à :
• Comment s’est fait ? Dans un processus technique
• Pourquoi s’est fait ?
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INTERNALISTE : par ex. pour le métal on dira que c’est du métal corrodé, c’est du métal qui a été
travaillé de tel façon, donc je vais en faire l’analyse physico-chimique. Je vais voir la composition du
fer, je vais étudier le degré d’oxydation, je vais voir comment il a été mis en forme (probablement par
forgeage) et je vais étudier comment il a été forgé.
Ici je reste « dans mon monde » de fabricant de rivets.
Ce rivet sert à assembler des tôles, je parle de ce que l’on fait avec et je suis donc dans ma technologie.
EXTERNALISTE : ici je suis totalement extérieur de la fabrication de l’objet. Je parle de l’objet qui
est 1 objet technique mais je ne m’intéresse pas à la façon dont il a été fabriqué. Par contre, j’en tire
des conséquences sur les enjeux économiques, culturels, etc.
Nous ce que l’on va essayer de faire, c’est d’être au milieu et d’essayer d’alterner, de compléter entre à
la fois l’approche internaliste c'est-à-dire savoir effectivement comment ça marche, comment ça a été
produit, mais aussi l’approche externaliste : pourquoi, dans quelle intention et dans quel cadre et
quelles sont les conséquences que ça a.
On parlera plus dans ce cas d’une approche contextualiste de l’objet sans ignorer la question de la
technicité de l’objet (au sens de l’élaboration de l’objet).
SYSTEME TECHNIQUE : les approches de l’objet industriel chez YVES DEFORGE (Technologie et génétique de l’objet industriel,
1985)
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On en arrive bien évidemment pour conclure à la notion de système technique, dans lequel s’inscrit
cette question de l’histoire des techniques. A la suite de Simondon, Yves Deforge a indiqué les pistes
de cette analyse systémique.
SI l’on peut parler de ce système technique de l’objet, il faut bien entendu le considérer dans toute sa
complexité dans une logique globale. A l’échelle des sociétés, c’est l’importance fondamentale de
l’analyse de Bertrand Gille dans son Histoire des techniques qui établit les grands systèmes de
fonctionnement de production et des échanges, au regard de la technique au niveau des civilisations, ce
sera l’objet du cours suivant.