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« INTRODUCTION » À "L'ARCHÉOLOGIE DU SAVOIR"

Author(s): Michel Foucault and Martin Rueff


Source: Les Études philosophiques, No. 3, Comment lire L'Archéologie du savoir de Michel
Foucault ? (Juillet 2015), pp. 327-351
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/43901217
Accessed: 12-04-2020 20:30 UTC

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« INTRODUCTION » À L'ARCHÉOLOGIE DU SAVOIR

Texte établi et introduit par Martin Rueff

1 . Sous le titre « Introduction » à L'Archéologie du savoir nous présen-


tons un texte bien différent du texte introductif de la version définitive de
L'Archéologie du savoir *. Deux mots sur ce dernier pour éclairer la singularité
du premier2.
D'un point de vue philologique , comme l'indique la note de la page 27,
l'introduction définitive reprend pour partie un texte donné aux Cahiers
pour l'analyse, « Sur l'archéologie des sciences. Réponse au Cercle d'episte-
mologie », {Cahiers pour l'analyse, n° 9, Généalogie des sciences, été 1968, pp.
9-40 ; Dits et Écrits tome I, texte n° 59, [Paris Gallimard 1994], Quarto,
2001, volume I, pp. 724-759) et pour partie les réponses à la revue Esprit
(« Réponse à une question », Esprit , n° 371, mai 1968, Dits et Écrits, texte
n° 58, ibid., pp. 673-795). Ce sont des normaliens, pour la plupart élèves
d'Althusser qui publièrent entre 1966 et 1969 les dix livraisons des Cahiers
pour l'Analyse. On peut indiquer la participation d'Alain Badiou, Alain
Grosrichard, Patrick Hochart, Jacques-Alain Miller, Jean-Claude Milner,
Jean Mosconi, François Regnault. Le texte de Foucault paraît dans un
numéro où l'on trouve aussi des textes de François Regnault, Thomas
Herbert, Jacques-Alain Miller, Antoine Culioli, Alain Badiou, Judith
Miller, Jacques Nassif, François Dagognet, mais aussi d'Alembert, Cuvier,
Lavoisier et Gaston Bachelard. Les questions adressées à Foucault furent
rédigées par Jacques-Alain Miller. « On n'aura eu d'autre dessein dans les
questions qui sont ici posées à l'auteur de Histoire de la folie , de Naissance
de la clinique et de Les Mots et les Choses que de lui demander d'énoncer sur
sa théorie et sur les implications de sa méthode des propositions critiques
qui en fondent la possibilité. L'intérêt du Cercle est allé à le prier de définir

1. LArchéobgie du savoir , Paris, Gallimard, « Bibliothèque de philosophie », 1969.


2Š Ce texte se distingue aussi de « Le livre et le sujet », présenté comme 1 introduction a
la première version inédite de L'Archéologie du savoir. Le texte a été établi par Frédéric Gros,
in Michel Foucault, Cahier de l'Herne, L Herne, Paris, 2011, pp. 70-91. Je réserve à d'autres
développements la datation de ces projets.
Les Études philosophiques, n° 3/2015, pp. 327-351

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328 Michel Foucault

ses réponses par rapport


concept. » Après avoir r
Cercle fait remarquer : « L
continuité verticale entr
suivante. On lui demand
horizontalité et cette ve
dans le continu des ensem
la figure de systèmes un
alternative lui fût proposé
rait prédire sa propre ré
de savoir absolu (dont qu
indépendamment des con
nement formulé par la
rément politique (« une
la discontinuité dans l'his
une intervention politiqu
être allé à l'essentiel. Fou
système et la discontinui
là tout entier. [...] Vous
nition à laquelle je ne pe
ne voudrait raisonnablem
D'un point de vue systém
telle dans la table des mati
laquelle répond la cinquièm
ties centrales). Il reste que
en va de même pour la co
est donc celui d'un triptyq
l'énoncé et l'archive ; la m
une introduction et une
Introduction et conclusio
sur sa position ou comme
ouvrage, comme ceux qui l

2. Venons-en à cette prem


état de l'introduction publ
La boîte XLVIII du Fon
Nationale de France cont
savoir.

La première pochette car


École nationale d'adminis
Sav. Prep . (Archéologie
de dossiers manuscrits con
pliées en deux et qui repo
représente 392 pages.
C'est le troisième dossie

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 329

On trouve sur la feuille qui tient ensemble les feuillets les indications
suivantes :

« Introduction
1. Décrire les énoncés
2. L'existence des énoncés
3. Structure et énonciabilité*
a. Conditions de possibilité
b. Conditions de réalité
4. Mode d'être des énoncés : événement et remanence
Histoire et condition de l'histoire »

Qu'une partie intitulée « Histoire et condition de l'histoire » soit biffée


peut offrir une indication essentielle sur le projet de Foucault. Ce n'est pas,
à l'heure de cette première ébauche, l'histoire qui est l'objet du premier
projet de L'Archéologie du savoir ; c'est le langage, son existence, son surgis-
sement, sa « rémanence ». Ce n'est pas aux historiens que Foucault s'adresse
dans ce premier projet : c'est aux philosophes du langage et, plus intéressé
au factum loquendi qu'au factum linguae*, à ces derniers plus encore qu'aux
grammairiens. Aux philosophes du langage ? Lui qui voudra discuter avec
la phénoménologie husserlienne pour établir la possibilité d'un « a priori
historique5 », lui qui considère les historiens des Annales (Fernand Braudel
et Pierre Chaunu pour l'essentiel), mais aussi les épistémologues et les histo-
riens des sciences (Canguilhem surtout6) pour fonder son archéologie, c'est
avec les philosophes analytiques qu'il veut discuter pour établir la possibilité
de ce qu'il faut bien appeler ontologie du langage, puisque ce qui intéresse
Foucault ce sont les modes de formation, d'existence et de persistance des
énoncés. Son objet ne sera ni la phrase des grammairiens (Foucault lit alors
Chomsky), ni la proposition des logiciens, mais l'énoncé.

3. Foucault semble avoir hésité entre deux dénominations : « énonciabilité » et « énon-


çabilité ».
4. Sur ces distinctions, voir Jean-Claude Milner, Introduction à la science du langage ,
Paris, Seuil, 1989, pp. 41- 43.
5. Voir Serge Valdonici, « Les incertitudes de X Archéologie : arche et archive », in Revue
de métaphysique et de morale, 83e année, n° 1, janvier-mars 1978, pp. 73-101 ; Gérard Lebrun,
« Notes sur la phénoménologie dans Les Mots et les Choses », in Michel Foucault philosophe ,
Rencontre internationale, Paris, 9, 10, 11 janvier 1988 , Paris, Seuil, Des Travaux, 1989,
pp. 33-53 ; Béatrice Han, L'Ontologie manquee de Michel Foucault, entre l'historique et le trans-
cendental, Grenoble, Jérôme Million, 199o, pp. 66-1 17 ; Jean-François Courtine, « Foucault
lecteur de Husserl. Ma priori historique et le quasi-transcendantal », in Giornale di Metafisica,
nuova Serie, xxix, 2007, pp. 211-232; Luca Paltrinieri, L'Expérience du concept, Michel
Foucault entre epistemologie et histoire, Paris, P. U. S., 2012, pp. 120-144 ; Dominique Pradelle,
Généalogie de la raison, Essai sur l'historicité du sujet transcendantal de Kant à Heidegger , Paris,
Puf, Épiméthée, 2013, pp. 421-431 et Walter Goris, « Ma priori historique chez Husserl et
Foucault », traduction J. Farges, in Philosophie, n° 123 (2014), pp. 3-27 et n° 125 (2015),
pp. 22-43.
6. Luca Paltrinieri, op. cit., pp. 25-65.

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330 Michel Foucault

Entre fin 1966 et 1967 Fo


ciens et des philosophes a
son temps et la thèse d'un
énoncés vrais et de la sém
mauvaise foi. La boîte XL
grand nombre de fiches d
des feuilles de format A
précise que Foucault avait
Je propose une descriptio

3. En 1966, peu de philo


telle connaissance de l'act
de convergence des plus f
où Foucault se penche ave
gissement et comme reman
l'archéologie -, certains d
porains, et parmi ceux-là c
des méditations voisines, f
En 1967, Jacques Derrid
mène (Paris, Puf), De la gra
(Minuit). Gilles Deleuze, l
1969, Logique du sens . Il e
- comment comprendre
logie », une « grammato-
se demander si ce point d
d'un projet centré sur le
l'histoire. Il me semble qu
certains, ne peuvent justifi
Seule cette double interro
- qui portent sur la constit

4. Dans le premier pro


l'énoncé qui forme alors l
au cœur du plan définitif d
nence semble avoir pris le
de l'histoire7.
D'une version à l'autre d
l'énoncé et de sa descriptio
de l'archive et de sa descrip

7. Angèle Kremer-Marietti, M
1974 puis Librairie générale fr
Foucault. Le sens de l'archéolog
81, n° 52, 1983, pp. 601-63. Ic
L. Paltonieri.

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 331

5. Est- il possible de dater cette pochette de couleur rose ? Les Mots et les
Choses est paru en mars 1966 avec quel succès, on le sait. En septembre 1966
Foucault décide de s'installer en Tunisie.
Un cahier à spirales vert (Fonds Foucault - boîte 9 1 , cote 28730) reporte
sur la couverture les indications suivantes :
« Althusser 65
15 VII 66
Tunis 67 »
À l'intérieur, une fiche du Collège de France, plus tardive indique :
« Althusser
Tunis
Discours et énonciabilité
De l'autre côté Gram de Port Royař. »

Les notes sur Althusser (elles portent sur le Pour Marx et sur Lire le
Capitai) datent du séjour à Paris. C'est en effet en septembre 1965 que Louis
Althusser avait envoyé à Foucault son Pour Marx avec la dédicace « Ces
quelques vieilleries ».
À recouper les indications du cahier vert et de la correspondance, il est
possible de dater ces pages avec un peu de précision entre les dernières semai-
nes du mois de septembre et le mois d'octobre 1966.
En novembre, de l'hôtel Dar-Zarouk, Foucault cherche une maison sur
la pente sauvage de la colline de Sidi-Bou-Saïd. « La théorie du discours reste
en friche, 396 pages à refaire » (lettre). Le 16 novembre il écrit : « J'ai trouvé
hier, ce matin, à l'instant, cette définition du discours dont j'avais besoin
depuis des années » (lettre).

6. En avril 1967, Foucault déclare à Georges Fellous (« La philosophie


structuraliste permet de diagnostiquer ce qu'est "aujourd'hui" », La Presse de
Tunisie , 12 avril 1967, p. 3 ; Dits et Écrits , texte n° 47, tome I, p. 584) : « Le
travail que je prépare maintenant est un travail de méthodologie concernant
les formes d'existence du langage dans une culture comme la nôtre. » Après
avoir lu la première « introduction », les lecteurs de LArchéologie du Savoir ne
pourront plus ignorer, ou feindre d'ignorer, qu'il leur faut prendre cette indi-
cation au sérieux. Ils seront obligés de se demander si les difficultés qui ont
accompagné la rédaction de ce livre et brouillé jusqu'à aujourd'hui sa réception9

8. J'extrais du cahier les dates et les indications suivantes : « 23 VIII Archéologie :


méthode de description du pensé. Mais étant bien entendu que le pensé peut être investi dans
une institution dans une pratique etc. » ; « 28 IX Contre l'hypothese Whorf Sapir » ; « 29 IX
fait de parole : Le discours est le sol général sur fond duquel s'établissent la discipline de la
langue, de la forme des propositions, des actes de parole » ; « 5 X corrélation à la constitution
de F archive » ; « Tunisie 1 5 X ; 18 oct :
1. L'archive-discours
2. Son histoire
3. La crise d'aujourd'hui ».
9. Voir ici même les remarques de B. Mélès.

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332 Michel Foucault

ne viennent pas de ce qu'un


effets dans un livre d'epist

7. Nous livrons ici une tr


tion. Nous avons numéroté
Nous tenons à remercier
reuse et en particulier He
© Ayants dro
*

* *

[1] Décrire ce qui a été dit. Projet q


murmurante et indéfinie par laquell
c'est-à-dire articule en propositions
Décrire, c'est faire passer dans un
défini ce qui se donne selon des co
non purifiés, des codes reçus mais
un sens rien de plus que transcrir
grâce à l'établissement d'une sous
syntaxiques auront été définis. To
ration métalinguistique. Décrire ce
été dit dans un ensemble de propo
et simplement d'une « traduction
langue donnée - avec des mots et
les transforme dans un autre gro
sous langue différente. Pourtant t
sont pas des activités identiques. Tra
un autre énoncé qui soit tel qu'il lu
correctement le remplacer et exerce
au contexte. La compréhension lin
[ - ] changée, les deux énoncés tra
équivalents et de l'un on peut touj
en revanche, n'est pas lui substit
proposition « Il lui a dit de se lever
mais ne peut évidemment pas le re
même contexte. [3] Décrire un éno
langue ou une autre sous-langue d
un des rapports que cet énoncé en
il est énoncé, soit avec le contexte
description de l'énoncé ne le maintie
apparaître au moins un élément de
son espace d'énonciation (langue ou
très simples de descriptions d'énonc
(rapport à l'espace linguistique), «

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 333

cours » (rapport au contexte énonciatif) ; « il lui a dit de se lever » (rappor


au contexte non linguistique).
On remarquera que l'activité linguistique n'a pas le même rôle que dans
la traduction. Celle-ci suppose une telle activité en ce sens qu'elle suppose
que soient définis le sens et les règles d'utilisation des symboles dans l'une
et l'autre langue. Dans le cas de la description, la position de l'activité méta
linguistique est plus ambiguë : d'un côté [4] le métalangage est l'une des
descriptions possibles des énoncés (description métalinguistique puisqu'il
s'agit d'énoncer le rapport entre des énoncés - réels ou possibles, actuels
ou futurs - et l'ensemble des règles qui fixent le sens et l'utilisation des élé-
ments linguistiques). Mais d'un autre côté, il n'y a pas de description qui n
suppose d'une façon ou d'une autre de telles définitions. Ce qui fait que la
description des énoncés est par rapport au métalangage une activité à la fois
conditionnante et conditionnée.
Il y a cependant une autre différence, c'est que le métalangage en posant la
définition et les règles d'utilisation des symboles est une description prescrip-
tive. Il permet de construire des énoncés qui ne sont point encore apparus (et
éventuellement une série indéfinie d'énoncés). Il permet aussi d'établir quel
sont les énoncés qu'on peut considérer comme corrects et bien construits e
quels sont ceux qui ne le sont pas. Au contraire la description des énoncés
ne considère que les énoncés qui ont été effectivement articulés et tels qu'ils
l'ont été réellement. Il arrive parfois que cette description soit rectification.
Elle pourra [5] prendre la forme suivante : « Il a voulu dire en fait que vou
deviez vous lever » ; ou encore « on a cru/ il a parlé comme s'il s'adressait
tous, mais en fait il ne parlait qu'à quelqu'un ». Mais ces descriptions cor-
rectives ne sont pas de l'ordre de la prescription : elles indiquent en fait un
certain rapport de l'énoncé avec l'espace d'énonciation, dans le premier cas
le rapport de l'énoncé réel à un autre énoncé mieux adapté aux intentions du
sujet parlant ; dans le second, le rapport de l'énoncé réel avec les auditeurs
faisant partie de la situation contextuelle. De toute façon, on voit que la des-
cription des énoncés ne traite les énoncés que dans leur existence effective
L'énoncé décrit est d'abord un xxx [Foucault a barré sans remplacer]. En ce
sens on peut dire que toute l'analyse sur le commentaire de l'aphorisme d
Wittgenstein où il est dit que les tableaux sont des faits [sic],
[6]

1 . L'existence des énoncés

Peut-être un des traits qui caractérisent notre modernité, c'est qu'elle


a établi, c'est qu'elle est en train d'établir un certain mode de rapports aux
énoncés qui ont été déposés avant nous et le sont quotidiennement autour
de nous.
Certes il n'y a pas une seule culture au monde où ce qui se dit tombe,
sans trace ni réapparition possible dans l'indifférence d'un oubli mono-
tone. L'érosion de paroles prononcées n'est jamais totale, ni leur disparition

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334 Michel Foucault

immédiate. Une promesse


un mythe qu'on raconte,
puissante dont on garde, po
décompte des lieux, Enum
apprentissage, tout ceci,
tant, une masse de discou
conservés, valorisés, utilis
plus d'individu qui n'ajout
un certain pouvoir de « m
manipule des outils, des li
« manipulation » des énon
dont il faudra bien un jour
vrai qu'on en connaît beau
d'un énoncé pour le vérifie
un autre selon un rapport
pour le répéter tel qu'on
qu'on prie, sur le subordo
semblable ; s'emparer d'un
soit équivalent [8] ou pou
et premier, un autre qui
d'autres traitements possi
être, concevoir de décrire
qui, d'une manière ou d'u
néglige et ceux qu'elle con
ceux qu'elle accueille de l'ét
façon elle les conserve ; de
quelles formes de réutilisat
culture actuelle a elle aus
coup d'entre ces modes ét
tains lui sont propres.
Cependant ce que la cult
en train d'instaurer aux én
et mono- [9] tone. Ce rap
d'énoncé absolument négl
par telle ou telle méthode
tout énoncé doit pouvoir
corps d'énoncés. Il impliq
maintenu dans l'existenc
réutilisation possible, d'une
l'aire intellectuelle ne son
qu'on peut en faire ; mais i
éventuel et toute transform
loin d'être exclusifs les u
à un seul et même énoncé
d'une certaine autonomie

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 335

maintenir et se diffuser en dehors des supports matériels, qui peuvent êtr


fort divers, mais c est qu'on leur reconnaît - indépendamment du moment
[10] où ils ont été articulés et celui où ils ont été réitérés ou transformés -
une existence neutre, indifférente, sourde, mais non moins réductible, sur
laquelle opèrent les actes divers de réactivation. Si bien que dans la culture
moderne, les énoncés avec lesquels on a rapport, ce ne sont pas ceux qu'on
commente, etc., c'est d'abord et avant tout la masse totale de ce qui a été
dit et se trouve directement ou indirectement conservé ; à cette masse la
culture moderne a rapport dans la mesure où elle fait place à ce fourmil-
lement de choses dites, où elle accueille la rumeur immense et où elle lu
prête l'oreille. Sur fond de ce rapport premier, la culture moderne établit une
série ouverte de relations spécifiques : ce sont les divers traitements, manipu-
lations, transformations, changements, et réactivations qu'elle fait subir à
ce corpus d'énoncés et dont elle sait bien maintenant qu'ils peuvent parfai-
tement s'entrecroiser, qu'on aura encore sans doute l'occasion d'en découvrir
de nombreux, et qu'ils supposent tous l'existence préalable, indéfiniment
cumulative des énoncés. [1 1] Qu'un tel rapport - général et non spécifié -
la masse des énoncés existants soit en train de s'instaurer, c'est ce qu'on peut
remarquer à un certain nombre de signes parfaitement visibles. Au premier
rang, le fait qu'il n'y a plus, au moins en droit, d'énoncé qui soit pour nou
tout à fait étranger ou tout à fait mort : un regard ethnologique, historien,
sociologique, freudien, un regard de linguiste ou de sémiologue peut tou-
jours se poser sur le plus mince, sur le plus oubliable des énoncés. Il n'y a
pas de texte, aussi insipide qu'il soit, il n'y a pas de récit absurde, de myth
étrange, de cosmogonie abandonnée, de fausse science, de slogan publici-
taire, d'expressions familières, de faits divers racontés par les journaux qu
ne puisse être analysé selon son contenu ou sa forme, selon ses significations
explicites et implicites, selon ses règles de construction, selon son occurrence
et ses répétitions. Inversement, le domaine de l'énonçable s'étend sans limite
[12] qu'on puisse assigner à l'avance et comme de plein droit. Les bornes qu
les cultures antérieures ou étrangères à la nôtre fixent à ce qui ne mérite pas
d'être dit, ou à ce qu'il est interdit de nommer, sont en train de s'effacer : tout
a besoin de se transformer en langage et de trouver un moyen de s'énoncer.
Tout se passe comme s'il y avait dans notre discours un perpétuel mouvement
pour aller plus loin : mais non pas en ce sens que le même discours pourrai
indéfiniment se continuer, ou que la langue pourrait toujours former des
propositions nouvelles (ceci se produit dans toutes les cultures et à toutes les
époques), mais en ce sens qu'il existe toujours de nouvelles « choses à dire »
de nouveaux objets que le langage investit, se fixant sur eux et les faisant en
retour apparaître, des plans nouveaux que les énoncés doivent parcourir, e
des niveaux imprévus où la parole se situe. Devant la souveraineté du dis-
cours, la barrière du sacré, de l'interdit, de la pudeur, ou de l'indifférence
paraissent devoir s'abolir. Nous sommes - semble-t-il - à l'âge de l'infinie
description : tout doit pouvoir passer sinon dans « le » langage, du moins
dans le code [13] d "un langage approprié. Et le langage lui-même et le dis-

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336 Michel Foucault

cours et les énoncés et la


criptibles ? On pourrait rep
masse des énoncés dans la
sous ce titre, il faut entend
transformer un énoncé en
même code, soit en le fais
artificielle, soit en le tradu
activité de transcription pe
autres, d'accroître les possi
qu'il était possible de nom
les possibilités de l'inscript
vation et de la réactivation
lité sans restriction de ce q
constituent l'horizon d'un
Ainsi apparaît dans notr
blement dans aucune autr
expérience n'est pas celle
l'origine énigmatique du
régissent, soit la constituti
linguistiques, soit encore
règles. C'est l'expérience
d'énoncés qui n'a pas cessé
Ces énoncés ont des sorts
vons les répéter aujourd'h
date de leur apparition ; d'a
traces endormies et nul ne
sité, de fait historique, d'év
subsistent tels qu'ils ont ét
sés sur une pierre, un [15
métamorphoses qui les on
demeurés dans le seul dom
une place plus ou moins
se sont transformés en in
greffés sur elles : et c'est d
se sont éteints mais cette
qu'il existe au moment m
dans ces signes alignés qui
mais qu'il existe aussi après
fut suspendu ce geste qui
rend possible l'actuel traite
l'analyse. Cette existence de
qui se découvre, maintena
formulée [16] encore de faç
pulations théoriques et pr
doute qui contraint de po

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 337

Cette question nest pas facile à repérer dans son autonomie ; et sans
doute faut-il toute une élaboration pour pouvoir la poser avec précision. On
peut cependant reconnaître, au moins sur le mode négatif et à titre de pré-
alable, ce qu'exige sa détermination. Il faut essayer d'atteindre les énoncés
dans ce qui les fait exister et subsister indépendamment de tous les trai-
tements qui assurent leur réactualisation effective pour les ressaisir dans cette
dimension qui les rend, d'une façon générale, réutilisables. D'une façon sin
gulière, il faut les affranchir de deux grands types d'opération qui servent
dans la culture occidentale à les réactiver depuis des siècles : la critique et
le commentaire. [17] La critique d'un énoncé le confronte à un ensemble
de règles. Celles-ci peuvent être des règles de validation et permettent de
déterminer dans quelle mesure et par rapport à quoi un énoncé peut être
considéré comme vrai. Elles peuvent être aussi des règles de construction
elles permettent alors de déterminer si l'énoncé est correct, si l'utilisation des
symboles est conforme à la définition qu'on en a donnée, si leur composition
suit en effet les types d'enchaînement qui ont été posés ou reconnus. Cette
critique - qui peut être, selon la nature des éléments qu'elle traite, logique
grammaticale ou rhétorique - introduit toujours l'énoncé dans un univers
de règles considérées comme actuelles, et c'est comme ensemble d'unités à
construire, effectivement construites, et pouvant être de nouveau construites
au moment même où elle s'exerce, que la critique considère les énoncés et
entreprend de les analyser. Elle les situe dans un espace de perpétuelle possi-
bilité où se détermine leur conformité à des règles mais où leur mode d'exis-
tence se trouve nécessairement esquivé.
[18] Le commentaire, lui, a pour fin de transformer l'énoncé en une
série d'autres énoncés. Ces derniers sont chargés de dire ce qui n'était pas dit
dans l'énoncé lui-même : soit qu'il ait pour rôle de cacher une partie de ce
qu'il manifestait cependant à travers les mots ; soit qu'il ait été soumis à des
règles, à des lois, à des déterminations qui ne sont pas seulement celles de sa
construction visible, si bien qu'il faut, pour saisir tous ses rapports internes,
le replacer dans des espaces qui l'enveloppent et qui peuvent être psycholo
giques, historiques, religieux, culturels, etc. ; soit encore qu'il comporte pa
l'ambiguïté de ses symboles ou de sa construction, plusieurs signification
superposées qu'il s'agit de mettre au jour et de formuler chacune pour elle
même ; soit encore qu'on veuille reconstruire à partir de lui l'identité ou les
traits singuliers de celui qui l'a formulé, les circonstances dans lesquelles il a
été articulé, l'objet naturel ou culturel auquel il se rapportait. Mais de tout
façon le commentaire suppose toujours derrière l'énoncé qu'il commente
un autre texte, non encore formulé, mais qui constitue le secret, la vérité
[19] le contenu implicite, ou l'origine de l'énoncé en question. C'est ce text
d'après-coup, mais idéalement plus primitif, cette parole initiale et retirée
que le commentaire a pour tâche de restituer et dont il donne lui-même
comme le corps enfin devenu visible. Si bien que commenter suppose tou-
jours trois étages d'énoncés : au centre, celui qu'on traite ; au-dessus, ce
qu'on dit sur lui ; au fond ce qu'on suppose être dit sous l'énoncé lui-même

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338 Michel Foucault

porté secrètement et caché


qu'il emploie, et qui se form
sur l'énoncé. C'est ce rapp
sans doute, que déploie le
mode d'être de l'énoncé lu
sence étrange, à la fois m
qui constitue la vérité de l'
hors de lui-même, une exis
réactualisée. [20] Ni la cri
mode d'être des énoncés.
partagée entre l'ancienneté
parce qu'elle les analyse se
corrects). Le commentaire
cés qui soutiennent celui
l'existence, ont parlé à trav
peut-être, nous font aujour
tion : quelles sont les règ
qui ont donné un sens à ses
permettent aujourd'hui d'en
tions, ou plutôt en dehors
apparaît qu'il faudra exam
de la tâche du commentai
être doté pour pouvoir, un
réactivation, d'un traiteme
rement pour pouvoir dev
Qu'est-ce donc, dans une
énoncés ? Quelle est cette
rante de choses dites et qui
cile à cerner mais ineffaçab
phrases ? On voit qu'en un
grammaire générative : il n
langue étant donné, il est
cés, mais de savoir sur qu
énoncés qui nous précèden
ces énoncés, toute entrep
s'ils sont vrais, ou si d'aut
se garder de les reprendre
ne faut donc point les con
ou moins répétables par no
moins actives en ce que no
des événements singuliers
lui aussi singulier. Traiter
dimension, non pas de ce q
- le mot manque] sans le
mesure où ce fut effectivem

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 339

[22] 2- L'énonciabilité

Le problème est de décrire un énoncé comme une chose. La description


linguistique en effet n atteint l'énoncé que dans sa virtualité : un état de l
langue étant donné (et il peut s'agir non seulement de la langue d'un peuple
pendant une période déterminée, mais de la langue d'un groupe déterminé,
ou encore de la langue d'un individu, à telle époque ou dans telle de ses
oeuvres), décrire un énoncé, c'est définir les éléments dont il est composé,
les règles de construction qui l'ont formé, la signification qui est ainsi cons-
tituée ; c'est dire comment la langue (ou un état de cette langue) rend cor-
rect et signifiant cet énoncé (et tout énoncé de même type) ; ce n'est pas
dire pourquoi c'est cet énoncé qui est apparu. Dans une pareille description
seule la langue est réelle ; l'énoncé, lui, n'est rien de plus qu'une des virtua-
lités [23] de la langue. Or s'il est vrai que le nombre d'énoncés qu'on forme
[a] [ou qu'on peut former] à partir d'une langue est pratiquement indéfini
s'il est vrai aussi que les énoncés effectivement prononcés dans une langue
sont innombrables, il n'en reste pas moins que bien des énoncés qui sont
possibles n'ont jamais été formulés réellement. Aussi nombreux que soien
les énoncés observables, à un moment donné, aussi divers qu'on les suppose
ils n'occupent jamais la totalité de l'espace qui est ouvert par la virtualité d
la langue. L'univers du prononcé est plus étroit que l'univers du pronon-
çable. Or la description purement linguistique des énoncés les replace dan
l'univers du prononçable, alors que les descriptions des énoncés comme évé
nements doivent les replacer dans le seul espace de ce qui a été effectivement
prononcé. Cet espace, immense sans doute, mais limité, doit permettre de
définir, quand on l'analyse, non pas les conditions de possibilité, mais de
réalité, des énoncés.
Qu'est-ce qu'un énoncé effectivement formulé par opposition à un
énoncé linguistique ? [24] C'est un énoncé qui a un auteur, - lequel l'a
articulé oralement ou tracé par écrit -, un moment et un lieu où il a été
prononcé ; c'est un énoncé dont la formulation consistait en certains acte [s]
(ordre, prière, démonstration), et visait un certain objet. Ce qui distingue
une expression énonçable, d'une expression réellement énoncée, c'est donc
un ensemble d'éléments qui n'appartiennent pas à la langue, et qui consti-
tuent tout autour de l'énoncé - avant lui, en même temps que lui - son
versant extralinguistique qu'il s'agit de décrire - non pas certes, en lui-même,
mais dans son rapport à l'énoncé, plus exactement, dans cette fonction qui
lui permet de délimiter le formularle et de faire apparaître la région singu-
lière du formulé. Quelle est donc cette instance qui détermine de l'exté-
rieur l'univers virtuel de la langue ? En ce point, on rencontre une objection
préalable et une solution toute faite. Elles semblent tout à fait différentes et
comme d'inspiration opposée ; en fait elles s'appuient l'une à l'autre.
[25] L'objection consiste à dire qu'en fait la langue en tant que système a
été établie par le linguiste à partir des énoncés effectivement articulés, et que
pour les sujets parlants eux-mêmes, elle n'est point donnée en dehors de c

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340 Michel Foucault

qui est effectivement dit,


sorte de vaste domaine virt
per et faire passer partielle
énoncés réels. On peut rép
est construite par le lingui
ont été formulés, ou qui le
tème, c'est de pouvoir en
qui sont corrects, qui ont
qui ne modifient pas la la
langue est moins un ensem
bilité [26] quasi indéfinie
savoir à quelles limites se h
Comment peut-il se faire
en un moment détermin
tains énoncés n'apparaisse
de l'énonciation si on me
Le pouvoir d'engendreme
énoncés qui y figurent : et
toujours l'étage des énon
ressaisie qu'on pourra décri
tence réelle. Les énoncés ef
dans laquelle ils ont été art
énoncé qui existe réellem
il faut déterminer la lign
la masse des choses dites
à la solution toute faite el
dans le champ de possibil
parlent, de circonstances
individuelles ou collective
titueraient le principe de c
de certains d'entre eux à
réellement effectués revi
entièrement au domaine
des individus, à leur histo
tiennent. Les énoncés eff
réelle (celle des hommes
langue. À la linguistique de
corrects ou « grammaticaux
tains d'entre eux (et ceux-l
[28] - qui vaut presque co
entier le problème de savoi
les individus (compte tenu
des représentations qu'ils se
qui est la leur. À dire vrai,
de combinaisons possibles d

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 341

rendues nécessaires, alors que les autres seraient sans signification ou sans
utilité et par conséquent demeureraient muettes ; ils en disposent plutôt à
l'intérieur d'un ensemble de choses dites et de choses à dire (même si elles
n'ont jamais encore été dites) ; et cet ensemble - beaucoup moins vaste que
celui des énoncés possibles - constitue le champ réel qui limite et condi-
tionne les énoncés qui apparaissent. L'homme qui parle n'est pas un être
qui d'une part détiendrait avec sa langue un pouvoir infini d'énoncer et qui
d'autre part se trouverait dans des circonstances ou au milieu d'une culture
ou avec la charge d'un passé, d'une mémoire, d'une accoutumance [29] le
contraignant à choisir de préférence ou mieux, exclusivement, tel énoncé aux
dépens de tous les autres ; il ne dispose de son langage qu'à l'intérieur d'un
domaine « d'énonciabilité » qui prescrit les limites de sa parole, et constitue
la condition de réalité de son énoncé. On voit que l'objection et la solution
toute faite qu'on a rencontrées, supposaient l'une et l'autre que les énoncés
effectifs sont prélevés directement sur les possibilités de la langue ; et que
s'ils constituent par rapport à tout ce qui pourrait être dit un sous-ensemble,
les critères qui permettent de définir et les catégories qui autorisent sa des-
cription ne peuvent être empruntés qu'à une réalité extérieure non seulement
à la langue, mais aux énoncés eux-mêmes. Les énoncés effectifs seraient donc
au point de croisement entre un pur espace de possibilité et un principe
externe de réalisation : la limite séparant ce qui « peut » se dire et ce qui est
réellement dit n'a d'autre origine que ce principe externe. Or, il semble au
contraire que chaque énoncé, pris dans sa réalité (chaque énoncé en tant qu'il
est réellement prononcé) appartient [30] à deux systèmes de possibilités :
l'un qui est défini par la langue et qui constitue la « grammaticalité » de
l'énoncé ; l'autre plus restreint qui constitue son « énonciabilité ». Le premier
a sans doute été établi à partir des énoncés réels, mais il permet de construire
n'importe quel type d'énoncés, et le propre d'une grammaire, c'est justement
de pouvoir construire des énoncés acceptables pour les sujets qui parlent la
langue en question. Quant au second, il a été établi à partir des énoncés réels,
mais de telle façon qu'il fasse apparaître ce qu'il y a de commun aux énoncés
étudiés et à ceux-là seulement : c'est un système de possibilité qui ne déter
mine pas les règles d'une construction légitime, mais les lois immanentes aux
seules constructions effectives ; il définit la possibilité réelle d'un énoncé
comment peut-il se faire qu'il ait été réellement prononcé ?
Cette question et l'analyse qui se déploie à partir d'elle ne suppriment
pas pour autant la considération de l'individu qui parle, des circonstances
dans lesquelles il se trouve, et des représentations qu'il peut avoir dans l'esprit.
On [31] sait bien que pour dire « la même chose » deux individus n'emploie-
ront pas les mêmes mots ni les mêmes tournures, et produiront deux énoncés
différents ; on sait bien que selon le contexte extralinguistique la même signifi-
cation peut passer [par] des énoncés qui n'auront peut-être qu'un seul mot
en commun ; on sait bien que le même énoncé peut avoir aussi deux signifi
cations différentes selon les propositions qui l'entourent ou même selon les
représentations de celui qui parle. Tout ceci permet de caractériser l'énoncé

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342 Michel Foucault

dans ce quii a d'individuel


l'a rendu possible en géné
tous les sujets parlants, non
prononcés réellement) pos
sujet parlant quel qu'il soit,
ne partage peut-être avec
serait absolument singuli
prononcé, il faut bien, po
de ceux qui la parlent, [3
définissent le champ gram
noncé par quelqu'un, qu'il
le champ de l'énonçabilité
Dans la mesure où il est
c'est à lui qu'il faut s'arrê
difficile à percevoir que l
l'expérience. Cette quasi-in
bilité n'est peuplé que des
bien n'être que la somme
mémoire oublieuse qui enre
autre part, le laisse s'efface
tient aussi au fait que le s
énoncés, définit les éléme
à tous ces énoncés. Le ch
somme jamais totalisable de
riau infini dont la gramm
qu'il soit ainsi dispersé da
ne peut la parcourir en en
en définit les structures, s
infinité d'autres énoncés,
çable ait sa configuration p
conditions de la langue et l
Il faut remarquer d'autr
la langue une histoire. À di
énoncé, pourvu qu'il soit
soit qu'il dise exactement
autre chose) modifie, ne
en question. Tout énoncé
jours modifié peu ou prou
de la langue qui elle aussi
est beaucoup plus mobile
établir, et ses découpages
rise. On a cru parfois qu'
l'apparition d'un mot, ou
définir ce qui a été énonç
linguistiques peuvent sign

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 343

du champ des énoncés possibles ; ils ne permettent pas de la décrire de façon


adéquate, dans la mesure où ils n'en sont, la plupart du temps qu'un effet
ou un épisode adjacent. L'histoire du mot « progrès » n'épuise en aucune
manière (bien qu'elle puisse aider dans cette direction) la grande réorgani-
sation du xviiie siècle, de ce qui était énonçable, à propos du temps et de
l'histoire ; l'apparition du mot « mammifère » signale mais ne permet pas
de décrire la mutation dans le régime des énoncés descriptifs qui a permis
qu'on isole l'ensemble des corrélations caractéristiques du genre « mam-
mifère ». L'analyse des énoncés et de leur domaine ne se confond pas avec
l'histoire des mots qu'ils utilisent : celle-ci, ce n'est que l'histoire des dénomi-
nations. Mais la principale différence entre l'analyse d'une langue historique-
ment donnée et l'analyse [35] d'un ensemble d'énoncés, c'est que celui-ci peut
être choisi d'une façon beaucoup plus arbitraire : on peut prendre un groupe
d'énoncés très restreint pendant une période très brève, ou au contraire un
ensemble fort vaste qui embrasse des siècles, et des groupes linguistiques très
différents : on pourrait prendre l'ensemble des énoncés qui concernent l'his-
toire, et ceci dans la culture occidentale depuis les premiers historiens grecs.
L'espace de l'énonçabilité ne comporte guère de marques qui permettent
un découpage irrécusable et surtout immédiatement acceptable : les délimi
tations sont toujours des hypothèses de travail qui se vérifient de l'intérieur e
ne peuvent présenter leur justification qu'après coup. L'analyse des énoncé
suppose toujours une construction (découpage, isolement, rapprochement)
qui permet de les décrire : les groupes d'énoncés ne se manifestent pas
d'eux-mêmes comme objets à décrire.
Enfin, il faut remarquer que ce domaine ne peut être assimilé à la pure et
simple somme des énoncés singuliers. En effet ceux-ci [en effet] sont liés à un
contexte (verbal ou non), et ils sont destinés soit à passer sans trace (comme
un appel, un ordre) soit au contraire à durer [36] quelque temps (un règle
ment affiché, une loi), ou éternellement (une démonstration, une consti-
tution). Dans le domaine de l'énonçabilité, les énoncés nouent entre eux ou
avec le temps des rapports très différents. D'une part, ils deviennent contem-
porains les uns des autres, puisque l'énonçabilité doit définir l'ensemble des
conditions qui les ont rendus tous réels ; leur « contexte » n'est donc plus
celui qui les a vus apparaître et qui forme leur entourage immédiat ; c'est
un contexte qui ne leur était pas présent (et dont le sujet parlant ne pouvait
avoir conscience) et qui n'apparaît que par la médiation d'une opération
constructive. D'autre part, ces énoncés qu'on décrit sont tous par définition
des énoncés à la fois passés ou conservés [sic] : ils sont passés (même si celu
qui les analyse est absolument contemporain de ceux qui les ont formulés), et
ils sont conservés (même s'ils n'étaient point [ ?] destinés à l'être, même si un
hasard les a sauvés de l'oubli). Il apparaît alors que leur destinée temporelle
dans le champ de l'énonçabilité, n'est pas celle qui leur était prescrite par leur
formulation première : un énoncé qui devait être éternel peut être tombé
très [37] vite hors du domaine de ce qu'on a pu désormais [sic] prononcer ;
il ne figure plus dans aucune mémoire, personne ne peut le réactiver et l

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344 Michel Foucault

reprendre à son compte ; il


côté rien de ce qui a été énon
énoncer. Et c'est par un gro
énonçables qu'on passe d'un
a donc une historicité qui l
langue que du cumul des én

[38] 3- Événement et reman

Il s'agissait au point de dé
leur existence propre : non p
l'analyse de la langue nous do
événement. Le problème ét
ter. Si fortes l en effet sont
rection ou sa « grammatical
la chose qu'il vise, qu'entre la
il semble ne guère détenir
que pour disparaître aussitô
ou par un accident, n'est-ce
elle-même sans importance
peu considéré le mode d'êtr
se donne sous les espèces de
fait, pour pouvoir le ressaisir
ce qui entoure l'énoncé qu'i
proche support que peuven
lui-même dans cette région
trace, mais quelque chose qu
se maintient dans la forme
les sons ni les traces ne sont
mais ils n'en détiennent pas
a son principe dans l'énoncé
Celui-ci est un événement
et un lieu de naissance qu'il e
- de fixer à l'intérieur d'une
cet événement demeure tou
ne serait-ce qu'à titre de pur
entendue. L'énoncé a une ex
c'est-à-dire aussi l'étonneme
diversité des formes sous le
dimensions qui permettent d
de conservation qui assure
l'enregistrement ou la transc
le papier ; l'affiche ou le liv
de conservation (ce qui cet

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 345

pour durer éternellement, ce qui devait durer jusqu'à une échéance fixe ou
mobile, ce qui devait passer avec l'événement qui l'accompagnait) ; on peut
l'analyser selon les accidents de la conservation (ce que le hasard a maintenu,
au milieu des oublis, des [41] négligences, des désastres et des incendies) ; c
que les hommes ont conservé précieusement dans la pensée que c'était là l
part la plus inoubliable d'eux-mêmes ; (ce qu'ils ont enfoui comme un secret,
ce qu'ils n'ont cessé de répéter) ; on peut l'analyser aussi selon les formes d
la réactivation (ce qui est purement et simplement répété ; ce qui est méta
morphosé dans sa forme sans que la signification change ; ou altéré dans son
sens, indépendamment de toute modification formelle ; ce qui est critiqu
ou admis purement et simplement ; (ce qui est toujours supposé sans être
redit, ce qui doit être réitéré explicitement) ; on peut l'analyser selon les
types d'objectivité dans lesquels les énoncés se trouvent pris (ce qui est consi-
déré comme un objet religieux et sacré ; ce qui est objet de commentaire ou
d'exégèse ; ce qui est objet d'analyse formelle ; ce qui est objet d'explication
causale ; ce qui est objet d'épreuve de validité, ou d'un examen de correction,
ou d'une appréciation esthétique ou morale) ; on peut l'analyser selon les
formes d'intégration dans un corpus d'autres énoncés (quelle place occupe
un énoncé, quelles propositions il [42] commande, quels énoncés auraient
été sans lui impossibles ; quels autres sont indépendants de lui ou contradic-
toires avec lui) ; on peut l'analyser enfin selon les modes d'insertion dans un
univers non verbal (comment il subsiste dans une institution, dans une tech-
nique, dans une pratique nouvelle, dans une conduite mal consciente d'elle-
même, inapte à se formuler ou indifférente à sa propre verbalisation). La
remanence des énoncés n'est pas un phénomène simple, linéaire et qui soit
d'un seul niveau ; elle n'est point constituée par une longue chaîne d'effets
qui se prolongeraient les uns les autres à partir d'un point premier : elle est
un fait immédiatement polymodal. Pour un énoncé, subsister ne revient pas
à maintenir son existence, mais à la différencier, à la multiplier, à la répartir.
L'autre raison d'attention, c'est que la remanence des énoncés n'est pas
comme une annexe de leur existence première. Il n'y a pas d'un côté l'énoncé
dans sa singularité d'événement (irruption d'une série de sons articulés ou
d'un ensemble de gestes produits par un individu à propos [43] d'une occur
rence déterminée) et de l'autre l'ensemble des techniques qui permetten
de le conserver et des situations qui donnent occasion de le répéter. Il n'y
pas séparés l'un de l'autre, la vie précaire de l'énoncé qui dure le temps où i
naît, s'articule et s'achève, puis cette survie, cette post-existence, toute rem-
plie d'aléas, qui peut aussi bien lui garantir une quasi-immortalité, qu'une
chute provisoire dans l'oubli ou encore une irrémédiable disparition. Ce n'est
pas par une addition que l'événement-énoncé est doté d'une remanence. Il
faut plutôt dire qu'on a affaire à un phénomène paradoxal : la remanence
de l'énoncé appartient à sa singularité d'événement. Quand bien même
l'énoncé est lié de la façon la plus forte qui se puisse concevoir à la situation
de celui qui l'articule (comme dans le cas d'un appel qui demande réponse
urgente ou d'un ordre qui doit être exécuté dans l'immédiat) son existenc

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346 Michel Foucault

nest point tellement, n est


signes au milieu du silence
le maintien de ce quii dit
l'appel ait reçu exécution
qu'il dit bien après que se s
que sa main ait reposé sa
de traces n'ont constitué
tation d'une curieuse exi
l'instant, de support sens
de la mémoire, ou le murm
énonce. Comme « chose én
disparaît point avec l'activi
qui le prolonge ; c'est son
et le faire parfois oublier,
pas l'accident qui s'ajouterai
cet événement.
L'énoncé demeure donc non point comme trace maintenue, conservée
ou abandonnée d'un acte [45] de formulation, il se maintient comme chose
dite et qui continue à se dire en lui. Ceci a deux conséquences qui sont appa-
remment opposées. D'un côté l'existence rémanente de l'énoncé ne peut être
décrite en termes de conservation d'un événement, comme si elle n'était rien
d'autre que la cicatrice d'une blessure première ; elle doit être décrite à partir
de l'énoncé lui-même dans la mesure où c'est en lui que la chose se trouve
dite. Certes, la façon dont l'énoncé prend corps dans un appel verbal, dans
un texte imprimé, sur une pierre où il a été inscrit, dans un discours radio-
diffusé etc., ne peut être négligée lorsqu'il s'agit de définir le mode sur lequel
l'énoncé dit ce qu'il dit et par conséquent existe. L'énoncé n'est point une
abstraction décharnée qui s'incarnerait, avec plus ou moins de prédilection ici
ou là, dans des sons ou dans des graphismes ; l'énoncé est inséparable de son
corps sensible ; il est ce corps lui-même. [46] L'inscription n'est pas un énoncé
qu'on aurait confié à la pierre pour qu'elle lui communique son indestructi-
bilité de roche ; c'est une pierre qui, où elle est placée et pour tout le temps
où elle s'opposera au temps, énonce ce qu'elle dit ; les gros titres, l'éditorial,
les nouvelles, c'est ce que dit le journal et non pas ce que les grandes feuilles
imprimées sont chargées de diffuser à d'éventuels acheteurs. C'est pour cette
raison justement que les supports ou moyens de transmission de l'énoncé ne
doivent pas être pris comme des facteurs de son histoire future, mais comme
des moments qui lui sont intrinsèques, ils font partie de son mode d'être ;
et c'est l'analyse de celui-ci qui doit permettre de repérer comment ils fonc-
tionnent, et constituent pour leur part [47] ce qui se dit. Il ne faut donc pas
renoncer à traiter les énoncés comme étant eux-mêmes des choses et non
point simplement des ensembles de signes, liés en outre, et pour leur seule
conservation au destin obstiné ou précaire des choses.
Quant à l'autre conséquence, elle consiste en ceci que la remanence de
l'énoncé constitue le mode d'être de la chose dite, en d'autres termes, les

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 347

choses énoncées, ce qui se dit à propos d'une chose, la chose qui est dan
un énoncé attribuée à une autre, celle qui est prescrite, celle qui est niée
affirmée, - tout ceci n'est pas comme un peuple d'ombres appelé à s'effac
aussitôt ou à se maintenir quelque temps, par une technique, une complicité,
un hasard heureux ; les choses dites ne sont pas les doubles plus ou moin
transitoires de ce sur quoi on les dit ; mais elles forment dans le mond
un ensemble compact, une masse qui s'enchevêtre aux choses elles-mêmes
sa durée [sic] - la durée de l'énoncé ?] s'entrecroise avec [48] leur temp
les rapports qui se nouent en elles forment [pour elles ? grilles ?' avec ceu
que le monde entretient dans son histoire et dans son espace. Les chose
dites ne le sont point au-dessus des choses, et dans ce ciel idéal où des mo
impalpables représentent - comme des doubles, comme des images, comm
des signes, peu importe - ce qu'ils ont à dire ; elles sont dites au milieu d
choses, dans un espace et dans un temps qui se mêlent aux jours et aux nuits,
aux pierres, au sable, à l'herbe et aux étoiles. Elles ne sont donc pas indiff
rentes aux choses ; elles ne les laissent point tranquillement dormir dan
leur mutisme somnolent ; elles viennent les déplacer, les rapprocher, vivre au
milieu d'elles, les bousculer, les recouvrir. Qu'une chose ait été dite sur
brin d'herbe, ou sur l'écume de la mer, n'est pas indifférent à la végétati
de la terre, ni à la patience des vagues. Avant de se demander quel rappor
une proposition peut avoir avec son occurrence, il faut reconnaître que tous
ces énoncés qui sont [49] autant de « choses dites », tout ce murmure qu
s'oublie et se ressasse, est pris dans le battement des choses, et interfère avec
lui. Le problème n'est donc pas tant d'affranchir le langage de ce fameux sta-
tut de « chose » qui dans le bien-penser [ ?] philosophique n'a d'autre valeur,
même aujourd'hui, que péjoration, mais au contraire de bien l'y enfoncer
de s'interroger sur ce mode d'être singulier, qui fait, des énoncés, autant de
« choses rémanentes ».
Une difficulté apparaît aussitôt, à laquelle ne peut pas manquer de s
heurter le projet d'une histoire intrinsèque des énoncés entendus comm
choses rémanentes : c'est qu'ils sont eux-mêmes soumis à une série d'évén
ments qui semble leur être, pour une grande part, extérieure. Qu'un énon
disparaisse avec l'élément qui lui a servi de support, qu'une inscription
s'efface, qu'un manuscrit se perde, qu'une bibliothèque brûle, n'est-ce pa
là un accident qui arrive à la chose dite, mais qui n'est point lié à elle sur un
mode essentiel ? À propos de ces questions inévitables on peut faire un [5
certain nombre de remarques. D'abord, la disparition d'un énoncé n'est p
plus étrangère que sa conservation à son mode d'être intrinsèque, c'est-à
dire à la remanence qui lui est propre. Si on considère un énoncé autref
valorisé et pas d'autres, comme désormais si peu digne d'intérêt qu'on peu
l'abandonner à son sort, si on le tient au contraire pour tellement évide
et familier qu'on ne juge pas utile de le noter, si on choisit délibérémen
d'en effacer toutes les traces, on ne lui fait pas subir des avatars avec lesquel
il n'aurait point de commune mesure ; en fait, on se loge à l'intérieur d
sa remanence. Pouvoir être supprimé, pouvoir tomber dans l'oubli abso

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348 Michel Foucault

appartiennent de plein droit


effet de disparaître complèt
est soumise, bien plus que to
que cette possibilité d'effac
aurait tort de considérer l
qui viendrait s'ajouter au p
il ne faudrait pas considére
barrer son maintien indéfin
autant de modalités de sa r
mesure où l'énoncé existe
milieu des choses, sa disparit
sans qu'une place vide soit
du moins deviné, en tout cas
monde : partie le plus souven
qu'aucun instrument sans d
importante aussi que nul n
ses droits ; mais partie que
utile et possible de la situer,
de montrer comment elle ex
Entreprendre d'analyser l
rend possibles, mais dans [
réalité conduit donc à inter
existence d'événements rém
événement et le fait d'être
séparés ; de sorte que la si
« choses » du monde n'est pa
vocis » destinés à s'évanouir
choses qui s'entrelacent avec
séparent, altèrent leur confi
de demeurer, dans le surgiss
singulier qu'on ne peut les as
C'est peut-être cette singular
énoncés selon leur structu
rapport à l'occurrence dont
cette singularité pour la go
avait pas à analyser pour lu
d'être des énoncés.
*

* *

[54] Au cours de ce premier repé


événement linguistique placé dans
remanence. Il semble tout d'abord q
s'opposer : l'appartenance à un cham
de l'énoncé (l'ensemble de ce qui l'e

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 349

il est articulé) ; sa remanence définissant au contraire ce qui lui permet de se


perpétuer, donc d'échapper à ce système qui lui est contemporain. D'un côt
ce qui est dit est commandé par l'ensemble de ce qui, ayant été dit se trouve
par rapport à lui dans un rapport direct ou indirect, explicite ou implicite, de
contemporanéité ; d'un autre côté, il peut toujours être repris, répété, trans-
formé dans un ensemble d'énoncés qui lui donnent une tout autre actualité
En fait si ces deux caractères des énoncés sont [55] opposés, ils ne sont pas
cependant indépendants l'un de l'autre. Car si la possibilité de la rémanenc
appartient à l'énoncé, les réactivations qu'elle autorise ne sont effectuées en
réalité qu'à l'intérieur du champ de l'énonçabilité : reprendre un énoncé
le répéter, le transformer, le commenter ou le critiquer, ce n'est certes pas
l'énoncer à nouveau ni le faire réapparaître purement et simplement ; c'es
pourtant le réintroduire sur un certain mode dans le champ de l'énonçabi-
lité. D'autre part, si tout énoncé appartient à un champ de l'énonçabilité,
celui-ci n'existe que comme possibilité pour les énoncés d'y réapparaître, d'
être répétés et réeffectués sur un certain mode. Le champ effectif de l'énon-
ciabilité est pour les énoncés un domaine de rémanence.

Annexe : Description sommaire de la boîte XLIII

Ensemble Meaning s « Fiche Sens (logique) : Austin, Truth ; Ayer,


Meaning and Intentionality , Carnap, Church, Fries, Coll, Russel, Ryle,
Quine {Word and Object ), Strawson, Christensen, Pag, Tarski, Fodor, What
do you mean ; Fiche : les Grecs croyaient que les mots étaient des noms
(Ryle, p. 132) » ; « Fiche : la théorie du meaning selon Mill (ed Ryle, The
Theory of Meaning, 1957) » ; « Fiche : Russell et la théorie du meaning »
(Ryle, The Theory of Meaning, et « Philosophy of ordinary language », pp. 140-
143) ; « Fiche : la théorie du meaning chez Husserl et Meinong et chez les
Anglais : ex Ryle - La philosophie a à s'occuper de la logique du fonctionne-
ment des expressions) » ; « Fiche : la signification d'un mot : "L'expression,
'la signification d'un mot' est un dangerous non sens phrase" » - ce sont les
énoncés (sentences) qui sont une signification, non les mots. Remarques sur
Morris, Hampshire et Austin, The meaning of a word » ; « Fiche : la gram-
maire, la lexicographie et le sens - à partir de Quine, in From a Logical
Point of View » - ; « Fiche : Meaning and Reference - à partir de Quine, p. 9
et 21 » ; « Fiche : sens et signification, à partir de Guiraud, La Sémantique ,
pp. 9-10 » ; « Fiche : What sorts of facts are meanings ? » W. V. Quine a dit
(« Two Dogmas of Empiricism ») que la question principale de la théorie de
la signification est : « What sort of things are meanings? » ; « Fiche : le sens
factuel d'énonciation (« Ayer : Langage , vérité et logique) » ; « Fiche : asser-
tions et ordre : les ordres ont un meaning mais pas de vérité » (Christensen,
On the Nature of Meanings, pp. 49-51) ; « Fiche : Meaning and Truth
(Christensen, pp. 36 sq.) » ; « Fiche : qu'est-ce qui est vrai : les formula-
tions épisodiques de la prop, ou son meaning ? ; Austin sauvé des objections

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350 Michel Foucault

de Strawson : N.E. Christ


« Fiche : Meaningless expre
- le meaning est-il intralin
p. 24 » ; « Fiche : le sen
Meanings , p. 24 » ; « Fich
et Tarski, - Onoma, avan
établir la synonymie sur
vol. X, n° 1, 1949, pp. 55-
partir de Nelson Goodman
1944, Philosophy and Ana
positions », m Analysis, X
sens d'un énoncé ; "les én
meaning" ; Ryle, Ordinar
lité d'une formulation, Pu
le changement de meanin
Pochette Russell ; « Fiche
p. 51 » ; « Fiche : phrases
losophique : les résultat
noms propres, significati
pas empiriste - Limits of
"L'importance philosophi
gage quotidien » ; « Fiche
- Logical Atomism, p. 36
Wittgenstein, Strawson
« Fiche : théorie des types
logiques ; les antinomies
logic" » ; « Fiche : la théo
descriptions définies ; d'a
Analysis » ; « Fiche : l'analy
Strawson, On Referring 1
définies ; Strawson, On Ref
selon Russell, Russell The Ph
196 et Charlesworth, Philo
Mentionnons enfin une
contient : « Fiche : conna
T. Geach, Russell's Theory
russellien des "hétérologiqu
selon Russell » ;« Fiche : co
« Fiche : modalité formelle
et sentences, Searle, What
227 » ; « Fiche : les excluder
prédicatifs ; servent à met
que ce soit : . . . des choses
excluders'" ; R. Hall, Anal
pp. 67-73 ».

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« Introduction » à L'Archéologie du savoir 351

Enfin, un Dossier Firth : « Bibliography - J.R. Firth : Personality an


Language and Society ; a Synopsis of Linguistic Theoryy Essays and Studies ,
R.H. Robin, A Problem in the Statement of Meanings ; W.S. Allen, 'Structure
and system' in T.F. Mitchell" ; "Fiche : le fonctionnalisme dans la langu
- Ethnography analysis and Language ' ; "Fiche : Firth Théorie du meanin
- R.H. Robins, Trends in modern linguistics : Haas, 'On defining linguist
unites'" ; "Fiche : Firth : Le contexte toujours à partir de R.H. Robins".
Pour finir un dossier : "Avowals s Fiche : « l'analyse des avowals che
Wittgenstein ; ed Gasking : Avowals in Butler , Analytical Philosophy, pp. 16
162 » ; « Fiche : "ego statements" ; "Fiche : exprimer et declarer" ».

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