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Cours de culture

Histoire des Sciences et des Techniques.


Aspect épistémologique et considérations éthiques

Pr. M’hammed ERRAOUI

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INTRODUCTION
1. Définitions
1.1. Science
➢ Définitions lexicologique

▪ Étymologie : selon Le Robert : Le terme science vient du latin scientia


« connaissance », lui-même issu de verbe scire « savoir ».
▪ Sens : « Ensemble de connaissances, d'études d'une valeur universelle,
caractérisées par un objet et une méthode déterminés, et fondées sur
des relations objectives vérifiables. »
 « connaissance exacte, universelle et vérifiable exprimée par les lois,
qu'elle soit obtenue par hypothèse et déduction, par observation et
induction ou par un « aller et retour » entre les deux. »
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Exemples : Sciences de la nature (physique, astronomie, chimie,
géologie, biologie, etc.)
Les mathématiques.

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Caractéristiques :
D’après comte Sponville, la science est « est un ensemble de connaissances,
de théories, d’hypothèses et de pratiques :
✓ portant sur le même objet ou le même domaine (par exemple la nature,
le vivant, la Terre, la société…)
✓ historiquement circonscrite (toute vérité est éternelle, aucune science ne
l’est),
✓ logiquement organisées ou démontrées, autant qu’elles peuvent l’être,
✓ collectivement reconnues, au moins par les esprits compétents,
✓ Ordinairement opposées à l’opinion (une connaissance scientifique, c’est
une connaissance qui ne va pas de soi,
✓ enfin – sauf pour les mathématiques – empiriquement falsifiables.
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 Ainsi, au sens large,
➢ Les sciences peuvent être envisagées comme processus de création
de la connaissance ;
➢ Ce sont des modes d’interrogation de la nature fondés sur la raison,
l’observation ou l’expérimentation.
➢ Elles constituent un corpus de savoirs méthodiquement obtenus et
validés, mais soumis à des transformations temporelles.

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1.2. Technique
➢ Définition lexicologique :
▪ Étymologie : Le mot vient du grec tekhnê, qui signifie « art, métier »
▪ Sens : Le Robert définit la technique comme
➢ « Ensemble de procédés méthodiques plus ou moins régularisés et
structurés,
➢ fondés sur des connaissances scientifiques
➢ et destinés à obtenir un résultat, satisfaire des besoins,
➢ selon une finalité et une ustensilité. »

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 De manière plus synthétique, la technique renvoie à « un ensemble
d’instruments (outils, machines, logiciels…) et de savoir-faire,
permettant d’obtenir un certain résultat. » Comte Sponville
Caractéristiques :
La technique se distingue par :
➢ son efficacité impersonnelle : un objet technique peut être fabriqué
identiquement par tous les individus compétents et convenablement
outillés.
➢ son rôle primordial dans le progrès, aussi bien pour l’individu que pour
la société dans son ensemble.

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2. Articulation Sciences/Technique
➢ Historiquement, les techniques sont antérieures aux sciences ;
▪ L’homme primitif a connu bien des techniques alors que la pensée
abstraite était encore inexistante : techniques de la chasse et de la
pêche, de la cueillette, puis des armes, des vêtements…
▪ Dans la civilisation hellénistique, ce sont les techniques orientales qui
arrivent les premières, sans qu’elles soient dérivées de la science
grecque
➢ Cependant, les rapports entre science et technique sont beaucoup plus
complexes qu’il ne parait :
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2.1. La technique est une application de la science
➢ Partant de l’idée que la science est une spéculation pure, on
considère que la technique constitue le point de contact entre la
réalité matérielle et le résultat scientifique;
➢ C’est une mise en application des connaissance scientifiques, dans la
vie pratique.
➢ Elle représente donc le versant expérimental, empirique des idées
scientifiques ;
➢ Dans cette conception, la technique est censée marcher dans le
l’ombre de la science ; elle ne peut prendre son essor qu’avec l’aide
de celle-ci.
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2.2. La science : une conceptualisation de la technique
Dans certains cas, la technique précède la science, même en physique.
➢ Depuis l’antiquité, les hommes ont exploité des données de la
physique (mécanique, astronomie, pneumatique, etc.) bien avant que
n’apparaissent les théories scientifiques relatives à ces phénomènes.
➢ À une époque plus récente, la machine à vapeur en fournit un autre
exemple : ce sont les tâtonnement pratiques de de Caus-Huygens,
Papin, Savery et autres, conjugués au génie expérimental qui ont
produit la machine à vapeur. Il fallait attendre environ deux siècles
pour voir arriver l’explication scientifique du processus.
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2.3. Fusion entre science et technique
➢ Dans les temps modernes, les frontières s’estompent de plus en plus
entre science et technique au point qu’elles deviennent indistinctes
l’une de l’autre:
▪ Aujourd’hui, la recherche scientifique s’appuie sur un énorme
appareillage technique (c’est le cas pour les recherches
atomiques).
▪ Inversement, les manipulations techniques peuvent être à l’origine
des avancées scientifiques.
 Le rapport n’est plus donc celui de la succession mais de
l’interaction permanente.
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➢ Ainsi, Le savant n’est plus un génie solitaire, qui s’adonne aux
raisonnements purement théoriques.
▪ Le chercheur dans un laboratoire est devenu un technicien qui
travaille au sein d’une équipe
▪ Il ne peut revendiquer à lui seul la paternité de son invention, en
raison du travail collectif et du matériel que lui offrent les grands
laboratoires ;
▪ D’où la notion de technosciences.

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 De fait, la science pure s’éloigne et laisse la place à une science
appliquée, où recherche théorique et exploration technique
s’épaulent mutuellement.
 Les savants actuels sont d’abord des techniciens, qui ne savent rien
chercher sans une multitude de collaborateur, de grandes sommes
d’argent et une grande quantité de machines préalables.

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2.4. Vers le primat de la Technique
➢ Avec l’essor foudroyant des technologies modernes, la technique
semble gagner une place de plus en plus prépondérante, au
détriment de la recherche scientifique fondamentale.
➢ Il est, par conséquent, difficile aujourd’hui de concevoir une activité
scientifique qui n’ait un aboutissement technique.
➢ Plus encore, la science est en passe de devenir un simple élément de
la technique, un moyen du progrès technologique.
➢ Inversement, les techniques sont bien davantage que des outils. Ce
sont des pensées scientifiques mais orientées vers des objectifs
pratiques.
 En un mot, ce sont des sciences appliquées, indistinctes des
techniques.
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3. Aperçu historique sur les Sciences et les Techniques

➢ La Science de la Technique sont inséparables :

Par leur pratique


Par leur histoire

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➢ Cependant, par souci méthodologique et pour la clarté du propos,

Nous dissocions provisoirement Science et Technique,


Nous abordons l’histoire de la Science avant celle de la
Technique, ce qui ne correspond pas à l’ordre chronologique.

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➢ Au demeurant, cet aperçu sur l’histoire des Sciences et des
Techniques se limite :
Moyen-Orient
&
Bassin de la Méditerranée.

Car c’est avec les anciennes civilisations de Babylone, d’Égypte et de la


Grèce que commence l’histoire plus ou moins documentée de la
science.
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Périodisation :
➢ La périodisation de l’histoire des sciences et des techniques est une
entreprise délicate :
→ À côté des ruptures ou révolutions remarquables, il y a souvent
des périodes de transition et de transformation moins nettes.
➢ Cependant, on peut parler de nouvelle ère scientifique à chaque fois
qu’il y a une nouvelle manière de penser différente et spécifique.
→ Pour des raisons pratiques, nous procéderons à la segmentation
de l’histoire générale des sciences en quatre périodes :

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3.1. Histoire des sciences anciennes
3.1.1. La Mésopotamie

➢ Une certaine tradition scolaire et même universitaire situe


traditionnellement le début de la « science » dans l’Antiquité
grecque,
➢ Or, il est avéré aujourd’hui que les premières traces de la
connaissance scientifique
Se situent en Mésopotamie
Remontent au début du deuxième millénaire voire à la fin du
IIIème millénaire avant l’ère chrétienne.
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➢ Les fouilles archéologiques ont mis au jour plus de 500 000
tablettes d’argile babyloniennes, dont plusieurs milliers sont
consacrées aux mathématiques.
➢ L’arithmétique commence en Mésopotamie avec un système de
numération sexagésimal (système de numération utilisant la base
60), transcris en écriture « proto-cunéiforme » (fig. 1) ou
cunéiforme (fig. 2).

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Tablette de Plimpton 322

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➢ De même, les observations astronomiques des Chaldéens (IXe siècle
av. J.-C. au VIe siècle av. J.-C. étaient assez précises et se prêtaient à
des applications précieuses. Issues de préoccupations astrologiques,
ces observations, consignées par écrit, ont conduit à la découverte de
certaines régularités dans le mouvement des astres.
➢ Les pratiques médicales étaient certes mêlées à des croyances
magiques, mais elles laissaient voir un certain savoir thérapeutique
fondé sur l’administration de remèdes à base végétale ou minérale.

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3.1.2. L’Égypte ancienne
➢ L’Égypte ancienne utilisait déjà le système de numération décimal.
➢ Les Égyptiens connaissait le nombre π et l’employaient dans le calcul
de l’aire d’un disque.
➢ Le Papyrus de Rhind, écrit en hiéroglyphes simplifiées, laisse voir
une vraie science arithmétique :
- tables de calcul,
- parties théoriques sur les progressions
- 87 problèmes résolus d'arithmétique, d'algèbre, de géométrie…
- Les équations du premier degré y sont utilisées.
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➢ Un autre papyrus, celui de Moscou, fournit de plus amples
informations sur la géométrie de l’ancienne Égypte ; on y trouve :
- l’énoncé que la surface d’un hémisphère est le double de celle
du grand cercle qui le termine ;
- l’expression exacte du volume d’un tronc de pyramide à bases
carrées.
➢ L’architecture des Pyramides trahit des connaissances scientifiques
pratiques :
- orientation par rapport au soleil (équinoxe),
- alignement sur les quatre points cardinaux.

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➢ En matière d’astronomie, les Égyptiens ont établi une véritable
cartographie du ciel et maitrisaient la description précise du
mouvement du Soleil et le calcul des éphémérides.
➢ Concernant les sciences de la nature,
- les Égyptiens ont fait sur les animaux et les plantes des
observations d’un grand intérêt.
- L’anatomie n’était pas méconnue. La pratique de
l’embaumement, a permis aux médecins égyptiens d’acquérir
une connaissance approfondie de l’intérieur du corps humain.
- En médecine, plusieurs maladies étaient décrites et traitées
(gynécologie, ophtalmologie, gastro-entérologie, …)
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3.1.3. La Grèce ancienne
Les sciences grecques ont bénéficié du savoir babylonien et égyptien
avant de construire un nouveau système de connaissance où
spéculation philosophique et réflexion scientifique entretiennent des
liens étroits.
3.1.3.1. La proto-science des Présocratiques :
Originaires pour la plupart des colonies grecques, les Présocratiques
ont vécu entre le VIe et le IVe siècle av. J.-C.
❑ L’École ionienne (= les Physiciens d’Ionie) :
Originaires majoritairement de la ville de Milet (en Asie mineure), les
Physiciens d’Ionie sont les fondateurs de la pensée philosophique :
Thalès, Anaximandre, Anaximène, Héraclite et autres.
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➢ Ces philosophes ont posé les bases théoriques pour passer du
mythe à la raison.
➢ Ils sont les premiers penseurs à expliquer la création du monde et les
phénomènes naturels, non pas par les légendes de la tradition
poétique mais par des théories qui se veulent rationnelles.
➢ l’Ecole Ionienne propose une vision du monde organisé à partir d'un
principe générateur : ses membres cherchaient à trouver le principe
élémentaire qui explique la formation du cosmos : l’eau pour Thalès,
l’air pour Anaximène, le feu pour Héraclite, les quatre éléments
(l'eau, le feu, l'air et la terre) pour Empédocle :

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❑ L’École italique (ou École pythagoricienne)
➢ Cette école compte des philosophes qui vivaient dans ce qu’on appelait
La Grande Grèce: les côtes méridionales de la Péninsule italienne et la
Sicile (Pythagore, Empédocle, Parménide …)
➢ Ils s’intéressaient surtout aux spéculations métaphysiques sur l’être et le
mouvement et à la géométrie abstraite :
« Les Pythagoriciens ont élevé la géométrie à la dignité réelle
d’une science, scrutant les théorèmes plus intellectuellement et
immatériellement. » (Eudème)
➢ l’Ecole pythagoricienne propose une vision mathématique d'un Cosmos
ordonné par les nombres, à travers lesquels survit l’idée de dieu.
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 Les Présocratique étaient, dans leur ensemble, des physiciens, des
géomètres et des astronomes, préoccupés aussi par des questions
biologiques.
 Mais leur science restait fondamentalement contemplative et non
expérimentale.
 Leurs idées cosmologiques portent clairement les traces égyptiennes
et chaldéennes, mais dans une perspective plus laïque : les actions
des forces naturelles ou la perfection des nombres remplacent
d’emblée celles des puissances divines des anciennes cosmogonies.

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3.1.3.2. La Grèce classique (Ve-IVe siècle)
La pensée scientifique de cette période est dominée par trois noms : Platon,
Aristote et Eudoxe.
❑ Platon
➢ Platon reprend bon nombre des idées de ses prédécesseurs avant
d’élaborer son propre système de pensée.
➢ Intéressé avant tout par la métaphysique, l'éthique, l'esthétique et la
politique, il ne participe qu’indirectement au progrès des sciences.
➢ Il donne la priorité, non pas à la connaissance utile mais inférieure des
choses sensibles (soumise au changement et à l’altération), mais à la
contemplation des choses éternelles et immuables (le monde des idées).
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➢ Ainsi, la géométrie doit s’intéresser, non pas aux mesures concrètes,
mais à la méditation sur les propriétés abstraites, immuables des
figures et préparer ainsi à la contemplation du souverain Bien.
➢ En astronomie l’observation doit céder la place à l’astronomie
véritable, capable de rendre compte du mouvement des astres et
nous élever ainsi à l’intelligence des forces motrices de l’univers.
➢ Platon établit une opposition ontologique entre le sensible et
l’intelligible. Cette opposition implique une hiérarchie
épistémologique nette : la connaissance scientifique ne porte que sur
l’intelligible (le monde des idées) ; le monde sensible est le domaine
de l’opinion.

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❑ Eudoxe
➢ Le nom d’Eudoxe domine les mathématiques du IVe siècle av. J.-C.
On lui attribue notamment la méthode d'exhaustion (procédé ancien
de calcul d'aires, de volumes et de longueurs de figures géométriques
complexes (pyramides entre autres).

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❑ Aristote
L’œuvre d’Aristote domine la pensée philosophique et scientifique pendant plus
de 2000 ans.
➢ Il s’intéresse à la physique et définit clairement son domaine d’action : étudier
les êtres dont la substance contient l’idée du mouvement ou de l’arrêt du
mouvement qui se produit en elle. Ainsi, un corps en mouvement a une
existence en acte ; un corps sans mouvement a une existence en puissance.
➢ La Dynamique aristotélicienne a fait autorité jusqu’à la Renaissance. Elle
s’adosse à l’axiome suivant : tout mouvement non naturel ne peut durer, s’il
n’est entretenu par l’action continuelle d’une puissance motrice directement et
immédiatement appliquée au mobile.
➢ D’où cette loi de la mécanique aristotélicienne : une force constante produit un
mouvement uniforme dont la vitesse est proportionnelle à cette force.

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❑ Dans le domaine médical, Hippocrate reste le plus grand médecin
de tous les temps.
Tirant profit des observations antérieures, qu’il a rassemblées et
systématisées, il fonde la médecine positive :
descriptions des maladies (phtisie, épilepsie, fièvres…)
pratiques chirurgicales dont certaines gardent leur valeur
jusqu’au XIXe siècle.

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 Dans la Grèce Classique, ce sont les mathématiques qui constituent
la science par excellence :
➢ Orientées vers l’abstraction et l’intelligible, elles deviennent pour le
génie grec le type de connaissance idéal, fondée sur la démonstration
comme essence de la pensée mathématique.
➢ Les nombres et la géométrie présentait l’avantage de transcender la
réalité sensible imparfaite et de traiter de la réalité stable.

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➢ Cependant, les thèses scientifiques restent mêlées à des
considérations religieuses et philosophiques.
➢ De même, si les observations étaient excellentes, l’expérimentation
n’accompagnait pas et encore moins l’interprétation adéquate des
expériences.
➢ Le retard de la technique (jugée vile) a aussi desservi le
développement des sciences dans la Grèce classique.

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3.1.3.3. L’époque hellénistique (IIIe-Ier siècle av. J. -C.)
A partir du IVe siècle av. J. -C., et pour un temps, Alexandrie devint la
capitale du monde intellectuel, grâce à la protection intelligente autant
que libérale des chefs politiques (les Ptolémées).
Avec Euclide, Apollonius, Archimède, Hipparque et autres, les sciences
grecques deviennent de plus en plus autonomes, même par rapport à
la philosophie.

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❑ Archimède a pratiqué et développé la Géométrie, la Mécanique et
la Physique.
➢ Avec lui les techniques de la mesure des figures les plus complexes
connaissent un grand essor.
➢ Archimède est aussi considéré comme le fondateur de la Statique
rationnelle.
➢ Son nom est resté attaché, en hydrostatique, à la célèbre proposition
sur la poussée exercée sur un corps plongé dans un liquide.

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❑ Hipparque (IIe siècle av. J. -C.) apporte plus de précisions aux
mesures de ces prédécesseurs (précession des équinoxes,
trigonométrie plane ou sphérique, description géométrique du
mouvement des planètes…)
➢ Il invente ou perfectionne plusieurs instruments astronomiques.
❑ En Astronomie, Aristarque de Samos semble avoir défendu le
système héliocentrique.

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3.2. Histoires des techniques anciennes
Plus que la science, la technique obéit à une logique évolutive constante,
dans ses conceptions comme dans ses réalisations.
3.2.1. Conception de la technique : de l’origine divine au génie humain
3.2.1.1 La représentation mythologique : la technique comme don
des dieux :
Deux termes grecs sont fort significatifs au sujet de la technique :
La technè : activité pratique, manuelle et matérielle.
La métis, est une forme d’intelligence pratique et rusée (Métis est
la mère d’Athéna).
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Or, l’une et l’autre (la technè et la mètis) trouvent leurs origines dans
les puissances divines, qui la détiennent ou la délèguent aux héros.
Deux divinités (qui collaboraient d’ailleurs ensemble) occupent le
devant de la scène sur le plan technique : Athéna et Héphaïstos
(Vulcain)

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❑ Athéna :
Douée d’une grande intelligence, elle est l’une des plus grandes puissances
techniciennes :
➢ Elle a initié ses protégés à beaucoup de techniques tournées surtout vers
le travail de la terre ; c’est elle qui inventa l’araire (charrue traditionnel),
➢ Elle a donné à l’homme le navire et la voile,
➢ Elle enseigna aux hommes l’art de tisser et celui de fabriquer les armes,
➢ C’est elle aussi qui a permis de dompter Pégase grâce au mors.
 Grâce à toutes les techniques qu’elle a imaginées et confiées aux
hommes, volontairement ou non, Athéna a pu mettre en place un véritable
système technique.

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❑ Héphaïstos
Il est le dieu technicien par excellence, celui qui a imaginé le travail du métal en
utilisant le feu.
➢ Maître de l’art de la forge, il travailla tous les métaux et réalisa des œuvres
mémorables :
• Orfèvrerie : il réalisa des parures magnifiques pour les déesses et les mortelles:
boucles d’oreille d’Héra, couronne de Pandore…,
• Armurerie : bouclier d’Achille et d’Agamemnon, cuirasse de Diomède et
d’Héraclès, les flèches d’Apollon, chars de combat…,
• Ingénierie : fabrications d’engins divers : sièges à ressort propulsables; trépieds
automobiles, automates mécaniques qui l'aident dans son travail, pièges, etc.
• Il est aussi un travailleur ingénieux du bois et du cuir.
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 Curieusement, certaines de ses inventions annoncent les produits
de la nouvelle technologie moderne ; Héphaïstos est le père de
l’automatisme, puisqu’il a conçu et fabriqué :
▪ des trépieds qui, d’eux-mêmes {automatoi), se rendent à l’assemblée des
dieux ;
▪ des servantes d’or qui aident le dieu estropié à se mouvoir ;
▪ deux chiens gardiens du palais d’Alkinoos et un autre destiné à Zeus ;
▪ un géant de bronze, Talos, pour garder l’île de Crète (une sorte de robot
guerrier qui fait la garde d’un pas régulier, en véritable sentinelle).

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❑ Prométhée
➢ Avec ce Titan, protecteur des hommes, la technique n’est plus un
présent des dieux ; c’est un bien arraché à ces derniers, malgré eux.
➢ Les arts et techniques, d’abord apanage des dieux, sont transmis à
l’homme grâce à sa faculté d’entendement.
➢ En leur apportant le feu divin et la technè, au grand dam de Zeus et
des Olympiens, Prométhée offre aux hommes tous les arts et les met
sur la voie du progrès. C’est à partir de ce moment que l’homme
primitif a commencé à se prendre en charge par ses propres
capacités.
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❑ Dédale
➢ Avec ce personnage humain, la technique se laïcise davantage.
➢ Comme son nom l’indique (l’adjectif grec dont il est issu, daidalos,
signifie « ingénieux), il incarne le génie inventif, le technicien
inventeur.
➢ Représentant de la téchnè, il est architecte, ingénieur, sculpteur,
forgeron et fabricant de plusieurs outils : la scie, la hachette, le fil à
plomb, la colle de poisson…

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NB.
➢ Les récits mythologiques restent évidemment des histoires
imaginaires
➢ Il convient cependant souligner la place importante accordée à la
technique dans ces récits : les explications mythologiques révèlent au
fond l’intérêt porté aux différentes techniques dans la pensée pré-
rationnelle.

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3.2.1.2. La technique comme enseignement de la nature
➢ Certains outils viennent de l’observation de la nature.
▪ Dédale ou Talos aurait inventé la scie en imitant soit une arête de
poisson, soit la mâchoire d’un serpent ;
▪ Les troncs d’arbres flottants ont donné l’idée de l’embarcation ;
▪ Les différentes pinces ne sont pas sans rappeler les organes de
certains animaux portant le même nom.
 Transposition de l’objet naturel en l’outil.
 D’ailleurs, un grand nombre de machines ou d’outils portent encore des
noms d’animaux : le bélier, la chèvre, la grue, la louve, l’écrevisse, la limace
(nom de la vis d’Archimède).
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 Cependant, s’il est évident que la technique s’inspire de la nature,
les deux ne se confondent pas : La technique implique forcément
l’intervention de l’homme.
 Ainsi les trois sources traditionnelles d’énergie existent bel et bien
dans la nature (l’eau courante, le vent et le feu) ; mais aucune de ces
forces ne conduit naturellement à son utilisation.

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3.2.1.3. La technique comme produit du génie humain
➢ En fait, la technique n’est un cadeau ni des dieux, ni de la nature ;
seul l’homme, appuyé sur son ingéniosité et son travail, est créateur
des techniques.
➢ Beaucoup d’anthropologues font de l’outil le fondement même de
l’humanité : l’homo sapiens, c’est aussi l’homo faber.
« L’outil n’est pas seulement le matériau adéquat ramassé ici ou là,
dans la forme que lui a donnée la nature et les circonstances, c’est une
matière préparée pour l’usage qu’on veut en faire, une forme
raisonnée » qui se transmet dans sa matière et sa fabrication.

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➢ Notons enfin que le développement technique s’est accéléré dans
les temps « récents » de l’humanité. Si on ramène l’âge de l’humanité
à une année, voici comment s’étaleraient les progrès techniques :
« Le premier outil serait donc apparu le 1er janvier, le feu entre le 1er et le 16
octobre, les premiers rites funéraires le 22 décembre, la naissance de l’art le
28 décembre, l’agriculture et la révolution néolithique le 30 décembre à 17
heures, la machine à vapeur le 31 décembre à 23 heures 20, l’énergie
nucléaire à 23 heures 34 minutes et 35 secondes. »

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3.2.2. Développement technique selon les sphères culturelles
3.2.2.1. Proche-Orient
➢ Dès le IVème millénaire, le Proche- Orient possède l’agriculture, la
métallurgie, l’élevage…
➢ Il va acquérir très vite l’écriture et la ville, et la puissance politique et
militaire.

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❑ L’Egypte
➢ L’écriture y apparait vers 3000 av. J. -C. ;
➢ Vers 2780 av. J. -C. , la première pyramide est construite.
➢ Civilisation technique bien évoluée dans le domaine de l’agriculture,
de l’architecture et de l’artisanat, avec un outillage et des produits
déjà très élaborés, malgré un degré de machinisme modeste, la roue
étant peu utilisée.
➢ Cette civilisation va régner jusqu’à la conquête macédonienne en
332 av. J. -C.

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❑ La Mésopotamie
➢ Une grande civilisation nait et se développe en Mésopotamie
simultanément à celle de l’Égypte.
➢ C’est à Uruk qu’apparaissent les première traces de l’écriture dès la
fin du IVe millénaire.
➢ La ville d’Uruk est aussi considérée comme le berceau historique de
l’urbanisme, avec une architecture monumentale.
➢ Les techniques ont évolué dans tous les domaines : agriculture
(araire, faucille métallique), élevage (ovins, caprins, bovins, équidés),
chasse (à la fronde, à l’arc, à la lance à pointe métallique), textile,
métallurgie, véhicules à roues, numérotation sexagésimale…
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3.2.2.2. La Grèce
❖ La Grèce archaïque
Jusqu’au VIe siècle av. J. -C, la Grèce utilisait les techniques de ses
voisins égyptiens et mésopotamiens.

Contexte peu favorable au progrès :


• Territoire ingrat
• Morcellement politique,
• Guerres intestines.
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 59
 Les techniques utilisées à cette époque sont primitives :
➢ En agriculture, labourage peu profond et outils élémentaires:
attelage de bœufs, araires à soc démuni de pièce de fer au début,
pioche, binette, fourche…
Résultat : Productions agricoles médiocres : blé, oliviers, vigne,
quelques arbres fruitiers…
➢ Le transport n’était pas plus évolué : voiture à deux roues, essieu et
attelage primitifs, bêtes de trait non ferrés…

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➢ Deux domaine ont cependant connu un essor précoce :
▪ Le transport maritime qui a bénéficié de l’héritage phénicien :
navires, ports et techniques de navigation
▪ Les constructions dont les procédés ont bénéficié du développement
du système d’élevage (poulies, pinces, les louves…)
→ Substitution de la pierre aux matériaux utilisés précédemment.

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❖ Le Miracle grec
➢ C’est une période de grand essor scientifique et technique, située
entre le VIe et la IVe siècle av. J. -C.
➢ C’est à cette époque que se constitue ce qu’on peut appeler un
système technique grec : à côté des techniques artisanales
traditionnelles dont l’évolution est quasi insensible, apparait ce qu’on
peut appeler des techniques « de pointe ».
➢ La raison principale de cet essor : rencontre de la science et de la
technique : la technique s’appuie désormais sur les connaissances
scientifiques de l’époque ; elle devient application de principes
généraux fournis par la rationalité scientifique.
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 62
Cette époque est marquée par les figures suivantes :
▪ Thalès, physicien et mathématicien, mais aussi technicien (ses
observations astronomiques ont développé les techniques de navigation),
▪ Archytas, qui fut l’un des plus grands savants de son temps et sans doute
aussi un très grand technicien (on lui attribue la fabrication du premier
objet automate volant : une colombe en bois),
▪ Archimède, l’un des plus grands savant, qui a mis en pratique ses
connaissances théoriques dans un grand nombre d'inventions (la vis
d’Archimède, la palan, la catapulte…). Mieux encore, La technique est
véritablement l’inspiratrice de certains de ses travaux théoriques.

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➢ C’est, d’ailleurs, à ce moment que les « techniciens » commencent à
rédiger les premiers traités sur les leviers, les automates, la traction
des poids lourds, la construction des ports, la fortification, les
machines de guerre…
➢ Les chaines cinématiques classiques : la vis, la poulie, la roue à
dents, l’engrenage… apportent à la technique mécanique une pulsion
appréciable entre le Ve et IVe siècles av. J. -C. D’où une meilleure
exploitation de l’énergie grâce aux nouvelles techniques de
transmission des forces.
 Impact sur les procédés d’élévation dans les mines, le
bâtiment, la navigation, la poliorcétique…,
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➢ À partir du IVe siècles av. J. –C. , les plus grands savants et les plus
grands techniciens se trouvent réunis en Alexandrie, dont la
bibliothèque constituera un véritable trésor de savoir et de savoir-
faire scientifiques (ouvrages théoriques, traités pratiques,
observatoires, salles de dissection, jardin zoologique…)

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❖ Blocage du développement technique en Grèce
➢ Le système de pensée grec a sérieusement freiné l’évolution des
techniques :
➢ Pour les philosophes grecs, la vie contemplative est supérieure aux
formes les plus hautes de l’activité pratique.
 Autant le raisonnement abstrait est valorisé, autant le travail
technique est méprisé.
➢ Ainsi, Platon et Aristote n’accordent la citoyenneté dans leurs cités
idéales à aucun travailleur manuel. Tout ce qui est artisanal ou
manouvrier porte honte et déforme l’âme en même temps que le
corps.
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➢ Dans le système de vérité grec, la connaissance est une forme pure
de rationalité, fondée sur l’intelligible et non sur le sensible.
➢ Ainsi, la géométrie n’est plus la manipulation de figures dans des
constructions sensibles, mais la compréhension et la saisie de leurs
propriétés par la démonstration théorique.
➢ Dès lors cette science (la géométrie) se trouve dégradée dans ses
applications pratiques ; elle s’avilit en descendant des sphères de la
spéculation immatérielle vers les choses sensibles et les pratiques
matérielles.

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➢ Même Archimède, le plus grands des ingénieurs, n’arrive pas,
semble-t-il, à se convaincre lui-même de la légitimité de ses travaux
de mécanique :
« Archimède avait une âme si élevée, un esprit si profond et une si grande
richesse de théories géométriques, qu’il ne voulut jamais rien laisser par
écrit sur la construction de ces machines qui lui avaient acquis tant de gloire
(...), regardant la mécanique et en général tout art qu’on exerce pour le
besoin comme des arts vils et obscurs. » (Plutarque, Marcellus, XXI)

 En somme, l’ambition scientifique antique n’était pas d’ordre


pratique ; elle ne visait pas prioritairement d’agir sur le réel ; c’est un
idéal de connaissance et non un savoir technique utilitaire.

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3.3. Les sciences et techniques arabo-musulmanes
3.3.1. Précisions terminologiques
L’appellation sciences arabes, ou arabo-musulmanes n’a d’implication
ni ethnique ni religieuse :
➢ Beaucoup de savants relevant de cette civilisation n’étaient pas arabes ;
➢ Certains n’était pas musulmans ;
 On y trouve des Arabes, des Persans, des Juifs, des Chrétiens, des
Musulmans, des Sabéens…

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▪ L’adjectif arabe se justifie par le fait que cette science est écrite
en arabe, langue scientifique universelle à cette époque.
▪ L’adjectif musulmane ou islamique désigne le cadre culturel dans
lequel cette science s’est développée.

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➢ Commençons donc par donner quelques termes savants d’origine
arabe :
Chiffre, zéro, algorithme, algèbre, x (en tant qu’inconnue en
mathématiques), alchimie, alambic, alcool, élixir, borax (bawraq :
tétra borate de sodium Na2B4O7), sirop, julep, saphène, safran, sucre,
almanach, zénith, Aldébaran, Bételgeuse, Mintaka, Saïph.
 La présence d’une terminologie scientifique si vaste et si variée
témoigne du rôle qu’a joué la langue arabe comme langue du savoir
scientifique universel au Moyen-âge.

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3.3.2. Le « miracle » arabe
➢ On parle traditionnellement de « miracle grec » pour désigner les
avancées intellectuelles, sociétales et culturelles en Grèce au Ve siècle
av. J. -C.
➢ Or, Le développement fulgurant qu’a connu le monde arabo-
musulman au Moyen-âge semble encore plus étonnant. Il nous met
devant une véritable énigme :

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Comment, en effet, une civilisation
- née dans le désert,
- de culture fondamentalement orale,
- jusque-là d’importance géopolitique négligeable,
comment une telle civilisation est-elle parvenue en si peu de temps à
s’affirmer comme haut lieu de la connaissance scientifique et
technique, dans ses différentes disciplines ?

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 En plus du génie personnel des savants, il faut supposer l’existence
d’un environnement favorable à cet essor scientifique et intellectuel; un
tel essor s’appuie forcément sur :
→ une culture scientifique solide, portée par de grands savants,
→ des institutions qui encouragent l’apprentissage,
→ des techniques qui permettent l’innovation, le partage et la
diffusion des savoirs…
3.3.2.1. Un contexte favorable à l’épanouissement du savoir :
➢ L’étendue de l’expansion arabo-musulmane a mis en contact plusieurs
civilisations : gréco-romaine, égyptienne, persane, indienne et même
chinoise.
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 74
➢ Le mécénat volontaire est engagé dans toute la société musulmane
(Califes, princes, hauts fonctionnaires, chefs militaires, marchands)

Émergence de véritables foyers culturels, qui attirent les savants


tous azimuts (Arabe, Persans, Berbères, Égyptiens, Byzantins,
Indiens…).
➢ La religion musulmane a encouragé la recherche scientifique :
▪ La quête du savoir est assimilée à un devoir religieux ;
▪ La production et la diffusion du savoir est une forme de
bienfaisance.
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 75
➢ Les connaissances astronomiques en particulier sont devenues une
nécessité religieuse : début de ramadan, heures des prières, direction
de la Mecque, calendrier lunaire, voyage pour le pèlerinage…
 D’où un travail colossal de traduction et d’innovation,

Un grand essor des sciences en terre d’islam entre le VIIIe et XIIIe


siècle autour de foyers culturels rayonnants : Bagdad, Cordoue,
Tolède, Damas…

11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 76


3.3.2.2. Brassage des savoirs scientifiques universels et innovation
➢ L’expansion des conquête musulmanes s’accompagnent d’une
appropriation des connaissances scientifiques des pays dont ils
prennent le contrôle.
➢ De fait, peu de place est laissée au dogmatisme religieux ou à la
préférence ethnique en matière de recherche scientifique.
Les communautés locales des pays conquis sont alors intégrées à
l’empire musulman avec leur savoir, qui s’est transmis oralement ou
par écrit, de maître à élèves, depuis plusieurs siècles (Empire byzantin,
Perse, Moyen-Orient, Péninsule ibérique...)
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 77
➢ Bagdad, Cordoue, Tolède, Damas, le Caire, Grenade, Boukhara,
Chiraz, Ispahan, Samarkand deviennent des foyers d’étude et d’échange,
entre lesquels les savants voyagent continuellement.
→ À Bagdad, Bayt al-Hikma, créé par le calife al-Mamoun, devient un
lieu d’attraction pour les savants et les intellectuels venus de toutes
les contrées, mais qui écrivent tous en langue arabe, devenu langue
savante universelle.
→ La bibliothèque de cette institution accueille des ouvrages
scientifiques et philosophiques cherchés partout, jusqu’en
Constantinople ou en Inde (achat, copie, parfois réquisition...)
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 78
→ Un travail colossal de traduction est entrepris pour transcrire en
arabe ces documents, écrits initialement en grec, en latin, en persan,
en syriaque, en sanscrit.
→ La fabrication du papier est implantée et encouragée par les Arabes
dès les débuts de l’empire musulman : des papetiers chinois
prisonniers de guerre sont installés à Samarcande au milieu du VIIIe
siècle et cette ville devient un centre de production.
 En un siècle environ, la quasi-totalité de la littérature scientifique et
philosophique antique a été traduite en arabe, puis soumise aux
commentaires et à l’enrichissement.
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 79
En somme, les Arabes
▪ ont hérité de traditions scientifiques antérieures différentes
▪ ont fait la synthèse de ces savoirs hérités
▪ ont enrichi le savoir universel par leur propre apport, qui n’est pas
des moindres.
 Ils ont eu le mérite de collecter les ouvrages antérieurs, de les
soumettre à une lecture critique et de développer les connaissances
scientifiques et techniques en apportant de réelles innovations.

11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 80


3.3.3. Apport des sciences arabes aux différentes disciplines
❑ Les Mathématiques
➢ Un constat indéniable : l’apport des savants arabo-musulmans au
développement des mathématiques est remarquable.
➢ Les mathématiques étaient étudiées soit pour elles-mêmes, soit
comme auxiliaires d’autres disciplines (astronomie, géographie,
bâtiments, calcul de l’héritage…)
➢ Les savants arabo-musulmans se sont inspirés de sources
multiples (indiennes, mésopotamiennes, grecques…) pour élaborer
ensuite leur propre système.
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 81
➢ Les mathématiciens arabo-musulmans ont adopté dans leurs traités
les chiffres arabes (qui sont en fait d’origine indienne), de même que
l’usage du zéro avant de les transmettre à l’Europe.
➢ Ils ont littéralement inventé l’algèbre et furent les premiers à
concevoir les différents procédés permettant la résolution des
équations.
➢ Les mathématiques arabes portaient aussi sur les nombres premiers,
les nombres amiables ou parfaits, les équations diophantiennes ainsi
que sur les suites et les séries, la trigonométrie, les méthodes
d’exhaustion…
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 82
➢ Al-Khwarizmi (780 - 850) exerça une influence immense sur les
mathématiques, qui reste encore visible dans la terminologie même
de celles-ci :
→ Le terme algorithme est une simple transposition latine de son nom.
→ Le terme algèbre vient directement du titre de son ouvrage : Précis
sur le calcul de al-jabr et de al-muqabala. ‫الجب والمقابلة‬
‫ر‬ ‫ص فر حساب‬
‫كتاب المخت ر‬

→ On lui doit, entre autres, la solution des équations quadratiques et


l’introduction de la numération décimale indienne.

11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 83


➢ Au même siècle, Al-Battani (Albategnius) introduit les sinus et les
cosinus dans les mathématiques arabes et crée plusieurs formules
trigonométriques.

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❑ L’Astronomie
➢ Cette discipline avait une importance particulière en terre d’islam :
les travaux astronomiques étaient motivés non seulement par la
curiosité scientifique mais aussi par la nécessité religieuse.
 C’est pourquoi les savants arabo-musulmans ont orienté très tôt
leurs efforts dans ce sens.

➢ D’ailleurs, l’Europe occidentale a découvert beaucoup de livres


grecs d’astronomie à travers les traductions et les commentaires
arabes, dont Almageste.
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 85
➢ Ainsi, le perfectionnement des instruments astronomiques et la
construction de plusieurs observatoires (à Damas, Téhéran,
Istamboul…) ont permis une meilleure observation des corps célestes
et de leur mouvement.
➢ L’astrolabe notamment a été mis au point et produit en grand
nombre dans le monde arabe ; il permet, entre autres choses, de
calculer les altitudes, de mesurer la hauteur des astres et de lire
l’heure.

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➢ Abu Raihän al-Birüni (973-1050) calcule le rayon de la terre à 6 339,6
km (il est calculé actuellement à 6 371 km), mentionne la force
d'attraction que la Terre exerce sur les corps et étudie l’éventualité de
la rotation de la terre autour d’elle-même bien avant Galilée.

11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 87


❑ L’Optique

➢ De l’aveu de plusieurs savants occidentaux, Ibn Al-Haytham (Alhazen, 965-1040)


est considéré comme « le père de l’optique », théorique et expérimentale.

➢ Dans son livre Kitab al-Manazir (« livre d'optique »), il s’oppose à Euclide et
refonde l’optique en introduisant de nouvelles normes mathématiques et
expérimentales où sont distinguées pour la première fois lumière et vision.

➢ Il mène des expériences avec des miroirs sphériques ou paraboliques (pour


étudier l'effet d'aberration sphérique), utilise la chambre noire, tente d’expliquer
divers effets météorologiques comme les halos, les mirages ou l'arc-en-ciel…

➢ Sa représentation sera reprise par Kepler et Descartes plusieurs siècles plus


tard.
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 88
❑ La Médecine

La science médicale a connu dans la civilisation arabo-musulmane des avancées


très importantes.

➢ L’usage de l’alcool en médecine est initié par Ar-Razi (Rhasès, 865-925),


équivalent musulman de Socrate en philosophie et d'Hippocrate en médecine :

→ Il attaque la religion et les dogmes (scientifiques ou non) et défend le


progrès continu de la science.

→ En plus de ses connaissances médicales personnelles, il passe en revue


dans ses livres la médecine grecque et syrienne, les débuts de la médecine
arabe ainsi que certaines connaissances médicales venues d'Inde.

→11/12/2023
Il donne les premières descriptions de la variole et de la rougeole.
Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 89
➢ Avicenne (980-1037) a écrit une véritable encyclopédie
médicale Kitab Al Qanûn fi Al-Tibb, qui sera un ouvrage de référence
dans les universités européennes jusqu’au XVIIe siècle ;
→ Avicenne replace la pratique médicale dans une vaste synthèse
philosophique et logique : combinant logique aristotélicienne et
néo-platonisme, il donne à la médecine un statut intellectuel
élevé et la concilie avec l’esprit monothéiste en l’intégrant à la
philosophie de la nature.
→ Ses examens clinique dépassent les symptômes physiologiques
pour les données psychiatriques.
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 90
➢ L’andalou Az-Zahrawi (Abulcasis, 940 - 1013) écrit une autre
encyclopédie médicale de trente tomes, dont le dernier constitue un
vrai traité de chirurgie.
→ Il y décrit diverses techniques chirurgicales.
→ Il invente la scie à os, dessine les instruments chirurgicaux et
donne des conseils pour leur fabrication.
→ Il invente le plâtre moderne et le pansement, procédés qui sont
encore utilisés dans les hôpitaux du monde entier.

11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 91


➢ On pratiquait déjà l’extraction des calculs rénaux, l’extraction de
flèches, la réimplantation de dents, l’opération de différents types de
hernies…
➢ La circulation sanguine pulmonaire est décrite par Ibn an-Nafis (XIIIe
siècle) ;
➢ L’anesthésie se perfectionne :
Dans ses méthodes (usage de la spongia somnifera, éponge soporifique
imbibée de substances aromatiques et narcotiques, au lieu de
l’ingestion)
Dans ses effets (anesthésie quasi-générale).
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 92
➢ La pharmacopée s’enrichit grâce à de nouvelle techniques de
distillation et s’organise en discipline à part entière, avec un contrôle
des préparations et du matériel utilisé (par al-muhtasib).
➢ Al-Kindi reste célèbre par ses formules mathématiques qui
permettent aux pharmaciens de calculer le rapport entre le degré
d’intensité des qualités d’un composant et l’effet recherché.
➢ Les hôpitaux, qui servaient de lieux d’études et de soins (comme les
hôpitaux universitaires aujourd’hui), se sont multipliés dans les
grandes villes, à l’initiative des califes, des vizirs ou des notables.

11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 93


❑ L’Agriculture et la botanique
➢ Avec les Arabes, la culture de la canne à sucre, du riz et du coton
s’étend jusqu’à l’Atlantique.
➢ Grâce à la maitrise de l’hydraulique, l’arboriculture fruitière et
l’horticulture se diversifie et occupe plus d’espace : les jardins
botaniques de l’Andalousie sont restés célèbres, comme lieu
d’acclimatation, d’étude et d’agrément.
➢ L’évolution technique aidant (usage des alambics), les Arabes réussissent à
mieux extraire les substances des plantes médicinales ou aromatiques
(essences de rose, de fleur d’oranger, julep…)
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 94
➢ Les arabes ont aussi à leur actif l’amélioration de certaines races
animales :
création du cheval arabe à partir d’un travail de sélection
effectué par les Sassanides,
création de nouvelles races de chameaux.

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❑ La Géographie
➢ Les savants et les voyageurs arabo-musulmans ont laissé une
véritable littérature géographique et une science cartographique
inédite.
➢ L’étendue de l’empire musulman et le lien avec la Chine, l’Inde,
l’Europe et l’Afrique sub-saharienne encourage et facilitent le voyage
pour des raisons différentes (commerce, recouvrement d’impôts,
convois militaires).

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➢ Ainsi, les géographes arabes ont enrichi l’héritage gréco-romain,
syriaque, perse et indien en matière d’exploration par une meilleurs
descriptions du monde et de nouveaux instruments de repérage dans
l’espace.
• Al-Idrisi (XIIe siècle) reste l’un des plus remarquables géographes
arabes ; il est l’un des premiers à créer des cartes géographiques et
des planisphères, en plus d’une description du monde en plusieurs
volumes.

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11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 99
3.3.4. Influence sur l’Europe
➢ Dès le Xe siècle, l’Europe occidentale commence à traduire en latin des
ouvrages scientifiques écrits en arabe, notamment en Espagne musulmane et
en Sicile, points de contact avec la civilisation musulmane.

➢ Même les ouvrages grecs passent aux pays européens à travers la langue
arabe : c’est en effet par l’intermédiaire des traductions arabes que l’Europe
découvre les sciences grecques.

➢ De même, le développement technique et scientifique chinois, plusieurs fois


millénaire, est transmis de l'Orient à l'Occident via la civilisation islamique.

• La Renaissance européenne doit beaucoup à la culture scientifique conservée et


développée
11/12/2023
par la civilisation arabo-musulmane.
Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 100
 En somme, la science arabe constitue incontestablement un chaînon
indispensable dans l’histoire universelle des sciences. S’il est vrai qu’ils se sont
inspirés de plusieurs civilisations, les Arabo-musulmans ont eu l’avantage :

− de sauvegarder les sciences anciennes (notamment grecques et indiennes)


qu’ils ont traduites et assimilées ;
− de commenter ces sciences et d’en faire des lectures critiques ;
− d’enrichir le savoir scientifiques par des études inédites et des résultats
originaux, surtout en mathématiques, en astronomie et en médecine.

− d’orienter davantage les sciences vers des applications pratiques : Al-Biruni (fin
Xe siècle) a laissé plus de 13000 pages de textes techniques.

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3.3.5. Déclin des sciences arabo-musulmanes
Un concours de circonstances va provoquer une chute fracassante de
l’activité scientifique arabe à partir du XIIIe siècle :
− Avec les invasions mongoles et la chute de Bagdad en 1258, la
grande bibliothèque part en fumée. Des milliers de manuscrits sont
brûlés ou jetés dans le Tigre.
− Au siècle suivant, la peste décime une bonne part de la population,
surtout en Égypte.

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− Le conservatisme religieux prend le dessus dans l’entourage des
califes, ce qui va freiner le progrès scientifique (opposition à
l’adoption de l’imprimerie).
− Dans l’occident musulman, l’Espagne est le théâtre de dissentions
politiques internes et d’attaques pressantes de la part des troupes de
la Reconquista. Cordoue chancelle et l’activité scientifique décline.

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3.4. Les sciences classiques en Europe
3.4.1. La Renaissance (XVe-XVIe siècle : prémices de la révolution
scientifique en Europe
➢ Dès le Moyen-âge, les Européens commencent à s’approprier l’héritage
grec et arabo-musulman.
→ Autour de l’an 1000, le système décimal et le zéro passent de l’Espagne
musulmane à l’Europe par le biais de Gerbert d'Aurillac, futur pape
Sylvestre II.
→ Ces savoirs seront intégrés dans les universités européennes qui
commencent à se multiplier dès le XIIe siècle.
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➢ En plus de l’héritage scientifique grec et arabe, d’autre facteurs ont
facilité la Renaissance scientifique européenne.
→ Le développement de l’édition : fabrication du papier venue de
Chine à travers les Arabes ; « invention » de l'imprimerie (1453),
importée elle aussi de Chine et perfectionnée par Gutenberg.
→ Les progrès techniques de la navigation et les explorations
maritimes qui s’ensuivirent (nvlles routes, Nveau monde) révèlent
de nouvelles espèces animales et végétales.
 Les moyens de diffusion de la connaissance s’améliorent et
facilitent la circulation des nouvelles idées ;
11/12/2023 Pr. M'hammed ERRAOUI_FSSM 105
➢ Parallèlement, les nouvelles connaissances (théologiques,
philosophiques, scientifiques) vont réduire considérablement le
contrôle qu’exerçait la religion sur les sciences. Celles-ci deviennent
progressivement autonomes.
➢ On retient de cette période le nom de plusieurs savants :
▪ Léonard de Vinci (1452-1519), véritable polymathe, qui s’est illustré
dans le dessin et le construction industriels, en plus de l’anatomie
humaine, l’optique, l’astronomie, les mathématiques, la botanique,
l’architecture, etc.

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▪ L’anatomiste et chirurgien français Ambroise Paré (1510-1590), qui
améliora la chirurgie en donnant la préférence à la ligature des
artères sur la cautérisation.
▪ L’anatomiste André Vésale (1514-1564) qui, s’appuyant sur la
dissection, corrigea des notions erronées en anatomie, qui
prévalaient depuis Galien.

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3.4.2. LA RÉVOLUTION SCIENTIFIQUE (XVIe-XVIIIe s)
L’éveil scientifique, favorisé par la Renaissance, connait un grand
essor aux siècles suivants, grâce notamment à :
- L’évolution des mathématiques et leur utilisation dans d’autres
braches du savoir (en particulier en physique et en astronomie),
- Le développement des techniques et des méthodes
d’investigation scientifique,
- La précisions des observations (en astronomie) grâce à ces outils.
 Impulsion remarquable aux différentes science :

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❑ Les mathématiques
➢ L’introduction, via les Arabes, du système de numération décimal
avec le zéro a permis de simplifier considérablement les opérations
arithmétiques.
➢ L’introduction des notations formelles ( + −  ∈ ∑ …) a facilité les
opérations algébriques.
Rappel: Jusqu’au XVIIe siècle, les problèmes algébriques étaient
posés en langage courant (l’algèbre rhétorique) ; aucune notation
formelle n’était utilisée.

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❑ Astronomie : la révolution copernicienne
➢ Les mathématiques ont contribué au progrès des autres domaines
scientifiques et notamment l’astronomie.
→ Ainsi, l’évolution des savoirs pendant la Renaissance s’est fait
sentir avant tout dans l’astronomie.
➢ En effet, la publication, en 1543, des travaux de Copernic (Des
révolutions des orbes célestes, en six livres) constitue un tournant
décisif dans l’histoire des sciences, même si son effet sur les
mentalités a mis du temps à s’affirmer : il fut reçu avec assez
d’indifférence même par les savants de l'époque.

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▪ Copernic (1473/1543)
➢ Associant la religion et la science, Copernic élabore ce qu’on peut
appeler « un système théologico-cosmique chrétien » :
→ Pour lui, l’Univers est un « temple splendide » ; sa description et
la révélation de sa perfection (la sphéricité, la circularité et
l’uniformité des corps et des mouvements célestes) doivent mener
du « Dieu visible » (le Cosmos) vers le « Dieu invisible » ; il s’agit de
saisir l’intelligible à partir du sensible. (// le Christ)
 Conception mystique du cosmos, qui reste profondément traversée
de l’ordre christique.
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➢Sur le plan astronomique, Copernic abandonne le modèle de
Ptolémée et d’Aristote, fondé sur le géocentrisme ; il propose un
système cosmique héliocentrique :
→ Le Soleil est le centre de l’univers ;
→ Tous les mouvements planétaires sont centrés sur le Soleil ;
→ La Terre n’est ni au centre du monde, ni immobile ; elle est
animée de 2 mouvements : autour du soleil et de son axe ;

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➢ Cependant, dans l’héliocentrisme copernicien, le rôle du Soleil est
encore loin de ce qu’il sera chez Newton : il n’exerce pas d’action
dynamique sur le mouvement des planètes ; celles-ci ont un
mouvement circulaire indépendant, associé à leurs orbes et lié
strictement à leur géométrie ou forme sphérique. (il ne s’agit pas
encore de gravitation).
➢Au demeurant Copernic n’a pas modifié l’essentiel sur le plan
théologique, à savoir la création ex nihilo par Dieu du monde clos,
unique et sphérique.
➢Après Copernic, d'autres astronomes reprirent ses observations,
notamment Tycho Brahe, puis Kepler.

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▪ Kepler (1571/1630)
Kepler effectue un travail considérable sur l'observation des planètes
du système solaire, qui l’amène à améliorer la théorie de Copernic en
découvrant que les mouvements planétaires sont légèrement
elliptiques, et non pas circulaires et uniformes.
D’où ses trois lois sur le mouvement des planètes qui portent sur :
− la forme des orbites,
− la vitesse à laquelle elles sont parcourues,
− la période au cours de laquelle est effectué un tour (une
révolution) :

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✓ Loi des orbites : chaque planète avance sur une trajectoire elliptique,
dont le Soleil est l'un des foyers.
✓ Loi des aires : des aires égales sont balayées dans des temps égaux.
✓Loi des périodes : le carré de la période T d'une planète (temps d’une
révolution autour du Soleil) est proportionnel au cube du demi-
grand axe de l’ellipse. (Cf. vidéo YouTube).

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▪ Galilée (1564/1642)
➢ Sa plus grande contribution à l’astronomie survint en 1609 :
exploitant la lunette, inventée en Hollande en 1608 pour des fins
optiques, il construisit une lunette astronomique (télescope à
lentilles) qu’il pointa vers les cieux pour amplifier les sens naturels de
l’homme
→ Observation des irrégularités de la lune, découverte d’un grand
nombre d’étoiles nouvelles.

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➢ Galilée change résolument la conception de l’Univers : il se déclare
ouvertement copernicien et s’engage dans les vives controverses
scientifiques, avec leur pendant de querelles religieuses.
➢ Déclarée impie par l’Église catholique, la doctrine de Galilée
(développée dans son traité de 1633) est condamnée et son auteur
attaqué par l’Inquisition qui lui intente un procès :
« Soutenir que le Soleil, immobile et sans mouvement local, occupe le
centre du monde, est une proposition absurde, fausse en philosophie, et
hérétique, puisqu’elle est contraire au témoignage de l’Écriture. Il est
également absurde et faux en philosophie de dire que la Terre n’est point
immobile au centre du monde ; et cette proposition, considérée
théologiquement, est au moins erronée dans la foi. » (Extrait du verdict)

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 Galilée est alors obligé d’abjurer sa théorie, de renier le système de
Copernic, avant d’être condamné à la réclusion perpétuelle dans sa
maison.
Selon la légende, au moment même où Galilée déclare que le
système de Copernic était faux et que la Terre était immobile, il dit
tout bas : «et pourtant, elle tourne…»

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❑ La Mécanique
▪ Galilée (1564/1642)
➢ Il critique l’enseignement scolastique qui consiste à nommer les
choses au lieu de les comprendre et les expliquer (ex. la gravité).
➢ Il corrige quelques erreurs de la physique aristotélicienne (la chute
des corps)
➢ Il élabore le principe d’inertie et décrit correctement la composition
du mouvement.

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▪ Descartes (1596-1650)
➢ Auteur de travaux en analyse, en géométrie et en optique, il propose
la conception d’un Univers gouverné par des lois physiques
rationnelles.
➢ Ces lois physiques sont immuables et suffisent à expliquer
l’évolution du monde, sans faire appel à Dieu autrement que comme
créateur de ces mêmes lois.
➢ Instigateur de la philosophie mécanique de la Nature, il rejette les
explications basées sur une volonté ou une finalité quelconque : les
phénomènes physiques ne doivent être expliqués que par
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l’intervention de causes mécaniques immédiates.
 C’est pourquoi Descartes est considéré comme le fondateur de la
pensée rationnelle moderne.
➢ Cependant, malgré l’importance de ses découvertes, Descartes
négligea beaucoup trop l’expérimentation au profit de la pensée pure
et d’une imagination non contrôlée parfois.
→ Son penchant à poser a priori des principes le mène parfois vers
des déclarations intenables : « Les démonstrations de tout ceci sont
si certaines qu’encore que l’expérience nous semblerait faire voir le
contraire, nous serions néanmoins obligés d’ajouter plus de foi à
notre raison qu’à nos yeux ».
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▪ Huygens (1629/1695)
➢ Avec Galilée et Newton, Huygens (1629-1695) représente le
troisième grand physicien du XVIIe siècle.
➢ Ses travaux, tous innovants, portent sur la théorie des collisions, la
force centrifuge du mouvement circulaire, la propagation des ondes
(théorie ondulatoire de la lumière)…
➢ Sur le plan technique ; il met au point des horloges à pendule plus
précises et améliore la lunette, par l’utilisation de trois lentilles
→ d’où la découverte des anneaux de Saturne et de son satellite
Titan et la conception des étoiles comme des Soleils éloignés)
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▪ Newton (1642/1727)
➢ Issac Newton est le plus réputé des savants classiques.
➢ Bénéficiant des travaux de ces prédécesseurs (Galilée, Descartes…),
il porta très haut les découvertes scientifiques.
➢ Les Principes Mathématiques de la Philosophie Naturelle est souvent
considéré comme le plus grand ouvrage scientifique de tous les
temps. Voici comment son auteur le présente :
« nous traitons principalement de la pesanteur, la légèreté, la force
électrique, la résistance des fluides & les autres forces de cette espèce,
soit attractives, soit répulsives : c’est pourquoi nous proposons ce que
nous donnons ici comme les principes mathématiques de la
philosophie naturelle. »
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➢ Avec Newton nait la première véritable théorie physique : un édifice
basé sur des lois mathématique qui explique le mouvement des
planètes et les mouvements terrestres avec un minimum
d’hypothèses, qui se prête à des explications précises et des
prédictions.
➢ Le développement du calcul différentiel et intégral lui a permis de
démontrer ou de préciser plusieurs théories, les siennes propres ou
celles d’autres savants (celles de Copernic, de Galilée, de Kepler…).
➢ Il a eu surtout le mérite d’avoir défini les lois du mouvement et
énoncé la théorie de la gravitation universelle.
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❑ Le XVIIIe siècle : couronnement de la révolution scientifique
Le siècle des Lumières ouvre une nouvelle étape dans l’évolution
scientifique et technique, avec notamment :
− la professionnalisation et la spécialisation des savants,
− le rationalisme et l’empirisme croissant,
− la foi dans le progrès continu de l’esprit humain,
− l’essor de la publication,
− la multiplication des foyers scientifiques : académies, sociétés
savantes, salons, cabinets de lecture, cafés…
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▪ La physique expérimentale se développe de manière significative et
s’intéresse à des sujets inédits.
→ Ainsi, les études sur le phénomène de l’électricité, aboutissent à
la fin du siècle à la création des premières piles voltaïques.
▪ Parallèlement, les théories de la chaleur continuent leur progrès
initié à la fin du XVIIe siècle :
→ En 1724, Gabriel Fahrenheit propose l'échelle de température qui porte
son nom ;

→ En 1741, Anders Celsius définit comme extrémités de l'échelle des


températures, l'ébullition de l'eau (degré 0), et la congélation de l'eau
(degré 100), échelle que Linné
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renverse en 1745.
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▪ En chimie, les travaux de Lavoisier (1743-1794), père de la chimie
moderne, scelle la mort des théories alchimistes ;
→ il crée la chimie comme une science fondée sur l’expérimentation
et les mathématiques.
→ L'un de ses mérites est d'avoir élucidé le mécanisme de
l'oxydation des métaux au contact de l’air.
→ On lui doit aussi l'analyse de l'air, qui lui a permis d'identifier
l'oxygène et l'azote, puis de reconstituer l'air ordinaire en
effectuant leur mélange.

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→ Ses expériences sur la combustion et la mise en évidence du rôle
qu’y joue l’oxygène réfute définitivement la théorie du
phlogistique.
→ Avec Laplace, il définit un troisième état de la matière : l’état
gazeux.
 Lavoisier a participé à la mise en place d’une nomenclature
chimique rationnelle, fondée sur le concept d'élément chimique.

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▪ Le XVIIIe siècle est aussi le siècle de la vulgarisation des
connaissances scientifiques ;
→ En France, L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences,
des arts et des métiers (1751-1772) comprend un ensemble bien
structuré et référencé d'articles permettent de diffuser dans la
société les nouvelles théories scientifiques : le modèle
héliocentrique de Copernic, la théorie de la gravitation universelle de
Newton…

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3.4.3. Les sciences modernes : XIXe-XXe siècle
❑ Au XIXe siècle, le rythme du progrès scientifique et technique est
encore plus soutenu ; d’où le développement d’une attitude scientiste
et d’une philosophie positiviste :
 Le scientisme se fonde sur une confiance totale, une foi illimitée
dans les vertus de la science :
→ Les principes et les méthodes de la science expérimentale sont
applicables dans tous les domaines ;
→ La science est capable de satisfaire l'ensemble des aspirations de
l'intelligence humaine ;
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→ La science permettra de répondre, à plus ou moins long terme,
à tous les besoins de l'humanité.
➢ En mathématiques, des travaux remarquables voient le jour (Galois,
Gauss, Lobatchevski et Riemann) ; la géométrie est totalement
refondue avec l’apparition des géométries non-Euclidiennes.
➢ En optique, les théories de Newton et de Huygens connaissent une
révision profonde grâce aux travaux de Young et de Fresnel.
➢ L’apport de nombreux physiciens et mathématiciens (Ampère,
Faraday ou encore Gauss) vont permettre à James Maxwell d’unifier
l'électricité et le magnétisme au sein de l'électromagnétisme.
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➢ La thermodynamique voit le jour suite aux réflexions de Sadi Carnot.
Ainsi se trouve expliqué le principe de la machine à vapeur, inventée
en 1769, et qui sera le socle de la révolution industrielle. D’autres
physiciens continueront à perfectionner thermodynamique.
➢ La chimie connait des progrès fulgurants ; la quasi-totalité des
éléments chimiques sont découverts et classés.
➢ Des phénomènes physiques jusqu'alors inconnus sont découverts à
la fin du siècle : les ondes radios, les rayons x, la radioactivité… Ces
découvertes sont dues à de grand savants comme Hertz, Röntgen ou
Pierre et Marie Curie.
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➢ La biologie devient une science à part entière au début du siècle,
grâce notamment à Jean-Baptiste de Lamarck, qui fut le premier à
proposer la théorie de l’évolution pour expliquer la disparition des
espèces.
➢ En 1859, Charles Darwin précise cette théorie dans De l’origine des
espèces, où il explique que les espèces sont issues les unes des autres
suivant les lois de la sélection naturelle, effet de la lutte pour la vie.
 Une nouvelle querelle nait alors avec les tenants du
créationnisme religieux, mais les temps ont évolué depuis Galilée.

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➢ Toujours dans le domaine biologique, la physiologie et médecine
s’envolent :
→ Claude Bernard fonde la médecine expérimentale,
→ Louis Pasteur met au point des vaccins contre plusieurs maladies.
➢ C’est aussi au XIXe siècle que nait la génétique, avec notamment les
travaux Gregor Mendel, restés ignorés jusqu’au XXe siècle.

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❑ Au XXe siècle, sciences et techniques deviennent inséparables. C’est
d’ailleurs le perfectionnement des instruments qui permet
l’accélération des découvertes scientifiques.
➢ En outre, la mondialisation des échanges, fruit des avancées
technologiques, rend possible la mise en commun des efforts
scientifiques (équipes de recherches internationales, projets bi, tri, ou
multilatéraux…).
➢ C’est d’ailleurs grâce à cette mondialisation, conjuguée aux
techniques d’information et de la communication, que les Etats-Unis
se placent au sommet de l’innovation scientifique et technique.
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Les différentes disciplines scientifiques continuent leur envolée au XXe
siècle :
▪ La physique : en plus de la physique classique, qui s’intéresse aux
milieux solides, liquides et gazeux et utilise les notions de temps,
espace, matière et énergie, la physique explore d’autres domaines
inédits :
➢ La physique quantique s’intéresse à l’infiniment petit, au monde
microscopique des particules et des champs (niveau atomique et
subatomique) ; elle se fonde sur de nouvelles définitions de l'énergie
et de la matière.
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➢ La théorie de la relativité générale qui appréhende le monde
macroscopique (planètes, trous noirs, gravité) se fonde sur de
nouvelles définitions du temps et de l'espace.
▪ L’astronomie à tiré profit des progrès réalisés en physique et du
perfectionnement des instrument d’observation (télescopes,
satellites…)
→ Les stations spatiales, véritables laboratoires d’observation et
d’expérimentation, contribuent à une meilleure connaissance de
l’univers, appuyée sur la technologie de pointe.
→ D’où l’élaboration de nouvelles théories cosmologiques, dont
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celle de l’expansion de l’univers.
▪ La biologie aussi connait des avancées révolutionnaires : la structure
et le cycle de vie des cellules, découverte de l’ADN…

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